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Université Moulay Ismail

Faculté poly disciplinaire Er-Rachidia

Théorie Economique contemporaine S5

Professeur Omnia sbai

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Présentaton du cours et des chapitres du cours

« la science économique » doit aujourd’hui faire face à un déf qui appelle quelques

Précisions de notre part. Ce déf redoutable auquel l’analyse économique est confrontée n’est pas

Vraiment nouveau, mais resurgit de façon récurrente. Il s’agit de la remise en cause de

« L’homo - economicus » doté d’une parfaite ratonalité.

Un artcle de Richard Thhaler a eu dans ce domaine un grand retentssement. Selon cet


auteur,

Les développements futurs de la science économique devraient élargir les hypothèses

Habituellement utlisées.

Le degré de ratonalité devrait davantage dépendre du contexte étudié ; la quasi-

Ratonalité caractérisera la plupart des agents ; les modèles à agents hétérogènes avec une parte

de la populaton parfaitement ratonnelle et une autre seulement « quasi-ratonnelle » devraient

se multplier ; le système cognitf de ces agents (par ailleurs « plus émotonnels » que

l’homo oeconomicus) devrait également être étudié pour pouvoir mieux comprendre leurs

attitudes.

Enfn, la théorie économique distnguerait à l’avenir de façon plus nete qu’aujourd’hui

Les théories normatves (ou prescriptves) des théories descriptves qui cherchent, à expliquer les

Phénomènes observés. Ces conjectures sont plausibles, mais à ce jour l’immense

Majorité des théories se contentent de la ratonalité traditonnelle.

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Doctrines économiques et concepton de la société

Historiquement, les doctrines économiques sont apparues relatvement tard puisqu’il faut
atendre le 1 siècle pour disposer de véritables analyses.

Si l’Antquité nous laisse des modèles politques (Grèce) ou des analyses juridiques (Rome),

Les préoccupatons sont essentellement religieuses au Moyen Âge (les théologiens abordent bien

Certaines notons économiques, mais essentellement sous l’angle de la casuistque).

Le statut de l’analyse économique

Puis, avec la mise en œuvre des grandes inventons techniques et la découverte du


nouveau

Monde, le progrès économique s’accélère dès le début du 16 e siècle ; le stock de métal précieux

est multplié par huit en cent ans, justiant l’appariton d’un nouveau genre d’hommes : les

banquiers, les inanciers, les commerçants. Le stock de métaux précieux considéré comme la

principale richesse, les premières théories économiques font leur appariton sans souci cependant

de développer une concepton d’ensemble de l’actvité économique ; pour les mercantlistes en

partculier, la préoccupaton essentelle est de fournir aux princes des moyens de les atrer et de

les conserver.

Ce n’est fnalement qu’au milieu du 1 e siècle qu’apparaît en France, puis en Angleterre,

l’idée que l’économie est une science. Plus précisément, l’arrivée du ratonalisme dans les sciences

humaines conduit à prétendre qu’elle peut, comme les sciences physiques, être traduite par

des mécanismes quantfables.

Conséquence de présupposés philosophiques qu’il ne faut pas perdre de vue, l’économie

Scientfque classique est alors libérale et individualiste. Pour le comprendre, rappelons que c’est

au cours des 16e et 17 e siècle que sont découvertes les lois de l’astronomie et mises en

Lumière celles du mouvement des corps ; les explicatons mécanistes ou naturelles de l’univers

triomphent : à partr du moment où on peut relier par des formules mathématques les causes des

mouvements et leurs efets, il est possible de prévoir un grand nombre de phénomènes.

Pour saisir toute la signifcaton de cete concepton mécaniste, nous pouvons évoquer
l’influence de René Descartes (1G96-16G0) qui « conçoit aussi l’idée d’une science de l’homme

nommée morale qui serait une parte de la physique » (DENIS, H., Histoire de la pensée économique,

3
Paris, PUF, coll. « Thhémis », 1971, pp. 142-143), ou celle de Thhomas Hobbes (1G -1679)

qui, à la même époque, expose dans son Léviathan (16G1) que la société n’est pas autre chose

qu’un « animal artfciel », c’est-à-dire une machine dont les rouages sont les individus.

Les influences de ces conceptons sur la pensée économique sont certaines :

C’est ainsi que la démarche de François Quesnay (1694-1774), chef de fle des physiocrates,

retracée dans son « Thableau Économique », est analogue à celle de René Descartes envers les

mathématques, à la diférence près qu’étant médecin, il imagine un circuit des richesses analogue

à la circulaton du sang : l’économie serait réglée par des lois naturelles régissant un ordre

naturel qu’il convient de connaître pour mieux le respecter et s’y soumetre ; dans ce contexte, la

liberté absolue est recherchée tandis que tout ce qui est susceptble de freiner la producton et la

circulaton des richesses est à proscrire. Ainsi, parce que science naturelle, l’économie doit être

totalement libérale et individualiste.

