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Leçon 2 : L’ACCESSION A L’INDEPENDANCE DE LA COTE D’IVOIRE

Introduction
Devenue colonie française le 10 Mars 1893, la Côte d’Ivoire fut soumise au système
d’administration directe basé sur le code de l’indigénat. La colonie connut le nationalisme qui a
favorisé le mouvement d’émancipation dominé par FBH. Ce nationalisme s’est traduit par les
révoltes des indigènes face aux exactions du système colonial. La lutte émancipatrice qui a
conduit la colonie à l’indépendance, s’inscrit dans le cadre de la décolonisation de l’Afrique
Noire Française.
I- LES FACTEURS DE LA DECOLONISATION DE LA COTE D’IVOIRE
Un contexte favorable justifie la décolonisation de la côte d’ivoire. Nous allons à cet effet retenir
deux facteurs : les facteurs internes et externes.
1- Les facteurs internes

1-1- Les abus du système colonial


Les colonies ivoiriennes étaient victimes de nombreux abus.
- La mobilisation forcée des ivoiriens à participer à la guerre aux cotés de la France.
- Le paiement obligatoire de diverses taxes (impôt de capitation, impôt sur les revenus)
- Le racisme entre Blancs et Noirs.
- Les prestations gratuites et obligatoires (les travaux forcés, le portage, les corvées).
- Le développement des cultures commerciales obligatoires au détriment des cultures
vivrières.
- Les différentes humiliations instituées par le code de l’indigénat. Ce code donnait en effet
plein pouvoir aux colons d’administrer de dures corrections aux indigènes récalcitrants.
- Les injustices entre les planteurs ivoiriens et Européens. Les produits des Européens
étaient payés à des prix très élevés alors que ceux des africains étaient payés à des prix très
bas.
Ces abus créent chez les indigènes un sentiment de révolte que les élites indigènes vont exploiter.

1-2- L’action des élites indigènes


Exemple : Félix Houphouët Boigny
Empruntant les idées d’égalité et de justice, ces élites dénoncent les abus et favorisent la prise de
conscience chez les colonisés et les organisent pour lutter contre le pouvoir colonial. Toutes ces
actions anticoloniales sont soutenues par l’extérieur.

2- les facteurs externes

2-1- L’impact de la 2e guerre mondiale


La 2e guerre mondiale provoqua la ruine et l’affaiblissement de la France. Cette situation
entraîna le relâchement dans l’administration coloniale.
2-2- Les pressions extérieures
Après la 2è guerre mondiale, les oppositions à la colonisation se multiplièrent. L’opinion
publique en Europe se montrait moins attachée aux colonies : elle craignait que leur entretien soit
coûteux. D’autres pressions accélérèrent le mouvement de décolonisation :
-Les Etats-Unis, ancienne colonie, se sentaient solidaires des peuples dominés.
-Au nom des idéaux marxistes d’égalité, l’URSS (et les communistes en général) s’opposaient à
l’impérialisme colonial.
-Les grands mouvements religieux exercèrent également des pressions importantes.
-Les mouvements nationalistes bénéficièrent de nouvelles solidarités telles que le panafricanisme,
qui affirmait l’égalité entre les races et prônait la solidarité entre les peuples noirs.
-Le mouvement de la négritude qui exprimait la fierté d’être noir.
-L’ONU était anticolonialiste car elle confirmait le droit des peuples à disposer d’eux -même, à se
gouverner. Elle va donc aider les colonies dans leur lutte émancipatrice.

2-3- La conférence de Bandoeng


C’est une conférence qui s’est tenue en 1955 et a réunit 28 pays d’Asie et d’Afrique pour
condamner le colonialisme. Cette conférence a montré la prise de conscience des pays colonisés
qui décide de faire front commun contre le colonialisme.

