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Module : Relations Internationale (RI)

Groupe d’exposé N° 5 : Licence S1


DR : Histoire-Géographie

LA COEXISTENCE PACIFIQUE (1953-1962) :


Causes, manifestations et limites
Introduction
Apres la mort de Staline en mars 1953, ses successeurs se montrent plus conciliants vis-à-vis
des Occidentaux. A partir de 1955, Nikita S. Khrouchtchev, le nouveau Premier secrétaire du
PCUS, développe une politique de coexistence pacifique. Forte de son avance dans le
domaine thermonucléaire et spatial, l'URSS veut en effet profiter du nouveau climat de paix
dans le monde pour ramener la rivalité qui oppose l'Union soviétique aux Etats-Unis aux seuls
domaines idéologique et économique. Il s’agit d’envisager une coopération entre Etats sur le
seul plan économique et le point de vue trouve un écho favorable chez les présidents
successifs des Etats-Unis (Eisenhower, Kennedy et Johnson).
Aux Etats-Unis, le président Eisenhower doit tenir compte des dangers d’escalade et des
risques de confrontation nucléaire directe avec les Soviétiques, et opte, des l’année 1953, pour
une nouvelle stratégie, celle du new look. Celle-ci combine a la fois la diplomatie et la menace
des représailles massives, massive retaliation. En outre, les Etats-Unis ne détiennent plus le
monopole de l’arme atomique et doivent tenir compte des progrès technologiques de l’Union
soviétique qui, depuis 1949, s’est dotée de la bombe A et dispose de la bombe H en 1953.

I- Les facteurs ou causes de la coexistence pacifique


La coexistence pacifique est due à plusieurs facteurs : les changements politiques aux USA et
en URSS, la course aux armements, les dissensions au sein des blocs, la décolonisation et
l’émergence du Tiers-monde

1- Les changements politiques aux USA et en URSS :


Les changements politiques se traduisent par l’arrivée au pouvoir des nouveaux dirigeants à la
tête des deux grandes puissances (USA et URSS) qui adoptent une politique internationale
plus conciliante.
- Aux USA : en janvier 1953, le général Eisenhower arrive au pouvoir. Il met fin au
Maccarthysme (idéologie anticommuniste à l’extrême) et opte pour le Pull back, c’est-à-dire
la fin de l’anticommunisme exagéré des Américains.
-En URSS : en mars 1953, Khrouchtchev arrive au pouvoir. Il entreprend les contacts directs
avec les dirigeants de l’ouest (voyages officiels, Royaume-Uni en 1956 aux USA en 1959, en
France en 1960, à Vienne en Autriche en 1961).

2- La course aux armements : L’équilibre de la terreur :


La coexistence pacifique est aussi et surtout guidée par la course aux armements ayant abouti
à ‟l’équilibre de la terreur”.

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Celui-ci se manifeste par l’obtention des armements nucléaires et stratégiques par l’URSS,
comparables à ceux des USA : bombe atomique en 1949 et à hydrogène en 1954. Désormais
les deux grands disposent d’un potentiel nucléaire comparable.
3- Les dissensions au sein des blocs :
- Dans le bloc occidental : Le leadership des USA est contesté par ses alliés comme la
France. En plus la France et la Grande Bretagne se heurtent à l’attitude favorable des Etats
Unis à la décolonisation.
- Dans le bloc oriental : La politique de déstalinisation entreprise par Khrouchtchev en 1956,
entraine de vives tensions entre l’URSS et ses pays satellites : cas de la Pologne en juin 1956
et de la Hongrie en octobre 1956. Sans oublié la Chine populaire, par fidélité à Staline,
n’approuve pas ni la déstalinisation ni la politique de Khrouchtchev en faveur de la
coexistence pacifique avec l’Ouest : d’où la rupture est rendue publique en octobre 1961. Ces
dissensions ont fragilisé la cohésion interne de chaque bloc.
4- La décolonisation et l’émergence du Tiers-monde :
La décolonisation a donné naissance à de nouveaux Etats. Lors de la conférence de Bandoeng
du 18 au 24 avril 1955 en Indonésie, ces nouveaux Etats ébranlent le monde bipolaire de la
Guerre froide avec la naissance du Tiers-monde, qui apparait comme une troisième force sur
laquelle il faut compter dans les relations internationales.

II – Les manifestations de la coexistence pacifique :


La coopération entre les Etats-Unis et l’URSS s’est traduite par des négociations sur les
armements atomiques

 La politique du désarmement :
* Les leçons de la crise des fusées de Cuba :
La crise de Cuba a montré que sans un minimum d’accord sur l’armement nucléaire des Deux
Grands, le monde peut facilement basculer dans une guerre nucléaire irréparable.

