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Entre Justice et Pouvoir : La Quête

de Responsabilité des Magistrats

Travail réalisé par : Boussahfa Mohamed

Krouti Nidale -
Bouty Fatima Zohra
Plan
I- La responsabilité pénale des magistrats : une facette de la reconnaissance de leur responsabilité :
1- La reconnaissance de la notion de responsabilité à l’encontre des magistrats :
2-La responsabilité pénale des magistrats au Maroc :

II : La responsabilité civile des magistrats :


1- Immunité civile des magistrats :
2- La mise en œuvre de la responsabilité civile

III-La responsabilité disciplinaire des magistrats:


1-Les caractéristiques de la responsabilité disciplinaire
2-La procédure disciplinaire
Introduction
« Qui gardera les gardiens ? »
Le système judiciaire est un pilier essentiel de toute société démocratique, garantissant l’équité, la et le respect des lois.
Parmi les acteurs clés du système judiciaire figurent les juges, qui jouent un rôle crucial dans l’interprétation et
l’application des lois. Les juges ont pour mission première de rendre la justice en tranchant les litiges entre les parties et en
veillant au respect des droits et libertés fondamentales. Pour ce faire, ils doivent appliquer les lois établies par le
législateur, tout en tenant compte des principes constitutionnels et des règles de droit international applicables. Les
principales responsabilités du juge dans la mise en œuvre des lois comprennent ; l’interprétation des textes législatifs,
L’appréciation des faits, La qualification juridique et le prononcé des jugements. Tout d’abord, le statut des magistrats est
très diversifié, selon les systèmes certes, mais également au sein d’un même ordre juridique : magistrat de carrière ou
professionnel, du siège ou du parquet, juge de première instance ou des juridictions dites supérieures, magistrat de l’ordre
judiciaire ou de l’ordre administratif. La responsabilité des magistrats est, au Maroc2 , comme ailleurs, une question
intrinsèquement problématique, ce constat est partagé par tous les auteurs, qu’ils abordent cette question par le prisme du
Droit public ou du Droit privé, Cette responsabilité des magistrats est règlementée par Dahir n° 1-16-41 du 14 Joumada II
1437 (24 mars 2016) portant promulgation de la loi organique n°106- 13 portant statut des magistrats, le code de procédure
civile et pénale.
■ Responsabilité ou responsabilités ? Le pluriel eût été préférable : extrême variété de l’image et du statut du juge,
diversité des approches possibles, ambiguïté même du concept de responsabilité et des notions voisines. Sur le plan
méthodologique, ensuite, une pluralité d’optiques se conjuguent : sociologique, politique et juridique.
Sociologique, car il importe de vérifier la réalité et l’effectivité des principes affichés : le droit vivant derrière
l’apparence des textes. Politique, car la responsabilité des magistrats s’inscrit dans le contexte plus général de la
relation entre les différents pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire,
■ Enfin, le concept même de responsabilité se place sous le signe du pluralisme voire d’une certaine ambiguïté.
Respondere, c’est se porter garant. C’est, avant tout, réparer le dommage causé : le juge ne saurait s’y soustraire
plus que tout autre citoyen ; c’est la responsabilité – sanction4 qui résulte de ce que le juge en acceptant sa mission
se soumet au regard du public et en assume toutes les conséquences. Le second sens, quant à lui, met l’accent sur le
sens des responsabilités que doit avoir le juge (responsabilité-action) : il est en quelque sorte débiteur d’une
obligation de prudence, de précaution et de vigilance , ce sont alors davantage des préoccupations éthiques et
déontologiques qui sont mises en avant.
■ Il convient tout d'abord d'évoquer ce qui serait la répartition des responsabilités, puis leurs rapports possibles. On
s'accordera pour réserver la responsabilité pénale en cas d'intention maligne car ce type de responsabilité ne doit
pas être un outil de régulation systématique.
■ C'est le rôle de la responsabilité comme sanction des actes immoraux ; les juges y sont soumis comme le commun
des mortels6 . La responsabilité disciplinaire intervient pour la violation d'une norme de comportement collective.
Problématique ?
Mais le cœur du dispositif doit
rester la responsabilité
administrative de l'Etat du fait du A cet égard, la question qui se pose d’ores et déjà est :
dysfonctionnement préjudiciable de
l'institution judicaire, c'est la plus
ordinaire des responsabilités et donc Entre l’impartialité et l’intégrité du statut des magistrats au Maroc, comment s
la plus importante, pour la faire manifeste la mise en œuvre de leurs responsabilités
fonctionner, entre les textes législatif et la pratique ?
I
I- La responsabilité pénale des
magistrats : une facette de la
reconnaissance de leur responsabilité :
1 - La reconnaissance de la notion de responsabilité à
l’encontre des magistrats :

La reconnaissance de la responsabilité à l'encontre des


magistrats est une thématique d'une grande envergure
qui transcende les frontières nationales et engage les
fondements mêmes de la justice dans les États
démocratiques.

Historiquement, l'idée même de responsabilité des


magistrats remonte à l'évolution des sociétés vers des
systèmes juridiques plus évolués et à l'établissement de
l'État de droit.1 Dans les sociétés anciennes, les juges
étaient souvent considérés comme des représentants
divins ou royaux, jouissant d'une immunité quasi-totale.
Cependant, avec l'avènement de la démocratie et la
reconnaissance des droits fondamentaux des individus,
l'exigence de responsabilité des magistrats est devenue
de plus en plus prégnante.
Sur le plan juridique

la reconnaissance de la responsabilité des


magistrats se traduit différemment selon les
pays et les systèmes juridiques. Certains pays,
comme la France, ont instauré des Dans tous les cas, la question de l'immunité
mécanismes spécifiques permettant de judiciaire est centrale, car elle détermine dans
poursuivre les magistrats pour des fautes quelle mesure les magistrats peuvent être
commises dans l'exercice de leurs fonctions, tenus responsables de leurs actes.
tandis que d'autres, comme les États-Unis, ont
adopté une approche plus pragmatique en
permettant aux citoyens de poursuivre les
juges pour des erreurs judiciaires graves.
Sur le plan éthique

