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INTRODUCTION
Une grande histoire

La démocratie, les élections et le parlementarisme ne sont pas apparus au Québec comme par magie.
Leurs origines remontent à la Grèce antique.

Pendant des siècles, les idéaux démocratiques ont évolué au gré des guerres, des traités et
révolutions qui ont secoué le monde occidental.

De la Grèce antique à la Rome antique, de l’époque médiévale au Siècle des Lumières, du


parlementarisme britannique à la Révolution française, la démocratie a parcouru un long chemin avant
de devenir ce qu’elle est aujourd’hui.

I- Athènes, berceau de la démocratie


Les premières expériences d’un régime politique démocratique ont lieu pendant l’Antiquité, dans la cité
grecque d’Athènes. Le terme « démocratie » vient d’ailleurs du grec ancien « dêmos », qui signifie
« peuple », et « kratos », qui réfère au pouvoir : la démocratie est donc, littéralement, le « pouvoir du
peuple ».

Il faut toutefois savoir que, pour les Athéniens, le peuple se limite aux citoyens, c’est-à-dire aux
hommes libres, nés de pères athéniens1. Le groupe des citoyens n’inclut donc pas les femmes, les
enfants, les étrangers et les esclaves; environ 10 % de la population du territoire d’Athènes fait ainsi
partie des citoyens2.

Évidemment, la démocratie athénienne, fort différente de nos démocraties modernes, ne s’est pas
implantée du jour au lendemain. La mise en place d’un régime politique où l’ensemble des citoyens
pouvait participer à la prise de décision était inédite dans le monde grec. C’est donc graduellement que
les institutions démocratiques ont vu le jour à Athènes.

Les réformateurs athéniens

Au 8e siècle av. J.-C. est fondée la Cité-État d’Athènes, une cité autonome (pólis) qui englobe non
seulement la ville d’Athènes, mais également les territoires avoisinants. Plutôt qu’être dirigée par un
roi, Athènes est alors gouvernée par un petit groupe de puissants aristocrates : c’est ce qu’on appelle
une oligarchie.

C’est au cours de cette période oligarchique, ponctuée de quelques épisodes de tyrannies et de crises
sociales, que se mettent en place les fondements de la démocratie athénienne. Des réformateurs
instaurent progressivement des mesures politiques et législatives qui favoriseront la participation des

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citoyens à la vie publique. D’abord, à la fin du 7 e siècle av. J.-C., Dracon rédige un code de lois qui
constitue une première tentative d’instituer un droit écrit commun pour tous les citoyens.

Au début du 6e siècle av. J.-C., c’est au tour de Solon de mettre en œuvre des réformes judiciaires et
politiques, notamment l’abolition de l’esclavage pour dettes et l’affranchissement de citoyens pauvres
en état de dépendance envers les riches aristocrates.

Enfin, un troisième réformateur, Clisthène, joue un rôle primordial à la fin du 6 e siècle av. J.-C. pour
remanier les institutions politiques d’Athènes et permettre la naissance de la démocratie. Clisthène
répartit les citoyens en 10 tribus territoriales. De la sorte, tous les citoyens d’une portion de territoire,
peu importe leur fortune ou leur naissance, font partie d’une même tribu. Cette réforme affaiblit la
puissance de l’ancienne aristocratie et permet véritablement l’isonomie, c’est-à-dire l’égalité de tous
les citoyens devant la loi, qu’ils soient riches ou pauvres.

Au début du 5e siècle av. J.-C., Athènes et les autres cités grecques entrent en guerre contre les
Perses : ce sont les guerres médiques (490-479 av. J.-C.) au cours desquelles a lieu la bataille de
Marathon. Le peuple joue un rôle important dans les victoires grecques et, après la guerre, il se fait
entendre activement dans la vie publique athénienne. C’est après les guerres médiques, au milieu du
5e siècle av. J.-C., qu’a ainsi lieu l’âge d’or de la démocratie athénienne.

