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EPREUV E DE HG GS P - Prem i ère 


Comprendre un régime politique : la démocratie.

Comprendre un régime politique :


la démocratie

Introduction : la démocratie, les démocraties : quelles


caractéristiques aujourd’hui ?

Il s’agit ici de définir ce qui caractérise la démocratie aujourd’hui. Pour cela, on peut partir
de l’étymologie du mot (demos = le peuple et kratos = le pouvoir en grec.) Il s’agit d’un
principe et non d‘un mode de gouvernement.

On pourrait toutefois le définir comme étant, selon le mot d’Abraham Lincoln, « le


gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ».

Cette définition engendre plusieurs conséquences, comme le nécessaire respect des


libertés individuelles et collectives. Celles-ci, définies par la Déclaration des Droits de
l’Homme et du Citoyen de 1789 actualisés par la Déclaration Universelle des Droits de
l’Homme de 1948 définissent les droits dont jouissent les citoyens, tels que la liberté
d’expression, d’opinion, de manifestation. La démocratie suppose l’existence d’une
citoyenneté active, basée sur l’égalité entre tous. Par citoyens, on entend ceux qui sont
aptes à participer à la vie de la « cité », entendue comme communauté politique : droit de
vote, de se présenter aux élections, etc.

On peut distinguer aujourd’hui différents types de démocraties, dont les deux principaux
sont :
- Démocratie directe : le peuple, entendu comme l’ensemble des citoyens, gouverne
directement. C’est le modèle de la citoyenneté athénienne telle que définie au Ve s. av.
J.-C.
- Démocratie représentative : le peuple désigne des représentants pour gouverner en
son nom. C’est le cas de la grande majorité des démocraties actuelles.

La démocratie participative serait un mode de fonctionnement qui permettrait aux


citoyens de se sentir plus impliqué dans les décisions politiques prises en prenant le
maximum de décisions à l’échelon le plus proche de celui-ci.

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Les démocraties représentatives que nous connaissons aujourd’hui sont basées sur la
notion de souveraineté du peuple. En France, l’article 3 de la Constitution de 1958
précise que « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par la voie de
ses représentants ou par référendum ». Elle précise également que cette souveraineté est
« une et indivisible ». La démocratie s’oppose donc aux régimes autoritaires, ou semi-
autoritaires. Dans ces derniers, la liberté est limitée voire réprimée et les citoyens exposés
à l’arbitraire des décisions politiques. Les totalitarismes du XXe siècle (nazisme,
stalinisme) disparus, on observe aujourd’hui des formes variables de régimes autoritaires :
dictatures fermées comme en Corée du Nord, ou plus libérales comme en Chine, qui
sont des régimes totalitaires - ayant pour objectif d’installer, au nom d’une idéologie, une
domination politique, culturelle et économique - ou bien « démocratures » ou
« dictocraties » comme en Russie ou en Turquie. On entend par là des régimes qui, sous
l’apparence de démocraties (maintient d’élection, semblant de multipartisme etc.)
fonctionnent en réalité comme des dictatures.

Le fonctionnement démocratique connaît régulièrement des crises et des remises en


question qui nécessitent régulièrement de le repenser.

I. Penser la démocratie : démocratie directe et démocratie


représentative
1. Une démocratie directe mais limitée : être citoyen à Athènes au ve siècle

Athènes a mis en place, de façon progressive, au cœur des Ve et IVe siècles av. J.-C., un
système original, d'une grande complexité, lui permettant de venir une grande puissance
de son temps et d'acquérir un prestige immense parvenu jusqu'à nous grâce aux sources
qui ont pu être préservées.

Ce système basé sur la polis (cité en grec), communauté d’hommes libres (citoyens)
exerçant leur pouvoir à l’ecclesia qui élit ou tire au sort les magistrats.

Après avoir connu la tyrannie et l’oligarchie la cité d’Athènes se tourne en 508 vers la
démocratie à la suite des réformes de Clisthène, qui assurent un pouvoir égal à tous les
citoyens. Lors des guerres médiques opposant les Athéniens aux Perses, les pouvoirs de
l’ecclésial sont renforcés : elle est désormais contrôlée, mais peut aussi nommer les
stratèges qui dirigent l’armée. Les magistrats sont généralement tirés au sort au sein de
l’ecclésia. Après les victoires de Marathon et de Salamine, le système démocratique
athénien sort renforcé.

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Néanmoins cette démocratie à Athènes est limitée. Dans cette cité-État fondée sur
l’esclavagismes seuls les hommes sont citoyens ; il faut pour cela avoir fait son éphébie et
être fils de citoyen et de mère fille de citoyen pour avoir le droit de cité, depuis les
réformes menées par Périclès. L’expérience démocratique y fut donc de courte durée et
toujours contestée, notamment par Aristote.