Sur le plan éthique, la responsabilité Par conséquent, il est essentiel qu'ils


des magistrats soulève des questions rendent des comptes pour leurs
fondamentales sur la nature même de actions et qu'ils agissent dans
la justice et sur le rôle des juges au l'intérêt supérieur de la justice et du
sein de la société. Les magistrats bien commun.
sont investis d'une autorité
considérable et exercent un pouvoir
immense sur la vie des individus.
Sur le plan politique

la question de la responsabilité des D'un autre côté, les partis d'opposition et les
magistrats est souvent utilisée comme un mouvements de la société civile
enjeu de débat public et comme un moyen peuvent utiliser la question de la
de critiquer ou de légitimer le système responsabilité des magistrats comme un
judiciaire en place. levier pour dénoncer d'éventuels abus
de pouvoir ou pour revendiquer une
justice plus transparente et équitable.
En mettant en lumière les cas de
partialité, de corruption ou
d'incompétence judiciaire, ces acteurs
Les gouvernements et les partis politiques politiques cherchent à mobiliser
peuvent chercher à renforcer ou à affaiblir l'opinion publique et à exercer une
l'indépendance des juges en fonction de pression sur les autorités en place pour
leurs intérêts politiques, ce qui rend la garantir un système judiciaire plus
question de la responsabilité des magistrats responsable et impartial.
encore plus complexe et controversée.
Jurisprudence
L'affaire Perruche en l'arrêt "Jacqueline Maillol" du 24 mai
France 1984
En 2000, la Cour de cassation française a rendu un arrêt Dans cette affaire, Madame Jacqueline Maillol avait été condamnée à tort
historique reconnaissant la responsabilité du médecin et de pour le meurtre de son mari. Elle avait été acquittée en appel après avoir
l'hôpital pour une erreur médicale ayant entraîné un passé plusieurs années en détention. Par la suite, elle avait engagé des
handicap sévère chez un enfant à naître. Cette décision a poursuites contre l'État pour faute lourde commise par le juge
suscité un débat sur la possibilité d'étendre cette d'instruction et le juge des libertés et de la détention ayant ordonné sa
responsabilité aux magistrats en cas de faute lourde mise en détention provisoire.
commise dans l'exercice de leurs fonctions. Bien que cette La Cour de cassation, dans son arrêt du 24 mai 1984, a jugé que les juges
proposition n'ait pas été adoptée, elle a illustré la avaient commis une faute lourde en ordonnant la détention de Madame
complexité de la question de la responsabilité des Maillol sans éléments suffisamment probants et en méconnaissant ses
magistrats et son lien avec les principes de justice et droits fondamentaux à un procès équitable. La Cour a ainsi reconnu la
d'équité. responsabilité de l'État pour les actes fautifs des magistrats, ouvrant la
voie à une indemnisation de Madame Maillol pour le préjudice subi du
fait de cette erreur judiciaire.
Tribunal Administratif de Rabat Affaire n° XXXXX
1- Vu la requête présentée par Madame A. F, résidant à 4- Considérant que le devoir
Casablanca, agissant en son nom propre, en date du 15 d'impartialité des juges est
janvier 2005, demandant la reconnaissance de la essentiel pour garantir la confiance
responsabilité du juge M R pour son comportement partial du public dans le système
dans le cadre de l'affaire qui l'opposait à Monsieur A Ben M, judiciaire et assurer le respect des
droits de chaque partie à un procès
équitable, et que le harcèlement est
2- Vu les pièces du dossier ; contraire aux principes d'éthique et
Considérant que Madame A F a introduit une 3- Considérant que le comportement
de dignité professionnelle
requête en responsabilité contre le juge M R, partial et les actes de harcèlement du
alléguant que ce dernier a fait preuve de partialité juge M R ont gravement porté atteinte
Considérant qu'il est du devoir du
dans le cadre de l'affaire l'opposant à Monsieur A aux droits fondamentaux de Madame A
Tribunal Administratif de Rabat de
Ben M, et qu'il a en outre harcelé Madame A tout F à un procès équitable et à une justice
veiller à ce que les juges agissent
au long de la procédure judiciaire, impartiale, ainsi qu'à son intégrité
en conformité avec les principes de
Considérant que Madame A F a présenté des personnelle
justice, d'équité, et de respect de la
éléments de preuve convaincants démontrant que personne humaine
le juge MR a manifesté un comportement partial
envers elle tout au long de la procédure judiciaire,
notamment par des actions de harcèlement moral
et professionnel
Par ces motifs, le Tribunal
Administratif de Rabat décide :
Article 1 : Le juge M R est reconnu
responsable de son comportement partial
et de ses actes de harcèlement envers
Madame A F dans le cadre de l'affaire
l'opposant à Monsieur A Ben M. Article
2 : La décision rendue par le juge MR
est annulée.
Cependant, la reconnaissance de la responsabilité des magistrats n'est pas
sans limites. L'immunité judiciaire, qui protège généralement les juges des
poursuites pour les actes accomplis dans l'exercice de leurs fonctions, peut
limiter la possibilité de poursuivre les magistrats pour des fautes commises
dans l'exercice de leurs fonctions5. De plus, la détermination de la faute
judiciaire peut être complexe et subjective, ce qui rend parfois difficile
l'établissement de la responsabilité des magistrats
2 - La responsabilité pénale des
magistrats au Maroc :

Avec la responsabilité pénale des juges, l’enjeu


devient plus “politique”
La réflexion porte en effet sur le principe de
séparation des pouvoirs, voire sur l’existence
d’un véritable ‘Etat de droit’.

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■ Quant au principe même de la responsabilité pénale, un courant majoritaire favorable se dégage. Il se manifeste diversement,
soit qu’il existe un régime spécial pour les juges, soit qu’on leur étende le dispositif applicable aux agents publics, soit que
comme tout citoyen il soit soumis au droit commun. Quoiqu’il en soit, en toute hypothèse, le principe même d’une
responsabilité pénale est acquise.

