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Procédure pénale

Introduction
Le droit est défini comme l’ensemble des règles qui définissent le comportement des
individus dans une société donnée.
Le droit peut être objectif lorsqu’il présente un caractère impersonnel ; dans ce cas on parle de
règle de droit (règles de conduite émanant de l’autorité et passible de sanctions en cas de
violation. Exemple : loi, décret, arrêtes)
Il peut être également subjectif lorsqu’il désigne des avantages ou des prérogatives attachées à
la personne.
Le droit peut être divisé en droit public et droit privé.
 Le droit public étudie les relations qui existent entre organes de l’Etat, les modes
d’exercice et d’évolution du pouvoir dans l’Etat, les relations entre l’Etat et les
administrés ainsi que les moyens financier de l’Etat : droit constitutionnel, droit
administratif, droit financier.
 Le droit privé se borne à étudier les relations entre individus ou les relations entre
personnes publics et individus considérés aux mêmes pieds : le droit du travail, le droit
civil, droit commercial, droit pénal.
Ce dernier a pour objet l’étude des comportements sociaux pénalement sanctionnés. Il se
divise en 4 branches :
 Le droit pénal général : il étudie les règles communes à toutes infractions et les
sanctions ou peines applicables à ces infractions.
 Le droit pénal spécial : il étudie les règles propres à chaque infraction.
 La science pénitentiaire : elle se base dans l’étude des régimes juridiques d’exécution
des peines.
 Et la procédure pénale : objet de notre cour étudie les règles relatives à la poursuite
des infractions, à la procédure applicable ainsi que les organes de jugement et
d’instructions. Elles décrivent la composition et le rôle des autorités (policière et
judiciaire) qui vont intervenir dans le cadre du procès pénal. Elle fixe aussi les formes
à suivre pour la recherche, la constatation des infractions et le jugement de leurs
auteurs.
 Il faut noter qu’en matière judiciaire il existe deux procédures :
La procédure civile et la procédure pénale :
 La procédure civile se différencie de la procédure pénale de par son objet, de par ses
organes, de par les parties qui les composent mais aussi de par le déroulement du
procès.
I- Les organes :
A. Les organes communs :
Ce sont les organes judiciaires de jugement. En principe ce sont les mêmes juges (juges des
faits et les juges de droit) les tranches les litiges. Ce sont les mêmes juridictions (TI, TGI, TA,
CS) qui interviennent dans le cadre des deux procès : c’est seulement la casquette chi change
selon que l’on sort au civil ou au pénal. La règle dit le criminel tient le civil en état. On
statue d’abord sur le pénal avant le civil. Mais malgré cette unité organique et personnelle,
les méthodes ou procédés utilisés différents en fonction des affaires qui leur sont soumises. Le
juge civil se limite à appliquer la règle de droit aux litiges dont il est saisi alors que celui
pénal peut aller au-delà en tenant compte dans son jugement la personnalité du délinquant.
B- les organes propres au procès pénal :
Il s’agit des organes de police et certaines organes de justices
a- Les organes de police :
Ils interviennent le plus souvent avant l’ouverture du procès. Leur but est de constater les
infractions et de découvrir les auteurs enfin de les livrer à la justice. Ils peuvent aussi
intervenir pendant le procès en vertu d’une délégation judiciaire ou commission rogatoire
délivrée par le juge d’instruction.
b- Les organes de justice :
Les organes judiciaires propres à la procédure pénale sont le ministère public et le juge
d’instruction.
Le ministère public a pour rôle de poursuivre les personnes présumées avoir commis une
infraction alors que le juge d’instruction a pour rôle de réunir les preuves et d’apprécier
la charge contre la personne poursuivie.
II- le rôle des parties :
Dans un procès civil les parties c'est-à-dire le demandeur et le défendeur jouent un rôle très
important. Ils ont l’initiative du procès, elles ont aussi le control et la direction du procès.
Dans un procès pénal, l’Etat est demandeur et exerce ce rôle par l’intermédiaire du
ministère public. L’Etat joue un véritable rôle d’acteurs aussi bien dans la recherche des
infractions, dans l’instruction de même qu’à l’audience. Le procès pénal est l’affaire de
l’Etat.
III- le déroulement du procès :
En droit civil, le jugement est la phase essentielle du procès alors qu’en droit pénal le
jugement n’est pas la phase ultime du procès. Le procès pénal est divisé en plusieurs
étapes :
1- L’enquête :
Elle a pour objet la recherche, la constatation des infractions et la découverte de leurs
auteurs.
2- La poursuite :
Elle est exercée soit par le ministère public soit par la victime. Elle a pour objet de demande
à ce que la personne auteur de l’infraction soit traduite devant un tribunal pour être
jugée, soit qu’une information judiciaire soit ouverte contre elle.
3- l’instruction :
On pour objet d’apprécier la culpabilité des personnes poursuivies, elle est obligatoire pour
les crimes et certains délits. Elle est facultative pour les contraventions
4- le jugement :
C’est la dernière phase du procès. Lorsque l’instruction n’est pas nécessaire, la juridiction de
