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Droit international

public
Il veut faire une première section pour nous indiquer sous forme de rappels, qu’on tient à la fois des éléments de rappel de
l’année dernière et au programme substantiel de cette année.

LECON 1ÈRE : LE DROIT INTERNATIONAL


PUBLIC MATÉRIEL
Nous verrons une donnée fondamentale : l’unilatéralisme. Il veut nous indiquer en quoi le DIP est en réalité une structure
formelle et en même temps un ensemble de règles substantielles ce en quoi il ne se distingue en rien des autres disciplines
juridiques. Pour comprendre cette distinction qui est peu commune en doctrine, elle est approximative, didactique et on peut
comprendre cette distinction en montrant tout d’abord comment il y a cette dichotomie entre les règles relatives au droit
international formel et les règles substantielles. Nous parlerons ensuite de l’unilatéralisme.

SECTION 1 : LE DROIT INTERNATIONAL COMME STRUCTURE


FORMELLE ET COMME ENSEMBLE DE RÈGLES SUBSTANTIELLES
Chez les spécialistes du droit de l’Union européenne, il y a longtemps été fréquent de distinguer deux aspects : le droit
institutionnel et matériel de l’Union européenne et cette distinction est un peu remise en cause mais ce serait trop étroit de
s’attacher au mot institutionnel au sens strict, ce qui a fait l’objet des enseignements de DIP 1. S’il fallait parler de DIP
institutionnel, il faudra préciser en quoi ce dernier mot est employé dans un sens large mais d’un autre coté cette année on va
parler à ce que l’on pourrait appeler le droit international matériel en revanche.

§1 : La notion de droit international public institutionnel

Rappel : ce que l’on a étudié en licence, le DIP pourrait être qualifié d’institutionnel si on accorde à ce mot un sens assez
large càd pas ce qui relève des institutions stricto sensu (sinon se résumerait à l’état et aux OI or on va plus loin) donc
l’institutionnel doit être entendu plus largement comme tout ce qui touche aux « éléments structurants » du DIP presque
(ou la plupart du temps) indépendamment du contenu, de la substance même de ce que les règles de DIP imposent ou
permettent à ses sujets càd en d’autres termes serait institutionnel l’ensemble des règles et des pratiques relatives aux
conditions formelles d’existence, de fonctionnement du droit international public proprement dites.

Ce DIP dit institutionnel recouvre la question des personnes censées peupler cet ordre juridique international et d’ailleurs le
mot « international » à lui seul permet de comprendre que l’état/la pluralité d’états font partie de ces conditions car il faut des
états, il faut être en mesure de les reconnaître, de les identifier et de savoir ce qu’on entend par état que l’on désigne comme
sujet originel du DIP = la question des sujets par laquelle toute discipline juridique doit commencer.

Comme l’avaient bien vu les juristes romains on commence par les personnes ; quelle personne ? Càd les états mais est-ce
que c’est facile et évident de savoir si une entité donnée est reconnue comme un état -> seul le DIP est habilité à définir,
livrer ce qu’est un état au sens du droit international.

C’est ce que l’on étudie en parlant de la définition de l’état, en s’arrêtant sur le territoire, les diverses compétences
territoriales et personnelles qui le caractérisent. Mais cet état qui n’est pas seul sur la scène internationale il partage celle-

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ci avec d’autres sujets (les OI au premier chef et aussi les individus lorsque leur est conférée une faculté d’user de voies de
droit international comme le droit de recours individuel devant la Cour européenne des droits de l’homme).

Ce DIP institutionnel recouvre ensuite la façon dont les actes internationaux se concluent et dont les règles
internationales, les obligations internationales se forment et c’était bien une approche formelle l’an passé car on ne se
préoccupait pas du contenu de ces actes et de la substance des règles, des actes. Cette approche nous a fait voir la
prépondérance historique du droit non écrit et de la coutume internationale comme mode de formation du DIP et aussi
l‘extrême importance des traités internationaux avec diverses questions qui s’y rapportent : la capacité à conclure les traités, la
distinction parfois délicate entre des textes certains relevants de la catégorie des traités valant engagement et d’autres
nombreux problèmes de qualification. On a vu le rôle du droit interne dans la conclusion des traités, la question de l’effet
relatif des traités, des réserves,…

Troisièmement ce DIP institutionnel impliquait d’examiner la question des actes internationaux unilatéraux (section 2). On
ne l’aborde l’an passé que sous l’angle des réserves au traité et on y reviendra sur l’angle de l’unilatéralisme dominant dans
les chapitres que l’on va voir. Il faut avoir cette philosophie, ces mécanismes de l’unilatérialisme présents dans l’esprit.

Quatrièmement ce DIP touche encore à la remise en cause des engagements internationaux ; la question de la validité des
traités avec le problème des règles impératives du droit international général ou du ius cogen, celle de la remise en cause
de l’application des conventions internationales…

Finalement ce DIP institutionnel implique la vaste question du rapport entre le droit international et le droit interne qui est
un problème du volet plus général de l’effectivité, rapport qui conditionne la mise en oeuvre de la plupart des engagements
internationaux conclus sur la scène internationale et qui implique dans une présentation choisie l’an passée le statut des sujets
internationaux dans l’ordre juridique interne avec la question de l’immunité qui est une question réglée par le droit
international mais dont le fonctionnement/la mise en oeuvre est le droit interne.
L’exécution et on a bcp insisté l’an passé dessus est la mise en oeuvre de la plupart des engagements internationaux et
suppose l’adoption par les états qui les contactent de mesures internes donc l’intervention du droit interne propre à atteindre
les objectifs fixés par l’obligation internationale -> c’est la question dite des rapports entre le droit international et le droit
interne qui est absolument centrale.

Donc rappel destiné à nous montrer de quelle façon on peut l’englober sous la formule de droit international institutionnel.
Deuxième point : évoquer la question, l’une des caractéristiques qui traverse le mécanisme des relations internationales quand
elles sont supposées se placer sous l’égide du droit international : l’unilatéralisme.

§2 : Quelques considérations sur l’unilatéralisme en droit international public

Il veut aborder cette question sous un mode théorique et formel car il est difficile d’aborder la question des limitations de
l’espace maritime (leçon 2 et 3), du recours à l’emploi de la force, des sanctions internationales etc sans avoir présente à
l’esprit cette caractéristique sans laquelle la compréhension de tout ces mécanismes est rendue difficile.

Synthèse : si on part de l’exemple d’un traité international, le traité par définition = acte conventionnel, même contractuel
selon certains mais le traité est un acte contractuel càd rencontre des consentements contrairement à un acte unilatéral. Si on
le regarde comme un résultat d’une négociation entre sujets de droit qui a permis l’établissement, la mise au point d’un
texte qui une fois ratifié à cette nature conventionnelle mais le traité ce n‘est pas qu’un résultat mais aussi un processus qui
ne commence pas le jour de la ratification et qui ne s’arrête pas où le texte définitif a été mis au point car ce texte est appelé à
être appliqué, interprété tant qu’il demeurera en vigueur mais aussi car même quand le texte est arrêté il peut être l’objet
d’actes unilatéraux qui vont l’influencer. Exemple c’est par un acte unilatéral qu’un état parti peut dénoncer le traité sous
certaines conditions, c’est aussi de façon unilatérale qu’un état partie va proposer une interprétation de telle ou telle obligation
contenue dans le traité

On le rappelle, en remontant dans l’histoire de ce que l’on appelle le traité c’est par des actes unilatéraux qu’un état devient
parti à un traité ; il devient partie à un traité par la ratification - acte unilatéral ou s’il devient partie ultérieurement par
l’adhésion - acte unilatéral et c’est par le jeu des réserves autres actes unilatéraux que les états parties au traité sont
susceptibles de modifier ou d’essayer de modifier l’étendue de leur engagement

Pourtant l’article 38 du Statut de la Cour internationale de justice ne dit pas un mot des actes unilatéraux, il cite au titre
des sources du droit international càd des sources que la cour dans sa mission de règlement des différends peut appliquer il cite
les traités, la coutume, les PGD et la doctrine des publicistes mais pas un mot sur les actes unilatéraux. Il y a eu des débats
pour lui inutile car c’est un article qui est contenu dans les statuts de la cour. Il sert à designer le droit qu’elle peut dans sa

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mission juridictionnelle appliquer, elle ne dit pas de quoi (ce n’est pas sa fonction!) sont faits les traités, la coutume et que sont
les PGD donc il ne mentionne pas spécifiquement les actes ou les comportements unilatéraux des états ou des OI.

L’acte unilatéral de l’état est en amont, c’est une manifestation de volonté d’un sujet de droit et ici l’état (si on parle des
actes unilatéraux des états seulement) sont destinés à produire des effets juridiques et dont nous nous devons comprendre
dans quelle mesure elle est au centre de la formation dru droit international càd que d’une certaine manière on peut résumer
cela par la formule suivante : l’acte unilatéral est partout et nul part. Il est partout car il infiltre et sous tend les autres
moyens de formation du droit international (regardons la coutume, on constate que c’est par une série d’actes et de
comportements unilatéraux que va se former une règle coutumière, c’est par un acte unilatéral qu’un état déterminé va se
rendre opposable cette même règle ou qu’elle ne lui soit pas opposable - exemple la protestation).

Si on considère les conventions écrites internationales : c’est par un acte unilatéral que l’état signe, ratifie, fait une réserve
et en fait une exécution et qu’il le dénonce. Si on parle des sources et c’est l’objectif en nous rappelant cela, regardons les
reconnaissances d’état, c’est par un acte unilatéral qu’un état reconnait l’existence d’un autre et qu’il accepte d’entretenir des
relations d’égal à égal avec lui. C’est par un acte unilatéral qu’un état peut accepter la juridiction obligatoire de la Cour
internationale de justice en souscrivant à l’article 36§2 du statut de la Cour, il y a bien sur d’autres moyens de reconnaitre
la compétence de la Cour.

Bref il est partout mais aussi nul part car on a l’impression qu’il n’a pas d’autonomie comme source et c’est pour cela qu’on
en parle. À la profusion des actes unilatéraux, alors répond le silence assourdissant de l’article 38 du Statut de la CIJ, l’acte
unilatéral n’est pas et ne saurait être élevé au rang du droit applicable par le juge international, il est infirme tout seul et il lui
manque quelque chose. Certains auteurs en ont conclu que l’acte unilatéral ne peut pas être rangé au rang des sources. C’est
vrai qu’a priori cet acte unilatéral étatique (on laisse de coté les AU des OI), a un caractère assez difficilement saisissable, il y
a une multiplicité des actes qui rend assez difficile la systématisation de l’acte et c’est une fausse difficulté comme il le disait,
cela vient d’un mauvais usage des catégories.
Si on aligne les traités, la coutume et les actes unilatéraux en les mettant sur le même plan des sources du droit international ;
alors on fait une erreur, le traité et la coutume sont à la fois des processus et des résultats de ces processus. Comme processus
on les voit pleins d’actes unilatéraux, et comme résultat le traité et la coutume ce sont des engagements au terme de ces
processus coutumiers conventionnels ou contractuels on peut affirmer que l’état a souscrit à des obligations internationales et
c’est ce qui compte ; le consentement. C’est cela l’essentiel.
Après il y a évidemment lieu de discuter sur le point de savoir si ce consentement a bien été exprimé, dans quelle mesure il
doit être express, etc etc.

On voit ce qui importe dans des domaines sensibles (les sanctions, l’espace, le recours à la force) c’est de savoir à quelles
conditions ces actes peuvent produire des effets juridiques et là s’il s’agit d’engager un autre sujet que l’auteur de l’acte on
voit l’acte unilatéral très sagement se ranger dans les catégories que vient opérer, classiques, traditionnelles de
l’engagement international càd la coutume ou le traité. Alors on comprend que l’acte unilatéral n’est que le substrat de ces
derniers, il fournit leur substance à ces processus coutumier traditionnel et ne présente du point de vue de l’engagement
aucune spécificité par rapport à eux. Il attire notre attention sur la façon dont on a donné un titre à la septième leçon du
manuel de DIP sous le régime général actes et engagements internationaux « la contribution des actes et des comportements
unilatéraux à la formation du DIP » et donc leçon 5 les actes conventionnels, leçon 6 le droit international non écrit et leçon 7
c’est la contribution aux deux précédents. Donc autrement dit il n’y a pas de régime général relatif à la formation de l’acte
unilatéral étatique en droit international, ils sont trop divers et certains de ces actes peuvent être formulés indifféremment de
manière écrite ou orale, résulter du simple comportement de l’état comme par exemple la promesse - dès lors que l’intention
de son auteur est établie et qu’elle est publique peu importe les modalités de sa manifestation comme l’a dit la CIJ en 1974
dans l’affaire des essais nucléaires « la forme n’est donc pas décisive » et c’est la même chose de l’acceptabilité par un état
de l’opposabilité d’une règle coutumière.

Cette absence de formalisme qui est générale en droit international vaut pour un grand nombre d’actes unilatéraux mais
certains autres peuvent être soumis à des conditions plus ou moins formelles de formation. Par exemple un traité peut
subordonner au respect de certaines conditions la régularité ou la validité de certains actes unilatéraux ; exemple - quand un
traité réglementé l’usage des réserves ou qu’il contient des clauses relatives à la suspension etc qui vont s’opérer par un acte
unilatéral mais il est conditionné de ce que les clauses générales disent à son sujet

L’état dispose d’une simple faculté, d’émettre un acte unilatéral (tellement d’exemples - en matière d’acceptation de la
compétence de la CIJ de la clause facultative de juridiction obligatoire elle est donc facultative - l’état n’est pas obligé de
souscrire à une obligation conventionnelle càd la ratification est un acte libre - il n’est pas tenu d’émettre des protestations face
à une situation qu’il déplore ou refuse). Le droit commun des actes unilatéraux consiste en cette faculté (qui est très
rarement une obligation) d’adopter un acte unilatéral.

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Mais il y a des cas dans lesquels l’état ne dispose pas de cette liberté et certains traités peuvent obliger les parties à adopter
un acte unilatéral et la situation est très banale en droit de l’Union européenne car le droit dérivé de l’OI à laquelle l’état
participe et à laquelle il est membre peut rendre obligatoire l’adoption par les états membres d’un acte interne unilatéral.

