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FRANZÖSISCH

L’Histoire de Paris
en 26 chapitres
4

23
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É D I TOR I AL
|

Non, ce n’est pas la Seine…


« Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine… »

Le célèbre poète Guillaume Apollinaire (1880-1918), auteur du non moins


célèbre poème Le Pont Mirabeau, était certes très doué en littérature, et certai-
nement très gentil, mais nul en géographie. Ne lui en tenons cependant pas
rigueur, il n’est pas le seul. En effet, ce n’est pas la Seine qui coule à Paris – et
donc pas non plus sous le pont Mirabeau, mais l’Yonne. Explications…
En amont du fleuve, plus exactement au village de Montereau-
Fault-Yonne, deux rivières se rencontrent : la Seine et l’Yonne. Selon les règles
de l’hydrographie, l’Yonne ayant un plus gros débit que celui de la Seine, c’est
donc la Seine qui se jette dans l’Yonne, et l’Yonne qui traverse Paris. Nous
devrions donc parler des quais d’Yonne, de l’Yonne-Saint-Denis et des Hauts-
d’Yonne. Quant à Apollinaire, il aurait dû écrire « Sous le pont Mirabeau
couler coule l’Yonne » et trouver, pour la rime, un mot se terminant par « -yonne ». Le
, fließen pauvre, à part « lionne » et « championne », il n’aurait pas eu beaucoup le choix !
la peine Mais pourquoi dit-on alors que c’est la Seine qui traverse Paris ? C’est à
l’ancêtre (m)
, Leid cause des Gaulois, qui étaient certainement de très bons poètes et aussi très , Vorfahr
certes [sɛʀt] gentils mais nuls en hydrographie. On pourrait presque dire de quelqu’un qui
vénérer
, gewiss n’y connaît rien dans « l’étude et la description des cours et des étendues d’eau , verehren
doué,e qu’on peut observer à la surface de la terre ou dans le sous-sol » qu’il est « nul
Titelcollage: Kathrin Redl. Fotos: INTERFOTO; Bridgeman Images; Margit Hirsch/Shutterstock.com

la source
, begabt en hydrographie comme un Gaulois », mais bon… , Quelle
nul,le En fait, il faut savoir que nos ancêtres les Gaulois vénéraient les eaux de la
sacré,e
, miserabel Seine. Les terres de sa source étaient en effet sacrées. Un temple gallo-romain , heilig
ne pas tenir rigueur y avait même été construit. Et depuis ce temps-là, on a tous appris que c’est la
le panneau de circulation
[ʀigœʀ] à qn de qc Seine qui coule à Paris, toutes les cartes routières, toutes les cartes postales et , Straßenschild
, jm etw. nicht
nachtragen
tous les panneaux de circulation ont été imprimés avec « Seine » dessus… Bref, tant pis [pi] pour
maintenant, c’est trop tard pour tout changer, merci les Gaulois ! Et tant pis , Pech für
en amont du fleuve
, flussaufwärts
pour l’Yonne (la pauvre). passionnant,e
Passionnante, l’Histoire, n’est-ce pas ? Et celle de Paris , faszinierend
l’hydrographie (f)
, Gewässerkunde
est particulièrement riche, complexe, et parfois même cocasse [kOkas]
cocasse. Nous vous en proposons un petit récapitulatif, , komisch
le débit
, Abfluss de la préhistoire au XXIe siècle en passant par le Moyen le récapitulatif
Âge, la Renaissance, les Temps modernes… Un petit tour , Zusammenfassung
se jeter dans
, fließen in d’horizon complet, idéal pour apprendre, comprendre le tour d’horizon
et… surprendre votre entourage. Bon voyage à travers , Streifzug, Überblick
l’étendue [letdy] (f)
d’eau le temps et l’espace… Mais, ne l’oubliez pas, tou- l’entourage (m)
, Wasserfläche jours le long de la Seine (à cause des Gaulois). , Freunde und Bekannte

JEAN-YVES DE GROOTE
DIRECTEUR DE PUBLICATION
D’ÉCOUTE

ÉCOUTE 3
S OMMAIRE
|

19

Exposition universelle
Abélard

L’Histoire de Paris en 26 chapitres

6 01 | Des mammouths entre la gare… M 18 06 | Un Moyen Âge intellectuel M 32 12 | L’État, c’est lui ! M
Wer waren die ersten Pariser? Treffpunkt der Intellektuellen. Eine Zeit der großen Not.

20 07 | La couronne de Saint Louis D


8 02 | Quand elle s’appelait Lutèce D 34 13 | Ah ça ira, ça ira, ça ira… D
Die Stadt wird reich, mächtig, fromm.
Ein gallisches Städtchen wird zu Lutetia. Die Bastille wird erstürmt.

22 08 | Philippe le Bel, le « roi de fer » D


10 03 | Et Lutèce devint Paris M 36 14 | Vive l’Empereur M
Der König: autoritär und gierig.
Paris entsteht in der Spätantike. Spiegel des mächtigen Kaisers.

24 09 | Paris insurgé M
12 04 | Quand le Louvre vit le jour D 38 15 | Bleu, blanc, rouge D
Bourgeoisie versus Monarchie.
Aus einem Kaff wird eine Hauptstadt. Neue Fabriken locken die Arbeiter.

26 10 | Humanisme, luxe et élégance M


14 05 | Commerçants, nobles et bourgeois D 40 Paris a échappé à ces projets F
Zentrum des Luxus und der Macht.
Ein Handelszentrum entsteht. Glück gehabt! Was nicht gebaut wurde.

28 À la recherche du Paris perdu M


16 Paris en anecdotes F 42 16 | De l’eau, de l’air et du vert D
Interview mit Pierre Pinon.
Anekdoten aus dem Stadtleben. Er setzt die Ideen von Napoleon III. um.

30 11 | Elle valait bien une messe ! M


Der König gibt Paris ein neues Gesicht.

4 ÉCOUTE
S OMMAI R E
|

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Collage: Kathrin Redl. Fotos: Kiev.Victor, Kharbine-Tapabor/Shutterstock.com INTERFOTO; picture alliance/dpa

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A2

MOYEN Texte für Leser mit guten


44 17 | Belle Hélène et Bon Marché M 58 23 | Qui sont ces zazous ? D B1 Französischkenntnissen
Mehr Luxus, aber die Armut bleibt. Die schwierige Zeit nach dem
Krieg. DIFFICILE Texte für Leser mit sehr guten
B2 - C2 Französischkenntnissen
46 18 | Communards et barricades D 60 24 | Soyez réalistes, demandez… D
Ein demokratisches Experiment. Modern und rebellisch.
Das Thema des Artikels wird auf
48 19 | Expositions universelles… M Écoute-Audio behandelt.
62 25 | Des projets mégalos M
Alle Welt blickt nach Paris. Großputz unter Mitterrand. Finden Sie mehr Übungen über
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50 20 | Belle Époque et Grande Guerre M Écoute-Plus.
64 26 | Paris aujourd’hui M
Aufschwung, wohin man sieht. 12 Millionen Einwohner: keine
einfache Sache. Hören Sie sich unsere Beiträge
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54 21 | L’entre-deux-guerres F
66 Le mois prochain… (www.ecoute.de/audio-gratis)
Alle wollen den Ersten Weltkrieg
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56 22 | La croix gammée sur l’Arc M E-Mail: abo@zeit-sprachen.de
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ÉCOUTE 5
6
le mammouth
PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
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01
ÉCOUTE
Collage: Kathrin Redl. Fotos: Bridgeman Images; Hein Nouwens, ZU_09/iStock.com; vladmark/Shutterstock.com
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
|

Des mammouths entre


la gare et l’opéra
Kaum vorstellbar! Es gab Zeiten, da war das heutige Paris von Bisons, Flusspferden und
anderen Wildtieren bewohnt. Erst nach und nach ließen sich Menschen in dem kleinen Ort am
Zusammenfluss von Seine und Marne nieder. VON VINCENT PICOT
MOYEN

es chevaux, des rennes, des bisons… Au Paléo- Marais. Soulignons que le nom de ce quartier indique bien le

D lithique, Paris n’est encore qu’une vaste steppe


riche en eau et en gibier. De cette période, on
découvrira le squelette entier d’un mammouth
sous le square Montholon, entre la gare du Nord
et le quartier de l’Opéra. Bien plus tard, le climat se réchauffe : des
hippopotames gambadent du côté de Grenelle cette fois ! Et dès
700 000 ans avant notre ère, les hommes s’installent dans cette
caractère marécageux de Paris à ses origines.
Celtes semi-nomades venus du Nord, les Parisii se fixent au
confluent de la Seine et de la Marne vers le VIe siècle avant J.-C.
Pour ces Gaulois, la Seine est toujours une mère nourricière mais
aussi une déesse, qu’ils baptisent Sequana. Ils sont agriculteurs,
éleveurs, forgerons, pêcheurs ou encore bateliers. Installés à la
croisée de différentes régions de la Gaule, ils commercent avec
plaine marécageuse traversée par un fleuve capricieux : la Seine. les Belges au nord et les autres peuples gaulois au sud. Leur
Mais cette dernière fournit de l’eau et de la nourriture. En 2008, monnaie en or, retrouvée sur l’actuel boulevard Raspail, atteste
des fouilles archéologiques dans le 15e arrondissement révèlent de leur richesse. Leur habitat prend la forme d’une petite ville
la présence de chasseurs-cueilleurs nomades au mésolithique, fortifiée, l’oppidum, un lieu capital pour les premiers Parisiens.
entre 8 000 et 6 900 ans avant J.-C. Venus d’Europe centrale, ces On y contrôle le fleuve, on y prie (dans le sanctuaire), on s’y
petits groupes chassent à l’arc, taillent des silex et vivent dans de rassemble lors du marché ou lors de festivités, et on s’y réfugie
modestes cabanes. Ils se sédentarisent entre 6 000 et 4 000 ans en cas d’attaque. L’oppidum est situé « sur une île », précise l’em-
avant J.-C., comme le prouvent les dix pirogues découvertes en pereur Jules César dans ses écrits. Les historiens pensent alors à
1992 dans le quartier de Bercy. Ces embarcations préhistoriques l’île de la Cité, qui serait ainsi le berceau de Paris. Mais cette hypo-
comptent parmi les plus anciennes conservées au monde. Utili- thèse est de plus en plus contestée. Pour certains historiens, les
sées par les pêcheurs installés sur la rive droite de la Seine, elles Parisii se seraient en fait installés à Nanterre, soit juste à côté du
servaient aussi bien à la pêche qu’au transport de marchandises. Paris actuel… Quoi qu’il en soit, le fameux empereur romain s’inté-
Les échanges en ces temps anciens étaient plus importants resse de près à la cité des Parisii qu’il appelle alors Lutèce. Certains
qu’on ne croit, puisqu’on a retrouvé à Bercy une hache taillée manuels d’histoire font encore de cette dernière la capitale des
dans une roche provenant des Alpes. Ces barques en chêne Gaulois. Cette fois, c’est faux ! Lutèce était à l’époque moins im-
attestent donc la présence d’une société organisée et ingénieuse. portante que Lugdunum (Lyon) ou Durocortorum (Reims), des
Trois d’entre elles sont exposées au musée Carnavalet, dans le villes stratégiquement mieux situées sur le territoire gaulois.

le renne [ʀɛn] la plaine chasser à l’arc se sédentariser ingénieux,se l’éleveur (m) commercer
, Rentier , Ebene , mit Pfeil und , sesshaft werden , einfallsreich , Viehzüchter , Handel treiben
Bogen jagen
le gibier [Zibje] marécageux,se l’embarcation (f) le confluent [kfly̃] le forgeron se réfugier
, Wild , sumpfig tailler [tAje] , Boot , Zusammenfluss [fOʀZEʀ̃] , Zuflucht suchen
, behauen , Schmied
l’hippopotame (m) les fouilles (f/pl) la hache la mère nourricière le berceau
, Flusspferd , Ausgrabungen le silex [silɛks] , Axt , Pflege-, Zieh- le batelier [batElje] , Wiege
, Feuerstein mutter , Flussschiffer
gambader le chasseur-cueilleur le chêne le manuel d’histoire
, herumstreifen , Jäger und Sammler , Eiche , Geschichtsbuch

ÉCOUTE 7
PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
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Mehr dazu finden Sie


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ecoute-plus

Quand elle s’appelait Lutèce


Bevor es Paris gab, gab es Lutèce. Nach der Eroberung durch die Armee Julius Cäsars wurde aus
dem gallischen Städtchen bald eine bedeutende gallisch-römische Stadt. VON VINCENT PICOT
DIFFICILE

ancé à la conquête des Gaules de 58 à 51 avant J.-C., nourrissent d’huîtres et de crustacés. Le snobisme parisien, déjà !

L Jules César envoie ses légions pour s’emparer de


Lutèce. Son armée est plus forte que les tribus
gauloises et Lutèce se soumet en 52 avant notre
ère. Les Parisii resteront hostiles à l’envahisseur
romain un bon moment – ils enverront même des hommes à
Alésia, à 260 kilomètres de Lutèce, pour soutenir Vercingétorix
face à Jules César. Pas de quoi cependant affaiblir la puissance
La Lutèce gallo-romaine s’étend sur la rive gauche. Ses fonctions
essentielles se concentrent au sommet de la montagne qui por-
tera bientôt le nom de Sainte-Geneviève. Le forum, où trône
aujourd’hui le Panthéon, est le siège des institutions munici-
pales. Tout se déroule à l’intérieur de la basilique, sorte de mairie
avant l’heure. Le forum accueille aussi un temple où est célébré
le culte impérial. De nombreuses boutiques, dotées de trottoirs
de Rome. Sous la férule de César, Lutèce devient une ville et d’auvents, bordent l’extérieur de ce périmètre.
romaine en un demi-siècle. Adieu, désordre gaulois ! Le prin- En 1869, lors des grands travaux haussmanniens, on découvre
cipal axe routier et commercial, le cardo maximus, coupe la ville un amphithéâtre à l’angle des rues Monge et de Navarre : les
du nord au sud : il correspond aux rues Saint-Jacques, de la Cité arènes de Lutèce. 15 000 personnes pouvaient assister à des
et Saint-Martin. Les maisons en torchis et en chaume sont spectacles de théâtre, de danse et à des combats de gladiateurs.
remplacées par des maisons en maçonnerie plus grandes et Aujourd’hui, on y joue à la pétanque, et en été, on bronze sur les
confortables. Les nouveaux arrivants, qui savent exploiter les gradins de pierre.

Collage: Kathrin Redl. Fotos: PWB Images, Science History Images/Alamy Stock Photo
carrières de calcaire de la région, construisent aussi d’élégants À l’époque, Gaulois et Romains cohabitaient en bons voi-
monuments en pierre. Un système d’égouts et d’adduction sins. Preuve en est : le pilier des Nautes, colonne de cinq mètres
d’eau alimente fontaines et thermes publics. Les thermes de de haut exposée au musée de Cluny. Par ce pilier, la puissante
Cluny, sur le boulevard Saint-Michel, sont là pour en témoigner. confrérie des mariniers gaulois (les Nautes) montrait son atta-
Aujourd’hui encore, on reste ébahi devant la taille majestueuse chement à Rome. Le monument est dédié à l’empereur Tibère et
du grand frigidarium, une salle froide en briques et en pierres de on y voit des divinités celtiques côtoyer les dieux romains. Un
15 mètres de haut. exemple éclatant du syncrétisme religieux. Hélas, les invasions
La vie de l’époque reste malgré tout rurale : chèvres, poules de tribus germaniques mettent fin à la Pax Romana. Au milieu du
et cochons sont élevés en pleine ville, tandis que les bovins IIIe siècle, Lutèce décline. Le pouvoir se replie sur l’île de la Cité.
paissent dans la campagne toute proche. Les aristocrates, eux, se L’histoire de Paris peut commencer…

lancé,e se soumettre le torchis [tOʀSi] les égouts [lezegu] le crustacé le périmètre l’attachement (m)
, hier: mitten in [sumɛtʀ] , Lehm (m) , Schalen-, Krusten- , Gebiet , Verbundenheit
, sich unterwerfen , Kanalisation tier
la conquête le chaume les gradins (m/pl) côtoyer [kotwaje]
, Eroberung l’envahisseur (m) , Stroh l’adduction (f) d’eau doté,e [dOte] de , Ränge , verkehren mit
, Angreifer , Wasserversorgung , versehen mit
s’emparer de en maçonnerie la confrérie décliner
, einnehmen pas de quoi , gemauert les bovins (m/pl) l’auvent (m) , Bruderschaft , untergehen
, nicht genug um zu , Rinder , Vordach
la tribu la carrière le marinier se replier [ʀəplije]
, Stamm la férule , Steinbruch paître border [bOʀde] , Schiffer , sich zurückziehen
, hier: Einfluss , grasen , säumen

8 ÉCOUTE
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
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02
Jules César

ÉCOUTE 9
PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
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Eine Übung dazu


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Et Lutèce
devint Paris
Während der Spätantike ändert Lutèce sein
Aussehen und wird zu Paris. Im Laufe der
darauffolgenden Jahrhunderte wird die Stadt
mehrmals angegriffen, christianisiert und zur
Hauptstadt der Franken. VON VINCENT PICOT Geneviève
MOYEN

L
03
es Barbares, qui attaquent l’Empire romain de
toutes parts, n’épargnent pas Lutèce. Puis, dès
la fin du IIIe siècle, la ville subit les invasions des
Germains. On bâtit alors une enceinte sur l’île de
la Cité, où se concentre le pouvoir. L’empereur y
réside en hiver avec ses troupes, la belle saison étant consacrée
à la guerre. L’île abrite aussi un arsenal, un entrepôt militaire,
une basilique et de petits thermes. Mais la Lutèce gallo-romaine
perd bientôt de son éclat : sa population diminue, les thermes et
l’aqueduc ne fonctionnent plus, et les autres monuments (forum
et arènes) servent de carrières de pierres. Cela n’empêche pas
Julien de se faire proclamer empereur en 360 dans sa « char-
mante Lutèce », ni Valentinien Ier d’y séjourner. Même si Julien
Fotos: Historia/Shutterstock.com

parle encore de « Lutèce », la ville va bientôt changer de nom. Elle


deviendra Paris au VIe siècle.
En 451, Attila et ses Huns franchissent le Rhin et se rap-
prochent dangereusement. Geneviève, une religieuse issue
d’une riche famille, enjoint les habitants à résister : « Que les
hommes fuient, s’ils veulent, s’ils ne sont plus capables de se

subir l’entrepôt [ltʀəpo] (m) la religieuse


, hier: leiden unter , Lager , Nonne

l’enceinte [lst] (f) la carrière de pierres enjoindre [Zwdʀ]


, Ringmauer; auch: , Steinbruch , gebieten
Gelände
franchir fuir [fɥiʀ]
, überqueren , fliehen

10 ÉCOUTE
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
|

battre. Nous les femmes, nous prierons Dieu tant et tant qu’Il
entendra nos supplications. » Miracle : les Huns contournent
Paris ! Vers 465, c’est au tour des Francs de Childéric Ier d’assiéger
la ville. Cette fois, Geneviève parvient à ravitailler les habitants
en organisant l’acheminement de barques remplies de grain. Elle
devient ainsi la protectrice de Paris.
Clovis, fils de Childéric, finit par s’emparer de la ville. Il
en fera la capitale de son royaume en 508. Une décision ins-
pirée en partie par Geneviève, qu’il admire profondément.
N’a-t-elle pas su le convertir au christianisme ? Et c’est encore
sur ses conseils que le roi franc érige la basilique des Saints-
Apôtres sur la montagne qui porte désormais le nom de Sainte-
Geneviève. Clovis et son épouse Clotilde s’y feront même en-
terrer aux côtés de la sainte. La basilique a aujourd’hui disparu, à
l’exception de la tour Clovis située dans l’enceinte du prestigieux
lycée Henri IV.
À la mort de Clovis, le royaume des Francs est divisé en quatre.
Paris perd son rayonnement. Childebert Ier y édifie cependant
une cathédrale à l’emplacement de la future cathédrale Notre-
Dame, et les églises se multiplient. Mais à partir du VIIIe siècle,
les rois itinérants de la dynastie carolingienne négligent Paris.
Charlemagne choisit Aix-la-Chapelle pour capitale. Les autres
ne viennent que rarement, trop occupés à parcourir leur
royaume. La ville devient alors une proie facile pour les Vikings,
qui remontent la Seine à bord de leurs drakkars dès 845. Paris
pillé, Paris incendié… Le scénario se répète tous les dix ans. En
885, la population se réfugie sur l’île de la Cité avec les reliques
de sainte Geneviève. Les Normands (les « hommes du Nord »)
assiègent Paris pendant un an. Une forte rançon les décidera à
partir, mais ils seront de retour l’année suivante ! On finira par
leur abandonner toute une région en 911 : la Normandie. Paris
est en ruine. Mais, sous le règne des Capétiens, la ville retrouvera
peu à peu ses lettres de noblesse.

