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THEME 1 : COMPRENDRE UN REGIME POLITIQUE, LA DEMOCRATIE

AXE 1 : PENSER LA DEMOCRATIE : DEMOCRATIE DIRECTE, DEMOCRATIE REPRESENTATIVE

Problématique : En quoi le fonctionnement de la démocratie peut-il faire l’objet


d’un débat entre démocratie directe et démocratie représentative ?

I – UNE DEMOCRATIE DIRECTE MAIS LIMITEE : ATHENES A Ve SIECLE AVANT JC

A – Mise en contexte

Document 1 : Les réformes de Clisthène (507 avant JC) et la mise en œuvre de la démocratie

Document 2 : Plan de la cité d’Athènes


Document 3 : Les progrès de la démocratie à Athènes

B – Une démocratie directe

Document 4 : Périclès vante les qualités de la démocratie athénienne

Dans cet extrait, l’historien Thucydide met en scène l’oraison funèbre prononcée par Périclès pour les combattants
athéniens morts durant la première année de la Guerre du Péloponnèse.
« Notre régime a pris le nom de démocratie parce-que le pouvoir est entre les mains du peuple et non d’une
minorité. Mais si, en ce qui concerne le règlement de nos différends particuliers nous sommes tous égaux devant la
loi, c’est en fonction du rang que chacun de nous occupe dans l’estime publique que nous choisissons les magistrats
de la cité, les citoyens étant désignés selon leur mérite plutôt qu’à tour de rôle. D’un autre côté, quand un homme
sans fortune peut rendre quelques services à l’Etat, l’obscurité de sa condition ne constitue pas pour lui un obstacle.
Nous nous gouvernons dans un esprit de liberté, et cette même liberté se retrouve dans nos rapports quotidiens,
d’où la méfiance est absente. […] Nous obéissons aux magistrats qui se succèdent à la tête de la cité, comme nous
obéissons aux lois, à celles surtout qui assurent la protection des victimes de l’injustice […] »

Thucydide (vers 460-395 avant JC). La Guerre du Péloponnèse, II, 37

Document 5 : Le fonctionnement de la Document 6 : Les instruments de la démocratie.


démocratie athénienne
Jetons de vote au tribunal de l’Héliée (la tige
pleine ou creuse signifie « coupable » ou « non
coupable »)
Clepsydre utilisée lors des débats à la Boulè Document 7 : Ostrakon portant le nom de
Périclès. Si 10 000 citoyens votent l’ostracisme de l’un
d’entre eux, ce dernier est banni de la cité. Il conserve
ses biens mais ne peut y revenir avant dix ans. De
puissants hommes politiques, comme Thémistocle
(héros de la guerre contre les Perses) ont ainsi été
écarté du pouvoir.

C – Une démocratie limitée

Document 8 : Comment on devient citoyen


« Prennent part à la vie politique ceux qui sont nés d’un père et d’une mère athéniens. Les jeunes gens sont inscrits
parmi les membres du dème1 à l’âge de 18 ans. Au moment de cette inscription, les citoyens, après avoir prêté
serment, décident par un vote, d’une part s’ils ont l’âge exigé par la loi et d’autre part s’ils sont de condition libre
et de naissance légitime […]. Après que les éphèbes aient subis cet examen à 18 ans, leurs pères élisent trois citoyens
pour les diriger […]. Ces chefs, après avoir réuni les éphèbes, commencent par faire avec eux la tournée des
sanctuaires puis se rendent au Pirée où ils tiennent garnison […]. Ils passent ainsi la première année de l’éphébie.
La seconde année, après avoir été passés en revue devant le peuple assemblée au théâtre, ils reçoivent alors de la
cité un bouclier et une lance, effectuent des rondes militaires et tiennent garnison dans les forts […]. A l’expiration
des deux années, ils sont désormais confondus avec les citoyens. »

Aristote, La Constitution des Athéniens (42), IVe siècle avant J.-C.

