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Sous l’appréciation de :
Pr. EL OUAZZANI CHAHDI Loubna
Réalisé par :
Les juges ont pour mission première de rendre la justice en tranchant les litiges
entre les parties et en veillant au respect des droits et libertés fondamentales.
Pour ce faire, ils doivent appliquer les lois établies par le législateur, tout en
tenant compte des principes constitutionnels et des règles de droit international
applicables. Les principales responsabilités du juge dans la mise en œuvre des
lois comprennent ; l’interprétation des textes législatifs, L’appréciation des
faits, La qualification juridique et le prononcé des jugements.
Tout d’abord, le statut des magistrats est très diversifié, selon les systèmes
certes, mais également au sein d’un même ordre juridique : magistrat de carrière
ou professionnel, du siège ou du parquet, juge de première instance ou des
juridictions dites supérieures, magistrat de l’ordre judiciaire ou de l’ordre
administratif.
1
R. PERROT, institutions judiciaires, 12eme édition, p 512
2
Dahir n° 1-16-41 du 14 Joumada II 1437 (24 mars 2016) portant promulgation de la loi organique n°106-
13 portant statut des magistrats.
abordent cette question par le prisme du Droit public ou du Droit privé. Ce
constat est partagé, de même, par les professionnels du droit et, comme on peut
le deviner, surtout par les non-magistrats (avocats, huissiers de justice).
3
Session III.C.1. Civil, Penal and Disciplinary Responsibility of Judges. Rapports nationaux
Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui
par la faute duquel il est arrivé, à le réparer. Tout est posé, sauf à affirmer que ce
que fait un juge n'est jamais quelconque, cependant, l’indépendance, l’autorité
de l’institution de la justice doivent être préservées face aux revendications de
certains responsables politiques, relayées par les médias ou poussées par
l’opinion publique, au demeurant, certains Etats, en particulier ceux qui comme
les Etats-Unis garantissent à leurs juges une immunité absolue, soulignent
l’importance d’une responsabilité politique, les juges doivent rendre compte de
leurs actes à tous les stades de leur fonction, depuis leur désignation jusqu’à leur
éventuelle révocation ou démission Juridique aussi car il faut bien définir de
façon précise et technique les conditions d’une éventuelle responsabilité civile,
pénale et disciplinaire des juges.
Le second sens, quant à lui, met l’accent sur le sens des responsabilités que doit
avoir le juge (responsabilité-action) : il est en quelque sorte débiteur d’une
obligation de prudence, de précaution et de vigilance 5 , ce sont alors davantage
des préoccupations éthiques et déontologiques qui sont mises en avant.
4
Sur les différents sens et acceptions proposées, V. G. Canivet & J. Joly-Hurard, La déontologie des
magistrats, Connaissance du droit 23 et seq. (2004).
5
Sur l’analyse de ces tensions, G. Canivet & J. Joly-Hurard, La responsabilité des juges, ici et ailleurs, 58 RIDC
1049 (2006)
outil de régulation systématique. C'est le rôle de la responsabilité comme
sanction des actes immoraux ; les juges y sont soumis comme le commun des
mortels6.
6
Marie-Anne FRISON-ROCHE, magistrature et responsabilité, la semaine juridique édition
engage les fondements mêmes de la justice dans les États démocratiques.
Historiquement, l'idée même de responsabilité des magistrats remonte à
l'évolution des sociétés vers des systèmes juridiques plus évolués et à
l'établissement de l'État de droit7.
Dans les sociétés anciennes, les juges étaient souvent considérés comme des
représentants divins ou royaux, jouissant d'une immunité quasi-totale.
Dans tous les cas, la question de l'immunité judiciaire est centrale, car elle
détermine dans quelle mesure les magistrats peuvent être tenus responsables de
leurs actes. Sur le plan éthique, la responsabilité des magistrats soulève des
questions fondamentales sur la nature même de la justice et sur le rôle des juges
au sein de la société, les magistrats sont investis d'une autorité considérable et
exercent un pouvoir immense sur la vie des individus, par conséquent, il est
essentiel qu'ils rendent des comptes pour leurs actions et qu'ils agissent dans
l'intérêt supérieur de la justice et du bien commun. Sur le plan politique, la
question de la responsabilité des magistrats est souvent utilisée comme un enjeu
7
. La démocratie et le droit" par Ronald Dworkin p365.
de débat public et comme un moyen de critiquer ou de légitimer le système
judiciaire en place, les gouvernements et les partis politiques peuvent chercher à
renforcer ou à affaiblir l'indépendance des juges en fonction de leurs intérêts
politiques, ce qui rend la question de la responsabilité des magistrats encore
plus complexe et controversée.
