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Une nouvelle donne géopolitique : bipolarisation et émergence du tiers-monde (1949 - débuts des années 1970)

Attaque au napalm, sud-Vietnam 1966

=> Comment l'affrontement entre les États-Unis et l'URSS conduit-il à la bipolarisation du monde ?
=> Comment la décolonisation aboutit-elle à l'affirmation de nouveaux acteurs ?

I - LA GUERRE FROIDE ET L'ORDRE MONDIAL BIPOLAIRE

A - La bipolarisation du monde (1949-53)

1. L'opposition de deux modèles idéologiques antagonistes.

Les États-Unis et l'URSS défendent des conceptions du monde et de l'organisation de la société radicalement différentes. Ils
cherchent tous deux à diffuser leur modèle idéologique tout en dénonçant la menace que représente l'ennemi.
- les États-Unis prônent un modèle démocratique, libéral et capitaliste. Ils défendent l'économie de marché, le libre-échange,
le pluralisme politique et les droits de l'homme. Dans l'après-guerre, fort de leur prestige de vainqueur et de leur puissance
économique, ils se présentent au monde comme les "défenseurs de la liberté" et de la démocratie contre la tyrannie. Ils se
font ainsi les promoteurs de "l'American Way of Life", modèle de société basé sur la réussite individuelle, l'abondance et la
consommation de masse. Celui-ci se diffuse rapidement, en Europe surtout, notamment par l'exportation de biens de
consommation (chewing-gum, Coca-Cola, cigarettes blondes...) et de productions culturelles (le cinéma avec Marilyn Monroe,
la musique avec le jazz puis Elvis Presley). Il faut noter que les soldats américains basés en Europe et en Asie participent
largement de cette diffusion du "rêve américain".
- l'URSS défend un modèle communiste basé sur les théories marxistes. Celles-ci prônent notamment la dictature du prolétariat
afin d'exproprier la bourgeoisie et de mettre en place une société sans classe, libre et égalitaire. Dans le modèle soviétique,
l'intérêt commun passe avant l'intérêt personnel, ce qui permet notamment de justifier l'encadrement et la surveillance de la
société ainsi que le parti unique qu'est le PC. Si le régime stalinien peut être qualifié de totalitaire, le leader soviétique présente
toutefois son régime comme celui de la démocratie et de la liberté des peuples contre l'oppression capitaliste et l'impérialisme
yankee. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'URSS tire bénéfice du prestige de l'armée rouge et des mouvements de
résistance communistes pour diffuser son idéologie.
Une image du "rêve américain" : propriété privée, consommation et abondance.

Une image du modèle soviétique : affiche publiée en 1953 à la mort de Staline. On y voit Marx, Engels, Lénine et Staline. Sur
les drapeaux, on peut notamment lire : "en avant vers la victoire du communisme", "pour le bonheur des peuples"

2. La bipolarisation du monde

De l'Europe, la confrontation est-ouest s'étend rapidement au monde. Les deux camps, qui cherchent à diffuser leur modèle
idéologique et à étendre leur zone d'influence, s'affrontent ainsi indirectement sur tous les continents.
- partout dans le monde, les deux grands multiplient les alliances diplomatiques et militaires afin de constituer leur "bloc"
respectif.
 Les États-Unis signent le Pacte de Rio en 1948 avec les États d'Amérique Latine, l’ANZUS en 1951 avec l’Australie et la Nouvelle
Zélande, le pacte de Bagdad en 1955 avec la Turquie, l'Irak, l'Iran, le Pakistan et la Grande-Bretagne. En juillet 1949, ils lancent
aussi le Plan Dodge, un plan d'aide économique à destination du Japon. Cette véritable "pactomanie" traduit la stratégie
d'encerclement du bloc soviétique dans le cadre de la politique du containment.
 Le camp soviétique se renforce avec la naissance de la République Populaire de Chine le 1er octobre 1949, régime communiste
dirigé par Mao Zedong, avec qui Staline signe un traité d'alliance et d'amitié en 1949. En Europe, le Pacte de Varsovie
(l'équivalent de l'OTAN) est créé en mai 1955. Au Moyen-Orient, les soviétiques soutiennent l’Égypte du colonel Nasser, la
Syrie ou encore le Sud Yémen.

L'ordre mondial bipolaire dans les années 1960.