■ La mise en place d'une responsabilité pénale pour les juges n'est pas nécessairement contradictoire avec la protection de leur
indépendance et de leur autorité, comme le montrent la plupart des systèmes juridiques dans le monde. En effet, la tendance
générale est d'imposer aux juges un régime de responsabilité pénale, qu'il s'agisse du droit commun applicable à tous les
citoyens ou d'un régime spécial, parfois commun à tous les agents publics ou spécifique à la fonction de juge. La majorité des
États comme au Maroc ne retient pas d’immunité spécifique pour les juges en matière pénale. Ceux-ci sont donc tenus de
répondre personnellement des crimes et délits qu’ils viendraient à commettre, dans l’exercice de leurs fonctions comme en
dehors de ce cadre précis, au même titre que tout autre citoyen.

■ Cependant, en tant que dépositaires de l'autorité publique ou fonctionnaires, les juges peuvent également être tenus
responsables de leurs actions. À ce titre, les infractions spécifiquement prévues pour cette catégorie de professionnels leur
sont également applicables, notamment la corruption (active ou passive), l'abus de fonctions ou d'autorité, l'utilisation de
prérogatives ou de pouvoirs de la fonction publique à des fins privées, la prévarication, la falsification de documents officiels,
ou encore la violation du secret professionnel. 6
Etude comparé
■ en France, le magistrat est soumis à la loi
■ C’est le cas aux Etats-Unis, qu’il s’agisse des
commune : en droit pénal français, le juge ne
juges fédéraux ou des Etats9, en Allemagne, en
bénéficie plus d’aucun privilège de juridiction ni
Grèce et au Japon. La règle est similaire en droit
d’aucune immunité depuis la loi n° 93-2 du 4
marocain le juge marocain est traité comme tout
janvier 1993. Il peut donc être poursuivi
simple citoyen, soumis au Code Pénal et même
pénalement, comme tout autre citoyen, au nom du
avec des circonstances aggravantes en raison de sa
principe d’égalité de tous devant la loi pénale 7.
fonction. Le droit français, quant à lui, a supprimé
depuis la loi n° 93-2 du 4 janvier 1993 tout
privilège de juridiction au bénéfice du juge : “Il
■ Il peut également être poursuivi en sa qualité
peut être poursuivi pénalement, comme tout autre
d’agent public, lorsque ce n’est pas en sa qualité
citoyen, au nom du principe d’égalité de tous
de magistrat proprement dit. Ainsi, dans l’exercice
devant la loi pénale.” Aucune immunité n’existe
de ses fonctions, en tant que dépositaire de
davantage en Hongrie.
l’autorité publique, il est soumis à la répression
des infractions spécifiques prévues par le Code
pénal au titre de ces fonctions particulières, telles
l’abus d’autorité20, la soustraction ou le
détournement de biens.8
Au niveau de nature des infractions

- Dès le premier l’Article 225 du code pénal établit la responsabilité pénale des magistrats et autres fonctionnaires
en cas d’actes arbitraires portant atteinte aux droits des citoyens (sous peine de dégradation civique. Cependant,
s’ils agissent sur ordre de leurs supérieurs hiérarchiques et dans le cadre de leurs compétences, ils peuvent
bénéficier d’une excuse absolutoire.

- - Et pour mieux favoriser le principe égalitaire entre les magistrats et les citoyens et les fonctionnaires publics
L’article 230 du CP a apporté que Tout magistrat, tout fonctionnaire public, tout agent ou préposé de l'autorité
ou de la force publique qui, agissant comme tel, s'introduit dans le domicile d'un particulier, contre le gré de
celui-ci, hors les cas prévus par la loi, est puni d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de
200 à 500 dirhams.

- En matière de détournement L'article 241 du CP décrit les peines pour les magistrats et fonctionnaires qui
détournent des fonds publics ou privés, ou des biens confiés à eux en raison de leurs fonctions. Les sanctions vont
de cinq à vingt ans de réclusion et d'une amende de 5 000 à 100 000 dirhams.
Pour la corruption considérée comme étant un cancer qui a touché tous
les domaines y compris celui des magistrats, l’article 248 cible
spécifiquement les magistrats, fonctionnaires publics ou détenteurs de
mandats électifs impliqués dans des actes de corruption. Il punit toute
sollicitation ou acceptation d'avantages pour influencer une décision ou
pour agir en faveur ou au détriment d'une partie lorsqu'ils exercent leur
fonction. Les sanctions prévues vont de deux à cinq ans de prison et
d'une amende de 2 000 à 50 000 dirhams. Cette mesure vise à éradiquer
la corruption au sein du système judiciaire et à maintenir l'intégrité des
magistrats.
La responsabilité pénale des magistrats repose sur plusieurs critères précis,
illustrés par des exemples concrets