Tous ces facteurs internes et externes vont contraindre le colonisateur à assouplir et à revoir sa
politique dans la colonie de Côte d’Ivoire. La marche vers l’indépendance de la colonie s’est
déroulée en trois (03) grandes étapes :
- L’étape de l’espoir 1944 à 1946
- L’étape de la lutte 1946 à 1950
- L’étape de la collaboration (1950 à 1960) qui à conduit à l’indépendance

II- LES ETAPES DE DECOLONISATION DE LA COTE D’IVOIRE

A- La période de l’espoir
Cette période fut marquée par la conférence de Brazzaville et l’Union Française.

1- La conférence de Brazzaville (30 janvier 1944 au 08 février 1944)


Affaiblie par la guerre et confrontée à l’anticolonialisme internationale particulièrement aux
sentiments anticoloniaux dans les colonies ; la France comprend qu’il est nécessaire de faire des
concessions dans le fonctionnement du système colonial. De plus dans les colonies de l’Afrique
du Nord, les nationalistes rejettent la tutelle Française au moyen de manifestes. Ainsi c’est pour
éviter que ces exemples contaminent les colonies d’Afrique Noire, la France prend des
dispositions dont la 1ère est l’organisation de la conférence de Brazzaville. Cette conférence a été
convoquée par le CFLN (Comité Français de Libération Nationale) et présidée par le Général de
Gaulle (autorité métropolitaine anticolonialiste). La conférence avait pour objectif de proposer
des assouplissements ou des réaménagements du système colonial, mais aussi de réaffirmer
l’autorité de la France à faire preuve de reconnaissance et d’encouragement pour les efforts de
guerre. Cette conférence promet une évolution positive des colonies sur le plan socio-
économique, politique et culturel. Ces recommandations sont les suivantes :
 La création des assemblées locales composées d’Européens et d’indigènes.
 L’accès des indigènes à tous les emplois
 La suppression progressive du travail forcé.
 Le développement de l’instruction (le droit à l’instruction)
 Une large représentation des indigènes dans l’assemblée politique Française.
Dans la colonie de la Côte d’Ivoire, le gouverneur André Latrille allié des indigènes tentera
d’appliquer ces recommandations. Ces reformes devraient permettre aux colonies de participer à
la gestion des affaires de la colonie. Cependant la conférence comporte de nombreuses limites :
 Les indigènes n’ont pas été représentés à la conférence
 Les reformes excluaient toutes idées d’indépendances des colonies française
Toutes les reformes n’ont pas été appliquées à la fin de la 2ème guerre mondiale sauf l’élection des
représentants à l’assemblée constituante Française (l’élection du député Félix Houphouët Boigny
en tant que président du SAA).
A partir de 1946, la France élabore une nouvelle constitution en lieu et place de l’application
effective des reformes promises aux colonies à la conférence de Brazzaville.

B- La constitution de 1946 et l’Union Française.


Adoptée le 27 Octobre 1946 par les députés à l’Assemblée constituantes la nouvelle constitution
inaugure la 4ème République et institue l’Union Française. Cette Union est l’ensemble formé par
la république Française avec les départements et territoires d’outre mer ainsi que les territoires et
Etats associés. L’UF avait pour but de renforcer les liens de la France avec les colonies, elle
n’offre aucune possibilité d’indépendance aux colonies. Cependant elle a apporté quelques
aspects positifs :
 La loi Houphouët Boigny du 11 Avril 1946 qui abolit le code de l’indigénat et le travail
forcé.
 La loi Lamine Gueye du 07 Mai 1946 qui reconnait la qualité de citoyen Français à tous
les indigènes.
 La création du FIDES (Fond d’Investissement pour le Développement Economique et
Social) dans le domaine économique ; le fond à financer la construction du canal de Vridi
en 1951 et a permis l’ouverture du port d’Abidjan.
 La possibilité des Africains de siéger désormais à l’Assemblée Française et de militer dans
les partis politiques de leur choix.
 Participation des indigènes à la conduite de leurs affaires par l’intermédiaire de leur
représentant au parlement et au conseil de l’UF.
Le constitution de 1946 renferme beaucoup de contradiction en se sens qu’elle confirme la
prépondérance de la métropole. L’insuffisance des reformes ainsi que le caractère
assimilationniste et paternaliste ruinent l’espoir de liberté et d’indépendance des noirs. Les
colonisés ivoiriens décident face à leur volonté d’indépendance d’intensifier la lutte contre le
pouvoir colonial.