- la bipolarisation du monde et la constitution des sphères d'influence s'effectuent également parfois par des actions armées:
 En 1953, la CIA (créée en 1947) organise avec le MI6 britannique l'opération « Ajax » qui vise à renverser le 1er ministre iranien
Mossadegh pour placer au pouvoir le "Shah" Reza Pahlavie, plus conciliant vis à vis de Washington. En 1954, c'est une fois de
plus la CIA qui organise le coup d’État contre le socialiste Arbenz Guzman, pourtant démocratiquement élu à la présidence du
Guatemala. Les États-Unis défendent ainsi à la fois leurs intérêts politiques et économiques.
 La guerre de Corée (1950-53). Après le départ des Japonais en 1945, la péninsule coréenne est coupée en deux zones
d’occupation (situées de part et d’autre du 38è parallèle) qui donnent naissance en 1948 à deux États idéologiquement
opposés. Au Sud, les nationalistes sont soutenus par les États-Unis alors qu'au nord, la République Populaire de Kim Il Sung est
soutenue par l’URSS. Encouragés par Staline, les Nord-Coréens envahissent le Sud en juin 1950. Truman réagit en envoyant
des troupes sous pavillon des Nations Unies (mais constituées à plus de 80% de soldats américains et commandées par le
général MacArthur). Cette intervention provoque l’entrée dans le conflit de la Chine communiste : les Sud-Coréens reculent et
le front se stabilise autour du 38ème parallèle. L'armistice est signé en Juillet 1953 : le conflit a fait près de deux millions de
morts et la frontière est presque inchangée par rapport à 1950. Jusqu'à aujourd'hui, aucun accord de paix n'a été signé entre
les deux Corées.

La Guerre de Corée, un conflit périphérique de la Guerre Froide (1950-53)


3. La course à l'armement et l'équilibre de la terreur.

États-Unis et URSS se lancent par ailleurs dans une véritable "course à l'armement" : s'instaure ainsi un "équilibre de la
terreur" qui laisser planer le spectre de la guerre thermonucléaire et de la destruction mutuelle ("Mutual Assured
Destruction", MAD)
- les États-Unis, qui détiennent l'arme nucléaire depuis 1945, développent leur arsenal et mettent au point la bombe H en
1952. L’URSS se dote quant à elle de la bombe A en 1949 puis de la bombe H en 1953. De leur côté, le Royaume-Uni réalise ses
premiers essais nucléaires en 1952, la France en 1960 et la Chine en 1964.
- pour les responsables américains et russes, les armes nucléaires ont pour unique fonction de décourager une éventuelle
attaque de l’adversaire : c’est la doctrine de la dissuasion nucléaire, encore en vigueur de nos jours.
- le monde vit dans la crainte d’une guerre atomique qui détruirait l’humanité. A partir des années 1950, de plus en plus
d'américains construisent par exemple des abris anti-atomique pour se protéger en cas d'attaque!

Explosion de Tsar Bomba, la plus puissante bombe H jamais utilisé (57 mégatonnes), dans l'arctique russe en octobre
1961. L’éclair de l’explosion fut visible à plus de 1 000 km du point d’impact et le champignon atomique en résultant parvint
à une altitude de 64 km pour un diamètre de 30 à 40 km

Livret officiel du gouvernement fédéral des États-Unis publié en décembre 1961, afin d’informer et de protéger les citoyens
en cas de guerre ou d’attaque nucléaire.

B - La coexistence pacifique et ses limites (1956-1962)


1. Le "dégel" des relations est-ouest

A partir de 1956, les relations entre les deux grands se "réchauffent" quelque peu : l'idée d'une inévitable confrontation
militaire est écartée et les tensions s'apaisent entre les systèmes capitaliste et communiste. Comme le notait l'intellectuel
français Raymond Aron, si la "paix [est] impossible, [la] guerre [est ]improbable".
- A la mort de Staline (1953), son successeur Nikita Khrouchtchev entame un processus "déstalinisation". Lors du XXème
congrès du PCUS, il dénonce le culte de la personnalité et les crimes du "petit père du peuple" (sans toutefois réellement
modifier le fonctionnement du régime soviétique) et cherche à renouer le dialogue avec les États-Unis. Il dissout le Kominform
en 1956 et se rend même à Washington en 1959 (sous la présidence Eisenhower) puis rencontre J.F.Kennedy à Vienne en 1961.
C'est la "coexistence pacifique" (1956-1962)
- si cette période de "dégel" des relations américano-soviétiques témoigne d'une première prise de conscience du danger
nucléaire, elle reflète surtout la nécessité pour l'URSS de rétablir l'ordre au sein de son bloc (après les émeutes ouvrière de
Berlin en 1953 et l’insurrection hongroise de Budapest en 1956) et d'accélérer le développement économique de l'URSS
(notamment par l'acquisition de technologies occidentales, comme avec les fameux tracteurs américains John Deere qui
servent de modèle aux Kirovets soviétiques).
- la compétition entre les deux grands se déplacent à d'autres domaines comme le sport (lors des J.O. notamment) et la science,
en particulier dans le domaine aérospatial. Dans cette "course à l'espace", les soviétiques lancent le premier satellite Spoutnik
en 1957 et Y. Gagarine effectue le premier vol habité en 1961. En retard sur les russes, les américains créent la NASA en 1958
et lance le programme Apollo en 1961. En 1969, ils sont les premiers à marcher sur la lune, évènement retransmis en direct à
la télévision en mondiovision (sauf en République Populaire de Chine)

