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Naissance de la démocratie :

La Cité hellénique comme réalité et comme idéal.

 Jacqueline de Romilly rappelle que la démocratie athénienne ne se résume pas aux


institutions politiques mais qu’elle s’intègre au cosmos grec, dans un univers de
représentations qui s’articulent autour de la figure de la liberté, dans tous les domaines de
la vie.

 Chez les Grecs, la cité est omniprésente. Elle est première par rapport à l’individu, en
raison du primat absolu du collectif sur l’individuel, sur le citoyen. La notion de cité est
d’ailleurs imposée par la géographie: pays fractionné, mer, économie autarcique,
autonomie politique
Cf. les barbares= « barbarophôn »= ceux qui ne savent pas, ou pas bien, parler grec.

 Le citoyen grec est :


- un homme dans la cité. C’est la qualité de citoyen qui fait que l’homme est vraiment homme.
- un citoyen actif: il gère les affaires publiques, vote, accomplit son service militaire et ses
devoirs religieux ( impiété= un crime aussi grave que la trahison)
NB. Ostracisme= qualité de citoyen peut être retirée.

 Démocratie = Pouvoir du peuple: (demos/ cratos) - gouvernement direct de la majorité des


hommes libres dans une Cité, mais les Grecs excluent des citoyens les femmes, les
esclaves et les étrangers.

ATHENES/ SPARTE

 ATHENES
Age d’or de la démocratie: « Constitution » de Clisthène: les citoyens sont classés en fonction
de leur domicile ( plus appartenance clanique ou fortune) ; Athènes découpée en circonscriptions
territoriales, les dèmes.

Organisation=

L’Ecclesia: assemblée du peuple souverain réunie sur L’Agora. Possède tout pouvoir et
dans tous les domaines: paix, guerre, ambassade, alliances, conduite des opérations militaires,
vote des lois, nomination des juges…
Le Boulê: assemblée Parlementaire de 500 membres tirés au sort parmi les citoyens.
Prépare les délibérations de l’Ecclesia et en applique, ensuite, les décisions.
L’Héliée: tribunal populaire. Justice exercée directement par le peuple.
Les Magistrats: exécutants des ordres donnés par L’Ecclesia

Trois principes constitutionnels dominent: l’isonomie ( loi égale pour tous); l’iségorie
( égalité devant le droit de parole); l’isocratie ( égalité des pouvoirs détenus.)
Cf. PERICLES ( 495-429): gouvernera pendant 25 ans et assurera l’âge d’or de la
démocratie athénienne.
Cf. son éloge de la démocratie prononcé pendant l’hiver 431: un discours en hommage aux
guerriers d’Athènes morts durant la première année de la guerre. Il y décrit négativement le
régime spartiate pour montrer la supériorité d’Athènes.
Égalité , fondement de la démocratie. Mérite et non naissance ou richesse. Chacun agit à sa guise
mais dans les limites tracées par les lois. Confrontation des idées, tolérance. Mais surtout, régime
de générosité et de fraternité, philanthropia.

SPARTE ( antique Lacédémone): championne de l’élitisme aristocratique. Idéal où le collectif


et l’individuel seraient harmonieusement combinés.

 Sparte est une monarchie car 2 rois/ est aussi une aristocratie car existe un conseil, la
Gériousia, composé de gérontes, âgés de plus de 60 ans. Il prépare les projets soumis à
l’assemblée du peuple et est chargé de les exécuter; décide de la paix, de la guerre;
tribunal/ est aussi une démocratie: l’Appella, assemblée du peuple, peut prendre toute
décision= en apparence 3 pouvoirs qui s’équilibrent.

 Une société égalitaire: les citoyens s’appellent les Egaux car ont les mêmes droits
politiques, mais aussi et surtout parce qu’existe entre eux une véritable égalité
communautaire: chacun ne peut posséder que les lots de terre ayant une égale valeur ou
procurant un égal revenu. Cf. sorte de socialisme. Admiration de Rousseau.

LES THEORICIENS: Platon, Socrate / Aristote

 PLATON distingue 4 types de gouvernements. (Ses idées sont définies dans La


République, Les Lois, Le Politique.)

