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UNIVERSITE PAUL-VALERY

ÉRIC PERRIN-SAMINADAYAR

*
INTRODUCTION A L’HISTOIRE DE L’ANTIQUITE :
PROMENADES EN MEDITERRANEE ORIENTALE.
*
CM 7
Le monde grec classique (2) :
Athènes (1) ; vie politique et rôle international.
*

PLAN DU COURS.
I. La « démocratie » athénienne :
Résumé des épisodes précédents : De Dracon à Clisthène.
Définition et principes : Le pouvoir au démos ? Les principes (isonomie, tirage au
sort, reddition de comptes, délibération publique, règle de la majorité).
Les institutions démocratiques : L’assemblée du peuple (ecclésia) ; les citoyens. Le
Conseil des 500 (Boulè). Les magistratures (principes généraux ; deux exemples : archontes
et stratèges). La justice (l’Héliée).
La vie politique athénienne au Ve s. : L’évolution (les luttes politiques et le
renforcement de la démocratie : ostracisme, misthos, ouverture des magistratures). Périclès,
l’homme et la pratique gouvernementale : un aristocrate ; le « premier des citoyens ».

II. Le rayonnement international d’Athènes :


De la symmachie à l’hégémonie athénienne : Rappel : le fonctionnement de la ligue
au moment de sa fondation. La révolte de Thasos et ses conséquences : le durcissement
de la politique athénienne. Deux événements majeurs : le transfert du trésor de la ligue de
Délos à Athènes ; la paix de Callias.
Révoltes et représailles : Divergences d’interprétation entre Athènes et ses alliés ;
les révoltes des années 440 ; la répression athénienne ; imposition de la monnaie et des
poids et mesures athéniens.
L’«impérialisme athénien» : ses limites ; l’intérêt bien compris de nombre de cités.
[les aspects sociaux, économiques et culturels du rayonnement athénien seront étudiés la
semaine prochaine].
********
NOMS PROPRES ET MOTS « DIFFICILES ».

Géographie [Seuls les noms nouveaux apparaissent ici] : Thasos, Samos, Érétrie,
Chalcis.
Pnyx : Colline face à l’Acropole à Athènes, où se réunit l’ecclésia.

Hommes et peuples :
Éphialte (?-461) : Homme d’État athénien du Ve siècle, chef de la faction
démocratique jusqu’à son assassinat. Auteur d’une audacieuse réforme de l’Aréopage, qui
prive ce conseil aristocratique de l’essentiel de ses pouvoirs.
Périclès (490-429) : le grand homme d’État athénien du Ve s. Biographie à faire et à
connaître !
Callias : homme d’État athénien. Négociateur de la paix qui porte son nom avec le
Grand Roi (448).

Autres mots clés : [Beaucoup de vocabulaire institutionnel et politique cette


semaine. TOUS CES TERMES SONT À MAÎTRISER SUR LE BOUT DES DOIGTS]
Pentékontaétie (nom féminin) : Période de 50 ans entre la fin de la 2e guerre
médique et la mort de Périclès ; période de l’apogée d’Athènes.
Démocratie, oligarchie, aristocratie, ploutocratie, monarchie : à vos dictionnaires.
isonomie : cf. CM 5 et 6.
euthynai : reddition de comptes du magistrat en fin de charge.
dokimasie (nom féminin) : examen préalable avant l’entrée en fonction du magistrat
(citoyenneté, honorabilité, moralité...).
quorum : nombre minimum de personnes présentes exigé pour qu’une décision
d’une assemblée soit valable (6000 à Athènes).
politès (n. masc. ; pl. : politai) : le citoyen.
atimie (n. fém.) : privation des droits civiques.
ecclésia (n. fém.) : l’Assemblée du Peuple à Athènes. Peuvent y participer tous les citoyens.
boulè (n. fém.) : Conseil des 500. Organe législatif et exécutif, composé de 500 mbr,
tirés au sort pour un an à raison de 50 par tribu. À Athènes.
bouleute (n. masc.) : nom du membre du conseil des 500. À Athènes.
prytanie (n. fém.) : ensemble des 50 bouleutes d’une tribu qui exercent le pouvoir
au sein de la Boulè pour un dixième de l’année. À Athènes.
prytane (n. masc.) : membre d’une prytanie (Athènes). Magistrat (ailleurs).
archonte (n. masc.) : magistrat. À Athènes, membre du plus ancien collège de
magistrats : on compte un archonte-roi (le basileus), un archonte polémarque (le
polémarque), un archonte éponyme (celui qui donne son nom à l’année), six archontes
thesmothètes, et un secrétaire des archontes, soit un total de 10 archontes. Les anciens
archontes font partie à vie du conseil de l’Aréopage.
stratège : magistrat athénien, élu pour un an et rééligible, membre d’un collège de
10, et plus spécialement chargé de la conduite des affaires militaires de la cité. La plus
importante des magistratures athéniennes.
Héliée (n. fém.) : tribunal populaire athénien composé de 6000 citoyens de plus de
30 ans tirés au sort et répartis en jurys de 201 à 2501 jurés (selon les procès).
héliaste : citoyen, membre de l’Héliée.
ostracisme (n. masc.) : procédure votée par l’ecclésia qui exile un citoyen pour dix
ans. Quorum de 6000 voix. Vote secret (sur des tessons). On y a rarement recours.
misthos (n. masc. ; pl. misthoi) : indemnité versée à un juge ou à un bouleute, plus
rarement à un magistrat. 2 à 3 oboles par jour.
clérouquie (n. fém.) : Établissement athénien installé autoritairement par Athènes
sur le territoire d’une cité alliée.
clérouque (n. masc.) : Athénien membre d’une clérouquie (n. p. cfr. avec le colon,
car le colon perd sa citoyenneté d’origine ; le clérouque conserve sa citoyenneté athénienne
à son retour à Athènes). Le clérouque reçoit un lot de terre (kléros), mais est aussi un soldat.
********
DOCUMENTS.