tant et tant le grain le drakkar


, so viel , Getreide , Drachenschiff

la supplication s’emparer de pillé,e [pije]


, Flehen , einnehmen , geplündert

contourner le rayonnement incendié,e


, hier: verschonen , Glanz , in Brand gesetzt

assiéger [asjeZe] le roi itinérant se réfugier


, belagern , Reisekönig , Zuflucht suchen

ravitailler [ʀavitaje] négliger [negliZe] la rançon


, versorgen , links liegen lassen , Lösegeld

l’acheminement (m) la proie [pʀwa] les lettres (f/pl) de


, Transport , Beute noblesse [nOblɛs]
, der gute Ruf

ÉCOUTE 11
12
PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
|

Philippe Auguste

ÉCOUTE
04
Collage: Kathrin Redl. Fotos: Bridgeman Images; Historia/Shutterstock.com
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
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Quand le Louvre
vit le jour
Philippe Auguste war der Meinung, dass aus einem Ort, der verdreckt, unsicher und unbefestigt ist
und wo sich Bürger und Gauner gleichermaßen auf überfüllten Friedhöfen herumtreiben, nichts
werden könne. Deshalb behob er die Probleme und machte Paris zur Hauptstadt der Kapetinger.
Gleichzeitig wurde sie mit dem Bau von Notre-Dame zu einem religiösen Zentrum. VON VINCENT PICOT
DIFFICILE

u temps des premiers rois capétiens, Paris est une Mais Philippe Auguste ne se contente pas de défendre sa capi-

A petite ville constituée de bourgs dispersés de part


et d’autre de la Seine. Il faut attendre le règne de
Philippe Auguste (1180-1223) pour que la ville
accède véritablement au rang de capitale. Le roi
y réside le plus souvent, à la différence de ses prédécesseurs. Ses
meilleurs ennemis, les rois d’Angleterre (Henri II, puis son fils
Richard Cœur de Lion), représentent une menace constante.
tale. Il l’embellit aussi. On raconte qu’un jour, il fut très incom-
modé par l’odeur pestilentielle de la rue. Boue, détritus, excré-
ments… Tel était le spectacle des rues parisiennes à l’époque.
En réaction, le roi ordonne leur pavage. Les rues Saint-Jacques,
Saint-Martin, Saint-Antoine et Saint-Honoré sont les premières
dallées. La suite prendra plus de temps. En effet, quatre siècles
plus tard, la moitié des rues reste encore à paver.
Aussi fait-il construire une enceinte de plus de cinq kilomètres Philippe Auguste fait également assécher les marais, qui
sur les deux rives de la Seine : le mur de Philippe-Auguste. Les deviennent des terres cultivées. Il fait aussi clôturer le cime-
bourgeois de Paris sont appelés à financer ces grands travaux. tière des Saints-Innocents, le plus grand de Paris. Jusqu’alors,
Cette muraille est imposante : neuf mètres de haut, trois mètres les Parisiens venaient s’y promener, les enfants y jouer, et les
de large et des tours de cinq mètres de diamètre tous les 70 lavandières y laver leur linge. La vie côtoyait la mort, comme
mètres ! La ville est bouclée. Les Parisiens doivent payer l’octroi souvent au Moyen Âge. Mais les fosses communes du cimetière
pour avoir le droit de faire passer leurs marchandises. L’un des débordaient du fait des halles marchandes situées tout autour,
plus gros pans du mur est aujourd’hui encore visible en face du créant ainsi un problème de salubrité publique. En outre, le soir,
lycée Charlemagne, dans le Marais. des brigands rôdaient autour et à l’intérieur du cimetière. La rue
Face au danger anglo-normand, côté ouest, le roi érige en 1200 de la Grande-Truanderie attirait les tire-laine (voleurs de man-
un imposant château fort, la Grosse Tour du Louvre. Ainsi, le teaux), les vide-goussets (pickpockets) et autres crapules. Après
plus grand musée du monde fut d’abord un donjon de 32 mètres l’intervention de Philippe Auguste, un mur de trois mètres de
de haut entouré de fossés. À l’intérieur du donjon se trouvent le haut clôt donc le cimetière. Paris se sécurise un peu. Au même
trésor et l’arsenal du royaume, les archives, et quelques prison- moment, sur l’île de la Cité, la cathédrale Notre-Dame prend
niers. Aujourd’hui, sous la Cour carrée du Louvre, un parcours forme. L’édifice doit accueillir la masse croissante de fidèles. La
fléché contourne les imposants vestiges de la forteresse, redé- population parisienne, elle aussi, s’accroît spectaculairement,
couverts en 1983. passant de 25 000 habitants en 1180 à 50 000 vers 1220.

le bourg [buʀ] boucler le donjon être incommodé,e par le pavage la lavandière la salubrité
, Marktflecken , abriegeln , Bergfried , sich gestört fühlen , Pflastern , Waschfrau , Gesundheit
von
dispersé,e l’octroi [lOktʀwa] (m) le fossé daller [dale] la fosse commune rôder
[dispɛʀse] , Zoll , Graben pestilentiel,le , pflastern , Massengrab , umherstreifen
, verstreut , hier: widerlicher
le pan [p] de mur fléché,e assécher du fait de le gousset [gusɛ]
le prédécesseur , Mauerabschnitt , mit Pfeilen la boue [bu] , trockenlegen , wegen, aufgrund , Westentasche
, Vorgänger markieren , Schlamm
le château fort clôturer la halle marchande la crapule
l’enceinte (f) , Burg, Feste les vestiges (m/pl) les détritus (m/pl) , einfrieden , Markthalle , Gauner
, Stadtmauer , Relikte , Abfall

ÉCOUTE 13
PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
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Commerçants,
nobles et bourgeois
Unter Philipp II. wird das rechte Seine-Ufer zum Handelszentrum. Man zählt rund einhundert
unterschiedliche Berufe, alle streng reglementiert. Ihre Innungen halten fest zusammen
und werden immer reicher, die Vögte immer mächtiger. VON VINCENT PICOT
DIFFICILE

u Moyen Âge, la Seine pourvoit en eau les in- tour Saint-Jacques. Paris compte aussi des merciers, des porteurs

A nombrables artisans et marchands de Paris : les


bateliers bien sûr, mais aussi les tanneurs établis
le long de la Bièvre (un affluent de la Seine), les
pelletiers, les bouchers ou encore les bourreliers.
Sous Philippe Auguste (roi de France de 1180 à 1223), ces profes-
sions s’organisent en corps de métier. Autrement dit, des règles
viennent codifier leurs coutumes : chaque corps de métier a dé-
d’eau, des gantiers, des changeurs… Ces derniers s’installent sur
le Pont-au-Change. En 1403, on y recense 50 bureaux de change
et 51 ateliers d’orfèvres. Les drapiers et les tisserands ont droit à
leurs propres halles marchandes, le marché des Champeaux : les
futures Halles de Paris qui perdureront jusqu’au milieu du XXe
siècle. En tout, on recense une centaine de métiers. Les maîtres
de certaines corporations deviennent « bourgeois de Paris » par
sormais son saint patron, son église, ses fêtes, son quartier. lettre royale.
Ainsi, les tanneurs se trouvent dans le quartier de l’église Pour être bourgeois, il faut habiter Paris avec sa famille depuis
Saint-Marcel, les drapiers sur l’île de la Cité, les bouchers du au moins un an, être catholique et payer ses impôts. Peu à peu,
côté du Châtelet, dans le quartier de la Grande Boucherie. Ces les bourgeois forme une catégorie puissante et influente. Dès
derniers forment une corporation très fermée, composée d’une le XIIIe siècle, ils ont le privilège d’élire leur représentant, le
vingtaine de familles défendant leurs privilèges et traditions. prévôt des marchands, qui siège à l’Hôtel de Ville. Lors du vote,
D’ailleurs, on ne peut devenir boucher que de père en fils. Le les bulletins sont déposés dans un chaperon rouge et bleu. Ces
bétail est d’abord vendu sur le champ de foire des Champeaux, couleurs deviendront plus tard celles de Paris. Quant au sceau
puis abattu et dépecé du côté de la rue Saint-Denis. Dans le des « marchands de l’eau », il représente un bateau flottant sur la
quartier, l’air est imprégné de l’odeur du sang. Et pour cause : Seine, devenu depuis le blason de Paris.
tripes et boyaux sont déversés dans le fleuve par des rigoles à Les bourgeois participent activement à la vie municipale ou
ciel ouvert. La toponymie des rues illustre cette intense activi- entrent dans l’administration royale. Certains se font anoblir,

Collage: Kathrin Redl. Fotos: INTERFOTO; Kiev.Victor, BearFotos/Shutterstock.com


té bouchère : rue aux Bœufs, rue aux Veaux, rue de l’Écorcherie, pour le prestige, mais aussi pour payer moins d’impôts ! Chargé
rue de la Tuerie… Cette corporation est si riche qu’elle finance de l’approvisionnement de la ville, des travaux publics et de l’as-
la reconstruction de Saint-Jacques-de-la-Boucherie à la fin du siette des impôts, le prévôt des marchands est de plus en plus
Moyen Âge. Cette église était à l’époque l’objet d’un important important au fil des siècles. C’est en 1789, avec la Révolution,
pèlerinage. Aujourd’hui, il n’en reste plus que le clocher, la célèbre que sa fonction sera remplacée par celle de maire.

pourvoir en le corps [kOʀ] de dépecer [depəse] la toponymie le mercier [mɛʀsje] le prévôt le blason [blaz]
, versorgen mit métier , zerlegen [tOpOnimi] , Kurzwarenhändler , Vogt , Wappen
, Zunft , hier: Namens-
le batelier [batəlje] être imprégné,e de gebung le gantier [gtje] siéger anoblir
, Flussschiffer le drapier , erfüllt sein von , Handschuh- , tagen , adeln
, Tuchmacher boucher,ère macher
le tanneur les tripes (f/pl) [buSe,Sɛʀ]
le bulletin [bylt] chargé,e de
, Gerber la corporation , die Innereien
, Metzger- recenser , Stimmzettel , beauftragt mit
, Innung , zählen
l’affluent [lafly] (m) les boyaux l’écorcherie (f) le chaperon l’approvisionne-
, Nebenfluss le bétail [betaj] [bwajo] (m/pl)
, Hautabziehen
l’orfèvre (m) , Hut ment (m)
, Vieh , Gedärme , Goldschmied , Versorgung
le pelletier [pɛltje] la tuerie [tyʀi] le sceau [so]
, Kürschner le champ [S] de déverser , Schlachten
le tisserand [tisʀ] , Siegel l’assiette (f) des
foire , hier: entsorgen , Weber impôts
le bourrelier le pèlerinage le marchand de l’eau
, Marktplatz , Steuersatz
[buʀəlje] la rigole [ʀigOl] [pɛlʀinaZ] perdurer , schwimmende
, Sattler abattre , Abflussrinne , Wallfahrt , fortbestehen Verkäufer
, schlachten

14 ÉCOUTE
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
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05
La tour Saint-Jacques

ÉCOUTE 15
PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
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Paris en anecdotes
Kurze Geschichten über wichtige Ereignisse.
FACILE

Bouchon fatal
Les embouteillages parisiens ne
sont pas nouveaux. Le bon roi
Henri IV en sait quelque chose, il
a été assassiné le 14 mai 1610 alors
que son carrosse était immobilisé
par un encombrement de char-
rettes ! Son assassin, Ravaillac,
sera écartelé en place de Grève,
l’actuelle place de l’Hôtel de Ville.

le bouchon/ en savoir qc
l’embouteillage (m)/ , ein Lied davon
l’encombrement (m) singen können
, der Stau
assassiner
le bon roi Henri IV , ermorden
, Heinrich IV. von
la charrette
Navarra
, Karren

écarteler [ekaʀtəle]
, vierteilen

Souvenir de Paris
En 1871, les communards incendient le
palais des Tuileries. Les vestiges de l’édi-
fice connaîtront des destins très variés.
On retrouve des pierres, des colonnes et
des morceaux de murs éparpillés dans
différents jardins de la capitale, mais
aussi jusqu’en Corse et à Berlin. À Quito
(en Équateur), le palais présidentiel
possède même quelques balustrades
Paname achetées à la France. Et à l’époque, le
C’est le surnom de Paris dans l’argot parisien du début du journal Le Figaro a débité des marbres
XXe siècle, mais il est encore utilisé aujourd’hui. L’origine de des Tuileries pour les offrir à ses abon-
ce nom est mal établie, mais elle aurait vraisemblablement nés sous forme de presse-papiers !
un rapport avec le panama, chapeau porté par les hommes
élégants de la capitale au début du siècle dernier.
incendier le morceau l’Équateur (m) débiter
, anzünden , Stück , Ecuador , zerkleinern

le surnom mal établi,e le rapport [ʀapOʀ] le vestige éparpillé,e à l’époque le presse-


, Beiname , kaum erforscht , Zusammenhang , Relikt, [epaʀpije] , seinerzeit papiers
Überrest , verstreut [pʀɛspapje]
, Brief-
beschwerer

16 ÉCOUTE
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
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La crue du siècle
En janvier 1910, la Seine sort de son lit et surprend tout le monde. Le niveau des
eaux monte jusqu’à 8,62 mètres au pont d’Austerlitz. Du jamais vu depuis 1658 !
Le métro est hors service et, dans de nombreux quartiers, l’eau, le gaz et le télé-
phone sont coupés. Les Parisiens circulent en barque ou en radeau de fortune.
On estime à 200 000 le nombre de sinistrés.

la crue [kʀy] la barque [baʀk]


, Hochwasser , Kahn
Devise
Fluctuat nec mergitur : « Il est
du jamais vu le radeau
, hier: etwas noch , Floß battu par les flots, mais
nie Dagewesenes ne sombre pas. » Telle est
de fortune
être hors service , behelfsmäßig la devise de Paris, inscrite
, außer Betrieb sein au-dessous du navire
le sinistré
être coupé,e , Geschädigter représenté sur le blason de la
, hier: ausfallen ville. Ce navire est celui des
Nautes, puissants mariniers
de l’époque gauloise. La
devise doit se comprendre
Fotos: Bridgeman Images; PWB Images/Alamy Stock Photo; action press; Deborah Lee Rossiter, Momcilica/Shutterstock.com

Amen ainsi : même dans la tempête,


Lors des guerres de Religion, la Ligue Paris tient bon !
catholique mène un combat sans relâche
contre les protestants. Pour accéder au
la devise le blason
trône, le protestant Henri IV consent à , Motto , Wappen
se convertir au catholicisme en 1593. La ca-
Il est battu par le marinier
pitale et le roi sont réconciliés. « Paris vaut les flots, mais ne , Schiffer
bien une messe », dira Henri IV, qui sera sombre pas.
la tempête
ensuite très apprécié des Parisiens. , Sie schwankt,
, hier: stürmi-
geht aber nicht
sche Zeiten
unter.;
sans relâche réconcilier le flot [flo] tenir bon
, unermüdlich , versöhnen , Welle , standhalten

accéder [aksede] Paris vaut bien une messe


, gelangen , Paris ist eine Messe wert
consentir à être apprécié,e de qn
, einwilligen , von jm geschätzt
werden
Diesen Text hier
kostenlos anhören!
www.ecoute.de/
audio-gratis/04
Paris pour de faux
Pendant la Première Guerre mondiale, en 1917, les autorités françaises ont voulu
créer une réplique de Paris pour tromper les aviateurs allemands et ainsi empêcher pour de faux l’armistice (m)
un bombardement nocturne de la capitale. Ce faux Paris était prévu près de Maisons- , nur zum Schein , Waffenstillstand
Laffitte, au nord-ouest de la capitale. Il devait être une imitation parfaite de la Ville l’aviateur (m) le leurre [lœʀ]
lumière : un bras de Seine, les places de l’Étoile et de l’Opéra, des boulevards, des , Flieger , Illusion
gares… Bref, une copie de Paris que les pilotes allemands auraient confondue avec nocturne [nOktyʀn] retracer
l’original. Il est vrai qu’à l’époque, on naviguait sans radar. Mais l’armistice du , nächtlich , schildern
11 novembre 1918 interrompit la réalisation de ce faux Paris. Dans Paris est un leurre confondre farfelu,e
(éditions Inculte), Xavier Boissel retrace l’histoire de ce projet farfelu. , verwechseln , verrückt

ÉCOUTE 17
PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
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Un Moyen Âge intellectuel


Ab dem 13. Jahrhundert wird das linke Seine-Ufer zum bedeutendsten
intellektuellen Zentrum der Christenheit. Neue Universitäten, unter ihnen die Sorbonne (Foto),
locken Studenten aus ganz Europa. VON VINCENT PICOT
MOYEN

D
epuis le XIe siècle, l’école du cloître Notre-Dame parfois assis sur des bottes de foin, les élèves suivent les cours du
est le principal lieu d’enseignement supérieur à maître à plusieurs sur le même livre, et sans jamais écrire. « Des
Paris. Peu à peu, certains maîtres, comme le cé- maîtres donnaient leurs leçons en haut tandis que, au rez-de-
lèbre Abélard, font bande à part et s’installent chaussée, les femmes publiques exerçaient leur trafic honteux.
sur la montagne Sainte-Geneviève. Loin de la Les putes se querellaient entre elles avec leurs maquereaux
censure des ecclésiastiques, les écoles fleurissent et, bientôt, un tandis que les clercs discutaient », rapporte un chroniqueur de
foyer intellectuel autonome apparaît. On enseigne la théologie, l’époque.
la dialectique, l’astronomie, la médecine à des étudiants venus Et il ne faut pas s’y tromper : les étudiants sont déjà turbulents
de Bretagne, de Normandie, de Picardie, mais aussi d’Angleterre, et l’on ne compte plus leurs disputes de tavernes, au grand dam
d’Allemagne, de Hollande, d’Espagne, de Scandinavie… des bourgeois. En 1251, les élèves protestent contre l’ingérence
Les élèves forment une population variée, nombreuse et peu de l’Église et l’arrivée sur les bancs de l’université des ordres
argentée. Ils trouvent à se loger dans des « collèges ». Les proprié- mendiants (Carmes, Dominicains, Franciscains, Augustins). On
taires de ces derniers – que l’on appelle aussi des « pensions » – n’en est pas encore aux pavés de Mai 68, mais pas loin ! Malgré
sont souvent de riches marchands ou des ecclésiastiques dési- ces désordres, l’enseignement s’organise peu à peu. Maîtres et
reux de faire une bonne œuvre. Peu à peu, ces établissements se étudiants sont constitués en une université dès 1200, sous Phi-
dotent de bibliothèques puis de salles de cours, devenant ainsi lippe Auguste, roi de France de 1180 à 1223. L’université, qui doit

