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Cuba, théâtre de la guerre froide

Articles connexes : Révolution cubaine et Crise des missiles de Cuba.

Fidel Castro en visite à Washington, en 1959.

Che Guevara en 1959.

À la même époque, un nouveau régime politique vient bouleverser les équilibres internationaux
lorsque Fidel Castro prend le pouvoir à Cuba : le Mouvement du 26-Juillet, auquel participe, outre
Fidel Castro et son frère Raul, le médecin argentin Ernesto « Che » Guevara, mène une
insurrection contre le régime de Fulgencio Batista. La guérilla de Castro, qui ne se présente alors
pas comme communiste482, bénéficie initialement d'une bonne image aux États-Unis, lassés par
les méthodes de Batista ; le Parti socialiste populaire, le PC cubain, ne se rapproche que
progressivement des rebelles483. L'URSS, qui juge alors l'insurrection sans espoir, est réservée
devant cette alliance445. Fin décembre 1958, l'armée gouvernementale se débande et Batista
prend la fuite. Le 7 janvier 1959, Castro fait une entrée triomphale à La Havane483. D'emblée, les
Américains dénoncent la violente répression exercée contre les partisans de Batista : la CIA, qui
soupçonne un « péril communiste », envisage rapidement une intervention militaire à Cuba. En
mai 1959, une réforme agraire touche la plupart des domaines sucriers possédés par des
intérêts américains : alors que ses rapports avec les États-Unis se dégradent, Cuba se rapproche
de l'URSS, avec laquelle elle conclut en février 1960 des accords économiques. La même année,
Cuba exproprie 192 sociétés nord-américaines : les États-Unis répliquent en décrétant un
embargo sur les exportations vers l'île. Che Guevara, ouvertement communiste, devient ministre
de l'industrie et responsable de la banque centrale cubaine, tandis que le Parti socialiste
populaire intègre le gouvernement484,485.
Castro se prépare désormais à une possible invasion et crée les Comités de défense de la
révolution, destinés à encadrer la population. Devenu président des États-Unis en
janvier 1961, John Fitzgerald Kennedy trouve des plans, préparés sous Eisenhower, qui
prévoient l'invasion de l'île par une troupe d'opposants cubains exilés. En avril, le débarquement
de la baie des Cochons, mal préparé, tourne à la débâcle : les 1 500 Cubains anti-castristes
débarqués sont accueillis par des miliciens en surnombre et vite mis en déroute. L'opération
accélère le rapprochement soviéto-cubain : Castro proclame Cuba « État socialiste », se
déclare marxiste-léniniste et annonce la formation d'un parti unique. Le PSP et le mouvement du
26-Juillet s'unissent au sein d'un Parti unifié de la révolution socialiste, rebaptisé en 1965 Parti
communiste de Cuba486,484,485,487.
L'URSS entame rapidement des échanges secrets avec Cuba en vue de prévenir une autre
invasion : Khrouchtchev propose à Castro d'installer des missiles à Cuba, pour intimider les
États-Unis. En septembre 1962, les batteries de missiles soviétiques sont mises en place, mais
leur présence est découverte et Kennedy exige leur démantèlement. La crise des
missiles entraîne une tension internationale extrême et fait craindre une guerre nucléaire ; Castro
va jusqu'à proposer à Khrouchtchev d'utiliser l'arme atomique contre les États-Unis en cas
d'attaque sur Cuba. Des négociations américano-soviétiques, dont Castro est tenu à l'écart,
aboutissent finalement au démantèlement des missiles. Les États-Unis promettent de leur côté
de renoncer à envahir Cuba484,485. La CIA tente ensuite à plusieurs reprises de faire assassiner
Castro, qui affirmera avoir échappé à 600 complots488.
Le régime cubain accélère la collectivisation de l'économie, tandis que Che Guevara mène un
ambitieux programme d'industrialisation. Mais le développement industriel et agricole à marche
forcée, joint au manque d'expertise, dégrade bientôt l'économie du pays ; l'embargo américain
aggrave encore la situation. Guevara, supplanté par des technocrates soutenus par l'URSS,
quitte le gouvernement pour se consacrer à la propagation de la révolution dans d'autres
pays484,489.
Cuba s'efforce d'exporter son modèle révolutionnaire dans le reste de l'Amérique latine. Guevara,
s'inspirant de Mao Zedong et Hô Chi Minh, appelle ainsi à créer « deux, trois, de nombreux Viêt
Nam » et théorise une insurrection qui serait provoquée par le foco (feu), une guérilla d'ampleur
réduite représentant l'avant-garde révolutionnaire. De multiples groupes insurgés, formés ou non
par les Cubains, apparaissent en Amérique latine. Guevara tente d'implanter ses méthodes
en Afrique durant la crise congolaise : son aventure dans l'ex-Congo belge tourne cependant au
fiasco. La première vague de guérillas latino-américaines suscite l'agacement de l'URSS, qui
considère la politique de Castro comme irréaliste, et gênante dans le cadre de la politique
de détente avec les États-Unis. Certaines guérillas, comme les FARC et l'ELN en Colombie,
parviennent à s'inscrire dans la durée, mais la plupart disparaissent avec le temps. Guevara lui-
même, revenu d'Afrique, lance une petite guérilla en Bolivie : il est tué le 8 octobre 1967490,491.
Évolutions du Bloc communiste[modifier | modifier le code]
Article connexe : Mur de Berlin.