II- Les institutions démocratiques athéniennes


Contrairement à notre démocratie représentative, le régime politique athénien est une démocratie
directe, c’est-à-dire que les citoyens peuvent participer directement aux décisions d’ordre public. De
même, les principales institutions politiques assurent une participation équitable à la gouvernance de
la cité, notamment en octroyant une grande place au tirage au sort – et, par conséquent, à
l’intervention des dieux – lors de la nomination aux charges publiques.

Chaque année, la majorité des magistrats de la cité sont tirés au sort parmi les citoyens. Seules les
hautes magistratures militaires et financières sont attribuées par élection.

Principale figure de la démocratie athénienne, Périclès a ainsi été réélu comme stratège militaire
pendant une quinzaine d’années consécutives (443-429 av. J.-C.), ce qui lui a permis d’influencer
grandement la vie politique d’Athènes à cette période.

Une fois nommés, les magistrats reçoivent un « misthos », c’est-à-dire une indemnité financière pour
compenser la perte d’une journée de travail et ainsi assurer la possibilité à tous les citoyens, même les
plus pauvres, de participer à la vie publique. Les magistrats sont également responsables de leurs
actes et doivent en rendre compte au peuple : par exemple, une défaite d’Athènes lors d’une bataille
peut entraîner des conséquences graves – pouvant aller jusqu’à la condamnation à mort – pour les
magistrats militaires si les citoyens jugent ces derniers responsables.

Les magistrats publics ont pour mandat d’exécuter les décisions prises par l’Ecclésia, l’assemblée
populaire où l’ensemble des citoyens est convoqué une quarantaine de fois par année, habituellement
sur la colline de la Pnyx. Les citoyens peuvent y prendre la parole et, surtout, ils y votent, à main levée
ou parfois par bulletins secrets, toutes les décisions touchant la vie dans la cité, que ce soit la
construction d’un temple, l’augmentation des impôts ou la déclaration d’une guerre.

L’assemblée a aussi le pouvoir d’ostracisme, c’est-à-dire de voter pour bannir d’Athènes, pendant 10
ans, un citoyen dont on craint que les ambitions personnelles puissent mener à la tyrannie.

Les travaux de l’Ecclésia sont organisés par la Boulè, un conseil formé de 500 citoyens (50 par tribu)
tirés au sort annuellement, siégeant en alternance et recevant un misthos. En plus de préparer les
décrets soumis au vote de l’Ecclésia, la Boulè a aussi pour mandat de gérer l’administration de la cité,
d’encadrer les travaux de construction et d’exercer un contrôle sur les détenteurs d’une magistrature
publique, notamment en les obligeant à rendre des comptes devant l’assemblée à leur sortie de
charge. Enfin, l’Héliée est un tribunal populaire formé de 6000 citoyens (600 par tribu) également tirés
au sort annuellement. Pour chaque cause entendue, on convoque quelques centaines d’entre eux.

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pour écouter les parties et voter secrètement un verdict. Pour les cas de meurtres ou les questions
religieuses, on confie le dossier à l’Areopage, une institution datant de la période oligarchique, mais
dont la vocation change au cours du 5e siècle av. J.-C. pour devenir un tribunal formé de 10 magistrats.

À la fin du 5e siècle av. J.-C., Athènes entre en guerre contre la cité de Sparte : c’est le début de la
Guerre du Péloponnèse qui dure plus de 25 ans (431-404 av. J.-C.). Cette période ébranle
grandement les institutions démocratiques. Malgré la pénible défaite d’Athènes, la cité conserve un
régime démocratique. Afin d’encourager la population durement éprouvée par la guerre à participer à
la vie publique, on instaure un nouveau misthos attribué à tous ceux qui assistent aux séances de
l’Ecclésia.

Bon an, mal an, la démocratie athénienne perdure pendant une bonne partie du 4 e siècle av. J.-C.
malgré la conquête d’Athènes par le roi Philippe II de Macédoine. Ce n’est qu’en 322 av. J.-C., après
la mort d’Alexandre le Grand, fils de Philippe II, que le pouvoir macédonien impose à Athènes un
régime politique oligarchique3.