Dans cette affaire, Madame Jacqueline Maillol avait été condamnée à tort pour
le meurtre de son mari, elle avait été acquittée en appel après avoir passé
plusieurs années en détention, par la suite, elle avait engagé des poursuites
contre l'État pour faute lourde commise par le juge d'instruction et le juge des
libertés et de la détention ayant ordonné sa mise en détention provisoire, la Cour
de cassation, dans son arrêt du 24 mai 1984, a jugé que les juges avaient
commis une faute lourde en ordonnant la détention de Madame Maillol sans
éléments suffisamment probants et en méconnaissant ses droits fondamentaux à
un procès équitable, la Cour a ainsi reconnu la responsabilité de l'État pour les
actes fautifs des
8
2000 L'affaire Perruche France.
9
Cour de cassation, arrêt du 24 mai 1984
magistrats, ouvrant la voie à une indemnisation de Madame Maillol pour le
préjudice subi du fait de cette erreur judiciaire 10 Tribunal Administratif de Rabat
Affaire n° XXXXX, Vu la requête présentée par Madame A. F, résidant à
Casablanca, agissant en son nom propre, en date du 15 janvier 2005, demandant
la reconnaissance de la responsabilité du juge M R pour son comportement
partial dans le cadre de l'affaire qui l'opposait à Monsieur A Ben M ; Vu les
pièces du dossier ; Considérant que Madame A F a introduit une requête en
responsabilité contre le juge M R, alléguant que ce dernier a fait preuve de
partialité dans le cadre de l'affaire l'opposant à Monsieur A Ben M, et qu'il a en
outre harcelé Madame A tout au long de la procédure judiciaire ; Considérant
que Madame A F a présenté des éléments de preuve convaincants démontrant
que le juge MR a manifesté un comportement partial envers elle tout au long de
la procédure judiciaire, notamment par des actions de harcèlement moral et
professionnel ; Considérant que le comportement partial et les actes de
harcèlement du juge M R ont gravement porté atteinte aux droits fondamentaux
de Madame A F à un procès équitable et à une justice impartiale, ainsi qu'à son
intégrité personnelle ; Considérant que le devoir d'impartialité des juges est
essentiel pour garantir la confiance du public dans le système judiciaire et
assurer le respect des droits de chaque partie à un procès équitable, et que le
harcèlement est contraire aux principes d'éthique et de dignité professionnelle ;
Considérant qu'il est du devoir du Tribunal Administratif de Rabat de veiller à
ce que les juges agissent en conformité avec les principes de justice, d'équité, et
de respect de la personne humaine ; Par ces motifs, le Tribunal Administratif de
Rabat décide : Article 1 : Le juge M R est reconnu responsable de son
comportement partial et de ses actes de harcèlement envers Madame A F dans le
cadre de l'affaire l'opposant à Monsieur A Ben M. Article 2 : La décision rendue
par le juge MR est annulée. Cependant, la reconnaissance de la responsabilité
des magistrats n'est pas sans
10
Tribunal Administratif de Rabat Affaire n° XXXXX
limites. L'immunité judiciaire, qui protège généralement les juges des poursuites
pour les actes accomplis dans l'exercice de leurs fonctions, peut limiter la
possibilité de poursuivre les magistrats pour des fautes commises dans l'exercice
de leurs fonctions11. De plus, la détermination de la faute judiciaire peut être
complexe et subjective, ce qui rend parfois difficile l'établissement de la
responsabilité des magistrats.
11
"L'indépendance de la justice" par Bruno Latour P105
ou fonctionnaires, les juges peuvent également être tenus responsables de leurs
actions.
Le droit français, quant à lui, a supprimé depuis la loi n° 93-2 du 4 janvier 1993
tout privilège de juridiction au bénéfice du juge : “Il peut être poursuivi
pénalement, comme tout autre citoyen, au nom du principe d’égalité de tous
devant la loi pénale.” Aucune immunité n’existe davantage en Hongrie. Au
12
M. DEGUERGUE, Justice et responsabilité de l’État, coll. « Droit et justice », Paris, PUF, 2003
13
G. CANIVET et J. BETOULLE, V° « Magistrat », Répertoire Procédure civile, Dalloz, mars 2005, n° 445
14
L’article 225 du Code pénal.