Collage: Kathrin Redl. Fotos: Kharbine-Tapabor, Kiev.Victor/Shutterstock.com; ilbusca/iStock.com


des lieux d’enseignement à part entière. De quoi satisfaire les transmettre le savoir, jouit de privilèges : le pape Innocent III,
professeurs qui donnaient jusqu’alors leurs cours dans les nefs lui-même ancien étudiant parisien, garantit son indépendance
d’église. Les collèges fleurissent bientôt sur toute la rive gauche, vis-à-vis de la hiérarchie ecclésiastique. Mais les élèves sont tout
si bien qu’on en compte 44 pour 5 000 étudiants à la fin du XIVe de même tonsurés et portent un vêtement long à capuchon…
siècle. Certains sont importants : le collège de Clermont (rempla- comme des hommes d’Église.
cé depuis par le prestigieux lycée Louis-le-Grand), le collège de Entre 1253 et 1257, Robert de Sorbon, chapelain et confesseur
Navarre (rasé par les travaux du baron Haussmann), ou encore du roi Saint Louis, fonde un collège pour les étudiants en théo-
le collège des Bernardins (créé en 1245 par l’abbé de Clairvaux, logie. Principale faculté de théologie au XIVe siècle, la Sorbonne
le vaisseau amiral de l’ordre cistercien). Malgré tout, les condi- continue de dispenser des cours (dans toutes les matières) plus
tions d’enseignement de l’époque laissent aujourd’hui songeur : de sept siècles plus tard.

le cloître [klwatʀ] le foyer [fwaje] de quoi la botte de foin [fw] le maquereau au grand les pavés (m/pl)
, das Kloster , Zentrum , genug, um zu , Heuballen [makʀo] dam [dam] de , hier: Studenten-
, Zuhälter , zum großen unruhen
supérieur,e peu argenté,e la nef [nɛf] d’église le trafic
Missfallen
, hier: universitär , nicht gut bei Kasse , Kirchenschiff , Geschäft le clerc [klɛʀ] jouir [Zwiʀ] de
, Kleriker l’ingérence (f) , genießen
faire bande à part désireux,se rasé,e honteux,se
, Einmischung
, eigene Wege , bestrebt , geschleift , schändlich il ne faut pas se le capuchon
gehen tromper l’ordre (m) , Kapuze
se doter [dOte] de qc le vaisseau amiral la pute , man darf sich mendiant
l’ecclésiastique (m) , sich etw. zulegen , Flaggschiff , Hure
keine Illusionen dispenser
, Bettelorden
, Kleriker , erteilen
à part entière laisser songeur se quereller [kəʀele] machen
le Carme
fleurir , vollwertig , nachdenklich , sich streiten
, Karmeliter
, aufblühen stimmen

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PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
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06
Abélard

ÉCOUTE 19
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PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
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Sainte-Chapelle

ÉCOUTE
Collage: Kathrin Redl. Fotos: mauritius images/Terence Waeland/Alamy Stock Photos; Bridgemanimages; agefotostock/Alamy Stock Photo
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
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La couronne de
Saint Louis
In Vincennes, wo sich Ludwig IX. regelmäßig aufhielt, sprach er unter einer
Gerichtseiche Recht. In Paris aber festigte er die königliche Macht. Unter seiner Herrschaft
wurde die Hauptstadt des Königreichs mächtig, reich und fromm. VON VINCENT PICOT
DIFFICILE

urant le règne de Louis IX (1226-1270), dit « Saint La Sainte-Chapelle se divise en deux parties. La chapelle infé-

D Louis », Paris est l’une des plus grandes villes


d’Europe avec plus de 50 000 habitants. Mais à
quoi ressemble-t-elle ? Grimpons en haut des
tours de la cathédrale Notre-Dame, achevées en
1250. Sur la rive droite, la Grosse Tour du Louvre bâtie par Phi-
lippe Auguste surgit d’une foule de maisons aux toits pentus.
Tout n’est que ruelles sinueuses et obscures. Au loin, on aperçoit
rieure est réservée au roi et à ses proches, tandis que la chapelle
haute est le lieu d’exposition des reliques saintes. Cette dernière
est un véritable écrin d’or et de vitraux que les rayons du soleil
transforment en vaisseau de verre. Une galerie bordée de com-
merces (essentiellement des vendeurs de parchemins) la relie au
logis du roi. Et tout autour de l’édifice, il faut imaginer une série
d’échoppes en bois. Le commerce ne s’arrête jamais dans le Paris
les remparts qui protègent la ville. médiéval ! Autre chef-d’œuvre du gothique sous Saint Louis : la
Seuls quatre ponts enjambent alors la Seine, reliant l’île de la basilique Saint-Denis, où sont enterrés 42 rois et 32 reines, dont
Cité aux deux rives. Sur l’un d’eux s’installent les changeurs juifs, Pépin le Bref, Hugues Capet, Philippe Auguste, Henri II ou
lombards ou florentins. Dans leurs échoppes, ils convertissent Catherine de Médicis.
l’or et l’argent en espèces. Et voilà d’où le pont au Change tient Monarque pieux, épris de justice, bon diplomate, Louis IX ren-
son nom ! De nombreux bateaux de passeurs permettent par ail- force le pouvoir royal sur les institutions municipales. Il nomme
leurs d’aller d’une rive à l’autre. La rive gauche offre quant à elle Étienne Boileau prévôt de Paris – sorte de préfet avant l’heure,
un visage presque bucolique, et l’île Saint-Louis est formée de chargé de l’administration politique et militaire de la capitale.
deux îlots désertiques. En face de la cathédrale se dresse encore Saint Louis est aussi un roi « social ». Sa générosité permet la créa-
le palais (actuel palais de Justice) où réside le roi. Juste à côté, tion à partir de 1253 de la Sorbonne, un établissement d’abord
une flèche indique la Sainte-Chapelle. Ce chef-d’œuvre de l’ar- destiné aux écoliers sans fortune. Il fonde également l’hospice
chitecture gothique abrite les reliques de la Passion, achetées des Quinze-Vingts pour accueillir les aveugles de Paris. Parmi
en 1239 par Saint Louis à l’empereur de Constantinople : la cou- eux, des soldats qui eurent les yeux crevés ou abîmés par le soleil
ronne d’épines du Christ, un morceau de la Sainte Croix ainsi d’Orient lors de la septième croisade (1248-1254). Le roi accor-
qu’un clou de la crucifixion. L’édification de la Sainte-Chapelle dera une rente à ces infirmes afin qu’ils puissent s’offrir un repas
est un acte pieux, mais aussi politique puisque ces reliques quotidien. L’hospice de 300 lits est depuis devenu un hôpital, et
garantissent à tout le royaume de France la protection divine. est aujourd’hui à la pointe des soins ophtalmologiques.

Saint Louis [slwi] le rempart [ʀpaʀ] l’échoppe [leSOp] (f) la couronne d’épines l’écrin (m) renforcer crevé,e
, Ludwig der Heilige , Stadtmauer , Bude , Dornenkrone , Schmuckkasten , stärken , ausgestochen

grimper enjamber en espèces [nɛspɛs] l’édification (f) le vaisseau le prévôt abîmé,e


, steigen , überspannen , in Bargeld , Bau , Schiff , Vogt , verletzt

surgir de le changeur le bateau de passeur pieux,se [pjø,pjøz] le parchemin avant l’heure l’infirme (m)
, sich erheben aus , Geldwechsler , Fähre , fromm , Pergament , vor der Zeit , Versehrter

le toit pentu lombard,e bucolique [bykOlik] divin,e [div,in] enterrer [teʀe] sans fortune à la pointe de
, Schrägdach [lbaʀ,aʀd] , ländlich , göttlich , begraben , mittellos , führend in
, aus der Lombardei
sinueux,se la flèche le proche épris,e de justice l’aveugle (m) les soins (m/pl)
[sinɥø,øz] florentin,e , Turm , Angehöriger , gerechtigkeits- , Blinder ophtalmologiques
, gewunden , aus Florenz liebend [OftalmoloZik]
, Augenheilkunde

ÉCOUTE 21
PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
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Fotos: Bridgeman Images


Philippe le Bel,
le « roi de fer »
Unter Philipp IV. wuchs Paris auf 200 000
Bewohner an. Er führte die Verwaltung
und Steuern ein. Aber er war nicht gut auf
die Templer zu sprechen, denen er ihren
Wohlstand und die militärische Überlegenheit
neidete. VON VINCENT PICOT
DIFFICILE
08
S
acré à Reims mais régnant à Paris (de 1285 à 1314),
Philippe IV, dit « Philippe le Bel », enrichit le palais de
la Cité, siège du pouvoir des rois de France à l’époque,
de nombreuses administrations. Sous son règne,
Paris devient, avec ses 200 000 habitants, la ville la
plus peuplée d’Europe. Mais les Templiers font de l’ombre au roi…
Ah, l’administration française ! C’est à Philippe IV que l’on
doit son existence. Peu aimé pendant son règne, le « roi de fer » a
su organiser le pouvoir royal en s’entourant de « légistes », hauts
fonctionnaires avant l’heure. Dans le palais de la Cité, qu’il ma-
gnifie en lui ajoutant des salles d’apparat, Philippe le Bel élargit
les compétences du Parlement de Paris, sorte de cour de Justice
suprême. Ce n’est pas un hasard si le site abrite, huit siècles plus
tard, le palais de Justice ! Heureusement, les prévenus sont de
nos jours mieux traités qu’à l’époque médiévale, où les prison-
niers peu coopératifs étaient enfermés dans la tour Bonbec.
Ceux qui finissaient par parler sous la torture (on disait qu’ils
avaient « bon bec ») ont donné son nom à cette tour crénelée, tou-
jours visible à la Conciergerie – le plus ancien bâtiment du palais
de la Cité. La quatrième tour de la Conciergerie, datant du XIVe
siècle, fait le bonheur des touristes grâce à son horloge dorée à
fleurs de lys. Aucune trace en revanche des autres bâtiments ad-
ministratifs créés par Philippe le Bel et ses successeurs, ils ont

sacré,e d’apparat [dapaʀa] le successeur [syksesœʀ]


, gekrönt und gesalbt , Prunk- , Nachfolger

faire de l’ombre à qn le prévenu [pʀevny] postérieur,e


, jm ins Gehege kommen , Beklagter , spätere,r,s

le légiste [leZist] avoir bon bec [bɛk] le magistrat [maZistʀa]


, Jurist , geschwätzig sein , hoher Beamter

le haut fonctionnaire crénelé,e [kʀenle] disposer de


, hoher Beamter , mit Schießscharten , zur Verfügung haben

magnifier la fleur de lys [flœʀdəlis] dédié,e à


, verschönern , bourbonische Lilie , bestimmt für

22 ÉCOUTE
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
|

été recouverts par les constructions postérieures. Peut-on ima-


giner aujourd’hui un palais de l’Élysée qui rassemble tous les mi-
nistères ? C’était pourtant le cas au palais de la Cité. Le roi n’avait
qu’à sonner pour consulter ses conseillers, ses magistrats et ses
financiers. Ces derniers disposaient de bâtiments dédiés à l’exer-
cice de leur profession : chambre des plaids, chambre des en-
quêtes, chambre des comptes, chambre du trésor, chancellerie…
Si le roi règne en maître dans son palais, il craint en revanche
la puissance des Templiers. À la fois militaires et religieux, ces
derniers forment alors l’ordre de chevalerie le plus prestigieux
du Moyen Âge. Leur temple à Paris – dans l’actuel quartier du
Temple – est entouré de hautes murailles flanquées de tourelles.
À l’intérieur, une tour carrée et un imposant donjon, une église,
des bâtiments conventuels pour loger les moines-soldats, de
vastes écuries et des annexes. Cet ordre possède la totalité du
quartier entourant l’enclos. L’édifice est si bien protégé que Phi-
lippe le Bel s’y réfugie en 1306, alors menacé par une émeute
populaire.
Les Templiers sont immensément riches, très bien organisés,
et leur armée est supérieure en nombre à celle du roi de France.
Ce dernier lorgne d’ailleurs sur leurs biens… En 1307, Philippe IV
fait arrêter Jacques de Molay, grand maître de l’ordre, ainsi que
l’ensemble des Templiers du royaume. Motif de l’arrestation :
débauche et profanation de la croix chrétienne au profit d’une
croix pattée, représentant leur emblème. Paris vit à l’heure des
procès et des tortures. La tour du Temple sert alors de prison…
aux membres des Templiers. En 1312, l’ordre est supprimé et
ses biens donnés à l’ordre des hospitaliers. Deux ans plus tard,
Jacques de Molay est brûlé vif sur un îlot situé en aval de l’île
de la Cité, l’actuel square du Vert-Galant. Une légende veut qu’à
l’instant de succomber dans les flammes, Jacques de Molay
ait lancé une malédiction au roi ainsi qu’au pape. Ces derniers
décédèrent dans les mois qui suivirent…

la chambre des plaids le moine la croix pattée


, etwa: Berufungs- , Mönch , Malteserkreuz
gericht
l’écurie [lekyʀi] (f) l’ordre (m) des
la chambre des enquêtes , Stall hospitaliers

Les Templiers , Berufungskammer

la chambre des comptes


l’annexe [lanɛks] (f)
, Nebengebäude
, Johanniterorden

brûler vif,ve
, Rechnungshof , bei lebendigem Leib
l’enclos [lklo] (m)
verbrennen
la chambre du trésor , Gelände
, Schatzkammer en aval [naval]
l’émeute (f) populaire
, flussabwärts
régner en maître , Volksaufstand
, autoritär regieren succomber [sykbe]
lorgner sur
, umkommen
le donjon , schielen nach
, Bergfried lancer une malédiction
la débauche
, einen Fluch ausstoßen
conventuel [kvtɥɛl] , Ausschweifung
, Kloster- décéder
la profanation
, sterben
, Schändung

ÉCOUTE 23
24
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09
Étienne Marcel

Etienne Marcel

ÉCOUTE
Collage: Kathrin Redl. Fotos: history_docu_photo, World History Archive/Alamy Stock Photo; UroshPetrovic/iStock.com
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
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Paris insurgé
Für den König wird Paris am Ende des Mittelalters zu einem heißen Pflaster und er
flieht immer wieder aus der Stadt. Die Pariser Bourgeoisie ist so mächtig,
dass sie eine Bedrohung für die Monarchie darstellt. Steigende Steuern und der
drohende Krieg treiben die Bürger auf die Straße. VON VINCENT PICOT
MOYEN

a guerre de Cent Ans, qui éclate en 1337, ravage le Charles V construit de nouvelles fortifications autour de la

L royaume de France. Le roi Philippe VI demande de


l’aide pour financer la guerre face aux Anglais. Les
impôts se multiplient, notamment la gabelle, un
impôt sur le sel. En 1360, la bourgeoisie parisienne
est même sommée de payer la rançon de Jean II le Bon, fait pri-
sonnier durant la bataille de Poitiers en 1356. Puissants et organi-
sés, les bourgeois deviennent cependant de plus en plus hostiles
ville afin de la protéger. Il s’établit un temps au Louvre, mais
ne s’y sent pas en sécurité. Le futur roi édifie alors la forteresse
de la Bastille, capable de résister aux assauts des envahisseurs
anglais ou parisiens… C’est ici qu’il peut se réfugier en cas de
révolte, mais il préférera finalement résider à Vincennes, dans
le château qu’il vient de faire réaménager. Des remparts de plus
d’un kilomètre de long protègent le donjon monumental et la
à l’autorité royale… et le font savoir. Sainte-Chapelle, qui est une réplique de celle du palais de la Cité.
Fils d’une riche famille de drapiers et prévôt des marchands, Pour l’anecdote : c’est à l’époque de Charles V qu’a également
Étienne Marcel prend la tête de l’opposition municipale. Depuis été construite la plus ancienne maison en pierre de Paris, encore
la Maison aux Piliers, le futur Hôtel de Ville de la capitale, il visible au 51, rue de Montmorency, dans le quartier du Marais. Il
appelle le peuple parisien à l’insurrection contre le pouvoir du s’agit de la demeure de Nicolas Flamel (vers 1330-1418), un riche
roi. Les émeutiers marchent ainsi jusqu’au palais royal et assas- écrivain juré de l’Université. Sa fortune était telle qu’on le soup-
sinent deux proches conseillers du dauphin Charles V sous ses çonnait d’être un alchimiste. Une légende prétend en effet qu’il
yeux. Étienne Marcel épargne le futur roi mais pose sur sa tête sa aurait découvert la pierre philosophale, capable de transformer
propre coiffe bleue et rouge, aux couleurs de Paris. Ce geste est les métaux en or…
vécu comme un affront par le dauphin. Charles V décide alors de Au début du XVe siècle, les Armagnacs et les Bourguignons
quitter Paris et d’empêcher l’approvisionnement de la ville pour entrent en scène et se déchirent sur fond de guerre contre les
se venger des insurgés. Accusé de vouloir livrer la capitale aux Anglais. Paris est occupé pendant 18 ans par les envahisseurs
Anglais, Étienne Marcel perd bientôt le soutien des Parisiens. d’Outre-Manche. Pourtant, en 1429, les bourgeois de la ville
Celui qui est considéré aujourd’hui comme le premier maire de refusent l’aide d’une certaine Jeanne d’Arc. Ils iront même
Paris sera assassiné en 1358. jusqu’à repousser la Pucelle d’Orléans en dehors de l’enceinte
Mais aux XIVe et XVe siècles, la population n’a de cesse de fortifiée ! En 1436, Charles VII finit par bouter les Anglais hors
se rebeller, souvent pour des questions d’impôts jugés trop de Paris, mais la ville payera cher son insoumission : le roi ne
lourds. L’insurrection des Cabochiens succède ainsi à celle des veut plus y résider et la cour se déplace en Touraine. Paris reste
Maillotins. Si bien que les monarques finissent par se méfier la capitale officielle du royaume de France, mais elle vient de
de la capitale, décidément trop turbulente. De retour à Paris, perdre son rang de résidence royale.

insurgé,e [syʀZe] Jean II le Bon l’émeutier (m) se venger de qn l’assaut [laso] (m) soupçonner la Pucelle d’Orléans
, rebellisch , Johann II. , Aufständischer , sich an jm rächen , Ansturm [supsOne] [pysɛldOʀle]
, verdächtigen , Jungfrau von
éclater le drapier le dauphin [dof] livrer l’envahisseur (m) Orléans
, ausbrechen , Tuchmacher, , Thronfolger , ausliefern , Angreifer la pierre
-händler philosophale bouter
ravager la coiffe n’avoir de cesse [sɛs] se réfugier , Stein der Weisen , vertreiben
, verwüsten le prévôt , Haube de faire qc , Zuflucht suchen
, Vogt , nicht aufhören entrer en scène [sɛn] l’insoumission (f)
sommer l’approvisionne- le donjon , auftreten , Aufsässigkeit
etw. zu tun
, auffordern le pilier [pilje] ment (m) , Bergfried
, Säule , Versorgung mit succéder [syksede] à se déchirer
la rançon l’écrivain (m) juré sich bekämpfen
Lebensmitteln , folgen auf ,
, Lösegeld l’insurrection (f) , öffentlicher
, Aufstand Schreiber

ÉCOUTE 25
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Eine Übung dazu


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Humanisme, luxe et élégance


Paris geht aus dem Hundertjährigen Krieg geschwächt hervor. Doch mit Franz I. beginnt ein neues
Zeitalter des Wohlstands: die Renaissance. Paris putzt sich heraus, wird (damals schon!) zur Hauptstadt
des Luxus und findet seinen Status als Zentrum der königlichen Macht wieder. VON VINCENT PICOT
MOYEN

e nom de François Ier est souvent associé aux dans des maisons médiévales hautes et serrées les unes contre