Doc. 1 : Périclès.
Doc. 2 : Le fonctionnement de l’Héliée.

Doc. 3 : Un regard critique sur la démocratie athénienne.


« Il paraît juste à Athènes que les pauvres et le peuple l’emportent sur les nobles et
les riches, car c’est le peuple qui fait naviguer les vaisseaux de guerre et qui donne à la cité
sa puissance, car ce sont les pilotes, les chefs de nage, les maîtres d’équipage en second,
les vigies de la proue, les constructeurs de navires qui font la puissance de la cité beaucoup
plus que les hoplites, les hommes et les honnêtes gens. Donc, puisqu’il en est ainsi, il paraît
juste que tout le monde participe aux magistratures par tirage au sort et à élection et que
la parole soit accordée à tout citoyen qui la demande...
En tout pays, l’élite est opposée à la démocratie car c’est chez les meilleurs qu’il y a
le moins de dérèglement et d’injustice, et, en revanche, le plus d’efforts pour développer
leurs qualités, tandis que c’est dans le peuple que l’on trouve le plus de désordre,
d’ignorance et d’inculture. En effet, ce qui pousse surtout les hommes aux vices, c’est la
pauvreté ainsi que l’absence d’éducation et l’ignorance qui, chez certains, sont la
conséquence du manque d’argent.
Il faudrait, pourrait-on dire encore, ne pas donner également à tous le droit de parole
et de décision, mais seulement aux plus habiles et aux hommes qui en ont, par excellence,
la capacité. Mais c’est en quoi, également, les Athéniens adoptent une excellente mesure,
lorsqu’ils permettent aux méchants de prendre la parole. En effet, si c’étaient les honnêtes
gens et les riches qui avaient le droit de parole et de décision, ce serait bien pour ceux de
leur classe, mais pas pour les hommes du peuple. Tandis que, comme il en est
actuellement, le méchant qui en a envie se lève, parle et découvre ce qui est bon pour lui
et ceux de sa classe.
On pourrait dire : quelle reconnaissance de ce qui est bon pour lui et pour le peuple
un homme de cette sorte pourrait-il bien avoir ? Mais les Athéniens se rendent compte
que son ignorance, son inculture et sa bienveillance leur sont plus utiles que la valeur, la
sagesse et la malveillance de l’honnête homme. Ce n’est pas avec de pareilles pratiques,
c’est certain, qu’une cité réaliserait la perfection, mais ce serait le meilleur moyen de
préserver la démocratie. Le peuple ne veut pas d’une cité dotée d’un régime démocratique
harmonieux où il serait esclave. Ce qu’il veut, c’est être libre et avoir le pouvoir et peu lui
importe que le régime politique soit dépourvu d’harmonie. En effet, ce que toi tu ne
considères pas comme un régime politique harmonieux, c’est précisément celui qui donne
au peuple la puissance et la liberté. Or, si c’est d’un régime harmonieux que tu es en quête,
tu verras d’abord les plus habiles établir des lois dans leur intérêt, puis les honnêtes gens
maintiendront à leur juste place les méchants et ce sont les honnêtes gens qui décideront
des affaires de la cité et qui interdiront à ceux qui n’ont aucune maîtrise d’eux-mêmes de
prendre des décisions, de parler et de se réunir en assemblée. Ainsi à la suite de ces
excellentes mesures, le peuple ne tarderait pas à tomber en esclavage...
Personnellement, j’excuse le peuple d’être démocrate, car chacun est excusable de
rechercher son intérêt. Mais celui qui, sans être du peuple, a préféré vivre dans une cité
démocratique plutôt que dans une cité oligarchique, c’est un homme qui a le dessein de
vivre sans respecter la loi et qui s’est rendu compte que sa bassesse passera plus inaperçue
dans une cité démocratique que dans une cité oligarchique ».
Pseudo-XÉNOPHON, La Constitution des Athéniens, 1, 5-9 (écrit vers 420/19)

