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2.- La dictature franquiste entre 1959 et 1975.

A.- L’évolution politique de la dictature franquiste au cours des années 1960.


Dès le milieu des années 1950 ont lieu des changements décisifs dans l’évolution de la
dictature franquiste du fait de :
 L’ouverture internationale.
 La croissance économique.
 La poussé de l’opposition qui acquiert un nouvel élan à partir des luttes ouvrières
et étudiantes de 1956.

Dans ce contexte se produit en 1959 la formation d’un nouveau gouvernement et la mise en


place du plan de stabilisation.
Peu à peu, les hommes issus des rangs des combattants pendant la guerre civile vont rester à
l’écart et apparaissent d’autres dirigeants qui n’avaient pas joué un rôle principal dans la
guerre civile, surtout dans la direction de la politique économique.
Néanmoins, malgré cette certaine libéralisation qui a lieu à partir de 1959 dans la politique
économique, le régime maintient intactes aussi la répression politique que les traits
dictatoriaux et même a lieu un retour de la répression la plus dure comme montre l’exécution
de Julián Grimau en 1963.
À la tête de la politique économique se situent des hommes liés à l’Opus Dei qui mettent en
place le Plan de Stabilisation et le Plan de Développement. La présence des hommes de l’Opus
Dei, appelés technocrates, suppose une nouveauté dans le panorama des familles politiques
du régime, car ce groupe est différent aux autres groupes catholiques dont l’influence avait été
très forte surtout à partir de la seconde moitié des années 1940. L’influence de l’Opus Dei va
être encore renforcée à la fin des années 1960.
Par ailleurs, on reprend la tâche d’élaboration des « Lois Fondamentales ». Si la Loi de
Principes du Mouvement National (1958) avait supposé une tentative d’institutionnalisation du
régime et l’échec des espoirs des catholiques et des phalangistes pour diriger cette
institutionnalisation, la Loi Organique de l’État (1967) vise à assurer la continuité du régime.
En 1969, le prince Juan Carlos prête serment comme successeur à la tête de l’État.
Cette année 1969 éclate aussi le scandale Matesa où étaient impliqués plusieurs hauts cadres
du régime et qui provoque une crise politique.

B.- L’opposition à la dictature au cours des années 1960.


a) Le nouveau mouvement ouvrier.
La nouvelle situation économique du début des années 1960 et l’apparition d’un nouveau
mouvement ouvrier sont à l’origine du renouvellement du mouvement ouvrier qui a lieu au
début de ces années.
Les travailleurs utilisent les ressources du régime, comme la Loi des conventions collectives de
1958, pour négocier leurs conditions de travail.
Les travailleurs se réunissaient en assemblées dans les locaux du syndicat vertical, ce qui peu à
peu va donner naissance au développement d’un mouvement ouvrier ouvert et participatif qui
est à l’origine de l’apparition des commissions ouvrières et à la reprise du mouvement gréviste.
Il s’agissait de combiner la lutte légale avec la lutte extralégale.

b) Rencontre à Munich.
L’augmentation des échanges commerciaux et la normalisation des relations diplomatiques
avec l’Europe, accéléra les contacts entre les groupes de l’opposition de l’intérieur et de l’exil.
Dans ce contexte a lieu l’accord entre démocrates-chrétiens, socialistes, républicains et
nationalistes basques et catalans pour créer l’Union des Forces Démocratiques, tout en
maintenant les communistes à l’écart.
Le IVe Congrès du Mouvement Européen à Munich en juin 1962 compte avec des
représentants de l’opposition modérée au franquisme et élabore une résolution exigeant
l’instauration d’institutions démocratiques en Espagne.
Malgré le malaise qui expérimente la dictature à cause de cette initiative qui l’éloigne de sa
prétention de se rapprocher de l’Europe, le gouvernement réagit avec mépris, imposant des
peines d’amende et bannissement aux participants à la réunion de Munich et en parlant de
« Contubernio de Munich ».
Plus préoccupant, cependant, pour le régime était la mobilisation ouvrière et étudiante et
l’action du Parti communiste qui va organiser l’opposition à l’intérieur, ce qui déclenche une
répression farouche contre cette opposition réelle.

c) Étudiants et ouvriers contre la dictature.