Enfin c’est bien à l’état considéré comme personne morale unique que l’acte unilatéral doit être imputable mais comme
toute personne morale, l’état agit nécessairement par l’intermédiaire d’agents, de personnes physiques qui le représente et cette
qualité de représentant permet seule d’imputer l’acte de l’agent à l’état et donc il faut savoir qui est représentant de l’état,
qui peut l’engager par un acte unilatéral (cf chapitre responsabilité internationale de l’état). Exemple déclaration unilatérale de
certains agents ou les comportements de certains agents de l’état peuvent être considérés comme ayant des effets
d’engagement dont ils sont leur garant. Mais il est généralement exclu que le comportement d’un particulier - sujet de
droit interne soit imputable à l’état et puisse donc être qualifié d’acte unilatéral de l’état. Exemple si on déclare que la
France annule la dette grecque la France ne sera pas engagée par cette déclaration.

Si on veut dresser une rapide typologie ; il y a trois types d’acte unilatéraux des états :
- Les actes juridiques formellement internationaux - « actes diplomatiques » qui émanent des autorités ayant une
compétence pour agir dans les relations internationales et concernent les relations interétatiques
- Les actes juridiquement formellement internes à effet international - actes qui obéissent au droit interne de l’état mais
qui concernent les relations internationales et qu’on pourrait appeler le droit interne à usage externe. Ces actes juridiques
internes peuvent être des actes d’application d’une règle internationale, avoir une portée générale comme la fixation de la
largeur de la mer territoriale, la determination des conditions requises pour attribuer la nationalité, ou portée particulière
comme un acte administratif individuel, un acte d’extradition, le jugement d’un tribunal étranger, la naturalisation.
- Les comportements matériels qui ne sont pas des actes à proprement parler, il faut qu’ils soient imputables à l’état et ça
peut être des comportements actifs (l’occupation d’une terre sans mère), ou les comportements passifs constitutifs d’une
acceptation d’une prétention ou d’une situation (acceptation implicite)

ACTES D’OBJECTION/DE RÉACTION : Et ces trois catégories peuvent avoir un objet qui peut varier et on verra ça peut
être des actes de réaction qui sont les plus couramment envisagés car les états sont amenés à réagir à une situation ou même à
un acte juridique émanant de plusieurs autres états ou sujets de droit. Par cet acte de réaction l’état, celui qui réagit par un
acte unilatéral veut se rendre opposable ou au contraire inopposable une situation - une prétention - ou l’acte en cause.
C’est la logique à laquelle répond dans le cadre conventionnel l’objection d’un état à une réserve émise par un autre état. La
réserve et l’objection sont des AU et elle a pour objectif d’empêcher l’opposabilité de la réserve à l’égard de l’état objectant.
Aussi l’objection d’un état à l’égard d’une règle coutumière dans le cadre coutumier.

ACTES D’ACTION : l’état peut unilatéralement restreindre sa propre liberté en souscrivant l’engagement de ne pas
faire, ou au contraire de faire quelque chose - la promesse (peu d’exemples en pratique). L’état limite sa liberté.
Dans le même esprit l’état peut accepter la juridiction obligatoire de la CIJ et souscrire à l’article 36§2 du statut de la Cour.
Par là il admet unilatéralement la possibilité d’être attrait devant l’organe juridictionnel par un autre état ayant accepté la
même obligation.
L’état peut aussi restreindre sa propre liberté en renonçant à un droit, l’acte par lequel il abandonne définitivement le
bénéfice ou l’exercice d’un droit. Exemple il peut renoncer à demander réparation d’un préjudice subi ou se désister lors d’une
instance qu’il a introduite pourtant lui-même devant la CIJ, il peut renoncer à son immunité de juridiction etc

Dans le cadre du droit international, quand l’état reconnait l’existence d’un autre état et qu’il le tient pour un égal
(reconnaissance d’état) avec qui il peut exercer des rapports entre sujets souverains, cet acte de reconnaissance d’état ne
pose en lui-même aucune obligation, il déclenche l’application d’une nouvelle situation càd qu’entre ces deux états la
situation est celle d’un état reconnaissant et d’un état reconnu
Quand un état octroie sa nationalité à un particulier = acte unilatéral constitutif d’un statut qui est celui de national pour
l’individu en cause et ce statut déploiera sous des réserves des effets juridiques sur les autres états mais en lui-même il ne pose
aucune obligation, pas de droits pour l’état. En réalité ce sont du point de vue du droit international ce sont des faits
juridiques et la CIJ l’a dit depuis longtemps ce sont des faits juridiques au regard du droit international, faits qui
résultent de ce que leur auteur (l’état) dispose d’une compétence exclusive et il y a que l’état italien qui puisse accorder la
nationalité italienne etc.

D’autres actes peuvent être pris unilatéralement par l’état dans le but de prescrire sur le plan international un objectif qui se
fixe, un modèle de comportement (le sien ou celui d’un tiers par exemple), un acte législatif interdisant aux pêcheurs
étrangers de se livrer à leurs activités dans une zone délimitée = acte unilatéral et il propose en quelque sorte, il prétend à
l’égard des autres états d’imposer un modèle de comportement. En sens contraire l’acte législatif pourrait conférer
l’autorisation de pratiquer leurs activités dans cette même zone aux pêcheurs étrangers. On pourrait dire la même chose d’une
mesure unilatérale qui viserait à interdire l’importation de certaines marchandises sur le territoire de l’état, la promesse de
stopper les essais nucléaires par un état.

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Au delà de cette typologie, du point de vue de ce qui nous importera le plus, ce qui importe sont moins ces différences
formelles qui ne sont pas fondamentales en réalité (d’ailleurs entre acte qui s’ancre en droit interne et ceux incontestablement
des actes internationaux) il n’y a pas formellement beaucoup de différences.

La subordination des effets de l’acte unilatéral à la volonté des états tiers correspond à la logique du volontarisme du droit
international et c’est le point le plus important. Un acte ne produit d’effet (ne peut engendrer chez lui une obligation
juridique) sur un autre état que si d’une manière ou d’une autre il y consent. C’est ça qu'il faut rechercher et c’est à cette
logique que répond l’ensemble des actes unilatéraux dont le régime n’est pas totalement déterminé par le DIP, les actes qui
laissent la possibilité aux états de rejeter leurs effets sont divers et donc l’acte unilatéral s’analyse toujours comme une
prétention de droit, elle est soumise à l’acceptation des autres. Parfois dès son adoption il contraint les autres états à réagir
et on l’a vu avec la coutume : qui ne dit mot consent. Les réserves à un traité silencieux sur la possibilité d’en émettre est
l’exemple parfait de ce type d’AU car le silence gardé par un état pendant 12 mois après l’émission d’une telle réserve dit la
Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités acceptation de la prétention de l’état réservataire donc si l’AU ne
saurait jamais engager par lui-même les autres états il peut dans un grand nombre de cas les contraindre à déterminer leur
position.

Les effets de l’acte étatique unilatéral sont déterminés par une règle de droit internationale qui la conditionne ou alors
par les états tiers.

Sa mécanique est conditionnée par la logique des sources traditionnelles (la coutume, le traité) et en dernier analyse on
recherche toujours un consentement, la clé de l’opposabilité, dernier mot de la formation du DI, l’obligation internationale et
il y a loin de l’usage politique de l’unilatéralisme qui correspond en réalité dans les médias/langage courant à un pur rapport
de force. Il y a loin de cette usage politique de l’unilatéralisme comme politique de la force à l’usage technique de l’acte
unilatéral des conditions requises pour qu’il produise des effets juridiques sur les tiers.

Ces éléments de DIP institutionnel que l’on vient de rappeler sont un peu comme au piano l’apprentissage des gammes de
base, ce qui met en mesure d’aborder ce qui à son sens est la partie la plus incarnée de cette discipline : le DI matériel. C’est
pourquoi on comprendra que l’on tient acquis toute cette théorie des sources coutume - traités et mécanisme des actes
unilatéraux ; l’état bien sur sa définition, la question des immunités, les sujets, la remise en cause d’engagements
internationaux et le rapport entre le DI et le droit interne. On tient pour acquis au minimum les 9 premières leçons du manuel
de DIP dans sa neuvième édition de 2022.

Cours de cette année on va consacrer des développements concernant les 3 premières leçons de ce manuel : la responsabilité
internationale de l’état, les contre mesures et les sanctions internationales ainsi que le règlement des différends internationaux
et on va les approfondir et on va insister sur la pratique à laquelle le manuel se contente de faire quelques allusions. On va
aborder des thèmes et des questions qui ne sont pas dans ce manuel qui est destiné à une simple initiation. Exemple question
du rapport à la force ou délimitation des espaces

Pour ces thèmes appui d’un autre manuel sera utile pour qui veut suivre ce cours : cf manuel professeur Fleurygraff PUF et
de consulter le DIP 9è édition ou Kerva Dupuis chez Dalloz.

Objet de ce cours de M1 : il sera structuré en trois parties comprenant chacune plusieurs leçons de 3h. La première sera
consacrée à ce qui structure ces relations concernant la domination des espaces, en même temps que c’est l’objet des plus
âpres discutions de disputes etc les espaces du DIP. Ensuite on verra les ajustements de puissance on parlera des mécanismes
de la responsabilité internationale des états et du règlement des différends. Enfin la troisième partie qui s’intitule la
confrontation des forces sera consacrée aux mesures d’exécution du droit international dont les états disposent pour faire
valoir leur prétention et ça comprendra une série de leçons relatives à la question de DIP qui a le plus lourd des enjeux : la
question du recours à l’emploi de la force.
Mais avant de commencer ces trois parties il veut nous introduire avec ces questions à l’aide d’exemples choisis dans la
pratique internationale récente pour nous montrer de quelle manière les questions juridiques se posent dans une pratique
fortement teintée de politique et il ne faut pas négliger ces deux aspects ni les confondre.

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SECTION DEUXIÈME : LA SUBSTANCE ET LES ENJEUX DU DROIT


INTERNATIONAL MATÉRIEL
Il faut comprendre que cette section est destinée à nous montrer des exemples à nous donner à sentir au travers de questions
parties d’événements dans la pratique internationale que les questions de DIP matériel se pose. On va comprendre pour les
détails comment les questions de DIP matériel se posent.

La première à laquelle il voudrait assigner cette fonction pédagogique :

§1 : Le navire MAVI-MARMARA en 2010 - une « croisière » politique

C’est donc l’affaire du navire MAVI-MARMARA, qui est un navire qui bat pavillon des Comores et qui a été acheté par une
organisation non gouvernementale turque. En mai 2010 se navigue prend la tête de toute une flottille de navires appartenant à
des personnes privées ou des organisations non
gouvernementales (comprendre que ce ne sont pas des navires
d’état) et ces navires battaient pavillon de plusieurs états
transportant un certain nombre de passagers (environ 700)
avec un objectif annoncé dans la presse largement de briser le
blocus naval Israel que maintien sur Gaza de sorte à y
acheminer des fournitures, de la nourriture pour 10 000
tonnes de vivre de choses de ce genre étant entendu qu’il ne
s’agissait pas d’armes ou de munitions.

La déception de ce navire va avoir lieu comme on le voit sur


la carte (question d’espace leçon suivante) l’interception a
lieu à 70 000 des cotes et à 64 000 de la zone de blocus donc
en haute mer. Le navire refuse de détourner sa route et il va se
trouver aborder par des vedettes rapides et il est survolé par
des hélicoptères qui font feu avant même que les premiers
soldats des armées israéliennes prennent pied à bord. Des
combats très brefs et violents opposent ces forces
israéliennes aux passagers au cours desquels 7 personnes sont
abattues et plusieurs autres sont blessées. Après une détention à terre en Israel, tout le monde est relâché mais à l’époque
l’affaire a déclenché une vague de réprobations, Israel refuse de reconnaitre une quelconque responsabilité
internationale considérant que son action défensive légale, légitime n’avait pas lieu d’engager sa responsabilité. Par
conséquent refusant de présenter ce qui lui était demandée à savoir des excuses (pas de vocabulaire qui relève de la politesse
mais il s’agit bien de mécanismes juridiques car mode de réparation) donc aucune excuse aux familles des victimes que
Israel n’entendait nullement indemniser.

Les relations entre les deux états étaient déjà difficiles et tendues depuis l’opération Plomb durci en janvier 2009 et elles se
sont encore dégradées à la suite de cet incident. Les familles des victimes prêtent 500 personnes dont une 50aine d’étrangers
ont intenté une action contre les chefs de l’armée israélienne devant les tribunaux turcs. Le ministère public turc avait
requis la prison à vie contre l’ex chef d’état major de l’armée israélienne, les ex chef de la marine et de l’aviation et l’ex chef
des services secrets inculpés en tant que commanditaires de meurtres avec brutalité ou actes de cruauté.

Le 2 aout 2010 c’est le secrétaire général des Nations Unies qui demande à ce que soit mise en place une commission
d’enquête internationale sur cet incident (cf chapitre du règlement pacifique des différends). Elle a rendu son rapport ; un
texte sur la commission d’enquête qui est en ligne. C’est un texte qui a été établi sur la base d’un questionnaire envoyé aux
parties. Le rapport fait 105 pages, date de décembre 2011 et celui-ci ainsi que les rapports nationaux (israélien et turc) fait un
ensemble argumentaire interessant sur les questions de DI.