Doc. 4 : De la ligue de Délos à l’impérialisme athénien.


« Voilà donc comment les Athéniens reçurent le commandement suprême avec le
consentement des alliés, que Pausanias avait dressés contre lui. Ils partagèrent les cités
coalisées en deux catégories : les unes devaient contribuer à la guerre contre les Barbares
par des versements en argent, les autres en fournissant des navires. L’objectif que se
proposait officiellement la coalition était de ravager les possessions du roi de Perse, afin
de se dédommager des pertes que les cités avaient subies de son fait. C’est à ce moment-
là aussi que fut institué à Athènes le collège des Hellénotames (trésoriers des Hellènes)
nouveaux magistrats chargés de percevoir le tribut ou phoros, terme qui désigna les
contributions en argent versées par les alliés. Le montant de ce tribut fut à l’origine fixé à
quatre cent soixante talents. Le trésor de la ligue fut déposé à Délos et les congrès alliés se
tinrent dans le sanctuaire.
Placée originairement à la tête d’une coalition de cités indépendantes, ayant chacune
voix délibérative dans les assemblées communes, Athènes allait, dans les années qui
s’écoulèrent entre la guerre médique et notre guerre, affirmer sa suprématie dans le
domaine militaire comme dans la conduite générale des affaires. Au cours de cette période,
elle se trouva aux prises avec les Barbares, avec ceux de ses alliés qui voulaient secouer le
joug et avec les cités péloponnésiennes avec lesquelles elle ne cessait de se heurter dans
chacune de ses entreprises. Si je me suis permis de faire une digression pour raconter ces
événements, c’est que mes devanciers ont négligé cette période, pour nous donner soit
une histoire de la Grèce avant les guerres médiques, soit une histoire des guerres médiques
elles-mêmes. Le seul historien qui se soit occupé de cette époque, Hellanicos, ne nous a
donné, dans son Histoire de l’Attique, que de brèves indications, appuyées sur une
chronologie incertaine. Le récit qui va suivre nous permettra en outre de comprendre
comment s’instaura l’empire athénien.
Cette histoire commence par le siège d’Éion, ville située sur le Strymon et occupée
alors par les Mèdes. Sous le commandement de Cimon, fils de Miltiade, les Athéniens
prirent la place et réduisirent la population en esclavage. Ils attaquèrent ensuite Skyros, île
de l’Égée habitée par les Dolopes. La population subit le même sort qu’à Éion et des
colons d’Athènes vinrent s’installer sur ses terres. Il y eut aussi contre Carystos une guerre
à laquelle le reste de l’Eubée s’abstint de participer. Les opérations traînèrent en longueur
et se terminèrent par un accommodement. Puis Athènes s’en prit aux Naxiens, qui avaient
fait défection et qui furent contraints de faire leur soumission à la suite d’un siège. Ce fut
la première cité alliée dont les Athéniens firent, contrairement aux conventions, un État
sujet. D’autres cités connurent par la suite, d’une manière ou d’une autre, le même sort.
Plusieurs raisons expliquaient ces tentatives de défection. Elles se produisaient
surtout quand une cité ne s’acquittait pas des contributions qu’elle devait fournir soit en
argent soit en navires, ou quand elle voulait se dérober à ses obligations militaires. Or les
Athéniens se montraient très stricts dans leurs exigences et ces peuples, qui n’avaient ni
l’habitude ni la volonté de faire des sacrifices, supportaient avec peine la contrainte dont
on usait avec eux. Ainsi, d’une manière générale, les cités n’acceptaient plus sans mauvaise
humeur de se trouver soumises à l’autorité des Athéniens. Et comme les contingents alliés
ne participaient plus aux opérations sur un plan d’égalité, il était facile pour Athènes de
réprimer les défections. De cette situation, les alliés eux-mêmes étaient responsables. Ils
répugnaient à faire campagne, et pour ne pas avoir à quitter leur pays, ils s’étaient engagés
à fournir, au lieu des navires prévus, une somme d’argent équivalente. Les sommes qu’ils
versaient permettaient aux Athéniens d’accroître leur flotte et, quand une cité tentait de
faire défection, elle n’avait ni les moyens militaires suffisants ni l’expérience nécessaire
pour soutenir la guerre dans laquelle elle s’engageait » (Thucydide, I, 96-99).