jugement est saisie par une citation directe du ministère public ou de la victime, soit par
une procédée de flagrants délits (tribunal de grande instance)
Ceux sont des procédés ordinaires de saisine du tribunal de grande instance ou
d'instance. Lorsque l’instruction est obligatoire, le tribunal de grande instance comme la cour
d’assise sont saisis par une ordonnance du juge d’instruction.
IV- les grands principes de la procédure pénale :
Ces principes sont au nombre de quatre il s’agit : la présomption d’innocence, les droits de
la défense, la liberté de la preuve et l’intime conviction du juge
a- la présomption d’innocence
Ce principe signifie que toute personne arrêtée ou poursuivie est présumé innocente jusqu’à
ce que la preuve de sa culpabilité ait été prouvée au cours d’un procès. Si le ministère public
est demandeur, il doit apporter la preuve de la culpabilité de la personne qu’il veut
condamner.
b- Les droits de la défense (de la personne poursuivie) :
Ils ont pour objet de permettre à la personne poursuivie de se défendre dans les meilleures
conditions possibles.
C’est d’abord toutes les règles protectrices de l’individu dans la phase policière. C’est par
exemple toute la règlementation en matière de garde à vue.
Ensuite c’est toutes les règles relatives à l’assistance d’un avocat.
Enfin il y’a les nullités qui ont pour effet de sanctionner les actes d’instructions ou de police
qui ont été irrégulièrement accomplis.
c- La liberté de la preuve :
En matière pénale, la preuve des faits peut être rapportée par tout moyen. Cependant le
principe de la liberté de la preuve souffle un certain nombre d’exceptions :
 D’abord il y’a des cas dans lesquels la loi impose des modes de preuve à produire,
c’est le cas lors de la constatation d’une infraction suppose la preuve d’éléments de
nature civile ou commerciale. Ainsi en matière d’abus de confiance, le contrat invoqué
à la base des poursuites doit être rapporté par les règles de droit civil.
 Ensuite, certains modes de preuves sont exclus c’est par exemple le serment décisoire
ou les preuves de nature physique. Et de manière général toutes preuves susceptibles
de porter atteinte à l’intégrité physique, à la dignité ou la morale de la personne
poursuivie. Enfin sont interdits les modes de preuves scientifiques et qui ne sont pas
souvent fiables : telle est le cas d’un détecteur de mensonge.
d- L’intime conviction du juge
Selon ce principe, le juge apprécie en toute liberté les moyens de preuve qui lui sont soumis
c'est-à-dire qu’il appartient au juge du fond d’apprécier souverainement les éléments de
preuve régulièrement produit au débat et sur lesquels se fondent leur conviction. Mais ce
principe ne doit pas se traduire en fantaisie c'est-à-dire que le juge peut fonder son ultime
conviction sur n’importe quel élément du dossier, mais il est tenu de dire sur quel élément il a
précisément fondé sa conviction. Cela signifie qu’il ne peut pas condamner une personne en
l’absence de tout mode de preuve au motif qu’il est convaincu que la personne poursuivie est
vraisemblablement l’auteur des faits qu’on lui reproche. Toute décision du juge qu’elle soit
une décision de condamnation, de relax ou d’acquittement doit être nécessairement motivée.
V- les différentes organisations possibles de la procédure pénale :
Il y’a trois procédures possibles : la procédure accusatoire, la procédure inquisitoire et la
procédure mixte.
A- La procédure accusatoire :
Elle a trois caractères : d’abord c’est une procédure publique, le procès se déroule à une
seule phase, tout sera réglé au cours d’une seule audience au su et au vu de tout le monde.
Ensuite c’est une procédure orale les formalités écrites réduites au strict minimum. Enfin
l’accusateur n’a aucun privilège particulier par rapport à la personne qu’il accuse. Devant
le juge ils sont placés sur un pied d’égalité.
B- La procédure inquisitoire :
C’est une procédure secrète. Les actes de justice ne se passeront pas au vu et au su de tout le
monde .C’est une procédure entièrement écrite .Chaque formalité donne lieu à la rédaction
d’un procès-verbal qui figurera au dossier. C’est une procédure non contradictoire .Il y a
dans ce type de procédure une dis proportionnalité voulue entre les moyens dont dispose
l’autorité publique qui accuse et les moyens de défense accordés au suspect.
C/ La Procédure mixte
On appelle procédure mixte tout ce qui n’est pas purement accusatoire ou purement
inquisitoire .C’est une procédure partiellement publique .Il n y a jamais de secret à l’égard
du suspect et des témoins . Dans ce système la procédure est partiellement orale. ce type de
procédure est largement contradictoire .Mais le ministère public a le plus souvent des
facilités un peu plus larges que celles qui sont accordées à la personne poursuivie . Ce
système de procédure est retenu actuellement par le droit sénégalais.
LES ACTIONS QUI NAISSENT DE L’INFRACTION PENALE :
L’ACTION CIVILE, L’ACTION PUBLIQUE
L’infraction donne naissance à deux actions une action publique et une action civile.
A- Définition de l’action publique et de l’action civile :
Selon l’article 1 du CPP l’action publique est l’action pour l’application des peines. Si