2- L’essor du nationalisme (l’éveil politique dans la colonie de Côte d’Ivoire)


La conférence de Brazzaville avait jeté les bases d’une évolution économique, culturelle, sociale
et politique ; ce qu’a permis au gouverneur André Latrille (1943 – 1947) de favoriser dans la
colonie de Côte d’Ivoire la création du SAA le 10 Juillet 1944 et la liberté de la presse avec la
naissance du journal ‘’FRATERNITE MATIN’’. En tant qu’allié des indigènes André Latrille
avait ainsi, tenté d’appliquer les résolutions de la conférence, afin de permettre aux indigènes
d’améliorer leur condition de vie. Face au mesure discriminatoire dont étaient victimes les
planteurs Africains, les élites comme Gabriel Dadié, Georges Kassi, Félix Houphouët Boigny,
Fulgence Brou, décidèrent de créer une organisation autonome qui grâce à l’appui du gouverneur
Latrille voit le jour. Son but était de défendre les intérêts des planteurs Africains.
L’UF ayant définit les circonstances de création des partis politiques, nous assistons dans la
colonie de Côte d’Ivoire à la naissance de plusieurs conventions politiques. Exemple :

Document 1 : Côte d’Ivoire : Tableau des partis politiques en 1951


PARTIS POLITIQUES DATES DE PRINCIPAUX
CREATION RESPONSABLES

Parti Socialiste (SFCIO) 17 juillet 1937 Dignan Bailly/Amadou Diop

Mouvement Républicain 13 février 1946 Emile Roger


Populaire (MRP)

Parti Progressiste de la 29 mars 1946 Kouamé Binzème/ Kacou


Côte d’Ivoire (PPCI) Aoulou

Parti Démocratique de la 9 avril 1946 Houphouët Boigny/Auguste


Côte d’Ivoire (PDCI- Denise
RDA)

Rassemblement du Peuple 6 août 1947 Robert fournier Bido


Français (RPF)

Bloc Démocratique 30 décembre 1948 Etienne Djaument


Eburnéen (BDE)

Union Des Indépendants 27 mai 1949 Moussa Coulibaly/N’dia


de la Côte d’Ivoire Koffi
(UDICI)

Entente des Indépendants 10décembre 1949 Vamé Doumouva/Amara


de Côte d’Ivoire(EDICI) Camara

Parti de l’Union Française 11novembre 1951 Sékou Sanogo/Kacou Aoulou


(PUFCI)

Source :J.N . Loukou, « le multipartisme en Côte d’Ivoire »,Edition Neter,1992, P.


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A partir de 1946, les partis vont constituer le cadre légal pour les colonies de la lutte pour
l’émancipation des colonies. Certains de ces partis sont le prolongement du parti politique
Français, exemple : SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) d’autres par contre
sont des créations purement nationalistes. Exemple : PPCI, PDCI.
Les Africains se retrouvent au congrès de Bamako pour créer le 18 Octobre 1946 le RDA
(Rassemblement Démocratique Africain). Le RDA est une fédération des partis politiques
provenant de toutes les colonies d’Afrique Noire. Il fut représenté dans toutes les colonies à
travers des sections. Dans la colonie de Côte d’Ivoire c’est le PDCI qui est transformé en section
du RDA et Devient PDCI-RDA. Le but principal du RDA est de libérer l’Afrique Noire de la
colonisation.
De tous les partis politiques dans la colonie Ivoirienne seul le PDCI-RDA va mener la lutte
émancipatrice car les autres partis n’ont aucune influence véritable sur la lutte dans la mesure où
ils ont été utilisés par le pouvoir colonial contre l’action du PDCI-RDA et du SAA.
B- LA STRATEGIE DE LA LUTTE DU PDCI-RDA ET LA REPRESSION COLONIALE
Pendant que le PDCI opte pour la lutte légaliste et progressive pour amener le pouvoir colonial à
faire des reformes dans la colonie de Côte d’Ivoire, la lutte se déroule sous le gouverneur Laurent
Pechou et elle est multiforme.