Plusieurs problèmes se posent dans cette affaire :


- La question de la légalité du blocus israélien car toute cette entreprise visait à entraver ce blocus naval puisque de cette
question la qualification de l’intervention contre le navire en dépend, le blocus naval est une pratique qui est ancienne
et liée à la guerre sur mer et consiste à empêcher les navires (plus tard les avions) d’aborder/de pénétrer les cotes d’un
port ennemi, qui n’est pas la même chose qu’autres mesures qui existent en la matière. Certains soutiennent la désuétude
de cette entreprise de blocus naval mais il faut dire qu’elle existe dans divers instruments contemporains y compris
dans le San Remo Manuel on International Law applicable to Armed Conflicts at Sea, texte qui n’a pas de valeur
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juridique mais qui a une grande autorité qui lui vient du fait que ce manuel codifie toutes les pratiques en la matière. Il
est d’ailleurs frappant, c’est une remarque qu’un juridique de DI peut faire que les deux parties (Israel et Turquie)
reconnaissent son autorité non pas juridique mais s’y réfèrent l'un et l’autre. La légalité du blocus israélien est discutée
avec l’existence d’une question à laquelle on réfléchit grandement : la question de la belligérance. L’existence d’un état
de belligérance non pas entre Israel et la Turquie mais entre Israel et la Palestine. Cette question de qualification de
l’état de belligérance est interessante car la légalité du blocus naval n’est admissible sous des conditions (la notification,
l’effectivité) que dans le cas d'un conflit armé INTERNATIONAL et la Turquie récusait l’idée qu’il y ait un conflit
international entre la Palestine et Israel car la Turquie affirmait que la Palestine n’est pas reconnue comme un état
par Israel et dès lors selon la propre perspective d’Israël il n’est pas possible de considérer son conflit avec le Hamas
comme un conflit international. La Turquie prétendait que les conditions posées par le droit coutumier international telles
qu’elles sont présentées par ce texte n’étaient pas réunies dans la mesure où Israel n’avait jamais notifié ce blocus, sa
durée ni son étendu.
Enfin comme l’a rappelé la Cour internationale de Justice dans un avis de 2004 sur le mur « conséquence juridique de
l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé » et la Cour dans un paragraphe 78 dit ceci « 78. La Cour
observera que, selon le droit international coutumier [...] un territoire est considéré comme occupé lorsqu'il se trouve placé
de fait sous l'autorité de l'armée ennemie, et l'occupation ne s'étend qu'aux territoires où cette autorité est établie et en
mesure de s'exercer. Les territoires situés entre la Ligne verte [...] et l'ancienne frontière orientale de la Palestine sous
mandat ont été occupés par Israël en 1967 au cours du conflit armé ayant opposé Israël à la Jordanie. Selon le droit
International coutumier, il s'agissait donc de territoires occupés dans lesquels Israël avait la qualité de puissance occupante.
Les événements survenus depuis lors dans ces territoires [...] n'ont rien changé à cette situation. L'ensemble de ces territoires
(y compris Jérusalem-Est) demeurent des territoires occupés et Israël y a conservé la qualité de puissance occupante ». Bien
sur cet avis n’a pas été rendu dans l’affaire, il est de 2004 mais on voit bien l’expression par la Cour de ce qu’est l’occupation.

Or pour la Turquie il était clair que Israel ne pouvait prétendre en tant que puissance occupante à Gaza opérer un
blocus sur les frontières d’un territoire qu’elle occupe. De son coté Israel prétendait être en situation de conflit armé avec
des organisations terroristes palestiniennes ce qui entrainerait l’application des règles relatives aux conflits armés
(argumentation qui est discutable). Le blocus dit Israel a été notifié et a été publié sur les sites internet, il a été diffusé sur la
radio maritime et était conforme au droit coutumier international, lequel inclus l’exigence de notification des activités.

La Commission d’enquête aborde en première partie cette question du blocus, et contrairement à la conception turque pour qui
l’occupation terrestre et le blocus naval ne font qu’un, puisque dans les deux cas il s’agit des biens et des marchandises de
pénétrer à Gaza, la Commission va accepter la thèse de la séparabilité des blocus. Elle va faire sienne la thèse israélienne
selon laquelle il faut distinguer la question du blocus naval de celle des restrictions faites par Israel à la circulation terrestre
vers Gaza. La Commission vise l’article 2§4 de la Charte et elle vise également l’exception de légitime défense de l’article
51 de la Charte et elle souligne que le statut juridique incertain de Gaza au regard du droit international ne signifie pas
qu’Israel n’a pas un droit de légitime défense contre une attaque armée ajoutant par là une pièce dans le débat
particulièrement actuel du rapport entre la légitime défense et les entités non étatiques telles que rédigé dans la Charte des
Nations Unies la légitime défense ne joue que vis à vis d’un autre état et pas d’entité non étatique. L’extension du concept de
légitime défense à des entités non étatiques est une grande question contemporaine de droit international public.

Elle considérait qu’Israel avait adopté le blocus naval comme un recours à la force armée dans le but de défendre son territoire
et sa population et elle s’était dite non persuadée la Commission que cette mesure ait été une mesure disproportionnée de
la part d’Israel et constate que cette conclusion ne présente de pertinences que dans le cadre d’un conflit armé
international.

Or si incontestablement il y a eu des violences prenant la forme d’un conflit armé entre les Israel et des groupes armés
controlés par le Hamas, la qualification de ce conflit comme un conflit armé international la Commission considère que
c’est très discutable. Gaza est un cas unique au monde, Gaza et Israel sont des aires territoriales et géopolitiques distinctes dit
la Commission §73 et elle ajoute que le Hamas a une autorité politique et administrative de fait à Gaza, qu’il contrôle une
large partie des activités à Gaza et la Commission s’avance en conséquence jusqu’à juger que le conflit devrait être considéré
comme international, ce qui est un peu curieux.

La conclusion c’est que pour la Commission Israel est justifiée à prendre des mesures raisonnables pour empêcher
l’afflux d’armes à Gaza et elle admet que le blocus naval avait été déclaré et notifié. En revanche, la Commission considère
l’appréciation de la proportionnalité du blocus naval plus difficile. Il lui semble qu’elle ait tout de même respecté (ça
s’entend dans la rédaction de la prudence), elle constate que peu de choses arrivent par mer, que les aménagements portuaires
de Gaza sont restreints et ce n’est pas par cette voie que des mesures alimentaires arrivent pour une population d'un million et
demi de personnes alors que des armes pourraient bien être acheminées par cette voie.

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La conclusion c’est donc que le blocus naval n’a pas lui-même un impact humanitaire important car ce n’est pas par là
qu’arrivent la plupart des aides alimentaires, qu’il était donc légal et que l’entrave au principe de la liberté de navigation
en haute mer (encore une autre question) pouvait se justifier.

- Pour la deuxième question c’est celle de la licéité de l’abordage du navire MARMARA. On peut s’interroger sur
l’application du principe cardinal en droit international de l’interdiction de l’emploi du recours à la force résultant de
l’article 2§4 de la Charte. En pratique il y a beaucoup d’opérations de police qui sont régies par des corps de règles
spécifiques en droit de la mer, en droit aérien et ces opérations de police supposent un usage de la force qui peut le cas
échéant entrainer des faits illicites mais sans constituer pour autant un recours à l’emploi de la force au sens de la Charte.
Tout usage de la force n’est pas forcément un emploi de la force au sens de la Charte
Par conséquent soit on se contente d’appliquer des règles spécifiques au droit de la mer considérant qu'il s’agit d’opération de
police (abordage d’un navire) soit on considère que c’est un emploi de la force au sens de la Charte et c’est le ius contrat
bellum (le droit contre la guerre), le ius in bellum qui est pertinent et l’acte doit être justifié au regard de l’article 2§4 de la
Charte. S’agissant du MADI-MARMARA, l’action se passe en haute mer, aucun droit de suite ne peut être invoqué. L’action
de police n’est pas une qualification pertinente car il n’y a pas de pouvoir de police des états en haute mer. La Turquie
s’est plaint du principe de non recours à la force pourtant l’article 2§4 n’est pas invoqué entre les parties sans doute pour une
question de seuil. Pour la Turquie l’abordage a surtout violé le principe de libre navigation en haute mer, le droit humanitaire
puisque le convoi ne convoyait pas des armes mais avait un but humanitaire et l’action des forces israéliennes étaient
disproportionnée.

Mais pour ce qui est le centre de cette affaire à savoir l’abordage et ses modalités, la Commission a constaté que il y a entre la
zone du blocus et le lieu de l’intervention une distance extrêmement importante, elle constate qu’il n’y a pas eu de
sommations, que la flottille ne constitue en aucun cas une menace militaire et maritime pour Israel. L’existence
d’alternatives non violentes est aussi constatée par la Commission et donc elle conclue en affirmant que l’intervention est
inacceptable §134 du rapport. Comme on peut s’en douter malgré les grandes précautions que la Commission a prises, le
rapport est très mal reçu par Israel qui va persister dans ses positions.

Les choses ont commencé à se corser en mai 2013 quand un cabinet d’avocats mandaté par le gouvernement de l’Union
des Comores qui sont l’état du navire MARMARA, du pavillon et elles sont parties au Statut de Rome créant la Cour pénale
internationale. Donc ce cabinet transmet au procureur de la CPI un renvoi de l’Union des Comores relatif à ce raid de mai
2010 conformément aux articles du Statut, et demandent au procureur de la CPI d’ouvrir une enquête sur les crimes
relevant de la compétence de la Cour qui ont été commis lors de ce raid. Finalement le procureur de la CPI estimera qu’il n'y
a pas assez de charges pour transmettre à la Cour mais dès avril 2014 le quotidien israélien fait état d’une promesse de la
part d’Israel de verser une somme de 20 millions de dollars qui doivent être déposés dans un fond humanitaire et qui
doit être reparti entre les familles des victimes.
Là on a quelque chose de très intéressant ; Israel et la Turquie vont donc conclure un accord qu’on appelle une transaction au
terme de laquelle Israel consent à verser une somme de plusieurs millions d’euros destinés à abonder ce fond qu’on vient
d’évoquer, entérine une reprise des relations diplomatiques entre les deux états et il faut comprendre que la cause des
tensions entre les deux états dépasse l’incident de ce navire et le règlement des différends dépasse cette affaire car les états se
sont entendus sur un allègement du blocus sur la bande de Gaza et des négociations ont été ouvertes à ce sujet.

La Turquie a posé des conditions à une normalisation des relations bilatérales :


Outre les excuses israéliennes qui sont une forme de réparation, outre les compensations financières pour les familles des
victimes, et la levée du blocus sur la bande de Gaza, Israel va en échange demander à la Turquie de renoncer à
poursuivre en justice les soldats et les officiers impliqués dans l’interception de la flottille. Il voudrait attirer notre
attention sur un point qui est une difficulté et qu’on voit se produire dans des affaires de ce genre où après un incident plus
ou moins grave deux états concluent une transaction qui est censée avoir des effets sur leurs ressortissants. En effet dans
quelle mesure un accord international peut priver les particuliers de certains de leurs droits mais encore de la possibilité
même de leur faire valoir (les victimes des ayants droits notamment) qui du fait de cette convention ne peuvent plus agir
devant les tribunaux pour réclamer réparation de la part de Israel. L’accord prévoir le versement de quelques millions
aux familles des victimes et aucune des deux parties car transaction ni Israel ni la Turquie ne serait tenue pour responsable
donc c‘est une transaction interétatique mais sur la question du droit d’action des victimes les parties trouvent une
transaction qui est la suivante : consiste à prendre en charge pour l’état turc toutes les dépenses relatives à des
poursuites ou à leurs conséquences qu’engageraient les personnes physiques ou morales contre Israel ou contre des
citoyens israéliens en relation avec le navire MAVI-MARMARA. C’est intéressant comme question car ça permet de
régler la question classique du sort des particuliers affectés par une transaction internationale (pas capable de l’apprécier en
terme financier).

Pourquoi on a narré cet incident physique et diplomatique ? Car il couvre à lui seul une grande partie de notre programme,
on y trouve des questions de droit de la mer, des questions de recours à la force avec un problème de seuil pour savoir si on
peut qualifier le recours à l’emploi de la force armée au sens de l’article 2§4 de la Charte, on y trouve des questions de
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responsabilité et de réparation et tout y est ou presque. L’exemple nous indique ce qu’il nous faudrait savoir pour analyser un
cas comme celui ci, pour l’éclairer d’un regard de juriste il faut avoir quelques lumières sur le DI des espaces, de la
responsabilité internationale, des différends internationaux et de leur règlement et aussi sur l’emploi de la force. C’est
précisément notre programme.

§2 : L’affaire concernant la cessation de la course aux armes nucléaires et le désarmement et


la requête des Iles Marshall contre le Royaume-Uni devant la Cour Internationale de Justice
de 2016

On se souvient de ce que l’on avait dit dans l’introduction à propos de Dooms Clock, ce site animé par des scientifiques de
toute nature (de l’armement nucléaire, etc) qui calcule presque tous les ans au fond le temps qu’il nous reste dans 24h avant la
destruction complète du monde. Comme on peut le voir on est à 100 secondes, on calcule cela par rapport à l’impact des
risques climatiques mais aussi politiques et des différents conflits existants dans le monde, simplement ça n’inclue pas la
question de l’Ukraine car c’est antérieur.

Notre affaire touche à la question de la menace nucléaire qui n’est pas la seule dont prennent en compte les gens qui calculent
Dooms Clock mais qui est important dans leur réflexion et leurs calculs. Il y a différentes affaires dont on pourrait parler à
propos de la course aux armes nucléaires mais on en prend un : celui d’une requête qu’ont fait les Iles Marshall contre le
Royaume-uni, une requête devant la Cour internationale de Justice. Cette requête n’avait pas pour objet de reposer la
question à la Cour de la licéité des armes nucléaires car cette question a déjà été très largement explorée dans le célèbre avis
consultatif de la Cour internationale de justice en 1996 sur la licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires.

Ce qui est en cause dans notre affaire c’est le manquement aux obligations qui découlent de l’article 6 du traité de non
prolifération d’une part du droit international coutumier d’autre part et le fait que les états parties à ce traité de non
prolifération (TNP) qui sont dotés d’arme nucléaire n’ont pas respecté leur part de ce traité ; ils n’ont pas adopté les
mesures que la Cour les avait unanimement appelée à prendre sur le fondement de son article 6 de ce traité càd « poursuivre
de bonne foi et mener à terme des négociations conduisant au désarmement nucléaire dans tous ses aspects sous un contrôle
international strict et efficace, c’est là le contenu de l’obligation internationale ». Tant que les indispensables négociations
visant à parvenir à la conclusion recherchée n’auront pas eu lieu nous continuerons d’être confrontés à la perspective bien
réelles des « dévastations qu’une guerre nucléaire ferait subir à l’humanité entière » selon la CIJ. La perpective de la
possibilité voire de la probabilité que des armes nucléaires soient utilisées par accident, par erreur de calcul ou volontairement
prolifère.

Un système juridique c’est ce qu’a dit la Cour dans cet avis de 1996 « un système juridique cohérent ne saurait admettre sa
propre destruction ou celle de la société dont il vise à régir le fonctionnement ».

Donc inspirée par ces principes/valeurs, la requête des Iles Marshall va introduire une instance contre le Royaume-Uni, état
partie au TNP, état doté d’arme nucléaire. Les Iles Marshall demandent à la Cour de dire que le Royaume-Uni a manqué d’une
manière continue aux obligations qui lui incombent en vertu de ce fameux article 6 du TNP et en particulier de mener de
bonne foi des négociations etc. Ils demandent de constater que le RU manque aussi d’une manière continue à des
obligations internationales qui lui incombent non seulement du fait du TNP mais aussi du droit coutumier et que de
manière continue le RU refuse de s’acquitter de bonne foi de ses obligations notamment non négociées.