l’on sait que le système de sanction au Sénégal est dualiste il serait plus exact de compléter
cette définition en y ajoutant les mesures de suretés.
Quant à l’action civile elle est définie par l’article 2 comme étant l’action en réparation du
dommage causé par l’infraction.
Ces deux actions sont distinctes. Mais elles ne sont pas totalement indépendante l’une de
l’autre. Elles entretiennent des rapports si étroits car leur source est commune (infraction).
B- Distinction de l’action publique et de l’action civile :
L’action publique et l’action civile ne tendent pas au même but c’est ce qui ressort des articles
1&2 du CPP. On peut relever des divergences entre ces deux actions si on s’attache à leur
domaine et à leur modalité d’exercice.
1- Distinction quant à leur domaine :
Toute infraction pénale peut donner lieu à une action publique. Par contre pour qu’il ait action
civile, il faut deux conditions : une victime et un dommage.
Or ces conditions ne sont pas systématiquement réalisées dans le cadre de toute infraction
pénale. Certaines infractions mêmes consommées telle que la mendicité, le vagabondage ne
donnent pas lieu à une action civile car elles ne causent aucun dommage individuel.
2- Distinction quant aux modalités d’exercice :
L’action publique est exercée par le ministère public conformément à l’article du CPP. Cette
action ne lui appartient pas, il l’exerce au nom de la société. Il ne peut ni transiger ni avec le
coupable ni désister à l’action. Au contraire l’action civile est une action de pur droit privé.
C’est un élément du patrimoine de la victime au même titre que n’importe lequel de ses biens.
Par conséquent, elle peut en disposer librement. Elle peut transiger avec l’auteur sur le
dommage qui lui a été causé. Elle peut renoncer à l’exercer, elle peut même le céder à un
tiers.
C- Les liens entre l’action publique et l’action civile :
Ces deux actions sont interdépendantes l’une de l’autre. Mais cette interdépendance n’est pas
totale. Elles entretiennent des rapports si étroits qu’on a pu parler d’interdépendance et de
solidarité. A vrai dire les liens entre ces deux actions sont en sens unique. Ils se traduisent par
une prééminence de l’action publique sur l’action civile.
1- L’interdépendance :
Ceci apparait lorsqu’on fait appel aux règles de compétence ou lorsqu’on examine la mise en
mouvement de ces actions.
a- La compétence
L’action civile parce qu’elle est accessoire à l’action publique peut être jugée en même temps
que l’action publique. La victime d’une infraction pénale a deux possibilités : soit saisir les
tribunaux civils soit saisir les tribunaux répressifs.
Dans le 1er cas elle exerce une action en responsabilité civile. Dans le 2nd cas par contre son
action a un caractère pénal. Le juge répressif est tenu de prononcer sur l’action civile en
raison des liens qui existent entre ces deux actions. Mais, au préalable il doit examiner
l’action publique. Il résulte de là que l’action civile ne peut pas être exercée seule devant les
juridictions répressifs.
b- La mise ne mouvement des deux actions :
En exerçant l’action civile devant le juge répressif, la victime met immédiatement en
mouvement l’action publique. Il ressort de cette règle que l’action civile ne se conçoit jamais
seule devant la juridiction répressive.
2- La prééminence de l’action publique sur l’action civile :
Pour mettre en relief cette prééminence, on s’intéressera à l’autorité de la chose jugée au
pénal jugée au pénal sur le civil la règle du criminel tient le civil en état et la prescription
de l’action publique.
a) La règle de l’autorité de la chose jugée au pénal sur le civil
Elle signifie que les magistrats qui vont statuer sur l’action civile, qu’il s’agisse du juge
répressif ou du juge civile sont obligés de considérer comme vrai ce qui a été décidé dans le
cadre de l’action publique
b) Le criminel tient le civil en état :
Cette règle cherche à éviter l’existence d’une contradiction entre la décision du juge pénal et
celle du juge civil. Ainsi, dans l’hypothèse où la victime aurait décidé d’agir devant la
juridiction civile, celle-ci ne peut statuer tant que le juge répressif n’a pas rendu sa décision
sur l’action publique. Ce sursis à statuer va même durer tant qu’il n’a pas été statué
définitivement sur l’action publique et tant que les voies de recours ne sont pas épuisées.
Exemple : prenons le cas d’un vol, le ministère public agit contre le voleur devant le
tribunal correctionnel. Pour des raisons diverses la victime choisit d’agir devant le
tribunal civil pour demander la restitution de l’objet volé .Ce tribunal, dans cette affaire,
doit surseoir à statuer jusqu’ à ce que le tribunal correctionnel ait jugé le voleur car on ne
veut pas que le juge civil se mette en contradiction avec ce qui sera décidé au pénal.
c) La prescription de l’action publique :
La prescription des actions en dommage et intérêt est de dix ans. Mais lorsque l’action civile
découle d’un délit pénal elle ne peut plus être exercée après l’expiration du délai de
prescription de l’action publique (article 10 du CPP).Le délai de prescription de l’action
publique est dix ans pour les crimes, trois ans pour les délits et d’un an pour les
contraventions.