Timbre de l'URSS de 1961 commémorant le vol de Youri Gagarine


Neil Armstrong sur la Lune

2. Une période également marquée des crises.

Malgré le relatif apaisement entre les deux superpuissances, des crises viennent menacées l'équilibre mondial et la paix.
- la deuxième crise de Berlin (12-13aout 1961) : pour empêcher les est-allemands de fuir vers la RFA en passant par Berlin (3
millions en 15 ans), Khrouchtchev exige la transformation de l'ancienne capitale en une ville libre neutralisée (sous contrôle
de l’ONU) sous peine de donner à la RDA la pleine souveraineté sur la ville. Devant le refus de Kennedy, le gouvernement Est-
allemand fait édifier dans la nuit du 12 au 13 aout 1961 un mur fermant l'accès à Berlin-ouest. Les occidentaux présentent ce
"mur de la honte" comme le signe de l'échec de l'échec du système communiste. Ces derniers parlent quant à eux de "mur
anti-impérialiste"...

La construction du mur de Berlin, le 13 aout 1961.

Le mur de Berlin

- la crise des missiles de Cuba (du 14 au 28 octobre 1962) : en 1959, le révolutionnaire socialiste Fidel Castro renverse Fulgencio
Batista (dictateur soutenu par les USA). Progressivement, Cuba se rapproche de l'Union Soviétique. En réaction, les États-Unis
mettent en place un embargo sur l’île (octobre 1960) et soutiennent un débarquement d’exilés cubains anti-castristes dans la
Baie des Cochons en octobre 1961 (qui sera un échec). Les dirigeants cubains acceptent alors que l’URSS installe des missiles
sur l’île en août 1962. Lorsque les États-Unis découvrent les rampes de lancement, ils mettent en place un blocus militaire de
l'ile et entament des négociations pour le retrait des missiles. La tension entre les deux superpuissances est à son comble et le
monde est tout proche de basculer dans un 3ème conflit mondial. Devant la fermeté de Kennedy, Khrouchtchev décide
finalement de retirer les missiles. En contre-partie, les États-Unis s'engagent à ne pas renverser le régime de Fidel Castro.

La crise des missiles de Cuba

Le "bras de fer" diplomatique entre Khrouchtchev et Kennedy sur fond de menace nucléaire lors de la crise des missiles de
Cuba en octobre 1962.

C - La détente et ses limites (1962 - 1973)

1. La détente.

La crise de Cuba favorise la prise de conscience du danger nucléaire et du nécessaire apaisement des relations
internationales. les deux grands se décident alors à renforcer le dialogue. C'est période de "la détente" qui se manifeste de
différentes façons :
- en 1963, l’installation du « téléphone rouge », ligne directe entre Moscou et Washington permet de se concerter rapidement
en cas de crise.
- les deux superpuissances signent plusieurs accords sur les armes nucléaires : le traité de Moscou en 1963 interdisant les
expériences nucléaires (signé par plus de 100 pays mais pas par la France ni la Chine), celui de non prolifération en 1968 et les
accords SALT1 (qui limitent le nombre de missiles stratégiques) en 1972.
- entre 1972 et 1974, Leonid Brejnev et Richard Nixon se rencontrent à 3 reprises. Nixon se rend également en Chine en 1972.
- en 1975 a lieu la rencontre dans l'espace entre la capsule russe Soyouz et la capsule américaine Apollo, signe d'une plus
intense coopération dans le domaine scientifique.
- En Europe, l’Ostpolitik menée par le chancelier Willy Brandt à partir de 1969 amène à la normalisation des relations entre les
deux Allemagnes. En décembre 1972 est ainsi signé le "traité fondamental" (reconnaissance mutuelle) et les deux États sont
admis à l’ONU en septembre 1973.
- la détente culmine en 1975 avec les accords d’Helsinki, signés par les États européens, les États-Unis et l’URSS, qui entérinent
les frontières européennes issues de la 2nde Guerre mondiale, posent les principes d’une coopération économique et
affirment la primauté des droits de l’homme.

Le président Richard M. Nixon (à droite) et le dirigeant soviétique Leonid Brejnev à la Maison Blanche à Washington, le 21 juin
1973.