Les mêmes présupposés philosophiques émergent chez les économistes de l’École anglaise

qui procèdent toutefois à une étude plus analytque des comportements des individus ; cela les

conduit à ramener la philosophie à la psychologie et la psychologie à une mécanique, l’individu

étant considéré comme un théâtre où se combinent et s’opposent instncts, plaisirs et peines pour

reprendre les préoccupatons de la principale école philosophique anglaise, celle de Jérémie

Bentham (174 -1 32) : selon l’école hédoniste, les actes de tout individu sont dictés par la

recherche de la plus grande somme de bonheur possible ; l’individu n’est qu’une machine à jouir

et à soufrir. En conséquence, toute science humaine devient un efort pour ratonaliser ce calcul

du maximum de bonheur.

Dans cete perspectve, la recherche du bonheur individuel est un bien pour la société

puisque la somme des satsfactons individuelles est nécessairement égale à la satsfacton


du plus grand

nombre. Pour ateindre ce but, il faut laisser parfaitement libres les individus. Les anglais en viennent

ainsi, par un autre cheminement intellectuel mais à partr des mêmes idées philosophiques,

aux mêmes conclusions que les premiers économistes français.

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L’étude du courant socialiste permet de confrmer l’influence prépondérante de la
concepton

que l’on se fait de l’homme et de la société. Les socialistes français, de Saint-Simon (1760-

1 2G) à Proudhon (1 09-1 6G), ne consttuent pas une école proprement dite mais une série de

personnalités riches et diverses. Prenant acte de la Révoluton Française, et s’en réjouissant

comme les penseurs libéraux, ils y trouvent un vide : elle a abatu non seulement un Roi, mais

une société ; elle a évincé la religion et a dissout tous les corps sociaux. Il en reste un État centralisé

et un Code Civil fondé sur une philosophie libérale et individualiste ; il n’y a plus de société

mais un système. Inquiets de ce vide, les socialistes vont essayer d’apporter des solutons. Pour

cela, ils recherchent une nouvelle religion, un nouvel ordre social, une nouvelle communauté.

Dans les faits, si la pensée socialiste française a permis de souligner le vide spirituel et social

Qu’apportait la Révoluton et les théories de l’économie scientfque, elle n’a pas remis en cause

les fondements philosophiques du système social. C’est Karl Marx (1 1 -1 3) qui fera la

Synthèse de la pensée économiste classique et des aspiratons des socialistes utopiques ; or Marx

Est d’abord un philosophe et ses analyses sont évidemment marquées par ses propres conceptons

Philosophiques.

Ces quelques rappels permetent de vérifer, au moins historiquement, que derrière tout

Système économique, il y a une certaine concepton de l’homme, du monde, de la société ; dans

ces conditons, il faut bien envisager l’hypothèse selon laquelle celle-ci influencerait celui-là .

G
Chapitre du cours

Introducton

CHAPIThRE 1 : Méthode d’analyses économiques

1- Economie science ou discipline


2- les Modèles
3- rappels sur les 4 grandes crises de l’histoire économique

CHAPIThRE 2 : les Marchés

1- ofre et demande
2- les diférents Marchés

Chapitre 3 : la concurrence

1- le monopole
2- les oligopoles

Chapitre 4 : le chômage

1- chômage et inflaton
2- courbe de Phillips

chapitre G : les cycles conjoncturelles

1- théorie des oscillateurs


2- réparttons de Godinin

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Introducton

Présenter les grandes tendances de l’économie contemporaine, expliquer comment les

Développements les plus récents de la théorie économique permetent de mieux appréhender

Les nombreuses questons qui font l’actualité, justfe, même (surtout ?) au niveau d’initaton

Auquel nous nous situons, de préciser les méthodes de la « science économique ».

Cete dernière expression appelle un certain nombre de remarques liminaires non seulement

Parce que le statut scientfque de l’économie est incertain, mais aussi parce que les

Méthodes utlisées par les économistes (en partculier les fameux modèles) font souvent

L’objet d’incompréhensions, voire de commentaires sévères de la part des scientfques et des


étudiants.

Chapitre 1- Méthodes d’analyses économiques

1- L’économie : science ou discipline ?