Les Iles Marshall qui sont aussi parties au TNP qui sont un état non doté d’arme nucléaire.

Reprenons l’article 6 de ce traité : « Chacune des Parties au Trait s’engage poursuivre de bonne foi des n gociations sur
des mesures efficaces relatives la cessation de la course aux armements nucl aires une date rapproch e et au
d sarmement nucl aire, et sur un trait de d sarmement g n ral et complet sous un contr le international strict et efficace. »

Or le Royaume-Uni n’a jamais accepté en dépit de demandes multiples formulées en ce sens de remettre en question par
exemple son système trident ni les systèmes qu’il avait mis au point auparavant. Au cours des années 70 à 80 il a refusé à
plusieurs reprises que son système nucléaire soit évoqué même évoqué lors des pourparlers menés au sujet du
désarmement. Le RU a toujours voté contre la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la suite de l’avis
consultatif donné par la Cour. En effet chaque année depuis 1996 l’AG vote une resolution sur ces suites et elle rappelle cette
resolution la conclusion qui avait été rendue à l’unanimité par la Cour dans son avis : il y a une obligation de mener des
négociations conduisant au désarmement nucléaire. Mais le RU vote chaque année contre cette resolution.

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D’après les Iles Marshall il est possible de saisir la Cour internationale de justice car elle est compétente parce qu’il y a un
différend entre les deux parties. Un différend est un désaccord sur un point de droit mais ce désaccord n’a pas besoin d’être
énoncé expressément, ce désaccord peut être déduit de l’attitude des parties selon les Iles Marshall et là cette attitude est
suffisamment claire.

Mais ce n’est pas comme cela que l’entend le Royaume-Uni qui prétend que la Cour ne peut pas être saisie parce que la Cour
est là pour résoudre des différends et qu’il n’y a pas de différend entre le Royaume-Uni et les Iles Marshall. Le Royaume-
Uni soutient que pour que soit établi un différend il faut démontrer que la réclamation de l’une des parties se heurte à
l’opposition manifeste de l’autre, ce qui importe est de savoir si à la date du dépôt de la requête il existait entre les parties un
différend et il faut donc démontrer que cette réclamation se heurtait à une opposition manifeste de l’autre. Mais ce différend
n’a jamais été notifié par les Iles Marshall pas plus qu’elles n’ont notifié aux RU leur intention de saisir la CIJ. Par conséquent
il n’y a pas de différend et la Cour n’est pas compétente.
Bien sur il est vrai qu’en 2013 le ministre des affaires étrangères des Iles Marshall a fait une déclaration sur le désarmement
nucléaire mais en réalité il se bornait à des propos très généraux et politiques ne visant pas spécifiquement le Royaume-Uni.

En toute hypothèse selon le Royaume-Uni il faut faire référence à un texte dont nous allons reparler dans la leçon sur la
responsabilité internationale des états : à l’article 43 des articles de la Commission du droit international des Nations
Unies sur la responsabilité internationale des états pour faits internationalement illicites. Dans ce texte, il est exigé que
l’état lésé qui invoque la responsabilité d’un autre état notifie sa demande à cet état or dit le Royaume-Uni les allégations des
Iles Marshall mettent directement et immanquablement en cause les intérêts d’autres états que le Royaume-Uni qui ne
sont pas parties à l’instance. Nous reviendrons sur ce point mais le Royaume-Uni va invoquer le précédent de l’affaire de
l’Or Monétaire jugée par la Cour internationale en 1954 dans laquelle la Cour a considéré qu’il n’était pas possible de
trancher un différend si en tranchant un différend elle porterait atteinte, elle affectait les droits d’état qui ne sont pas présents à
l’instance.
La Cour dit en effet « La Cour ne peut trancher ce différend sans le consentement de l'Albanie [...] statuer sur la
responsabilité internationale de l'Albanie sans son consentement serait agir à l'encontre d'un principe de droit international
bien établi et incorporé dans le Statut, à savoir que la Cour ne peut exercer sa juridiction à l'égard d'un Etat si ce n'est avec le
consentement de ce dernier […] En l'espèce, les intérêts juridiques de l'Albanie seraient non seulement touchés par une
décision, mais constitueraient l'objet même de ladite décision. En pareil cas, le Statut ne peut être considéré comme autorisant
implicitement la continuation de la procédure en l'absence de l'Albanie ».

Qu’est-ce que cette affaire en conclusion met en jeu ? Bien sur on l’a vu, la notion même de différend avec un D, quand y a-
t-il un différend, des questions de compétence de la CIJ pour le régler, aussi des questions de conventions conclues à
l’ensemble des états erga omnes, la question de l’interprétation d’un comportement d’un état comme constituant ou
non une violation de ses obligations internationales, la question du nucléaire et des obligations internationales
souscrites par les états au titre du TNP et celle des conséquences du manquement au droit coutumier. Ça nous fait un
ensemble qu’on évoque à titre d’illustration.

§3 : Le Guynana del Esequibo, territoire disputé entre le Venezuela et le Guyana

Il ne s’agit que d’exemples, c’est une affaire de territoires disputés entre le Venezuela et la Guyana (Guyane britannique,
état qui a accédé à l’indépendance en 1811 et qui compte un peu moins d’un million d’habitants). Cet état il faut dire quelques
mots de sa configuration géographique, le Guyana a une partie de son territoire qu’on appelle le Guynana Del esequibo qui
représente près de 65% de cet état et qui est un territoire très inhospitalier d’ailleurs 90% de la population de cet état se trouve
sur la zone côtière. Mais il y a des richesses naturelles qui lui donnent un certain potentiel et qui vont expliquer tout ce qui va
se produire.

Comme on va le voir le tracé de cet état résulte des travaux d’un explorateur allemand qui a été confirmé par une sentence
dont on va reparler qui est la sentence arbitrale de 1899. Ce tracé va être par la suite contesté par le Venezuela.

En 1814 les néerlandais cèdent le Del Esequibo et d’autres régions aux britanniques et en 1831 les trois territoires deviennent
une seule et même colonie britannique qu’ils appellent le Guynana. Parallèlement le Guyana devient indépendant en 1811.
En 1839, ce cartographe prussien se voit confier par les autorités britanniques la tache de faire une étude scientifique de cette
colonie, d’en explorer les confins, et de faire une étude complète de sorte à dresser les limites de ce territoire. Il faut
comprendre que dans les questions d’espace en droit international on est vite confrontés à des données extrêmement
techniques, géographiques, géologiques et historiques et donc il ne faut pas être étonnés si des éléments apparaissent dès lors
qu’on évoque des différends de ce genre. Et en DI elles se plongent et font état de données historiques, géologiques,
géographiques et de documents très anciens.

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Bref ce cartographe établi cette carte que l’on a sous les yeux et on voit
l’actuelle limite orientale du Guyana, limite que le Vénézuéla ne
reconnait pas. Donc on reste sur une sorte de statu quo, on s’entend
entre la Guyana et le Venezuela pour geler le différend en quelques sortes
de sorte qu’aucune partie ne va occuper la zone concernée.

Jusqu’à la fin du XIXè où les britanniques se mirent à occuper le


territoire en question malgré les protestations du gouvernement
vénézuélien. Ça entraine une rupture des relations diplomatiques et même
à l’arbitrage de 1899 dont on va voir qu’il a des répercussions jusqu’à
aujourd’hui car cette affaire est pendante devant la Cour internationale de
justice où l’on discute de cette sentence.
Dans cet arbitrage, deux états-uniens représentent les intérêts du
Vénézuela, face à deux britanniques et un juge russe. La sentence
reconnait que les territoires de l’ouest de l’Esequibo reviennent au
Royaume-Uni. La sentence semble acceptée par les parties, appliquée
par une commission mixte en charge de la démarcation de la frontière
mais jusqu’au début des années 1960 le Vénézuéla ne va pas contester
cette sentence, il y a des éléments montrant qu’au contraire il reconnait sa
validité, et qu’il ne remettait pas en cause les conclusions de cette
sentence.

Mais en 1962 quand la colonie britannique du Guyana s’acheminait


comme ce qui a été proclamé en 1863, le Vénézuela réclame le retour
de cette région sous sa souveraineté avant même que le Guyana ne
soit indépendant. Il qualifie alors cette sentence de 1899 et il change
d’avis sur sa validité car il l’estime arbitraire, nul et non avenu et les
Etats-Unis n’avaient pas bien représentés leur état, estimant qu’il y a des
vices de procédure et pire encore qu’il y avait une entente entre les parties. Pour justifier sa revendication, ce changement
d’attitude vis à vis de la sentence, le Vénézuela va s’appuyer sur un document, un mémorandum secret qui aurait été rédigé
en 1944 par un avocat qui était conseil auxiliaire du Vénézuela au moment de l’arbitrage de 1899 qui devait être rendu public
après sa mort, laquelle est survenue en 1949. Dans ce mémorandum, il prétendait que la sentence de 1899 avait été le résultat
d’une collusion entre les arbitres britanniques et le président russe du tribunal et que cette sentence devait être considérée
comme nulle.

Le Guyana a cet argument fait valoir que c’est curieux que le Vénézuéla ne produise ce document posthume qu’en 1962 alors
qu’il est censé le connaitre depuis 1949. Ce à quoi le Vénézuéla va répondre qu’il n’a jamais contesté la sentence arbitrale
pendant près de 60 ans parce qu’il ne disposait pas d’une information cruciale découverte peu après l’accès de l’ancien accès
de la colonie britannique à l’indépendance càd la sentence a été rendue sur la base d’un marchandage purement politique.

Le Vénézuela et le Royaume-Uni finissent par s’entendre pour régler ce différend sur le fait que lors d’une réunion aux
Nations Unies il faudrait examiner un certain nombre de choses par rapport à cette sentence de 1899 et des experts
britanniques et vénézuéliens procèdent donc à l’examen de leurs archives pour essayer de voir s’il y avait des éléments de
preuve par rapport à la thèse vénézuéliennes et ils ont conclu qu’il n’existait pas la moindre preuve permettant d’étayer la
révélation du Vénézuela selon laquelle la sentence aurait été frappée de
nullité ni d’éléments permettant d’établir les malversations dont le
Vénézuela fait état.

En 1965 le Vénézuela va publier une carte officielle sur laquelle le


territoire objet des différends est qualifié de zona en reclamacion. Pour
régler le différend le Vénézuela et le Royaume-Uni vont conclure un
accord : l’accord de Genève de 1966.

On a donc un espace qui est disputé, contesté, on a des premiers éléments


de règlement du différend par l’intervention d’une sentence arbitrale,
laquelle est contestée puis on a un accord en 1966 dans lequel il est prévu
la création d’une commission mixte chargée de « rechercher des
solutions satisfaisantes pour le règlement pratique du différend survenu
entre le Vénézuela et le Royaume-Uni du fait de la position du Vénézuéla
qui soutient que la sentence arbitrale de 1899 relative à la frontière entre
la Guyane Britannique et le Vénézuela est nulle et non avenue ».
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Par ailleurs dans son article 4 ce même accord de 1966 dit que « si dans les 4 ans qui suivent la conclusion de cet accord, la
commission n’est pas arrivée à un accord complet sur la solution du différend elle en réfèrera dans son rapport final aux deux
gouvernements en cause pour toute question en suspens ». Cet article ajoute « ces gouvernements choisiront sans retard l’un
des moyens de résolution pacifique énoncé à l’article 33 de la Charte des Nations Unies ».

Trois semaines plus tard le Guyana accède à son indépendance, adhère à l’accord, adhésion qui n’a jamais été contestée par le
Vénézuéla.

On est en 1970, quatre ans se sont écoulés, le mandat de la commission mixte arrive à son terme et aucune solution définitive
n’a pu être trouvée. On a signé un protocole qui prévoit un moratoire sur les efforts en vue du règlement des différends
prolongeant en quelque sorte de 12 ans cette période. Mais cette période n’est pas plus fructueuse que la précédente, les
parties tentent de nouveau de parvenir à un accord par l’un des moyens pacifiques énoncés à l’article 33 de la Charte selon
l’expression employée par l’accord de 1966 et tout ceci en vain.

Lassitude ou autre, depuis cette période à quelques très rares exceptions sur lesquelles on passe, les deux états semblent la
laisser de coté cette question jusqu’à ce que en mai 2015 la compagnie de pétrole Exon Mobil, compagnie de pétrole
américaine, annonce qu’elle débute un gisement de pétrole dans l’Esequibo avec l’accord du nouveau président
guyanais. Lequel il faut dire que David Granger était un conservateur qui a fait parti de ces études militaires partis aux Etats-
Unis donc très favorable au vu extensif des Etats-Unis. Nicolas Madurro le traitait de « laquais de l’empire ».
Ce président guyanais a sans aucun doute bénéficié du soutien très actif du président des Etats-Unis de sorte que après cette
première campagne de recherche de gisement de pétrole et d’exploitation de mai 2015 par Exon Mobil va se succéder une
deuxième en septembre 2015 le président du Guyana autorisant une société canadienne la Guyana Golfies à démarrer
une exploitation d’une mine d’or cette fois-ci dans l’Esequibo.

Là ça a réveillé le différend qui était un peu dormant depuis quelques temps et en juillet 2015 le Vénézuela va invoquer la
convention de 1966 qui va ressortir des cartons demandant aux Nations Unies de designer un médiateur. Les présidents des
deux états rencontrent le Secrétaire général des Nations Unies et de nouveau on expose son point de vue sur ce territoire
disputé.
On dit « à nouveau » car en réalité il y avait déjà eu un mémorandum très substantiel de la part du Vénézuela en 1965 où
l’essentiel des arguments avaient été présentés qui ne sont que répétés en 2015.

Après cette rencontre les deux chefs d’état retournent dans leur état et font campagne pour appuyer leurs prétentions auprès
non seulement de leur opinion publique mais auprès d’un certain nombre d’instances internationales auprès desquelles elles
tentent de convaincre du bien fondé de leur revendication.
Du coté du Vénézuela on insiste sur l’importance de l’accord de Genève de 1966 qui est un mécanisme auquel il faut se
référer, qui régi les relations sur ce point avec la république du Guyana puisqu’il est bien dit dans cette convention dans
l’article 8 « lors de l’accession de la Guyane britannique à l’indépendance le gouvernement guyanais deviendra partie au
présent accord » et ça nous rappelle la question évoquée de la succession d’états au traité. Le Vénézuela affirme sa volonté de
résoudre le différend. Il le rappelle en 2015 dans des termes qui marquent la difficulté que rencontrent les juristes sur des
questions territoriales à savoir le mélange d’arguments juridiques et d’arguments purement politiques, que dit le Vénézuela en
substance ? « Le Guyana de l’Esequibo a toujours été au Vénézuela depuis la fondation meme de la capitainerie générale du
Vénézuela en 1877, dans toutes les étapes de l’indépendance, quant le Vénézuela a pris son indépendance envers l’empire
espagnol, quant a été fondée la république de Colombie qui rassemblait ce qu’était la Colombie, le Panama et l’Équateur
aujourd’hui, puis en 1835 une seconde étape la spoliation, une sentence arbitrale rendue à Paris en 1899 avec 5 arbitres
(argumentation sur la collusion entre les arbitres) ».