Document 9 : Une dérive de la démocratie, la corruption des magistrats


Le personnage, Philocléon est juge. Son nom, qui signifie « qui aime Cléon » est inspiré d’un homme politique
athénien connu pour avoir augmenté l’indemnité accordée aux juges de l’Héliée.
PHILOCLÉON. —Qu'y a-t-il de plus heureux, de plus fortuné qu'un juge ? Quelle vie est plus délicieuse que la sienne
? […] Dès que je parais, je me sens pressé par la main délicate de quelqu’un qui a dérobé les deniers de l'État 2 ; les
coupables tombent à mes pieds, en disant, d'une voix lamentable : « Aie pitié de moi, mon père, je t'en conjure, par
les larcins que tu as pu faire toi-même dans l'exercice des charges publiques, ou dans l'approvisionnement des
troupes ! » […] Ensuite, je prends place au tribunal, chargé de supplications, et, ma colère une fois calmée, je ne fais
rien de tout ce que j'ai promis ; mais j'entends les voix d'une foule d'accusés qui réclament leur acquittement. Voyez
! quelles caresses ne fait-on pas alors au juge ? Les uns déplorent leur misère, […] les autres nous racontent des
histoires, et d'autres quelque trait comique d'Ésope3 ; ceux-là disent quelque bon mot, pour me faire rire et
désarmer ma rigueur. Si rien de tout cela ne me touche, ils amènent leurs enfants par la main, filles et garçons ;
j'écoute, et, baissant la tête, ils bêlent tous ensemble. (…) N'y a-t-il pas là une grande puissance, et de quoi se
moquer de la richesse ? (…) Mais de tous ces biens j'oubliais le plus délicieux. Quand je rentre à la maison avec mon
salaire, alors tous les miens viennent m'embrasser pour mon argent.

Aristophane : Les Guèpes, vers 422 avant JC

1
Dème : circonscription de base de la démocratie athénienne. Il y a trente dèmes sur le territoire d’Athènes (10 sur la côte, 10
dans l’intérieur, 10 dans la ville-centre). Avec un dème de chaque, on compose les 10 tribus d’Athènes.
2
Deniers de l’Etat : l’argent public
3
Esope : auteur de fables grec
II – PARTICIPER OU ETRE REPRESENTE : DEBAT AUTOUR DE LA DEMOCRATIE INDIRECTE

A – Mise en contexte

1°) Le contexte historique : la France après 1815, un pays marqué par la Révolution française

Document 10 : Chronologie de la Révolution française

Document 11 : L’organisation de pouvoirs sous la Restauration


2°) Le contexte géopolitique : la France, un pays affaibli par les guerres napoléoniennes

Document 12 : CARTES : la France en 1814, et en 1815 après le congrès de Vienne

B – « Liberté des Anciens et des modernes » : participer ou être représenté

Document 13 : La liberté des Anciens, un exercice constant du droit politique

La liberté des Anciens4 consistait à exercer collectivement, mais directement, plusieurs parties de la souveraineté
toute entière, à délibérer, sur la place publique, de la guerre et de la paix, à conclure avec les étrangers des traités
d’alliance, à voter les lois, à prononcer les jugements, à examiner la gestion des magistrats, à les mettre en
accusation, à les condamner ou à les absoudre ; mais en même temps que c’était là ce que les Anciens nommaient
liberté, ils admettaient comme compatible avec cette liberté collective l’assujettissement complet de l’individu à
l’autorité de l’ensemble. Vous ne trouvez chez eux presque aucune des jouissances faisant partie de la liberté des
Modernes. Toutes les actions privées sont soumises à une surveillance sévère. Rien n’est accordé à l’indépendance
individuelle, ni sous le rapport des opinions, ni sous celui de l’industrie, ni surtout sous le rapport de la religion. »

Benjamin Constant, De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes, discours prononcé en 1819