 Les négociations des accords sur le désarmement et leurs résultats :


* Le traité de Moscou (août 1963) :
Ce traité signé par les deux grands et la Grande-Bretagne est le premier accord militaire important
entre les deux grands. Il interdit les essais nucléaires dans l’atmosphère et dans les fonds marins.
La France et la Chine soucieuses de ne pas stériliser leurs recherches refusent d’y adhérer.
*Le traité de Genève de non-prolifération nucléaire (juillet 1968) :
En juillet 1968, 115 nations apposent leurs signatures sur le traité de non-prolifération nucléaire
qui établit une discrimination entre les « Etats dotés de l’arme nucléaire » et les « Etats non dotés
d’arme nucléaire ». Ces derniers s’engagent à ne pas chercher à fabriquer et acquérir la bombe
atomique. Ce traité tend à maîtriser le risque de la guerre nucléaire par la limitation des détenteurs
de ce type d’armement et de dénucléariser le tiers-monde où se déroule la grande majorité des
conflits depuis 1945.
Ce traité établi l’indiscutable domination des Deux Grands. Certains pays comme la France et la
Chine refusent de signer ce traité qui se trouve ainsi limité.
*La proposition d’élimination totale des armes nucléaires :

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Le 16 juin 1986, Mikhaïl Gorbatchev propose d’éliminer la totalité des armes nucléaires avant
l’an 2000. Les Etats-Unis ne veulent pas répondre à cette proposition mais la pression
internationale pousse vers le désarmement : en effet 35 pays signent les accords de Stockholm
(Suède) qui instaurent le contrôle réciproque des équipements et activités militaires le 25
septembre 1986.
*Le traité de Washington (1987) :
Ce traité signé le 07 septembre 1987, entre Ronald Reagan et Gorbatchev porte pour la
première fois sur la destruction de tous les missiles nucléaires de courte et moyenne portée
(Type SS20, des Pershing II et Cruisers installés en Europe) installés en Europe. Cet accord
décisif est complété par le sommet de Moscou en mai 1988 qui prévoit une réduction de 50%
de missiles à longue portée (plus de 5000 km) puis la réduction unilatérale de 500 000
hommes des forces du Pacte de Varsovie.
*Le traité CFE (Conventional Forces Equality ) :
Ce traité est le fruit du sommet George Bush-Gorbatchev en 1989. Elle établit l’égalité des
armements conventionnels (armements non nucléaires) entre les deux blocs le 19 novembre
1990.
*Les raisons économiques :
La course aux armements est budgétivore. Elle est financièrement épuisante et ruineuse pour
les deux supers grands. Au début des années 1980, elle coûtait un million de dollar toutes les
secondes. Ces dépenses militaires, qui atteignent des proportions faramineuses, sont faites au
détriment du niveau de vie des populations.
*Les raisons d’ordre militaire et sécuritaire :
La course aux armements pour aboutir à un équilibre de la terreur a atteint un niveau tel que la
vie de l’humanité toute entière est menacée. En effet, chacun des Deux Grands possède un
arsenal nucléaire capable d’anéantir plusieurs fois toute la planète terre. Cette situation est très
inquiétante pour la survie de l’humanité.

 La détente en Asie :
Les Américains cherchent à abandonner la guerre du Viêtnam ruineuse et très contestée à
l’intérieur comme à l’extérieur des Etats-Unis. C’est pourquoi, le nouveau président Richard
Nixon inaugure une politique de concession réciproque (linkage) et de « diplomatie
triangulaire » jouant sur la rivalité entre Pékin et Moscou.
Les Etats-Unis favorisent donc l’admission de la Chine au Conseil de sécurité de l’ONU en
octobre 1969, à la place de Taïwan, puis Nixon se rend à Pékin en février 1972. Inquiet du
rapprochement américano-chinois, l’URSS accepte la signature du des accords de Paris qui
mettent fin à la guerre du Viêtnam, le 27 janvier 1973.

 Les autres accords entre les Deux Grands :


*Le téléphone rouge :
Après la crise de Cuba, les Deux Grands ont décidé d’installer, entre la Maison blanche et le
Kremlin, le téléphone rouge (C’est en fait un téléscripteur) afin d’éviter tout malentendu
pouvant entraîner l’irréparable.
*Les accords commerciaux :

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Les Etats-Unis et l’URSS signent certains accords commerciaux lors de la visite du président
Nixon à Moscou en 1969. Cela permet aux Etats-Unis d’assouplir leur législation jusqu’à
cette date, très restrictive en ce qui concerne la vente de matériels pouvant avoir une valeur
stratégique. Aussi, acceptent-ils de livrer du matériel de haute technologie à l’URSS et aux pays
de l’est et à leur consentir des prêts à des conditions avantageuses. Quant à l’URSS, elle fournit
du pétrole aux Etats-Unis notamment lors de la guerre du Yom Kippour qui a provoqué le 1er choc
pétrolier.
Après la crise de Cuba, le monde assiste à une détente dans les relations entre les Etats-Unis et
l’URSS.