Doc. 5 : La ligue de Délos : étendue et contributions.


Doc. 6 : Révoltes contre Athènes et répression athénienne.
En Eubée :
« Peu après, l’Eubée se révolta contre la domination athénienne. Périclès s’y trouvait
déjà avec des troupes d’Athènes, quand on lui annonça que Mégare s’était soulevée, que
les Péloponnésiens s’apprêtaient à envahir l’Attique et que les garnisons athéniennes en
Mégaride avaient été massacrées, à l’exception des hommes qui avaient pu trouver refuge
à Nisaia. Avant de se soulever, les Mégariens s’étaient assurés l’appui de Corinthe, de
Sicyone et d’Épidaure. Périclès revint donc d’Eubée en toute hâte avec son armée. Là
dessus, les Péloponnésiens, sous les ordres de Pléistoanax fils de Pausanias, envahirent
l’Attique, avancèrent jusqu’à Éleusis et ravagèrent la plaine de Thria. Sans pousser plus
avant, ils rentrèrent ensuite chez eux. Les Athéniens passèrent à nouveau en Eubée sous
les ordres de Périclès, soumirent entièrement l’île et conclurent des conventions avec
toutes les cités, à l’exception d’Histiée. Ils expulsèrent les habitants de cette dernière cité
et établirent à leur place des colons athéniens » (Thucydide, I, 114).

À Samos :
« Peu de temps après le retour du corps expéditionnaire d’Eubée, les Athéniens
conclurent avec les Péloponnésiens un traité de paix pour trente ans. Ils restituèrent Nisaia,
Pégai, Trézène et l’Achaie, c’est-à-dire tout ce qu’ils avaient pris aux Péloponnésiens. Cinq
ans après, une guerre éclata entre Samos et Milet au sujet de Priène. Les Milésiens, en
difficulté, envoyèrent des représentants à Athènes et se plaignirent vivement des Samiens.
Des citoyens de Samos même, qui souhaitaient un changement de régime, appuyèrent leur
requête. Alors, avec une flotte de quarante navires, les Athéniens firent voile vers Samos.
Ils établirent dans l’île un régime démocratique et prirent comme otages cinquante enfants
samiens et un nombre égal d’hommes, qu’ils placèrent en résidence à Lemnos. Puis ils se
retirèrent en laissant une garnison à Samos. Mais un certain nombre de Samiens refusèrent
de s’incliner devant le fait accompli et se réfugièrent sur le continent. Ils s’entendirent avec
quelques-uns des plus riches citoyens de Samos et conclurent une alliance avec
Pissouthnès, fils d’Hystaspes, qui était à ce moment gouverneur de Sardes. Ils réunirent
une troupe de sept cents hommes et débarquèrent un jour, vers le soir, à Samos. Ils
soulevèrent d’abord la population contre le parti démocratique et arrêtèrent presque tous
les membres de ce parti. Puis un coup de main leur permit de reprendre les otages à
Lemnos et ils rompirent avec Athènes. Ils livrèrent à Pissouthnès la garnison et les
fonctionnaires athéniens établis chez eux et se mirent aussitôt à préparer une expédition
contre Milet. En accord avec eux, la ville de Byzance se souleva à son tour.
Quand les Athéniens apprirent ce qui s’était passé, ils envoyèrent à Samos une flotte
de soixante vaisseaux. Seize bâtiments de cette flotte ne furent pas effectivement engagés
devant Samos : les uns se dirigèrent vers la Carie pour surveiller les mouvements de la
flotte phénicienne et les autres firent voile vers Chios et Lesbos pour y chercher du renfort.
C’est donc avec quarante-quatre navires que, sous les ordres de Périclès, entouré des neuf
autres stratèges, les Athéniens livrèrent bataille, devant l’île de Tragia, à la flotte de Samos,
qui comptait soixante-dix vaisseaux parmi lesquels vingt transports de troupes. Cette flotte
revenait alors de Milet. Les Athéniens remportèrent la victoire et, peu après, quarante
navire d’Athènes et vingt-cinq de Chios et de Lesbos arrivèrent en renfort. Les assaillants
débarquèrent et, après avoir livré à terre un combat victorieux, ils investirent la ville en
l’entourant d’un mur sur trois côtés. Ils bloquèrent d’autre part la place par mer. Périclès
préleva soixante navires sur la flotte mouillée devant Samos et fit en toute hâte voile vers
Caunos et la Carie, car il avait appris que la flotte phénicienne approchait. Le Samien
Stèsagoras et quelques autres avec lui avaient en effet quitté Samos avec cinq vaisseaux
pour rejoindre les Phéniciens.
Les Samiens saisirent cette occasion pour opérer à l’improviste une sortie vers le
large. Ils assaillirent le camp athénien qui était sans défenseurs, détruisirent les navires de
garde et défirent le reste de la flotte, qui essayait de les arrêter. Pendant quatorze jours
environ, ils furent maîtres de la mer autour de leur île et purent ainsi faire entrer ou sortir
tout ce qu’ils voulurent. Mais au retour de Périclès, la flotte athénienne rétablit le blocus.
D’Athènes arrivèrent Thucydide, Hagnon et Phormion, avec une flotte de quarante
vaisseaux. Tlépolémos et Anticlès arrivèrent d’autre part avec vingt vaisseaux, qui furent
suivis de trente autres, venant de Chios et de Lesbos. Les Samiens livrèrent un bref combat
naval, mais, incapables de résister, ils durent finalement capituler au neuvième mois du
siège, en acceptant les conditions qu’on leur fit. Ils durent raser leurs murailles, donner
des otages, livrer leurs vaisseaux et acquitter par paiements échelonnés la somme
correspondant aux frais de guerre. Byzance dut, elle aussi, traiter et resta, comme par le
passé, une ville sujette » (Thucydide, I, 115-117).