15
. L’article 230 du Code pénal.
niveau de nature des infractions, dès le premier l’Article 225 du code pénal
établit la responsabilité pénale des magistrats et autres fonctionnaires en cas
d’actes arbitraires portant atteinte aux droits des citoyens (sous peine de
dégradation civique. Cependant, s’ils agissent sur ordre de leurs supérieurs
hiérarchiques et dans le cadre de leurs compétences, ils peuvent bénéficier
d’une excuse absolutoire.10 Et pour mieux favoriser le principe égalitaire entre
les magistrats et les citoyens et les fonctionnaires publics L’article 230 du CP a
apporté que Tout magistrat, tout fonctionnaire public, tout agent ou préposé de
l'autorité ou de la force publique qui, agissant comme tel, s'introduit dans le
domicile d'un particulier, contre le gré de celui-ci, hors les cas prévus par la loi,
est puni d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 200 à 500
dirhams16, en matière de détournement L'article 241 du CP décrit les peines pour
les magistrats et fonctionnaires qui détournent des fonds publics ou privés, ou
des biens confiés à eux en raison de leurs fonctions. Les sanctions vont de Cinq
à vingt ans de réclusion et d'une amende de 5 000 à 100 000 dirhams. Pour la
corruption considérée comme étant un cancer qui a touché tous les domaines y
compris celui des magistrats, l’article 248 cible spécifiquement les magistrats,
fonctionnaires publics ou détenteurs de mandats électifs impliqués dans des
actes de corruption. Il punit toute sollicitation ou acceptation d'avantages pour
influencer une décision ou pour agir en faveur ou au détriment d'une partie
lorsqu'ils exercent leur fonction. Les sanctions prévues vont de deux à cinq ans
de prison et d'une amende de 2 000 à 50 000 dirhams. Cette mesure vise à
éradiquer la corruption au sein du système judiciaire et à maintenir l'intégrité
des magistrats17, sans oublier, qu’en matière de trafic d’influence L'article 250 a
prévu que Si le coupable est magistrat, les peines prévues sont portées au
double.
A cet égard, il serait judicieux de traiter l’immunité civil des magistrats (Section
1), et la mise en œuvre de la responsabilité civile des juges (Section2).
18
Electronic Journal of Comparative Law, vol. 11.3 (December 2007).
19
Discours royal de Sa Majesté le Roi Mohammed 6 du 1er mars 2012
20
J.-M. LAW. " A tale of two immunities : judicial and prosecutOIial immunities in Canada ". (1990) 28, Alta.
L. Rev., 469.
21
B. FELDTHUSEN, " Judicial immunity : In Search of an Appropriate Limiting Formula ", (1980) 29, U.N.B.L.J.
73, p. 77.
a) protéger l'exercice d'un jugement libre et indépendant dans l'intérêt public ;
c) attirer des personnes de haut calibre pour remplir adéquatement les fonctions
judiciaires.
Considérant que, en outre de ce privilège, le juge jouit, pour les mèmes fins,
d'une immunité absolue, et ne peut être recherché civilement en dommages à
raison des opinions qu'il exprime et des paroles qu'il prononce à l'audience dans
l'exercice de ses fonctions et les limites de sa juridiction24.
Ne portent pas sur la nature de ce qu'elle protège, il semble acquis que lorsque
l'immunité entre enjeu, elle couvre tant les actes que les paroles du juge, elle ne
22
Luc HUPPÉ, « L'immunité de poursuite civile des titulaires de fonctions constitutionnelles », thèse de
doctorat, Faculté de droit. Université de Montréal, 1994, p. 70
23
J.-M. LAW, " A tale of two immunities : judicial and prosecutorial immunities in Canada ", (1990) 28, Alta.
L. Rev .. 469.
24
Bengle c. vyeir, (1929) 67, C.S. 289, 292.
couvre pas, cependant, ce que le juge a pu dire ou faire avant d'accéder à la
magistrature. De même, il n'existe pas de désaccord, en jurisprudence, en ce qui
concerne les actes accomplis ou les paroles prononcées par le juge à l'intérieur
de sa compétence : l'immunité empêche toute poursuite à cet égard25.