L châteaux de la Loire. Et pour cause : le monarque


grandit à Amboise, s’installe ensuite à Blois et plus
tard, édifie Chambord. Pourtant, c’est à Paris que le
« prince de la Renaissance », sacré roi de France en
1515, choisit de s’installer en 1528. Il met ainsi fin à l’itinérance
de sa cour. Mais l’intention première du roi est tout autre : il veut
réaffirmer l’autorité du pouvoir royal sur la capitale.
les autres…
Au XVIe siècle, Paris devient également la capitale du luxe.
La cour du roi dicte les règles de l’élégance. La noblesse de robe
et la bourgeoisie rivalisent de raffinement vestimentaire et
décoratif, au grand bonheur des drapiers, couturiers, joailliers,
ébénistes et autres orfèvres. Les meilleurs artisans du continent
s’installent en ville et chaque année, les marchands viennent de
Seulement voilà, Paris n’est pas vraiment à son goût. Il trouve toute l’Europe vendre leurs produits à la foire de Saint-Germain.
la ville trop moyenâgeuse. Le château du Louvre, vieille forte- Paris retrouve enfin sa prospérité perdue après 100 ans de guerre
resse médiévale, est par exemple jugé inadapté à la vie de la cour continuelle. Son rayonnement intellectuel n’a bientôt pour
« moderne ». François Ier en détruit donc le donjon, agrandit les limite que le monde lui-même.
fenêtres, et décore les appartements dans le style antique ty- À l’enseignement de la théologie et des arts libéraux s’ajoute
pique de la période Renaissance. Le roi décide par ailleurs de celui de l’humanisme et des sciences exactes. L’imprimerie, in-
faire construire un Hôtel de Ville digne du prestige de la capi- troduite en France dès 1470, permet la circulation des savoirs.
tale. Admirateur des grands humanistes, il ordonne la création Les auteurs grecs et latins sont alors considérés comme des
du Collège des lecteurs royaux, indépendant de l’université de maîtres à penser et des modèles à imiter. Les lettres françaises
Paris. Aujourd’hui appelé Collège de France, il reste un établisse- vivent un âge d’or avec Montaigne, La Boétie, les poètes Ronsard
ment de référence en termes d’enseignement et de recherche. La et du Bellay. Sur la rive gauche et sur l’île de la Cité, les métiers
présence de François Ier en région parisienne (mais aussi à Fon- du livre ne connaissent pas la crise : parcheminiers, écrivains et

Collage: Kathrin Redl. Fotos: Bridgeman Images; Brian Jannsen/Alamy Stock Photo
tainebleau et Saint-Germain-en-Laye) attire en ville princes, enlumineurs travaillent comme jamais ! « Paris n’est pas une
conseillers du roi, gentilshommes et financiers. Ceux-ci se font ville, c’est un monde », dira l’empereur Charles Quint en 1540.
construire de beaux hôtels particuliers. Les façades sont ornées Cependant, la propagation des idées de la Réforme se heurte
de pilastres, de frontons et de médaillons. C’est le cas de l’hôtel bientôt à la résistance du roi. D’abord tolérant, François Ier lance
Carnavalet (actuel musée de l’Histoire de Paris), l’un des rares finalement les premières persécutions contre les protestants. Le
témoins de l’architecture de la Renaissance à Paris avec la cour massacre de la Saint-Barthélemy se profile et annonce des temps
carrée du Louvre. En revanche, le peuple, lui, continue d’habiter plus sombres pour la ville et ses habitants…

et pour cause seulement voilà orner [Oʀne] de le joaillier [ZOaje] le rayonnement les lettres (f/pl) la Réforme
, aus gutem Grund , nun aber , verzieren mit , Juwelier [ʀɛjOnm] , Literatur , Reformation
, Glanz
l’itinérance (f) digne [diɲ] le fronton l’ébéniste (m) le parcheminier se heurter [œʀte] à
, Wanderschaft , würdig , Ziergiebel , Tischler les arts (m/pl) , Pergamenter , stoßen auf
libéraux
la cour le lecteur serré,e [seʀe] l’orfèvre (m) , freie Künste
l’enlumineur (m) lancer
, Hofstaat , Vorleser , gedrängt , Goldschmied , Buchmaler , veranlassen
l’imprimerie (f)
l’intention (f) le gentilhomme la noblesse de robe l’artisan (m) , Buchdruck
Charles Quint la persécution
première , Edelmann , Amtsadel , Handwerker [Saʀlək] , Verfolgung
, Hauptanliegen le maître à penser , Karl V.
l’hôtel (m) vestimentaire la foire , Vordenker
se profiler
réaffirmer particulier , die Kleidung , Jahrmarkt la propagation , sich abzeichnen
, bekräftigen , Stadtpalais betreffend , Ver-, Ausbreitung

26 ÉCOUTE
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
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François Ier

10
ÉCOUTE 27
R ENC ON TRE
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À la recherche
du Paris perdu
Interview mit Pierre Pinon (1945-2021), Architekturhistoriker und Autor
des Buchs Paris détruit (Verlag Parigramme). VON VINCENT PICOT
MOYEN

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Fotos: DR

28 ÉCOUTE
R E NC ON TR E
|

ans son histoire, la ville de Paris a-t-elle subi espagnoles ont moins souffert. La pauvreté les a sauvées. En

D plus de destructions que d’autres capitales


européennes ?
Londres a presque entièrement brûlé en 1666,
Bruxelles a été bombardée par Louis XIV en
1695. Quant à Berlin, elle a énormément perdu dans les bom-
bardements alliés en 1944. Paris n’a pas subi pareil sort. Voltaire
le regretta : « La capitale n’a pas eu la chance de brûler comme
effet, on détruit quand on est riche : on peut sacrifier le patri-
moine ancien quand on a les moyens de construire plus grand,
plus confortable, plus à la mode. Les beaux hôtels du XVIIe
siècle ont été remplacés par de beaux hôtels du XVIIIe siècle. La
richesse a longtemps été l’ennemie du patrimoine !

De quels édifices regrettez-vous la disparition ?


Londres en 1666 ! » L’incendie de Londres a en effet permis à la Le palais des Tuileries était magnifique. Il a été incendié lors
capitale anglaise de se moderniser. À Paris, l’essentiel des des- de la Commune en 1871. On aurait pu le sauver, car seules les
tructions a été volontaire. C’est le fait de la puissance publique : structures en bois avaient brûlé. Mais pendant qu’on débattait
les grandes percées du baron Haussmann ont été décidées par sans fin de son sort, il tombait en ruine. On a fini par le casser,
Napoléon III. Mais c’est aussi le fait de la spéculation. Beaucoup mais il en reste quelques vestiges disséminés à Paris et ailleurs.
d’hôtels particuliers ont été rasés pour être remplacés par des Je regrette aussi la destruction des Halles de Baltard, dans le
immeubles plus rentables. quartier des Halles. On savait pourtant quelle importance
patrimoniale elles avaient. C’étaient de superbes pavillons
Quelles ont été les grandes périodes de destructions ? métalliques où se tenait nuit et jour le grand marché de Paris,
En gros, Haussmann dans la seconde moitié du XIXe siècle, et désormais transféré à Rungis. Je me souviens de ce lieu de vie
Pompidou dans les années 1970. Haussmann a détruit pour percer unique, bordé de restaurants. On y mangeait de la tête de veau
de nouvelles avenues, 70 en tout, car on ne circulait plus dans Paris. et du boudin à n’importe quelle heure. Ces pavillons ont été
Encombrements de fiacres ! Imaginez qu’à l’époque, on n’arrivait remplacés sous le gouvernement Pompidou par le Forum des
plus à faire l’aller-retour entre la rive gauche et la rive droite dans la Halles, laid et mal conçu. Une catastrophe !
journée… Le centre de Paris a été démoli pour un tiers, mais contrai-
rement aux idées reçues, Haussmann n’a détruit Détruit-on toujours autant à Paris ?
aucun édifice important. Tout juste quelques Oui ! 1 000 permis de démolir sont délivrés
églises gothiques de second plan. Quant aux mai- chaque année. On croit qu’on n’a plus le droit
sons médiévales, elles avaient déjà toutes disparu de toucher à rien, mais c’est faux. On continue
ou presque depuis le XVIIIe siècle. Aujourd’hui, il de dévaster des quartiers entiers. C’est le cas du
n’en reste qu’une dizaine à tout casser. 13e arrondissement récemment, avec de pro-
fondes transformations depuis les années 1990
Y a-t-il des périodes historiques dont il ne et 2000. Et en 2013, le groupe LVMH a rasé cinq
reste plus aucun témoin ? immeubles haussmanniens rue de Rivoli, à l’em-
Oui, avant le Moyen Âge. Il reste les thermes gallo- placement de la Samaritaine. Heureusement, les
romains de Cluny, les arènes de Lutèce, c’est Parisiens protestent par le biais d’associations
tout. Par comparaison, les villes italiennes et d’habitants.

pareil,le [paʀɛj] la puissance l’encombrement (m) contrairement aux à tout casser se tenir conçu,e [ksy]
, hier: vergleichbar publique , Stau idées reçues [ʀəsy] , höchstens , abgehalten , geplant
, Staatsgewalt , im Gegensatz zur werden
le sort [sOʀ] l’aller-retour (m) la Commune délivrer
landläufigen Meinung
, Schicksal la percée [pɛʀse] , Hin- und Rückweg , Pariser Kommune le veau , erteilen
, Schneise de second [səg] , Kalb
l’incendie [lsdi] dans la journée le vestige [vɛstiZ] l’emplacement (m)
plan
(m) raser , innerhalb eines , Überrest le boudin , Standort
, zweitrangig
, Brand , schleifen Tages , Blutwurst
disséminé,e à par le biais [bjɛ] de
quant à [kta]
volontaire percer , verstreut über laid,e [lɛ,lɛd] , mithilfe von
, was betrifft
, gewollt , hier: anlegen , hässlich

ÉCOUTE 29
PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
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Elle valait bien


une messe !
Das Massaker der Bartholomäusnacht im Jahr 1572 lässt die Hauptstadt in einem
Religionskrieg versinken. Rund 40 Jahre später versöhnt Heinrich IV. die Stadt mit der
monarchischen Gewalt und gibt ihr ein neues Gesicht. VON VINCENT PICOT
MOYEN

n 1559, après la mort du roi Henri II, fils de récupérer, avec le soutien d’Henri de Bourbon. Mais Henri III

E François Ier, une sombre période commence pour


les protestants du royaume de France. À cette
époque, ils sont deux millions sur le territoire
français. Auparavant tolérés, ils seront bientôt
pourchassés. L’épisode le plus sanglant a lieu à Paris, sous la gou-
vernance de Charles IX (fils d’Henri II) et de sa mère Catherine
de Médicis. Et ce, malgré la politique de réconciliation entre
sera assassiné en 1589 par un moine catholique.
Sacré roi de France en 1594, Henri de Bourbon devient ainsi
Henri IV. Il parvient à soumettre la Ligue et à entrer dans Paris
sans combattre. Après des années de siège, il sera même accueilli
en sauveur par une capitale affamée. De plus, le nouveau roi
s’est converti au catholicisme afin d’apaiser les tensions avec
le peuple. « Paris vaut bien une messe », aurait-il dit. Le bon roi
catholiques et protestants initiée par la reine : le 18 août 1572, Henri IV est immédiatement apprécié des Parisiens. Il embellit
cette dernière marie sa fille Marguerite de Valois (la célèbre la capitale en créant la place Royale (actuelle place des Vosges),
« reine Margot ») à un protestant, Henri de Bourbon (roi de Na- dans le quartier du Marais. Les grands noms de la noblesse de
varre et futur Henri IV). Mais rien n’apaise les tensions entre robe se font édifier de luxueux hôtels particuliers dans ce quar-
les deux communautés. Les intrigues se multiplient entre les tier déjà à la mode.
chefs protestants et le clan catholique. Le bruit se répand à Paris Henri IV, lui, s’installe au Louvre. Il en agrandit la cour et fait
qu’un complot huguenot (protestant) menacerait le roi. Le 24 construire en bord de Seine une galerie de près de 500 mètres de
août 1572, peu avant le lever du jour, la milice parisienne, aidée long. Le roi fait surtout bâtir le Pont-Neuf, un ouvrage révolu-
par la population, prend les protestants en chasse. Mot d’ordre : tionnaire à l’époque, car il est le tout premier à traverser la Seine
« Les tuer tous. » C’est le massacre de la Saint-Barthélemy. Le sang dans toute sa largeur. De plus, il est bordé de trottoirs et dépour-
coule à flots et la Seine charrie, pendant trois jours, plus de 3 000 vu de maisons. Le pont devient alors le lieu de promenade favori
cadavres. Dès le lendemain matin, Charles IX ordonne l’arrêt du des Parisiens. En contrebas, le square du Vert-Galant porte le sur-
massacre, mais il est dépassé par les évènements. nom attribué à Henri IV, connu pour ses multiples aventures
En 1574, Charles IX meurt de maladie. Henri III prend la suc- amoureuses. Le roi fait également édifier la place Dauphine sur
cession de son frère, tandis que la Ligue catholique s’empare de l’île de la Cité, l’une des plus charmantes de la capitale encore
la ville de Paris. Ce mouvement rassemble de fervents défen- aujourd’hui. Son règne prendra brutalement fin et ce, en partie Collage: Kathrin Redl. Fotos: Florilegius/Alamy Stock Photo
seurs de la religion catholique, opposés au protestantisme. En à cause des embouteillages parisiens ! Le 14 mai 1610, Henri IV
1588, la Ligue parvient à chasser de Paris Henri III, partisan de est assassiné dans son carrosse par François Ravaillac, considéré
la paix avec les protestants. Celui-ci assiège alors la ville pour la comme mentalement dérangé.

pourchasser se répandre couler à flots [aflo] s’emparer de récupérer Paris vaut bien dépourvu,e de
, verfolgen , sich verbreiten , in Strömen fließen , erobern , zurückerobern une messe , ohne, frei von
, Paris ist eine
la réconciliation le lever du jour charrier [Saʀje] fervent,e [fɛʀv,t] sacré,e en contrebas
Messe wert
, Versöhnung , Tagesanbruch , mitführen , glühend , gesalbt [ktʀəbA]
dans toute sa , unterhalb
apaiser [apɛze] prendre qn en dépasser le partisan [paʀtiz] le siège [sjɛZ]
largeur
, beruhigen chasse , überholen , Verfechter , Belagerung mentalement
, in der ganzen
, Jagd auf jn machen dérangé,e
le bruit prendre la succession assiéger [asjeZe] affamé,e Breite
, geistig gestört
, Gerücht le mot d’ordre , die Nachfolge , belagern , ausgehungert
bordé,e
, Losung antreten
, gesäumt

30 ÉCOUTE
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
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11
Charles IX

ÉCOUTE 31
PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
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L’État, c’est lui !


Paris ist aufrührerisch und Ludwig XIV. misstrauisch.
Also entschließt er sich, in Versailles ein
Ausweichdomizil zu erbauen. Gleichzeitig lässt er
die Stadt verschönern, was den Bewohnern aber
wahrhaft kein Luxusleben beschert. Hungersnöte,
eisige Winter, hohe Steuern und Aufstände setzen
ihnen zu. VON VINCENT PICOT
MOYEN

A
vant Louis XIV, il y eut Louis XIII et son influent
ministre, le cardinal de Richelieu. Ce dernier
agrandit la Sorbonne, fit bâtir le Palais-Royal et
créa l’Académie française, qui établit aujourd’hui
encore le dictionnaire officiel de la langue fran-
çaise. Louis XIV n’a que 10 ans lorsque la Fronde éclate, une ré-
volte qui durera de 1648 à 1653. Le pouvoir repose alors entre
les mains du cardinal Mazarin, principal ministre de la régente
Anne d’Autriche, en attendant la majorité du roi. La politique fis-
cale de Mazarin est si impopulaire que l’on hérisse des barricades
partout dans Paris. Les princes s’en mêlent et l’on frôle la guerre
civile. La famille royale doit même fuir en 1649 au château de
Saint-Germain, à l’ouest de Paris. Le petit roi s’en souviendra.
Méfiant à l’égard des bourgeois et du Parlement, il décidera plus
tard d’édifier un château à Versailles, loin de la capitale. Installé
dès 1671 et rejoint par sa cour en 1682, Louis XIV ne se rendra à
Paris que 24 fois en 44 ans.
Mais il n’en oublie pas pour autant la ville, qu’il veut à la hau-
teur de son règne. En 1670, le Roi-Soleil ordonne la construction

établir hérisser à l’égard de [alegaʀdə]


, erstellen , errichten , gegenüber

la Fronde s’en mêler à la hauteur


, Aufstand des Hoch- , sich einmischen , hier: ein Abbild sein
adels gegen das
frôler abriter
absolutistische Königtum
, knapp einer S. entgehen , beherbergen
la majorité
la guerre civile errer [eʀe]
, Volljährigkeit
, Bürgerkrieg , herumirren
fiscal,e
méfiant,e [mefj,jt] au lendemain de
, Steuer-
, misstrauisch , in der Zeit nach

32 ÉCOUTE
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
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d’un bâtiment monumental pour abriter les soldats invalides ou


trop âgés pour servir dans son armée. Personne ne veut de cette
population incontrôlable, qui erre dangereusement dans les
rues au lendemain de la guerre de Trente Ans. L’hôtel des Inva-
lides devient ainsi le plus grand chantier du règne de Louis XIV
après celui de Versailles. Près de 6 000 invalides de guerre y sont
accueillis entre 1676 et 1690.
Délaissé au profit de Versailles, le Louvre, lui, est investi par
les artistes. Les académies de peinture, de sculpture, d’archi-
tecture et des sciences s’y installent tour à tour. Paris demeure
quoi qu’il en soit le foyer intellectuel de la France. Les artistes
s’y pressent autant qu’à Versailles : les dramaturges Corneille,

12
Racine et Molière, le conteur La Fontaine, les moralistes La
Bruyère et La Rochefoucauld, le peintre Poussin, l’architecte
Mansart… La Comédie-Française ouvre ses portes, la manufac-
ture des Gobelins fournit ses plus belles tapisseries au roi, et
deux places monumentales sont créées : la place des Victoires
et la place Vendôme.
Mais tout cela ne donne pas de pain aux Parisiens. De mau-
vaises récoltes provoquent des famines en 1692 et 1693. Des
émeutes éclatent, et le théologien et écrivain Fénelon écrit : « Vos
peuples, Sire, meurent de faim. » En 1709, les Parisiens subissent
le « grand hiver » : par -20 °C, la Seine gèle, rendant impossibles les
approvisionnements en blé. Les pauvres s’entassent à l’Hôtel-
Dieu et dans divers établissements religieux. Louis XIV est obli-
gé de construire trois nouveaux hôpitaux (Pitié, Salpêtrière et
Bicêtre), où l’on enferme plus que l’on ne soigne… Et tandis que
l’on badine à Versailles, le prêtre Vincent de Paul développe des
œuvres de charité pour les pauvres, les enfants trouvés et les
galériens. Ajoutons à cela l’augmentation des taxes : il faut bien
payer le train de vie fastueux des courtisans, les travaux pharao-
niques et les guerres incessantes contre les Habsbourg ! On com-
prend alors pourquoi les Parisiens pleureront finalement peu la
mort, en 1715, du Roi-Soleil.

le chantier l’émeute [lemøt] (f) badiner


, Baustelle , Aufstand , hier: sich amüsieren

délaissé,e [delese] Sire l’œuvre (f) de charité


Louis XIV , aufgegeben

investir [vɛstiʀ]
, Majestät

geler [Zəle]
, wohltätige Einrichtung

l’enfant (m) trouvé


, etwa: bevölkern , zufrieren , Findelkind

tour à tour le blé le galérien


, nach und nach , Getreide , Galeerensklave

quoi qu’il en soit s’entasser le train de vie [tʀdəvi]


, wie dem auch sei , sich drängen , Lebensstil
Fotos: INTERFOTO

autant que l’Hôtel-Dieu (m) fastueux,se [fastɥø,øz]


, genau wie , das heute älteste , luxuriös
Hospital in Paris
la mauvaise récolte incessant,e [ses,t]
, Missernte soigner [swaɲe] , ständig
, umsorgen
la famine pleurer la mort de qn
, Hungersnot , js Tod beklagen

ÉCOUTE 33
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Ah ça ira, ça ira, ça ira…


Im Zeitalter der Aufklärung wird Paris unruhig. In philosophischen Salons werden neue Ideen
diskutiert, in politischen Clubs die königliche Macht infrage gestellt. Die Hauptstadt ist bereit für
die Revolution. Diese beginnt am 14. Juli 1789 mit der Erstürmung der Bastille. VON VINCENT PICOT
DIFFICILE