Document 14 : la liberté des Modernes, celle de déléguer le pouvoir politique

Que le pouvoir s'y résigne donc; il nous faut de la liberté, et nous l'aurons; mais comme la liberté qu'il nous faut est
différente de celle des anciens, il faut à cette liberté une autre organisation que celle qui pourrait convenir à la
liberté antique; dans celle-ci, plus l'homme consacrait de temps et de force à l'exercice de ses droits politiques, plus
il se croyait libre; dans l'espèce de liberté dont nous sommes susceptibles, plus l'exercice de nos droits politiques
nous laissera de temps pour nos intérêts privés, plus la liberté nous sera précieuse.
De la vient, Messieurs, la nécessité du système représentatif. Le système représentatif n'est autre chose qu'une
organisation à l'aide de laquelle une nation se décharge sur quelques individus de ce qu'elle ne peut ou ne veut pas
faire elle-même. […] Le système représentatif est une procuration donnée à un certain nombre d'hommes par la
masse du peuple, qui veut que ses intérêts soient défendus, et qui néanmoins n'a pas le temps de les défendre
toujours lui-même. […] les peuples qui, dans le but de jouir de la liberté qui leur convient, recourent au système
représentatif, doivent exercer une surveillance active et constante sur leurs représentants, et se réserver, à des
époques qui ne soient pas séparées par de trop longs intervalles, le droit de les écarter s'ils ont trompé leurs vœux,
et de révoquer les pouvoirs dont ils auraient abusé.

Benjamin Constant, De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes, discours prononcé en 1819

Document 15 : Des élections manipulées sous la Restauration ? Le roi Louis-Philippe distribue des
récompenses aux électeurs. Daumier, Honnêtes récompenses, 1834

4
Anciens : peuples de l’Antiquité
Document 16 : La population française en 1815. Source : Insee
Population française totale 28 millions d’individus
Nombre d’électeurs 110 000
Taux d’alphabétisation Femmes : 28%
(ici, capacité à signer de son Hommes : 48%
nom)
Composition de la population Secteur primaire (agriculture, élevage, pêche, bois) : 85%
active Secteur secondaire (artisanat, industrie) : 5%
Secteur tertiaire (domesticité, professions libérales) : 10%
Taux d’urbanisation Entre 20 et 25%
(% de la population vivant en
ville)

Document 17 : une revendication timide au suffrage universel.

« Jusqu’en 1847, la revendication du suffrage universel reste très minoritaire, circonscrite à de petits noyaux
républicains. Les socialistes eux-mêmes sont loin d’en faire un cheval de bataille privilégié et les libéraux les plus
avancés se contentent de revendiquer un élargissement progressif de l’électorat. […] En France, la démocratie
comme participation populaire à la décision politique a été marquée de façon indélébile par l’expérience
révolutionnaire. Durant toute la première moitié du XIXe siècle, le suffrage du nombre reste lié à des images de
désordre, à des scènes d’émeute, à des procédures expéditives. »

Pierre Rosanvallon, François Guizot et la culture politique de son temps, Gallimard-Le Seuil, 1991

Document 18 : La question du vote féminin.

La moyenne des hommes et des femmes sont également incapables de juger actuellement des choses politiques.
Elles dépassent infiniment leurs capacités d'attention et de compréhension. (...) Les femmes étant encore plus
livrées que les hommes aux forces émotives, seront emportées plus massivement encore par ces vastes ondes... La
masse électorale nouvelle en s'ajoutant à l'ancienne ne fera qu'amplifier les vibrations de l'opinion régnante ».
Romain Rolland : Le nouveau monde, 1925

Document 19 : Voter, c’est abdiquer. Une mise en cause de la représentation

« Ce qu’il y a à dire au sujet du vote électoral, peut se formuler en quelques mots : voter, c’est abdiquer. Nommer
un ou plusieurs maîtres, pour une période courte ou longue, c’est renoncer à sa propre souveraineté. Sans doute,
les votants croient à l’honnêteté de ceux auxquels ils accordent leurs suffrages, et peut être ont-ils raison le premier
jour quand les candidats sont encore dans la ferveur du premier amour. Mais chaque jour à son lendemain.
N’abdiquez donc pas ! Ne remettez pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs.
Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois puisqu’ils se chargent de les rédiger, et que leur mission est
de vous faire obéir. Voter, c’est être dupe. Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intérêts à d’autres, défendez-les
vous-mêmes ! Agissez !

Elisée Reclus, lettre, 1885 (reprise plus tard dans des affiches anarchistes).

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