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L'émancipation et l'affranchissement culturel de Dobroudja -

l'œuvre de la franc-maçonnerie roumaine et universelle

Oana Dugan

Après la Guerre d'Indépendance de 1877, Dobroudja est rattachée à la Patrie.


Pendant la guerre russo-turque, Dobroudja a été occupée par les troupes
tsaristes, d'avril 1877 à novembre 1878. Dans une proclamation publiée le
14 novembre 1878, à l'occasion de l'annexion du nouvel territoire, le
souverain Charles I garantissait à tous les habitants de la province que la
Roumanie allait les protéger tous ainsi que leurs intérêts. De plus, à de
nombreuses reprises, le roi a exprimé son amour pour la nouvelle province
et a promis que Dobroudja serait l’objectif principal dont les soins du
gouvernement auraient se concentrer particulièrement.

Vous dépendez désormais d'un État où seule la loi débattue et approuvée par la
nation décide et gouverne et non plus la volonté arbitraire. Les biens les plus sacrés
et les plus précieux de l'humanité: la vie, l'honneur et la propriété, seront placés
sous le bouclier d'une constitution que beaucoup de nations étrangères convoitent.
Votre religion, votre famille, le seuil de votre maison, seront protégés par nos lois
et nul ne pourra les frapper, sans recevoir le châtiment légitime”.
De point de vue juridique, la Roumanie rompt les relations diplomatiques
avec l'Empire Ottoman le 10 avril 1877, tandis que la Russie déclare la guerre
à la Sublime Porte le 12 avril et que les troupes russes franchissent la
frontière roumaine et avancent vers le Danube. « En vertu de ces événements,
les autorités roumaines ont choisi la date du 11 avril 1877 comme marquant
la fin de la domination ottomane en Dobroudja et, rétrospectivement, comme
le début de l'administration de l'État roumain dans la province (et non la date
du 14 novembre, qui marquait la prise de possession effective de Dobroudja).
(Iordachi, 2002)
La date du 11 avril 1877 comme fin de la domination ottomane dans la
province était stipulée telle quelle dans la loi sur l'organisation de Dobroudja
de 1880 et dans la loi sur la propriété en Dobroudja de 1882. Dans la guerre
Russo-turque, la Roumanie avait était un pays cobelligérant qui avait conquis
son indépendance sur le terrain de lutte, avant les stipulations et conditions
adoptées plus tard par le Traité de Berlin... En choisissant cette date, les
autorités roumaines voulaient affirmer que le Dobroudja était entrée sous
l’administration roumaine dès le début de la guerre.
Le début légal de l'administration roumaine en Dobroudja le 11 avril 1877 a
cependant généré de nombreuses controverses diplomatiques entre la
Roumanie et l'Empire Ottoman. « En 1882, après l'adoption de la nouvelle
loi sur la propriété en Dobroudja, la diplomatie ottomane objecta que, de
point de vue juridique, l'empire ne perdit ses droits territoriaux sur
Dobroudja qu'au moment de l'adoption du Traité de Berlin (13 juillet 1878),
et que le 11 avril 1877 adopté par la législation roumaine comme marquant
la fin de l'autorité ottomane dans la province représenterait une violation de
la suzeraineté de l'État Ottoman. Par conséquent, l'État Ottoman a considéré
valables en Dobroudja les documents qu'il avait délivrés entre le 11 avril
1877 et le 13 juillet 1878. Cependant, ces objections ont été rejetées par la
Roumanie. » (Iordachi, 2002).
La population entre le Danube et la Mer Noire avait été réduite par les
troubles militaires. « En raison de son importance stratégique, Dobroudja
fut souvent le théâtre d'affrontements militaires lors des guerres russo-
turques (1768-1878). Ces affrontements ont souvent créé l'anarchie dans le
système administratif local et généré d'importantes fluctuations de
population, qui ont affecté l'équilibre démographique et les relations
interethniques dans la province. Ainsi, entre 1770 et 1784, environ 200 000
Tatars de Crimée se sont réfugiés en Dobroudja. Suite à la guerre
dévastatrice de 1828-1829, la population de Dobroudja descendit à 40 000
habitants, puis passa à 100 000 en 1850 par le retour de ceux qui étaient
partis, mais aussi par une colonisation massive. Après la guerre de Crimée
(1853-1856), Dobroudja a de nouveau été repeuplée avec plus de 100 000
Tatars de Crimée et Circassiens du Kouban et du Caucase, qui ont été
affectés à des tâches militaires et ont agi comme une catégorie privilégiée
de troupes frontalières. Enfin, la guerre de 1877-1878 et le régime
d'occupation russe dans la province ont entraîné l'émigration d'un nombre
important de musulmans de la province, estimé à environ 90 000
personnes. A la fin de la guerre, des mesures urgentes s'imposaient pour la
reconstruction économique, la stabilisation de l'administration, le
repeuplement de la province, ainsi que pour la création des conditions
d'intégration et de développement économique de la province, en rapport
avec son potentiel. C'est le moment où la reconstruction de Dobroudja
revient comme un opus moralis à la franc-maçonnerie universelle, qui, par
le biais de ses « tentacules » en Roumanie - les loges maçonniques sous
diverses obédiences étrangères - a pour objectif commun l’émancipation de
Dobroudja du statut de pachalik turc. Le rôle majeur dans le développement
et la ré-roumanisation de Dobroudja reviens aux francs-maçons Michel
Kogălniceanu - en tant que ministre des affaires étrangères, puis de
ministre de l'intérieur et homme doté de pleins pouvoirs administratifs pour
l'avancement de la nation (et nous verrons immédiatement ce que fut son
influence directe) et à Constantin Moroïu, l'officier de cavalerie roumain,
combattant de la Guerre d'Indépendance, qui choisit de s'installer en
Dobroudja ayant pour mission de l'organiser de perspective maçonnique et
de la rattacher à la Roumanie de ce point de vue également, aboutissant
avec la fondation de notre Première Grande Loge Nationale.

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