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Leçon 5 : Les formes de décolonisations : formes pacifiques (Inde et Sénégal), formes violentes (Algérie)
Introduction
Au lendemain de la 2nde guerre mondiale, toutes les conditions étaient réunies pour l’émancipation des peuples
sous domination coloniale. Les colonies d’Asie d’abord puis celles de l’Afrique du Nord et noire, les unes après
les autres accèdent à la souveraineté internationale. Certaines l’ont obtenue par la négociation comme l’Inde et le
Sénégal, tandis que d’autres l’ont arrachée comme l’Algérie.
I. Formes de décolonisations pacifiques
1. La décolonisation de l’Inde
1858 : Inde devint une colonie anglaise dépendante de la couronne (Reine d’Angleterre)
1885 : Elite indienne (notamment les industriels et intellectuels) créa le Parti National du Congrès pour améliorer
la situation des populations.
1906 : Création de la Ligue Musulmane pour défendre le sort des indiens musulmans.
1914-1918 (1ère Guerre Mondiale) : Les nationalistes indiens y ont participé du côté des anglais qui leur avaient
promis des réformes mais l’administration britannique n’a point respecté ces promesses.
1919 : Des manifestations éclatèrent dans le Pendjab pour durcir le ton et exiger le respect des promesses allant
le sens d’améliorer le statut des indiens, mais les anglais réagissent en réprimant sévèrement les manifestants :
c’est le Massacre d’Amritsar qui a fait plus de 200 morts.
1920 : Mahatma Gandhi lança ses célèbres campagnes de désobéissances civiles (refus de payer les impôts,
boycott des biens ou établissements britanniques, refus d’occupation de poste dans l’administration coloniale….)
Conséquences : Gandhi fut arrêté puis emprisonné de 1922 à 1924
1931 : Les britanniques proposèrent la résolution dite « IndiaAct » qui fut rejetée par les nationalistes indiens
qui la jugent insuffisante car l’essentiel des responsabilités étaient aux mains des anglais.
1935 : Le Parti National du Congrès adopta la motion « QuitIndia » c’est-à-dire « Quitter l’Inde »
Lors que la 2nde guerre mondiale éclata, les leaders indiens sont divisés : les hindous refusèrent de soutenir les
britanniques mais les musulmans y participèrent auprès des britanniques.
1940 :Sous le guide Mohamed Aly Jinnah, la Ligue musulmane adopta la « Déclaration de Lahore » par
laquelle elle montra ses objectifs c’est-à-dire l’indépendance du pays mais en deux Etats différents.
1945 (Juillet), la 2nde guerre prit fin et Clément Attlee remplaça Churchill puis hérita du dossier indien.
1947 : Le 20 février, son Gouvernement décida officiellement d’accorder l’indépendance à l’Inde avant fin 1948.
Mais le nationalismeindien avait des positions différentes : les hindous représentés par Gandhi et Nehru
défendaient l’indépendance dans l’union tandis que les musulmans dirigés par Mohamed Aly Jinnah, voulaient
l’indépendance séparée.
En juin 1947, une conférence tripartie (trois parties) réunissant les hindous, les musulmans et les britanniques a
été convoquée à New Dehli par le Vice-roi de l’Inde Lord Mountbattenmais se termina par un échec.
Finalement, le 15 aout 1947 l’indépendance de l’Inde est devenue officielle mais avec deux Etats : l’Hindoustan
(Inde) et le Pakistan avec comme premier ministre respectif : Jawaharlal NEHRU et Liaqat Aly KHAN.
Malheureusement, le transfert des musulmans vers le Pakistan et des hindous vers l’Inde de l’intérieur plongea le
pays dans une guerre civile qui fit plus de 2 millions de morts.
Essayant de raffermir les relations entre hindous et musulmans, Gandhi fut assassiné le 30 janvier 1948.
