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Chapitre 3.

La France : une nouvelle place dans le monde


Thème 2 – La multiplication des acteurs internationaux dans un monde bipolaire (de 1945 au
début des années 1970)
Introduction :

La France, à la fin de la SGM vit une situation désastreuse. Du point de vue


humain, la guerre a fait 600.000 morts dont une majorité de civils. Peuplée de 40,5
millions d'habitants en 1944, elle a perdu plus d’un million d’individus depuis 1936.
Du point de vue matériel, la France a été victime des réquisitions allemandes,
des bombardements entre 1940 et 1944 et d’un traumatisme social profond. Toutes
ces destructions ont privé la France de moyens de production. Sur le plan
économique, la situation est catastrophique : la production industrielle de la France a
baissé de moitié pendant la guerre, les réserves inexistantes et l'inflation bat tous les
records.
L’histoire se répète ; pour une 2ème fois, après la PGM, la société française est
toute transformée. Le retour des prisonniers de guerre, des déportés et le poids
des mouvements de résistance marquent le peuple et le paysage politique. La France
est traversée du point de vue politique par un profond désir de changement.
Alors que la droite modérée s'effondre en France, la volonté de changement est
prise en charge par les Partis se réclamant de la résistance : le Mouvement
Républicain Populaire (MRP), la  Section Française de l'Internationale Ouvrière
(SFIO), et le Parti Communiste Français (PCF). Tous ces partis soutiennent le
Gouvernement Provisoire la République Française (GPRF) qui initie les changements
attendus. 

Problématique :

Quelles ont été les causes de l’effondrement de la 4ème République ?


Comment la guerre froide influe – t – sur la politique étrangère
française ? 

I. La 4ème République face aux nouveaux défis : 1946 – 1958.


1. Les grandes réformes de l’après-guerre (1944-1946)
En 1945, la France sort affaiblie de la guerre. Le manque d’approvisionnement
et de ravitaillement entraîne la pénurie et l’inflation. Le rationnement se poursuit et
la reconstruction s’annonce difficile. Une fois mis en place, le GPRF se consacre à la
restauration de la République. II est dirigé par le Général Charles de Gaulle. Le Chef
de la France libre est soutenu par 3 Partis, une sorte d’alliance contre – nature :
 Le Mouvement républicain populaire (MRP) : Issu de la Libération et
s’inspirant des principes de la démocratie chrétienne, il est d’abord baptisé
Mouvement républicain de Libération, et est créé en novembre 1944.
 La Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) : Parti politique
français constitué lors du Congrès de Paris, en avril 1905, par la fusion du Parti
Socialiste Français (PSF), du Parti Socialiste de France, du Parti Ouvrier
Socialiste Révolutionnaire et de plusieurs fédérations autonomes.
 Le Parti Communiste (PC) : Parti politique français formé en décembre 1920
au Congrès de Tours sous le nom de Section Française de l'Internationale
Communiste à la suite de la scission de la SFIO.
D’importantes réformes et nationalisations ont lieu dans les secteurs clés de
l’économie, notamment le transport, la production, la distribution de l’énergie et les
banques. La Sécurité sociale est mise en place. Ainsi l’intervention de l’État dans
l’économie devient primordiale. Lorsque les Partis de Gauche et du Centre rejettent le
projet de Charles de Gaulle sur le renforcement de l’Exécutif, celui – ci démissionne
le 20 janvier 1946 : la 4ème République est adoptée le 27 Octobre 1946 ; cette