On voit tous ces éléments que l’on vient d’évoquer il faut ajouter :
- La Constitution du Vénézuela de 1999 prévoit dans son article 10 « le territoire et les autres espaces géographiques de la
République sont ceux qui correspondent à la capitainerie générale du Vénézuela avant sa transformation politique en 1810
incluant les modifications résultants des traités et arbitrages non frappés de nullité » donc dans la Constitution même du
Vénézuela il y a une référence à la nullité implicite de la sentence arbitrale de 1899 de sorte à ce que celle-ci ne peut
pas être prise pour référence pour déterminer les frontières entre le Guyana et le Vénézuela. C’est un élément de
porosité entre la revendication internationale et une disposition substantielle du droit interne et au rang constitutionnel d’un
état.
- L’inclusion de la Guyana Esequiba est inscrite dans la Constitution de cet état,
- Le Vénézuela veut saisir la Cour internationale de justice de cette affaire,
- Le Vénézuela va invoquer le principe de l’outil posidetis iuris càd le maintien des frontières issues de la colonisation en
l’état.

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- Les échanges diplomatiques de 2012 entre les deux états indiquent les prolongements du différend en matière
maritime du point de vue des espaces maritimes et plus particulièrement des plateaux continentaux respectifs entre les deux
états car il y a là des ressources en matière d’hydrocarbure et de gaz

Si on additionne tout cela on comprend l’ampleur de la tache d’un médiateur à venir. Le Secrétaire général a mis en place
d’ailleurs une Commission pour se rendre au Vénézuela et en Guyana et elle a déjà opéré un certain nombre de visites et c’est
une affaire à très forts enjeux économiques voir même l’une des toutes dernières dont l’enjeu et l’attribution à un état de
terres vierges de population donc c’est une affaire qui promet d’être particulièrement riche.

Comme on l’a compris l’accord de Genève de 1966 avait pour objet et pour effet que les parties s’en remettent pour le choix
du moyen de règlement au Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies et comme c’est une affaire qui dure depuis
longtemps il y a des SG successifs qui se sont prononcés en faveur d’un certain nombre de méthodes de règlement des
différend dont la procédure des bons officies jusqu’à ce qu’en 2018 la procédure des bons offices dont nous reparlerons
n’ayant pas aboutie à un résultat, Monsieur Antonio Gutérrez Secrétaire général des Nations Unies décide de faire du
recours à la Cour internationale de Justice le prochain moyen de règlement.

Il se trouve que depuis l’accession à l’indépendance du Guyana il y a eu un certain nombre de plaintes de la part de ce dernier
de ce que le Vénézuela aurait violé un certain nombre de fois la souveraineté et l’intégrité du Guyana.
De son coté le Vénézuela ne nie pas avoir entrepris un certain nombre d’opérations mais il soutient qu’il n’y a aucun problème
car ce sont des espaces sur lesquels il jouit de la pleine souveraineté et par conséquent il n’y a nul lieu de le lui reprocher.

L’espace contesté au fond on peut dire de lui et nous verrons ce que la CIJ en dira, que le titre acquis par le Royaume-Uni sur
la Guyana n’est pas un titre originel dans la mesure où il aurait été acquis par une autre puissance qui comme on le disait tout
à l’heure était la Hollande qui l’a cédé à la Grande Bretagne et la Hollande n’a jamais eu l’intention (un des arguments du
Vénézuela) de céder ce titre à la Guyana car auparavant il appartenait au Vénézuela et ici il y a une grande correspondance
entre cet aspect de l’affaire et l’affaire qui avait été jugée par l’arbitre unique Max Hober dans la question de l’Ile de Palmas
en 1928 ça se ressemble. Les Pays-Bas ne peuvent pas céder au Royaume-Uni plus de territoires que ce qu’ils possédaient.

Dans le but de la stabilité des frontières et pour éviter leur remise en cause perpétuelle le Vénézuela accepte ce principe
fondamental en droit des espaces qui est celui de l’outil posidetis iuris qui consiste encore une fois à admettre qu’au moment
de la décolonisation les frontières administratives sont maintenues au moment de l’accession à l’indépendance.
Autrement dit les anciennes frontières coloniales vont devenir des frontières internationales (qui étaient des frontières
internes). Comme le Vénézuela considère qu’il dispose du titre de souveraineté sur ce territoire, alors il estime qu’on ne
peut pas lui imputer des faits internationalement illicites car on le redit il estime que ce sont des actions menées en toute
légalité sur son propre territoire.

L’affaire n’est pas terminée, elle est portée en effet devant la CIJ en mars 2018. La Cour a rendu il y a deux ans un arrêt par
lequel elle s’est reconnue partiellement compétente dans une décision du 18 décembre 2020 pour juger de ce différend
s’agissant de la question de la validité de la sentence arbitrale du 3 octobre 1899 et compétente aussi pour la question
connexe du règlement définitif du différend concernant la frontière terrestre entre la république coopérative du Guyana et
le Vénézuela.

Qu’est-ce que cette affaire met en jeu ? Des questions d’espaces terrestres, de frontières, de souveraineté, du titre
territorial, de la fixation des frontières avec les modes de determination (recours à l’arbitrage ou non) et le règlement des
différends (la conciliation, l’arbitrage et le mode judiciaire par la saisie de la CIJ par recours à la convention de 1966 entre ces
deux états), la question de la validité de la sentence qui est l’un des sujets principaux de l’affaire pendante devant la CIJ, de
l’intégrité territoriale. Une autre question qui va être une conséquence, un prolongement de tout ce qui précède : la fixation
des limites des espaces maritimes car en fonction des limites de l’espace terrestre, du tracé des espaces terrestres la
projection vers la mer se modifie profondément. La question des acquiescements, des objections, du principe posidetis iuris
etc. Voilà pourquoi cette affaire est une illustration des différents aspects de ce dont on va aborder dans ce deuxième semestre.

§4 : Le terrifiant destin du Timor oriental - le « Timor Leste »

Il y a aujourd’hui un différend qui oppose l’Australie et le Timor oriental sur la délimitation de leurs frontières
maritimes et donc sur l’exploitation des ressources qui s’y trouvent. Mais ce différend qui ne date pas d’hier broche en réalité
sur une histoire dans laquelle il n’y a pas que des questions de délimitation. En effet, on va prendre les choses en remontant
dans le temps. En 2002, l’Australie a rejeté par deux déclarations simultanées les mécanismes de règlement des
différends relatifs à la délimitation des espaces maritimes càd elle n’a pas voulu que la CIJ soit chargée de cette

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délimitation et elle n’a pas voulu non plus que le Tribunal du droit de la mer crée par la Convention de Montego Bay de 1982
soit saisi de cette question arguant que le mieux était de négocier.
Alors en mai 2002 l’Australie conclue avec le Timor oriental le Timor Sea Treaty (TST) prévoyant l’exploitation de
ressources pétrolières d’une zone appelée la Zone
d’Exploitation Pétrolière Commune (ZEPC) située entre
les deux pays. Mais en disant bien que cet accord ne
préjuge pas de leurs prétentions territoriales respectives.
L’idée est que 10% des revenus reviendront au Timor
et 90% à l’Australie. On découvre que le plus grand
gisement de gaz est le Greater Sunrise, or en réalité il se
trouve à 82% dans les eaux australiennes ne laissant
que 18% dans la zone commune. Donc en 2004 de
nouvelles négociations s’engagent pour régler le partage
des revenus de l’exploitation du Greater Sunrise.

L’accord CMATS (Certain Maritime Arrangements in the


Timor Sea) entre en vigueur en 2007 pour une durée
prévue jusqu’en 2057. Jusqu’à cette date les parties
conviennent qu’aucune revendication territoriale ne
doit être faite. Et l’Australie veut que le raffinage (l’une
des opérations les plus rentables en matière
d’hydrocarbure) soit fait en Australie.

Tout semblait aller pour le mieux jusqu’à ce que intervienne quelque chose d’assez extraordinaire non pas dans la pratique
mais dans la publicité qui a pu en être faite. En effet le Gouvernement du Timor Leste apprend qu’en 2004 les services
secrets australiens avaient installé des micros dans les bureaux du gouvernement du Timor pour obtenir un avantage
dans la négociation sur le Greater Sunrise. À partir de là, le Timor va multiplier les procédures juridictionnelles et ce sont
des révélations d’espionnage avérées, les locaux du conseiller du Timor Leste situés dans le Campera ont été perquisitionné
par les services australiens, des documents liés à la procédure arbitrale ont été saisis alors la conséquence de tout cela qui vient
brocher sur ce différend et encore on n’est pas remonté dans l’histoire mais ça vient ajouter un volet nouveau à ce différend :
le Timor dépose une requête auprès de la Cour Internationale de Justice la priant de constater que l’Australie avait violé
sa souveraineté en envoyant des agents sur son territoire et en saisissant les documents dans le cabinet de son conseiller.

Simultanément le Timor Leste demande l’indication de mesures conservatoires pour obtenir la restitution des documents
saisis afin que l’Australie ne les utilise pas contre lui dans la procédure arbitrale parallèle. La CIJ va donner gain de cause au
Timor Leste dans une ordonnance du 3 mars 2014 Questions concernant la saisie et la détention de certains documents
et données (Timor-Leste c. Australie) et finalement l’Australie va restituer les documents saisis = une restitution in integrum
en droit de la responsabilité internationale et enfin l’affaire sera radiée du rôle de la CIJ car elle n’aura plus d’objet.

Ce différend relatif aux documents saisis par l’Australie a pris fin mais la procédure arbitrale sur la validité des accords
conclus avec l’Australie se poursuit et les négociations sur la délimitation maritime ne progressent pas. C’est dans ces
circonstances que le Timor Leste en 2016 va engager une procédure de conciliation (article 33 charte des NU on retrouve
ce mot) avec l’Australie en se fondant sur la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.
La procédure est obligatoire pour les états parties au différend mais la Commission ne rend pas de décision obligatoire mais
elle encadre les négociations entre les états et elle donne une recommandation sur le fond.

L’Australie conteste la possibilité pour le Timor d’engager une telle procédure, la Commission considère que la conciliation
peut se poursuivre parce que le Timor Leste souhaite qu’une délimitation frontalière définitive maritime soit mise en place.
C’est essentiel pour clarifier la répartition des revenus issus de l’exploitation des ressources naturelles de la mer de Timor et ça
permettra de débuter l’exploitation du gisement du Greater Sunrise.

En 2017 la Cour permanente d’arbitrage affirme que le Timor et l’Australie sont parvenues à un accord concernant
leurs frontières maritimes. Les deux parties se sont rencontrées et ont fini par signer en 2018 un accord très attendu,
notamment par le Timor qui avait été infiniment lésé par les précédents traités de limitation et de partage des ressources. Ce
traité de 2018 établi la frontière maritime entre les deux états en mer du Timor, précise le statut juridique du Greater
Sunrise (le gisement de pétrole est estimé à 40 milliards de dollars).

Qu’est-ce que ça implique cette histoire ? Beaucoup de questions juridiques ici : la délimitation de frontières maritimes
bien sur, l’exploitation des ressources, le règlement des différends (négociation, conciliation, arbitrage, recours à la CIJ,
conclusion de traités successifs) mais ce n’est pas tout. Pour comprendre la vraie couleur on pourrait s’en tenir là mais pour
comprendre la vraie couleur de ce dossier il faut faire de l’histoire et on arrive à d’autres questions de DIP qui nous intéressent
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; celles des annexions territoriales et celles du recours à la force et ce sont ces questions qui tiennent la toile de fond de tout
de dont on parle ici.

Le Timor oriental (partie est) a été une colonie portugaise de


1586 à 1975 et les puissances occidentales ont toujours
soutenu le régime de Suharto en Indonésie très puissante
voisine. De Suharto est un génocidaire tout à fait répertorié,
il faut savoir que l’Indonésie a procédé à une « lutte » contre
le « communisme » dans laquelle les puissances occidentales
(Australie, Grande Bretagne, États-Unis) avaient la plus
grande sympathie et c’est une affaire qui a couté entre 500 000
et 3 millions de morts avec un soutien total des Etats-Unis. De
son coté, le territoire portugais demeure un territoire non
autonome, sous administration du Portugal (article 73 de
la Charte des Nations Unies).

Ce qu’il se passe c’est qu’en 1974 après la révolution des


oeillets au Portugal ce dernier s’engage dans la voie de la
décolonisation et dès 1974 le Portugal laisse au Timor la
possibilité de former plusieurs partis politiques qui comme tous les parties se divisent sur l’avenir du Timor, les uns souhaitent
l’indépendance et c’est le cas du parti de gauche populaire (le FRETILIN), les autres souhaitent le maintien de lien avec le
Portugal, d’autres encore une association avec l’Indonésie. Une guerre civile éclate en 1975 et c’est le FRETILIN qui en sort
victorieux. Il déclare une indépendance qui n’est pas reconnue par la communauté internationale autrement dit les Etats-Unis.
Apres que les deux autres partis aient déclaré l’intégration du Timor à l’Indonésie les troupes indonésiennes envahissent le
Timor en 1975 et annexent purement et simplement le territoire en 1976 au motif toujours bien répertorié et inusable
jusqu’à une époque récente de lutte contre le périple communisme, le tout sous l’oeil bienveillant des États-Unis. Il en coute
200 000 morts càd un quart de la population, une population composée à 97% de catholiques car c’est une ancienne colonie
portugaise.