2. Le maintien des conflits périphériques.

L'amélioration des relations entre les deux superpuissances n'empêche pas l'éclatement de crises internationales qui
mettent russes et américains indirectement aux prises.
- en Amérique Latine, les États-Unis soutiennent des régimes dictatoriaux anti-communistes, comme au Brésil ou au Nicaragua.
En 1973, le gouvernement socialiste de Salvador Allende est renversé par un putsch mené par le Général Pinochet, soutenu
par la CIA ; il instaure une dictature qui dure jusqu'en 1990.
- En 1975, les Khmers Rouges, mouvement communiste radical d'inspiration maoïste, prennent le pouvoir au Cambodge. Leur
leader Pol Pot met en place une dictature d'une rare violence.
- la guerre du Vietnam (1964-73) : depuis les accords d'indépendance de Genève en 1954, le Vietnam en divisé en 2 parties de
part et d'autre du 17e parallèle : au nord, la République Démocratique du Vietnam, régime communiste dirigé par Ho Chi Minh,
et au sud la République du Vietnam pro-américaine dirigée par Ngô Đình Diệm. Présent depuis 1956 pour appuyer leur allié
du sud (grâce à des "conseillers militaires"), l'entrée en guerre des États-Unis se fait véritablement en 1964, à la suite d’un
incident naval qui oppose deux destroyers américains à la flotte nord-vietnamienne. Les américains procèdent à des
bombardements massifs sur le nord (comme sur Hanoï en 1965), puis, progressivement, interviennent aussi à terre. Les
effectifs américains ne cessent d’augmenter (quelques milliers de soldats en 1964, 175 000 en 1965, 500 000 en 1967 !). Si les
moyens militaires déployés par l'armée américaine sont impressionnants (et largement supérieurs à ceux des nord-
vietnamiens), ils ne suffisent toutefois pas à mettre en échec la guérilla menée Ho Chi Minh et les Vietcongs. En 1973, les
accords de Paris désengagent les USA mais la guerre se poursuit pour le Vietnam du Sud conquis par le Nord en 1975.
Attaque américaine à proximité de la frontière Cambodgienne, en Mars 1965.

Attaque d'un village sud-vietnamien, 1966

3. Des superpuissances de plus en plus contestées.

La période de la détente témoigne aussi des contestations et des critiques que connaissent les deux superpuissances à
l'intérieur de leur sphère d'influence respective.
- à partir des années 1960, l'image des États-Unis dans le monde commence à se dégrader. La guerre du Vietnam, largement
médiatisée, met notamment en évidence les contradictions entre les valeurs défendues par le pays et la brutale réalité du
conflit. La célèbre photo de "la petite fille au napalm" (1972) joua par exemple un rôle non négligeable dans le retrait des États-
Unis du Vietnam.
- L'autorité des États-Unis se trouve par ailleurs contesté à l'intérieur même de sa sphère d'influence. C'est par exemple le cas
de la France qui, sous la présidence du général de Gaulle, cherche à affirmer son indépendance en développant sa propre arme
nucléaire et en sortant du haut commandement intégré de l'OTAN (1966).
- Le modèle américain est enfin remis en cause à l'intérieur même du pays où se développe une critique multiforme portant
tout à la fois sur les inégalités de la société américaine, le racisme et la ségrégation raciale et la politique impérialiste menée
au Vietnam et en Amérique latine... Le mouvement des droits civiques (organisé notamment autour du pasteur Martin Luther
King entre 1954 et 1968) et celui des Blacks Panthers (fondé en 1966 par Bobby Seale et Huey P. Newton), les émeutes urbaines
de Watts en 1965 (Los Angeles) et Détroit (1967) ou encore le mouvement hippie (qui se développe en Californie entre 1967
et 1969) sont autant d'exemples de contestations de l'American Way of Life et de la politique étrangère américaine.
8 juin 1972, Trang Bang, Sud-Vietnam. Kim Phuc a 9 ans quand un avion sud-vietnamien largue sur son village des bombes au
napalm. Une photographie de Nick Ut couronnée par le prix Pulitzer.

La contestation menée par la jeunesse américaines (fin 1960's)

- dans le bloc soviétique, le leadership de l'URSS est tout d'abord remis en cause par la rupture sino-soviétique (1965-69). La
Chine de Mao, qui cherche à s'émanciper du "grand frère" soviétique et à affirmer son indépendance sur la scène
internationale, rompt en effet ses relations avec Moscou et cherche à se définir comme le leader du communisme mondial.
- des démocraties populaires cherchent également à s’émanciper du modèle stalinien. C'est notamment le cas en
Tchécoslovaquie avec le "Printemps de Prague" de1968. Alexander Dubček, premier secrétaire du Parti communiste
Tchécoslovaque depuis janvier 1968, met en oeuvre sa politique du « socialisme à visage humain » et entame une relative
libéralisation du régime (liberté de la presse, d’expression et de circulation, démocratisation de la vie politique et
décentralisation de l’économie). Le mouvement est écrasé par les troupes du pacte du pacte de Varsovie en août 1968.

