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Enseignement Moral et Civique – Terminale

I – LES ORIGINES HISTORIQUES DE LA DEMOCRATIE


a) Athènes : berceau d’un nouveau régime politique
La démocratie plonge ses racines dans l’Antiquité. A Athènes, au Vème siècle avant J.-C., et pour la première
fois dans l’Histoire, une cité donne le pouvoir à l’ensemble de ses hommes libres, rompant avec la
monarchie ou la tyrannie que les Grecs connaissaient depuis de longs siècles. Toutefois, en considérant
ce régime politique, il faut prendre garde à plusieurs écueils :

 Faire de la démocratie une « trouvaille intellectuelle » grecque datant de 508 av. J.-C., alors
qu’il s’agit d’une forme politique issue d’un processus historique complexe, fruit de réformes
politiques et législatives menées par Dracon, Solon, puis Clisthène, mais aussi de la prise en
compte du rôle primordial joué par le peuple dans les victoires grecques pendant les guerres
médiques (490-479 av. J.-C.) qui opposaient Athènes et les autres cités grecques à la Perse.
 Faire de la démocratie athénienne un paradigme (= un modèle) de toute démocratie, quand il
s’agit bien évidemment d’un régime réel particulier, et non idéal qui en fixerait une fois pour
toutes les caractéristiques.
 Interroger la démocratie athénienne à partir de l’idée moderne de démocratie et en venir à la
discréditer en fonction de certains critères : régime de petites cités fondées sur l’esclavage,
sans véritable appareil d’état, sans préoccupation pour les « questions sociales ».
Il est bien plus intéressant de constater que l’idée de démocratie apparaît d’emblée dans un débat
politique, au travers d’une question prospective : Quel est le meilleur régime à donner à une cité qu’il
s’agit de fonder ? La démocratie grecque est donc, pour nous, un « germe », et non un modèle ou un
exemple parmi d’autres.
Hérodote (485-425 av. J.-C.), le premier historien grec, met ainsi en scène dans son Enquête une
délibération sur le régime politique à donner à la Perse, à la suite des guerres médiques. Trois mages,
Otanès, Mégabyse et Darius, présentent chacun leurs arguments, respectivement en faveur de la
démocratie, de l’aristocratie et de la monarchie. Hérodote fait prononcer par Otanès un plaidoyer en
faveur de la démocratie :
Otanès, d’abord, demanda qu’on remit au peuple le soin de diriger ses propres affaires. « A mon avis »,
déclara-t-il, «le pouvoir ne doit plus appartenir à un seul homme parmi nous : ce régime n’est ni plaisant,
ni bon. […] Comment la monarchie serait-elle un gouvernement équilibré, quand elle permet à l’homme
d’agir à sa guise, sans avoir de comptes à rendre ? Donnez ce pouvoir à l’homme le plus vertueux qui soit,
vous le verrez bientôt changer d’attitude. Sa fortune nouvelle engendre en lui un orgueil sans mesure, et
l’envie est innée dans l’homme : avec ces deux vices il n’y a plus en lui que perversité ; il commet follement
des crimes sans nombre, saoul tantôt d’orgueil, tantôt d’envie. […] Au contraire, le régime populaire
(« archon plèthos ») porte le plus beau nom qui soit : égalité (« isonomia ») ; en second lieu, il ne commet
aucun des excès dont un monarque se rend coupable : le sort distribue les charges, le magistrat rend
compte de ses actes, toute décision y est portée devant le peuple. Donc voici mon opinion : renonçons à la
monarchie et mettons le peuple au pouvoir, car seule doit compter la majorité. »
HERODOTE, L’Enquête, III, § 80
b) Les institutions de la démocratie athénienne
Complétez les pointillés avec les termes suivants : ECCLESIA, MAGISTRATS, BOULE, HELIEE, CITOYENS,
STRATEGES
Retrouvez les attributions de chaque institution : vote les lois / dirigent la cité / désigne parmi ses
membres les bouleutes, les héliastes et les magistrats / rend la justice / prépare les lois / vote la guerre
ou la paix / veillent à l’application des lois / vote l’ostracisme / dirigent l’armée.