2. Participer ou être représenté : Benjamin Constant « liberté des anciens, liberté


des modernes »

Benjamin Constant (1767-1830), écrivain représentant du courant romantique, mais


également politiste libéral, témoin de la Révolution Française, en refuse les excès, comme
la Terreur et l’affirmation d’un pouvoir fort. Pour lui, l’État doit avant tout respecter les
libertés individuelles garanties par une Constitution. Dans son discours de 1819,
Constant distingue deux types de libertés : celle des Anciens, en Grèce, à Rome, la
liberté politique, la délibération publique des grandes affaires de la Cité au prix de
« l’assujettissement de complet de l’individu à l’autorité de l’ensemble » et celle des
Modernes, liberté individuelle, liberté d’opinion et d’expression, liberté religieuse, liberté
de détenir une propriété, de travailler et de commercer. « Le but des anciens était le
partage du pouvoir social entre tous les citoyens d’une même patrie. C’était là ce qu’ils
nommaient liberté. Le but des modernes est la sécurité dans les jouissances privées ; et
ils nomment liberté les garanties accordées par les institutions à ces jouissances. »

Ainsi, Benjamin Constant défend le système représentatif qui permet de se décharger


du travail politique. « Le système représentatif est une procuration donnée à un certains
nombres d’hommes par la masse du peuple, qui veut que ses intérêts soient défendus, et
qui néanmoins n’a pas le temps toujours de les défendre lui-même ». En contrepartie
chaque citoyen doit être vigilant pour que l’exercice de ses droits soit garanti.

II. Avancées et reculs des démocraties


1. L’inquiétude de Tocqueville : de la démocratie à la tyrannie ? Une analyse
politique

Alexis de Tocqueville, n’est au départ pas un partisan de la démocratie. Il croit plutôt en


une forme de société dirigée par des élites éclairées, considérant que l’élection au
suffrage universel signifie la tyrannie de la majorité. Dans De la démocratie en Amérique
(1835 - 1840), il montre que l’État de droit et les libertés individuelles vont de pair
avec le progrès économique et social. Il met en avant l’importance du multipartisme et

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de l’engagement à l’échelle locale. Mais il craint que ce système ne finisse par aboutir à
une atomisation de la société, chaque individu suivant ses propres intérêts, et la
mainmise du pouvoir par un despote.

2. Crises et fin de la démocratie : le Chili de 1970 à 1973

L’expérience démocratique du gouvernement de Salvador Allende représente l’échec de


l’arrivée de la gauche au pouvoir au Chili, qui fait face à une double contestation : d’un
côté un mouvement révolutionnaire appelant à une transformation radicale, et de l’autre
les partis conservateurs soutenus par les États-Unis, dans un contexte de Guerre Froide.
Le choix d’Allende de respecter les droits de l’opposition conservatrice et de garder sa
confiance envers les chefs d’État-major lui sera sans doute fatal. L’armée se prépare en
fait à renverser le gouvernement : un premier coup d’État militaire échoue le 29 juin
1973 alors qu’un second réussit le 11 septembre, se soldant par l’assassinat d’Allende
et l’arrivée au pouvoir du régime d’extrême-droite du général Augusto Pinochet. Cet
exemple montre la fragilité des systèmes démocratiques quand ils ne s’appuient pas sur
des bases stables.

3. D’un régime autoritaire à la démocratie : le Portugal et l’Espagne de 1974 à 1982

Les exemples du Portugal et de l’Espagne sont ceux d’une transition démocratique


pacifique dans deux contextes différents. D’un côté une lente sortie de la dictature de
Salazar au Portugal, mort de Franco en Espagne.

Au Portugal, la Révolution des Œillets du 25 avril 1974 constitue un exemple de coup


d’État porteur d’un projet démocratique, massivement soutenu par le peuple et organisé
au sein de l’Armée. L’adoption de la Constitution du 2 avril 1976 marque la fin d’un
processus complexe de transition et le début d’un régime parlementaire, dont le point
d’orgue est l’adhésion du Portugal à la CEE en 1986.

En Espagne, après la mort du Caudillo, l’opposition de gauche de nouveau légalisée


entame des discussions avec les successeurs de Franco qui accepte de moderniser le
pays et d’accepter le rôle du roi et de la monarchie. Des soubresauts autoritaires
marqueront toutefois la période jusqu’au coup d’État du 23 février 1981, ultime sursaut
d’un franquisme en voie d’extinction.

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Objet de travail conclusif. L’union européenne et la démocratie


1. Le fonctionnement de l’Union européenne : démocratie représentative et
démocratie déléguée

L’Union européenne est une association d’États qui se sont dotés d’institution mêlant
démocratie représentative - vote au suffrage universel direct pour les 751 députés du
Parlement européen par exemple) et démocratie déléguée (cas de la Commission
européenne issue des gouvernements) ainsi qu’un de démocratie participative, le traité
de Lisbonne de 2005 ayant introduit la possibilité, limitée, d’un référendum d’initiative
citoyenne.

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2. L’Union européenne face aux citoyens et aux états : les remises en question
depuis 1992

Son fonctionnement complexe a évolué depuis la CEE instituée par le Traité de Rome
en 1957 par les six Etats fondateurs. L’adhésion de nouveaux États (Portugal, Espagne
en 1986 par exemple), le renforcement de la citoyenneté européenne marquée par
l’Acte Unique pour par le Traité de Maastricht en 1992, l’élargissement aux anciennes
« démocraties populaires » d’Europe de l’Est en ont renforcé le poids international, mais
ont sans doute éloigné les citoyens des institutions, par exemple dans l’Europe du
Sud, ou l’UE a contribué à imposer des politiques d’austérité après la crise financière de
2008. La question migratoire a aussi démontré depuis 2015 l’absence de solidarité et la
montée d’un repli nationaliste, dans des pays comme la Hongrie, la Pologne ou la
Slovaquie (groupe de Visegrad), puis en Italie. Le Brexit en 2016 ainsi que l’abstention
aux élections européennes de 2019, bien qu’en léger recul semble également symboliser
le rejet culminant de l’Union Européenne.

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