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Histoire politique et administrative
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Histoire politique et administrative
Suite aux événements d’Alger du 13 mi 1958, le Général de Gaulle fait à Paris le 15 mai
une déclaration où il se dit « prêt à assumer les pouvoirs de la République ». Sa vision
c’était une nouvelle constitution avec une procédure particulière devant en assurer la
légitimité (Paragraphe I), mais aussi une structure assez particulière devant regrouper la
France et ses Territoires associés (Paragraphe II)
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Une intention même de plaidoirie en faveur des partisans du « Non » fait jour à Dakar à
travers le discours historique de Valdiodio Ndiaye en ces termes « je peux et j’ai même le
devoir de déclarer que demain tous les Oui ne comportent pas une renonciation délibérée
à l’indépendance et que tous les Non ne traduiront pas une volonté de rupture complète ».
Tentative de séduction du général ou repentir actif au nom de la Guinée qui venait de
l’amocher sérieusement par sa position ? Ou était-ce une vaine tentative d’étouffer la voix
des « porteur de pancartes » qui, malgré le vacarme de la nombreuse foule massée à la
place Protet, parvenaient à se faire comprendre du général que leur option, tout
contrairement, au gouvernement c’était l’indépendance totale ?
B- La position tranchée des partisans du « Non ».
Lorsque s’est posé le débat sur la priorité entre l’indépendance ou la Communauté, même
théorique, cela a eu pour conséquence l’apparition de nouvelles formations politiques qui
poussaient à l’indépendance. Déjà le Parti Africain de l’indépendance (P.A.I), petite
formation d’obédience communiste, se prononça contre la Constitution à Ouagadougou et
exigea l’indépendance immédiate et totale.
Le Mouvement de Libération Nationale (M.L.N) créé durant l’été 1958 sur une base
interafricaine du Sénégal au Cameroun en passant par la Haute Volta et le Dahomey, et
dont l’un des leaders était Amadou Dicko, lança le mot d’ordre d’indépendance nationale.
Le P.R.A qui succéda à la Convention Africaine, même s’il dû laisser la liberté à ses
sections territoriales de se déterminer lors du référendum, n’en opta pas moins lors du
congrès de Cotonou « pour le mot d’ordre d’indépendance immédiat » comme en atteste
le refus du rapport moral de Senghor et la déclaration de Lamine Guèye « je suis pour
l’indépendance sans condition ».
D’ailleurs la désagrégation de la section Sénégalaise et le soutien massif de l’U.P.S aux
idées de de Gaule n’ont pas pu décourager le P.R.A-Sénégal de se constituer avec le mot
d’ordre du « Non » au référendum. Ce sont les fameux « porteurs de pancartes » qui ont
sérieusement perturbé l’arrivée de de Gaulle. Et pourtant le gouvernement avait, par une
déclaration publiée avant l’arrivée du général, appelé la population à « réserver au chef du
gouvernement de la République française et à sa suite un accueil empreint de dignité ».
Mais rien à y faire, leur agitation n’eut rien de tel que le discours du Général s’adressant
directement à eux en ces termes : « Je veux dire un mot d’abord aux porteurs de pancartes.
Voici ce mot : s’il veule l’indépendance, qu’ils la prennent le 28 septembre. La France ne
s’y oppose pas. »
Une telle amertume ne se justifiait simplement de l’attitude de ces pourfendeurs
autoproclamées de la Communauté envisagée, mais du précédant voyage de la Guinée
Conakry ou le général est accueilli par un discours enflammé du député-maire Ahmed
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Sékou Touré. Celui-ci déclare à son hôte sans mettre de gants ceci : « Nous préférons la
liberté dans la pauvreté à l’esclavage dans la richesse ». Ce qui fut pris par le général
comme une grande offense. Qui plus est, partout sur son passage, il n’avait jamais encore
rencontré une telle hardiesse excessive.
Cependant ce « Non » n’eut pas d’autres utilités que d’étaler au grand jour le manque
d’unité des africains autour des questions fondamentales. Sinon il n’a affecté nullement la
victoire du « Oui » lors du référendum du 28 septembre 1958. Même au Sénégal où la
dissidence du P.R.A faisait peser un risque, même minime, sur l’acceptation du texte, celui-
ci fut complétement écarté par l’action du ministre de la d’Outre-mer qui ait parvenu à
rallier à sa cause de grandes familles religieuses. Ce qui détermina de nombreux politiciens
à se ranger dans le camp du « Oui ».