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Chapitre 3. La France : une nouvelle place dans le monde
Thème 2 – La multiplication des acteurs internationaux dans un monde bipolaire (de 1945 au
début des années 1970)
Constitution instaure un régime parlementaire avec une prédominance de
l’Assemblée nationale.
2. Une nouvelle constitution (Octobre 1946).
La définition du nouveau régime se fait par l'intermédiaire d'une Assemblée
nationale constituante, chargée de rédiger la nouvelle Constitution. Elle est élue au
suffrage universel le 21 octobre 1945. L’élection conduit au pouvoir 3 partis : le Parti
Communiste, le Mouvement Républicain Populaire et la Section Française de
l’Internationale Ouvrière (SFIO). L'alliance de ces trois partis au sein de l'Assemblée
nationale est le Tripartisme. En même temps que cette élection de l'Assemblée
nationale se déroule un référendum qui approuve le rejet de la IIIème République,
à 96% : l’Assemblée nationale se proclamer Constituante.
La Constitution met en place un régime parlementaire : un régime où le
Parlement (Assemblée nationale – Conseil de la République) peut contrôler l'activité
du gouvernement. L'organe essentiel des institutions de la IV ème République est
l'Assemblée nationale. Elle est la seule institution nationale à être élue au suffrage
universel direct. L'Assemblée nationale dispose de pouvoirs importants : c’est le
tenant du pouvoir législatif. Elle exerce un double contrôle sur le pouvoir exécutif
en élisant le Président de la République et en investissant ou en renversant le
gouvernement. 
Le pouvoir exécutif est détenu par le gouvernement et le Président du Conseil.
Président du Conseil, ministres, et Secrétaires d'État sont désignés par le Président de
la République, mais ils ne peuvent exercer sans l'accord de l'Assemblée nationale. À
tout moment l'Assemblée nationale peut aussi renverser le gouvernement, en votant
majoritairement contre sa politique. Or le scrutin proportionnel, en multipliant les
Partis, fragilise toute majorité dans cette Assemblée. Le régime s’annonce très
instable.
3. Les difficultés et les échecs (1947-1958)
a. L’instabilité ministérielle : de fortes oppositions
Avant même sa mise en place, la IV ème République est marquée par de fortes
oppositions : La première et la plus virulente est venue de Charles de Gaulle, lui -
même. En juin 1946, il prononce un discours à Bayeux dans le Calvados (Caen). Il
rappelle, dans ce discours – très important pour la Constitution de la V ème République
– que  l'indépendance du pouvoir exécutif doit être préservée face à l'Assemblée. Le
pouvoir dans un pays ne doit pas être soumis aux alliances entre les Partis : c’est un
signe de faiblesse et d'instabilité. 
Une seconde opposition naît au sein du Tripartisme, parmi les Communistes.
Depuis les élections législatives de novembre 1946, le Président du Conseil, le
Socialiste Paul Ramadier, gouverne avec des ministres communistes. Ces derniers
n'admettent pas la politique de répression menée par la France en Indochine. De
plus, les Communistes qui soutiennent les grèves contre le gouvernement se
retrouvent isolés dans le contexte du début de la guerre froide. Dès lors, Paul
Ramadier exclut les ministres communistes, le 5 mai 1947 : C’est la fin du
Tripartisme. Ces oppositions et ces premiers échecs traduisent une faiblesse plus
profonde du régime parlementaire dont les difficultés se renforcent en raison de
l’atmosphère de décolonisation.
L’instabilité ministérielle est la principale caractéristique de la 4 ème 
République. Les partis tentent de s’unir pour gouverner. Plus de 22 gouvernements se
sont succédé entre 1947 à 1958. C’est le tripartisme jusqu’en mai 1947, date à laquelle
les ministres communistes, en désaccord avec le reste du gouvernement, sont
renvoyés. 

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Chapitre 3. La France : une nouvelle place dans le monde
Thème 2 – La multiplication des acteurs internationaux dans un monde bipolaire (de 1945 au
début des années 1970)
La IVème République est marquée par une grande instabilité ministérielle. 20
gouvernements se succèdent en 11 ans. Cette instabilité ministérielle accentue encore
l'immobilisme dans les décisions politiques : aucun gouvernement ne peut mettre en
place une politique dans la continuité et pour résoudre les problèmes internes et
externes les plus graves. 
b. Une nouvelle alliance : la Troisième Force
Face à la double opposition, les Socialistes de la SFIO et le MRP s'allient aux
radicaux, petits Partis centristes, pour former la Troisième Force. Cette alliance de la
Troisième Force oriente sa politique de reconstruction dans 2 directions : elle
privilégie l'alliance avec les États-Unis et favorise les débuts de la construction de
l'Europe. Mais la politique sociale et économique de la Troisième Force n'est pas bien
définie. Les trois forces s’opposent sur les orientations politiques et sur le rôle de
l'État dans l'économie. 
Privées du soutien de ces deux forces, les autres tendances, rassemblées dans la
Troisième Force, tentent de gouverner, malgré des divisions sur la question scolaire
ou sur la décolonisation. La Troisième force est une coalition de Socialistes, de
Centristes et de Démocrates chrétiens. Certains gouvernements marquent cette
période : celui de Pierre Mendès France (juin 1954-février 1955), qui tente de
résoudre les problèmes coloniaux, et de Guy Mollet, le plus long (janvier 1956-mai
1957).
La fin de la Troisième Force entraîne un nouveau glissement vers la droite de
la coalition de pouvoir. Pour la première fois depuis la libération, un gouvernement
de droite est au pouvoir : il est dirigé par Antoine Pinay, qui appartient au Centre
National des Indépendants (CNI), Parti de droite libérale.
c. Les problèmes financiers et les solutions envisagées.
L’inflation persiste et rend la vie plus chère. Antoine Pinay, Président du
Conseil de mars à décembre 1952, mène une politique d’économie budgétaire et
limite l’inflation en bloquant les prix; il lance auprès du public un emprunt qui a un
grand succès. Mais l’endettement est relancé par les guerres de décolonisation.
Malgré les difficultés politiques, le bilan de la IVe République est élogieux et
remarquable. L’intervention de l’État est marquée par une planification souple, en 5
ans. L’État participe aussi à la modernisation et à l’industrialisation de la France en
réalisant de grands équipements : barrages hydro-électriques, ports, routes,
chaussées, lignes de chemins de fer et en soutenant l’expansion des secteurs
automobile et aéronautique. La croissance économique est forte, surtout dans les
régions du Nord et du Nord-Est du pays. Sur le plan social, d’importantes mesures
sont adoptées.
 Amélioration de la Sécurité sociale.
 Augmentation des allocations familiales et des retraites.
 Création en 1950 du SMIG – Salaire minimum interprofessionnel garanti.
 Allongement des congés payés qui sont portés à trois semaines en 1956.
Mais les progrès du pouvoir d’achat sont annulés par l’inflation et la crise du
logement.
La politique d'Antoine Pinay est anticommuniste, ceci d'autant plus qu'une
agitation sociale touche la France en 1953. Malgré les réformes, il y a plus de 13
millions de grévistes, qui réclament une redistribution plus équitable des fruits de la
croissance. L’agitation touche le monde des artisans et des petits commerçants qui
craignent d'être victimes de la modernisation. La protestation des artisans et des
petits commerçants prend le nom de «Poujadisme», du nom de son leader, Pierre
Poujade.

