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Constitution ESTADO

Article détaillé : Union nationale (Portugal).


L’Estado Novo repose d'abord sur une constitution : élaborée en 1932, elle est publiée au journal
officiel portugais le 22 février 1933 puis approuvée le 19 mars suivant grâce à un plébiscite
national, qui, par nature, est en réalité un référendum qui pour la première fois donne le droit de
vote aux femmes ; cependant, le taux d'abstention, relativement important, fut considéré comme
un vote d'approbation, faussant ainsi les résultats4.
La Constitution commence par exposer l'idéologie du régime : elle définit le territoire du Portugal,
puis dans une reprise de la doctrine sociale de l'Église catholique elle s'élève des individus avec
leurs droits et leurs responsabilités vers les familles, les corporations, les collectivités locales et
enfin l’État. Il y a une déclaration des droits, mais la Constitution prévoit aussi des « lois
spéciales » pour en régir l'exercice 5.
Cette Constitution entérine le régime de parti unique instauré le 30 juillet 1930, fondé sur l'Union
nationale (UN). L'Assemblée nationale est élue sur un système de liste unique. À ses côtés
existe la Chambre corporative, à vocation consultative (son rôle se bornant à exprimer des
opinions sur les projets de lois avant que l'Assemblée Nationale en débatte), qui réunit des élus
locaux et des représentants du monde administratif, moral, culturel et économique.
Les fonctions de chef de l'État reviennent au président de la République, élu pour sept ans au
suffrage universel direct. Il est assisté par le Conseil d'État. La direction du gouvernement revient
au président du Conseil des ministres. En principe, le président de la République dispose de
pouvoirs étendus : il nomme et révoque librement le président du Conseil (et les ministres sur la
proposition de celui-ci), peut s'adresser à l'Assemblée nationale par des messages, la dissoudre
et le gouvernement n'est responsable que devant lui. Dans la pratique toutefois, le pouvoir se
concentre entre les mains d'António de Oliveira Salazar, qui occupe le poste de président du
Conseil. Óscar Carmona sera entre 1933 et 1951 président de la République.
Corporatisme[modifier | modifier le code]
L’Estado Novo était considéré par ses idéologues comme un « État corporatiste », se définissant
officiellement comme une « République corporative », en raison de la forme républicaine du
gouvernement et de son aspect normatif doctrinaire et corporatiste, ce que reflète son appareil
législatif et social à intégration verticale, dont la Constitution, l'Institut national du travail (Instituto
do Trabalho Nacional), et un nombre important d'institutions publiques comme la Chambre des
corporations (Câmara Corporativa), le ministère des Corporations (ministério das Corporações),
l'Institut national du travail et de la sécurité sociale (Instituto Nacional do Trabalho e Previdência),
les syndicats nationaux de droit public, les organisations patronales (regroupées sous l'entité
du Grémio nacional), les maisons du peuple, les maisons de pêcheurs, ainsi que diverses
commissions de réglementation.

Le projet national-catholique de Salazar[modifier | modifier le


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L'Estado Novo entretient des liens et rapport ambigus avec le fascisme. Si ses fondements
philosophiques sont différents, son fonctionnement présente d'importantes similarités. Salazar se
nourrit d'abord des idées de l'intégralisme lusitanien qu'il va d'ailleurs dissoudre en 1934 : bien
que monarchiste, ce mouvement qui remonte aux années 1910, se veut traditionaliste, mais non
conservateur, anti-moderniste, anti-parlementariste, communaliste, corpo-syndicaliste,
décentralisateur, et catholique.
L'opposition à la politisation des masses, le cléricalisme et l'anti-modernisme excluent le
salazarisme de l'idéologie fasciste même s'il en est proche par certains aspects, comme la police
politique (PIDE), ou le parti unique.