Rome : l’instauration d’une république


À l’aube du 5e siècle av. J.-C., Athènes n’est pas la seule cité à modifier son système politique. À
Rome, la royauté est abolie en 509 av. J.-C. pour faire place à un nouveau régime : la République. Ce
mot vient du latin res publica qui signifie « chose publique » et réfère ainsi aux affaires publiques de la
cité gérées collectivement par certains groupes de citoyens autorisées à participer à la vie publique.

Il faut savoir que le concept de citoyen à Rome est fort différent de celui qui existe à Athènes. Certes,
comme dans la cité grecque, l’homme né d’un père citoyen romain et reconnu par ce dernier devient à
son tour citoyen une fois adulte. Or, la citoyenneté romaine peut également être acquise, que ce soit
par des habitants de territoires annexés, par des élites étrangères alliées de Rome, par les enfants
d’affranchis (anciens esclaves), plus tard par des soldats auxiliaires à la fin de leur service militaire,
etc. En 212 apr. J.-C., l’empereur Caracalla accorde même la citoyenneté romaine à tous les hommes
libres de l’Empire romain.

En revanche, contrairement à l’Athénien qui, par son statut de citoyen, obtient automatiquement, peu
importe sa fortune, tous les droits politiques au sein de la cité, la citoyenneté romaine ne
s’accompagne pas de droits socio-politiques communs à tous. À Rome, la naissance et la fortune
jouent un rôle primordial en ce qui concerne le droit de participer à la vie politique et la possibilité
d’occuper des charges publiques.

De ce fait, contrairement au cas d’Athènes, la démocratie n’a jamais été instaurée à Rome.
L’ensemble des citoyens n’a jamais réellement pu participer directement à la prise de décisions d’ordre
public. Néanmoins, la République romaine est basée sur des institutions politiques qui permettent à
certains citoyens de participer à la vie politique.

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III- Les institutions politiques de la République romaine
Sous la République romaine, on retrouve trois types d’organes politiques : les assemblées populaires,
les magistratures et le Sénat. Il existe 4 assemblées (comices) où les citoyens recensés sont
convoqués pour adopter des lois ou élire des magistrats, chaque comice ayant des attributions
spécifiques4. Or, le suffrage n’est pas égalitaire. Depuis le 6 e siècle av. J.-C. (époque royale), les
citoyens sont répartis en tribus territoriales et, en fonction de leurs richesses, en 5 classes censitaires.
Selon les comices, le poids du vote d’un citoyen est influencé par sa naissance, sa tribu ou sa classe
censitaire. Par exemple, dans les comices centuriates, les deux premières classes censitaires (les plus
fortunées) votent en premier et peuvent, à elles seules, atteindre la majorité absolue avant même que
les citoyens des autres classes aient voté. Le résultat du suffrage est ainsi, la plupart du temps,
déterminé par les riches familles aristocratiques.

Cette préséance des plus fortunés se remarque également au sein des magistratures. Au début de la
République romaine, seuls les membres de la première classe censitaire peuvent être magistrats. Ces
derniers sont habituellement élus pour un an et, contrairement à Athènes, ne sont pas rémunérés.

Il existe plusieurs types de magistrats, chacun ayant des fonctions spécifiques. Les plus importants
sont les deux consuls, chargés en collégialité de gouverner la ville, de commander l’armée et de
proposer des lois. Il existe également des magistratures extraordinaires comme la dictature qui, à la
différence de l’usage moderne, accorde le pouvoir absolu à un seul individu uniquement pour 6 mois
en cas de péril grave pour la cité (désastre militaire, crise politique, etc.).

Enfin, la République romaine comporte un Sénat. Au début de la période républicaine, le conseil est
formé de 300 membres (nombre qui augmentera au cours des siècles), tous issus, encore une fois,
des riches familles aristocratiques de Rome. Le Sénat est un organe de consultation qui, en vérité,
constitue la plus haute autorité de la cité et le véritable centre de son gouvernement. Bien que le Sénat
n’ait pas le pouvoir de proposer des lois, son autorité morale lui permet d’avoir une influence majeure
sur l’ensemble de la politique romaine : religion, finances publiques, administration, politiques
extérieures, etc.