Doc. 7 : Décret d’Athènes concernant la cité de Chalcis (446/5).


« Il a plu au Conseil et au peuple, la tribu Antiochis exerçait la prytanie, Dracontidès
était épistate, Diognétos a proposé. Que le Conseil et les juges (dikastai) des Athéniens
prononcent le serment en ces termes : “Je n’exilerai pas les Chalcidiens de Chalcis, je ne
détruirai pas leur cité, je ne priverai de ses droits civiques aucun particulier, ni ne le
condamnerai à l’exil, je n’en saisirai aucun, ni n’en mettrai à mort, ni ne m’emparerai de
ses biens sans jugement du peuple des Athéniens. Je ne mettrai pas aux voix sans
assignation préalable quelque décret contre un particulier ou la communauté (koinon) des
Chalcidiens et lorsque j’exercerai la charge de prytane, j’introduirai sous dix jours, autant
qu’il me sera possible, une ambassade venue de Chalcis devant le Conseil et devant le
peuple. Je respecterai ces dispositions tant que les Chalcidiens resteront fidèles au peuple
des Athéniens.” Que l’ambassade venue de Chalcis prête serment devant les Athéniens en
présence des magistrats aptes à recevoir les serments et que l’on dresse la liste de ceux qui
ont prêté serment. Que les stratèges veillent à ce que tous prêtent le serment.
Que les Chalcidiens prêtent serment en ces termes : “Je ne me séparerai pas du peuple
des Athéniens, ni par ruse, ni par machination, ni en paroles, ni en actes et je ne suivrai
pas qui s’en éloignerait. Si quelqu’un fait défection, je le dénoncerai aux Athéniens. Je
paierai aux Athéniens le tribut (phoros) que je leur aurai persuadé de fixer, je serai le meilleur
et le plus juste allié possible, je viendrai à leur secours et je les défendrai.” Que tous les
Chalcidiens adultes prêtent ce serment. Si quelqu’un est parjure, qu’il soit privé de ses
droits civiques (atimos), que ses biens soient confisqués et que la dîme (épidékatè) de ses
biens soit consacrée à Zeus Olympien. Qu’une ambassade athénienne se rende à Chalcis
pour recevoir les serments en présence des magistrats aptes à recevoir les serments et que
l’on dresse la liste des Chalcidiens qui ont prêté serment.
Anticlès a proposé. À la Bonne Fortune des Athéniens. Que les Athéniens et les
Chalcidiens prêtent, serment dans les termes que le peuple des Athéniens a fixés pour les
Érétriens. Que les stratèges veillent à ce que cela se passe au plus vite. Que le peuple
désigne aussitôt cinq hommes qui se rendront à Chalcis pour recevoir les serments. À
propos des otages, qu’il soit répondu aux Chalcidiens qu’il convient à présent pour les
Athéniens de s’en tenir à présent aux décrets pris. Lorsqu’ils l’auront décidé, que l’échange
ait lieu comme il semblera le meilleur aux Athéniens et aux Chalcidiens. Que les étrangers
résidents (oikountes) à Chalcis qui ne paient pas les taxes sur les marchandises vers Athènes,
si une exemption (atélie) leur a été accordée par le peuple des Athéniens, les paient sur les
marchandises vers Chalcis, comme les autres Chalcidiens. Que, à Athènes, le secrétaire du
Conseil fasse graver ce décret et ce serment sur une stèle de marbre et la fasse dresser sur
l’Acropole aux frais des Chalcidiens ; à Chalcis, que le Conseil des Chalcidiens la fasse
graver et dresser dans le sanctuaire de Zeus Olympien. Telles sont les dispositions votées
pour les Chalcidiens. Que les sacrifices prévus par les oracles concernant l’Eubée soient
aussitôt effectués par Hiéroclès et trois hommes que le Conseil désignera parmi ses
membres. Que les stratèges veillent collectivement à ce que les sacrifices se fassent et
donnent l’argent pour cela.
Archestratos a proposé. Que pour tout le reste il soit fait comme Anticlès l’a proposé.
D’autre part, que les poursuites (euthynai) entre Chalcidiens se déroulent à Chalcis comme
celles entre Athéniens se déroulent à Athènes, sauf pour les peines d’exil, de mort et de
privation des droits civiques (atimie). Dans tous ces cas- là, qu’il y ait appel à Athènes
devant le tribunal des thesmothètes selon le décret du peuple. Que les stratèges veillent à
la surveillance de l’Eubée du mieux qu’ils pourront pour le plus grand bénéfice des
Athéniens. Serment » (IG I3, 40 ; trad. P. Brun, légèrement modifiée).