Titre I : L’ACTION PUBLIQUE


Une infraction pénale a été réalisée .Il va s’agir de déclencher le mécanisme qui permettra
d’aboutir à la déclaration de culpabilité et à la punition du coupable. Le problème est
cependant de savoir qui doit déclencher l’action publique ? Contre qui elle peut être dirigée ?
Quelles sont les causes qui peuvent paralyser l’action publique ?

Chapitre I : les parties à l’action publique


Il faut entendre par là les demandeurs et les défendeurs à l’action publique.

SECTION I : les demandeurs à l’action publique


Selon l’article 1 du code procédure pénale les demandeurs à l’action publique sont le
ministère public et certaines administrations. La victime peut cependant porter son action
en réparation devant le juge répressif et par ce biais, elle peut mettre en mouvement l’action
publique (article 2 CPP).

Paragraphe I : le ministère public :


La première personne atteinte dans le cadre d’une infraction pénale est la collectivité,
l’Etat .C’est pour cette raison que l’action publique est confiée aux magistrats du parquet
qui sont soumis à un ensemble de règles qui leur donne une particularité par rapport à leurs
collègues du siège.

A- Les caractères du ministère public :


Les magistrats du ministère public ou parquet sont soumis aux règles suivantes :

a) la hiérarchie :
Les magistrats du parquet sont subordonnés les uns aux autres et sont placés sous
l’autorité du Ministère de la justice. IL résulte de ce principe que les magistrats du
parquet sont amovibles.

b) la règle de l’indivisibilité :
Les membres du parquet forment un ensemble indivisible ce qui veut dire que chacun
représente le ministère public tout entier. La conséquence pratique de cette règle c’est que les
membres du ministère public peuvent se remplacer mutuellement au cours d’un procès.
Cette règle ne s’applique pas aux magistrats du siège. Ces derniers sont tenus d’assister à
toutes les audiences de l’affaire qu’ils jugent.

c) l’irrécusabilité :
Le ministère public ne peut être récusé c'est-à-dire écarté du procès pénal. C’est une partie
nécessaire au procès car c’est lui qui exerce l’action publique même si c’est la victime qui
l’a mise en mouvement.