IV- Les luttes politiques sous la République romaine


Au moment où naît la République romaine, les citoyens romains sont divisés en deux catégories : les
patriciens, descendants des grandes familles aristocratiques à l’origine de la fondation de Rome, et les
plébéiens, la masse des hommes libres, généralement paysans ou artisans.

Au début de la République, les postes de sénateurs et de magistrats sont réservés aux patriciens,
lesquels forment sans surprise les premières classes censitaires.

Les premiers siècles de la République sont ainsi marqués par des revendications acharnées des
plébéiens pour obtenir davantage de droits politiques. La lutte des plébéiens n’est pas vaine : élection
de leurs propres magistrats (tribuns de la plèbe et édiles de la plèbe), adoption d’un code de lois
écrites (Loi des XII Tables), accession progressive aux différentes magistratures, pouvoir de voter des
lois (les plébiscites), etc.

Au 3e siècle av. J.-C., la distinction entre patriciens et plébéiens tend à s’estomper. Or, les classes
censitaires existent toujours. De ce fait, les riches familles patriciennes et plébéiennes se rassemblent
dans un nouveau groupe social basé sur la fortune plutôt que la naissance : la nobilitas. Comme les
patriciens lors des premiers siècles de la République, les membres de la nobilitas monopolisent
l’ensemble des sièges du Sénat et toutes les hautes magistratures.

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Pendant toute la période républicaine, malgré les apparences démocratiques (votes des comices,
élections des magistrats, etc.), le pouvoir à Rome est toujours contrôlé par une minorité de citoyens : il
demeure entièrement concentré entre les mains du patriciat et, ensuite, de la nobilitas. Au 2 e siècle av.
J.-C., certains groupes politiques (les Populares) militent – parfois avec violence – pour une meilleure
répartition des pouvoirs et des privilèges, mais leurs luttes ne donnent pas les résultats escomptés.

Au 1er siècle av. J.-C., l’ambition personnelle de plusieurs généraux romains, dont Jules César, plonge
la République dans une série de guerres civiles qui ébranle fortement les assises politiques de Rome.

En 31 av. J.-C., Octave bat Marc-Antoine et Cléopâtre à la bataille d’Actium, mettant ainsi fin aux
querelles fratricides. Pour maintenir la paix, le Sénat confie plus de pouvoirs et de privilèges à Octave,
qui recevra éventuellement le titre d’Auguste. Nommé premier des sénateurs (princeps), Auguste
cumule tant de charges publiques et militaires qu’il finit par diriger l’ensemble des rouages de la vie
politique romaine.

C’est ainsi que naît un nouveau régime politique à Rome : le Principat. Bien que les institutions
républicaines soient maintenues en apparence, le pouvoir effectif est maintenant entre les mains d’un
seul homme, l’empereur5.

A-Fin de l’Empire romain : une transition vers les cadres


politiques médiévaux
À son apogée au 2e siècle, l’Empire romain s’étend sur près de 6,5 millions de km 2 : les territoires
conquis par Rome couvrent ainsi une grande partie de l’Europe, de l’Afrique du Nord et du Proche-
Orient.

La gestion d’un empire aussi vaste exige des structures administratives nombreuses et le contrôle de
Rome sur certaines régions périphériques est parfois chancelant.

À partir du 3e siècle, l’Empire romain fait face à une multiplication des situations de crise : usurpations
du pouvoir, guerres de successions, détérioration des structures administratives, crise économique,
menace et pression aux frontières, migrations massives de populations étrangères… Rome tente
certes de surmonter ces obstacles, ultimement en 395 en divisant l’Empire en deux parties – l’Empire
d’Orient et l’Empire d’Occident – afin de faciliter sa gouvernance, mais l’affaiblissement du pouvoir
central se poursuit.