700 ………………………… dont 10 …………………………

 …
 …
 …

contrôle
élit ou tire au sort
………………………… …………………………

Tribunal de 6 000 héliastes Conseil de 500 bouleutes

 …  …

tire au sort tire au sort conseille


…………………………

Assemblée de tous les citoyens, réunie sur la Pnyx

 ..
 ..
 ..
 ..

participent 4 fois par mois

………………………… NON CITOYENS (sans droits politiques)

40 000 hommes libres : 110 000 femmes et enfants de citoyens


- nés de parents athéniens 40 000 métèques
- ayant effectué leur service militaire (entre 18 et
20 ans)
110 000 esclaves
libres – non libres
Complétez le schéma des institutions athéniennes, grâce au texte ci-dessous :
Extrait de la biographie : « Platon », de Bernard Fauconnier.
A Athènes, il s’agit d’une démocratie directe. C’est-à-dire que le pouvoir n’est pas exercé par des
représentants élus, mais (théoriquement) par le peuple, au moyen d’une
assemblée, l’Ecclésia, qui se réunit plusieurs fois par mois pour prendre
des décisions. En réalité, seule une faible minorité participe à ces débats.
[…] Les réunions de l’Ecclésia se déroulent en plein air, l’après-midi, et
nombreux sont les citoyens peu ouverts à la « conscience politique », ou
préférant, plutôt que d’entendre pendant des heures discours et
palabres, s’adonner à d’autres activités ou faire la sieste, qui rechignent
à s’y rendre, à l’instar des abstentionnistes d’aujourd’hui : les archers
scythes poussent les récalcitrants vers la réunion, en les marquant de
vermillon, de manière à faire honte aux derniers arrivés. Après le sacrifice
rituel, on donne la parole au peuple, ou à certain de ses membres, en
commençant toujours par les plus vieux, selon le principe d’ancienneté.
Cette Ecclésia dispose en théorie du pouvoir le plus complet, mais il existe un organisme de
préparation des travaux, afin d’éviter que les réunions ne se transforment en foire d’empoigne,
ou en rixe : c’est la Boulè, le Conseil. Un tribunal siège, l’Héliée (celui-là même qui condamnera
Socrate), dont les membres sont tirés au sort parmi le peuple tout entier, et qui s’exerce au moyen
de magistrats. Une partie de l’assemblée est élue, parmi laquelle les stratèges, au nombre de dix,
représentant les dix tribus entre lesquelles la population d’Athènes est répartie. Ces stratèges
doivent par statut avoir un fils légitime, et posséder une terre en Attique, afin de s’assurer qu’en
cas de conflit ils défendront bien leur propre sol. D’autres magistrats sont tirés au sort, mais font
l’objet d’un contrôle : on ne devient pas archonte tout à fait par hasard ! Au demeurant, les
magistrats doivent rendre des comptes à la communauté, et justifier de leurs actions.

c) La figure de Périclès : un défenseur de la démocratie ?


I – Présentation de Périclès
Périclès est un homme politique de la Grèce antique né vers 495 et mort en 429 av. J.-C. Il est le
descendant de deux familles nobles d’Athènes. Son père, Xanthippe, est
chef des démocrates. Sa mère, Agaristé, était la nièce de Clisthène, grand
réformateur athénien qui a permis à la cité d’accomplir les pas décisifs sur
la voie de la démocratie.
Entré en politique vers 30 ans, il intègre le parti démocrate, dont il prend
la tête en -461, après l’assassinat de son ancien chef Ephialtès, et dirige la
cité en tant que stratège, magistrature à laquelle il sera réélu à au moins
quinze reprises entre -443 et -429.
Périclès s’entoure de penseurs et d’artistes : Hérodote, Protagoras,
Socrate, Anaxagore, Sophocle et Alcibiade son jeune neveu fréquentent
régulièrement la maison d’Aspasie, la maîtresse de Périclès avec laquelle
il eut un fils nommé « Périclès le Jeune ». Il a offert à Athènes sa période
la plus faste grâce au soutien qu’il a apporté à l’architecture, à la
philosophie et à l’instauration de la démocratie. On a ainsi rebaptisé le
Vème siècle av. J.-C. le « siècle de Périclès ».
II – Périclès et l’éloge de la démocratie
a) A la tête du parti démocrate
Périclès fait son entrée en politique vers l’âge de 30 ans. Il se place sous la direction du chef du
parti démocrate, nommé Ephialtès, avec lequel il s’attache à réformer la cité d’Athènes pour en
faire une démocratie. Dans cette perspective, il attaque en justice le stratège Cimon, chef du parti
aristocratique – il sera frappé d’ostracisme en -461 – et participe à la lutte contre l’Aéropage,
conseil puissant et très conservateur composé des citoyens ayant rempli le mieux les
magistratures les plus importantes. Cette institution où siégeaient les hommes politiques les plus
riches était plutôt oligarchique. Sous l’impulsion d’Ephialtès et de Périclès à sa suite, elle va perdre
ses fonctions politiques qui seront réparties entre l’Ecclésia, la Boulè et le tribunal de l’Héliée, où
l’ensemble des citoyens ou leurs élus discutent et votent. Le principe du tirage au sort des
magistrats est étendu pour désigner les archontes et les juges.
b) La mise en place du misthos
Dans la continuité des réformes menées par son grand-oncle Clisthène, qui en -508 imposent le
brassage des quatre classes censitaires de citoyens en dix tribus et posent le principe de leur
accession à toutes les fonctions publiques, Périclès fut à l’origine, en -457, de l’instauration d’une
indemnité, le misthos, que touchaient les citoyens athéniens pour participer aux affaires
publiques. Auparavant en effet, seuls les citoyens les plus riches avaient les moyens de consacrer
leur temps à la politique. Périclès décida que cette indemnité concernerait tous les citoyens
servant comme juré, soldat, marin et administrateur. Cette évolution changea la face de la
démocratie et de la société athéniennes. Désormais, les citoyens les plus pauvres pouvaient
participer à la politique de la cité au même titre que les citoyens propriétaires. Réglée selon l’art
du discours et sanctionnée par le vote, la confrontation des opinions de tous les citoyens est ainsi
rendue possible et permet l’émergence de l’opinion du plus grand nombre, qui fait loi pour tous.
Ce régime démocratique a pour adversaires ceux qui contestent le principe selon lequel tous les
citoyens sont également compétents pour les affaires publiques et considèrent que le
gouvernement doit revenir à une élite restreinte (aristocratie), aux plus fortunés (ploutocratie),
ou encore être l’affaire d’un seul homme tout puissant (autocratie).
c) L’éloge de la démocratie
Le nom de Périclès est généralement attaché à la gloire d’Athènes et à son apogée sur le plan
démocratique. L’historien Thucydide a conservé des
discours prononcés par Périclès, qui était un brillant
orateur. Le plus célèbre d’entre eux est l’Oraison
funèbre que le stratège prononce en 431 av. J.-C., à la
fin de la première année de la guerre du Péloponnèse,
afin de rendre hommage aux morts grecs tombés au
champ de bataille. A la place d’un hommage
traditionnel aux morts, Périclès se livre à un véritable
éloge de la démocratie, régime nouvellement advenu à
Athènes. Ce texte est une référence car il donne une
description idéale de la démocratie. Ce régime
Périclès prononçant son oraison selon le peintre allemand Philipp Foltz
politique est présenté comme un paradigme : modèle d’égalité devant la loi et de justice, prenant
en compte le « mérite » de chacun, de liberté caractérisée par l’obéissance volontaire aux lois, de
partage exigeant pour chacun de la condition citoyenne.