Le Conseil de sécurité va condamner par diverses résolutions évidemment cette annexion, réaffirmant le droit inaliénable
du peuple du Timor oriental à l’auto détermination. Le Conseil de sécurité demande à l’Indonésie de retirer ses forces et elle
va y rester 25 ans, une occupation absolument sanglante et le président Suharto prétextant une pure lutte anticommuniste pour
y massacrer les timorais. L’Australie, les Etats-Unis et la Grande Bretagne ont dans cette affaire une attitude particulièrement
coupable. L’Australie reconnait l’annexion immédiatement, parce qu’elle veut délimiter très vite le plateau continental avec
l’Indonésie. 1

Après un certain nombre de résolution du Conseil de sécurité, demandant en vain le retrait de l’Indonésie et proclamant le
droit du peuple timorais à l’autodétermination, les Nations Unies vont créer la force Minuto chargée d’une mission
d’assistance électorale, de maintien de la paix et d’administration du territoire avec une formule ambiguë sur la récession. Un
referendum va donner 78% de résultat favorable pour l’indépendance déclenchant dans sa préparation des violences
terribles, des milices intégrationnistes, une complicité totale de l’Indonésie et en mai 1999 un accord qui prévoit la
consultation populaire sur l’indépendance du Timor sera signé, entériné par une résolution 1246 du Conseil de sécurité. Il
y en a un certain nombre on ne va pas rentrer dans le détail.
Donc 78% expriment leur volonté d’entrer dans le processus de transition vers l’indépendance avec une participation de 98,5%
des électeurs et ce résultat va mettre le pays à feu et à sang pendant que la vente d’armes britanniques à l’Indonésie ne cesse
d’augmenter. On a quelques scènes d’ambiance électorale sous l’oeil bienveillant des états précités.

Il se passe quelque chose d’extrêmement intéressant à propos de l’attitude des Etats-Unis, le 8 septembre 1999 quand les
premiers massacres de l’Indonésie se perpétraient pour empêcher le résultat prévisible de l’autodétermination timoraise,
l’administration Clinton poursuivant le soutien états-uniens de plusieurs décennies au gouvernement indonésien,
l’administration Clinton déclare qu’elle n’a pas à s’immiscer dans ce qui relève de la responsabilité de l’Indonésie. Trois jours
après le président Clinton découvre le 11 septembre 1999 que l’Indonésie est déplaisante au Timor oriental depuis les 25 ans
auquel elle avait joui du soutien des Etats-Unis et de la Grande Bretagne et les Etats-Unis suspendent la coopération
militaire, interrompent la vente et la livraison de matériel militaire et c’est le résultat qui s’ensuit qui est le plus
impressionnant car l’Indonésie se retire aussitôt du Timor. Après 25 ans de soutien actif aux exactions militaires de
l’Indonésie, il a suffi d’un mot à un mot du maitre pour que l’autodétermination ne soit plus un vain mot, combien de morts et

1Le ministre des affaires étrangères australien, Monsieur Garett Evans, pose notamment avec Suharto en train de célébrer leur accord de
délimitation des plateaux continentaux des deux états en 1972. L’Australie trouve commode de composer, de négocier cet accord avec le
président Suharto plutôt qu’avec un futur Timor oriental que de toute façon elle ne reconnait pas. Il signale que ce ministre est aujourd’hui
devenu un spécialiste de la responsabilité de protéger ce grand concept humaniste de l’action humanitaire.
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de souffrances n’eussent-elles pas été épargnées si ce mot avait été prononcé plus tôt. (Parallèle entre cette affaire et d’autres
affaires plus contemporaines)

Une dernière phase va s’ouvrir quand le Conseil de sécurité des Nations Unies en vertu du chapitre 7 va voter des résolutions
prévoyant des opérations pour la construction d’un état de droit, « l’ONU doit construire l’état » ce qui soulève d’autres
difficultés par exemple pourquoi agir au Kosovo, partie de la Yougoslavie sans autorisation de cette dernière et non au Timor
annexée par l’Indonésie par la force et sans reconnaissance par la communauté internationale et qu’on demande l’assentiment
de l’Indonésie à l’occupant sans titre.

Ces exemples ne sont pris qu’à titre d’illustration pour nous montrer l’interpénétration des questions politiques, humaines et
juridiques dans ces affaires. Il reste à dire quelques mots sur le cours de droit international et l’esprit dans lequel il essaie de le
délivrer.

Par où commencer dès lors qu’on s’intéresse à la substance des règles et plus particulièrement sur les seuls aspects formels
sachant qu’il est impossible d’être exhaustif compte tenu de la progression massive des règles internationales, de leur quantité
dans des domaines extrêmement variés et qu’il est assez difficile de lister les nombreuses exclusions qu’il faut consentir.
Pourquoi éliminer le droit international de l’environnement, le droit internationale pénal, le droit international sur les voies
navigables et conserver le droit de la mer etc? Il y a une part d’arbitraire dans les choix mais tout de même il y a quelques
raisons par exemple il existe des cours spécifiques sur des aspects substantiels du DIP. Par conséquent il peut y renvoyer, et
puis deuxièmement il faut savoir quel est l’objectif d’un cours comme celui ci?
Il est de donner à voir l’esprit de la discipline, ses caractéristiques, ses difficultés et pour cela il s’agit de choisir les domaines
du droit international qui lui semble constituer, les mieux illustrer, les mieux révéler, les meilleurs révélateurs de ces
caractéristiques générales. Il y va directement dans ce qui lui semble constituer le centre de la construction ; pouvoir,
puissance, domination. C’est pas très gai, d’autres diraient droit, justice et équité mais il ne veut pas étaler un rêve et il veut
plutôt essayer de comprendre avec nous les mécanismes, les rouages qui font tourner la machine, qui orientent la production
des règles, qui expliquent les conduites quand celles ci paraissent s’aligner sur ce que prescrivent les règles ou au contraire les
conduites quand elles violent lesdites règles voir domination et puissante lui semble n’avoir une densité explicative très
supérieure (et non pas exclusive elles se combinent avec d’autres facteurs).

Donc s’il fallait justifier ce choix, cette focalisation, il dirait en rappelant les dires de Thomas Hobbes, appliqués aux
individus que l’homme qui est au centre de tout cela (ce n’est pas parce qu’on parle de DIP que l’homme n’est pas là), il disait
« l’homme est une machine désirante, animée avant tout du soucis de sa survie ». Et cet Hobbes oriente naturellement vers
ce qui lui procure sécurité, satisfaction, attiré vers la vie plutôt que vers la mort, la beauté plutôt que vers la laideur, la richesse
plutôt que vers la pauvreté, la santé plus que la maladie. Tous les hommes désirent à peu près les memes choses si on s’en tient
à cette évocation, tous sont en mouvement pour les acquérir et ils sont donc en compétition naturellement vers des biens rares
et désirés dans une course vers la domination et le pouvoir qui peut les conduire on le sait à la guerre. Et qui les maintien dans
une situation de tension, de ce que Hobbes appelait « la guerre virtuelle ».

Pour ceux qui ont des éléments de la vulgate hobbessienne, c’est la peur de la mort qui va inspirer aux hommes par une
déduction rationnelle le projet de s’associer citée sous la tutelle d’un pouvoir qui va monopoliser la puissance coercitive.
Alors cette façon de voir qui est peut-être vraie pour les hommes, elle est assurément pour les associations politiques qu’ils
ont formées càd les états. Les caractéristiques anthropologiques que l’on vient de rappeler se communiquent aux états avec
quelques petites modifications, d’abord la première différence est fondamentale c’est qu’on sort de la philosophie. L’état de
nature qui nous est décrit comme étant la situation dans laquelle chacun est jugé partie, ou qu’un tiers impartial a compétence
pour trancher les différends entre les hommes, cet état de nature dans lequel les individus vivaient avant la constitution de la
société civile est une pure supposition, c’est une hypothèse du travail. Ni Hobbes ni Rousseau ont entendu décrire un certain
état de l’histoire tandis que l’état de nature qui prévaut entre les états et les sociétés civiles, l’état de nature internationale lui
n’est pas une supposition mais il est malheureusement une réalité historique, la permanence de la guerre et de sa menace,
ce n’est pas aujourd’hui qu’on va nous dire le contraire n’a pas disparue.

La deuxième différence est préoccupante, là où le calcul rationnel a conduit les hommes à renoncer à leur pouvoir d’auto
appréciation contre leur survie, les états n’ont pas suivi ce chemin, ils n’ont pas constitué une société civile universelle
pacifique et pacifiée sous la houlette d’un super pouvoir omnipotent. L’organisation des Nations Unies, la société des Nations
ne sont pas des gouvernements mondiaux donc les états sont demeurés dans un état qui comporte toutes les
caractéristiques prêtées à tord ou à raison à l’état de nature interindividuelle càd la souveraineté, l’égalité, la
dépendance, l’autoappréciation et les états ont donc conservé ce à quoi les individus ont en grande partie renoncé.

Savoir pourquoi est une question philosophique que l’on laisse de coté, pourquoi les états (les élites plutôt du moins si on
songe à la question de l’Ukraine) n’ont-ils pas peur de la mort, du moins pas autant que les individus ? Si la cité mondiale
n’est certainement pas la solution pour les états comme l’ont été les sociétés civiles pour les individus, il reste frappant que

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trop de dirigeants de cette planète ressemblent à ce que décrive La Nef des fous (Das Narrenschiff) de Sébastien Brant, ce
grand écrit de 1494 qui est traduit en bibliothèque.
Bref on le voit, on peut comparer cette communauté internationale a cette Nef de Brant, qui avait été illustré, un navire que
personne ne dirige et on voit dans l’image, la gravure de Durer que personne ne la dirige, sur laquelle les hommes boivent,
chantent, font n’importe quoi et menace par leurs activités absurdes de la faire chavirer et c’est une image absurde de la
société humaine.

Des 100aine de milliards dépensés en armement militaire qui ont bondi ces dernières années, la prolifération des armes de
destruction massive, l’aide active aux extrémistes terroristes divers, la financiarisation de l’économie, l’asphyxie rapide de la
planète, les Obama, Biden, Bolsonaro, et autres, les grandes banques, grands groupes du CAC40, les compagnies pétrolières
mondiales, les impérialistes en Afrique, en Amérique latine et tout cela fait et dresse l’humanité un portrait inquiétant et on ne
peut pas dire le contraire. D’ailleurs Emmanuel Kant avait remarqué dans un de ses écrits que « nul part ailleurs la nature
humaine n’apparait moins digne d’être aimée que dans les relations mutuelles de peuples entiers ».

Alors attention ça ne veut pas dire et nous le verrons qu’à ces rapports de force ces relations internationale se limitent,
ça ne veut pas dire cela car le DIP n’est pas la politique mais la politique se manifeste en DIP d’une façon plus bruyante et
visible qu’en droit interne. Ce qu’on indique ici c’est que c’est pour cela que c’est pour cette perspective que les choses,
aussi navrantes soient-elles, se comprennent le mieux. C’est pourquoi dans cette perspective il se propose de suivre le plan
suivant en trois parties chacune comprenant plusieurs leçons.
Première partie la domination des espaces où nous verrons les règles du DIP entériner la maitrise des espaces, la deuxième
partie du cours « l’ajustement des puissances » et nous verrons que les règles du DIP ont pour fonction de reculer et la
troisième partie « la confrontation des forces » où cette fois les règles de DIP condamnent. C’est une présentation dont il dit
qu’elle est purement didactique car les fonctions des règles du droit international qu’il distingue s’interpénètrent en
pratique mais ce qu’il veut c’est tracer à grands traits les caractéristiques dominantes mais pas forcement exclusives, l’une
de l’autre.
Exemple les états ont parfois et font parfois recours à l’emploi de la force pour s’assurer de la domination de certains espaces
et donc la question des espaces n’est distinguée que didactiquement de la question de la confrontation des forces.

La logique du contrat, de l’effectivité si on veut peut avoir tendance à se trouver contrarier par celle de la prohibition, une
guerre « commerciale » peut-elle appeler des mécanismes de réajustement pacifiques, le règlement des différends ou au
contraire avec un recours à la force donc plus agressifs, exemple la question des sanctions unilatérales. Enfin ces mécanismes
de réajustement peuvent connaitre des limites dans la confrontation de ce qu’on est bien en train d’accorder à la puissance de
certains protagonistes. On voit ce qu’est une politique de sanction de la part de la Chine ou des Etats-Unis, bcp moins ce que
pourrait être une politique de sanction de la part du Soudan ou de la Libye.

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Première partie : La domination


des espaces
On va traiter quelques aspects de ces questions en deux leçons qui seront consacrées successivement à la « construction » des
espaces du DIP et la délimitation de ces espaces.

On note que l’expression « espace du droit international » montre bien qu’on va parler de la manière dont le DIP construit,
structure l’espace en réalité le morcelle, le divise en une série d’espaces très diversifiés juridiquement et dont les régimes
caractérisent ces distinctions. Ces définitions et cette diversification/caractérisation par le régime juridique se sont faites de
façon progressive sous la pression d’impératifs parmi lesquels bien sur les revendications possessives, les volontés
d’accaparement des états ont joué un rôle central.

Dans les deux leçons consacrés aux espaces du DIP on s’appuiera concernant les espaces maritimes qui dominent la matière
on parlera bien sur du droit de l’espace atmosphérique, et de l’espace extra atmosphérique (Antarctique) mais on va s’appuyer
essentiellement pour les espaces maritimes sur la Convention de Montego Bay de 1982, instrument de base auquel il se
réfèrera constamment, elle est entrée en vigueur en 1994, 170 états y sont parties par adhésion ou ratification et le texte se
trouve en ligne. Mais pour des raisons qui tiennent à la coutume internationale très courante dans ces matières il faudra aussi
compter avec des conventions antérieures codificatrices du droit coutumier antérieur : les Conventions de Genève de 1958 il
y en a 4 et on s’y référera également.

Leçon II - La « construction » des espaces du droit


international public
Il y a plusieurs façons d’aborder ces questions, on pourrait regrouper autour des enjeux fondamentaux des espaces du DI les
différentes règles applicables aux différents types d’espace. Quels sont ces enjeux ? On peut en distinguer 3 principaux :
- La communication
- La situation
- L’exploitation
Au début du siècle précédant, André Sixtrid qui était professeur à l’École libre des sciences politiques laquelle devait devenir
l’actuelle Sciences Po, pouvait dire de la mer peu de chose sinon qu’elle est « une route qui marche ». Cette expression
curieuse est tout à fait révélatrice du regard porté sur la mer par les juristes, a peine différente des vues homériques. La mer
c’est seulement un espace de passage. Un espace qui est simplement comme Aristote l’avait remarqué, la condition du
mouvement et du passage d’un lieu à un autre. Ces vues réductrices ont beaucoup changé on le verra même s’ils demeurent
centrale la question de la navigation et du passage et qu’on continue d’appeler tout cela comme à l’époque de Vitoria la
communication, ius comunicationis, la mer met en communication les terres étrangères. Quant on considère les espaces du
seul point de vue de la communication en ce sens on constate que le pouvoir de l’état se concentre sur les personnes et les
ensembles qui s'y déplacent et pas du tout sur les espaces en tant que tels. Les règles ont pour objet le navire, les
personnes, les biens qui se trouvent à son bord et les règles sont centrées autour de la préservation de la liberté d’utilisation ou
au contraire d’une certaine réglementation de cette utilisation.