Au cours du 4e siècle, la mainmise romaine sur les territoires occidentaux diminue sans cesse et les
populations barbares nouvellement établies dans l’Empire gagnent de plus en plus de pouvoirs à
l’échelle locale et régionale.

Sans créer de véritable rupture pour les habitants de l’Empire en déclin, la disparition de la fonction
impériale en Occident en 476 a pour conséquence de mettre fin à la nomination par Rome
d’administrateurs dans les provinces, ce qui ouvre la porte à la transmission des pouvoirs de façon
héréditaire et à la création de royaumes médiévaux.

Autrefois unifiée par un pouvoir central fort et un réseau routier exceptionnel, l’Europe est désormais
morcelée en une multitude de royaumes indépendants formés par les peuples ayant migré dans les
anciens territoires romains (ex. le royaume des Francs).

Moyen Âge : royauté et servage

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Avec la fin de l’administration centralisée des Romains en Europe, une partie du réseau commercial
traditionnel se détériore et les populations rurales retournent à l’état d’autosuffisance pendant
quelques siècles.

Vers l’an 1000 apparaît le régime féodal, système dans lequel un seigneur offre protection et sécurité à
la population. On ne parle plus alors d’esclaves ou de paysans libres comme dans l’Antiquité, mais
bien de serfs, c’est-à-dire de paysans qui occupent des terres appartenant à un seigneur et qui sont
ainsi liés audit seigneur : c’est le système du servage.

En échange de sa protection, le seigneur exige des serfs qu’ils lui remettent une partie de leurs
récoltes et qu’ils exécutent certaines corvées. La condition de serf attache le paysan à la terre du
seigneur (le fief) et l’oblige à y demeurer pour la cultiver.

B- Les seigneurs
Le seigneur est également propriétaire du moulin et du four que les serfs sont obligés d’utiliser
moyennant paiement.

Le seigneur possède de nombreux autres droits : rendre justice, imposer des amendes et des péages
sur les routes et les ponts, exiger le gîte, etc.  Avec tout cela, il peut vivre relativement à l’aise dans un
château bien protégé par ses hommes d’armes qui lui permettent de maintenir l'ordre, de repousser les
envahisseurs de son fief ou de conquérir de nouvelles terres. Peu à peu, le château devient le centre
économique et politique du fief et un refuge pour les serfs lorsque les guerres font rage.

Bien que les seigneurs ne soient pas tous riches et puissants, ils appartiennent néanmoins à la
noblesse. Cette institution sociale qui domine le monde occidental est divisée selon une certaine
hiérarchie.

Les liens de parenté avec le roi, les alliances par les mariages, la fortune, la renommée acquise durant
une guerre, l’étendue des terres et leur richesse, la taille de l’armée, sont autant de critères qui vont
déterminer le rang au sein de la noblesse.

Certains nobles offrent leurs services à des seigneurs plus puissants pour former des alliances. Ce
sont des « vassaux » au service de leur « suzerain » qui, en retour, garantit sa protection.

C’est le régime vassalique et la monarchie féodale : au sommet de la pyramide sociale trône le roi,


ensuite viennent les nobles les plus puissants d’un royaume puis, complètement en bas, se trouvent
les serfs. Ce sont eux qui ont les moins bonnes conditions de vie, notamment durant les famines, les
épidémies et les guerres.

Les rois

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L’Europe étant morcelée en une multitude de fiefs et de principautés indépendantes, rois et puissants
seigneurs cherchent inlassablement à augmenter leurs domaines respectifs.

Pour renforcer leur légitimité, ils transmettent leurs pouvoirs et terres à leurs descendants.

Pour le roi de France, par exemple, les droits et obligations du système féodal servent à faire obéir les
seigneurs qui se montrent souvent rebelles à l’autorité royale. En fabriquant sa propre monnaie et en
contrôlant sa valeur, le roi exerce un autre moyen de domination, tout comme avec son armée. Peu à
peu, il s'impose et élargit son royaume grâce à la suzeraineté qu’il exerce sur ses vassaux qui
cherchent, de leur côté, à étendre leurs fiefs respectifs.

