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I.
Les enseignements des „Documenta Valachica"
1
Voir Louis Tamás: Rómaiak, románok és oláhok Dacia Trajánában.
(Romains, Romans, Roumains dans l'histoire de la Dacia Trajane). Budapest,
1935. (paru aussi dans AECO. I—II.)
2
Cf. Tamás: o. c. p. 218.
3
Voir particuliérement Etienne Kniezsa: Ungarns Völkerschaften im
XI. Jahrhundert (mit Kartenbeilage). AECO. 1938. p. 241 et suiv.
Transylvanie, seules 17 chartes authentiques y mentionnent des
Roumains au XIII e siécle, Dans ce nombre ne sont pas comprises
les chartes qui ne font que répéter les mémes données, Jusqu'á
1283 il n'y est pas question de colonisation roumaine. Quant
aux premieres données provenant de 1223, 1224, 1250 et de
1252, elles constatent, sans exception, la présence des colons
roumains dans le mérne terrítoire déterminé, d'une étendue li-
mitée, á savoir dans le coín Nord-Ouest du comitat de Fogaras,
Ce n'est qu'en 1247 que des Roumains apparaissent aussi dans
une autre région de la Hongrie. 4 Le deuxiéme fait d'ímpor-
tance capitale, c'est que selon le témoignage des documents
authentiques de l'époque, une population roumaine fort nom-
breuse vivait, au XII e siécle, en Serbie et en Bulgarie. Aux
XII e , XIII e , et XIV e siécles les princes serbes édictérent nom-
breuses chartes relatives aux pátres roumains de Serbie, mais
dés le début du XV e siécle les documents ne font plus mention
d'eux. 3 En Bulgarie l'élément roumain jouait, au XII e siécle, un
róle tellement ímportant que l'on désignait l'État de Bulgarie
recréé du nom de ,,Bulgaria et Vlachia"; la premiére dynastie
était d'origine roumaine, et le plus grand roi, Ionitza que les
Grecs appelaíent Kalojoannes (de 1197 á 1207), se faisait donner
le titre de roi des Bulgares et des „Vlachs". Cependant, sous le
régne de ses descendants, on ne se servait plus du second terme:
le pays et la dynastie prirent tous deux un caractére exclusive-
ment bulgare. La population roumaine de la Bulgarie disparut
complétement. 6 Est-íl permis de voir dans ce fait le phénoméne
d'une simple absorption? Mais comment expliquer alors le main-
tien des Roumains jusqu'au XII e siécle parmí les Serbes et les
Bulgares avec lesquels ils avaient vécu en communauté dés le
VII e siécle et leur survivance jusqu'á nos jours en Transylvanie,
au milíeu des Hongrois? Comment expliquer ces deux faits si
l'on admet que deux ou troís siécles auraient suffi pour que les
Roumains de Serbie et ceux de Bulgarie fussent absorbés par
les peuples au sein desquels ils vivaient? II ne s'agit pas dans
ce cas d'absorption, mais de Tévacuation d'un terrítoire, de l'émi-
gration de toute une population. La langue, la culture et les
4
Voir notre Collectíon de Chartes aux années correspondantes,
5
Silviu Dragomír; Vlahii din Serbia. Anuarul Instit, de Istorie Na{. Cluj.
I. 1922. p. 279 et suiv.
6
Voir C. C. Giurescu: lstoria Románilor. Bucure?ti, 1935, I. p, 296 et suiv.
institutions des Roumains qui habitent au Nord du Danube, con-
courent á appuyer cette thése.
On ne peut indiquer avec une entiére certitude la cause de
cette émigration de grandé envergure dans la direction de la
Hongrie, mais on ne risque pas de se tromper en cherchant
ses motifs dans le grand soulévement des Bulgares et des Rou-
mains, en 1185, contre l'empereur byzantin. Les guerres qui
durérent dix ans, troublaient les Balkans. 7 Elles paralysaient
surtout la vie pastorale qui était la principale occupation des
Roumains. Tout autre était la situation en Hongrie. La paix
régnait dans les montagnes de la frontiére. Ces circonstances fa-
vorables expliquent le commencement de l'émigration. Les cau-
ses qui lui donnérent un caractére régulier et eurent pour résul-
tat le déplacement de la majorité des Roumains balkaniques,
nécessitent un examen plus approfondí. II est certain qu'on les
trouve dans les conditions de vie trés favorables de la Hongrie
et dans les priviléges que les rois de Hongrie ne tardérent pas
á accorder aux nouveaux venus.
7
Voir la note précédente.
8
Cf. Tamás: o. c. p. 47.
9
Ibid.
10
Etienne Szabó: Ugocsa megye (Le comitat d'Ugocsa). Budapest,
1937. p. 193.