L
orsqu’il bâtit la place de la Concorde en 1763, roi, sans jugement. Une foule de 50 000 personnes acquises aux

Collage: Kathrin Redl. Fotos: Bridgeman Images; Mikhail Bakunovich/Shutterstock.com; Falkenstein/Bildagentur-online Historical Collect./Alamy Stock Photo
Louis XV décide d’y placer au centre une statue idées révolutionnaires s’empare des fusils et des canons de l’hô-
équestre de lui-même. Le monarque ne sait pas tel des Invalides avant de prendre la forteresse. On libère les sept
encore que 30 ans plus tard, celle-ci sera renver- prisonniers présents : quatre faussaires, deux fous et un noble
sée par les révolutionnaires et remplacée par une débauché. Le 15 juillet, Jean Sylvain Bailly devient le premier
effigie de la Liberté, coiffée d’un bonnet rouge et avec une pique maire de Paris sous la Révolution française. Il remet au roi Louis
dans la main droite. Revenons sur cette période capitale de l’his- XVI la cocarde tricolore sur laquelle le bleu et le rouge de Paris
toire de France : la Révolution, qui ne s’est pas faite en un jour… encadrent le blanc de la monarchie : tout un symbole.
Tout au long du XVIIIe siècle, Paris subit une série de disettes La royauté chute en août 1792, la république est proclamée un
dues à la cherté du pain. Le train de vie excessif de la cour de Ver- mois et demi après. Paris est aux mains des sans-culottes, ainsi
sailles fait grincer les dents. Parallèlement, de nouvelles idées baptisés parce qu’ils ne portent pas la culotte ni les bas des nobles.
portées par Voltaire, Rousseau ou Montesquieu sont diffusées. Les statues royales sont déboulonnées, les emblèmes de la no-
Philosophes et savants débattent sans fin dans les salons tenus blesse détruits. Le roi et la reine Marie-Antoinette sont décapités
par les femmes de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie. Chez place de la Concorde. La tête de « l’Autrichienne » est montrée à la
Madame Necker, on peut croiser les encyclopédistes Diderot et foule sous les clameurs : « Vive la république ! Vive la liberté ! » La
d’Alembert, le biologiste Buffon ou encore l’écrivain Bernardin capitale bascule alors dans la Terreur : dans un climat de paranoïa,
de Saint-Pierre. Au café Le Procope – encore ouvert aujourd’hui ! –, tous les supposés ennemis de la Révolution sont dénoncés et
dans le quartier Saint-Germain, les tribuns contestent de plus guillotinés. Les exécutions arbitraires se multiplient avec Robes-
en plus ouvertement l’absolutisme royal. Des clubs politiques pierre, qui fut l’un des premiers à se lever contre l’esclavagisme.
inspirés du modèle anglais (club des Jacobins et des Cordeliers) Après avoir fait décapiter Danton et Camille Desmoulins, il finira
demandent la remise en cause des privilèges. Des foules d’au- lui-même guillotiné en juillet 1794. Les évènements de la Révo-
diteurs écoutent les tribuns montés sur des chaises. Les plus lution ont fait fuir un tiers des Parisiens, mais une page se tourne
véhéments sont les plus applaudis. avec le Directoire (1795-1799), conseil chargé de l’exécutif. Les
La Révolution française se joue à Paris par la prise de la Bas- jacobins, partisans de la Révolution sous l’impulsion de Robes-
tille, le 14 juillet 1789. Cette prison symbolise l’absolutisme, car pierre, sont pourchassés, les bourgeois prennent le pouvoir. Et
les condamnés y sont envoyés sur lettre de cachet signée du Napoléon ne tardera pas à arriver…

la statue équestre la disette la remise en cause s’emparer de qc les sans-culottes déboulonner faire fuir [fɥiʀ]
[ekɛstʀ] , Hungersnot , Infragestellung , etw. ergreifen (m/pl) , vom Sockel stürzen , verscheuchen,
, Reiterstandbild , Pariser Arbeiter verjagen
le train de vie la lettre de cachet prendre la clameur
und Kleinbürger;
l’effigie [lefiZi] (f) , Lebenswandel , versiegeltes , einnehmen , Rufe pourchasser
la culotte
, hier: Statue Schreiben (führte oft , verfolgen
faire grincer les le faussaire , Kniehose supposé,e
zu Inhaftierung)
coiffé,e de… dents , hier: Fälscher , mutmaßlich ne pas tarder à
baptisé,e [batize]
, mit … auf dem Kopf , Zähneknirschen le jugement [ZyZm] arriver
le débauché , genannt arbitraire
verursachen , (Gerichts)Urteil , nicht lange auf sich
le bonnet , Wüstling , willkürlich
le bas [ba] warten lassen
, Mütze contester [ktɛste] acquis,e [aki,akiz] à
, Strumpf
, infrage stellen , verschrieben

34 ÉCOUTE
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
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13
Marie-Antoinette

ÉCOUTE 35
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PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
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14
Napoléon Bonaparte

ÉCOUTE
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Vive l’Empereur
Nach seiner Krönung zum Kaiser der Franzosen in Notre-Dame erobert Napoleon im Eiltempo
Europa. Seine Hauptstadt vergisst er dabei nicht. Sie soll den Glanz und den Triumph des kleinen
korsischen Generals, der zum Herrscher der Welt geworden war, widerspiegeln. VON VINCENT PICOT
MOYEN

apoléon Bonaparte arrive au pouvoir par un Les généraux de la Grande Armée ont leur avenue (Kléber,

N coup d’État le 9 novembre 1799. Le général corse


s’arroge rapidement tous les pouvoirs. D’ailleurs,
il se couronnera lui-même le 2 décembre 1804 à
la cathédrale Notre-Dame de Paris. Et c’est ainsi
que Bonaparte devient Napoléon Ier, empereur des Français.
Paris est immédiatement séduite par cet homme ambitieux
et charismatique. Pour preuve : lors de la consultation électo-
Marceau), et les maréchaux d’Empire leurs boulevards, qui
encerclent la capitale. Aujourd’hui, on « prend les maréchaux »
pour éviter les bouchons du boulevard périphérique. Quant à
la colonne Vendôme, son fût en bronze de 44 mètres de haut
est coulé à partir des canons pris aux armées russes et autri-
chiennes, et ses bas-reliefs montrent des scènes de bataille.
Heureusement, Napoléon n’a pas pensé qu’à sa propre gloire.
rale visant à transformer le Consulat à vie en Empire, la grande En faisant percer l’élégante – et très longue – rue de Rivoli, il
majorité des Parisiens vote « oui ». De son côté, Napoléon se ouvre un axe est-ouest qui fait respirer la capitale. C’est aussi à
méfie de Paris. N’a-t-elle pas renversé le roi Louis XVI ? Le préfet lui que l’on doit la numérotation des voies parisiennes et la pré-
de la Seine et le préfet de police sont chargés de contrôler cette sence de nombreuses fontaines, grâce à l’acheminement de l’eau
ville frondeuse et d’éviter toute nouvelle insurrection. Cepen- par le canal de l’Ourcq. Jusqu’alors, les habitants faisaient appel
dant, tout Empire se doit d’avoir une capitale à la hauteur de son à des porteurs d’eau. À la Bastille, un projet de fontaine géante
prestige. Napoléon va donc recomposer la ville à son image. en forme d’éléphant (voir p. 41) devait symboliser le pouvoir im-
S’inspirant de Rome, il multiplie les références à l’Antiquité : mense de l’Empereur, mais le projet ne vit finalement pas le jour.
l’église de la Madeleine imite un temple grec. La colonne Ven- Napoléon fait également construire trois cimetières à
dôme s’inspire de la colonne Trajane de Rome. Elle est d’ailleurs l’extérieur de la ville (dont le célèbre Père-Lachaise). C’est aussi
surmontée d’une statue de Napoléon en empereur romain… lui qui est à l’origine du Jardin des plantes. Il ambitionne même
L’Arc de Triomphe parachève la gloire de l’empereur des Fran- de construire un majestueux palais pour la famille impériale
çais. Décidé en 1806 après la victoire d’Austerlitz (mais terminé sur la colline de Chaillot. Mais l’anéantissement de la Grande
seulement 30 ans plus tard), le monument est dédié aux victoires Armée lors de la campagne de Russie en 1812 précipite la chute
de la Grande Armée et à ses soldats. Il est le point de départ des de l’Empire.
Champs-Élysées, qui deviendra plus tard « la plus belle avenue En 1814, les monarchies européennes se coalisent et Paris
du monde ». est envahie. Les cosaques marchent sur les Champs-Élysées.
Presque tous les succès militaires de Napoléon sont inscrits On leur doit peut-être le mot « bistrot » (« vite » en russe), car ils
dans le paysage parisien : les ponts d’Iéna et d’Austerlitz, les rues voulaient être servis rapidement dans les cafés. Paris n’aura pas
de Rivoli, d’Ulm, d’Arcole ou de Marengo, l’avenue de Wagram… tout perdu…

s’arroger [saʀɔZe] se méfier de à son image dédier le fût [fy] l’acheminement (m) ambitionner de faire
, an sich reißen , misstrauen , nach seinen , widmen , Schaft de l’eau , unbedingt tun
Vorstellungen , Wasserversorgung wollen
la consultation renverser encercler [sɛʀkle] couler à partir de qc
électorale , stürzen la colonne , umgeben , aus etw. gießen jusqu’alors l’anéantissement (m)
, Wahlen , (Sieges)Säule , bis dahin , Vernichtung
frondeur,se le bouchon le bas-relief
à vie , aufrührerisch être surmonté,e de , der Stau [baʀəljɛf] faire appel à qn précipiter
, auf Lebenszeit , bekrönt , Flachrelief , jn bemühen , beschleunigen
l’insurrection (f) le boulevard
werden mit
l’Empire (m) , Aufstand périphérique percer [pɛʀse] être à l’origine de qc envahir [vaiʀ]
, Kaiserreich parachever , Ringautobahn , durchbrechen, , etw. in Auftrag , überfallen
à la hauteur de bauen
, vollenden geben
, angemessen

ÉCOUTE 37
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Eine Übung dazu


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Bleu, blanc, rouge


Im Jahr 1847 zählt Paris eine Million Einwohner. Die neuen Fabriken haben Arbeiter angelockt, die mit
der neuen Eisenbahn gekommen sind. Aber das Leben in der Großstadt ist nicht einfach. Die Cholera
grassiert. Es kommt zum Aufruhr. Gleichzeitig wird immer weiter modernisiert. VON VINCENT PICOT
DIFFICILE

A
près l’effondrement de l’Empire napoléonien, presque toute la ville descend dans la rue. On dénombre alors
Louis XVIII, frère de Louis XVI, monte sur le près de 1 500 barricades. Le roi Louis-Philippe, acculé, abdique,
trône. Mais le régime à l’ancienne des Bourbons et la monarchie parlementaire laisse place à la IIe République. La
n’est plus adapté à l’époque, marquée par la nais- France retrouve son drapeau tricolore, l’esclavage est supprimé
sance de la révolution industrielle. La capitale se dans les colonies, et le suffrage universel est décrété pour tous
transforme à vue d’œil. Les usines se multiplient, attirant des les hommes.
foules de travailleurs venus de province. Cette main-d’œuvre Malgré ces avancées sociales, le problème économique ma-
arrive par wagons entiers. Et pour cause : on vient d’inventer le jeur reste insoluble : les chômeurs sont de plus en plus nom-
chemin de fer ! La gare Saint-Lazare ouvre ses portes dès 1837. breux dans la capitale. Une nouvelle insurrection des ouvriers
Charles X, qui succèdera à Louis XVIII, tente de restreindre et des socialistes secoue la ville en juin 1848. La répression est
la liberté de la presse par tous les moyens, et s’attire bientôt les cette fois très brutale : entre 3 000 et 4 000 émeutiers sont tués.
foudres du peuple et même des bourgeois : c’est la révolution des En décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napo-
Trois Glorieuses (27, 28 et 29 juillet 1830). Une fois de plus, Paris léon Ier, devient le premier président de la République.
dresse des barricades pour affronter l’armée du roi. Conservateur Mais toutes ces agitations politiques n’empêchent pas la mo-
et favorable à la bourgeoisie, Louis-Philippe accède au trône. La dernisation de Paris. Le préfet Rambuteau veut « donner aux

Collage: Kathrin Redl. Fotos: INTERFOTO; Tallandier/Bridgeman Images; satoru takahashi/iStock.com


monarchie dite « de Juillet » (1830-1848) ouvre une parenthèse Parisiens de l’eau, de l’air et de l’ombre », autrement dit, il souhaite
de calme politique… Mais Paris ne cesse de bouillonner. Les tra- à tout prix l’assainissement de la capitale et ce, urgemment. Pour
vailleurs qui arrivent en masse vivent dans des conditions dif- ce faire, il développe les espaces verts, multiplie les fontaines,
ficiles, voire misérables. En 1832, une épidémie de choléra fait améliore le réseau des égouts, installe l’éclairage public au gaz.
environ 18 500 victimes dans les quartiers pauvres et insalubres. Les trottoirs se généralisent et les rues sont bombées afin de
Malgré tout, en 1846, la capitale atteint pour la première fois supprimer le ruisseau central qui charriait les immondices en
un million d’habitants. C’est deux fois plus qu’au début du siècle. cas de pluie. Les vespasiennes (urinoirs publics) sont créées.
Hélas, 65 % de la population est trop pauvre pour payer des im- Paris commence à respirer. La ville est prête pour une mutation
pôts. Un an plus tard, en plus de la crise sanitaire, une grave crise encore plus radicale, celle du baron Haussmann, sous le Second
économique touche Paris. La situation devient explosive. En- Empire. En 1852, Louis-Napoléon Bonaparte est proclamé em-
fin, l’interdiction d’un grand banquet républicain met le feu aux pereur des Français sous le nom de Napoléon III. Le baron peut
poudres en février 1848. Ouvriers, étudiants, petits bourgeois… enfin se mettre à l’œuvre…

l’effondrement (m) restreindre la parenthèse mettre le feu aux l’esclavage (m) la répression bomber
, Zusammenbruch , einschränken , hier: Periode poudres , Sklaverei , Niederschlagung , in der Mitte
, die Lunte ans erhöhen
à vue d’œil [avydœj] s’attirer les foudres bouillonner [bujOne] le suffrage universel l’émeutier (m)
Pulverfass legen
, sichtbar de qn , brodeln , allgemeines , Aufständischer le ruisseau
, sich js Zorn acculé,e [akyle] Wahlrecht , Bach
des foules de insalubre l’assainissement (m)
zuziehen , in die Enge
, Massen von , herunter- insoluble , Sanierung charrier
getrieben
dresser gekommen , unlösbar , mit sich führen
la main-d’œuvre le réseau des égouts
, errichten abdiquer [abdike]
, Arbeitskräfte sanitaire l’insurrection (f) , Abwassernetz les immondices
, abdanken
accéder au trône , Gesundheits- [lsyʀɛksj] [lezimdis] (f/pl)
et pour cause Aufstand
, den Thron , , Unrat, Müll
, aus gutem Grund
besteigen

38 ÉCOUTE
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15
Les Trois Glorieuses

ÉCOUTE 39
PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
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4 projets fous
auxquels Paris a échappé
Zum Glück für die Pariser werden nicht alle Projekte
bedeutender Stadtplaner umgesetzt!
FACILE

Le plan Voisin
En 1925, Le Corbusier présente un projet d’urbanisme assez radical. Son « plan Voisin » prévoit
de faire table rase des quartiers centraux de la rive droite, jugés vieillots, pauvres et insalubres.
À la place, l’architecte veut ériger 18 immeubles de bureaux sous forme de gratte-ciels cruci-
formes. Cette cité d’affaires doit s’étendre du Marais jusqu’au pied de la butte Montmartre.
Les quartiers du Marais, des Archives, du Temple ? Détruits ! Le Corbusier imagine aussi deux
artères de circulation sur les axes est-ouest et nord-sud pour relier Paris aux autres villes fran-
çaises et européennes. La Seconde Guerre mondiale mettra un terme à ce projet inquiétant.

Illustrationen: INTERFOTO; Bridgeman Images; Auguste Perret, Les Maisons-Tours/© VG Bild-Kunst, Bonn 2023
prévoir vieillot,te [vjɛjo,jOt] ériger [eʀiZe] s’étendre
, vorsehen , veraltet , errichten , sich erstrecken
faire table rase de insalubre cruciforme [kʀysifOʀm] inquiétant,e
, Tabula rasa machen mit , herunter- , kreuzförmig , beunruhigend
gekommen

La tour Eiffel
Pauvre tour Eiffel, elle l’a échappé belle ! Pour l’Exposition universelle de
1900, Jost Samson propose de se servir de son armature pour construire un
gigantesque rocher de 300 mètres de haut. Sur cette montagne artificielle : des
routes, des arbres, des maisons et une cascade qui se jetterait dans la Seine. En
1936, André Basdevant lance l’idée d’ajouter à la tour Eiffel une double rampe
en béton pour permettre aux voitures d’accéder directement au deuxième
étage. Plus récemment, en 2011, un cabinet d’ingénierie a sérieusement pensé
couvrir la tour de 600 000 plantes pour une durée de quatre ans. Objectif : faire
de Paris le fer de lance de l’écologie dans le monde entier. L’opération, estimée
à 72 millions d’euros, ne verra pas le jour. Pas plus que ce projet farfelu d’enfer-
mer la « Dame de fer » dans une boule de verre, façon boule à neige !

l’échapper belle l’ingénierie (f) farfelu,e


, mit knapper Not , Ingenieur- , verrückt
davonkommen wissenschaft
la Dame de fer
l’armature (f) sérieusement , Bezeichnung für den
, Gestell , ernsthaft Eiffelturm
la cascade l’objectif (m) façon
, Wasserfall , Ziel , hier: in der Art, wie

se jeter le fer [fɛʀ] de lance la boule à neige


, fließen , Speerspitze , Schneekugel

40 ÉCOUTE
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
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L’éléphant de la Bastille
Un gigantesque éléphant de bronze en plein milieu de la place de la
Bastille ! Tel est le vœu de Napoléon Ier au début du XIXe siècle. Pour
donner plus d’éclat à son pouvoir et sa capitale, l’Empereur rêve
d’une fontaine de 24 mètres de haut en forme d’éléphant surmonté
d’un palanquin. L’eau doit sortir de la trompe de l’animal, naturelle-
ment… Le projet avance et une maquette en plâtre à l’échelle 1/1 est
élevée en 1813. Mais Napoléon abdique un an plus tard. La fontaine
de l’éléphant ne verra jamais le jour. Pourtant, le modèle en plâtre
restera en place jusqu’à la révolution de 1830. Le brave gardien
chargé de son entretien loge alors dans une des pattes du pachy-
derme, qui devient aussi le terrain de jeu des enfants du quartier.
Même Victor Hugo y fait jouer son Gavroche dans Les Misérables.
Depuis 1840, la colonne de Juillet trône sur la place de la Bastille. Un
vrai « tuyau de poêle » selon Victor Hugo, nostalgique de l’éléphant.

le vœu [vø] la maquette l’entretien (m)


, Wunsch , Modell , Instandhaltung
l’éclat (m) l’échelle [leSɛl] (f) la patte
, Glanz , Maßstab , Fuß

surmonté,e de abdiquer [abdike] le pachyderme


, hier: tragend , abdanken [paSidɛʀm]
, Dickhäuter
le palanquin brave
, Sänfte , tapfer le tuyau de poêle Diesen Text hier
[tɥijodəpwal] kostenlos anhören!
la trompe chargé,e de , Ofenrohr www.ecoute.de/
, Rüssel , beauftragt mit audio-gratis/04

Les maisons-tours d’Auguste Perret


Spécialiste du béton armé, Auguste Perret a brillamment reconstruit le centre-ville
du Havre. Mais son projet de gratte-ciels à Paris laisse songeur. En 1922, l’architecte
imagine d’entourer la capitale de 250 tours de 60 étages sur l’emplacement de l’actuel
boulevard périphérique. Ces maisons-tours de plus de 200 mètres de haut, qui
auraient contenu des appartements, des bureaux et des commerces, devaient être
reliées entre elles par des ponts. Une véritable ceinture de béton dont les dessins
font aujourd’hui encore froid dans le dos.

le béton armé entourer la ceinture faire froid dans


, Stahlbeton , umgeben , hier: Ring le dos
, einen kalten
le gratte-ciel l’emplacement (m) le dessin
Schauer über
, Wolkenkratzer , Ort, Stelle , Zeichnung
den Rücken
laisser songeur qc contient qc jagen
, nachdenklich , hier: in etw.