Chars soviétiques et américains se faisant face sur Checkpoint Charlie, à la limite entre Berlin-Est et Berlin-
Ouest.
Fortifications sur la Potsdamer Platz, au moment de la construction du mur de Berlin en 1961.

En Europe, les pays du bloc de l'Est connaissent des évolutions contrastées. En République
populaire de Hongrie, János Kádár se livre, dans les années qui suivent l'écrasement de
l'insurrection de Budapest, à une politique de libéralisation modérée. Grâce à des réformes
économiques, la Hongrie communiste connaît une période de relative prospérité, qualifiée
de « socialisme du goulash »492,457.
En République démocratique allemande, le régime se consolide, mais demeure handicapé par
l'enclave de Berlin-Ouest : cette vitrine du monde occidental permet aux Est-allemands de
constater l'écart avec leurs propres conditions de vie, mais aussi de partir s'installer
en Allemagne de l'Ouest. La nombre important de départs vers l'Ouest aggrave les tensions
diplomatiques à Berlin, qui atteignent un point culminant durant la crise de 1961. Finalement,
dans la nuit du 12 août 1961, la construction d'un mur séparant Berlin-Ouest de Berlin-Est est
lancée : le mur de Berlin constitue désormais le symbole le plus visible du rideau de fer en
Europe. La crise diplomatique est exacerbée par la construction du mur, mais elle s'apaise à la
fin de 1961 : s'il met fin à l'exode des Est-allemands, le mur constitue un désastre en termes
d'image pour la RDA et l'ensemble du camp communiste493,494.

Le Mémorial des victimes du communisme à Prague.

La République populaire roumaine, quant à elle, se distingue en recherchant plus


d'indépendance vis-à-vis de l'URSS : Gheorghe Gheorghiu-Dej adopte une position conciliatrice
avec la Chine, noue des relations cordiales avec l'Occident, introduit une relative libéralisation
culturelle et proclame en avril 1964 l'« autonomie » de son pays au sein du bloc. L'Union
soviétique s'accommode de la situation, la Roumanie ne cherchant pas à rompre avec elle495.
En URSS, la politique économique de Nikita Khrouchtchev marque le pas dès la fin des années
1950. Les résistances à la déstalinisation demeurent fortes au sein de l'appareil. L'accumulation
de crises diplomatiques et les résultats décevants de la politique vis-à-vis du tiers-
monde contribuent à nourrir l'opposition envers Khrouchtchev, dont les réformes et le style
personnel suscitent la fronde au sein du PCUS. En 1962, la crise des missiles de Cuba porte un
coup supplémentaire au prestige du no 1 soviétique. Le 14 octobre 1964, Khrouchtchev est démis
de toutes ses fonctions : Léonid Brejnev le remplace à la tête du Parti467,496.

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