Historiquement, la perspectve d’une science économique à l’image des sciences


exactes s’est Développée en trois phases :

• jusqu’à la seconde moité du XIXe siècle, c’est le temps des précurseurs ;


• à partr de là, l’introducton de l’analyse diférentelle (école marginaliste autrichienne,,
L’utlisaton des mathématques (école de Lausanne, et l’élaboraton scientique des
données de l’observaton par I. Fisher (1867-1947, sont autant de révolutons ;
• après la Seconde Guerre mondiale, l’Économique tend à se transformer en une science
Fondée sur l’analyse statstque des faits, ayant pour objet l’élaboraton de théories dont la
Cohérence logique peut être vériiée et s’appuyant sur la confrontaton de ces théories
avec
les données de l’observaton.
D’un point de vue pratque, quatre raisons peuvent être invoquées pour justier cete
transformaton de l’analyse économique :
• l’utlisaton de cete parte de la logique que consttuent les mathématques permet de
tester la cohérence des théories élaborées ;
• les faits sont de mieux en mieux connus ;
• les techniques d’analyse, de traitement numérique des données ont considérablement
Progressé ;
• on a pu metre en évidence, en Économique comme en Physique, des régularités
indiscutables.

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1.1 L’économie Moderne

D’une part, la science économique moderne recourt chaque jour davantage à


l’emploi des Mathématques, les occasions étant multples :
• rafnements de l’économétrie, de la programmaton linéaire ou dynamique,
emprunt de la logique mathématque en matère de politque économique et de
Planifcaton.
• recherche de rigueur, capacité de généralisaton, formalisaton a posteriori de la
Thhéorie économique ancienne.
D’autre part, l’économie dont l’objet est d’expliciter des comportements de choix,
repose simultanément sur la noton de propension à travers laquelle on prétend exprimer
l’impact de l’environnement culturel sur les individus :
• propensions à consommer ou à épargner
• mais aussi à travailler, à innover ou à avoir des enfants...
Le contenu psychosociologique de la science économique reste donc très dense.
L’étude du comportement des salariés dans l’entreprise, des acheteurs et des vendeurs sur
les marchés, des catégories socioprofessionnelles contribuant à la formaton du et se
Partageant le PIB fait de la méthode psychosociologique une triple nécessité :
• par réalisme afn d’éviter l’élaboraton d’une théorie trop abstraite ;
• en conséquence du souci d’expliquer l’évoluton des systèmes et des structures ;
• afn d’assurer l’artculaton micro-macro en tenant compte d’une complexité plus
élevée que ne semble l’envisager la méthode mathématque lorsqu’elle traite
L’agrégaton des partes en un tout par l’additon ou la multplicaton.

Les économies de type occidental dans lesquelles nous vivons ont trois caractéristques
Essentelles :
• ce sont des économies de marché ;
• elles bénéicient d’une croissance globale mais irrégulière et souvent insufsante
Pour assurer le plein emploi ;
• elles sont insérées dans un réseau de relatons internatonales intenses et s’intègrent
Généralement à des sous-ensembles régionaux.
1-2 Le formalisme économique

En tant que science, l’économique se propose à la fois de décrire, d’expliquer, de


prévoir les faits et de guider l’acton, en utlisant pour cela :

• des modèles descriptfs, qui ofrent une représentaton quanttatve ou qualitatve

des phénomènes réels sans rien préjuger de leur explicaton ;

• des modèles explicatfs qui suggèrent des régularités, des enchaînements de causes

à efets constatés entre phénomènes, indépendamment de toute préoccupaton

Prévisionnelle ou normatve ;

• des modèles prévisionnels fondés sur le postulat de permanence structurelle des

Phénomènes qui autorisent une extrapolaton du passé ;

• des modèles décisionnels, enfn, permetant de dégager quelles mesures devraient

être prises en vue d’obtenir tel résultat désiré.

En toute rigueur, seuls ces derniers modèles ont un point de départ normatf,
relevant d’une certaine concepton éthique. Celle-ci sera au contraire considérée comme une

donnée extérieure, ou même complètement laissée de côté, dans la perspectve privilégiant

une approche scientste.

1-3 Les limites de la formalisaton

Quelle que soit la valeur, pour la compréhension des faits, du recours à l’outl

mathématque, quelle que puisse être l’utlité, pour l’acton, de cete façon de concevoir l’économie,
sa portée reste limitée.

Bien que la science économique puisse être considérée, parmi les sciences
sociales, comme

la plus proche des sciences de la nature parce que la plus formalisée, de plus en plus nombreux

sont ceux qui ressentent un profond malaise, y compris déjà parmi les meilleurs économètres des

années de l’après-guerre (Wassily Léontef, Ragnar Frisch, Jan Thinbergen),

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devant les insufsance d’une concepton qui fnit par considérer que l’économie serait d’autant plus
scientfque qu’elle serait plus formalisée.