« La Constitution qui nous régit n’a rien à envier à celle de nos voisins. Loin d’imiter les
autres peuples, nous leur offrons plutôt un exemple. Parce que notre régime sert les intérêts
de la masse des citoyens et pas seulement d’une minorité, on lui donne le nom de
démocratie. En ce qui concerne le règlement de tous nos différends particuliers, nous
sommes tous égaux devant la loi ; mais en ce qui concerne la participation à la vie publique,
chacun obtient la considération en fonction de son mérite, et la classe à laquelle il
appartient importe moins que sa valeur personnelle. Enfin, nul n’est gêné par la pauvreté
et l’obscurité de sa condition sociale s’il peut rendre des services à la cité […] Nous
intervenons tous personnellement dans le gouvernement de la cité au moins par notre vote
ou même en présentant à propos nos suggestions. Car nous ne sommes pas de ceux qui
pensent que les paroles nuisent à l’action. Nous estimons plutôt qu’il est dangereux de
passer aux actes, avant que la discussion nous ait éclairés sur ce qu’il y a à faire. »
La guerre du Péloponnèse, THUCYDIDE, livre II.
III – Périclès, un démagogue plus qu’un démocrate ?
a) Un personnage qui s’appuie sur le peuple pour régner comme un empereur
Comme Thucydide l’écrit à propos de Périclès : « En apparence c’était la démocratie, en réalité le
gouvernement d’un seul. » (II, LXV). Cette remarque sous-entend que le gouvernement portait en
apparence, sous Périclès, le nom de démocratie mais qu’en réalité, il s’apparentait plus à une
monarchie. Maître incontesté d’Athènes pendant des décennies, par la volonté du peuple qui
l’élisait chaque année parmi les dix stratèges à la tête de la cité (il fut réélu 15 fois entre 443 et
429), Périclès s’impose catégoriquement dans le gouvernement de la cité, élimine les oppositions
et mène une politique impérialiste. Les alliés d’Athènes sont soumis, les rebellions réprimées avec
violence et plusieurs conflits éclatent, dont les deux guerres du Péloponnèse.
Toutefois, nul ne peut contester que Périclès a le souci aigu du renom et de la gloire d’Athènes. Il
œuvrera toute sa vie à l’embellissement de la capitale de l’Attique et sa politique de grands
travaux sera également menée dans l’objectif de fournir du travail aux Athéniens et de lutter
contre la pauvreté des plus démunis, comme l’explique l’écrivain Plutarque : « Maintenant que la
ville est suffisamment pourvue des choses nécessaires à la guerre, il faut qu’elle emploie ses
ressources à des ouvrages qui, après leur achèvement, lui vaudront une immortelle renommée et
qui, au cours de leur exécution, maintiendront le bien-être chez elle ; car ils feront naître des
industries de toutes sortes et des besoins variés, qui éveillant tous les arts et occupant tous les
bras, fourniront des salaires à presque toute la population, celle-ci tirant de son sein de quoi
s’embellir et se nourrir en même temps. » Vies parallèles, I, Périclès, §12, PLUTARQUE
Périclès sera bien sûr contesté par l’opposition politique et les alliés de la ligue de Délos. On lui
reprochera ses dépenses excessives, ses visées de grandeurs, la captation du trésor de la ligue
pour l’utiliser uniquement au bénéfice d’Athènes, bref, sa « tyrannie ». Mais Périclès surmontera
ces accusations et parviendra à convaincre le peuple de la légitimité de ses réalisations qui
servent, avant tout, l’intérêt public. A chaque fois qu’une opposition forte se dresse contre lui,
Périclès use ses talents oratoires pour rappeler au dèmos les engagements pris, et pour prouver
qu’il reste fidèle à une ligne de conduite : l’intérêt public. Ainsi, même si le peuple, mécontent,
fera subir l’ostracisme à Périclès en -430 (il sera privé de droits civiques et interdit de participation
aux affaires publiques), ce sera pour finalement changer d’avis et le réélire stratège juste après.
b) Des dépenses considérables pour étendre l’influence culturelle d’Athènes
Athènes avait été laissée en ruine au départ des Perses en 479 av. J.-C. D’après l’historien
Thucydide, Périclès aurait affirmé : « Nous aimons une beauté simple. » et il s’efforcera de
concrétiser cet idéal artistique en se lançant dans un programme de grands travaux destinés à
faire d’Athènes la capitale intellectuelle et artistique de la Grèce. Pour faire face aux dépenses
considérables résultant des grands travaux qu’il entreprend, Périclès n’hésite pas à puiser dans le
trésor de la ligue de Délos, une association des cités grecques dont Athènes prend peu à peu la
tête. Il fait ainsi achever les « Longs Murs » qui relient Athènes à son port, le Pirée, et confie à
Phidias la charge de reconstruire l’Acropole, colline d’Athènes. Des portes monumentales, les
Propylées, marquent l’entrée de l’Acropole et le Parthénon, temple consacré à la déesse Athéna,
protectrice de la cité d’Athènes, est édifié.