Troisièmement, tout abus de


Deuxièmement, la corruption Ces exemples illustrent les
Premièrement, un magistrat peut pouvoir de la part d'un
être tenu pénalement responsable constitue une violation grave de situations où la
magistrat peut également
s'il viole délibérément la loi dans l'intégrité du système judiciaire responsabilité pénale des
entraîner des conséquences
l'exercice de ses fonctions. Par magistrats peut être
et peut entraîner des poursuites pénales. Par exemple, si un
exemple, un juge qui prononce une engagée, mais il est
peine manifestement illégale, en pénales à l'encontre des juge utilise son autorité pour
connaissance de cause, engage sa magistrats. Par exemple, si un important de noter que
intimider ou menacer des
responsabilité pénale. De même, juge accepte des pots-de-vin en chaque cas est évalué
parties à un procès afin
un magistrat qui délibérément individuellement en
échange de l'abandon de d'obtenir des résultats
ignore des preuves cruciales
poursuites pénales ou de la fonction des circonstances
présentées lors d'un procès, favorables à ses propres
violant ainsi les normes de justice réduction des peines, il commet spécifiques comme on a déjà
intérêts ou à ceux d'une tierce
établies, peut également être un acte répréhensible vu en haut.
partie, il abuse de sa position
poursuivi.
pénalement. et peut être poursuivi
pénalement
Jurisprudence
Arrêt n° 489/2010 de la Cour de cassation La Cour de cassation, siégeant en formation plénière, composée de Monsieur le
Président de la Cour de cassation et de ses conseillers,
Vu l'affaire portée devant la Cour de cassation par le parquet général du royaume du Maroc, concernant Monsieur YH,
magistrat au tribunal de première instance de Casablanca ;
Considérant que Monsieur YH a été reconnu coupable de corruption et de faux en écriture publique dans l'exercice de ses
fonctions de magistrat ;
Considérant que les preuves présentées devant la cour d'appel ont établi que Monsieur YH a accepté des pots-de-vin en
échange de décisions judiciaires partiales et a falsifié des documents officiels pour favoriser certaines parties dans des affaires
judiciaires ;
Considérant que de tels actes sont contraires à l'intégrité et à l'impartialité exigées des magistrats et portent atteinte à la
crédibilité du système judiciaire ;
Considérant que la cour d'appel a prononcé une peine de réclusion perpétuelle à l'encontre de Monsieur YH Considérant que
la Cour de cassation confirme la décision de la cour d'appel et rejette le pourvoi formé par la défense de Monsieur YH ;
Par ces motifs, la Cour de cassation décide :
Article 1 : La peine de réclusion perpétuelle prononcée contre Monsieur YH est confirmée.
Article 2 : Le pourvoi formé par la défense de Monsieur YH est rejeté.
II
II- La responsabilité civile des
magistrats :
Dans son message du 1er mars 2012, adressé au Conseil supérieur de la
magistrature, Sa Majesté le Roi avait également déclaré : « Nous avons voulu
aujourd’hui, en présidant l’ouverture de la session du Conseil supérieur de la
magistrature, lancer un appel à ce Conseil et à travers lui, nous adresser à la
famille de la justice dans son ensemble avec un discours direct pour souligner
la lourde responsabilité des magistrats eux-mêmes dans la réforme du corps
judiciaire et sur laquelle repose notre quête de la démocratie et du
développement. »
1 : Immunité civile des magistrats :

L'immunité judiciaire consiste en un privilège pour un juge de ne pas


être civilement inquiété pour un acte posé dans l'exercice légitime de ses
fonctions. La protection de l'opération normale de la loi serait nécessaire
pour permettre l'accomplissement de certaines fonctions officielles dans
l'intérêt public
le fondement de l'immunité judiciaire reposerait sur trois bases
principales :
a) protéger l'exercice d'un jugement libre et indépendant dans l'intérêt
public ;
b) préserver la dignité et le respect du système judiciaire comme un
tout ;
c) attirer des personnes de haut calibre pour remplir adéquatement les
fonctions judiciaires.
■ L'immunité s'attache donc à la fonction exercée, et non à la personne même du
juge. C'est dans la nature de ce qu'il accomplit que le juge trouve les fondements
de l'immunité qui le protège, dans le fait que la fonction judiciaire est un «
impératif social .
■ Cependant, il existe également une division entre l'immunité absolue et l'immunité
relative ou qualifiée, l'immunité absolue ne reconnaît pas un degré de
responsabilité par rapport à la loi ordinaire, alors que l'immunité qualifiée
indique, en revanche, un degré de relativité dans le sens que, malgré l'existence
d'une exemption de responsabilité, la conduite du défendeur ne mérite pas d'être
couverte totalement par l'immunité .
■ La doctrine et la jurisprudence s'accordent pour étendre l'immunité judiciaire non
seulement à la décision écrite du magistrat, mais également aux paroles qu'il
prononce dans l'exercice de ses fonctions.
Les fondements de l'immunité ne permettent d'identifier aucune Dans cet esprit, le Conseil adoptera une approche participative
justification à l'absence de responsabilité civile lorsque les paroles du et intégrée, visant à moraliser la justice, à accroître les capacités
juge n'ont pas de rapport avec l'audition au cours de laquelle elles des magistrats ainsi que le niveau d’efficacité de leur
sont prononcées26 Ainsi, s’agissant du Maroc, ont été constatés la performance, à renforcer leurs aptitudes juridiques et sur les
politisation et le déficit organisationnel de la magistrature, si la droits de l’homme et à encadrer leur conduite conformément
nouvelle Constitution marocaine accorde une place spécifique à la aux dispositions de la Constitution, de la loi, de l’éthique de la
justice, le chantier reste ouvert sur cette base consolidée. Ainsi le profession et des principes de la justice. Le Conseil entend
contenu des lois organiques nécessaires à la mise en œuvre des lois également soutenir les magistrats dans leur intégrité, leur
constitutionnelles reste à déterminer et, témoignage de l’importance indépendance, leur neutralité et leur impartialité et faire en sorte
accordée à cette question, une « haute instance pour le dialogue de renforcer leur immunité pour l’appropriation de ces valeurs.
national sur la réforme du système judiciaire », intitulé significatif, a Cela contribuera à accroître la confiance des citoyens dans la
été mise en place. justice
Quelle immunité?