En 1971 : Le Pakistan aussi se divisa en deux Etats : le Pakistan et le Bengladesh
2. L’exemple du Sénégal
La décolonisation du Sénégal peut-être située dans le contexte de la décolonisation des colonies françaises
d’Afrique noire dont la conférence de Brazzaville marque les fonds baptismaux. Ainsi, ce processus de
l’indépendance du Sénégal fut marqué par trois étapes majeures :
a) 1ère étape : De l’Union française à la Loi-Cadre (1946-1956)
Au lendemain de la 2nde guerre mondiale, le contexte international avait beaucoup changé et l’émancipation des
nationalismes était devenue si forte que la France était obligée de faire quelques réformes dans les colonies. En
outre, l’ONU ainsi que les USA et l’URSS étaient déterminés à accompagner les peuples dominés vers
l’autonomie. C’est dans cette perspective que l’union française a été initiée par De gaulle.
Les décisions majeures entreprises sont entre autres :
-La suppression des travaux forcés et du Code de l’indigénat
-L’élargissement de la citoyenneté française
-L’organisation des élections de représentativité
Ainsi, Lamine Gueye et Senghor sont élus députés du Sénégal à l’Assemblée nationale française en 1946 sous la
bannière de la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO).
En 1948, Senghor quitta la SFIO et forma avec Mamadou DIA le Bloc Démocratique Sénégalais (BDS) qui
remporta les législatives de 1951 et les élections territoriales de 1952.
Le début des années 1950 aussi fut très défavorable pour la France : défaite de son armée à Dién Bién Phu
(Indochine) et début de la guerre d’Algérie en 1954, la naissance et l’affirmation du Tiers-Monde en avril 1955,
le contexte de la guerre froide, la détermination des nationalismes à libérer leurs peuples etc…ont poussé le
gouvernement français à procéder à d’autres réformes : ce fut la Loi-Cadre
b) 2ème étape : de la Loi-Cadre à la Communauté Franco-africaine : (1956-1958)
En juillet 1956 fut votée la Loi-Cadre proposée par Gaston De Ferre (ministre d’Outre-Mer) d’alors. Les
décisions majeures furent :
-La mise en place d’un Conseil de Gouvernement dans chaque colonie et au Sénégal, Mamadou DIA en devint le
Vice-Président en 1957 et transféra la capitale de Saint Louis à Dakar.
-Organisation d’une Assemblée territoriale dirigée par Ibrahima Seydou NDAW « Diaraf »
-Autorisation de la création de partis politiques :
Exemple : Majmouth DIOP mit en place le PAI (Parti Africain pour l’Indépendance)fusion entre le BDS et
l’UDS donnant naissance au BPS (Bloc Populaire Sénégalais) puis regroupement entre BPS et le PSAS (Parti
Sénégalais d’Action Socialiste) pour devenir l’UPS (Union Progressiste Sénégalais).
3ème étape : De la communauté franco-africaine à l’indépendance (1958-1960)
Revenu au pouvoir en France pour régler la question algérienne, Dé gaulle en profita et proposa une nouvelle
coopération entre la France et ses colonies d’Afrique.
Ainsi, en aout 1958, il entama une longue tournée en AOF, AEF et en Madagascar.
A Dakar, il fut accueilli le 26 aout 1958 par Me Valdiodio NDIAYE alors Ministre de l’Intérieur.
Dans son célèbre discours, Valdiodio a clairement montré la position du Sénégal sur la question de décolonisation
qui se résume ainsi : « L’indépendance, l’unité africaine et la confédération ».
Le 28 septembre 1958 le Référendum fut organisé en AOF et le « OUI » l’emportasauf en Guinée.
Pour éviter la balkanisation, Senghor et Modibo Keita du Mali invitent le Dahomey et la Haute Volta pour mettre
en place la fédération du Mali. Devant les pressions de la France et d’Houphouët Boigny (Cote d’Ivoire), les deux
derniers cités se retirent mais la Fédération est officiellement créée en janvier 1959 avec Modibo Keita comme
Président, Mamadou DIA Vice-Président et Senghor Président de l’Assemblée fédérale.