Diesen Text hier


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ÉCOUTE 41
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De l’eau, de
l’air et du vert
Unter Napoleon III. soll Paris luftiger, schöner und
moderner werden. Verwinkelte Gassen sollen prächtigen
Boulevards weichen. Der streng organisierte Baron
Georges Haussmann ist für die Umsetzung dieser Ideen
genau der Richtige. VON VINCENT PICOT
DIFFICILE

ors de son séjour en Angleterre, de 1846 à 1848, le

L futur Napoléon III est impressionné par Londres.


Ravagée par un incendie en 1666, la capitale bri-
tannique a su se reconstruire pour devenir une
ville moderne, propre et bien structurée. À côté,

Georges Eugène Haussmann


la ville de Paris paraît sale, surpeuplée, étroite, engorgée par
les véhicules et sous-équipée. C’est pourquoi, une fois em-
pereur, Napoléon III fait de la transformation de la capitale
française l’une de ses priorités. En 1853, il choisit un homme
d’action rigoureux, fort et organisé pour chapeauter les grands
travaux : le baron Haussmann. Ce dernier a pour tâche d’aérer, de
réorganiser et d’embellir Paris. Bref, de moderniser la ville.
Pour commencer, le baron trace au cordeau de grandes artères
pour faciliter la circulation de l’air et des hommes, mais aussi pour
maîtriser les soulèvements populaires et éviter les coupe-gorges.
Boulevards Magenta et Saint-Germain, avenues Kléber et Foch…
Partout, des rues rectilignes, longues et larges apparaissent. Loin
des ruelles médiévales, les percées haussmanniennes peuvent
atteindre jusqu’à 30 mètres de large. Elles rayonnent autour de

ravagé,e aérer [aeʀe] rayonner [ʀɛjOne]


, verwüstet , etwa: luftiger gestalten , (von einem Platz)
strahlenförmig ausgehen
à côté tracer au cordeau
, im Vergleich , mit dem Lineal ziehen raser
, abreißen, schleifen
engorgé,e [gOʀZe] le soulèvement populaire
, verstopft , Volksaufstand gênant,e
, störend
sous-équipé,e [suzekipe] le coupe-gorge [kupgOʀg]
, schlecht ausgestattet , gefährlicher Winkel exproprier
, enteignen
chapeauter rectiligne [ʀɛktiliɲ]
, beaufsichtigen , schnurgerade chasser
, vertreiben
la tâche la percée
, Aufgabe , Schneise

42 ÉCOUTE
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
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16 larges places, comme celles de l’Étoile ou de l’Opéra. Cependant,


tout ce qui se trouve sur le chemin est rasé. Les propriétaires de
logements gênants sont expropriés sans autre forme de procès.
Près de 120 000 habitations seront ainsi détruites et remplacées
ensuite par 320 000 appartements neufs. Les classes populaires
sont chassées du centre, et le prix de l’immobilier grimpe. Na-
turellement, des voix s’élèvent pour dénoncer les méthodes au-
toritaires de Georges Eugène Haussmann, surnommé « Attila »
par ses détracteurs. Victor Hugo lui-même doit intervenir pour
empêcher la destruction des arènes de Lutèce, découvertes par
hasard lors du percement de la rue Monge. Paris se couvre d’im-
meubles en pierre de taille, mais la ville voit aussi fleurir des
squares et des jardins publics : les Buttes-Chaumont, Montsou-
ris, Monceau… Les bois de Vincennes et de Boulogne deviennent
deux poumons verts aux portes de la capitale. Six gares sont
créées pour accueillir, chaque matin, la foule des travailleurs ve-
nus des banlieues. Haussmann imagine également un réseau
moderne d’égouts ainsi qu’un circuit d’adduction d’eau. Enfin,
les fontaines Wallace et les colonnes Morris font aussi leur
apparition dans le paysage parisien.
Collage: Kathrin Redl. Fotos: GRANGER-Historical Picture Archive, Pictorial Press Ltd/Alamy Stock Photo; ullstein bild

La vie des habitants s’améliore grandement. L’écrivain Théo-


phile Gautier s’enthousiasme : « La ville aussi s’aère, se nettoie,
s’assainit et fait sa toilette de civilisation. » Mais encore une fois,
ce chantier pharaonique n’est pas au goût de tout le monde.
Émile Zola décrit un « Paris haché à coups de sabre », tandis que
Prosper Mérimée écrit : « Ceux qui ont vu Paris il y a quatre ans
se demandent s’ils sont dans la même ville. » Au Parlement, le ton
monte. On s’inquiète des dépenses folles du baron. On l’accuse
même d’enrichissement personnel. Il sera destitué le 5 janvier
1870, quelques mois avant la chute de Napoléon III. Son œuvre
sera néanmoins poursuivie jusqu’en 1920. Au total, on estime
que les travaux d’Haussmann ont modifié Paris à 60 %. On y a
construit plus d’immeubles en 70 ans que durant les XVIe, XVIIe
et XVIIIe siècles.

grimper le circuit d’adduction haché,e


, steigen d’eau [dadyksjdo] , zerstückelt
, Wasserversorgung
dénoncer à coups [ku] de sabre
, anprangern la fontaine Wallace , hier: mit der Axt
, Trinkwasserspender
le détracteur monter
, Kritiker la colonne Morris , hier: sich verschärfen
, Litfass-, Plakatsäule
le percement l’enrichissement (m)
, Durchbrechen grandement , Bereicherung
, in hohem Maße
la pierre de taille destituer [dɛstitɥe]
, Quaderstein s’assainir [sasɛniʀ] , des Amtes entheben
, säubern
le réseau d’égouts [degu]
, Abwassernetz

ÉCOUTE 43
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17
La Belle Hélène

ÉCOUTE
Collage: Kathrin Redl. Fotos: ddp; Lebrecht Music & Arts, Historic Images/Alamy Stock Photo; ilbusca/iStock.com
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Belle Hélène et Bon Marché


In dem neuen, vom Baron Haussmann geprägten Paris ändert sich der Alltag grundlegend.
Es wird gefeiert und konsumiert. Die Hauptstadt der Mode, des Vergnügens und der Fülle entsteht.
Dies bedeutet aber nicht das Ende der sozialen Ungleichheit. VON VINCENT PICOT
MOYEN

vec ses larges avenues bordées de trottoirs et Paris s’amuse, et Paris consomme. En 1852, Au Bon Marché

A ses jardins fraîchement arrangés, la capitale


devient un lieu de promenade. On se balade
aux Buttes-Chaumont, on flâne sur les « grands
boulevards » aménagés sur le tracé de l’ancienne
enceinte de Charles V. Les aristocrates se saluent sur le boule-
vard des Italiens. Les bourgeois et les ouvriers préfèrent le bou-
levard du Temple, plus populaire. Les théâtres, très nombreux,
lance la vogue des grands magasins. On trouve toutes les mar-
chandises possibles et imaginables dans cette « cathédrale du
commerce moderne […], faite pour un peuple de clientes », comme
l’écrit Émile Zola dans son roman Au Bonheur des dames (1883).
Le prix est affiché sur une étiquette – adieu le marchandage ! Le
choix est vaste, la marge réduite est compensée par le volume
vendu, et on instaure le principe du « satisfait ou remboursé ».
y proposent désormais des pièces légères et divertissantes Suite à ce succès, des magasins concurrents voient le jour : le
appelées « vaudevilles » – aujourd’hui, on parle de « théâtre Bazar de l’Hôtel de Ville ouvre ses portes en 1856, Le Printemps
de boulevard ». Mais on peut aussi assister à des mélodrames en 1865, La Samaritaine en 1869, les Galeries Lafayette en 1894…
mettant en scène des assassinats. Le boulevard du Temple est Près d’un siècle et demi plus tard, tous ces grands magasins font
même rebaptisé « boulevard du crime » ! On rit, on frissonne encore le bonheur des Parisiens et des touristes.
et on danse dans de nombreux cabarets et cafés-concerts. Les Côté logement, l’eau n’est pas encore disponible à tous les
ouvriers guinchent au bal Mabille, les étudiants s’encanaillent étages des immeubles, mais l’hygiène des Parisiens a fait des
au bal Bullier, les bourgeois valsent au jardin de l’Élysée- progrès. L’habillement devient coquet : crinoline pour ces
Montmartre. Jacques Offenbach enchante les nuits pari- dames, veston et chapeau haut-de-forme pour ces messieurs.
siennes avec ses opéras bouffes La Vie parisienne ou La Belle Les premières maisons de couture s’installent dans le quartier de
Hélène. C’est aussi la naissance de l’opérette et du french can- l’Opéra. En 1855 et en 1867, les expositions universelles attirent
can, cette danse endiablée exécutée par des filles aguicheuses des millions de visiteurs ainsi que toutes les têtes couronnées.
et fantasques. Le public accourt de l’Europe entière pour La capitale devient la vitrine éblouissante du Second Empire.
s’émoustiller devant ces spectacles étourdissants. Paris, ville Les milieux populaires, eux, sont doucement poussés vers la sor-
de fête, est aussi une ville d’art. Les artistes dits « pompiers » – tie de la ville, du fait de la cherté des loyers dans les immeubles
artistes académiques de la Belle Époque – triomphent chaque haussmanniens. Les quartiers aisés au centre et à l’ouest s’op-
année dans les salons, tandis que les recalés exposent au « Salon posent aux quartiers pauvres du nord et de l’est. Paris s’em-
des refusés ». Parmi ces refusés : Pissarro et Manet… qui feront bourgeoise. Mais en 1870, la guerre franco-prussienne éclate.
pourtant entrer la peinture dans l’ère moderne. Le Second Empire de Napoléon III ne s’en remettra pas.

bordé,e frissonner le bal Bullier fantasque lancer le veston du fait de


, gesäumt , erschauern [balbylje] , exzentrisch , starten , Jackett , wegen
, berühmter
aménagé,e le café-concert Tanzpalast s’émoustiller le marchandage le chapeau la cherté des loyers
, angelegt , Varieté [semustije] , Handeln haut-de-forme [Sɛʀtedelwaje]
enchanter , sich begeistern [odfOʀm] , hohe Mieten
le tracé guincher [gSe] , verzaubern lassen satisfait ou , Zylinder
, Verlauf , schwofen remboursé aisé,e [ɛze]
l’opéra (m) bouffe étourdissant,e , zufrieden oder l’exposition (f) , wohlhabend
l’enceinte [lst] (f) le bal Mabille , komische Oper , atemberaubend universelle
Geld zurück
, Stadtmauer , Vergnügungs- se remettre
, Weltausstellung
gelände endiablé,e le recalé [ʀəkale] côté… [səʀəmɛtʀ]
divertissant,e , wild , hier: Zurück- le Second [səg] sich erholen
, was … betrifft ,
, unterhaltsam s’encanailler gewiesener Empire
, in schlechte aguicheur,se l’habillement (m)
l’assassinat (m) , Zweites Kaiser-
Gesellschaft geraten , aufreizend , Kleidung
, Mord reich (1852-1870)

ÉCOUTE 45
PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
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Des communards et
des barricades
Nach dem Desaster des deutsch-französischen Krieges von 1870 lehnt sich Paris mehr denn je auf. Von
zwei Belagerungen heimgesucht, wird die Stadt zur Geburtsstätte der ersten sozialistischen Revolution,
der Kommune. Eine brutale Niederschlagung beendet das demokratische Experiment. VON VINCENT PICOT
DIFFICILE

e 2 septembre 1870, l’armée prussienne écrase se réfugient à Versailles. Le 26 mars, les Parisiens élisent leur

L l’armée française à Sedan. Napoléon III est fait pri-


sonnier et doit abdiquer. C’en est fini du Second
Empire. Dès que la nouvelle de la défaite parvient
à Paris, une émeute éclate et la République est pro-
clamée. Mais l’armée prussienne encercle Paris. Pendant quatre
mois, la capitale subit un siège terrible. Les habitants sont pri-
vés de bois et de charbon, et les rues, sans gaz, sont plongées dans
propre Assemblée, à mi-chemin entre le conseil municipal et le
contre-gouvernement. Un vent de liberté souffle sur la capitale !
Les idées de la Commune sont démocratiques et révolu-
tionnaires : séparation de l’Église et de l’État, instruction laïque,
obligatoire et gratuite, autonomie des communes, abolition
de la conscription. Mais avec l’accord de Bismarck, Thiers ras-
semble bientôt une imposante armée de 130 000 soldats. La
l’obscurité. Aux bombardements s’ajoute la famine. Les Parisiens capitale subit un nouveau siège. Le feu des canons allume
affamés se nourrissent alors de chiens, de chats, d’oiseaux et de plusieurs incendies. Le 21 mai, les « versaillais » (les troupes de
rats. Même les animaux exotiques du Jardin des plantes sont Thiers) entrent dans Paris et exécutent tous les opposants. Les
sacrifiés. La trompe d’un éléphant se vendra même fort cher. communards, quant à eux, incendient les Tuileries, l’Hôtel de

Collage: Kathrin Redl. Fotos: World History Archive, Magite Historic/Alamy Stock Photo; Exclusive Dn/Shutterstock.com
Paris résiste… Mais un armistice est finalement signé le 28 janvier Ville, le Palais de Justice, le ministère des Finances et la Cour des
1871, et les troupes allemandes défilent sur les Champs-Élysées. comptes. La colonne Vendôme, symbole du pouvoir impérial
La nouvelle Assemblée nationale, élue grâce au vote des déchu, est abattue. Malgré les barricades, Montmartre, Ménil-
ruraux, est conservatrice et monarchiste. Tout l’inverse des montant et Belleville tombent aux mains des versaillais. L’in-
Parisiens, profondément républicains. Ces derniers réclament surrection est réprimée dans un bain de sang. Les derniers com-
un gouvernement démocratique et social pour la France. Et pour munards sont fusillés contre un mur du Père-Lachaise, appelé
Paris, un pouvoir municipal élu par le peuple, ce qu’ils appellent depuis le « mur des Fédérés ».
une « commune ». Méfiant, Adolphe Thiers, le nouveau chef du La Commune n’aura duré que 72 jours. Le bilan humain est
gouvernement, veut désarmer la capitale. Le 18 mars 1871, il terrible : des dizaines de milliers de Parisiens ont été exécutés
ordonne qu’on emporte les canons qui se trouvent sur la butte ou envoyés au bagne. Au lendemain de cet épisode tragique,
Montmartre. Mais les habitants du quartier s’y opposent. Des la capitale est placée sous le contrôle de l’État : les maires
barricades sont bientôt élevées à Montmartre, à Ménilmontant d’arrondissement sont nommés par le chef de l’État. Et comme
et au faubourg Saint-Antoine. Un pouvoir insurrectionnel, dé- pour effacer le souvenir de la Commune, on décide d’ériger,
sormais officiellement nommé « la Commune », se met en place. dès 1872, la basilique du Sacré-Cœur sur la butte Montmartre,
L’Assemblée nationale et le gouvernement d’Adolphe Thiers berceau de la révolte.

écraser être privé,e de qc l’armistice (m) le pouvoir municipal se mettre en place allumer réprimer
, besiegen, , etw. nicht haben , Waffenstillstand , Stadtverwaltung , sich bilden , entfachen , niederschlagen
vernichten
plonger le vote méfiant,e à mi-chemin entre l’incendie le bagne [baɲ]
abdiquer , tauchen , Stimme , misstrauisch , irgendwo [lsdi] (m) , Straflager
, abdanken zwischen , Brand
la famine le rural désarmer [dezaʀme] effacer
la défaite , Hungersnot , Landbewohner , entwaffnen l’abolition quant à eux [k̃taø] , auslöschen
, Niederlage [labOlisj̃] (f) , ihrerseits
le Jardin des plantes l’inverse [lvɛʀs] (m) insurrectionnel,le ériger
, Abschaffung
l’émeute (f) , zoologischer , Gegenteil [syʀɛksjOnɛl] déchu,e , errichten
, Aufstand Garten , der Aufständischen la conscription , abgesetzt
réclamer [k̃skʀipsj̃]
le berceau [bɛʀso]
le siège la trompe , verlangen nach
, Wehrpflicht abattre , Geburtsstätte
, Belagerung , Rüssel , umreißen

46 ÉCOUTE
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
|

18
Adolphe Thiers

ÉCOUTE 47
PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
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Expos
universelles
et squelette
disgracieux
Am Ende des 19. Jahrhunderts blickt alle Welt nach
Paris. Anlässlich der Weltausstellungen von 1889 und
1900 präsentiert die Stadt stolz die Errungenschaften
der industriellen Revolution und der neuen
französischen Technologien. VON VINCENT PICOT
MOYEN

L
a capitale avait déjà accueilli l’Exposition univer-
selle en 1855, 1867 et 1878. Mais en 1889, le gouver-
nement de la IIIe République a l’intention de voir
les choses en grand à l’occasion du centenaire de la
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
Paris se veut la vitrine du savoir-faire et de la puissance indus-
trielle de la France. Rien n’est donc trop beau pour impression-
ner les 30 millions de visiteurs.
Au sommet de la colline de Chaillot, les deux tours de 80
mètres de haut du palais du Trocadéro se dressent de part et
d’autre d’une vaste rotonde. Le bâtiment sera remplacé en 1937
par le palais de Chaillot. Des pavillons éphémères, dessinés
par les plus grands architectes, mettent en valeur les dernières
inventions de l’époque. Au palais de l’Industrie, les visiteurs ad-
mirent une fontaine pourvue d’un jeu de lumières électriques
qui changent de couleur en fonction du son d’une musique. Avec
ses 420 mètres de long, la galerie des Machines, immense nef de
métal et de verre démolie en 1909, est une prouesse architectu-
rale. Elle est en effet bien plus vaste que le Grand Palais, érigé

disgracieux,se le savoir-faire mettre en valeur


, unansehnlich , Know-how , zur Geltung bringen

le centenaire [stnɛʀ] de part et d’autre pourvu,e de


, Hundertjahrfeier , auf beiden Seiten , versehen mit

la Déclaration des vaste la nef [nɛf]


droits de l’homme et , weitläufig , hier: Ausstellungshalle
du citoyen [sitwaj]
éphémère la prouesse [pʀuɛs]
, Erklärung der Men-
, temporär , Meisterleistung
schen- und Bürgerrechte
dessiné,e par érigé,e
se vouloir
, entworfen von , errichtet
, sich geben als