Ainsi le contenu des lois organiques nécessaires à la mise en œuvre des lois
constitutionnelles reste à déterminer et, témoignage de l’importance accordée à
cette question, une « haute instance pour le dialogue national sur la réforme du
système judiciaire », intitulé significatif, a été mise en place.
Le Conseil entend également soutenir les magistrats dans leur intégrité, leur
indépendance, leur neutralité et leur impartialité et faire en sorte de renforcer
leur immunité pour l’appropriation de ces valeurs. Cela contribuera à accroître
la confiance des citoyens dans la justice27.
25
Luc HUPPE, « L'immunité de poursuite civile des titulaires de fonctions constitutionnelles », thèse de
doctorat, Faculté de droit, Université de Montréal, 1994, p. 84.
26
Id., 110-111.
27
PLAN STRATEGIQUE du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire 2021-2026
Cette stratégie vise à renforcer l’immunité des magistrats dans leur adhésion
aux principes d’intégrité, d’impartialité et de neutralité et aux valeurs de justice
et d’équité, valeurs qui sont les fondements de tout système judiciaire
En premier lieu, il s’agit d’une immunité contre les affectations ou les mutations
arbitraires qui prévoit une protection des magistrats contre les décisions - hors
mesures disciplinaires – qui consistent à les envoyer contre leur gré, sans raison
valable et préétablie par la loi, occuper un poste dans une autre localité ou une
autre juridiction conformément à l’article 85 de la Constitution marocaine
dispose dans sa version française que « Les magistrats du siège sont
inamovibles », les abus en matière d’affectation auraient pu passer inaperçu et
perdurer si un magistrat n’avait eu le courage de saisir le tribunal administratif
de Rabat.
28
Marie-Anne FRISON-ROCHE, magistrature et responsabilité, la semaine juridique édition
29
Adelwoula Khardish, ”Des juges au banc d’accusation », hebdomadaire Al Ayyam (en arabe), n° 104 du 16
au 22 octobre 2003, p. 22
Cependant, l’article 391 du Code de procédure civile (CPC) dispose que : « les
magistrats, peuvent être mis en cause dans les cas suivants :
Les poursuites sont portées devant la Cour suprême, sur la base d’une requête
présentée à cet effet avec les pièces justificatives, une chambre de la Cour
suprême statue sur l’admission, si la requête est admise, elle est communiquée
30
Il y a déni de justice lorsque les juges refusent de statuer sur les requêtes ou négligent de juger les affaires
en état et dont le tour d'être appelées à l'audience est arrivé.
31
Si, par suite d'ignorance d'une décision antérieure ou d'une erreur de fait, il a été rendu, par la même
juridiction, entre les mêmes parties, sur les mêmes moyens, deux décisions en dernier ressort qui sont
contradictoires
32
CASS MAR arrêt 248 du 29/7/1990 Aff. cv n 2255 revue « ICHAA » en arabe n’ 50 ser 7jun 1992 p : 91 ;
pour plus de détails voir également : M.A.Benabdallah et M. Rousset : « la réparation du préjudice résultant
d’ une erreur judiciaire », REMALD, 2013 n’1O9 pp : du 110 au 227)
dans les huit jours au magistrat mis en cause, lequel est tenu de fournir tous les
moyens de défense dans les huit jours de cette communication.
En ce qui concerne la récusation des magistrats, l’article 295 prévoit que tout
magistrat du siège peut être récusé :
- s'il existe un lien de subordination entre le juge ou son conjoint et l'une des
parties ou son conjoint ;
La demande de récusation est formée suivant les règles établies pour les
requêtes introductives d'instance. Elle est communiquée au juge contre qui elle
est dirigée, lequel déclare, dans les dix jours, par écrit, son acquiescement à la
récusation, ou son refus de s'abstenir avec sa réponse aux moyens de récusation.
S'il s'agit d'un magistrat du tribunal de première instance, la demande de
récusation est, dans les trois jours de sa réponse, ou faute par lui de répondre,
transmise à la cour d'appel qui statue dans les dix jours sur la récusation en
chambre du conseil, le président du tribunal, ayant, au préalable, entendu en
leurs explications la partie requérante et le magistrat récusé.