d) l’indépendance du parquet :
Le parquet dépend de l’exécutif mais il a une indépendance absolue par rapport aux juges du
siège. Ces derniers ne peuvent lui adresser des blâmes ni des injonctions.

e) l’irresponsabilité :
Le ministère public n’est pas une partie ordinaire aux procès. Son activité n’engage pas sa
responsabilité civile à l’égard des particuliers. Ainsi, s’il a déclenché des poursuites contre
quelqu’un qui a bénéficié d’un non-lieu ou d’une relaxe on ne peut pas lui demander
d’indemniser cette personne pour le préjudice qu’il lui a causé.

Paragraphe II : les attributions du Ministère public :


Devant les juridictions répressives, le Ministère public est investi d’une double prérogative.
D’une part, il lui appartient de mettre en mouvement l’action publique. D’autre part, une
fois l’action publique mis en mouvement, il entre dans les attributions du parquet de
l’exercer. On observera cependant que le Ministère public n’est pas obligé de mettre en
mouvement l’action publique conformément à la loi il peut décider de ne pas poursuivre pour
des raisons de pure opportunité dont il est le seul juge. Il convient de se prononcer sur la règle
de l’opportunité avant de voir les différentes prérogatives du Ministère Public.

A- La règle de l’opportunité des poursuites :