L’opposition à la dictature franquiste s’élargisait avec un nombre croissant d’étudiants et
d’ouvriers des nouvelles générations.
À l’Université, les mobilisations étudiantes débouchent sur des manifestations d’étudiants et
professeurs, ce qui provoque l’expulsion de l’Université de quelques-uns de ces derniers, et
plus tard, d’abord à Barcelone, sur la création d’un Syndicat démocratique d’étudiants (SDEUB)
dont les membres refusent d’adhérer au SEU du régime franquiste s’étendant plus tard à
Madrid avec la création du SDEUM.
Dans le mouvement ouvrier, les Commissions Ouvrières pratiquent la tactique de profiter des
institutions du régime pour élargir leur influence parmi les travailleurs.
Les Commissions Ouvrières sont mises hors la loi en 1967, alors que le mouvement gréviste
s’étendait et les dirigeants des Commissions Ouvrières étaient arrêtés et condamnés à de
lourdes peines de prison en 1973.
L’essor des mobilisations étudiantes et ouvrières amène au Parti communiste à définir une
nouvelle stratégie, celle de l’alliance des forces du travail et de la culture dont l’objectif était
de provoquer la chute de la dictature.

C.- La crise politique de la dictature franquiste.


a) Le gouvernement de Carrero Blanco.
En juin 1973, Franco quitte pour la première fois depuis la guerre civile la direction du
gouvernement et laisse à la tête du gouvernement l’amiral Carrero Blanco, avec le but de
préparer la succession et d’assurer la continuité du régime.
Le gouvernement de Carrero suppose le renforcement des aspects les plus répressifs du
régime. En plus, il confie le direction de la politique économique aux ministres liés à l’Opus Dei.
La répression se généralise comme dans le cas du procès 1001 contre les dirigeants de
Commissions Ouvrières.
Le 20 décembre 1973, Carrero est assassiné par l’ETA dans un attentat spectaculaire, ce qui
altérait les prévisions de Franco à propos du processus de succession.

b) Le gouvernement d’Arias Navarro et les limites de « l’ouverture », le dit aperturismo.


Arias Navarro remplace Carrero à la tête du gouvernement, alors que la crise économique
aggrave la crise politique.
La nomination d’Arias Navarro signifiait le maintien de la ligne dure du régime, malgré les
promesses « d’ouverture », présentées par Arias dans son discours devant les Cortes le 12
février 1974 et bientôt démenties par la reprise de la répression politique et sociale.
En plus, les quelques signes d’ouverture sont coupés après un remaniement du gouvernement
où les « ultras » occupent les postes clé.
En 1975 la situation devient de plus en plus tendue du fait de :
 La répression contre le mouvement ouvrier et les étudiants.
 Le décret antiterroriste qui suppose en fait l’établissement de l’état d’exception
permanent.
 L’imposition des peines de mort à des membres de l’ETA et du FRAP, exécutés le
27 septembre 1975.

De sa part, l’opposition se réorganise à travers la création d’institutions de rassemblement des


groupes de l’opposition. En juillet 1974 est créée la « Junta Democrática de España » autour du
Parti communiste et de quelques autres partis et personnalités de l’opposition. Presque une
année plus tard , en juin 1975, est créée la « Plateforme de Convergence Démocratique »,
autour du Parti socialiste et quelques groupes démocrate-chrétiens. Ces deux organisations
s’unissent en mars 1976, peu après la mort du dictateur, dans « Coordination Démocratique ».
Peu après les exécutions des membres de l’ETA et du FRAP, le dictateur tombe malade et le 20
novembre 1975 il est mort, donnant lieu à une période où les tentatives de continuité du
régime firent échec et on met en place un processus de transition démocratique sous la
surveillance des institutions de la dictature, notamment l’Armée.

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