Néanmoins si cet ordre dispersé n’a pas affecté le texte dans son adoption voyons, à travers
les caractères de la communauté, si son contenu n’en a pas pâti.
Paragraphe II : les caractères de la Communauté.
Dans son discours devant le Conseil d’Etat pour présenter le projet de Constitution, M.
Debré soutiendra que la Communauté n’est ni une fédération, ni une confédération d’Etats.
En effet ; elle semble être une institution hybride à mi-chemin entre l’Etat fédéral et la
confédération d’Etats. Ce que nous allons voir à travers les organes de la Communauté (I).
Cependant, au sein de la Communauté, il n’y avait pas de partage de compétence entre
l’Etat fédéral et les Etats fédérés. L’Etat français gérait les affaires communes qui étaient
les plus importantes : il s’agissait de la politique étrangère, de la défense, de la monnaie,
de la politique économique et financière commune, de la politique des matières premières
stratégiques, de la justice, de l’enseignement supérieur, des transports extérieures et
communs, des télécommunications. Ce qui a justifié l’introduction de quelques réformes à
travers la communauté rénovée (II)
I- Les organes de la Communauté.
La Communauté était un modèle qui se rapprochait d’une fédération dont la France aurait
constitué le centre et dans laquelle chacun des membres de l’Etat fédéral avait la possibilité
de s’organiser et de se gérer librement mais sous la surveillance des organes centraux de la
Communauté (A). Cependant, elle s’en éloignait par le choix laissé aux Etats membres de
demeurer dans la Communauté ou de prendre leur indépendance suite à une résolution de
l’assemblée législative locale et à un référendum d’auto détermination (B).
A- Les organes centraux de la Communauté
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Si le terme de fédéralisme sui generis convenait peu à la Communauté c’est parce que la
France continuait, à travers des organes centraux, de gérer les T.O.M par le prisme des
« affaires communautaires » comme en témoigne l’article 78 de la constitution.
Ainsi, concernant la Présidence de la Communauté, le poste était ipso facto occupé par le
Président de la République française. Or si son élection faisait intervenir les Etats membres
de la Communauté, il n’en demeurait pas moins qu’il était élu au deuxième degré, par un
collège électoral qui comprenait 600 grands électeurs d’outre-mer sur un total de 82 000
tandis qu’il légifère et décide librement pour les membres de la Communauté.
La Communauté était pourvue d’un Conseil exécutif composé, selon l’article 82 de la
constitution par le Président de la Communauté, le Premier ministre de la République
française, les chefs de gouvernement des Etats membres et des ministres français chargés
des « affaires communautaires ». Les ministres chargés des affaires communautaires furent
nommés pour la première fois par arrêté présidentiel du 31 janvier 1959 : sept ministres
furent alors nommés. Limité au rôle d’assemblée délibérante, ce conseil ne bénéficiait pas
du droit de vote.
L’article 83 de la constitution est consacré à un Sénat qui est organisé par l’ordonnance
n°58-1255 du 19 décembre 1958. Le Sénat de la Communauté comptait 284 membres :
186 membres élus parmi les membres des deux Chambres du Parlement français et 98
membres élus au sein du Parlement des autres Etats. La représentation des Etats était
proportionnelle à leur population. Mais ce Sénat ne possédait aucune compétence propre.
Enfin selon l’article 84 de la constitution, la Communauté était dotée d’une Cour
d’arbitrage dans laquelle siégeaient 7 juges nommés par le Président de la République.
Cette cour remplissait, dans le Communauté, un rôle équivalent à celui du Conseil d’Etat
français ; elle pouvait connaître tous les litiges qui pouvaient opposer les Etats membres
notamment dans l’interprétation des règles de droit qui régissaient la Communauté.
Cependant, la Communauté s’éloignait du modèle fédéraliste dans le choix laissé aux Etats
membres de demeurer dans la Communauté tout en bénéficiant d’une large faculté de
s’auto déterminer frisant même l’indépendance.
B- L’Organisation dans les Etats membres.
