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Leçon 2 : L'ACCESSION DE LA CÔTE D'IVOIRE A L'INDÉPENDANCE

Introduction

Comme la plupart des pays africains, la Côte d'Ivoire à la fin de la seconde guerre
mondiale s'engage dans le processus de la décolonisation. Quelles sont les grandes
étapes de cette lutte émancipatrice ? Qui sont les principaux artisans de ce
processus d'indépendance ?

I- LA PÉRIODE D'ESPOIR (1944-1947)

1- La Conférence de Brazzaville

En 1893, la Côte d'Ivoire devient une colonie française intégrée à l'AOF. Pendant la
Seconde Guerre mondiale, une conférence à Brazzaville en 1944 établit des
recommandations pour les colonies, incluant l'accès aux emplois et la participation
des Africains à la gestion coloniale. Conformément à ces résolutions, Félix
Houphouët-Boigny et d'autres créent en 1944 le Syndicat Agricole Africain (SAA),
revendiquant de meilleures conditions pour les planteurs africains, avec une position
anticolonialiste et antiraciste. Le SAA lutte pour l'abolition du travail forcé et
l'amélioration des salaires.

2- L'action des élus africains

- Après la conférence de Brazzaville, les premiers élus africains, dont Félix


Houphouët-Boigny, siègent à l'Assemblée Constituante française, luttant pour la
liberté des Africains.

- En 1946, des lois historiques sont votées :


- 20 février : Abolition de l'indigénat.
- 11 avril : Loi Houphouët-Boigny, suppression du travail forcé dans toutes les
colonies françaises.
- 7 mai : Loi Lamine Gueye, proclamant citoyens tous les ressortissants des
territoires d'Outre-mer.

- Le 9 avril 1946, le Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) est créé à Treichville
pour soutenir Félix Houphouët-Boigny.

- Multipartisme émerge en Côte d'Ivoire avec la création de plusieurs partis jusqu'en


1956.

- Le 13 octobre 1946, la IVe République adopte une nouvelle constitution instaurant


l'Union française, transformant la Côte d'Ivoire en Territoire d'Outre-Mer (TOM).
- Le 18 octobre 1946, à Bamako, le Rassemblement Démocratique Africain (RDA)
est créé pour regrouper les forces politiques des territoires français. Le RDA se
définit comme anti-impérialiste et s'affilie au Parti Communiste Français (PCF) à
l'Assemblée française.

II- LA PÉRIODE DE LUTTE (1948-1950)

1 - La répression du pouvoir colonial

À partir de 1947, la guerre froide international influence fortement la politique


française. Les communistes sont évincés du gouvernement, isolant les députés
africains du RDA au Parlement français. La suppression du travail forcé et
l'abrogation du code de l'indigénat entraînent la ruine économique des colons. Sous
la pression financière coloniale, un nouveau gouverneur, Laurent Péchoux, est
nommé en Côte d'Ivoire en novembre 1948, avec pour objectif de briser le
PDCI-RDA dirigé par Félix Houphouët-Boigny.

La résistance du PDCI prend différentes formes, dont la création de journaux, des


meetings, des marches de protestation, le boycott du travail chez les colons et des
actions contre les occupants coloniaux. La répression coloniale s'intensifie en 1949
et 1950, marquée par des révocations, des emprisonnements massifs, des
expulsions et même des assassinats. Des événements tels que l'émeute de
Treichville en 1949, la marche des femmes à Grand-Bassam en 1949, les incidents
à Bouaflé en 1950, l'assassinat du sénateur Biaka Boda en janvier 1950, et la
fusillade à Dimbokro en janvier 1950, témoignent de la tension croissante et des
violences durant cette période
.
2 - Conséquences des répressions

La politique de répression anti-RDA va s'avérer un échec cuisant car les leaders du


RDA vont exhorter les militants à ne pas céder à la provocation. Ainsi, malgré les
fusillades, les arrestations massives et toutes sortes de brutalités subies par les
militants et masses du PDCI-RDA, aucun européen ne sera en retour brutalisé par
les ivoiriens. Cette attitude stoïque des leaders et militants entraîna
systématiquement l'échec de la réaction coloniale.
En tout, la vague de répression du pouvoir colonial a fait de 1949 à 1950 une
cinquante de morts et environ 5000 arrestations. Toutefois, ces répressions vont
renforcer la fibre nationaliste des populations et consolider leur adhésion au
PDCI-RDA qui s'implante et s'enracine davantage dans la conscience populaire
comme le seul parti capable de fédérer toutes les énergies émancipatrices et de
conduire le processus de décolonisation. Le pouvoir colonial qui n'arrive pas à briser
ce parti, encourage la création de nouveaux partis politiques en suscitant la
défection des militants du PDCI. Ainsi naîtront le Bloc Démocratique Eburnéen
(BDE) et l'Entente des Indépendants de Côte d'Ivoire (EDICI).
III- DE L'AUTONOMIE A L'INDÉPENDANCE (1951-1960)

1- Les périodes de revirements politiques

Dans les années 1950, Félix Houphouët-Boigny réoriente la politique du PDCI-RDA,


rompt avec le PCF en 1950, s'allie à l'UDSR, mettant fin aux répressions coloniales.
En 1951, il appelle à l'union des forces politiques en Côte d'Ivoire. En 1956, la
majorité des partis se rallient au PDCI-RDA, devenant le parti unique qui remporte
les élections de 1956 à 1959.

2- La loi cadre

En 1956, Félix Houphouët-Boigny, ministre délégué au gouvernement français,


participe à l'élaboration de la Loi-cadre avec Gaston Defferre. Cette loi, votée le 23
juin 1956, instaure des conseils de gouvernement élus, généralise le suffrage
électoral, accorde une autonomie financière et place le gouverneur comme président
du territoire. Bien acceptée en Côte d'Ivoire et au Gabon, elle est rejetée par les
indépendants d'outre-mer, résolvant les désaccords avec le retour de Charles de
Gaulle au pouvoir.

3-La Communauté Franco-Africaine

Le 1er juin 1958, Charles de Gaulle soutient Félix Houphouët-Boigny et propose la


Communauté Franco-Africaine en remplacement de l'Union Française. Cette
communauté établit un Conseil exécutif avec un président, les chefs de
gouvernement des territoires membres, et des ministres pour les affaires communes.
Un référendum a lieu le 28 septembre 1958, avec la Guinée comme seule exception,
votant non et accédant immédiatement à l'indépendance. Le 4 décembre 1958,
l'assemblée territoriale ivoirienne proclame la République de Côte d'Ivoire en tant
qu'État membre de la Communauté franco-africaine.

4- L'indépendance de la Côte d’ivOire

Le 26 mars 1959, la Côte d'Ivoire adopte sa constitution, et après des élections


largement remportées par le PDCI-RDA le 12 avril 1959, Félix Houphouët-Boigny
devient le premier ministre du nouveau gouvernement. Le 13 décembre 1959, la
fédération du Mali réclame son indépendance, suivant les dispositions de la
Communauté Franco-Africaine. La Côte d'Ivoire, conformément à l'article 86 de la
constitution, demande son indépendance, qui est proclamée le 7 août 1960.

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