1. L’action parlementaire
Peu nombreux à l’assemblée nationale Française (≈600 députés dont 20 pour les colonies) les
députés des colonies d’Afrique Noire vont s’associer à des groupes parlementaires ou à des partis
politiques métropolitains. Ils comptaient ainsi bénéficier du soutien des députés métropolitains
dans le vote des lois relatives à l’amélioration des conditions de vie dans les colonies. C‘est ainsi
qu’à l’initiative de Félix Houphouët Boigny, les élus du RDA décident de s’apparenter au PCF
(Parti Communiste Français) en 1947 parrain du congrès de Bamako pour se faire entendre. C’est
l’apparentement du RDA (mais aussi le PDCI et avec le PCF. A cette époque, le PDCI faisait
partir de la coalition des partis au pouvoir en France.

2. Les batailles électorales


Elles étaient surtout violentes entre groupements et partis politiques mais aussi source d’alliances
victorieuses. Bien souvent les listes d’unions des partis proches de l’administration coloniale ou
avec des Européens sont rejetés. Ce sentiment nationaliste voire anti-européen de la majorité a
permis au PDCI de se positionner comme leader de la lutte pour l’indépendance.

3. Les mouvements agricoles et ouvriers


Dès sa création le SAA a engagé avec succès des mouvements de revendication. En effet, ce
syndicat a joué un rôle très important en tant que support matériel du PDCI. Au nombre des
actions nous avons :
- La vente des produits agricoles sans intermédiaires
- La revalorisation des salaires des ouvriers agricoles
- La suppression des travaux forcés des ouvriers dans les plantations des colons.
- Du 10 Octobre 1946 au 03 Janvier 1948 il y a eu la grève des cheminots
4. Les mouvements politiques de masse
On note que le second congrès du RDA confirme les principes anticolonialistes, la nécessité de
renforcement de l’action de masse et le maintien de l’apparentement au PCF. Une série est lancée
à travers la colonie. La stratégie était de mener des actions pouvant faire plier l’autorité coloniale.
Le RDA dans son objectif de libérer l’Afrique de la tutelle Française entreprend beaucoup
d’actions. Mais en 1947 à la suite du déclenchement de la guerre froide, les communistes
Français sont considérés comme des ennemis et chassés du pouvoir. Dès lors le PDCI-RDA est
considéré comme un parti ennemi et traité comme tel. Par ailleurs depuis 1946 les nationalistes
Algériens ont commencé une révolte qui a gênée considérablement l’autorité Française. Celle-ci
voulait éviter de se retrouver face à deux révoltes coloniales. Elle décide donc d’utiliser la
manière forte pour réprimer le PDCI-RDA. En 1947 suite à des émeutes le gouverneur Latrille est
jugé souple et très favorable aux colonisés. Il est rappelé en France et est remplacé par le
gouverneur Laurent Péchoux en 1948 dont la mission était très claire ; « démanteler le PDCI-
RDA », « briser ou casser » l’élan du PDCI à cause de son apparentement au PCF mais aussi à
cause de son audience auprès de la population. Ainsi des partis locaux sont crées et dressés contre
le PDCI-RDA. Laurent Péchoux dans l’exécution de sa mission se livre à des répressions
systématiques pour affaiblir le PDCI. Ces répressions se traduisent par l’interdiction des réunions,
des marches, des meetings, des settings, etc. …. Qui constituent des manifestations politiques du
PDCI-RDA.
- Les affectations abusives des fonctionnaires membres du PDCI
- La répression policière, des arrestations arbitraires, l’emprisonnement des leaders
politiques
- Le licenciement des cadres et des suspensions de salaires.
La répression du système colonial atteint son paroxysme entre 1949 et 1950.