Les chars des troupes du Pacte de Varsovie dans Prague en août 1968
=> entre 1949 et le début des années 1970, un ordre mondial bipolaire se met en place autour des deux superpuissances
antagonistes que sont les États-Unis et l'URSS. Les différentes crises qui marquent la période témoignent des logiques, des
modalités et des enjeux de cette Guerre Froide. Toutefois, cet ordre mondial est de plus en plus contesté, aussi bien à
l'intérieur des blocs (notamment au cours de l'année 1968) que par les pays du 1:3 monde...

Vocabulaire :
bipolarisation - blocus - CIA - coexistence pacifique - containment (endiguement) - déstalinisation - détente - dissuasion
nucléaire - équilibre de la terreur - idéologie - impérialisme - modèle idéologique - Mutual Assured Destruction (MAD) -
Ostpolitik - pactomanie - panarabisme -

II - L’ÉMERGENCE DE NOUVEAUX ACTEURS : DES INDÉPENDANCES A L'AFFIRMATION DU TIERS-MONDE.

=> Comment la décolonisation aboutit-elle à l'affirmation de nouveaux acteurs sur la scène internationale?
=> Comment l'accès à l'indépendance de nouveaux États modifie l'ordre mondial bipolaire?

A - La décolonisation

1. Les multiples causes de la décolonisation.

En 1945, une large part de l'Asie et presque tout le continent africain sont encore colonisés par les puissances européennes
(Grande-Bretagne, France, Pays-Bas, Belgique et Portugal notamment). Toutefois, des mouvements indépendantistes se
développent au lendemain du conflit mondial et remettent en cause la domination européenne.
- La 2nde Guerre mondiale fragilise considérablement les métropoles coloniales. Elle entraîne en effet une perte de prestige
et de puissance, comme c'est le cas pour la France qui connait la défaite et l'occupation entre 1940 et 1944.
- Les deux superpuissances s'opposent à la colonisation, aussi bien pour des raisons idéologiques que pour des motifs plus
pragmatiques et politiques. Les États-Unis, qui sont nés d'une guerre d'indépendance contre la couronne britannique,
défendent le droit des peuples disposer d'eux-mêmes tout en recherchant de nouveaux marchés. Les soviétiques considèrent
quant à eux la colonisation comme l'aboutissement de l'exploitation capitaliste et tentent d'affaiblir les pays occidentaux.
Les deux grands cherchent aussi à étendre leur influence et à diffuser leur modèle dans de nouvelles régions du globe.
- Dès sa création, l'ONU affirme également le droit des peuples à disposer d'eux-même. L'organisation devient rapidement
une véritable tribune pour les leaders indépendantistes et pour les nouveaux États.
- La guerre renforce enfin les mouvements nationalistes. Ils espèrent notamment que de nouveaux droits leur seront
accordés en raison de leur participation au conflit et multiplient même les revendications indépendantistes. En Inde par
exemple, Gandhi et le Parti du Congrès somment les Anglais de "Quitter l’Inde" dès 1942. En Indochine, Ho Chi Minh proclame
l'indépendance du Vietnam dès le 2 septembre 1945, jour de la capitulation japonaise. En Algérie, une manifestation
pacifique est organisée par les nationalistes le 8 mai 1945 (on y voit pour la première fois des drapeaux algériens) ; elle est
très violemment réprimée par la police française (environ 8000 morts).
Gandhi (au centre) avec des dirigeants du Parti du Congrès pendant le mouvement "Quit India", aout 1942.

Manifestation à Sétif (Algérie), le 8 mai 1945

2. Les indépendances résultants de processus négocié.

Dans la plupart des cas, l'accession à l'indépendance s'effectue par des négociations entre la métropole coloniale et les
représentants des mouvements indépendantistes. Cela n'empêche toutefois pas toujours les violences.
- L'empire britannique des Indes se transforme en quatre États souverains : L'Inde, le Pakistan (aout 1947), la Birmanie et le
Sri Lanka (1948). La partition entre l'Inde et le Pakistan, qui s'effectue sur des bases confessionnelles, entrainent d'importants
mouvements de populations (près de 15 millions de personnes sont déplacés entre 1947 et 1950) et des violences entre les
deux communautés (on compte environ 400 000 morts dont Gandhi, assassiné en janvier 1948 par un extrémiste hindou).
- La France accorde l'indépendance au Maroc et à la Tunisie au Maroc en 1956, ainsi qu'à 13 colonies d'Afrique subsaharienne
en 1960 (tout comme le Congo belge).
Les phases de la décolonisation et l'émergence du tiers-monde