III- Les limites de la coexistence pacifique :


Malgré cette volonté de paix et de dialogue, cette période est cependant entachée des crises
parfois graves dont celles de Suez, de Berlin et de Cuba.
1- La crise de Suez (1956) :
La crise de Suez se déroule d’octobre à novembre 1956 elle oppose l’Egypte d’Abdel Nasser
à une coalition constituée d’Israël, la France et la Grande Bretagne. Cette crise résulte de la
volonté du dirigeant égyptien de se dégager de la tutelle occidentale et de développer le pays
en nationalisant le canal de Suez. Ainsi, le 29 octobre 1956, l’armée israélienne lance une
offensive contre l’Egypte dans le Sinaï. Le 6 novembre 1956, les forces franco-britanniques
débarquent à leur tour à Port-Saïd. Le colonel Nasser est presque vaincu ; il va bénéficier
heureusement d’une aide inattendue des USA et de l’URSS : les USA, qui ne veulent pas
couvrir une opération de reconquête coloniale, s’abstiennent de soutenir leurs alliés et font
voter par l’ONU une résolution demandant leur retrait immédiat. Quant à l’URSS, elle leur
envoie un ultimatum de menacer l’Europe de ses fusées. Cette guerre prend fin avec
l’intervention des Casques bleus.
La crise de Suez a entrainé le déclin des deux puissances coloniales (la France et la Grande-
Bretagne) au Moyen-Orient au profit des USA et de l’URSS. Elle a renforcé le régime de
Nasser, et a aussi favorisé le rapprochement entre les USA et l’URSS dans le cadre la
coexistence pacifique.

2-La crise de Berlin (1961) :


En 1961, le problème de Berlin resurgit suite à l’émigration des Allemands de l’Est vers
Berlin Ouest. Pour éviter cet exode massif, les autorités de la RDA, avec l’accord de l’URSS,
décident de construire un mur le long de la ligne de démarcation qui coupe Berlin en deux. Ce
mur construit dans la nuit du 12 au 13 août 1961, règle définitivement le problème de Berlin
et entraine ainsi la séparation de nombreuses familles. Les Occidentaux condamnent cette
entreprise qu’ils qualifient de « mur de la honte ».

3-La crise de Cuba (1962) :


La crise de Cuba en octobre 1962 est la plus grave de la coexistence pacifique. Elle oppose les
Etats Unis et l’URSS au sujet des missiles nucléaires soviétiques installées à Cuba et pointées
en direction des Etats Unis.
En effet, depuis 1959, une révolution menée par Fidel Castro chasse le dictateur proaméricain
Batista. Fidel Castro pratique une politique nationaliste et indépendantiste et menace les

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intérêts des Américains, qui détiennent 40% de l’industrie sucrière. En octobre 1962, la crise
éclate : le président américain Kennedy, qui a la preuve de ces missiles, réagit en exigeant le
retrait immédiat de ces dispositifs sous peine d’une riposte nucléaire, et met en place un
blocus maritime autour de l’île. Pendant quinze jours, le monde se trouve au bord d’un conflit
nucléaire. Finalement, le 28 octobre 1962, Khrouchtchev cède et accepte de retirer ses fusées
sous le contrôle de l’ONU, contre la promesse que les USA renonceront à envahir l’île.
Paradoxalement, cette crise ouvre une ère nouvelle ère de rapprochement entre les deux
Grands : la Détente.

Conclusion :
La coexistence pacifique est certes une période de paix et de dialogue entre les deux Grands ;
cependant ce désir de paix est mis à mal par quelques graves crises qui marquent les limites
de cette coexistence pacifique.
Après l’éclatement et la disparition de l’URSS le monde devient unipolaire. La disparition de
l’URSS consacre l’avènement d’une « hyper puissance » : les Etats-Unis. Ces derniers se
considèrent désormais comme les « gendarmes du monde » et tentent d’imposer leur paix au
reste du monde. On assiste donc à de nouvelles guerres telles que les deux guerres du Golfe
ou d’Irak en 1991 et en 2002, les interventions des Etats-Unis en en Somalie en 1992, en Haïti
en 1994, en Afghanistan en 2001…dont les conséquences continuent d’ébranler le monde.

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