Le régime disciplinaire n'est pas étranger à cette quête d'équilibre entre, d'une
part, la nécessité de sanctionner le juge dont la conduite est répréhensible, car
contraire aux exigences déontologiques du corps auquel il appartient, et d'autre
part, la volonté de préserver l'indépendance du juge, tout comme l'autorité de
ses décisions. Se trouve ainsi posée la question de l'exemplarité de la justice : la
collectivité attend de l'institution judiciaire et de ses représentants une attitude
irréprochable, parfaitement respectueuse des règles éthiques qui s'imposent à
eux
- que ces règles soient d'ailleurs d'origine légale ou jurisprudentielle. Aussi, tout
33
Cour de cassation N° de décision 344, Date de décision 30/04/2008, N° de dossier
248/4/1/2008
comportement déviant se doit d'être sanctionné, effectivement et à hauteur de la
gravité de la faute commise.
34
Guy Canivet, Julie Joly-Hurard, La responsabilité des juges ici et ailleurs, R.I.D.C, 2006
La jurisprudence marocaine a toujours refusé de se prononcer sur les recours en
annulation intentés contre les décisions royales quoiqu’ elles soient en affirmant
que le Roi exerce ses pouvoirs constitutionnelles en qualité d’( Imam al
Mouminine) conformément à l’article 19 (des ex- constitutions) (A lire en
détails le discours de Bahnini devant le cour suprême en 1971) et à cet égard ;
IL ne peut être considère comme une simple autorité au sens de l’article 1 du
dahir 17 sept 1957 (Affaires : Abdelhamid Ronda-1960- Abdallah Ben souda-
1963- Société Propriété Agricole Abdelaziz-1970-)35.
Dans le même sens et en utilisant à peu près les mêmes motifs, le tribunal
administratif de Rabat a eu l’occasion de déclarer incompétent de statuer sur les
décisions royales en confirmant que le Roi n’ est pas une autorité
administrative(Affaire de Oukrech Ahmed /c :Administration de la défense
:jugement n14 du 6/1/1998.3 Les articles : 26 jusqu’ a 57 du (SSM) disposent
les droits et obligations des juges comme : « l’honneur, la dignité, la délicatesse,
etc
».
La lecture des textes montre que toute violation de ses obligations peut se
considérer comme une faute professionnelle et la loi confère au ministre de la
Justice le droit de déclencher toute action disciplinaire contre le juge fautif.
35
Ouazzani Chahdi, « Droit administratif, l’organisation administrative » 3 ème edit., 2003 imp : Annajah P :
253 et s
36
Abdelwahab Barazanji : « le pouvoir discrétionnaire de l’administration et le contrôle juridictionnel. »
thèse du doctorat université de Caire imp AL Alamia an 1971)
(73) du statut de la fonction publique marocaine qui représente une référence
pour le (SPC) proclame que la faute professionnelle en manière général , c’ est «
toute gaffe dangereuse commise par le fonctionnaire relative à ses obligations
ou constitue une violation du droit public » .Dans la doctrine, il y’a une faute
disciplinaire chaque fois que le comportement d’un fonctionnaire entrave le bon
déroulement du service ou porte atteinte à la considération du service dans le
public.
37
(cas civil 13oct1953 bull cvl n 22).
38
Le Bulletin Officiel n° 5964 bis du 28 Chaâbane 1432 (30 juillet 2011).
La procédure disciplinaire témoigne de l'importance accordée aux droits de la
défense et à la transparence, si quelques États se montrent particulièrement
soucieux de préserver au mieux les droits des juges, en faisant coïncider la mise
en place d'une phase d'instruction de l'affaire avec l'ouverture des droits de la
défense pour le magistrat inquiété ; la plupart des pays consultés restent
cependant excessivement discrets quant à la description de la procédure suivie
devant leurs organes disciplinaires, ce silence est parfois justifié par le caractère
écrit de la procédure disciplinaire ; mais il est plus fréquemment fondé sur le
secret qui la couvre, ce qui révèle alors parfois des considérations moins
avouables, telle la réticence de la profession à faire état publiquement de la
manière dont elle traite ses « brebis galeuses ».