Plus tard, les rois de France renforcent leur légitimité en l’associant à Dieu : c’est la naissance de
l’absolutisme de droit divin. Comme son droit d’exercer la fonction de roi lui est octroyé par Dieu lui-
même, ses pouvoirs sont illimités et son autorité est incontestable.

Louis XIV, qui règne sur la France de 1643 à 1715, incarne magnifiquement ce type de régime
politique : État centralisateur, concentration du pouvoir au sommet, culte quasi-divin de sa personne,
autorité absolue imposée à tous les ordres de la société, etc.  Inutile d’ajouter que ce modèle de
gouvernance ne laisse évidemment aucune place à une quelconque forme de démocratie.

V- Les journaux et les livres propagent les courants de pensée


La diffusion de ces idées est favorisée par les premiers journaux et la circulation grandissante des
livres.

Malgré que ces nouveaux idéaux soient combattus farouchement par la censure royale et religieuse,
ils se propagent partout en Occident et annoncent de grands bouleversements comme la Révolution
américaine (1776) et la Révolution française (1789).

Révolutions et idéaux démocratiques

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Pendant la Guerre de Sept ans (1756-1763), le sort des armes est favorable à la Grande-Bretagne.

Elle a notamment obtenu la Nouvelle-France par le Traité de Paris (1763), mais ce conflit lui a coûté
très cher. Pour éponger ses dettes, elle impose de nouvelles taxes à ses Treize colonies d’Amérique,
ce qui soulève beaucoup de protestations. Les Américains voient également d’un mauvais œil que la
Grande-Bretagne ait décidé de réserver aux Autochtones les anciens territoires de la Nouvelle-France
(Grands Lacs, Ohio, Mississipi). Ils s’attendaient plutôt à ce qu’ils soient ouverts à la colonisation et à
l’exploitation.

Les colons protestent en boycottant  les produits taxés qui proviennent de la métropole afin de nuire à
son économie. Pour eux, il est inadmissible que le Parlement de Londres leur impose des taxes alors
qu’ils n’ont aucun député pour les représenter. De là leur slogan « No taxation without
representation ». Les Britanniques répriment durement la révolte, mais la signature de l’Acte de
Québec aggrave encore la situation.

Le 4 juillet 1776, la « Déclaration d’indépendance américaine » est rédigée par un comité présidé
par Thomas Jefferson. Ce texte fondateur porte les idéaux des Lumières.

Les grands principes de John Locke y sont mis en évidence : affirmation des droits inaliénables (droit à
la vie, à la liberté, au bonheur), souveraineté du peuple, consentement des gouvernés, autrement dit,
« le contrat social ».

En 1783, la Grande-Bretagne, vaincue, reconnaît l’indépendance des États-Unis. Quatre ans plus tard,
la Constitution des États-Unis instaure une république dont les fondements s’inspirent de la
philosophie des Lumières à plusieurs égards : séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire,
élection des membres du Congrès et du président par une partie du peuple, liberté d’expression, de
réunion, de presse et de religion. Enfin, en vertu de l’habeas corpus, les citoyens ont le droit d’être
jugés et de ne pas être détenus arbitrairement 11.

VI- La Révolution française et la Déclaration des droits de


l'homme et du citoyen  
La France a aidé les coloniaux américains contre la Grande-Bretagne non sans aggraver l’état de ses
finances déjà précaires.

Dans les années 1780, le poids des impôts et une série de mauvaises récoltes attisent la colère du
peuple contre le roi Louis XVI (1774-1791), la noblesse, qui s'oppose à plusieurs tentatives de
réformes, ainsi que le clergé. En 1789, les États généraux sont convoqués et la Révolution française
éclate en juillet12.

Les premières années de la Révolution sont très sanglantes et politiquement mouvementées.


L’instauration d’une assemblée nationale constituante mène à l’adoption de la Déclaration des droits
de l’homme et du citoyen, moment marquant de l’histoire de l’humanité.