En premier lieu, il s’agit d’une immunité contre les affectations ou les mutations En deuxième lieu, En deuxième lieu,
arbitraires qui prévoit une protection des magistrats contre les décisions - hors l’immunité contre les poursuites
mesures disciplinaires – qui consistent à les envoyer contre leur gré, sans raison abusives des juges en matière pénale
valable et préétablie par la loi, occuper un poste dans une autre localité ou une régit par le CPP contre les poursuites
autre juridiction conformément à l’article 85 de la Constitution marocaine dispose abusives des juges en matière pénale
dans sa version française que « Les magistrats du siège sont inamovibles », les régit par le CPP
abus en matière d’affectation auraient pu passer inaperçu et perdurer si un
magistrat n’avait eu le courage de saisir le tribunal administratif de Rabat.
Section 2 : La mise en œuvre de la
responsabilité civile :

C’est en matière civile que la reconnaissance d’un principe de responsabilité a, semble-t-il, le plus de mal à s’imposer
probablement parce qu’en ce domaine, c’est la légitimité même de l’exercice de la fonction juridictionnelle qui est en
cause, l’exercice de la justice, en tant qu’expression d’un pouvoir souverain, a toujours été considéré comme ne pouvant
emporter trop aisément la responsabilité de ceux à qui il était confié, pas plus que celle de l’État d’ailleurs. Cette
réticence est compréhensible : admettre le principe de responsabilité civile des juges, c’est toujours prendre le risque que
des plaideurs, simplement insatisfaits à raison du contenu même des décisions de justice, multiplient les mises en cause
des juges qui les ont rendues.
Cependant, l’article 391 du Code de procédure civile (CPC) dispose que : « les magistrats, peuvent être mis en cause dans les
cas suivants :
• S’il y a eu dol, fraude, concussion qu’on pourrait imputer soit à un magistrat du siège dans le cours de l’instruction ou lors
du jugement,
• Soit à un magistrat du ministère public dans l’exercice de ses fonctions;
• Si la prise à partie est expressément prévue par une disposition législative ;
• Si une disposition législative déclare des juges responsables, à peine de dommages intérêts ;
• S il y a déni de justice.
JURISPRUDENCE
■la jurisprudence marocaine a eu l’ occasion de statuer sur la responsabilité
civile du juge marocain en déclarant que le juge du siège n’ est pas responsable
de ses jugements même qu’ils portent des erreurs soit dans la qualification ou
dans l’ application du droit ou soit même qu’ils présentent un détournement
dans les faits
■En revanche, le juge serait responsable dans le coté civil s’ il a commis une
fraude ou un dol ; le requérant devrait prouver ce motif surtout l’ élément de la
mauvaise intention32.
Les conditions de mise en œuvre de cette responsabilité sont énoncées aux articles 392 à 401 du CPC. Les poursuites
sont portées devant la Cour de cassation sur la base d’une requête présentée à cet effet avec les pièces justificatives,
une chambre de la Cour de cassation statue sur l’admission, si la requête est admise, elle est communiquée dans les
huit jours au magistrat mis en cause, lequel est tenu de fournir tous les moyens de défense dans les huit jours de
cette communication.

En outre, le juge doit s’abstenir de participer au procès ayant donné lieu à sa mise en cause, sous peine de nullité des
jugements qui seraient rendus, l’action en responsabilité contre le magistrat est jugée par les chambres réunies de la
Cour, à l’exclusion de la chambre qui a statué sur l’admission. L’État est civilement responsable des condamnations
à des dommages intérêts prononcés en raison des faits ayant motivé la mise en cause du magistrat, sauf la possibilité
pour l’État de se retourner contre ce dernier. En cas de 30 Il y a déni de justice lorsque les juges refusent de statuer
sur les requêtes ou négligent de juger les affaires en état et dont le tour d'être appelées à l'audience est arrivé.
Si, par suite d'ignorance d'une décision antérieure ou d'une erreur de fait, il a été rendu, par la même juridiction, entre les
mêmes parties, sur les mêmes moyens, deux décisions en dernier ressort qui sont contradictoires dysfonctionnement
du service public de la justice, la responsabilité de l’État peut être engagée.
Cependant, l’État, conformément aux dispositions des articles 400 du CPC et 79 et 80 du
Dahir sur les obligations et contrats (DOC), dispose d’une action récursoire contre le
juge fautif. Selon l’article 79, « l’État et les municipalités sont responsables des
dommages causés directement par le fonctionnement de leurs administrations et par les
fautes de service de leurs agents ». Selon l’article 80, « les agents de l’État et les
municipalités sont personnellement responsables des dommages causés par leur dol ou
par des fautes lourdes commises dans l’exercice de leurs fonctions. L’État et les
municipalités ne peuvent être poursuivis à raison de ces dommages qu’en cas
d’insolvabilité des fonctionnaires responsables ». En ce qui concerne la récusation des
magistrats,
l’article 295 prévoit que tout magistrat du siège peut être récusé :
- quand il a, ou quand son conjoint a un intérêt personnel direct ou indirect à la contestation

- quand il y a parenté ou alliance entre le magistrat ou son conjoint et l'une des parties jusqu'au degré de
cousin germain inclusivement
- - quand il y a procès en cours ou quand il y a eu procès terminé depuis moins de deux ans entre l'une
des parties et le magistrat ou son conjoint ou leurs ascendants ou descendants
- - quand le magistrat est créancier ou débiteur de l'une des parties
- - quand il a précédemment donné conseil, plaidé ou postulé sur le différend ou en a connu comme
arbitre ; s'il a déposé comme témoin
- - quand il a dû agir comme représentant légal de l'une des parties
- - s'il existe un lien de subordination entre le juge ou son conjoint et l'une des parties ou son conjoint
- - s'il y a amitié ou inimitié notoire entre le juge et l'une des parties.
La demande de récusation est formée suivant les règles établies pour les requêtes introductives d'instance.
Elle est communiquée au juge contre qui elle est dirigée, lequel déclare, dans les dix jours, par écrit, son acquiescement à
la récusation, ou son refus de s'abstenir avec sa réponse aux moyens de récusation.
S'il s'agit d'un magistrat du tribunal de première instance, la demande de récusation est, dans les trois jours de sa réponse,
ou faute par lui de répondre, transmise à la cour d'appel qui statue dans les dix jours sur la récusation en chambre du
conseil, le président du tribunal, ayant, au préalable, entendu en leurs explications la partie requérante et le magistrat
récusé.
Dans cette perspective, il semble particulièrement pertinent d'examiner les conclusions de décisions judiciaires.
Ces décisions, avec leurs formulations précises, ont une particularité en ce qu'elles deviennent des points de référence
dans ce domaine, ces décisions ont donné aux juges l'occasion d'explorer la notion de la récusation pour mieux
comprendre le phénomène leurs responsabilité, voire de proposer une définition adaptée à la spécificité du droit la
responsabilité civile.
Quant à un arrêt de la Cour de cassation N° de décision 344, Date de décision 30/04/2008, N° de dossier 248/4/1/2008
qui prévoit que Le droit marocain n’a prévu aucune mise en jeu de la responsabilité en raison du prononcé de
décisions judiciaires à l'exception des actions en révision ou en récusation des magistrats ou de la mise en jeu de
leur responsabilité civile.
L'activité judiciaire à titre particulier ne rentre pas dans le domaine administratif à l'inverse de l’activité des
établissements publics comme celui de la justice ; elle ne peut être soumise aux dispositions législatives
réglementant la responsabilité. Est mal fondée et doit être cassée la décision du tribunal administratif ayant
considéré que l'activité judiciaire comme l'activité administrative reste soumise à la compétence à l'article 8 du
Dahir instituant les tribunaux administratifs, la victime lésée pouvant choisir entre solliciter la réparation du
préjudice des juges correctionnels ou des juges administratifs
III
III- La responsabilité disciplinaire des
magistrats :
1-Les caractéristiques de la responsabilité disciplinaire