Les groupes A.O.F et A.E.F étaient maintenus et à la tête de chaque groupe se trouvait un
Haut-commissaire général, haut représentant de la France auprès du groupe. Depuis le 15
juillet 1958, Pierre Messmer en remplacement à Gaston Cusin est nommé à la tête de
l’A.O.F. Le Grand Conseil, une assemblée délibérative avec des pouvoirs diminués et un
budget en baisse, poursuit ses travaux mais il n’y a pas d’exécutif fédéral.
En vertu de l’article 76 de la Constitution, les territoires d’Outre-mer pouvait choisir entre
trois types de relation avec la métropole. Ils pouvaient conserver le statut de T.O.M, opter
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position de la Fédération en ces termes : « Comme vous, nous refusons de tomber dans la
méconnaissance de certaines réalités actuelles. Nous sommes particulièrement attentifs à
cette sorte de disposition psychologique élémentaire de notre peuple qui veut accéder à
son indépendance national. »
Dans sa réponse, le général de Gaulle déclare avec mis en garde que : « Il n’y a pas d’Etat,
je le disais hier à Saint-Louis, si grand, si puissant qu’il soit, qui puisse se passer des
autres. Dès lors qu’il n’y pas d’Etat qui puisse se passer des autres, il n’y a pas de politique
possible sans coopération. Mais la souveraineté internationale signifie quelque chose de
positif. Elle signifie qu’un peuple prend dans le monde des responsabilités à lui. Elle
s’exprime pour lui-même et par lui-même qu’il répond de ce qu’il dit et qu’il répond de ce
qu’il fait. Cela, dans la société des hommes, est évidemment capital. C’est à ce degré, à ce
rang que le Mali et, je le répété, avec lui les Etats qui le composent, vont accéder avec
l’appui, l’accord l’aide la France ».
Ainsi au gré de de l’assouplissement de la France sur cette question, un accord fut signé le
04 avril 1960 transférant les compétences communautaires du Sénégal au « Mali » entre
son représentant et ceux du Sénégal et du Soudan. Au cours de cette même année, la
constitution française fut remaniée. L’alinéa 3 de l’article 86 prévoyait expressément que
l’indépendance pouvait reposer sur des accords et, ce qui est plus important, que des Etats
indépendant pouvaient également être membres de la Communauté.
La fédération s’engagea de ce fait sur la voie de l’indépendance obtenue le 20 juin 1960.
Elle s’évertua alors à mettre en place les institutions prévues pour son fonctionnement.
Mais sur le plan structurel ces institutions ne s’écartent pas trop du modèle de la
communauté d’une Présidence, d’un gouvernement, d’une Assemblée et d’une Cour
fédéral. Elles héritent également, du modèle, de la faiblesse des pouvoirs fédéraux. Ce qui
eut une conséquence fatale dès la première épreuve.
B- L’indépendance des Etats membres vis-à-vis de la fédération.
La fédération du Mali n’est pas destinée à un long bonheur. Sa création était déjà
handicapée par la défection tragique de quelques Etats dont pourtant le consentement était
acquis d’avance.
Initialement, la Fédération devait regrouper au sein de la Communauté Franco-Africaine
quatre Etats que sont le Sénégal, le Soudan, le Dahomey et la Haute-Volta. D’ailleurs, ils
se réunirent à Dakar en janvier 1959 pour mettre sur pied la Fédération suite à la réunion
de Bamako de décembre 1958. La Constitution adoptée par l’Assemblée constituante à
cette occasion sera ratifiée par le Soudan le 21 janvier 1959, le Sénégal le 22 janvier et la
Haute-Volta le 28 janvier. Cette dernière n’intégrera jamais la Fédération suite aux
pressions exercées par le Côte d’Ivoire.
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sur un ton de fierté et assez audacieux voire à la limite défiant : « Nous préférons la
pauvreté dans la liberté à la liberté dans l’esclavage ».
Le général De Gaulle répondait le 25 août 1958 à Conakry : « Cette Communauté, la
France la propose; personne n'est tenu d'y adhérer. On a parlé d'indépendance, je dis ici
plus haut encore qu'ailleurs que l'indépendance est à la disposition de la Guinée. Elle peut
la prendre, elle peut la prendre le 28 septembre en disant « non » à la proposition qui lui
est faite et dans ce cas je garantis que la métropole n'y fera pas obstacle. Elle en tirera
bien sûr des conséquences, mais d'obstacles, elle n'en fera pas, et votre territoire pourra,
comme il le voudra et dans les conditions qu'il voudra, suivre la route qu'il voudra ».