Cette Déclaration accorde aux citoyens des droits inaliénables fortement inspirés des idéaux des
Lumières. C’est en quelque sorte la fin de l’absolutisme et de l’« Ancien régime ».

VII- Louis XVI : monarque constitutionnel de courte durée


Pendant un temps, Louis XVI demeure roi de France et agit comme un monarque constitutionnel,
c’est-à-dire qu’il doit composer avec l’Assemblée nationale.

Celle-ci adopte en 1791 une première constitution. Désormais, les pouvoirs royaux seront limités,
l’Assemblée sera élue par un suffrage limité et exercera certains pouvoirs, notamment le droit de veto.

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Malgré tout, le climat social continue à se dégrader, surtout après la tentative de fuite du roi et son
arrestation. Louis XVI  sera finalement jugé pour trahison et guillotiné en 1793.

Ce geste pousse les monarchies voisines à envahir la France pour écraser cette révolution qui
menace l’ordre établi. Les armées françaises vont parvenir à les repousser, mais la jeune république
va connaître des années de troubles jusqu’à la fin du siècle. C'est la période de Terreur.

A-Napoléon Bonaparte s’empare du pouvoir

En 1799, Napoléon Bonaparte s’empare du pouvoir et porte le titre de Premier consul. Il effectue une
série de réformes, dont l’adoption d’un Code civil, et s’autoproclame Empereur des Français en 1804.

Dès lors, il gouverne en dictateur, rappelant du coup l’absolutisme, l’arbitraire politique, la censure et la
suspension des droits. Ce n’est qu’en 1815 que les monarchies européennes vainquent Napoléon et
restaurent la royauté en France.

Malgré ce recul provisoire, la Révolution française a profondément bouleversé les fondements de la


démocratie et des droits de l’homme. Elle a fait naître le concept de « nation » formée de citoyens,
détentrice de la souveraineté par l’entremise d’une assemblée représentative. L’égalité devant la loi a
été proclamée, la société de privilège issue du Moyen Âge abolie, et la Déclaration universelle des
droits de l’homme et du citoyen est devenue une inspiration pour plusieurs pays occidentaux.

B-Idéaux démocratiques portés par des vents révolutionnaires


Les vents révolutionnaires soufflent à travers l’Occident durant tout le 19 e siècle. En Amérique latine,
plusieurs colonies espagnoles se libèrent de la métropole.

En 1848, le « Printemps des peuples » voit partout en Europe des soulèvements populaires réclamer
la liberté, la démocratie et le droit à l’autodétermination. Peu à peu, les monarchies cèdent davantage
de pouvoirs à des institutions qui, à divers degrés selon les pays, deviennent les forums du peuple.

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Les idéaux démocratiques ont donc beaucoup évolué depuis la Grèce antique. Même si la Nouvelle-
France n’existe que depuis le 17e siècle, elle est touchée par ces grands courants révolutionnaires.

Aujourd’hui, après plus de 4 siècles d’existence, le Québec est une société démocratique régie selon
les limites d’un État de droit dans laquelle les citoyens ont des droits, des devoirs et libertés.

CONCLUSION
Au terme de notre analyse retenons que « Gouvernement du peuple » au sens littéral, la
démocratie de dèmos, « le peuple », et de kratos, « le pouvoir », « la souveraineté » – se définit à
la fois comme un régime politique et un idéal normatif – l’horizon de tout ordre politique légitime ».
Le renforcement continu du pouvoir populaire serait donc le signe d’un approfondissement de la
démocratie. Le phénomène de la délation en Grèce ancienne s’inscrit dans cette perspective et
illustre l’appropriation par le peuple du ministère public « citoyen ». En même temps, la
sycophantie est une pratique abusive de l’accusation publique volontaire, bien loin de l’idéal
solonien. Autrement dit, les institutions seules ne sont pas la garantie d’une démocratie véritable :
tout dépend de leur « implémentation », c’est-à-dire de leur appropriation par les citoyens et des
usages que ceux-ci en font. D’où les limites d’une définition strictement procédurale de la
démocratie.

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