■ Le régime disciplinaire n'est pas étranger à cette quête d'équilibre entre,


d'une part, la nécessité de sanctionner le juge dont la conduite est
répréhensible, car contraire aux exigences déontologiques du corps auquel il
appartient, et d'autre part, la volonté de préserver l'indépendance du juge,
tout comme l'autorité de ses décisions. Se trouve ainsi posée la question de
l'exemplarité de la justice : la collectivité attend de l'institution judiciaire et
de ses représentants une attitude irréprochable, parfaitement respectueuse
des règles éthiques qui s'imposent à eux - que ces règles soient d'ailleurs
d'origine légale ou jurisprudentielle. Aussi, tout comportement déviant se
doit d'être sanctionné, effectivement et à hauteur de la gravité de la faute
commise.
Au Maroc, Le régime disciplinaire dans la fonction publique comme celui de la magistrature a pour objet
d’assurer le respect des obligations de la part du fonctionnaire auxquelles il est tenu à l’égard du service.
Toute faute lourde commise par un fonctionnaire dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses
fonctions l’expose à une sanction disciplinaire. Elle peut consister en « un manquement aux obligations
légales ou en un agissement constituant une faute pénale ». En effet, L’article 96 du Statut des magistrats
dispose que les magistrats sont soumis à un régime de responsabilité disciplinaire, en cas de manquement
"aux devoirs de leur état, à l’honneur, à la délicatesse ou à la dignité".
Nonobstant, Le statut de 2016 n’a pas précisé la notion de la faute professionnelle judiciaire qui régit la
responsabilité disciplinaire. Cette fonction est attribuée au conseil supérieur de la magistrature (CSM).Il en
résultait beaucoup de controverses juridiques et doctrinales à propos des critères adoptés pour définir la
faute disciplinaire, sachant que les décisions prises dans ce champ sont formulées par des dahirs et
n’admettent aucune révision juridictionnelle.
le tribunal administratif de Rabat a eu l’occasion de déclarer incompétent de
statuer sur les décisions royales en confirmant que le Roi n’ est pas une
autorité administrative(Affaire de Oukrech Ahmed /c :Administration de la
défense :jugement n14 du 6/1/1998