Dans l’accepton « scientique » présentée dans le texte principal, il est clair que
la discipline

économique n’est pas sufsante pour comprendre la réalité économique étroitement liée à

de multples phénomènes sociaux et humains ; à plus forte raison lorsqu’il s’agit de prendre des

décisions. C’est dire qu’il convient d’introduire des connaissances étendues en histoire, sociologie,

science politque, éthique...

2. Voir ALLAIS, M., Revue d’Économie Politque, n° 1, 196 .

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2- Les Modèles

Les modèles sont des représentatons simplifées du monde réel. Leur fnalité est
de metre à jour un ou plusieurs mécanismes fondamentaux qui aident à comprendre un
phénomène.
empiriquement constaté. Ils font naturellement abstracton des détails (comme une carte de
géographie ou un plan de ville) et comportent trois grandes familles de relatons :
• des relatons de comportement ;
• des relatons d’équilibre ;
• des relatons comptables.

Les techniques utlisées en matère de modélisaton sont généralement fondées


sur les mathématques. Mais en dehors des équatons, les économistes utlisent souvent les
graphiques en complément et de plus en plus des logiciels informatques.

Le modèle proposé est consttué des équatons suivantes :


C = c(Y − T ) ; 0 < c < 1
T = tY ; t > 0
A=I+G
Y=C+A
N = aY ; a > 0
L’économie est supposée fermée, c’est-à-dire qu’elle ne procède à aucun échange
avec l’extérieur. La producton est élastque, ce qui signife qu’elle s’adapte au niveau de
la demande. Les prix sont fxes.
Les letres a, c et t désignent des paramètres. Les letres majuscules se réfèrent à
des variables macroéconomiques.
Les deux premières relatons sont des relatons de comportement des agents
économiques dans leur ensemble. La première équaton signife que la consommaton
globale C est proportonnelle au revenu disponible Y − T (le revenu disponible désignant
« ce qui reste aux agents » après prélèvements obligatoires, ces derniers étant notés T ). Le
paramètre c indique la propension à consommer le revenu disponible. La relaton (2)
exprime que, dans l’économie considérée, les prélèvements obligatoires T sont une fracton
t du revenu global Y . La dernière relaton est également de type comportemental :
l’emploi N est proportonnel au niveau de la producton (donc du revenu) globale.
La relaton (3) est une relaton comptable : la demande autonome (c’est-à-dire
exogène) A est la somme de l’investssement global I et de la dépense publique G.
La relaton (4) exprime le fait que le revenu d’équilibre Y est déterminé par la
demande globale elle-même défnie comme la somme de la consommaton et de la
demande autonome.
Pour que ce modèle puisse être résolu, il faut qu’il comprenne autant d’équatons
que d’inconnues. Ces dernières sont les variables dites endogènes du modèle. Une fois
mise de côté la variable A qui est la somme de I et de G (relaton comptable (3)), nous

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voyons que dans ce modèle qualifé de eynésien élémentaire, les variables endogènes sont
Y,C, T et N. Les variables exogènes sont I et G. Les paramètres a, c et t sont prédéterminés.
Il y a donc autant d’équatons (quatre) que d’inconnues.
Sur cete base, les méthodes de résoluton algébrique usuelles permetent de
déterminer
les variables endogènes, soit :
A = I + G,
Y = A/1 − c(1 – z)
C = c(1 − t)A/1 − c(1 − t)
, N = aA/1-(1-t)
et T = t A/1-(1-t)
Ce modèle met en évidence les déterminants de la producton globale et de l’emploi, à
savoir la dépense autonome et la propension à épargner (mesurée par le complément à
l’unité de la propension à consommer c). Il permet aussi de calculer les conséquences
d’une augmentaton de la dépense autonome sur la producton et l’emploi globaux.

a- La pertnence du modèle

un modèle d’analyse n’est donc pas obligatoirement une représentaton de la


réalité, au sens « réaliste » du terme. Il n’obéit pas aux mêmes exigences qu’un modèle de
prévision, qui, lui, ne sera efcace que s’il « colle » à la réalité dans toute sa complexité...
Comme l’explique Roy F. Harrod (1900-197 ), l’analyste peut faire référence à des enttés
que nul ne peut appréhender directement, de manière tangible ou à travers des informatons
sensorielles et, symétriquement, ometre de prendre en compte des influences
périphériques.
Le modèle de Solow (comme celui de Harrod, ne consttue en rien un tableau de
L’économie au sens iguratf du terme. Situé encore au-delà du plan ou de la carte
géographique,
il s’agirait plutôt d’une épure, d’un tableau brossé en quelques traits grossiers,
visant à rendre compte de phénomènes considérés comme essentels. Ces traits n’existent
pas au sens propre du terme.

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