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Chapitre 3. La France : une nouvelle place dans le monde
Thème 2 – La multiplication des acteurs internationaux dans un monde bipolaire (de 1945 au
début des années 1970)
Antoine Pinay fait face à une opposition sociale à sa droite (Poujadisme) comme à
sa gauche (grèves). Son gouvernement se divise aussi sur le projet de Communauté
Européenne de Défense (CED). La division entraîne la démission d'Antoine Pinay.
Cela marque aussi le retour à l'immobilisme dans les décisions politiques mises en
place.
Les problèmes viennent principalement de l'attitude officielle de la France à
l'égard des colonies. L’Union Française confère une certaine autonomie aux colonies.
Mais la France refuse d'aller au-delà : elle refuse donc la décolonisation.
III. Pierre Mendès France et la fin de l’empire colonial.
1. L’éphémère régime de Pierre Mendès France
Le 18 juin 1954 marque l'arrivée au pouvoir du Radical Pierre Mendès
France (le Front Républicain rassemblant la SFIO, les radicaux et les Gaullistes). Le
nouveau Président du Conseil restaure l'autorité de l’Etat par des mesures concrètes:
 Il refuse de négocier le choix de ses ministres avec les partis politiques ;
 Il conclut les accords de Genève (21 juillet 1954) ; fin de la guerre d'Indochine ;
 Il apaise la Tunisie en lui accordant l'autonomie ;
 Il mène une politique de rigueur du point de vue économique et abandonne le
projet de CED qui impliquait le réarmement de l'Allemagne.
Tout cet ensemble de décisions mécontente les Partis politiques qui accusent
Pierre Mendès France de gouverner sans eux. Ils finissent par le renverser le 6 février
1955, alors que les premiers incidents venaient d'éclater en Algérie. La période de
restauration de l'autorité du gouvernement et de stabilité politique est de courte
durée.
2. La politique algérienne et ses dérives.
En Algérie, la France mène une politique très ferme. En 1947, un statut propre
à l'Algérie a été instauré : ce statut crée une assemblée algérienne sans aucun pouvoir,
élue pour moitié par des Musulmans pourtant largement majoritaires et pour l'autre
moitié par des citoyens français. Les élections organisées en 1948 sont truquées et la
répression fait taire les protestations : la tension couve et éclate le 1er Novembre 1954.
Face à cette insurrection, la France fait quelques concessions puis durcit le ton.
L'armée arrête les dirigeants du FLN, utilise la torture, bombarde les villages, ce qui
indigne l'opinion. La politique extérieure désastreuse de la France fait oublier les
avancées sociopolitiques menée avec notamment la troisième semaine de congés
payés, la politique de construction européenne et la décolonisation. ‘Les événements
d’Algérie’ font chuter plusieurs gouvernements. Ces problèmes ont eu une influence
sur la vie politique intérieure et ont conduit au retour au pouvoir du Général de
Gaulle.
Conclusion :
Dans les faits, à la date du 2 juin 1958, la 4ème République n'existe plus : elle a
réussi à redresser la France économiquement et financièrement mais ce régime a été
victime de son instabilité ministérielle et de son impuissance à faire face à la guerre
d'Algérie. Le 2 juin 1958, Charles de Gaulle, le Chef de la France Libre, a obtenu de
l'Assemblée nationale le droit de préparer une nouvelle Constitution. Tous les
observateurs connaissent son opposition au système de la IVème République. Lui-
même et ses proches vont donc s'attacher à créer une Vème République.

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