3. Les luttes de libération.

Dans certaines colonies, l'indépendance est gagnée à la suite d'un conflit contre la métropole. Ce fut notamment le cas
avec la France.
- La guerre d'Indochine (1946-54) : elle oppose l'armée française au Viet Minh, mouvement indépendantiste communiste,
dirigé par Ho Chi Minh. Le conflit, qui prend d'abord la forme d'une guérilla indépendantiste, s'internationalise et s'ancre
dans la Guerre Froide à partir de 1949 avec l'avènement de la République Populaire de Chine (qui soutient le Việt Minh), le
déclenchement de la guerre de Corée (1950) et l'aide apportée par les Américains aux français pour contrer l'expansion
communiste. Après la défaite de Diên Biên Phu en mai 1954, les accords de Genève (signés en juillet de la même année)
mettent fin à la guerre : La France s'engage à évacuer ses troupes d'Indochine, les royaumes du Laos et du Cambodge
deviennent indépendants et le Vietnam est partagé temporairement en deux États séparés par le 17e parallèle ; l'autorité
d'Hô Chi Minh est reconnue sur le nord, qui devient officiellement une république « démocratique » sous gouvernement
communiste, alors que le sud dirigé par Bao Dai se dote d'un régime pro-occidental. Des élections sont prévues pour 1956
afin de permettre aux Vietnamiens de choisir leur régime politique dans le cadre d'un Vietnam réunifié...

Pierre Mendès-France (président du conseil) et Zhou Enlai (1er ministre chinois), le 23 juillet 1954, au moment des accords
de Genève.

- La guerre d'Algérie (1954-62) : l'Algérie occupe une place à part dans l'empire colonial français : conquise dès 1830, seule
colonie de peuplement, divisée en 3 départements rattachés au ministère de l'intérieur et riche en hydrocarbure, "l'Algérie,
c'est la France" selon les mots de François Mitterrand, ministre de l'Intérieur de l'époque (1954). Le conflit commence le 1er
novembre 1954 avec une vague d'attentats lancée par le Front de Libération Nationale (la "Toussaint rouge"). La répression
est sanglante et le FLN affaibli mais le fossé se creuse irrémédiablement entre "musulmans" et européens. Les violences se
poursuivent jusqu'aux accords d'Evian de mars 1962. Le 3 juillet 1962, la France reconnaît officiellement l’indépendance de
l'Algérie. Le conflit coûte la vie à environ 400 000 Algériens, 50 000 harkis, 5000 civils européens et 28000 soldats français.
800 000 pieds-noirs fuient l'Algérie dans des conditions désastreuses.
- Des affrontements ont également lieu en Indonésie néerlandaise (1949) ainsi que dans les colonies portugaises (Angola et
Mozambique) qui ne deviennent indépendantes qu'en 1975.
De l'Algérie française à l'indépendance

B. La difficile affirmation du tiers-monde sur la scène internationale.

1. La naissance du tiers-monde et du mouvement des non-alignés.

Dans un contexte international marqué par la suprématie des deux superpuissances, les États récemment décolonisés
cherchent à affirmer leur indépendance et à accroitre leur influence sur la scène diplomatique.
- l'expression "tiers-monde" est employée pour la première fois par Alfred Sauvy (économiste, démographe et sociologue
français) en 1952, en référence au "tiers-état" de l'Ancien Régime. Elle désigne l'ensemble des pays récemment décolonisés,
qui représentent la majorité de la population mondiale mais pèsent très peu dans l'économie mondiale et cherchent à
s'affirmer politiquement en dehors de la rivalité est-ouest (« Car enfin ce tiers monde ignoré, exploité, méprisé comme le tiers
état, veut, lui aussi, être quelque chose » A. Sauvy)
- la naissance du tiers-monde en tant que force politique a lieu lors de la conférence de Bandung (Indonésie) en 1955. Pour
la première fois, des pays d'Afrique et d'Asie se réunissent pour condamner le colonialisme, l'impérialisme des puissances
occidentales et affirmer leur volonté d'indépendance. L'égyptien Gamal Abdel Nasser, l'indien Jawaharlal Nehru, l'indonésien
Soekarno et le chinois Zhou Enlai en sont les principaux chefs de fil.
- avec d'autres États non issus de la décolonisation mais qui refusent également de se soumettre à l'ordre bipolaire du monde
(comme la Yougoslavie de Josip Tito et Cuba de Fidel Castro), les pays du tiers-monde créent le mouvement des non-alignés
dont la première conférence a lieu à Belgrade en 1961. Ils retrouvent également lors de la conférence d'Alger en 1973.
- les pays du tiers-monde utilisent également l'ONU pour mieux faire entendre leurs revendications et favoriser le
développement économique et social. Devenus majoritaires au sein de l'assemblée (le birman U Thant devient même en
1961 le premier secrétaire général originaire du tiers-monde), ils obtiennent en 1964 la création de la Conférence des Nations
Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) et constituent le "groupe des 77" pour défendre leurs intérêts
économiques communs.