Les articles : 26 jusqu’ a 57 du (SSM) disposent les droits et obligations des


juges comme : « l’honneur, la dignité, la délicatesse, etc ». La lecture des textes
montre que toute violation de ses obligations peut se considérer comme une
faute professionnelle et la loi confère au ministre de la Justice le droit de
déclencher toute action disciplinaire contre le juge fautif
■ L’article (73) du statut de la fonction publique marocaine qui représente une
référence pour le (SPC) proclame que la faute professionnelle en manière général ,
■ c’est « toute gaffe dangereuse commise par le fonctionnaire relative à ses
obligations ou constitue une violation du droit public » .Dans la doctrine, il y’a une
faute disciplinaire chaque fois que le comportement d’un fonctionnaire entrave le
bon déroulement du service ou porte atteinte à la considération du service dans le
public.
■ La jurisprudence marocaine ; à titre comparatif, n’a pas eu l’occasion de
discuter le concept de la faute disciplinaire commise par le juge à l’instar
d’autres jurisprudences comparées, comme c’est le cas en France, La Cour
de cassation française a eu le mérite de définir la faute professionnelle du
juge comme :( une faute lourde et qu’il aurait pu l’éviter. C’est une faute
particulièrement grave qu’un magistrat soucieux de ses fonctions n’aurait
pas commise). Les décisions du (CSM) avant la constituions 2011 étaient
définitives et irrévocables qu’elles soient individuelles ou collectives.
■ Aujourd’hui la nouvelle constitution (2011) y permet de faire recours pour
excès de pouvoir devant la plus haute juridiction administrative (art 114).
L’article (109) de la constitution proclame que « tout manquement de la part
du juge à ses devoirs d’indépendance et d’impartialité ; constitue une faute
professionnelle grave » c’est la seule affirmation juridique du législateur
marocain par laquelle, il définit certains aspects de la faute disciplinaire. Nul
doute, on devrait attendre un certain temps pour savoir comment la
juridiction marocaine va élaborer la notion de la faute disciplinaire.
2-La procédure disciplinaire
■ La procédure disciplinaire témoigne de l'importance accordée aux droits de la défense et à la
transparence. Si quelques États se montrent particulièrement soucieux de préserver au
mieux les droits des juges, en faisant coïncider la mise en place d'une phase d'instruction de
l'affaire avec l'ouverture des droits de la défense pour le magistrat inquiété ; la plupart des
pays consultés restent cependant excessivement discrets quant à la description de la
procédure suivie devant leurs organes disciplinaires. Ce silence est parfois justifié par le
caractère écrit de la procédure disciplinaire ; mais il est plus fréquemment fondé sur le
secret qui la couvre, ce qui révèle alors parfois des considérations moins avouables, telle la
réticence de la profession à faire état publiquement de la manière dont elle traite ses « brebis
galeuses ». La discipline n'est-elle pas avant tout une « affaire de famille », qui se règle en «
famille » ? Dans ce sens, on observe que nombre de pays sont encore réticents à recourir à
la publicité des audiences disciplinaires, alors pourtant qu'ils ont pris le parti de rendre
publics et accessibles les décisions et avis rendus en matière disciplinaire, en vue de
sensibiliser magistrats et citoyens aux devoirs déontologiques qui encadrent la profession de
juge.
■ Comme les autres législateurs, le législateur marocain a réglementé la
procédure disciplinaire des juges depuis l'entrée en vigueur du système
judiciaire moderne au Maroc. Après les réformes du Conseil supérieur du
pouvoir judiciaire avec la procédure énoncée par la loi organique du Conseil
entrée en vigueur à partir du 24-03-2016 jusqu'à l'entrée en vigueur des
nouvelles dispositions le 23-03-2023, soit la date de leur publication au
Journal officiel, environ six ans se sont écoulés.
■ C'est une période suffisante pour évaluer cette procédure et son efficacité
dans le fonctionnement du Conseil qui travaillait concrètement en recevant
les plaintes et les infractions concernant les juges par le biais du président
délégué, puis les transmettait à l'inspection qui menait des enquêtes et
rédigeait un rapport. Ensuite, elles étaient soumises à une commission
interne du Conseil appelée Commission de déontologie et du soutien à
l'indépendance des juges, qui examinait le rapport et proposait soit le
maintien soit la nomination d'un juge rapporteur. Sa proposition était ensuite
présentée aux membres du Conseil qui l'approuvaient où la contestaient.
■ Après la modification urgente de l'article 88 de la loi organique du Conseil, la procédure
disciplinaire est désormais la suivante : Le président délégué transmet les rapports
d'inspection à une nouvelle commission permanente créée par la récente modification, la
"Commission disciplinaire", composée de trois à cinq membres du Conseil, où la
commission examine et propose soit le maintien du dossier soit la nomination d'un
rapporteur. Le président délégué approuve ou rejette la proposition de la commission, et s'il
approuve ou rejette et que la décision est le maintien, il en informe le Conseil par une
décision motivée.
■ Ce dernier peut annuler la décision du président délégué de maintenir le
dossier et nommer un juge rapporteur pour poursuivre la procédure
disciplinaire, ce qui signifie que le Conseil exerce ici un contrôle sur les
décisions du président délégué et prend une décision en deuxième instance
en cas de maintien. Si un juge rapporteur est nommé (pour enquêter sur
l'infraction), il semble d'après le libellé de la modification que le Conseil
n'en soit pas informé, mais que le président délégué procède aux autres
procédures administratives telles que la notification au juge concerné et au
rapporteur qui poursuit son travail jusqu'à la rédaction de son rapport soumis
à la Commission disciplinaire, qui fait sa proposition et le président délégué
statue sur celle-ci de la même manière qu'auparavant. En cas de maintien, le
Conseil en est informé et peut également l'annuler et renvoyer directement
l'affaire devant la séance disciplinaire du Conseil.
■ Il convient de mentionner ici - et selon une lecture initiale de la modification
récente - que les membres du Conseil peuvent ne pas être informés ni connaître
aucune affaire disciplinaire avant qu'elle ne soit présentée lors de la séance
disciplinaire - à l'exception de la Commission disciplinaire qui compte
généralement de 03 à 07 membres au maximum -, de sorte que le Conseil ne
peut plus garder le dossier comme précédemment à aucune étape de la
procédure disciplinaire. Et bien sûr, le Conseil ici en tant que tribunal
disciplinaire et garantie pour le juge conserve pleinement son autorité lorsqu'il
statue sur le dossier disciplinaire pour accorder l'acquittement au juge s'il en est
convaincu après avoir examiné le dossier, débattu et discuté, car l'acquittement,
comme on le sait, est plus fort que le maintien.
■ Le Conseil a également la possibilité de demander une enquête
complémentaire sur la même affaire. Ce qui a été mentionné dans
l'exposé des motifs de la modification de la procédure disciplinaire
dans le projet de loi numéro 13-22 relatif au Conseil supérieur du
pouvoir judiciaire approuvé, à savoir : "La procédure disciplinaire
prescrite aux articles 85 et suivants de la loi organique du Conseil se
caractérise par sa longueur et sa complexité, ce qui retarde la prise
de décision du Conseil dans de nombreux cas qui ne supportent pas
de retard pour diverses.
Les décisions disciplinaires