- La timocratie ( de « timos »= l’excellence)


Elle est la forme idéale de gouvernement. Elle repose sur une structure politique dont les origines
sont indo-européennes : une société doit se diviser en trois castes qui remplissent trois fonctions :
la fonction « prière » est assurée par les sages qui gouvernent/ la fonction « guerre » veille à la
défense de la cité/ la fonction « production » satisfait les besoins matériels vitaux mais est privée
de toute responsabilité politique.

- L’oligarchie. Régime politique fondé sur l’argent. Il est condamné car il est facteur
de division sociale et d’injustice. ( pour nous, ploutocratie)
- La tyrannie. Régime d’un homme qui gouverne selon son arbitraire et ses fantaisies.

- La démocratie. Forme condamnée : il parle de la « permissive Athènes ». Les


pauvres, avides de l’argent des riches, gouvernent contre eux, ce qui entraînent la division
sociale et l’injustice. De plus, la démocratie est le régime de l’incompétence : les citoyens
sont assimilés à des marins qui tuent leur capitaine avant de faire naufrage, et la cité à un
manteau bigarré d’une totale disharmonie. Pour Platon la politique doit être au contraire le
lieu de la compétence, détenue par une élite restreinte et éclairée ( les gardiens de la Cité)
où doit advenir la vérité, détenue par le philosophe ( idéal du philosophe-roi)= élitisme
technocratique.

Cf. La République: la démocratie assoiffée de liberté est présentée sous un jour plus négatif que
positif. Les excès de la liberté peuvent conduire au désordre et au passage à la tyrannie. La
démocratie est le régime de l’instabilité, du risque du désordre dans la Cité. Un régime
démocratique est incapable d’exister, de manière durable, dans le temps.
Règne de la volonté populaire, masse, peuple, populace qui se conduit à sa guise: démocratie
devient synonyme d’anarchie, de désordre, de règne des humeurs volages. Un régime dans lequel
la DEMAGOGIE s’impose pour gouverner. Ne laisse place ni à la vertu, ni à l’excellence, mais
exclusivement à la liberté, liberté qui prend très vite la forme de la licence.

Bilan : selon Platon, l’âge d’or des sociétés a vu la réalisation de la timocratie, mais le temps et
ses ravages ont définitivement séparé l’humanité de cette perfection. Celle-ci vit dorénavant dans
un éternel retour ( appelé « anacyclosis ») qui voit se succéder oligarchie, démocratie et
tyrannie.
Cf. la Cité idéale.
 Socrate. Ne pouvait supporter que la confection des lois et le gouvernement de la Cité
soient confiés à une assemblée de foulons, de cordonniers.. Socrate était convaincu qu’il
n’y a de mérite et de vertu que dans le savoir. Il est effrayé de voir la Cité dirigée par
l’ignorance .Il ironise sur la prétention de tout Athénien à donner ses conseils sur
l’administration de la Cité.

 ARISTOTE

 Ses idées sont exprimées dans Politiques. Sa fameuse citation est : « L’homme est un
animal politique » : la spécificité de l’homme réside dans sa capacité à organiser des
sociétés qui répondent à ses besoins effectifs, parce que l’homme est aussi animal
raisonnable qui invente, transforme, innove.

 Il distingue 3 formes de gouvernements corrompus : la tyrannie / l’oligarchie / la


démocratie ( la masse des pauvres dirige en ne se préoccupant que d’elle-même. Il
participe en effet à la critique de la démocratie mais au nom de la liberté politique: il
reproche à la démocratie de ne pas être un gouvernement conçu dans l’intérêt de tous mais
du peuple seul et de ne pas se soumettre au gouvernement des lois:« le peuple est
souverain, même des lois. »)
 3 autres sont nobles : la monarchie / l’aristocratie/ la politie. ( une sorte de régime mixte,
modéré, à la fois aristocratie et démocratie. Serait en quelque sorte une démocratie de
bonne qualité, épurée des traits qui font d’elle le règne d’une faction.)
 Dans ces trois dernières formes, ou un seul ou quelques-uns dirigent avec un objectif
unique, l’intérêt général.Ce principe d’intérêt général est important pour Aristote car pour
lui, étant donné que les hommes ne sont pas des dieux, il n’existe pas de gouvernement
parfait. La seule vérité politique incontournable est le principe de l’intérêt général.

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