48 ÉCOUTE
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
|

une dizaine d’années plus tard. Sur le Champ-de-Mars, une autre

19
attraction attire en grand nombre le public : pour célébrer l’em-
pire colonial, on a reconstitué un « village nègre », autrement dit
un village factice où évoluent 400 personnes étrangères (« indi-
gènes », disait-on à l’époque), le temps de l’Exposition.
Mais le clou de l’évènement reste le projet mené par
l’ingénieur Gustave Eiffel : sa tour métallique de 312 mètres de
haut est la plus haute construction humaine jamais réalisée !
L’édifice divise malgré tout. L’écrivain Guy de Maupassant n’y
voit par exemple qu’un « squelette disgracieux ». Censée être
démontée au bout de 20 ans, la tour Eiffel sera finalement sau-
vée et deviendra rapidement le symbole de Paris.
En 1900, l’Exposition universelle a pour thème « le bilan d’un
siècle ». C’est l’apogée de la Belle Époque et le triomphe du génie
moderne. 83 000 exposants dont 40 000 étrangers y sont pré-
sents. Des bâtiments fastueux embellissent la capitale, comme
L’Exposition universelle le Petit et le Grand Palais. Ce dernier dépasse les 9 000 tonnes
de structure métallique – contre 7 000 pour la tour Eiffel. On
construit également de nouvelles gares, comme celles d’Orsay,
des Invalides ou de Lyon. Le pont Alexandre III, lui, jette son
arche d’acier de 108 mètres de portée entre les Invalides et les
Champs-Élysées. On ne reconnaît plus la Seine, bordée par les
pavillons étrangers à l’architecture hétéroclite, du manoir élisa-
béthain à la réplique russe du Kremlin. Un village suisse est aussi
édifié. Les bâtiments helvétiques seront cependant démontés à
la fin de l’Exposition.
Le métropolitain, en revanche, est fait pour durer. La pre-
mière ligne de métro, qui relie la porte Maillot (à l’ouest) à la
porte de Vincennes (à l’est), est inaugurée le 19 juillet 1900. Elle
dessert ainsi les principaux sites de l’Exposition. Les visiteurs
découvrent également les joies du tapis roulant – à l’époque
joliment baptisé « rue de l’avenir » –, de la grande roue et du
cinéma, avec la projection des films des frères Auguste et Louis
Lumière sur écran géant.
Au total, l’Exposition universelle de 1900 attirera plus de
50 millions de curieux. Paris, plus cosmopolite que jamais, fait
son entrée dans le XXe siècle avec un sourire conquérant.

factice [faktis] le génie le manoir [manwaʀ]


, künstlich , Technologie , Herrenhaus

évoluer fastueux,se [fastɥø,øz] le métropolitain


, sich bewegen , prachtvoll , Untergrundbahn

l’indigène (m) jeter son arche [aʀʃ] desservir


, Eingeborener , einen Bogen schlagen , anfahren
Foto: INTERFOTO

censé,e [sse] être… la portée le tapis [tapi] roulant


, der,die … werden soll , Spannweite , rollender Fußweg

sauver bordé,e [bOʀde] par la grande roue [ʀu]


, retten , gesäumt von , Riesenrad

l’apogée [lapOZe] (m) hétéroclite conquérant,e


, Höhepunkt , uneinheitlich , gewinnend

ÉCOUTE 49
50
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20
Modigliani et Picasso

ÉCOUTE
Collage: Kathrin Redl. Fotos: Shawshots, WorldPhotos, imageBROKER/Alamy Stock Photo; Black moon/Shutterstock.com
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De la Belle Époque
à la Grande Guerre
Zwischen dem Ende des 19. Jahrhunderts und dem Ersten Weltkrieg befindet sich Paris in einer
Periode des Wachstums, der Moderne und des Fortschritts. Es ist die sogenannte »Belle Époque«,
die Zeit der großen Erfindungen und der künstlerischen Avantgarde. VON VINCENT PICOT
MOYEN

L
a Belle Époque est la période allant de la fin du XIXe danseuses de french cancan, comme La Goulue au Moulin-
siècle à 1914. Comparée aux années noires qui lui Rouge. Les mœurs se libèrent. En 1907, les garçons de café
succèdent, cette période est marquée par la séréni- parisiens font grève pour obtenir le droit de porter la moustache,
té et le progrès. À Paris, les sciences, les arts, la poli- jusque-là réservée aux bourgeois et aux militaires.
tique et l’industrie sont en ébullition. Louis Pasteur Bien que la période soit belle et prospère pour la Ville lumière,
met au point le vaccin contre la rage, et Pierre et Marie Curie dé- celle-ci est la proie des « Apaches », les bandes de voyous issus des
couvrent le radium. En 1894, la première course automobile de faubourgs de Belleville, Ménilmontant ou de la « Bastoche » (le
l’histoire a lieu entre Paris et Rouen. La course cycliste Paris-Rou- quartier de la Bastille). Escrocs, voleurs, proxénètes, assassins…
baix, elle, verra le jour deux ans plus tard. En 1895, la première Ils font trembler la population parisienne. Paris connaît par
séance de cinéma publique et payante du monde se passe à Paris, ailleurs, en janvier 1910, une crue exceptionnelle qui fait débor-
et c’est également dans la capitale que sont créés les célèbres stu- der la Seine. L’eau inonde le métro et envahit la ville jusqu’à la
dios de cinéma Pathé et Gaumont. La vie quotidienne des Pari- gare Saint-Lazare. Les Parisiens doivent se déplacer en barque
siens gagne nettement en confort : les autobus à essence rem- ou circuler sur des passerelles en bois.
placent les omnibus à chevaux, et les lignes du métropolitain En 1914, le climat politique s’assombrit sur le plan national et
(initié par l’ingénieur Fulgence Bienvenüe) s’étendent sous la international. Le 31 juillet 1914, le socialiste et fervent pacifiste
capitale. La ville attire alors de nombreux provinciaux par trains Jean Jaurès est assassiné rue Montmartre. Le 3 août, l’Allemagne
entiers. Les Bretons s’installent ainsi près de la gare Montpar- déclare la guerre à la France. Dès septembre 1914, les troupes al-
nasse – où l’on trouve aujourd’hui encore beaucoup de crêperies. lemandes entrées dans le pays sont à moins d’une centaine de
Les Auvergnats, eux, s’établissent autour de la gare d’Austerlitz kilomètres de la capitale. Paris est bombardé. Le gouvernement
et de la gare de Lyon. Les Parisiens de souche sont déjà très mi- part se réfugier à Bordeaux en catimini. Mais les taxis parisiens
noritaires à « Paname », le nouveau surnom donné à la capitale. sauvent la capitale lors de la bataille de la Marne en achemi-
Les artistes français et étrangers vivent aussi une belle nant des renforts sur le front, ce qui fait reculer les Allemands.
époque. Montmartre devient le berceau du fauvisme et du Le Grand Palais se transforme en hôpital militaire. Les femmes
cubisme. On croise Auguste Renoir au cabaret du Lapin-Agile, pallient le manque de main-d’œuvre en travaillant dans les usines
Apollinaire et Picasso dans les ateliers du Bateau-Lavoir. C’est d’armement, en livrant le charbon ou en conduisant les tramways.
une vie de bohème qui règne dans les quartiers parisiens : En 1918, la Grande Guerre s’achève. Elle aura causé la mort
dans les cafés, Modigliani échange ses portraits contre du ver- d’environ 1,7 million de Français, dont près de 100 000 Parisiens,
mouth au cassis. À Pigalle, le public s’enthousiasme devant les militaires et civils confondus.

la Grande Guerre la séance la moustache l’escroc [lɛskʀo] (m) envahir [vaiʀ] en catimini la main-d’œuvre
, Erster Weltkrieg , Vorstellung , Schnurrbart , Betrüger , hier: überfluten [katimini] , Arbeitskräfte
, klammheimlich
la sérénité à essence [aess] prospère [pʀOspɛʀ] le proxénète la passerelle [pasʀɛl] l’usine (f)
, Heiterkeit , kraftstoffbetrieben , florierend [pʀOksenɛt] , Steg acheminer d’armement
, Zuhälter , befördern , Rüstungsbetrieb
être en ébullition s’étendre la Ville lumière s’assombrir
, hier: im Umbruch , sich erstrecken , Paris la crue [kʀy] , sich verschlechtern le renfort [ʀfOʀ] s’achever
sein , Hochwasser , Verstärkung , zu Ende gehen
de souche être la proie de sur le plan…
mettre au point , alteingesessen , zum Opfer fallen faire déborder , auf … Ebene reculer confondu,e
[opw] , über die Ufer , zurückweichen , zusammen-
entwickeln le berceau le voyou [vwaju] treten lassen fervent,e [fɛʀv,t]
, genommen
, Wiege , Gauner , glühend pallier [palje]
la rage inonder , wettmachen
, Tollwut
les mœurs (f/pl) le faubourg [fobuʀ] , unter Wasser
assassiner
, Sitten , Vorort , ermorden
setzen

ÉCOUTE 51
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PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
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L’entre-deux-guerres
Nach dem Ersten Weltkrieg gibt es in der Hauptstadt vor allem das Bestreben zu feiern und
sich zu betäuben. Während die Vitalität der Kunstszene von Höhepunkt zu Höhepunkt eilt, strebt
die Gesellschaft nach Fortschritt und sozialer Gerechtigkeit. VON VINCENT PICOT
FACILE

our oublier la « der des ders » – la Première Guerre L’industrie automobile triomphe, notamment la « traction

P mondiale –, les Parisiens se ruent au spectacle. Ils


applaudissent les vedettes du music-hall, comme
Kiki de Montparnasse, Mistinguett ou José-
phine Baker. Dans La Revue nègre, au Théâtre des
Champs-Élysées, la danseuse afro-américaine séduit par son
exotisme et son déhanché accentué par une tenue de scène mi-
nimaliste et évocatrice. Elle fait découvrir à la capitale le jazz et
avant » de chez Citroën. Le nom de la marque s’affichera même
en lettres lumineuses sur la tour Eiffel. La Dame de fer devient
par ailleurs le principal émetteur de télégraphie sans fil, avant de
permettre la diffusion des premières émissions radiophoniques
à la fin de l’année 1921 et de la télévision en 1935. La première
ligne aérienne commerciale de l’histoire est ouverte entre Paris
et Londres en 1919. En 1927, l’aviateur américain Charles Lind-
la culture noire américaine. bergh est fêté en héros, après avoir relié New York à Paris, en
En quelques années, le cœur de la vie artistique s’est déplacé solitaire et sans escale.
de Montmartre à Montparnasse. Ce quartier peuplé de bistrots, Mais la crise économique de 1929 ébranle la France et signe
de théâtres et de cabarets attire tous les artistes : des peintres aux la fin des « années folles ». À Paris, le monde des lettres continue
photographes, en passant par les musiciens. Il n’est pas rare d’y toutefois de bouillonner. Le jeune philosophe Jean-Paul Sartre
croiser Chagall, Léger ou encore Modigliani. Ces hommes refont publie La Nausée et jette les bases du mouvement existentialiste.
le monde dans des brasseries qui existent encore aujourd’hui : Le Louis-Ferdinand Céline écrit son Voyage au bout de la nuit, roman

Collage: Kathrin Redl. Fotos: INTERFOTO; Bridgeman Images; Margrit Hirsch, restyler/Shutterstock.com
Dôme, Le Select, La Rotonde, La Closerie des Lilas… qui scandalise les uns et enthousiasme les autres.
« Paris est une fête », écrivait si justement Hemingway. Alors Dans les années 1930, le fascisme progresse. Les ligues d’ex-
installé à Paris comme correspondant étranger, il fréquente Ezra trême-droite manifestent de plus en plus violemment. En ré-
Pound, Francis Scott Fitzgerald et les autres représentants de ponse, les forces de gauche se rassemblent pour défendre la
la « génération perdue ». Dans les années 1920, l’écrivain fran- République menacée. Socialistes, communistes, radicaux de
çais André Breton fonde le mouvement surréaliste avec, entre gauche… en tout, 500 000 personnes défileront de la place de la
autres, Man Ray, Salvador Dalí et Marcel Duchamp. Sur scène, Bastille à Nation le 14 juillet 1935. En mai 1936, le Front popu-
les Parisiens applaudissent également les bons mots du drama- laire, coalition de partis de gauche, est élu. Il instaure la semaine
turge Sacha Guitry, tandis que Jean Cocteau monte, en 1926, une de travail de 40 heures, les conventions collectives et les congés
version moderne du mythe d’Orphée. Quant aux Parisiennes, payés. Mais l’épisode socialiste ne durera pas. Déjà, la victoire des
elles s’émancipent, raccourcissent leurs jupes et leurs cheveux. fascistes en Italie et des nazis en Allemagne, ainsi que la guerre
Les plus audacieuses vont même jusqu’à porter des pantalons. d’Espagne annoncent la Seconde Guerre mondiale.

la der des ders séduire de… à… en monter l’émetteur ébranler élire


[dɛʀdedɛʀ] = , begeistern passant par… ,aufführen [lemɛtœʀ] (m) , erschüttern , wählen
la dernière des , von … über … bis … , Sender
le déhanché [deSe] raccourcir les lettres [lɛtʀ] (f/pl) la convention
dernières (guerres)
, Hüftschwung croiser [ʀakuʀsiʀ] sans fil [sfil] , Literatur collective
, letzter großer
, begegnen , kürzen , drahtlos , Tarifvertrag
Krieg la tenue de scène toutefois [tutfwa]
[tənydəsɛn] refaire le monde audacieux,se (vol) en solitaire , dennoch les congés (m/pl)
se ruer [ʀɥe]
, Bühnenkostüm , große Worte , mutig , Allein(flug) payés [kZepeje]
, sich stürzen bouillonner [bujOne]
machen , bezahlter Urlaub
évocateur,trice la traction avant l’escale [ɛskal] (f) , brodeln
le spectacle
, aufreizend fonder , Vorderradantrieb , Zwischenlandung
, hier: Theater scandaliser
, gründen
peuplé,e de s’afficher , schockieren
la vedette [vədɛt]
, voller , hier: erstrahlen
, Star

54 ÉCOUTE
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21
Joséphine Baker

ÉCOUTE 55
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Foto: ullstein bild


La croix gammée
sur l’Arc
Im Juni 1940 ist die französische Hauptstadt
besetzt. Eine Demütigung für die Pariser,
über deren Stadt das Hakenkreuz weht.
Trotz des Mangels an Lebensmitteln, den
Bombardements und der Zensur geht das
Leben weiter … bis zur Landung der Alliierten
in der Normandie. VON VINCENT PICOT
MOYEN

a France entre en guerre le 3 septembre 1939. À

L Paris, par précaution, on protège la façade de la


cathédrale Notre-Dame avec des sacs de sable,
on démonte les vitraux de la Sainte-Chapelle, on
place les chefs-d’œuvre du Louvre dans un lieu sûr
et tenu secret. En quelques semaines, l’armée française est mise
en déroute. Le 3 juin 1940, Paris est bombardé. On dénombre
déjà 254 morts et plus de 600 blessés. Le gouvernement quitte la
capitale, et des centaines de milliers de Parisiens en font autant.
C’est l’exode. Paris perd ainsi les deux tiers de ses habitants.
Le 14 juin 1940, la Wehrmacht entre dans la capitale sans
combattre. Elle défile sur les Champs-Élysées et hisse le dra-
peau à croix gammée sur l’Arc de Triomphe. Les autorités
parisiennes sont priées de se tenir à la disposition de l’occu-
pant. Commence alors une longue période de privations. Avec
l’interruption des échanges, le blocus britannique et les réqui-
sitions allemandes, les produits de base se font rares. En sep-
tembre 1940, une carte de rationnement donne droit à 350 g de
pain par personne et par jour, 360 g de viande ainsi que 100 g
de corps gras par semaine, 200 g de fromage pour un mois… Les

22
par précaution le drapeau à croix l’échange (m)
, vorsichtshalber gammée , Handel
, Hakenkreuzfahne
le vitrail [vitʀaj] le blocus
, Kirchenfenster se tenir à la disposition , Blockade
, sich zur Verfügung
mettre en déroute la réquisition [ʀekizisj]
halten
, in die Flucht schlagen , Beschlagnahme
la privation [pʀivasj]
dénombrer donner droit à
, Entbehrung
, zählen , berechtigen zu
avec
en faire autant le corps gras [kOʀgʀA]
, wegen, durch
, genau dasselbe tun , Fett

56 ÉCOUTE
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files d’attente s’allongent devant les magasins quasiment vides.


On fabrique des ersatz de café et de savon, on mange du rutaba-
ga et des choux-navets qui ne tiennent pas au ventre. Le marché
noir connaît de beaux jours.
Sous l’Occupation, Paris change de visage. Faute de carbu-
rant, les voitures de particuliers ont disparu des rues. Les vélos
et les taxis se multiplient. On ne se chauffe plus car le charbon,
devenu rare, est réservé aux usines qui travaillent pour l’ennemi.
Certains Parisiens collaborent avec l’occupant, d’autres entrent
dans la Résistance. Le 11 novembre 1940, la manifestation des
lycéens et des étudiants devant l’Arc de Triomphe sera considé-
rée comme l’un des premiers actes publics de résistance à l’occu-
pant, mais elle sera sévèrement réprimée. La grande majorité de
la population tente alors simplement de survivre en attendant
des jours meilleurs.
La communauté juive souffre particulièrement. Dès mai
1942, les Juifs de Paris doivent porter l’étoile jaune. Quelque
13 000 d’entre eux, hommes, femmes et enfants, seront arrêtés
les 16 et 17 juillet 1942 lors de la « rafle du Vel’d’Hiv ». Détenus au
Vélodrome d’Hiver, dans le 15e arrondissement, ils seront dépor-
tés. Entre 1942 et 1944, sur plus de 40 000 Juifs parisiens arrêtés,
34 000 mourront dans les camps d’extermination.
Puis, Paris est à nouveau bombardé, mais cette fois par l’avia-
tion anglaise et américaine. Leur cible : les points stratégiques
et sites industriels dont profite le Reich. Le 3 mars 1942, la Royal
Air Force bombardera ainsi les usines Renault de Billancourt,
productrices de chars destinés aux Allemands. Le 6 juin 1944,
les troupes alliées débarquent en Normandie, dans le but cette
fois de sauver le pays. Encouragé par leur progression, le peuple
parisien trouve alors la force de s’insurger.

la file d’attente se chauffer arrêté,e


, Warteschlange , heizen , verhaftet

le rutabaga [ʀytabaga] le charbon le camp d’extermination


, Steckrübe , Kohle , Vernichtungslager

le chou-navet sévèrement [sevɛʀm] la cible


, Kohlrübe , unnachsichtig , Ziel

Rue de Rivoli faute de


, mangels
réprimer
, niederschlagen
le char
, Panzer

le carburant la rafle encouragé,e


, Treibstoff , Massenverhaftung , ermutigt

le particulier [paʀtikylje] détenu,e s’insurger [ssyʀZe]


, Privatperson , gefangen gehalten , aufbegehren

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Les zazous

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Collage: Kathrin Redl. Fotos: Isadora/Bridgeman Images; Vereshchagin Dmitry/Shutterstock.com; Vereshchagin Dmitry/Shutterstock.com
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
|

Qui sont ces zazous ?