Cela rappelle les positions tranchées de ce leader lors des débats africains autour de la
question comme ce fut le cas lors du 3e Congrès du R.D.A où il soutint « Le courage ne
consiste pas à se singulariser mais à chercher ensemble. Notre adhésion à la France n’est
pas un mariage d’amour (…) Au-dessus du R.D.A il y a l’Afrique !... Ce travail grandiose
qui nous attend, si le R.D.A ne le fait pas l’Afrique le fera ! L’Afrique est notre maison à
tous et nous en serons tous les maçons ». Ainsi joignant l’acte au discours, la Guinée fut le
seul territoire qui, à l’unanimité, vota un « non » au référendum et de ce fait accéda de jure
à l’indépendance proclamée le 12 octobre 1958.
Il se dit que sur le plan politique, elle était le seul territoire en état de saisir immédiatement
cette « chance de l’histoire ». Car sous l’impulsion vigoureuse de son Président Ahmet
Sékou Touré, elle avait instauré un grand parti de masse, le Parti Démocratique de Guinée,
réduisant ainsi le risque de dispersion des intentions de vote comme ce fut le cas dans
d’autres territoires comme le Niger. En effet dans ce territoire, le Président Djibo Bakary
et son parti Sawaba avaient certes voté le « non », mais avec une chefferie traditionnel très
forte dont la pression a dû prendre le dessus. Tandis qu’en Guinée, dès la Loi-cadre, le
P.D.G avait mis fin à la l’autorité des chefs traditionnels et devint un parti unique avec le
ralliement de l’opposition à l’occasion du référendum.
Ce qui lui permis au referendum constitutionnel du 28 septembre 1958, sur 1 408 500
électeurs inscrits en Guinée, que 1 136 324 se soient prononcés pour le « non », et 56 981
pour le « oui ». Dès le 29 septembre le gouvernement français faisait, pourtant, au
gouvernement guinéen une communication dont la quintessence était la séparation
politique équivalente à l’indépendance. Mais jusqu’au 10 décembre la guinée ne parvint
pas, malgré les nombreuses correspondances adressée à la France, de se faire reconnaître
la souveraineté internationale. Il fallut à l’Assemblée Nationale de la Guinée, après la
reconnaissance de l’O.N.U (Conseil de sécurité 9 décembre et Assemblée Générale 10
décembre) et de 58 autres Etats, voter une résolution suspendant toute négociation avec la
France tant que cette reconnaissance n’est pas effectuée, pour que celle-ci le fasse
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implicitement à travers des accords du 7 janvier 1959 réalisant un compromis entre les
deux. Ce qui fait partie des nombreuses conséquences de l’option de la Guinée.
II- Les conséquences politiques ou la rançon de l’audace.
Selon les autorités de Conakry, le « non » durant le référendum du 28 septembre 1958
n’équivalait pas à une cession vis-à-vis de la France. Loin sans faut, le gouvernement de la
Guinée insiste après pour obtenir un accord avec la France (A) mais la rupture était
consommée dès lors que le « non » était déjà pris comme une défiance qui se devait d’être
politiquement réprimée (B)
A- Le refus de reconnaissance juridique de l’indépendance.
Mais il est vrai également qu'un acte de reconnaissance est dans l'état d’alors du droit
international, une mesure entièrement discrétionnaire. L'attitude des Gouvernements ne se
base pas sur des considérations juridiques, elle s'explique par des facteurs politiques. La
déclaration du 29 septembre du Gouvernement français, en tirant les conséquences du
résultat du referendum en Guinée, en organisant le transfert des pouvoirs, constituait une
reconnaissance de facto et semblait annoncer une reconnaissance de jure. Toutefois,
quelques jours après, l'attitude officielle du Gouvernement a changé. Des arguments
justifiant l'ajournement de la reconnaissance furent avancés et on peut les résumer comme
suit. La Guinée après le referendum constitue une entité prétendant à l'exercice de toutes
les compétences étatiques dans le domaine des relations internationales, sans être en
mesure de les exercer toutes actuellement. Le nouvel Etat ne possède pas encore tous les
éléments lui permettant d'assumer la responsabilité internationale en raison de faits pouvant
survenir sur son territoire. Il ne suffit pas qu'un Etat accède à l'indépendance pour qu'il soit
considéré comme un membre de la société internationale, il faut encore qu'il remplisse un
certain nombre de conditions comme en témoigne notamment l'article 4 paragraphe 1 de la
Charte de l'O.N.U. Il faut donc qu'un tel Etat se détache du complexe institutionnel dans
lequel il se trouvait placé avant l'accession à l'indépendance.