Doc. 8 : Décret athénien, à la suite de la révolte d’Érythrée.


« Il a plu au Conseil et au peuple, […] était prytane, […] était épistate. […] Que les
Érythréens apportent du blé pour les Grandes Panathénées, pas moins de trois mines, et
qu’il soit réparti parmi les Érythréens présents [trois lignes difficilement lisibles] celui des
Érythréens qui le voudra. Que l’on institue par tirage au sort à la fève un Conseil de cent
vingt hommes […] dans le Conseil […] que l’on ne puisse pas être membre du Conseil en
dessous de trente ans et qu’il y ait poursuite vis-à-vis des contrevenants. Que l’on ne puisse
pas être conseiller sans laisser passer quatre années et que le surveillant (épiskopos) et le chef
de la garnison (phrourarque) procèdent au tirage au sort à la fève et installent à présent le
Conseil. À l’avenir, que le chef de la garnison et le Conseil le fasscnt, pas moins de trente
jours avant que le Conseil ne sorte de charge. Qu’ils prêtent serment par Zeus, Apollon et
Déméter en promettant l’anéantissement aux parjures et sur leurs enfants […] sur les
victimes […] que le conseil ne fasse pas brûler moins de […]. S’il ne le fait pas, qu’il soit
frappé d’une amende de mille drachmes […]. Que le peuple ne fasse pas brûler moins de
[…]. Que le Conseil prête serment en ces termes : “Je jure d’exercer ma charge de
conseiller de la meilleure et de la plus juste des façons pour la communauté des Érythréens,
des Athéniens et des alliés. Je ne me séparerai pas de la communauté des Athéniens et des
alliés des Athéniens, ni de moi-même, ni en me laissant persuader par un autre et je ne
[…] ni de moi-même, ni en me laissant persuader par un autre […] je n’accueillerai aucun
des exilés qui se sont enfuis chez les Mèdes […] sans le consentement du Conseil et du
peuple des Athéniens. Je ne bannirai aucun de ceux qui sont restés sans le consentement
du Conseil et du peuple des Athéniens.” Si un Érythréen tue un autre Érythréen, qu’il soit
condamné à mort s’il est jugé coupable. S’il est condamné à l’exil, qu’il soit banni de tout
territoire allié des Athéniens et que ses biens soient propriété commune des Érythréens.
Si quelqu’un est reconnu coupable d’avoir livré la cité des Érythréens aux tyrans […] qu’il
soit mis à mort […] et ses enfants [dix lignes environ] » (IG I3, 14 ; trad. P. Brun).