Évolution du régime entre 1933 et 1945[modifier | modifier le code]


Profondément anti-démocratique, ce régime va susciter de nombreuses révoltes internes,
lesquelles vont être réprimées par la Polícia internacional e de defesa do estado (PIDE), police
politique de l'État portugais, fondé en 1933 sur le modèle de l'OVRA, la police politique de l'Italie
fasciste, mais sur les conseils du MI5 britannique. La PIDE obéit directement à Salazar, dispose
de plus de deux-mille agents, d'un vaste réseau de renseignement, et de centres de détention au
Portugal et dans l'Empire.
Sous l'influence grandissante du Troisième Reich, de l'Italie mussolinienne et du franquisme, tout
le long des années 1930, Salazar impulse des réformes institutionnelles rapprochant son régime
de ces trois systèmes. Mais, pour reprendre l'expression de l'historien René Rémond, ces
adaptations ont tout du « badigeon romain »6 et ne survivront pas vraiment à la Seconde Guerre
mondiale durant laquelle le Portugal reste à distance des forces de l'Axe.
Parmi ces concessions au fascisme, citons7 :

• 1935 : création de la FNAT (Fédération nationale pour l'allégresse au travail),


réplique de la Kraft durch Freude nazie, visant à encadrer les loisirs des ouvriers.
• 1936 : création de la Mocidade Portuguesa (Jeunesse portugaise), portant l'uniforme
siglé du S de Salazar. L'adhésion est obligatoire à partir de 10 ans et l'ambiance y est
paramilitaire sur le modèle des mouvements de jeunesse italiens et allemands
d'alors.
• 1936 : création de la Légion portugaise, une milice comptant 50 000 membres en
1939, comparables aux chemises noires italiennes, ou aux chemises
brunes allemandes
Toutes ces organisations sont réformées ou tombent en désuétude en 1945 alors que le régime
perdure. L'opposition à l'Estado Novo regroupe des républicains, des communistes, des
socialistes et des anarchistes. Le Parti communiste portugais (PCP) devient le principal parti
d’opposition à la dictature et constitue la cible prioritaire de la répression8. Notons également que
si les premières actions de la PIDE visent la gauche, elles ciblent également les mouvements
fascistes portugais se réclamant explicitement de Mussolini (notamment les 25 000 chemises
bleues que comptait le pays en 1933) mais aussi le mouvement national-syndicaliste,
d'inspiration hitlérienne, dissous en 1934 et dont le chef Rolão Preto (pt) est condamné à l'exil.
Proche mais toutefois différent du régime fasciste italien, la rupture révolutionnaire prônée par
cette doctrine laisse place, au Portugal, à la conservation des structures historiques, à l'absence
d'ambition d'expansion territoriale (tempéré toutefois par la défense des colonies d'outre-mer) et
la vision naturelle de l'Homme typiquement conservatrice, contrairement à la volonté du fascisme
de créer un « Homme nouveau » maîtrisant les forces de la Nature.[réf. souhaitée]
Dans son discours du 28 mai 1936, à l'occasion du dixième anniversaire du coup d'État qui a mis
fin à la Première République, Salazar définit les cinq piliers de l''Estado Novo :

• Dieu
• La famille
• Le travail
• La patrie
• L'autorité
En signant le Pacte Ibérique le 17 mars 1939, Salazar reconnaît à Franco sa pleine légitimité.

Évolution du régime entre 1945 et 1974[modifier | modifier le code]