Nehru (Inde), Nkroumah (Ghana), Nasser (Egypte), Soekarno (Indonésie) et Tito (Yougoslavie) lors de la conférence de
Bandung en 1955.
L'émergence du tiers-monde

2. Les limites du non-alignement

Toutefois, l'affirmation des pays du tiers-monde en tant que force politique refusant de s'aligner sur la bipolarisation du
monde montre rapidement ses limites.
- le mouvement est tout d'abord fracturé par l'apparition de nouvelles organisations fondées sur des bases culturelles ou
économiques. C'est par exemple le cas avec la création de la Ligue Arabe (1960) qui vise à promouvoir le panarabisme, de
l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP, 1960) ou encore de l'Organisation de l'Union Africaine (OUA, 1963)
qui défend le panafricanisme.
- surtout, le mouvement des non-alignés n'échappe pas réellement à l'opposition est-ouest et se trouve rapidement divisé
entre défenseur d'un strict non-alignement (comme Tito en Yougoslavie), pro-occidentaux (la Turquie et l'Iran par exemple)
et pro-communistes (Chine et Vietnam notamment). La guerre du Vietnam, qui suscite une vive opposition aux États-Unis,
ainsi que l'émergence de la Chine communiste sur la scène internationale, rend encore plus illusoire un réel non-alignement.
- en outre, dans de nombreux pays récemment décolonisés, les espoirs de paix et de prospérité sont vite déçus. Des dictateurs
s'imposent au pouvoir (notamment en Afrique subsaharienne), parfois soutenus par les puissances occidentales (qui
préfèrent l'autoritarisme au communisme, comme c'est le cas au Congo avec l'assassinat de Patrice Lumumba en 1961). Des
conflits explosent comme entre l'Inde et le Pakistan (1947) ou au Nigeria dans la région du Biafra (1967-70). La pauvreté
demeure enfin souvent massive et les économies restent très dépendantes des exportations de matières premières vers les
puissances occidentales.
- En quête d'assistance économique et militaire, de nombreux pays ont ainsi tendance à se rapprocher d'une des
superpuissances, comme l'Inde et l’Égypte avec l'URSS ou la Turquie, l'Indonésie ou le Pakistan avec les États-Unis.

Le général Joseph-Désiré Mobutu, commandant de l'armée congolaise, le 03 décembre 1965 à Kinshasa. Il prend le pouvoir
par un coup d'Etat soutenu par la CIA et reste au pouvoir jusqu'en 1997.
Caricature de Plantu, 1978

Nikita Khrouchtchev en visite en Égypte, aux côtés du président Gamal Abdel Nasser, mai 1964.

C - Le Moyen-Orient, une région stratégique, foyer de tensions et de conflits.

1. le Moyen-Orient au cœur des enjeux de la Guerre Froide.

Comme le reste du monde, le Moyen-orient devient l'enjeu de la rivalité entre les deux superpuissances de la Guerre Froide.
Il s'agit pour elles d'y créer un réseau d'alliances et d'y défendre leurs intérêts politiques, économiques et militaires.
- Le Moyen-Orient constitue une région stratégique d'importance mondiale, aussi bien en raison de ses réserves en
hydrocarbure que de la présence du canal de Suez. Après le départ des britanniques et des français à la suite de la 2nde
Guerre mondiale, soviétiques et américains tentent d'y imposer leur influence.
- ainsi, les États-Unis se rapprochent de l'Arabie Saoudite dès 1945 avec le Pacte de Quincy, de la Turquie (qui intègre l'OTAN
en 1952), de l'Irak, de l'Iran et du Pakistan (avec le Pacte de Bagdad de 1955) ainsi que d'Israël qui devient un allié privilégié
à partir des années 1960. De leur côté, les soviétiques se rapprochent de l’Égypte de Nasser et de la Syrie.

Le Moyen-Orient dans la Guerre Froide (fin des années 1950)

2. La crise du canal de Suez, une crise de la Guerre Froide au Moyen-Orient.

La crise de Suez (du 29 octobre au 7 novembre 1956) révèle l’importance stratégique du Proche et Moyen-Orient dans la
Guerre Froide.
- le 26 juillet 1956, le président égyptien Nasser nationalise le canal de Suez contrôlé jusqu'alors par un consortium franco-
britanniques. Le canal, une des principales voies de passage pour les hydrocarbures en provenance du golfe arabo-persique
(et pour le commerce en général), est absolument stratégique pour l'économie égyptienne comme pour les États occidentaux
dont les besoins énergétiques explosent pendant les 30 Glorieuses. Cette décision sert donc de prétexte à la France et au
Royaume-Uni pour intervenir en Égypte en octobre 1956, tout en s’appuyant sur l’État d’Israël qui souhaite de son côté
mener une « guerre préventive » contre son hostile voisin.
- l'intervention militaire est immédiatement condamnée par l'ONU et par les deux superpuissances qui imposent le retrait
des troupes franco-britanniques. Les deux grands veulent ainsi affirmer leur hégémonie mondiale et se rapprocher du monde
arabe riche en hydrocarbure. Cet épisode constitue aussi une victoire diplomatique pour Nasser qui s'impose comme le
leader incontesté du nationalisme arabe.