■ Curieusement, le secret scrupuleusement observé à l'audience ne s'étend pas


systématiquement aux décisions rendues en matière disciplinaire. Dans la
grande majorité des pays, les décisions de l'organe disciplinaire bénéficient
d'une publicité, plus ou moins étendue, afin de permettre aux juges, si ce
n'est au public, de cerner les contours de la faute disciplinaire. Ainsi, en
Allemagne, en Pologne, en Grèce, en Hongrie, en Italie, en Lettonie ou
encore aux Pays-Bas, les décisions sont publiques. Il est même certains États
qui ont pris le parti de rendre ces décisions consultables sur Internet : c'est le
cas de la République Tchèque, de la Bulgarie ou encore de la Norvège. Au
Maroc, les décisions disciplinaires n’étaient en principe pas rendues
publiques, notamment en 2022, le Conseil supérieur de l'autorité judiciaire
avait commencé à publier les décisions disciplinaires prises à l'encontre des
juges dans un espace réservé aux juges sur son site officiel. L'accès à cet
espace nécessitait la saisie des données personnelles de chaque juge,
■ En décembre 2023, pour la première fois, le Conseil supérieur de l'autorité
judiciaire a permis au public de consulter les décisions disciplinaires prises à
l'encontre des juges, dans le cadre de ses efforts en matière de transparence.
Jurisprudence
Même exemple en France, dans une affaire tranchée par
■ en France, dans un arrêt rendu par la Cour de le Conseil d'État, 23 mai 2018, n° 408305. Dans cette
cassation, chambre criminelle, 12 janvier 2016, n° de affaire, un magistrat administratif était poursuivi
pourvoi 15-81.234, Dans cette affaire, un juge disciplinairement pour des manquements à son devoir
d'instruction était poursuivi disciplinairement pour des de réserve et à son obligation de loyauté envers
manquements graves à ses obligations l'institution judiciaire. Le magistrat avait exprimé
professionnelles. Il avait notamment fait preuve d'une publiquement des opinions politiques partisanes sur les
négligence extrême dans le traitement d'une affaire réseaux sociaux, compromettant ainsi l'impartialité
criminelle, retardant ainsi considérablement le cours perçue de la justice administrative.
de la justice et portant préjudice aux parties
impliquées. Décision : Le Conseil d'État a confirmé la décision de
la juridiction disciplinaire inférieure, qui avait
■ Décision : La Cour de cassation a confirmé la décision prononcé une sanction disciplinaire à l'encontre du
de la juridiction disciplinaire inférieure, qui avait magistrat. Le Conseil a rappelé que les magistrats
prononcé la révocation du juge d'instruction pour faute administratifs sont soumis à un devoir de réserve et
grave. La Cour a souligné que le comportement du doivent préserver l'impartialité de la justice. En
juge était incompatible avec les principes exprimant publiquement des opinions politiques
d'impartialité, de diligence et de responsabilité qui partisanes, le magistrat avait violé ces principes
régissent la fonction judiciaire. En conséquence, la fondamentaux et compromis la confiance du public
révocation du juge était justifiée au regard de la envers l'institution judiciaire. Par conséquent, la
L'échelle des sanctions

■ L'examen comparatif des échelles de sanctions prévues en matière


disciplinaire, à l'encontre des juges, permet de distinguer approximativement
trois familles de sanctions. Les sanctions d'ordre moral - type blâme,
avertissement ou admonestation - qui atteignent le magistrat dans son
honneur ou sa considération; les sanctions d'ordre pécuniaire ou économique
- type amende, retenue de traitement ou réduction de salaire - et enfin, les
sanctions les plus graves, qui touchent le juge dans sa carrière ou son
appartenance au corps des magistrats de l'ordre judiciaire - type suspension,
rétrogradation, déplacement d'office, retrait de certaines fonctions, exclusion
temporaire ou révocation. La quantité et la variété des sanctions envisagées
au sein de ces trois groupes varient ensuite d'un État à l'autre.
■ Au Maroc, selon les dispositions de l’article 99 de la loi organique portant statut des magistrats, les sanctions
disciplinaires applicables aux magistrats, sous réserve du principe de proportionnalité avec la faute commise, sont
encourues selon trois degrés ;
■ 1-Premier degré :
■ -L’avertissement ;
■ -Le blâme ;
■ -Le retard dans l’avancement d’échelon à un échelon supérieur, pendant une durée maximale de deux (2) ans ;
■ -La radiation de la liste d’aptitude pendant une durée maximale de deux (2) ans ;
■ Les sanctions de ce degré peuvent être assorties d’une mutation d’office.
■ 2-Deuxième degré :
■ -L’exclusion temporaire des fonctions, privative de toute rémunération à l’exception des allocations familiales,
pendant une période ne pouvant excéder six (6) mois ;
■ -La rétrogradation d’un grade.
■ Ces deux sanctions sont assorties d’une mutation d’office.
■ 3-Troisième degré :
■ -La mise à la retraite d’office ou la cessation des fonctions lorsque le magistrat n’a pas droit à une pension de
retraite ;
■ -La révocation
BIBLIOGRAPHIE
■ Les ouvrages généraux :

■ ➢Guy Canivet, Julie Joly-Hurard,


La responsabilité des juges ici et ailleurs, R.I.D.C, 2006.

■ ➢

■ Malika Sarroh,
« le pouvoir de discipline dans la fonction publique. » imp. Aljablaoui Caire 1984).

■ ➢Ouazzani Chahdi,
« Droit administratif, l’organisation administrative » 3 ème édit., 2003

■ ➢Adelwoula Khardish,
”Des juges au banc d’accusation », hebdomadaire Al Ayyam (en arabe), n° 104

■ ➢Marie-Anne FRISON-ROCHE,
magistrature et responsabilité, la semaine juridique édition

■ ➢G. CANIVET et J. BETOULLE,


V° « Magistrat », Répertoire Procédure civile, Dalloz, mars 2005, n° 445
■ ➢M. DEGUERGUE,
Justice et responsabilité de l’État, coll. « Droit et justice », Paris, PUF, 200

Articles et Thèses :
➢ PLAN STRATEGIQUE du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire 2021-2026

Abdelwahab Barazanji :
« le pouvoir discrétionnaire de l’administration et le contrôle
juridictionnel. » thèse du doctorat université de Caire imp AL Alamia an 1971)

➢ Luc HUPPE,
« L'immunité de poursuite civile des titulaires de fonctions
constitutionnelles », thèse de doctorat, Faculté de droit, Université de Montréal
Jurisprudence :
➢ Conseil d'État, 23 mai 2018, n° 408305
➢ Cour de cassation, chambre criminelle, 12 janvier 2016, n° de pourvoi 15-
81.234
➢ Cas civil 13oct1953 bull cvl n 22.
➢ Cour de cassation N° de décision 344, Date de décision 30/04/2008, N° de
dossier 248/4/1/2008
➢ CASS MAR arrêt 248 du 29/7/1990 Aff. cv n 2255 revue « ICHAA » en arabe n’ 50 ser 7jun 1992
➢ Tribunal Administratif de Rabat Affaire n° XXXXX
➢ Cour de cassation, arrêt du 24 mai 198

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