C'est un processus qui demande du temps et qui ne peut s'effectuer qu'en collaboration avec
l'ancienne métropole. Le nouvel Etat doit établir ses propres organes, mécanismes et
structures, indépendants de ceux de l'ancienne métropole, et, pendant une période de
transition, il doit prévoir, par voie d'accord avec celle-ci, l'utilisation de certains
mécanismes de l'ancienne métropole. On pensait donc que les problèmes de la défense, de
la représentation diplomatique, de la nationalité, du respect des droits acquis des citoyens
français, de la collaboration technique, culturelle, financière et monétaire devaient faire
l'objet d'accords et d'arrangements avant que l'ancienne métropole pût reconnaître le nouvel
Etat
B- La rupture des relations entre la France et la Guinée.
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Les autorités guinéennes ont insisté avant, comme après, le référendum sur le fait que la
décision de voter « non » n'équivalait pas à un désir de sécession mais à une volonté de
s’association sur pied d'égalité. Dès le 1er septembre 1958, M. Sékou Touré en annonçant
son « non » a déclaré : « nous ne voulons pas nous déterminer sans la France ou contre la
France ». Aussi le nouvel Etat attend- il avec impatience sa reconnaissance de jure par la
France. Le 4 octobre, le Gouvernement de la Guinée adresse au Président de la République
ainsi qu'au Président du Conseil un message télégraphique dans lequel il exprime au
Gouvernement français « une volonté sincère de sauvegarder et de développer l'amitié et
la collaboration fraternelle dans l'intérêt même des peuples ». Le 6 octobre, accusant
réception de ce télégramme, le Ministre de la France d'Outre-Mer indique que la France se
réserve de consulter la Communauté avant de fixer ses rapports avec la Guinée. Le 9
octobre, M. Sékou Touré demande la reconnaissance du Gouvernement de la Guinée et
exprime son désir de conclure avec la France un accord d'association. Le 16 octobre, le
Général de Gaulle confirme que la reconnaissance doit être précédée de l'examen des
accords d'associations, de la consultation des organes de la Communauté et de la preuve
fournie par le nouvel Etat de sa capacité d'exercer ses compétences étatiques. M. Sékou
Touré insiste une fois de plus sur la reconnaissance de jure par la France. Le 22 novembre,
une note française réaffirme, mais dans des termes plus nuancés, les positions précédentes.
Le 1er décembre, M. Sékou Touré demande au Général de Gaulle que la France assume le
parrainage de la candidature guinéenne à l'O.N.U. Cette demande ne reçoit pas de suite.
Le 2 décembre un protocole d'accord relatif au maintien de la Guinée dans la zone franc
est signé par des représentants guinéens et français.
Ainsi à l’orée de 1960, tous les Etats de l’Afrique de l’Ouest accèdent à l’indépendance
politique tirant ainsi le bilan sur une période de cinq siècles depuis l’arrivée des blancs en
Afrique. Cependant même si il faut se garder d’inscrire sur le compte du colonialisme,
même pas en passif, il faut reconnaitre que cette période constitue un tournant décisif dans
l’histoire politique de l’Afrique d’une manière générale et celle de l’Afrique occidentale
en particulier. Les changements politique, économique, culturel et social qu’il inaugure
vont constituer la toile de fond et l’enjeu du nouvel Etat qui va inaugurer une nouvelle ère
dans cette histoire politique des Etats de l’Afrique occidental du XXème au XXIème siècle.
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DELAFOSSE, Maurice (1870-1926), Les noirs de l'Afrique, Payot et Cie, Paris 1922.
Jean BRUYAS, Les Institutions de l’Afrique Noire Moderne, Paris, L’Harmattan, 2008.
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