Article détaillé : Histoire du Portugal pendant la Seconde Guerre mondiale.
Durant la Seconde Guerre mondiale, Salazar parvient à stabiliser les finances grâce à une
politique monétaire restrictive au prix d'un déficit en denrées alimentaires et d'une
importante inflation. Il réussit à maintenir une neutralité apparente, pour préserver l'alliance
historique avec le Royaume-Uni.
La fin de la guerre laisse penser que le pays va suivre le mouvement de libération qui souffle sur
l'Europe. Mais ce n'est que sous la pression internationale que le régime s'assouplit légèrement :
lors des élections à la fin de l'année 1945, les groupes politiques sont autorisés même s'ils
restent peu audibles. Ainsi se forme en octobre le Movimento de Unidade Democrática (MUD)
qui est dissous en janvier 19489. La censure se fait moins forte. Le pays connaît une grande
effervescence politique qui révèle un mécontentement général. Le parti unique ne doit finalement
sa victoire qu'au retrait de l'opposition. Ces élections permettent surtout à la PIDE de repérer les
opposants. Dès lors, le régime et la répression se durcissent. Les élections suivantes, sur le
même modèle, permettent également de donner le change à l'étranger. Celles de 1949 voient
l’opposition s'unir autour de José Norton de Matos. Sa campagne vigoureuse, pendant laquelle il
dénonce la répression et la censure, fait trembler le régime sur ses bases. Mais une fois encore,
la loi électorale oblige Norton de Matos à se retirer. L'opposition ne retrouvera pas de sitôt une
telle union.
En 1948, le régime de Salazar refuse, avec l'Espagne franquiste, de reconnaître l'État d'Israël.
Le Portugal entre comme membre fondateur de l'OTAN en 1949 et devient un allié précieux
des États-Unis en pleine guerre froide, constituant un front antisoviétique, un rempart contre
le communisme. Les nouveaux militaires formés sous ce régime atlantique seront, dix ans plus
tard, préparés lors des conflits internes et externes. En 1955, le Portugal rejoint l'ONU, puis fait
partie des membres fondateurs de l'AELE (1960) et de l'OCDE (1961).
L'élection présidentielle de 1958 (pt), à laquelle l’opposition présente comme candidat le
général Humberto Delgado, marque le début d’une crise politique interne. Salazar introduit
quelques réformes plus symboliques qu'efficaces. Mais les méthodes de gouvernement ne
changent pas. En 1959, il supprime l'élection présidentielle au suffrage direct, donnant au
parlement le pouvoir d'un collège électoral, la chambre étant contrôlée par le parti unique10.
Défenseur d'une politique colonialiste, Salazar souhaite maintenir l'unité territoriale du « Portugal
continental, insulaire et ultra-marin, du Minho au Timor », alors que les nations
européennes décolonisent progressivement l'Afrique. Les Guerres coloniales
portugaises déclenchées en 1961 mobilisent les Forces armées portugaises sur plusieurs
terrains indépendantistes rattachés à l'Empire colonial. La mobilisation des forces portugaises
dans les trois théâtres d'opérations (Angola, Guinée-Bissau, Mozambique), au début des années
1970, atteignit sa limite critique.
Salazar est contraint de renoncer au pouvoir en 1968, après avoir été victime d'un accident
vasculaire cérébral. Il est remplacé par Marcelo Caetano.
La révolution des Œillets (Revolução dos Cravos) le 25 avril 1974, mit fin au conflit colonial. Avec
la transformation du régime politique du pays, l'engagement militaire des forces armées
portugaises n'avait plus de sens. Les nouveaux dirigeants annoncèrent la démocratisation du
pays et se prédisposèrent à accepter les revendications d'indépendance des colonies. La Junta
de Salvação Nacional prend le pouvoir, forme une assemblée nationale constituante et travaille
durant deux ans à la transition démocratique : cette période est appelée le Processus
révolutionnaire en cours (PREC) et conduit à la promulgation de la Constitution de la Troisième
République le 25 avril 1976.

Politique coloniale[modifier | modifier le code]


Article détaillé : Empire colonial portugais.
Dans les années 1920 et 1930, le régime colonial instaure un système racial séparant les
Africains « assimilés », qui ont reçu les bases d'une éducation leur permettant éventuellement
d'occuper une place dans l’administration coloniale, des autres indigènes, privés de droits et
soumis au travail forcé, séparatisme qui ne sera aboli qu'en 1962[réf. nécessaire]. Au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale, les colonies sont encore très peu développées : à Sao Tomé-et-
Principe aucun lycée n'a encore été ouvert, tandis qu'en Angola et au Mozambique les seules
institutions ouvertes en annexes à l'université de Coimbra sont destinées aux fils de colons. Dans
les île du Cap-Vert, les sécheresses chroniques dues à la déforestation entraînent des famines
régulières, accentuées par l'absence d'aide alimentaire. Entre 1941 et 1948, on compte ainsi près
de 50 000 morts, soit le tiers de la population11.
Les guerres coloniales, qui durent de 1961 à la révolution des Œillets, en 1974, coûtent la vie à
16 278 soldats coloniaux et 26 000 soldats indépendantistes12,13,14,15,16. Du côté civil, le bilan est
estimé à 50 000 morts au Mozambique, 50 000 en Angola, 5000 en Guinée et 5000 colons
blancs tués, soit un total de 110 000 morts civils17,18.

Présidents de la République entre 1933 et


1974[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Liste des présidents de la République portugaise.

• António Óscar de Fragoso Carmona (1933-1951)


• António de Oliveira Salazar (1951) (Président par intérim)
• Francisco Higino Craveiro Lopes (1951-1958)
• Américo de Deus Rodrigues Tomás (1958-1974)

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