Doc. 9 : Décrets athéniens sur le paiement du tribut.


a. Décret de Cleinias (vers 450).
« Dieux ! Il a plu au Conseil et au peuple ; la tribu Oinéis exerçait la prytanie, Spoudias
était secrétaire, […] était épistate, Cleinias a proposé. Que le conseil, les magistrats dans
les cités et les surveillants (épiskopoi) veillent à ce que le tribut (phoros) soit collecté chaque
année et transporté à Athènes. Que l’on fabrique des marques (symbola) pour les cités afin
que ceux qui transportent le tribut ne puissent se livrer à quelque fraude. Que la cité, après
avoir inscrit sur une tablette le montant du tribut qu’elle envoie, place le sceau sur la
marque (symbolon) et l’adresse à Athènes. Que les convoyeurs remettent la tablette au
Conseil pour que celui-ci en ait connaissance en même temps qu’ils apportent le tribut.
Que les prytanes en fonction après les Dionysies convoquent une assemblée, dans laquelle
les hellénotames annonceront séparément aux Athéniens celles des cités qui ont versé la
totalité du tribut et celles qui ne l’ont pas fait. Que les Athéniens choisissent quatre
hommes et les envoient dans les cités pour donner quittance du tribut versé et exigent le
versement de ceux qui n’ont pas rempli leurs obligations. Deux hommes navigueront vers
les îles et l’Ionie sur des trières rapides, deux autres vers l’Hellespont et la Thrace. Que les
prytanes présentent cette affaire devant le Conseil et le peuple de suite après les Dionysies
et que l’on délibère là-dessus tout de suite, jusqu’à son règlement. Si quelqu’un, Athénien
ou allié, se livre à quelque fraude sur le tribut inscrit sur les tablettes que les cités doivent
envoyer à Athènes sous la responsabilité des convoyeurs, que celui des Athéniens ou des
alliés qui le désire le défère devant les prytanes. Que les prytanes introduisent l’action
publique (graphè) qu’ils auront reçue devant le Conseil ou bien qu’ils soient passibles d’une
amende de mille drachmes chacun. L’affaire une fois instruite, que le Conseil ne soit pas
souverain pour fixer la peine, mais qu’il la transmette au tribunal populaire (Héliée). S’il
décide qu’il y a eu fraude, que les prytanes proposent une résolution sur la peine ou
l’amende à infliger. Et si quelqu’un se livre à quelque fraude sur l’envoi du bœuf ou de la
panoplie, qu’une accusation publique soit intentée contre lui et une peine prononcée selon
les mêmes critères. Que les hellénotames fassent transcrire sur une tablette (pinakion)
blanchie la liste du tribut, avec la liste des cités qui ont payé entièrement [30 lignes difficiles
à déchiffrer et impossibles à restituer] » (IG I3, 34 ; trad. P. Brun).
b. Décret de Cléonymos (426/5).
« […] du tribut. Il a plu au Conseil et au peuple, la tribu Kékropis exerçait la prytanie,
Polémarchos était secrétaire, Onasos était épistate, Cléonymos a proposé. Que toutes les
cités payant le tribut aux Athéniens désignent dans chacune d’elles des collecteurs du tribut
de façon à ce que l’ensemble du tribut soit collecté pour les Athéniens ou que les
collecteurs en soient considérés comme responsables [lacune]. Que la prytanie en fonction
convoque de toute nécessité une assemblée au sujet des cités au plus tard vingt jours après
les Dionysies. Et que l’on proclame en public quelles sont les cités qui ont versé le tribut,
celles qui ne l’ont pas fait, et celles qui ne l’ont fait qu’en partie. Que l’on envoie cinq
hommes pour percevoir le tribut dans les cités qui restent redevables. Que les
hellénotames inscrivent sur le panneau les cités qui sont redevables du tribut avec les noms
des convoyeurs et qu’il soit placé en toutes circonstances devant le monument des héros.
Que l’on rédige un décret similaire au sujet des sommes que doivent les gens de Samos et
de Thèra, à l’exception de la désignation des hommes, et de toute autre cité tenue
d’apporter l’argent à Athènes. Que la prytanie de la tribu Kékropis fasse graver ce décret
sur une stèle et la dresse sur l’Acropole. P[…]critos a proposé. En outre, de façon à ce que
les Athéniens supportent au mieux et le plus aisément possible la guerre, que cette affaire
soit portée devant le peuple, à l’assemblée dès demain matin.
Il a plu au Conseil et au peuple, la tribu Kékropis exerçait la prytanie, Polémarchos
était secrétaire, Hygiainon était épistate, […] a proposé. Pour tout le reste qu’il soit fait
selon le précédent décret [lacune de 5 lignes environ]. Que l’on désigne les jurés (épimélétai) des
autres procès concernant l’argent des Athéniens, selon le décret voté, et que l’un des
stratèges soit tenu de siéger lorsqu’un procès concernant l’une des cités se déroulera. Si
quelqu’un manœuvre pour que le décret concernant le tribut ne soit pas appliqué ou pour
que le tribut ne soit pas envoyé à Athènes, que toute personne de la cité qui le voudra
puisse le poursuivre pour trahison devant les magistrats (épimélétai). Que ceux-ci
introduisent l’affaire devant le tribunal dans le mois du retour des témoins de l’assignation.
Que ces témoins soient deux fois plus nombreux que ceux qui sont assignés en justice. Si
l’un de ces derniers est reconnu coupable, que le tribunal fasse l’estimation de la peine ou
de l’amende. Que les prytanes, de concert avec le Conseil, désignent les hérauts, quel que
soit leur nombre, qui seront envoyés dans les cités durant la prytanie de la tribu Kékropis
pour que soient choisis les hommes chargés de la perception du tribut et leurs noms
inscrits dans la salle du Conseil. Que les vendeurs publics (polètes) mettent la stèle en
adjudication. Liste des collecteurs du tribut […] » (IG I3, 68 ; trad. P. Brun).

