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Étymologie
Le nom du pays est issu de l'ukrainien Україна ou du russe Украина, Oukraïna (transcriptions
savantes respectives : Ukrajina et Ukraina), composés du préfixe ou, « dans, chez, près de, à
l’intérieur », et de la racine slave kraï (край), qui désigne initialement une incision, une entaille,
puis une ligne délimitant quelque chose, d'où, par extension, le sens de « pays, province » (en
russe : « bout, extrémité, périphérie », « bord, rebord » ou « pays, région, province » ;
en bulgare : « bord, coin, extrémité, terminaison, fin », « proximité, voisinage, environs »).
En français, cette étymologie est attestée au XVIIe sièclef.
Histoire
Article détaillé : Histoire de l'Ukraine.
L'Ukraine est le foyer du premier État slave oriental, fondé par des Scandinaves : la Rus' de
Kiev (appelée aussi dans les écrits occidentaux Ruthénie), qui durant les Xe et XIe siècles est
l'État, après l'Empire byzantin, le plus vaste et le plus puissant d'Europe.
L’État de Kiev
Article détaillé : Rus' de Kiev.
Au IXe siècle, Kiev est prise aux Khazars par les Varègues (Vikings orientaux probablement venus
de Suède) d’Oleg le Sage, prince de Novgorod. Située sur des routes marchandes, Kiev devient
rapidement le centre d'un État slave appelé « Rus » ou Ruthénie. Selon la tradition, sous le règne
de Vladimir le Beau Soleil, en 988 eut lieu le baptême des peuples aujourd'hui russe, ukrainien
et biélorusse.
Sous le règne de Iaroslav le Sage (1016-1054), le prestige de l'État kiévien atteint son apogée : il
s'étend alors de la mer Baltique à la mer Noire et du confluent de l'Oka avec
la Volga jusqu'aux Carpates septentrionales. Iaroslav est un bâtisseur — c'est lui qui fait
construire la célèbre cathédrale Sainte-Sophie à Kiev — et un législateur. Le droit, l'éducation,
l'architecture et l'art kiévien connaissent un développement important sous son règne. En 1051, il
marie sa fille Anne de Kiev au roi Henri Ier de France.
Cependant, au XIIe siècle, des conflits éclatent entre différents seigneurs locaux. Le
fractionnement en plusieurs principautés rivales mène l'État kiévien au déclin. Kiev est saccagée
par la principauté de Vladimir (1169) durant la lutte pour le pouvoir entre les princes, et plus tard
par les Coumans et les Tatars Mongols aux XIIe et XIIIe siècles. Ces derniers finissent par imposer
leur souveraineté dans toutes les principautés ruthènes. La cruauté de l'autorité mongole,
notamment en matière pénale, pousse les populations autochtones à fuir vers d'autres pays
comme la Pologne, la Hongrie ou la Moldavie.
Les contours du royaume polono-lituanien avec ses vassaux en 1619 superposé aux frontières actuelles
• 1 - La Couronne (Royaume de Pologne)
• 3 - Grand-Duché de Lituanie
• 4 - Livonie
• 5 - Duché de Courlande
Durant le XIVe siècle, les Polonais et les Lituaniens combattirent les Mongols et finalement toute
l’Ukraine du nord-ouest passa sous l’autorité de la Pologne-Lituanie, qui annexe Kiev en 1362.
Les Tatars se maintiennent dans la steppe pontique au nord de la mer Noire et en Crimée ;
toutefois, de 1382 à 1484, le grand-duché de Lituanie atteignit la mer Noire du côté d’Oçaq
(ou Otchakiv, vers l’actuelle Odessa)10. La Lituanie prit le contrôle de la Volhynie au nord-ouest
de l’Ukraine (y compris les régions autour de Kiev). Quant à la Pologne, elle prit le contrôle de
la Galicie ; plus au sud la principauté de Moldavie était sa vassale (plusieurs citadelles et régions
alors moldaves sont aujourd’hui ukrainiennes). Dans ces régions du nord-ouest, outre les
Ukrainiens que l’on nommait à l’époque Russyns, Ruthènes, le pays comptait des Polonais,
des Moldaves, des Allemands, des Arméniens, des Juifs et des Russes. À mesure que les Tatars
perdaient du terrain, nombre de villes et villages furent fondés. La noblesse d’Ukraine occidentale
fut souvent « polonisée ». La législation polonaise est introduite en Ukraine occidentale en 1434.
Si la Pologne mène une politique relativement tolérante vis-à-vis de l’orthodoxie, elle favorise
cependant le catholicisme qui progresse dans les territoires occidentaux de l'actuelle Ukraine.
L’influence polonaise pénètre plus lentement dans les territoires relevant du grand-duché de
Lituanie. L’orthodoxie y garde sa prédominance. Pourtant, les rapports de force au sein de l’État
polono-lituanien tournent à l’avantage des Polonais. L’Union de Lublin (janvier 1569) consacre le
triomphe de la Pologne. La Lituanie perd la plus grande partie de ses possessions ukrainiennes
(Podlachie, Volhynie, Podolie, région de Bratslav et de Kiev). La noblesse de ces régions se
polonise et se convertit au catholicisme. Une partie du haut-clergé orthodoxe est tentée par le
rapprochement avec Rome. Le métropolite de Kiev et une partie du haut-clergé, en réaction
contre les interventions réformatrices du patriarche de Constantinople, se rallient à Rome lors
du concile de Brešč (Brest-Litovsk) en 1596. L'Union de l'Église de la Rus' de Kiev avec Rome
forma l'Église grecque-catholique ukrainienne faisant partie des uniates.
C’est durant cette domination lituano-polonaise, à partir du XVe siècle, que se formèrent
les Cosaques, des paysans ruthènes orthodoxes qui refusaient la servitude et l’assimilation aux
Polonais catholiques. Le royaume de Pologne les tolère et les utilise contre les Tatars, puis, à
partir du XVIe siècle, contre les Turcs ottomans, devenus suzerains des Tatars de Crimée.
Le clivage entre le nord-ouest, orthodoxe mais d'influence polonaise et lituanienne, c'est-à-dire
occidentale, et le sud-est soumis aux Tatars et aux Ottomans, puis conquis et colonisé par
l'Empire russe, se retrouve jusqu'à aujourd'hui dans la structure politique du pays : le nord-ouest
vote plutôt pour les pro-européens et se méfie de l'influence russe, tandis que le sud-est vote
plutôt pour les pro-russes, se méfie de l'influence occidentale (souvent assimilée au fascisme
depuis la Seconde Guerre mondiale) et peut même se soulever contre le pouvoir de Kiev lorsque
ce dernier se rapproche de l'Ouest11.
L’État cosaque
Cosaque zaporogue.