c) Une politique impérialiste


Périclès mène une politique d’expansion du territoire grec grâce au système des clérouquies. Il
s’agit d’un groupe de citoyens athéniens, généralement pauvres, envoyés dans un territoire
étranger dans lequel ils accèdent à un lot de terre (cléros). Quoique expatriés, ils restaient
membres de leur cité d’origine. Leur installation en Thrace, en Eubée et dans les îles de la mer
Egée permet à Périclès de contrôler la mer Egée. Cette domination est assez mal supportée par
les territoires colonisés et provoque quelques révoltes, mais la flotte athénienne parvient à les
réprimer rapidement. On attribue également à Périclès la fondation de la colonie de Thourioi, en
Italie du Sud, en 444-443 et de celle d’Amphipolis en 436 pour contrôler la Thrace. Il y a dans ce
contrôle une importance stratégique en raison de ses matières premières (métaux précieux : or,
argent) et bois indispensable à la construction navale. L’emplacement de cette cité sur la route
maritime des détroits permet aussi l’approvisionnement en blé de Scythie.
En conclusion, il apparaît que le personnage de Périclès reste absolument indissociable du
nouveau régime politique né à Athènes : la démocratie. Ce stratège a donné à la démocratie sa
première définition et a mis en évidence ses caractéristiques, sur lesquelles se sont bâties toutes
les démocraties ultérieures. Toutefois, on peut légitimement s’interroger : Périclès a dirigé la cité
pendant des années : n’était-ce qu’une démocratie de façade qui servait à maquiller une
monarchie ? Sa politique de grands travaux menée avec l’argent de la ligue de Délos et ses
ambitions impérialistes pourraient le laisser penser. Toutefois, comme y insiste Thucydide dans
son Histoire de la guerre du Péloponnèse, Périclès a constamment fait preuve de modération et
de fermeté dans sa direction des affaires. Il a su convaincre le peuple qu’il agissait en son nom et
pour son bien. Pour cette raison, Aristote verra en Périclès un phrominos, c’est-à-dire un homme
sage et avisé et soucieux du bien public avant tout : « Voilà pourquoi nous regardons Périclès et
ceux qui lui ressemblent comme des hommes prudents, parce qu’ils sont en état de voir ce qui est
bon et avantageux pour eux-mêmes et pour les autres ; et nous les croyons capables de diriger
avec succès les affaires d’une famille, et celle d’un état. » Ethique à Nicomaque, VI, 5, ARISTOTE

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