En 1949, la colonie de la Côte d’Ivoire enregistre beaucoup d’incidents. En effet le PDCI
entreprend une série d’actions de masses : des marches, des meetings, des boycottes, des
manifestations du maintien de l’apparentement du PCF. C’est sur ce point que le sénateur
Etienne Djaument exprime son opposition et démissionne de la coalition d’avec le PDCI. Le 06
Février 1949, il convoque une réunion d’explication à Treichville qui dégénère en affrontement
entre les militants du PDCI et les partisans d’Etienne Djaument. Le bilan fait état d’un mort et de
plusieurs blessés.
L’administration coloniale décide alors de sévir. Il s’ensuit plusieurs arrestations : 30 membres
du PDCI dont 08 du comité directeur transférés à la maison d’arrêt de Bassam.
Des manifestations de masse sont alors organisées dans la colonie (Bouaflé, Daloa, Korhogo,
Séguéla, Dimbokro, Abengourou, Divo, Dabou, etc.…).
Du 12 au 27 Décembre 1949, la grève de la faim des prisonniers a entrainé la réaction des
femmes. Le 23 Décembre, les femmes organisent une marche sur la prison de Grand-Bassam. Du
15 Décembre 1949 au 15 Janvier 1950, la grève d’achat des produits Européens, la grève du
marché des légumes du plateau, la grève des utilisateurs du rail, la grève des employés de maison.
En 1950, les troubles gagnent toute la colonie (voir l’exemple cité plus haut).
Le 28 Janvier 1950, la marche des militants du PDCI tourne au drame et le bilan est de 2 morts,
dont BIAKA Boda et plusieurs blessés. Le 30 Janvier 1950 une marche est organisée pour
réclamer la libération du Secrétaire Général Koné Ambroise, le bilan est lourd : 13 morts et une
cinquantaine (50) de blessés. Au total, la répression, torture, voire assassinat dure 3 ans et fait
environs 52 morts 3 000 blessés et 5 000 arrestations.
Tous les dirigeants du PDCI pour ne pas être arrêtés particulièrement Félix Houphouët Boigny,
vivaient désormais cachés. Le résultat de cette répression est la réduction du PDCI à un parti
clandestin. Face à cette sauvage répression due à l’apparentement au PCF, le PDCI étant qualifié
comme facteur de trouble, les responsables du RDA change de tactique, ils décident de rompre
avec le PCF. En effet pour ne pas disparaître et continuer mais aussi et surtout pour faire
l’économie d’une lutte sanglante, le PDCI choisit la voix du réalisme et opte pour la séparation
d’avec son allié le PCF : c’est désapparentement d’avec le PCF annoncé en Octobre 1950.
Les raisons de ce désapparentement sont multiples :
- Le PCF ne souhaite nullement l’indépendance des peuples colonisés.
- La divergence des points de vue entre le RDA qui espère le soutien des communistes
Françaises dans leur lutte anticolonialiste qu’il soutient sortent des partis d’orientation
marxistes.
- Les militants du PDCI subissent des répressions sans même qu’interviennent leurs alliés
Français le PCF. En effet le PDCI accusé de facteur de trouble est d’avec le PCF est
interdit de toute réunion dans toutes les colonies. Félix Houphouët Boigny est menacé
d’arrestation. Les mouvements nationalistes sont sévèrement réprimés sous le regard
impuissant du PCF.
- Le 20ème congrès du PCF ne formule aucune perspective claire en matière d’indépendance
des colonies en cas de prise de pouvoir par les communistes Français.
Face aux raisons du désapparentement ainsi que à la fermeté de l’administration coloniale Félix
Houphouët Boigny choisit la voie de la collaboration avec la France à partir de 1950. En effet, le
17 Octobre 1950, le RDA se rapproche au parti de François Mitterrand et de René Pleven,
commence alors la période de la collaboration.