Le président Nasser porté en triomphe au moment de la nationalisation du canal de Suez


La crise du canal de Suez, une crise du Moyen-orient et de la Guerre Froide.

3. Les guerres israélo-arabes (1948-73) et la naissance de la question palestinienne.

A partir de la création de l’État israélien, les guerres avec ses voisins se multiplient. Dans le contexte de guerre Froide, le
Moyen-Orient devient un des principaux de principaux foyers de tensions de la planète.
- 1ère guerre israélo-arabe (mai 1948 - juillet 49) : les États arabes de la région refusent la création d’Israël et attaquent Israël
le 15 mai 1948, le lendemain même de sa proclamation. Rapidement, les israéliens prennent le dessus sur la coalition arabe
comprenant l’Égypte, l'Irak, la Jordanie, la Syrie et le Liban. Israël conquièrent une partie de l’État Arabe prévu par l'ONU
tandis que la bande de Gaza revient à l’Égypte et la Cisjordanie à la Jordanie. Environ 800 000 palestiniens se réfugient à
Gaza, en Cisjordanie et au Liban, chassés ou partis de leur plein gré. La paix est signée le 24 février 1949 (armistice de Rhodes),
mais les tensions restent importantes entre Israël et ses voisins.
- la guerre des 6 jours (du 5 au 10 juin 1967) : en mai 1967, Nasser (dirigeant égyptien et leader du panarabisme) ferme le
détroit de Tiran aux navires israéliens et procède à d'importants mouvements de troupes dans le Sinaï. En réaction Israël
lance une "attaque préventive" contre l’Égypte, la Syrie et la Jordanie. Tsahal (l'armée israélienne) écrase les armées arabes
en 6 jours. Israël occupe alors de nouveaux territoires : le plateau du Golan, la Cisjordanie et le désert du Sinaï. Le Conseil de
sécurité de l’ONU vote la résolution 242 qui exige la restitution des territoires occupés par Israël et la reconnaissance de
l’État d’Israël par ses voisins.
- la guerre du Kippour (du 6 au 25 octobre 1973) : le 6 octobre 1973 (Jour de la fête juive du Grand Pardon, le Yom Kippour),
les Égyptiens (dirigés depuis 1970 par Anouar el-Sadate) et les Syriens (emmenés par Hafez el-Assade) lancent une offensive
simultanée dans le Sinaï et le Golan afin de récupérer les territoires perdus en 1967. Les Israéliens parviennent rapidement
à repousser les assaillants et arrivent même aux portes du Caire, mais les Soviétiques (qui soutiennent les États arabes), les
Américains (qui soutiennent Israël) et L’ONU imposent un cessez-le-feu. La guerre se termine par un statu-quo le 25 octobre
1973.
Du plan de partage de l'ONU (1947) à la guerre des 6 jours (1967) : les guerres israélo-arabes.

- une des conséquences de la "Nakba" (la "catastrophe", en référence à la fuite des palestiniens des territoires contrôlés par
Israël après la guerre de 1948-49) et de la guerre des Six-Jours(qui place gaza et Cisjordanie sous un régime d'occupation
israélien) est la radicalisation des mouvements palestiniens. En 1968, L'OLP de Yasser Arafat ("Organisation de Libération de
la Palestine", fondée en 1964) amende sa charte en mettant l'accent sur la libération totale de la Palestine, le développement
de la lutte armée et la destruction d'Israël. Chassé de Jordanie par le roi Hussein en septembre 1970 (qui souhaite apaiser
ses relations avec Israël), l’OLP se replie au Liban d'où elle poursuit sa lutte contre Israël. L’organisation met en place des
formes d’actions terroristes comme des détournements d’avion et des attentats, les plus retentissants étant ceux des Jeux
Olympiques de Munich en 1972 lors desquels des membres de l'équipe olympique israélienne sont pris en otage par
l'organisation "Septembre Noir" liée à l'OLP. 11 athlètes israéliens sont tués, ainsi que 5 des 8 terroristes. En représailles,
Israël lance l'opération "Colère de Dieu" (traque menée par le Mossad des terroristes survivants) ainsi que des raids contre
les camps de réfugiés et les villages situés à la frontière avec le Liban.

Entre le 6 au 9 septembre 1970, le Front populaire de libération de la Palestine détourna quatre avions de compagnies
occidentales. Ici l'avion de Swissair détourné en Jordanie.
Yasser Arafat, chef de l'OLP (1970)

Vocabulaire :
CNUCED - FLN - Groupe des 77 - guérilla - Ligue Arabe - mouvement des non-alignés - Nakba - nationalisme - OLP - OPEP -
OUA - panafricanisme - panarabisme - tiers-monde - Viet Minh.

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