Il faut préciser d’emblée que du point de vue de l’utilisation d’un même espace on pouvait avoir une activité soumise au fond
au pouvoir discrétionnaire des états côtiers dans un espace donné tandis qu’une autre activité dans ce même espace pouvait
se voir réglementée par une réglementation internationale beaucoup plus précise. Exemple au sein de la ZEE l’état côtier
soumet la pêche à ses règles nationales de façon à peu près discrétionnaire alors que dans ce même espace ces pouvoirs en
matière de navigation sont limités par des règles internationales.
Voilà une première approche possible par les enjeux.

On peut aussi partir de la constatation qu’il existe en droit international une sorte d’échelle typologique des espaces qui part au
fond un peu de là où nous nous sommes arrêtés l’année dernière ; le territoire, cette échelle typologique part de là en s’en
éloignant de plus en plus et à mesure qu'on s’éloigne de l’espace territorial le régime des espaces change en partie. Pour
ce qui est des méthodes de leur délimitation objet de la leçon suivante mais surtout pour ce qui est de leur utilisation. C’est un

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processus de déterritorialisation croissante des espaces par le régime de ces derniers qui se perd, qui conduit à se
représenter ces espaces du DI comme une échelle et à son extrémité on trouve les espaces qui subissent à des degrés divers
l’attraction territoriale, l’emprise de la terre est encore forte càd des éléments plus ou moins dilués du régime du territoire
de l’état dont nous avons parlé.

Alors ceci l’amène tout de suite à préciser qu’il n’y a pas d’espace par nature en droit international public et en droit tout
court et c’est la raison pour laquelle le titre de la leçon quoi que mettant le mot entre guillemets emploie l’expression de
« construction », ce qui existe en DI ce sont des espaces construits car définis par leur régime juridique et ça ne veut pas
dire qu’il n’y ait aucune considération des données naturelles. Exemple dans une sentence de 1904 rendue par le roi d’Italie
l’arbitre note que pour fixer une ligne de séparaison entre deux territoires disputés on peut se contenter de les partager en deux
et suivre des lignes tracées par la nature.

Mais l’air est l’air, la mer est la mer mais la mer territoriale ou la haute mer qui sont des concepts juridiques du DI ne sont pas
la mer que l’on voit danser le long des golfs clairs (chanson de Charles Trainet). Ce sont des concepts juridiques qui se
distinguent du milieu physique, homogène et unique objet de nos contemplations et de ce que l’on voit. Les mers du droit
international sont multiples, même chose pour l’espace aérien ce n’est pas l’air que l’on voit mais c’est une abstraction
juridique.

Ce sont des espaces qui se caractérisent par les compétences qui peuvent s’y exercer ou qui au contraire ne peuvent pas s’y
exercer et ça explique pourquoi les questions de délimitation de ces espaces (objet de la prochaine leçon) sont aussi
importantes, vives et sont l’objet d’une compétition aussi âpre entre états.
En conséquence et c’est cela qu’il faut comprendre c’est bien le régime des espaces qui est au coeur de leur définition, de leur
construction par concepts et cette mosaïque des espaces du DI que l’on va voir c’est donc une série de régimes le long d’une
échelle graduée qui part de la compétence territoriale pour à l’autre bout de l’échelle arriver à la gestion internationale de
certains espaces.

Il est donc possible et d’ailleurs extrêmement classique mais c’est purement didactique de diviser cette échelle en deux en
considérant :
- D’un coté les espaces qui se caractérisent plutôt par une domination de l’attraction territoriale
- De l’autre coté de l’échelle par une internationalisation plus ou moins poussée qui refoule plus ou moins la
territorialité (+ ou - pour montrer que c’est une question de degrés qui s’apprécie en fonction de la diversité des régimes).

SECTION 1ÈRE : LES ESPACES TERRITORIAUX

§1 : Le concept même de « territorialité »

Quel est ce concept ? Quels sont ses enjeux ? Parce que territoriaux les espaces dont nous allons parler ne le sont pas tous du
même degré, c’est comme un dégradé de compétences. Ce qu’il faut comprendre avant tout c’est que le droit de la mer très
ancien est longtemps d’une assez grande stabilité a subi une complète transformation dans la période contemporaine à la fin
du XXè siècle. En d’autres termes ce que l’on enseigne est incroyablement different de ce qui pourrait se dire il y a quelques
décennies. Le droit de la mer à titre principal et pas seulement (le droit de l’espace extra atmosphérique nous le verrons
également) a été en complète transformation parce que la technique, la recherche, l’alimentation mondiale et les échanges
mondiaux ont connu des changements qui se sont eux-mêmes répercutés sur les espaces territoriaux et maritimes or en
meme temps ce droit de la mer est chargé d’une histoire très ancienne car c’est à propos de la mer qu’on trouve parmi les
plus anciennes et les mieux établies de ce que l’on appelait alors le droit des gens. Songeons aux règles relatives à la piraterie,
aux libertés de la haute mer et notamment celle de la navigation.

On a donc un corps de règles très anciens et plus récentes dans ce que l’on appelle le droit de la mer, auxquelles s’ajoutent des
principes tout à fait récents qui n’ont même pas encore acquis tous une force juridique mais qui pèsent néanmoins fortement
sur les conduites des états en la matière comme s’il y avait trois étages :
- Un sédiment ancien presque antique
- Un sédiment de règles nouvelles
- Des règles en voie de formation
De ce fait dans beaucoup de questions relatives au droit de la mer nous rencontrerons une question préalable qui est celle de
savoir quel est le droit applicable ? Le droit ancien, nouveau, en voie de formation ? Longtemps le droit de la mer s’est
caractérisé par sa simplicité, par la domination massive d’un principe lui-même apparemment très simple qui est celui de la
liberté : la mer c’était la liberté. La mer c’était d’ailleurs presque entièrement la haute mer immense et résiduellement un petit
espace le long de cotes que l’on appelait la mer territoriale, étroite. Voilà la simplicité la haute mer c’était tout et la mer
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territoriale presque rien. Cette équation était très favorable aux puissances maritimes qui ne voyaient aucun obstacle se
dresser face à leur domination du monde par la conquête lointaine, le commerce. Pour ces puissances il est clair que les eaux
dites territoriales sur lequel l’état côtier exerce une compétence étendue ce devait d’être les plus réduites possibles. Tous les
empires ont toujours été favorables à une liberté qui leur profite, à qui profite le libéralisme ça n’a pas changé. La formule
du père Lacordaire est applicable, « entre le faible et le fort la liberté opprime et la loi affranchit ». Cette formule est parfois
instrumentalisée car il songeait à la loi divine estimant que le droit positif était toujours à l’avantage du fort. Mais la liberté
profite d’abord et toujours aux puissants.

Un certain nombre de tensions expliquent les bouleversements juridiques de la définition des espaces maritimes depuis
une trentaine d’années. Il y a d’abord des tensions d’ordre technologique parce qu’on est capable de retrouver un trou foré à
6000 ou 7000m de profondeur, aussi parce qu’on découvre « le trésor des abysses » et on est capable d’aller ramasser les
modules polymétallique presque comme des pommes dans un pré. On pose des rampes nucléaires à plusieurs km sous le
niveau de la mer comme un piège à loups dans les bois. On installe des plateformes de forage qui sont des véritables usines qui
se retournent car elles sont toutes surchargées ne respectant jamais les normes de sécurité. Bref le droit évolue avec les
techniques car les techniques entrainent des comportements différents et c’est ce qui explique que le droit de la mer a
tendance à passer d’un droit unidimensionnel càd un droit de la surface à un droit pluridimensionnel càd un droit qui
inclus et la surface et verticalement le fond : le plateau continental, pollution, pétrole. D’un droit en mouvement à un droit
de l’emprise meme avec la pêche, l’aquaculture et donc la mer n’est plus seulement une route qui marche, un lieu de passage
mais elle est un réservoir de richesses. Voilà pour les tensions techniques, tensions d’origine économicopolitique.

On passe d’un droit fonctionnel à un droit territorial. Le droit classique de la mer définissait des attitudes, des
comportements davantage que des zones (le drapeau est entré en conflit avec le pavillon, le territorial est venu heurter le
personnel). On passe dans le même temps à un droit universel à un droit situationnel où on prend en compte la diversité
géologique des états. Ces tensions expliquent ce que René Jean Dupuis appuyait la dialectique qui appuie le droit de la mer
entre le classique et le nouveau. Le droit de la mer classique est dominé par deux principes qui se contrarient càd la liberté
d’un coté et la territorialité comme deux vents contraire, le vent du large càd la liberté qui s’amoindrit à mesure que l’on
s’approche des cotes et le vent de terre celui de l’appropriation, de l’accaparement celui-ci qui puissant auprès des cotes
s’évanouit en haute mer.

C’est ainsi que nous verrons que le régime juridique des espaces maritimes est un dégradé de libertés ou d’appropriation
des états côtiers. Le droit de la mer nouveau a renforcé la tendance à l’accaparement il n’y a aucun doute mais surtout a
développé un schéma original qui est celui de l’internationalisation ou la suppression de la liberté est en même temps la
suppression de l'appropriation par un principe de non appropriation.

Il faut partir de l’idée que la terre domine en droit international, càd que l’état a un droit automatique sur les espaces
maritimes qui se trouvent proches ou en relation avec son territoire terrestre (bien évidemment la question sera de savoir
ce qu’est des espaces proches ou en relation avec son territoire). La sentence dite du Canal de Beagle rendu le 22 avril 1977
qui le dit expressément « il existe un principe général de droit en vertu duquel en l’absence de dispositions expresses en sens
contraire une attribution de territoire doit ipso facto entraîner l’attribution des zones dépendantes du territoire attribué ». On
voit qu’il y a là quelque chose d’automatique.

Mais qu’est-ce que cette dépendance ? Jusqu’où va-t-elle ? C’est une des questions essentielles de ce que l’on appelle le
droit de la mer. Il faut comprendre qu’il y a une variété de zones maritimes sous juridiction nationale, càd qu’alors même
qu’elles se trouvent toutes sous la juridiction nationale de l’état elles n’ont pas toutes le même régime juridique et c’est pour
cela que c'est le régime juridique de l’espace qui le définit, qui le différencie. Donc il y a quelque chose qui contraste
vivement avec l’homogénéité du milieu qu’il concerne càd la mer. Avec cet espace juridique qui n’est pas uniquement découpé
suivant un schéma horizontal ou vertical qui se présente spontanément, surface des eaux sols
et sous sols mais avec des divisions également opérés selon l’éloignement, de la distance
par rapport à un rivage. On le redit plus on s’éloigne plus on multiplie les exceptions au
régime du territoire.

Ainsi, la typologie reconnue par toute la doctrine est-elle celle que nous allons suivre ?
On voit ici cette image, ce schéma est vu du dessus et c’est un dessin de surface. Cette
gradation que nous allons suivre est celle que tout le monde suit, une échelle qui comporte
5 barreaux ou si on préfère 5 degrés de territorialité que l’on va franchir dans un ordre
décroissant de territorialité càd comme ci on partait de la mer pour aller vers la haute
mer.

Voilà les considérations générales que l’on voulait donner sur un premier paragraphe sur
les concepts fondamentaux.

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§2 : La pleine territorialité des eaux intérieures

Ici s’il en était besoin on voit à quel point le divorce est prononcé entre le droit et la nature ; ce sont des eaux qui sont du
territoire juridiquement bien sur et bons élèves on comprend que le territoire est une qualification juridique et ne veut pas
dire terrestre. Il y a du territoire terrestre, il y a du territoire maritime et aérien.
L’expression « eaux intérieures » désigne les espaces maritimes entièrement clos dans le territoire terrestre ; des mers
fermées, des baies, des ports, et toutes les petites indentations qui se trouvent en deçà de la zone de base et aussi ceux
intimement liés au territoire pour pouvoir être totalement assimilés au régime juridique du territoire. Ce sont donc des espaces
maritimes entièrement enclos dans le territoire terrestre comme les mers fermées ainsi que ceux intimement liées à lui.

Mais jusqu’où va-t-on dans ce schéma ? On prend l’exemple des baies car certaines baies sont immenses, et la question se
pose de savoir si la totalité des eaux de ces baies pouvaient être incluses dans les eaux intérieures. L’article 10§2 de la
Convention de Montego Bay pose que la baie est une « échancrure bien marquée telle que les eaux qu’elle renferme sont
cernées par la cote et qu'elles constituent plus qu'une simple inflexion de la cote » et elle ajoute un autre critère
géographique « la fermeture de la baie doit être en outre d’une distance de moins de 24 000 sinon les eaux intérieures ne
débutent qu'à partir de l’endroit où l’on peut tracer une ligne de base de 24 000 ».
Alors il y a des exceptions, c’est un droit qui multiplie les exceptions le droit de la mer, pour ce que l’on appelle les baies
historiques càd dans lesquelles l’état côtier est en mesure de prouver un exercice effectif de sa souveraineté, un usage
ancien et continu avec l’acquiescement même tacite des états tiers. Exemple en France la baie de Granville et de Cancale,
du Mont Saint Michel etc.