C- DE LA POLITIQUE DE COLLABORATION A L’INDEPENDANCE


Après le désapparentement d’avec le PCF Félix Houphouët Boigny s’allie à l’UDSR (Union
Démocratique et Socialiste de la Résistance) parti de François Mitterrand Ministre des territoires
d’Outres Mer (des colonies). Avec ce choix le PDCI redevient un parti légitime, et à partir de
1951, il reprend librement ses activités politiques.
En 1952 Laurent Péchoux est rappelé en France. Cette politique de collaboration permet à Félix
Houphouët Boigny d’être nommé en 1956 dans le gouvernement de Guy Mollet comme Ministre
délégué à la présidence du conseil. Cette entrée de Félix Houphouët Boigny dans le
gouvernement mais surtout sur sa nouvelle fonction lui permet de participer à l’élaboration de la
loi cadre.

1. La loi cadre ou la loi Gaston Defferre (23 juin 1956)


La compagne anticolonialisme de l’URSS et des USA, la défaite Diem Bien Phu le 07 Mai 1954,
l’insurrection Algérienne en 1954, la conférence de Bandœng que se prononce en faveur de
l’auto-détermination des peuples.
Toutes ces situations ont favorisé une réorientation de la politique Française. Ainsi est élaborée la
loi cadre par le ministre Français Gaston Defferre avec la collaboration de Félix Houphouët
Boigny.
Cette loi remplace l’Union Française et introduit de nouvelles reformes dans les rapports de la
France avec ses colonies.
Toutes ces reformes orientent la colonie de Côte d’Ivoire à l’instar des autres colonies vers une
semi-autonomie, c’est pourquoi Félix Houphouët Boigny a décidé de l’appliquer dans la colonie
de Côte d’Ivoire.
Cette application se traduit par l’organisation d’élection pour désigner les membres de
l’assemblée locale. Election remportée par le PDCI avec 87% des voix et occupant 40 sièges sur
50. Cette assemblée se charge d’élire le conseil de gouvernement le 6 Mai 1957 dont le vice
président est Auguste Denise.
Cependant à partir de 1957 apparaissent des divergences entre les élites Africains sur
l’application des reformes de la loi-cadre, nous assistons ainsi à la naissance de deux tendances
opposées :
Les fédéralistes dirigés quand Léopold Sédar Senghor soutiennent que la loi est dangereuse car
elle affaiblit l’Afrique en l’émiettant en micro-Etats au moment ou elle a besoin d’être unie. Ils
soutiennent donc une Afrique unie fédérale.
Les territorialistes (minoritaires) dirigés par Félix Houphouët Boigny estiment que la loi est
favorable et soutiennent l’évolution séparée de chaque colonie vers l’autonomie.
Toutes ces divergences aggravées par l’indépendance de la Gold Coast en 1957 sans omettre que
l’idée d’indépendance n’était pas prévue par la loi cadre obligent la France à proposer la
communauté Franco-africaine.