La discipline n'est-elle pas avant tout une « affaire de famille », qui se règle en «
famille » ? Dans ce sens, on observe que nombre de pays sont encore réticents à
recourir à la publicité des audiences disciplinaires, alors pourtant qu'ils ont pris
le parti de rendre publics et accessibles les décisions et avis rendus en matière
disciplinaire, en vue de sensibiliser magistrats et citoyens aux devoirs
déontologiques qui encadrent la profession de juge.
39
Malika Sarroh, « le pouvoir de discipline dans la fonction publique. » imp Aljablaoui Caire 1984).
juger des affaires qui leur sont présentées, sans ingérence de quelque autorité
que ce soit, tout en respectant le principe d'application équitable de la loi, il est
nécessaire de réglementer la procédure disciplinaire de manière à empêcher
l'exploitation de cette indépendance à des fins autres que celles prévues par le
législateur. Cependant, cela doit être fait avec une garantie fondamentale
stipulée dans les textes juridiques et dans les institutions des hautes instances
judiciaires (selon la dénomination de chaque pays) en tant qu'entité responsable
de l'application de ces garanties. Comme les autres législateurs, le législateur
marocain a réglementé la procédure disciplinaire des juges depuis l'entrée en
vigueur du système judiciaire moderne au Maroc Après les réformes du Conseil
supérieur du pouvoir judiciaire avec la procédure énoncée par la loi organique
du Conseil entrée en vigueur à partir du 24-03-2016 jusqu'à l'entrée en vigueur
des nouvelles dispositions le 23-03-202340 , soit la date de leur publication au
Journal officiel, environ six ans se sont écoulés. C'est une période suffisante
pour évaluer cette procédure et son efficacité dans le fonctionnement du Conseil
qui travaillait concrètement en recevant les plaintes et les infractions concernant
les juges par le biais du président délégué, puis les transmettait à l'inspection qui
menait des enquêtes et rédigeait un rapport. Ensuite, elles étaient soumises à une
commission interne du Conseil appelée Commission de déontologie et du
soutien à l'indépendance des juges, qui examinait le rapport et proposait soit le
maintien soit la nomination d'un juge rapporteur. Sa proposition était ensuite
présentée aux membres du Conseil qui l'approuvaient où la contestaient. En cas
de nomination d'un rapporteur, celui-ci enquêtait sur l'infraction attribuée au
juge et rédigeait un rapport soumis à la commission puis au Conseil de la même
manière pour décider soit du maintien soit du renvoi devant le Conseil dans son
ensemble en tant qu'organe disciplinaire. Après la modification urgente de
l'article 88 de la loi organique du Conseil, la procédure disciplinaire est
désormais la suivante : Le
40
ا100.13 بتغيير وتتميم القانون التنظيمي رقم13.22 بتنفيذ القانون التنظيمي رقم2023( ) مارس16 1.23.36 الظهير الشريف عدد
président délégué transmet les rapports d'inspection à une nouvelle commission
permanente créée par la récente modification, la "Commission disciplinaire",
composée de trois à cinq membres du Conseil, où la commission examine et
propose soit le maintien du dossier soit la nomination d'un rapporteur. Le
président délégué approuve ou rejette la proposition de la commission, et s'il
approuve ou rejette et que la décision est le maintien, il en informe le Conseil
par une décision motivée. Ce dernier peut annuler la décision du président
délégué de maintenir le dossier et nommer un juge rapporteur pour poursuivre la
procédure disciplinaire, ce qui signifie que le Conseil exerce ici un contrôle sur
les décisions du président délégué et prend une décision en deuxième instance
en cas de maintien. Si un juge rapporteur est nommé (pour enquêter sur
l'infraction), il semble d'après le libellé de la modification que le Conseil n'en
soit pas informé, mais que le président délégué procède aux autres procédures
administratives telles que la notification au juge concerné et au rapporteur qui
poursuit son travail jusqu'à la rédaction de son rapport soumis à la Commission
disciplinaire, qui fait sa proposition et le président délégué statue sur celle-ci de
la même manière qu'auparavant. En cas de maintien, le Conseil en est informé et
peut également l'annuler et renvoyer directement l'affaire devant la séance
disciplinaire du Conseil. Il convient de mentionner ici - et selon une lecture
initiale de la modification récente - que les membres du Conseil peuvent ne pas
être informés ni connaître aucune affaire disciplinaire avant qu'elle ne soit
présentée lors de la séance disciplinaire - à l'exception de la Commission
disciplinaire qui compte généralement de 03 à 07 membres au maximum -, de
sorte que le Conseil ne peut plus garder le dossier comme précédemment à
aucune étape de la procédure disciplinaire. Et bien sûr, le Conseil ici en tant que
tribunal disciplinaire et garantie pour le juge conserve pleinement son autorité
lorsqu'il statue sur le dossier41 disciplinaire pour accorder l'acquittement au juge
s'il en est convaincu
41
Abdellatif Chentouf, Les nouveautés de la procédure disciplinaire des magistrats, 8 Mai 2023, التأديبية
- للقضاة- المسطرة مستجدات المغرب رصدle consulté rassd.ma 19/03/2024
après avoir examiné le dossier, débattu et discuté, car l'acquittement, comme on
le sait, est plus fort que le maintien.