On comprend que pleinement assimilé au territoire, ces eaux intérieures sont un espace sur lequel l’état exerce la plénitude
de sa compétence territoriale. Mais il faut tenir compte du fait que peuvent s’y trouver des navires étrangers car le navire a
quand même pour fonction première d’aborder. À l’avis du Conseil d’État de 1806 qui a maintenant force de loi précise que
« la juridiction française ne s’applique pas dans les eaux intérieures aux délits commis entre membres d’un équipage d’un
navire étranger et aux questions de discipline intérieure du navire ».
Dans ces eaux, les navires étrangers n’ont pas un droit de libre passage inoffensif contrairement à ce qu’il se passe dans la
mer territoriale, l’état territoire jouit d'une compétence discrétionnaire mais il y a un usage qui veut que sauf nécessité, l’état
laisse l’accès aux cotes aux navires étrangers. Alors là il y a une petite distinction à faire entre les navires privés et les
navires de guerre, d’état.
• Les navires privés càd ceux utilisés dans une fin commerciale leur accès est de facto libre càd que si l’état côtier doit
refuser l’accès ce sera de façon exceptionnelle mais la pratique est extrêmement contradictoire et pas du tout homogène sur
ce point
• Les navires de guerre il faut distinguer que l’on se trouve en temps de paix ou de guerre.
- En temps de paix, les navires de guerre ont un accès libre sous réserve d’une notification par voie
diplomatique à l’état riverain. En pratique les états fixent souvent de façon unilatérale un nombre
maximum de navires de guerre dont l’admission est libre et ensuite ils exigeront une autorisation
seulement au delà de ce chiffre en temps de paix.
- En temps de guerre, l’entrée des navires se ramènent à l’entrée des navires neutres et là évidemment il
faut une autorisation.

Le séjour de ces navires est caractérisé par le principe de l'immunité càd que l’état côtier ne peut pas procéder à des actes
de contrainte à bord et donc le navire peut donc servir de refuge sauf pour les délinquants de droit commun mais bien sûr les
règles sur la navigation, la réglementation sanitaire sont applicables aux navires.

§3 : La territorialité de la mer territoriale et de la zone contiguë

La mer territoriale se caractérise par la compétence territoriale et ça a l’air d’être redondant mais non. La compétence
territoriale de l’état côtier mais quelques règles internationales s’imposent déjà à lui car sa compétence n’est pas
discrétionnaire. Si l'on regarde l’article 2 de la Convention de Montego Bay il y est inscrit que « La souveraineté de l'Etat
côtier s’étend au delà de son territoire et de ses eaux intérieures et dans le cas d'un état archipel de ses eaux archipélagiques,
à une zone de mer adjacente désignée sous le nom de mer territoriale ».

Les intérêts de l’état côtier concernent avant tout la question des douanes, de la défense, de la pêche et de la pollution.
L’impression fausse est que la mer territoriale n’appartient pas au territoire de l’état mais on le dit la mer territoriale est un
espace sur lequel s’exerce la compétence territoriale de l’état : il y dispose de la souveraineté donc analysé dans le sens de
l’année passée comme le pouvoir exclusif. Même s’il n’a pas tout à fait la plénitude dont il dispose dans les eaux
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intérieures car en effet historiquement la mer territoriale est liée à une question de défense de l’état côtier, sa largeur était
calculée sur la portée du canon càd au moment où la règle a été énoncée 3 mille donc on imagine bien comme aujourd’hui
ce critère ne saurait être applicable compte tenu des progrès considérables en matière de portée des canons modernes.
La règle avait été proposée par un juriste hollandais du nom de Cornelius Van Bynkershoek qui dans un ouvrage de 1737 des
De Dominio Maris, inscrit ce qui a été entrepris pendant des années « imperium terrae finiri ubi finitur armorum potestas » ou
autrement dit l’impérium de la terre cesse là où cesse la puissance de l’arme.

Cette distance de 3 mille a été remise en cause au cours de la première moitié du XIXè siècle, ainsi les états méditerranéens
se sont-ils mis automatiquement à appliquer et de manière unilatérale une distance de 6 mille. Les travaux de la Société des
Nations en 1930 qui est une première tentative de codification du droit de la mer qui n’a pas abouti d’ailleurs mais dont les
travaux sont interessants, et donc à la SDN la question aurait du être réglée mais l’échec de la conférence montre que déjà en
1930 il n’y a pas de consensus sur la largeur de la mer territoriale.
Après la IIGM un certain nombre d’états se dotèrent d’une mer territoriale de 12 mille. Et dans un arrêt de 1951 la Cour
internationale de justice dans l’affaire des Pêcheries se contente de dire ceci : « Chaque Etat peut fixer l'étendue de sa mer
territoriale et la manière de la compter à la condition de le faire d'une manière raisonnable, de pouvoir surveiller ladite zone,
d'y remplir les obligations que le droit international lui impose, de ne pas violer les droits acquis des autres Etats, de ne pas
nuire à l'intérêt général et de ne pas commettre d'abus de droit » et on voit qu’il n’est pas question de largeur. On n’a toujours
pas de consensus sur la largeur de la mer territoriale mais en revanche ce qu’on voit dans ce passage c’est qu’il y a des
obligations, un certain nombre de prétentions/principes qui viennent limiter la compétence de l’état même si ce sont des
principes peu contraignants.
On voit surtout que cette façon de présenter les choses qu’a la Cour ici est entièrement négative, « à la condition de ne pas
violer les droits acquis, de ne pas commettre d’abus de droit… » on procède beaucoup par négation avec une exigence
d’effectivité de surveillance et de portée des canons.

Il nous l’a dit c’est à Genève en 1958 qu’on va conclure un certain nombre de conventions de codification sur le droit de la
mer et il y a parmi ces 4 conventions une convention de Genève sur la mer territoriale et elle est entièrement dédiée à elle et
elle réussit ce tour de force de comporter une section 2 intitulé « Les limites de la mer territoriale » qui comprend 11 articles
dont aucun ne fixe la largeur.

Ce qu’il se passe c’est qu’il y a une opposition entre différents groupes d’état qui permet d’éclairer ce qui peut apparaitre
comme une carence. La pratique s’est développée en faveur de 12 mille et elle a été consacrée par l’article 3 de la
Convention de Montego Bay de 1982 mais comme une limite maximale autrement dit la mer territoriale peut bien faire
n’importe quelle largeur du moment que ça ne dépasse pas 12 mille. L’article 1 de la Convention de 1958 dit « 1. La
souverainet de l’Etat s’ tend, au-del de son territoire et de ses eaux intérieures, une zone de mer adjacente ses c tes,
d sign e sous le nom de mer territoriale. » donc le pouvoir de l’état côtier s’exerce en matière de pêche, de conservation des
ressources, de police, de douanes, de santé publique et d’environnement.

Alors la grande question est celle de la navigation des navires étrangers dans la mer territoriale puisque on l’a dit
historiquement la mer territoriale a été constituée dans un but défensif ce qui fait que sa largeur était proportionnée à la portée
du canon, il y avait deux logiques qui s’affrontent :
- La logique de la souveraineté du côtier, la défense de son territoire
- L’autre en tension, contradictoirement la logique de la liberté de la navigation qui ne saurait être entravée juridiquement
par un régime juridique de la mer territoriale qui serait trop sévère

C’est comme le disait René Jean Dupuis le vent de terre contre le vent de mer. Cet affrontement des deux logiques il ne faut
pas croire qu’il date d’hier, de 1958 ou de 1930. Une célèbre controverse du XVIIè siècle a donné ses contours à cette
opposition avec d’un coté un auteur qui est Grotius et d’un ouvrage le De Mare Liberum qui est un chapitre d’un grand
ouvrage de Grotius en 1605 qui défend la liberté des mers et défendant par là la toute puissance des Etats maritimes. Et
celui de John Selden dans un ouvrage De Mare Clausum de Dominiu Maris et dans cet affrontement de ces deux thèses du
XVIIè siècle on trouve tous les arguments favorables aux puissances navigantes et aux états côtiers.

Le nouveau droit de la mer et l’évolution des rapports économiques a fait que les puissances navigantes (la Grande Bretagne,
les Pays-Bas, le Portugal) sont aussi devenus des états côtiers donc le régime juridique de la navigation dans la mer
territoriale a pu prendre la forme que nous le connaissons aujourd’hui comme un compromis entre des exigences
contradictoires.
Et ce compromis on le trouve dans l’expression du principe fondamental du libre passage inoffensif. Qu’est-ce que c’est ?
C’est une liberté accordée aux navires sans aucune distinction qui était définie à l’article 14 de la Convention de Genève
de 1958 et se trouve aujourd’hui aux articles 17 et suivants de la Convention de Montego Bay. L’important est de
comprendre qu’il y a une présomption d’innocence du passage, si le navire a un certain comportement : pas de mouillage
sauf urgence et pour les navires de guerre pas de canon braqué sur les cotes on se rappelle de l’arrêt de 1949 de la CIJ du
Détroit de Corfou où la Cour examine la position des canons des navires britanniques qui croisent dans ce détroit et quant aux
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sous marins ils doivent naviguer en surface et arborer leur pavillon. On imagine comment à l’époque des sous marins
nucléaires dont tout l’intérêt est qu’on ne sait pas où ils se trouvent comme ce principe est respecté en pratique.
Si ces comportements ne sont pas adoptés, absence de mouillage, de canon braqué, le pavillon arboré etc, la présomption
d’innocence coule. Il y a de très nombreux cas de violation de ce principe.

Il sera plus bref sur la zone contiguë qui a perdue pas mal de son importance. À l’origine il s’agissait de permettre à l’état
côtier de pouvoir exercer un contrôle douanier même un peu au delà de sa mer territoriale quant il avait de bonnes
raisons de penser qu’un navire se livrait à la contrebande à partir de, ou à destination de son territoire. On a donc
progressivement reconnu que l’état dans une zone située immédiatement au delà de sa mer territoriale disposait non pas d’une
compétence territoriale mais de certains droits limités donc une définition en quelque sorte fonctionnelle de droits.

Pour finir sur cette mer territoriale quand sa largeur maximum est passée à 12 mille, la largeur de la zone contiguë est passée à
12 mille ce qui nous fait 24 mille ; la Convention de Montego Bay dans son article 33-1 précise quels sont les droits de
contrôle du côtier dans cette zone contiguë en disant qu’il s’agit de prévenir les infractions à ces lois et règlements douaniers et
fiscaux, sanitaires, questions d’immigration etc.

§4 : Les enjeux de la territorialité des iles et des eaux archipélagiques

Il y a là des questions dont l’importance pratique est considérable. Les iles sont définies par la Convention de Montego Bay
comme « une étendue naturelle de terres entourées d’eau qui restent découvertes à marée haute » et cela exclue les iles
artificielles, les hauts fonds découvrants (ceux qui émergent qu’à marée basse) et les rochers qui ne se prêtent pas à la vie
humaine ou à la vie économique propre. On se rappelle l’affaire de Cliperton.

Or comme le dit l’article 121§2 de la Convention de Montego Bay, il est dit : «§ 2. Sous réserve du $ 3, la mer territoriale,
la zone contiguë, la zone économique exclusive et le plateau continental d'une île sont délimités conformément aux
dispositions de la Convention applicables aux autres territoires terrestres.
§3. Les rochers qui ne se prêtent pas à l'habitation humaine ou à une vie économique propre, n'ont pas de zone économique
exclusive ni de plateau continental ».

À cela il faut ajouter l’article 60§8 qui précise bien « les iles artificielles, installations et ouvrages n’ont pas le statut d’ile.
Ils n’ont pas de mer territoriale qui leur soit propre et leur présence n’a pas d’incidence sur la délimitation de la mer
territoriale, de la zone économique exclusive ou du plateau continental ».

De sorte à ce que ça interdit aux états de modifier la géométrie de leur zone maritime simplement car ils construiraient
des ouvrages ou des iles. Il y a un immense intérêt à la qualification d’ile d’un coté et de rochers de l’autre ou ile artificielle
ou installations de l’autre.
Pourquoi est-ce si important ? Comme on le sait, la Chine construit en mer de Chine des dizaines et des dizaines
d’énormes installations et ces constructions viennent dans une zone géographique caractérisée par de graves tensions entre la
Chine, le Japon, le Vietnam, les Philippines, la Corée du Nord, en mer de Chine et le bras de fer avec la Chine n’est pas du tout
nouveau et les questions de souveraineté et de liberté sont cruciales dans la mesure où la mer de Chine méridionale voit
transiter 1/3 des cargaisons mondiales de pétrole, connait un trafic commercial annuel qui se chiffre en milliards de dollars,
que cette mer de Chine possède de grandes ressources halieutiques et probablement d’importants gisements d’hydrocarbure.
La position officielle chinoise rappelée à maintes reprises et justifiée par les arguments principalement historiques c’est que la
Chine dispose de la souveraineté sur les iles situées en mer de Chine méridionale et leurs eaux adjacentes, dès lors elle
estime pouvoir légitimement déployer sur ces iles encore une fois l’armement qu’elle juge nécessaire. Selon cette vision la
mer de Chine méridionale porterait très bien son nom et il ne faudrait pas s’étonner des constructions et installations chinoises
qui ont d’après un rapport du Pentagone permis à Pékin de gagner la bagatelle de 1200 terrains artificiels sur la mer en moins
de 2 ans. Parmi les derniers aménagements suscitant l’inquiétude des autorités américaines on peut noter l’apparition sur
différents récifs de l’archipel des Paracels d’une piste d’atterrissage de 3km, d’installations portuaires, de phares,
d’équipements électroniques et de surveillance. Il faut comprendre la distinction entre iles et ouvrages est fondamentale.

Concernant les états archipels qui sont définis dans l'article 46 de la Convention de Montego Bay, qui affirme que l’état
archipel est l’état qui est entièrement constitué d’iles, ce ne serait pas un état continental qui possèderait des iles sur
lesquelles il aurait une souveraineté mais il est entièrement composé d’iles. « Aux fins de la Convention, on entend par :
a) « tat archipel » : un tat constitu enti rement par un ou plusieurs archipels et ventuellement d'autres les ;
b) « archipel » : un ensemble d' les, y compris des parties d' les, les eaux attenantes et les autres l ments naturels qui ont les
uns avec les autres des rapports si troits qu'ils forment intrins quement un tout g ographique, conomique et politique, ou
qui sont historiquement consid r s comme tels. »

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Ça donne une extraordinaire extension de la souveraineté territoriale sur la mer et ça peut porter sur des milliers de km2
comme les Philippines ou l’Indonésie qui sont des états archipels. Dans ce cas, tous les espaces maritimes enfermés au sein de
ce qui est qualifié d’eaux archipélagiques relèvent du territoire de l’état. Ce n’est pas à dire qu’il n’y a aucune règle spécifique
du droit de la mer applicable aux communications venant limiter les pouvoirs de l’état territorial mais on décide en quelque
sorte un périmètre autour des iles relevant de la juridiction de cet état archipélagique et ce que sont à l’intérieur ce sont
les eaux archipélagiques sur lesquelles la souveraineté de l’état archipélagique est entière à ceci près qu’il existe un droit de
passage archipélagique des navires étrangers.

Leçon III - La délimitation des espaces construits


Deuxième partie : Les ajustements des puissances

Troisième partie : La confrontation des forces

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