2. La marche vers l’indépendance, la communauté Franco-africaine (1957-1960)


2-1- La constitution de 1958
Dès sa promulgation, la loi cadre semble caduque à cause de l’évolution rapide de la pensée
politique. La perte de l’Indochine, de la Tunisie, du Maroc et surtout l’indépendance de la Gold -
Coast ainsi que la guerre de décolonisation en Algérie, le 13 Mai 1958 suite aux émeutes d’Alger,
le général De Gaulle revient au pouvoir ( retour suite à un putsch orchestré en Alger) et décide de
façon urgente d’introduire de profondes reformes, mais aussi de redéfinir les rapports entre la
France et les colonies, dans un nouveau cadre, celui de la communauté Franco-africaine afin
d’éviter dans toutes les colonies, une explosion incontrôlée de violence identique à celle de
l’Indochine et de l’Algérie .De Gaulle veut ainsi rehausser l’image de la France ternie par la
guerre d’Algérie et menacée par les défenses coloniales. Pour ce faire De Gaulle met en place un
comité consultatif constitutionnel dont fait partir Félix Houphouët Boigny. Ce comité est chargé
d’élaborer une nouvelle constitution en 1958 est donc adoptée un nouvelle constitution qui
remplace l’UF, elle créée la communauté Franco-africaine. C’est une association de la France
avec ses colonies d’Outre mer. La communauté est donc une coopération politique et économique
qui regroupe autour de la France les Etats créés par la loi-cadre. De Gaulle revenu au pouvoir
décide ainsi de façon urgente de réorienter les rapports de la France avec ses colonies dans un
niveau cadre celui de la CFA.
Comme prévu par l’article 86 de la constitution, De Gaulle fait une tournée en Afrique pour
préparer le referendum. De Gaulle reçoit partout un accueil chaleureux sauf à Conakry (Guinée
de Sékou Touré) ou les guinéens disent non à la communauté, Sékou Touré déclare à cet effet « je
préfère la liberté dans la pauvreté que la richesse dans l’esclavage » alors la France lui accorde
son Indépendance précoce et rompt toutes relations avec la Guinée.
A l’instar de toutes les autres colonies, la Côte d’Ivoire vote « oui ». A partir de ce vote massif
(99%) la colonie de Côte d’Ivoire décide d’adhérer à la communauté Franco-africaine.

2-2- L’indépendance de la Côte d’Ivoire


Toujours en application de l’article 88 de la constitution, la colonie de la Côte d’Ivoire devient le
04 Décembre 1958, une République sur décision de l’Assemblée locale, République avec statut
d’Etat membre de la communauté. A la suite de la victoire du PDCI-RDA aux élections d’Avril
1959, la Côte d’Ivoire se dote d’un gouvernement autonome dirigé par Félix Houphouët Boigny
devenu premier ministre. Le gouvernement autonome succède au conseil de gouvernent par la loi
cadre. Cependant l’indépendance de la Guinée le 04 Octobre 1958 et d’autres événements
extérieurs précipitent l’accession à l’indépendance de la colonie de la Côte d’Ivoire. En effet en
1959 les autres colonies d’Afrique Noire Francophone donc réclame leur indépendance, c’est
ainsi que le Général De Gaulle décrète l’année 1960 année d’indépendances de toutes les colonies
d’Afrique Noire Francophone.
C’est ainsi que :
- Le 03 Juin 1960 la Côte d’Ivoire demande et obtient le transfert des compétences aux
nationaux en application de l’article 78 de la nouvelle constitution.
- Le 07 Août 1960 Félix Houphouët Boigny proclame l’indépendance de la Côte d’Ivoire et
en devient le 1er Président. La colonie de la Côte d’Ivoire venait ainsi d’accéder à la
souveraineté nationale et internationale. La Côte d’Ivoire devient aussitôt membre de
l’ONU.

CONCLUSION
De 1944 à 1960, la lutte émancipatrice de la colonie de la Côte d’Ivoire n’a pas débouché sur de
véritable guerre de décolonisation (comme en Algérie). La décolonisation s’est faite grâce à la
pression constante des nationalistes et au génie de Félix Houphouët Boigny. L’indépendance de
la Côte d’Ivoire à l’exemple des autres colonies d’Afrique Noire Francophone est le résultat de
reforme constitutionnelle successives ou progressives introduites par la France et de la lutte
menée par les élites Africaines : c’est l’exemple d’une indépendance octroyée avec l’accord de la
métropole et surtout la politique d’ouverture du Général De Gaulle.

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