Doc. 10 : Décret de Cléarchos (v. 425-422).


« […] les gouverneurs dans les cités ou les magistrats […]. Que les hellénotames
inscrivent […]. Si un […] des cités (ne le fait pas), que celui qui le désire poursuive le plus
vite possible les contrevenants devant le tribunal des thesmothètes. Que les thesmothètes
rendent leur sentence à l’encontre des accusés sous cinq jours. Si dans les cités (alliées)
l’un des gouverneurs n’est pas fidèle à ce qui a été décidé, que ce soit envers des citoyens
ou des étrangers, qu’il soit privé de ses droits civiques et que ses biens soient confisqués
au bénéfice du trésor public, la dîme étant consacrée à la déesse. S’il n’y a pas de
gouverneur athénien pour veiller à l’application des clauses du décret, que les magistrats
de chaque cité en soient responsables. S’ils ne sont pas fidèles à ce qui a été décidé, que
ces magistrats soient déférés à Athènes pour y risquer la perte de leurs droits civiques. Que
l’on ne frappe pas moins de la moitié de l’argent dans l’atelier monétaire et les cités […].
Que les responsables (épistatai) prélèvent en permanence trois (cinq ?) drachmes par mine ;
quant à l’autre moitié […]. Que ce qui restera de l’argent perçu soit frappé et remis aux
stratèges ou aux […]. Lorsqu’il sera remis, […] à Athéna et à Héphaïstos […]. Si quelqu’un
propose ou met aux voix un décret permettant d’utiliser ou de prêter de la monnaie
étrangère, qu’il soit aussitôt déféré devant les Onze, qui le mettront à mort. S’il conteste
(l’accusation), qu’il soit présenté devant le tribunal. Que le peuple désigne puis envoie des
hérauts afin d’annoncer les décisions prises, un dans les îles, un en Ionie, un dans
l’Hellespont, un en Thrace. Que les stratèges, après leur avoir remis par écrit leur itinéraire,
les fassent partir. S’ils ne le font pas, qu’ils soient chacun passibles d’une amende de dix
mille drachmes. Que les gouverneurs dans les cités, une fois le décret gravé sur une stèle
de marbre, le fassent installer sur l’agora de chaque cité et les responsables devant l’atelier
monétaire. Que les Athéniens les y obligent même s’ils ne le veulent pas. Que le héraut
envoyé exige d’eux ce que les Athéniens ordonnent. Que le secrétaire du Conseil fasse
ajouter au serment prêté par le Conseil ceci : “si quelqu’un frappe de la monnaie d’argent
dans les cités (alliées) et n’emploie ni les monnaies, ni les poids, ni les mesures des
Athéniens et fait usage de monnaies, poids et mesures étrangers, je le punirai et je le
condamnerai selon les clauses du décret que Cléarchos a proposé”. Qu’il soit permis à
celui qui possède de l’argent étranger de venir le remettre quand il voudra et de l’échanger
selon les mêmes conditions ; que la cité lui remette en échange de la monnaie d’ici. Que
chacun vienne apporter cet argent à Athènes et le dépose à l’atelier monétaire. Que les
responsables, après avoir fait enregistrer sur une stèle tout ce que chacun leur aura remis,
la fassent placer devant l’atelier monétaire afin que celui qui le désire puisse l’examiner.
Qu’ils enregistrent la monnaie étrangère dans sa totalité, en séparant l’argent de l’or, et la
monnaie de notre cité dans sa totalité […] » (IG I3, 1453 ; trad. P. Brun).

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