Dans un système dit de l’opportunité des poursuites, les magistrats ne sont pas tenus de
poursuivre tout acte contraire à la loi. Ils ont le choix entre deux situations poursuivre ou ne
pas poursuivre. Ce système est consacré par l’article 32 qui dispose « le Ministère Public
reçoit les plaintes et les dénonciations et en apprécie la suite à leur donner ». On
remarquera toutefois que l’opportunité ne concerne que les poursuites et non l’exercice de
l’action publique. Il faut ajouter à cette 1ere observation que le Ministère Public ne peut
mettre en jeu l’article 32 qu’après avoir procédé à l’examen de la légalité des poursuites.
1- Distinction entre opportunité des poursuites et légalité des poursuites :
a- Examen de la légalité des poursuites :
D’abord le Ministère public doit s’assurer que les faits dont il est saisi constituent bien une
infraction ensuite, il doit également vérifier s’il n’existe pas de circonstances subjectives
ou objectives de nature à faire obstacle à toute poursuite (causes de non
imputabilité ,faits justificatifs) Enfin il doit examiner si les conditions de recevabilité
sont respectées .Cet examen portera sur la compétence. Il peut aussi porter sur les causes
d’extinction de l’action publique.
Dans les cas où la poursuite est liée à une plainte ou à une autorisation ,le Ministère
Public doit examiner toutes ces questions .C’est seulement après l’examen de la légalité de
la poursuite qu’il pourra prendre parti sur la suite de l’affaire dont il a été saisi.
b- La règle de l’opportunité des poursuites :
L’article 32 alinéa 1er du Code de procédure pénale offre au procureur de la république
deux solutions : poursuivre ou ne pas poursuivre.
On notera cependant, depuis 1999 le procureur de la République peut préalablement à sa
décision sur l’action publique et avec l’accord des parties soumettre l’affaire à la médiation
pénale s’il apparait qu’une telle mesure est susceptible d’assurer la réparation du dommage
causé à la victime ,de mettre fin au trouble résultant de l’infraction et de contribuer au
reclassement de l’auteur c'est-à-dire du délinquant (article 32 alinéa 3 loi 99-98 modifiant
certaines dispositions du CPP).
Ceci étant précisé, reste à savoir comment justifier la règle de l’opportunité des poursuites?
Plusieurs raisons ont été avancées pour tenter de justifier le choix laissé au Procureur de la
République dans le lancement des poursuites.
On a d’abord soutenu que lorsque l’infraction est légère, il vaut mieux éviter à son auteur le
traumatisme qu’est de comparaitre devant la juridiction répressive.
Ensuite on a fait remarquer qu’il existe des situations où le silence est préférable à la
poursuite .IL en va ainsi lorsqu’en raison du caractère de l’infraction. La poursuite risque de
causer un malaise dans l’opinion.
Enfin, on a reconnu qu’il n’est pas nécessaire d’engager des poursuites lorsqu’il existe une
part d’incertitude dans l’interprétation des faits et de leurs qualifications.
2- Les conséquences de la règle de l’opportunité des poursuites :
Une fois qu’il a apprécié la légalité et l’opportunité d’une poursuite éventuelle, le procureur
peut prendre une décision de ne pas poursuivre ou une décision de poursuivre.
a- La décision de ne pas poursuivre
Elle est prise lorsque le Ministère Public juge une poursuite inopportune. La décision de ne
pas poursuivre se matérialise par une décision de classement sans suite. Celle-ci n’est pas
une décision juridictionnelle mais c’est une décision administrative.
En second lieu, cette décision n’a pas l’autorité de la chose jugée (lorsque toutes les voies de
recours sont épuisées c’est l’appel et le pourvoi). Le Ministère Public peut toujours revenir
sur sa décision tant que la prescription n’est pas acquise sans avoir à justifier son revirement
(avant qu’il ait prescription de l’action publique).
Il faut souligner que la décision de classement sans suite peut être attaquée par la voie du
recours hiérarchique (procureur général près de la cour d’appel ou du Ministre de la justice).
Enfin, il faut préciser que la victime d’une infraction classée n’est pas lésée, elle est informée
du classement sans suite et elle peut suivre une autre procédure pour défendre ses intérêts.
b- La décision de poursuivre :
Si toutes les conditions de la poursuite sont réunies, le Ministère public engage l’action
publique. La décision de poursuivre est irrévocable en ce sens que la juridiction saisie ne
pourra se dessaisir qu’après avoir juridiquement apprécié les faits portés à sa connaissance.
3- Les limites à la règle de l’opportunité des poursuites :
En principe, le Ministère Public est libre de classer ou de poursuivre. Plusieurs tempéraments
affectent la décision du Ministère Public.
 Le 1er est inhérent à l’organisation hiérarchique du Ministère Public. Dans
l’hypothèse par exemple où un Ministère Public souhaiterait classer une affaire, il
serait au contraire tenu de poursuivre si le procureur général de la cour d’appel lui
donne l’ordre de poursuivre.
 Le 2nd tempérament tient à la victime. Cette dernière peut se constituer partie civile
et déclencher l’action publique même dans les cas où le Ministère Public n’avait
souhaité poursuivre. La marge de manœuvre du Ministère Public est réduite lorsque
l’action publique est confiée à certaines administrations comme la douane, les eaux
et forêts.
A côté de ces tempéraments qui affectent la décision de classement sans suite, il en existe
d’autres qui cette fois-ci retarde ou empêche l’action du Ministère Public lorsqu’il désire
lancer des poursuites. On peut relever deux catégories de situations.
Dans certains cas l’action du Ministère Public est subordonnée à une plainte. C’est le cas
lorsque l’infraction a un caractère familial ou privé. Exemple : l’abandon de famille, la
diffamation, l’adultère et l’injure.
Dans d’autres cas, le Ministère Public doit pour poursuivre effectuer un certains nombres de
formalités. Quelque fois, il demande l’autorisation de certains organes pour poursuivre.
Selon l’article 61 de la constitution pendant la durée des cessions un parlementaire ne peut
être poursuivi pour crime ou délit sans autorisation de l’assemblée à laquelle il appartient.
Donc il est obligé de présenter une demande de main levée de l’immunité parlementaire.
D’autre fois encore la poursuite ne peut intervenir qu’après la décision du juge civil sur la
question de droit portée à sa connaissance. On parle dans ce cas de question préjudicielle à
l’action publique.
On peut citer à titre d’exemple : l’enlèvement d’une mineure suivi de son mariage. Dans cette
hypothèse les poursuites pénales ne peuvent être intentées contre le ravisseur que si le juge
civil prononce la nullité du mariage.
B- La mise en mouvement et l’exercice de l’action publique :
En tant que demandeur à l’action publique, le ministère public à 2 fonctions. La mise en
mouvement de l’action publique et son exercice.