Le 04 avril 1960, tous les pouvoirs politique et économique sont transférés à la fédération du Mali.
Le 20 juin 1960, l’indépendance de la fédération du Mali est officiellement proclamée.
Mais dans la nuit du 19 au 20 aout 1960, la fédération éclata en raison des divergences entre Senghor et Modibo
Keita. Le Sénégal a retenu le 04 avril pour célébrer son indépendance et le Mali le 22 septembre pour la sienne.
II. Décolonisations violentes : le cas de l’Algérie
Une décolonisation est qualifiée de violente lors que l’indépendance est acquise après d’intenses luttes. Cette
violence peut s’expliquer par : l’entêtement de la puissance coloniale, les enjeux économique, politique voire
stratégique de la colonie pour la métropole ou la radicalisation du nationalisme etc...
1. Historique et évolution du nationalisme
Devenue possession française depuis 1848, l’Algérie avait un statut particulier (colonie de peuplement).
L’exploitation abusive des ressources, inégalités sociales, discrimination des musulmans entre autres ont poussé
les intellectuels à mettre en place des mouvements nationalistes pour libérer les populations.
En 1943, Ferhat ABBAS publia le Manifeste du Peuple Algérien dans lequel il dénonce le manque de libertés
mais aussi la situation misérable des algériens musulmans
En 1946, Messali HADJ créa le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD) et Ferhat
ABBAS mit en place l’Union Démocratique pour le Manifeste Algérien (UDMA).
En 1947, le statut de l’Algérie (collège de 120 délégués dont 60 pour les musulmans et 60 pour les pieds noirs)
fut adopté mais automatiquement par les musulmans car jugé inéquitable et insuffisant.
En conséquence, les partisans de Messali Hadj mirent en place l’Organisation Secrète dirigée par Ben Bella.
2. La guerre d’Algérie (1954-1962)
Le 1er novembre 1954, le CRUA (Comité Révolutionnaire pour l’Unité d’Action) lança l’insurrection en
s’attaquant aux symboles français en Algérie. Le même jour sont créés le FLN (front de Libération Nationale) et
l’ALN (Armée de Libération Nationale).
La France minimise au départ mais finit par répondre d’une manière sanglante.
En aout 1955, des émeutes éclatèrent à Constantine dans lesquelles plus de 200 européens sont tués.
La France répliqua par l’envoi de 400.000 soldats pour régler la situation et 12.000 musulmans furent massacrés.
En 1957, des manifestations sont encore notées à Alger et la situation algérienne était devenue une équation
difficile à résoudre pour le gouvernement de Guy Mollet (Président de Conseil de l’époque).
Le 13 mai 1958, le Général MASSAU s’empara du pouvoir, déclara la fin de la IVe République et fit appel au
Général De gaulle pour régler la question algérienne.
Le 1er juin 1958, l’Assemblée nationale vota les « Pleins pouvoirs » pour De gaulle.
Le 4 juin, il s’envola pour l’Algérie dans la perspective de rencontrer les dirigeants du FLN et de trouver une
issue favorable à la situation.
Ces derniers refusèrent de faire des compromis et exigèrent l’indépendance immédiate.
En septembre 1958, le GPRA (Gouvernement Provisoire de la République d’Algérie) est créé depuis Le Caire
et dirigé par Ferhat ABBAS.
Entre 1959 et 1960, De gaulle fit plusieurs propositions progressistes au FLN mais elles n’aboutirent en rien.
Se sentant trahis par les actions de De gaulle, les pieds noirs (français d’Algérie) en collaboration certains
généraux (Challe, Salan, Zeller et Zouhoud) mirent en place l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) en 1961
pour barrer la route aux propositions de De gaulle qui remirent en cause leurs intérêts.