Die Nachkriegszeit in Paris ist schwierig. Bevor die Menschen zu ihrem gewohnten Leben
zurückkehren können, muss das Land wiederaufgebaut werden. Bis sich die Lebensbedingungen
aber wieder spürbar bessern, geht viel Zeit ins Land. VON VINCENT PICOT
DIFFICILE

e 6 juin 1944, les troupes alliées débarquent sur les chanteur, devient le chef de file des « zazous », jeunes gens ama-

L plages de Normandie. Ragaillardis par la nouvelle,


les Parisiens s’insurgent contre l’occupant. Entre
le 18 et le 24 août, ils dressent des barricades aux
quatre coins de la capitale. Les combats de rue font
rage. Quelque 1 500 habitants y perdent la vie. Le 25 août 1944,
les chars du général Leclerc entrent enfin dans la capitale. Hitler
ordonne au général von Choltitz, gouverneur du « Grand Paris »,
teurs de jazz qui affichent une attitude insouciante.
Un vent d’optimisme souffle sur Paris. La croissance repart
et des mesures importantes sont prises : droit de vote pour les
femmes (1944), création de l’École nationale d’administration
(Ena), mise en place de la Sécurité sociale, des indemnités chô-
mage et des retraites (1945)… En somme, une grande partie des
acquis sociaux du XXe siècle.
de réduire la ville en cendres… Mais von Choltitz refuse d’exécu- Toutefois, le quotidien n’est pas aussi rose qu’il n’y paraît. Le
ter les ordres, et Paris est sauvé. C’est dans une ville en liesse que pain est rationné jusqu’en 1949 et l’électricité fait encore sou-
le général de Gaulle arrive en vainqueur. Au milieu de la foule vent défaut. De plus, près de 140 000 provinciaux en quête de tra-
groupée devant l’Hôtel de Ville, il prononce ces mots célèbres : vail arrivent chaque année dans la capitale, posant de graves pro-
« Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré ! blèmes de logement. Ceux qui ne trouvent pas de toit s’entassent
Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des dans des bidonvilles en périphérie de la ville, comme à Nanterre.
armées de la France [...] ! » Après quatre ans d’occupation et de L’hiver 1954, une terrible vague de froid touche Paris. L’abbé
privations, la capitale savoure sa liberté retrouvée. Pierre lance un appel à la radio – ce qui le rendra célèbre : « Mes
L’immédiat après-guerre marque l’âge d’or du Quartier latin. amis, au secours ! Chaque nuit, ils sont plus de 2 000 recroque-
Dans les cafés de Saint-Germain-des-Prés, les existentialistes villés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu… » Son
refont le monde. Au Café de Flore, on croise le couple de philo- message sera entendu et l’aidera à fonder l’association Emmaüs,
sophes Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir (photo à gauche). pour venir en aide aux plus démunis.La RATP (Régie autonome
La jeunesse assoiffée d’art et de musique se rue dans les caves des transports parisiens) est créée en 1948. À elle de réorganiser
germanopratines où se produisent les jazzmen américains. On les transports : les autobus et le métro. Autour de Paris, on prend
danse jusqu’au bout de la nuit au son de la trompette de Sidney la décision de construire, à la va-vite, de « grands ensembles »
Bechet ou de Miles Davis. On écoute la chanteuse Juliette Gréco, pour héberger les nouveaux travailleurs. En banlieue, des barres
les poètes Jacques Prévert, Raymond Queneau et Jean Genet. Le d’immeubles sortent de terre tandis que les campagnes, vidées
fantasque Boris Vian, à la fois écrivain, trompettiste, parolier et de leurs habitants, se transforment en « désert français ».

ragaillardi,e la foule savourer fantasque repartir qc fait défaut les plus démunis
[ʀagajaʀdi] , Menschenmenge , genießen , launisch, , wieder in Gang , etw. gibt es nicht , die Ärmsten
, aufgemuntert exzentrisch kommen der Armen
outragé,e refaire le monde en quête de [kɛtdə]
s’insurger [ssyʀZe] , geschändet , große Worte à la fois [alafwa] la mise en place , auf der Suche nach la RATP [ɛʀatepe]
, sich auflehnen machen , zugleich , Schaffung , Pariser Verkehrs-
brisé,e s’entasser
betrieb
faire rage , gebrochen assoiffé,e de le parolier la Sécurité sociale , sich zusammen-
, wüten , begierig auf , Texter , staatliche drängen à la va-vite
martyrisé,e
Sozial- und Kranken- , auf die Schnelle
le char [maʀtiʀize] se ruer [ʀɥe] dans qc le chef de file le bidonville
versicherung
, der Panzer , gemartert , etw. stürmen , führender Kopf , Elendsviertel le grand ensemble
l’indemnité , Großsiedlung
réduire en cendres le concours [kkuʀ] germanopratin,e afficher recroquevillé,e
[ldɛmnite] (f)
, in Schutt und , Hilfe , in Saint-Germain- , zur Schau tragen [ʀəkʀOkvije] la barre d’immeubles
chômage
Asche legen des-Prés , zusammen- , Wohnblock
la privation insouciant,e , Arbeitslosengeld
gekauert
en liesse [ljɛs] [pʀivasj] se produire [susj,jt]
Entbehrung l’acquis [laki] (m)
, laut jubelnd , , auftreten , unbekümmert le gel [Zɛl]
, Errungenschaft
, Eiseskälte

ÉCOUTE 59
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Soyez réalistes,
demandez
l’impossible !
In den 30 Jahren nach dem Zweiten Weltkrieg
verändert sich Paris weiter. Straßen und Häuser
werden gebaut, Schienen verlegt. Die Hauptstadt
wird moderner. Die Gesellschaft ebenso: Im Mai
68 tritt Paris in eine neue Epoche ein und bleibt
dabei rebellisch wie eh und je. VON VINCENT PICOT
DIFFICILE

près la Seconde Guerre mondiale, Paris est en

A plein baby-boom. La population de la région


parisienne augmente à un rythme deux fois plus
rapide que la moyenne nationale. La capitale doit
s’adapter à cette nouvelle donne.
C’est l’époque des grands travaux. Les halles déménagent à
Rungis, en banlieue parisienne. Le « ventre de Paris », comme
l’appelait l’écrivain Émile Zola, devient alors un espace qui ac-
cueille une gare de métro et de RER, ainsi qu’un vaste centre
commercial souterrain. Le quartier du Marais conserve ses hô-
tels particuliers grâce au ministre de la Culture André Malraux,
tandis que d’autres font peau neuve. Les tours poussent comme
des champignons dans le 13e arrondissement, mais aussi sur
le Front de Seine, dans le 15e. Le réseau ferré et autoroutier se
densifie, et un périphérique est tracé autour de la ville. Cette

la donne faire peau neuve tracer


, Lage , von Grund auf , anlegen
erneuert werden
déménager la ceinture
, umziehen le réseau [ʀezo] ferré , Ring
, Schienennetz
le RER [ɛʀøɛʀ] (réseau faire office de
express régional) se densifier , dienen als
, entspr. der S-Bahn , dichter werden
l’exploit (m)
l’hôtel (m) particulier le périphérique , Leistung
, Stadtpalais , Ringautobahn

60 ÉCOUTE
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
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ceinture de 35 km fera dès lors office de frontière entre Paris et


sa banlieue. Aujourd’hui encore, franchir le « périph’ » est un ex-
ploit pour certains Parisiens ! À l’ouest de la capitale, le quartier
d’affaires de la Défense est créé ex nihilo et doit accueillir les
sièges sociaux de grandes sociétés industrielles et financières.
Georges Pompidou, qui veut faire de Paris l’égal de Londres, met
en place une voie express, rive gauche. Et en 1974 sera inauguré
l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, promis à devenir l’un
des plus importants au monde.
Pendant 30 ans, le pays est en pleine prospérité. D’où l’appel-
lation de cette période « les Trente Glorieuses ». La France va
bien, mais « La France s’ennuie », comme le titrait le journal Le
Sous les pavés, la plage Monde en mars 1968. Deux mois plus tard, Paris sort le pays de
sa torpeur…
Le 3 mai, des étudiants, menés par Daniel Cohn-Bendit, orga-
nisent un meeting de protestation autour de la Sorbonne, dans
le Quartier latin. Ils se révoltent contre le capitalisme, l’autori-
té gaulliste et la société paternaliste. Rapidement, les forces de
l’ordre les évacuent avec violence. S’ensuit une guérilla urbaine
au sein du Quartier latin. Les étudiants dressent des barricades
dans les rues, jettent des pavés sur les CRS qui répliquent à
coups de matraque et de gaz lacrymogène. Mai 68 est lancé. Des
slogans contestataires fleurissent sur les murs de Paris : « Soyez
réalistes, demandez l’impossible », « Sous les pavés, la plage », « Il
est interdit d’interdire ». Les ouvriers de l’usine Renault, à Bou-
logne-Billancourt, rejoignent le mouvement. Bientôt, c’est tout
le pays qui sera paralysé par les grèves.
Et quand le climat s’apaise, on se dispute à nouveau : pour ou
contre Beaubourg, cet étrange centre culturel aux tuyaux appa-
rents ? Pour ou contre la tour Montparnasse, jugée dispropor-
tionnée ? Paris échappera aussi à quelques projets farfelus : le
percement d’une autoroute en pleine ville ou la démolition de
la gare d’Orsay pour faire place à un hôtel comprenant un millier
de chambres.

24
Collage: Kathrin Redl. Foto: picture alliance/dpa;

ex nihilo [ɛksniilo] les Trente Glorieuses contestataire


, aus dem Nichts , 1946-1975, wirtschaft- , Protest-
licher Aufschwung nach
le siège social fleurir
dem Zweiten Weltkrieg
, Firmensitz , hier: auftauchen
la torpeur
l’égal (m) le tuyau [tɥijo]
, Apathie
, Ebenbild , Rohr
le pavé
la voie [vwa] express apparent,e
, Pflasterstein
, Schnellstraße , sichtbar
les CRS (Compagnies
promis,e à farfelu,e [faʀfəly]
républicaines de sécurité)
, dazu bestimmt , verrückt
, Spezialeinsatzkräfte
la prospérité der Polizei le percement [pɛʀsəm]
, Wohlstand , hier: Bau
la matraque
, Schlagstock

ÉCOUTE 61
PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
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Des projets mégalos


Nach den Wiederaufbauarbeiten in den 1960er- und 70er-Jahren stürzt sich François Mitterrand in
den 80ern in eine Politik der großen Kulturprojekte. Dazu gehört auch die Glaspyramide im Louvre-
Innenhof. So putzt sich Paris vor der Jahrtausendwende noch einmal heraus. VON VINCENT PICOT
MOYEN

endant les deux mandats successifs du président le monde. Sur la place de la Concorde, la cantatrice américaine

P socialiste François Mitterrand (de 1981 à 1988, et


de 1988 à 1995), Paris s’engage dans une série de
projets de prestige. La gare d’Orsay est transfor-
mée en un musée qui rassemble la plus grande
collection d’œuvres impressionnistes et postimpressionnistes
du monde. Le parc de la Villette abrite un complexe culturel,
avec un cinéma sphérique (la Géode) qui suscite la curiosité de
Jessye Norman chante La Marseillaise, drapée dans le drapeau
tricolore. La capitale se veut moderne et multiculturelle… sans
pour autant oublier son histoire.
Dernier des grands travaux du président, la bibliothèque
François-Mitterrand dresse ses quatre tours en forme de livres
ouverts sur les bords de la Seine. Paris veut aussi se donner une
image festive. Ainsi, le 21 juin 1982, le ministre de la Culture
toute l’Europe. Le musée du Louvre se dote d’une pyramide de Jack Lang lance la première Fête de la musique pour marquer
verre. « Sacrilège ! », crient les esprits conservateurs. La pyramide le début de l’été. Cette nuit-là, les rues de la capitale accueillent
reste pourtant l’œuvre préférée des visiteurs du musée, après une foule de groupes professionnels et amateurs pour le plus
La Joconde et la Vénus de Milo. Non loin, dans la cour d’honneur du grand bonheur des passants – et un peu moins des riverains !
Palais-Royal, les colonnes striées de noir et de blanc de Daniel Le succès est tel qu’elle sera renouvelée d’année en année, et le
Buren provoquent, en 1986, un tollé. Et que dire des réactions concept exporté dans une centaine de pays. En 1992, les enfants

Collage: Kathrin Redl. Fotos: Lagui, Serguii Molchenko/Shutterstock.com; Dennis Brack/Alamy Stock Photo
après l’inauguration, le 13 juillet 1989, de l’opéra Bastille ? On le accourent de toute l’Europe pour l’ouverture de Disneyland
trouve moche, cher, mal conçu. De plus, des filets de sécurité se- Paris, à Chessy, à l’est de Paris. Le parc d’attractions le plus visité
ront ensuite posés sur sa façade pour empêcher les dalles de tom- d’Europe deviendra la première destination touristique de
ber, ce qui n’arrange pas l’esthétique de l’édifice. La même année, France. En 1994, l’Eurostar, le train qui passe par le tunnel sous
c’est au tour de l’Arche de la Défense (aussi appelée la Grande la Manche, permet de relier Londres à Paris en trois heures.
Arche) d’être inaugurée : une version contemporaine de l’Arc de Mais il faudra attendre 1998 pour que les yeux du monde
Triomphe qui s’inscrit dans « l’axe historique parisien », reliant le entier se tournent vers la capitale. Lors de la Coupe du monde
Louvre au quartier d’affaires de la Défense. de football, les Bleus de Zinedine Zidane enflamment le pu-
L’année 1989 est marquée par des célébrations d’envergure : blic. Dans un Stade de France flambant neuf, les tricolores
les 100 ans de la tour Eiffel, le bicentenaire de la Révolution fran- remportent la finale face au Brésil. Sur les Champs-Élysées,
çaise. Le 14 juillet, le publicitaire Jean-Paul Goude met en scène c’est la liesse. La foule parisienne, toutes origines confon-
une immense parade colorée sur les Champs-Élysées. L’évè- dues, célèbre la victoire de l’équipe « black-blanc-beur ». Paris,
nement est suivi par 800 millions de téléspectateurs à travers champion du monde !

rassembler strié,e [stʀije] la dalle drapé,e le riverain [ʀivʀ] enflammer toutes origines
, zusammentragen , gestreift , Platte , gehüllt , Anwohner , begeistern confondues
, hier: aus aller
sphérique [sfeʀik] provoquer un tollé le quartier d’affaires dresser renouveler flambant neuf,ve
Herren Länder
, kugelförmig , einen Sturm , Geschäftsviertel , erheben [ʀənuvle] , funkelnagelneu
der Entrüstung , wiederholen black-blanc-beur
susciter [sysite] d’envergure le bord [bOʀ] remporter
hervorrufen [blakblbœʀ]
, erregen , aufwändig , Ufer accourir [akuʀiʀ] , gewinnen
, Ausdruck der
conçu,e [ksy] , herbeiströmen
se doter [dOte] de qc le bicentenaire une foule de la liesse [ljɛs] Multiethnizität
, geplant
, sich etw. zulegen , 200. Jahrestag , hier: eine große les Bleus , Freudentaumel Frankreichs
le filet Zahl , frz. Fußball-
La Joconde le publicitaire nationalmannschaft
, Netz
, Mona Lisa , Werbefachman

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25
François Mitterrand

ÉCOUTE 63
PA R I S, TOUTE UN E H ISTO IRE
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Paris aujourd’hui
Mit der Jahrtausendwende gibt sich die Hauptstadt grün und exportiert ihre
guten Ideen. An der Seine kann man sonnenbaden und einmal im Jahr nachts
durch die Museen wandeln. Aber in einem Ballungsraum mit 12 Millionen
Einwohnern bleibt das Zusammenleben eine Herausforderung. VON VINCENT PICOT
MOYEN

P
aris entre dans le nouveau millénaire avec l’envie
de se mettre au vert. Dès 2001, la capitale initie
une grande politique écologique : elle fait la
chasse aux voitures et privilégie les transports
dits « doux » – c’est-à-dire peu ou pas polluants –,
sous la houlette du maire Bertrand Delanoë. La ville entreprend
des transformations pour réorganiser les modes et les habitu-
des de déplacements : des pistes cyclables et des couloirs de
bus sont tracés, et une ligne de tramway est créée sur les bou-
levards des Maréchaux. Parallèlement, les Parisiens se mettent
au vélo. Quelques années plus tard, ils ont la possibilité de louer
des Vélib’ – contraction des mots « vélo » et « liberté » – que l’on
peut prendre et remettre dans n’importe quelle station Vélib’
de la capitale. Quant aux piétons, ils peuvent maintenant se
promener le long de la « coulée verte » René-Dumont. Cette pro-
menade plantée d’arbres relie le quartier de la Bastille à la porte
de Montempoivre, au sud-est de Paris. Ancienne voie ferroviaire
longue de 4,7 km, elle a été réaménagée et végétalisée dans les
années 1980.
Avec la sortie du film Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain
(2001), les Parisiens redécouvrent les vieux bistrots et un art
de vivre rétro. Une nouvelle population branchée voit le jour :
les bobos. Le cliché veut qu’ils habitent dans des lofts près du
canal Saint-Martin, qu’ils mangent bio et qu’ils chinent souvent
dans les brocantes. Reine de l’art de vivre à la française, la capi-
tale continue d’innover pour le bien-être de ses habitants. Ainsi,
bronzer sur un transat au bord du fleuve, les pieds dans le sable,
face à l’île de la Cité est désormais possible, grâce à l’opération
Paris plages. En 2002, la rive droite de la Seine est fermée à la cir-
culation et recouverte de sable. Elle devient ainsi, chaque été, la

se mettre au vert [ovɛʀ] la coulée verte voir le jour


, sich einen grünen , Grünzug , entstehen
Anstrich geben
relier [ʀəlje] le bobo (bourgeois
sous la houlette de qn , verbinden bohème)
, unter js Führung , alternativ eingestellter
la voie ferroviaire
Wohlstandsbürger
la piste cyclable [siklabl] , Eisenbahntrasse
, Radweg chiner
réaménager
, trödeln Erfahren Sie mehr
le couloir , neu gestalten
über dieses Thema
, hier: Spur la brocante [bʀOkt] auf Écoute–Audio:
branché,e
, Trödelmarkt www.ecoute.de/
tracer , in, angesagt
ecoute–audio
, anlegen le transat [tʀzat]
, Liege

64 ÉCOUTE
PA R I S , T O UT E UN E HI STOI R E
|

26
plus grande plage de France, au plus grand bonheur des enfants,
des boulistes et des adeptes d’activités ludiques ou du farniente.
Paris plages connaît un tel succès que l’évènement sera reconduit
d’année en année et même exporté à l’étranger. Le concept Nuit
blanche est lui aussi très populaire. Le temps d’une nuit, le public
a accès gratuitement aux musées et institutions culturelles
publiques ou privées. Le principe fera école et sera également
décliné partout dans le monde.
Le Paris du début des années 2000, c’est aussi des tensions so-
ciales qui éclatent dans les banlieues défavorisées. À l’automne
2005, la mort de deux jeunes poursuivis par la police à Clichy-
sous-Bois (en Seine-Saint-Denis) met le feu aux poudres. Les
cités connaissent des nuits de violence. D’abord dans les ban-
lieues chaudes autour de Paris, puis dans les cités de toute la
Collage: Kathrin Redl. Fotos: Vitpho, Venus Kaewyoo/Shutterstock.com; Givaga/iStock.com; mauritius images/Directphoto Collection/Alamy

France. Ce vent de révolte, qui résulte de la ghettoïsation eth-


nique et sociale d’une partie de la population urbaine, ne touche
pas Paris intra-muros. Le paisible centre-ville compte deux
millions d’habitants, bien loin des 12 millions d’habitants qui
composent l’agglomération parisienne (411 communes).
Afin de corriger les inégalités territoriales et d’améliorer le
cadre de vie des Franciliens, un vaste projet est lancé en 2008,
le Grand Paris (voir Écoute 14/22). L’idée principale est de réa-
liser une grande boucle de transports en commun, surtout fer-
roviaires, autour de la capitale. Autre enjeu : l’amélioration de
l’accueil des touristes. Ces derniers étaient plus de 32 millions
par an à visiter la ville avant 2020, un niveau que Paris pourrait
retrouver dès 2022. Anne Hidalgo, maire de Paris depuis 2014,
assure la continuité de ces projets, pour la plupart initiés lors des
mandats successifs de Bertrand Delanoë. Paris change et évolue.
Mais « Paris sera toujours Paris ». À condition que la Ville lumière
ne se repose pas sur ses lauriers.

le bouliste mettre le feu aux la boucle


, Boule-Spieler poudres , Ring
, die Lunte ans
l’adepte [ladɛpt] (m) les transports (m) en
Pulverfass legen
, Fan commun [kOm]
la cité , öffentlicher
ludique
, Vorstadt Nahverkehr
, spielerisch
intra-muros l’enjeu [lZø] (m)
reconduire [tʀamyʀos] , Herausforderung
, wiederholen
, in der Innenstadt
le mandat [mda]
Les Vélib’ décliner
, übernehmen
paisible [pezibl]
, ruhig
, Amtszeit

évoluer
éclater composer , sich verändern
, ausbrechen
, ausmachen
à condition que
défavorisé,e l’agglomération (f) , vorausgesetzt, dass
, sozial schwach
, Ballungsgebiet
se reposer sur ses
poursuivi,e par le cadre de vie lauriers
, verfolgt von
, Umgebung , sich auf seinen
Lorbeeren ausruhen
le Francilien [fʀsilj]
, Bewohner der Region
Île-de-France

ÉCOUTE 65
LE M OIS PROCHAIN...
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