 La mise en mouvement
Informé soit spontanément, soit par une plainte, soit par la police le ministère public dispose
plusieurs moyens pour mettre en mouvement l’action publique
A – la citation directe :
Par la citation directe l’auteur de l’infraction est cité à comparaître à une date déterminée
devant la juridiction compétente. C’est un acte délivré par un huissier de justice. La citation
directe doit contenir la date, l’indication du requérant, celle du destinataire, les faits sur
lesquels la poursuite est fondée et les textes qui les répriment la désignation de l’huissier, la
désignation de la juridiction devant laquelle le prévenu doit comparaître, ainsi le jour et
l’heure.
B- le procédé de flagrant délit :
Ce procédé expéditif de mise en mouvement de l’action publique est réservé au procureur de
la république ou à son délégué. Selon l’article 63 du Code Pénal, alinéa 1, le procédé de
flagrant délit s’applique aux délits flagrants lorsque le délit est passible d’une peine
d’emprisonnement. Elle est exclue lorsque le délit est passible d’une simple amende,
exclue pour les crimes et contraventions.
L’alinéa 4 fait appel à ce procédé en matière de délit de presse et délit politique.
Si on s’en tient aux recommandations légales, ce procédé ne peut être retenu dans les cas où il
y a lieu de penser que l’on tient le coupable. Il faut donc que l’infraction ait été réalisée de
façon flagrante.
L’article 45 vise trois cas :
 d’abord, le délit qui se commet actuellement ou qui vient de se commettre.

 Ensuite, l’hypothèse où la personne soupçonnée est dans un temps voisin de


l’action poursuivie par la clameur, ou trouvée en possession d’objet ou présente
des traces ou indice, laissant penser qu’elle a participé à l’infraction.

 Enfin, l’infraction commise dans une maison dont le propriétaire requiert le


procureur ou un officier de police judiciaire, de venir la constater.
A côté de l’article 45, il faut faire place à l’article 63, alinéa 3 du Code Pénal, selon lequel il y
a flagrant délit lorsqu’il existe contre une personne des indices graves et concordants de
nature à motiver son inculpation celle-ci reconnaissant avoir réalisé les faits constitutif du
délit.
Dans l’hypothèse ou un délinquant est arrêté à la suite ou au cours d’un délit flagrant, il est
conduit immédiatement, devant le procureur. Mais bien que l’infraction soit flagrante, le
procureur de la république n’est pas tenu de suivre le procédé de flagrant délit. Il a toujours le
choix entre 3 procédés.
-Citer directement l’individu ;
-Ouvrir une information ;
- Ou utiliser le moyen accéléré de flagrant délit.
S’il opte pour la procédure de flagrant délit, il peut mettre en mouvement l’action publique en
interrogeant le délinquant sur son identité et les faits qui lui sont reprochés en présence de son
avocat.
Le procureur après avoir requis les déclarations de la personne poursuivie et de son avocat,
peut mettre sous mandat de dépôt. Ces formalités une fois respectée, le délinquant peut être
conduit directement devant le tribunal correctionnel. Si le tribunal n’est pas en audience, le
prévenu est déféré à l’audience du lendemain.
C- Le réquisitoire :
Si une instruction est nécessaire en matière criminelle et éventuellement en matière
délictuelle, les poursuites sont déclenchées par un acte appelé réquisitoire introductif ou
réquisitoire à fin d’informer. Par cet acte le procureur demande au juge d’instruction
d’ouvrir une information sur les faits portés à sa connaissance et qui sont susceptibles,
selon lui, de constituer une infraction à la loi pénale.
Le réquisitoire doit être daté et signé, du procureur de la république et il doit contenir une
relation précise des faits sur lesquelles l’instruction doit porter. Si l’auteur est connu, son nom
est indiqué. On dit alors que le réquisitoire est nominatif. Si au contraire on ignore pour
l’instant l’auteur de l’infraction, le réquisitoire est délivré contre X. de toute façon le
réquisitoire a pour but, de déclencher les poursuites.
Mais il faut noter si au cours d’une instruction, il découvre d’autres faits, il doit les signaler au
procureur qui pourra en vertu de l’opportunité des poursuites délivré un réquisitoire
supplétif.
2- l’exercice de l’action publique
Lorsque l’action publique a été mise en mouvement, il entre dans les attributions du ministère
public de l’exercer. Cela signifie qu’il lui appartient d’accomplir les actes de procédure
nécessaires, de prendre les réquisitions qui s’imposent, et au jour de l’audience, de
soutenir l’accusation s’il estime qu’elle est fondée. Cette prérogative lui appartient à titre de
monopole. Alors que l’action publique peut être mise en mouvement par le parquet ou la
victime, l’exercice de l’action publique relève des attributions exclusives du ministère
public : la victime ne peut jamais exercer l’action publique, même lorsque c’est elle qui a mis
en mouvement l’action publique.

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