Si ce qui est mentionné dans l'exposé des motifs de la loi ci-dessus est exact
d'un point de vue réaliste et pratique, il reste que de manière générale, la
procédure disciplinaire précédente ne reposait pas sur le principe de séparation
entre l'accusation et le jugement, de sorte que le Conseil était à la fois
poursuivant et juge, ce qui signifie que les vingt membres du Conseil pouvaient
avoir formé leur opinion sur une infraction particulière imputée à un juge depuis
le premier rapport d'inspection et échangé des avis entre eux à ce sujet.
42
112 المسطرة التأديبية للقضاة بالمغرب في ضوء التعديالت الجديدة لسنة,عبد اللطيف الشنتوف
43
لمسطرة التأديبية للقضاة وضمانات المحاكمة العادلة
majorité des pays, les décisions de l'organe disciplinaire bénéficient d'une
publicité, plus ou moins étendue, afin de permettre aux juges, si ce n'est au
public, de cerner les contours de la faute disciplinaire. Ainsi, en Allemagne, en
Pologne, en Grèce, en Hongrie, en Italie, en Lettonie ou encore aux Pays-Bas,
les décisions sont publiques. Il est même certains États qui ont pris le parti de
rendre ces décisions consultables sur Internet : c'est le cas de la République
Tchèque, de la Bulgarie ou encore de la Norvège. Au Maroc, les décisions
disciplinaires n’étaient en principe pas rendues publiques, notamment en 2022,
le Conseil supérieur de l'autorité judiciaire avait commencé à publier les
décisions disciplinaires prises à l'encontre des juges dans un espace réservé aux
juges sur son site officiel. L'accès à cet espace nécessitait la saisie des données
personnelles de chaque juge, notamment son numéro de téléphone, son numéro
d'affectation et un mot de passe. Il n'était pas possible de copier le contenu de
ces décisions ou de les télécharger.
44
Cour de cassation, chambre criminelle, 12 janvier 2016, n° de pourvoi 15-81.234
45
Conseil d'État, 23 mai 2018, n° 408305
État à l'autre46, ainsi, certains pays se limitent à deux sanctions disciplinaires
uniquement : dans ce cas, ils en retiennent une particulièrement légère
(avertissement ou blâme) et une autre particulièrement sévère (révocation ou
destitution), sans aucune peine intermédiaire. C'est le cas du Canada, de la
Norvège ou encore des Pays-Bas47.
1-Premier degré :
-L’avertissement ;
-Le blâme ;
-La radiation de la liste d’aptitude pendant une durée maximale de deux (2) ans
; Les sanctions de ce degré peuvent être assorties d’une mutation d’office.
2-Deuxième degré :
-La rétrogradation d’un grade. Ces deux sanctions sont assorties d’une mutation
d’office.
46
Olivia Dufour, Responsabilité des magistrats : le CSM estime que la justice doit communiquer davantage,
Responsabilité des magistrats : le CSM estime que la justice doit communiquer davantage - Actu-Juridique,
Publié le 29/09/2021 , consulté le 20/03/2024
47
Guy Canivet, Julie Joly-Hurard, La responsabilité des juges ici et ailleurs, R.I.D.C, 2006
3- Troisième degré :
-La révocation.
BIBLIOGRAPHIE :
Les ouvrages généraux :
Guy Canivet, Julie Joly-Hurard, La responsabilité des juges ici et ailleurs, R.I.D.C, 2006.
Articles et Thèses :
Jurisprudence :