Le 18 mars 1962, les accords d’Evian sont signés entre la France et le FLN et mirent fin aux hostilités.
Deux référendums respectivement en avril en France et 1 er juillet 1962 en Algérie sont programmés pour statuer
sur la situation de l’Algérie. Les résultats confirment la volonté de l’indépendance pour l’Algérie.
Le 3 juillet1962, l’indépendance de l’Algérie est proclamée avec Ahmed Ben Bella comme Président de la
Transition. Le même jour 800.000 pieds noirs quittent le pays mais l’indépendance est célébrée chaque 05 juillet.
Conclusion
2. Facteurs de blocages
Des blocages sont notés sur plusieurs points : le retour des réfugiés palestiniens, les frontières du futur État
palestinien et le statut de la ville de Jérusalem, la poursuite des implantations juives, etc.
Les solutions sont difficiles à trouver avec le parti pris des occidentaux, la mauvaise volonté des dirigeants
israéliens et la montée des partis radicaux, en Palestine comme en Israël.
L’assassinat de Yitzhak Rabin en 1995 par un nationaliste palestinien a aussi ralenti le processus de paix
En 2000, à la suite de la visite d’Ariel Sharon sur l’Esplanade des Mosquées, une seconde Intifada voit le jour.
L’escalade continue en 2001, avec l’intervention de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, le bouclage des
Territoires occupés et les attentats des palestiniens.
La reprise des attentats par les organisations radicales palestiniennes, telles le Hamas et le Djihad islamique, et
les représailles militaires israéliennes bloquent le processus de paix. Le bouclage des territoires occupés entraîne
des effets socio- économiques et catastrophiques.
En décembre 2008, Israël lance, une nouvelle offensive pour empêcher les lancements d’obus, sur son sol, en
provenance de Gaza. Cela suscite une nouvelle flambée de la violence qui fait de milliers de victimes
palestiniennes et des destructions matérielles.
La division des territoires occupés, avec le Hamas qui dirige la Bande de Gaza, et le Fatah qui administre la
Cisjordanie, contribue à retarder la création d’un Etat palestinien arabe.
La réconciliation entre le Hamas et le Fatah pousse Israël à radicaliser sa position, marquée par sa sanglante
intervention à Gaza en juillet 2014 avec plus de 2000 morts côté palestiniens, et près 70 israéliens tués.
Le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem en 2018 montre toute l’impartialité des USA.
Conclusion :
Le conflit israélo-arabe et la question palestinienne trouvent leur explication sur le partage d’un territoire à deux
peuples. Ce conflit, qui a trop duré, ne peut avoir solution qu’à travers des négociations et des dialogues sérieux.
Pour ce faire la communauté internationale doit faire prévaloir une juste neutralité pour faire triompher la paix.
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Conclusion
La notion de civilisation a connu une évolution remarquable dans le temps et dans l’espace. La civilisation
négro-africaine caractérisée d’une part par l’importance des liens de parenté et la vie communautaire et d’autre
part par une économie de subsistance est de nos jours en pleine mutation.
Quant à celle arabo-musulmane, elle s’est forgée à partir d’une religion et de plusieurs éléments empruntés aux
civilisations antérieures.
Dès lors, il sied de considérer toutes les civilisations car, il n’y a guère de civilisations supérieures ou inférieures.
Comme l’avait dit Joseph Ki-Zerbo: « Partout où il y’a l’homme, il y’a eu invention technique, politique,
économique voire une révolution ; donc il y’a eu l’histoire ».
Conclusion
L’histoire du monde négro-africain est fortement marquée par la présence et l’influence d’éléments exogènes tels
de nouvelles religions (christianisme, islam) ou de domination étrangère (colonisation).Si l’islam et le
christianisme ont joué un rôle majeur dans le façonnement des sociétés noires actuelles, la colonisation, au
contraire, a été une période sombre pendant laquelle l’Afrique a été humiliée et impitoyablement exploitée.