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Le principe de l’opportunité des poursuites

‘’Tout juge est officier du ministère public’’. Eugène


PARINGAULT.
Nous nous proposons d’étudier dans cette dissertation quelle a été,
la portée de cette maxime, qui se lie si essentiellement à la
poursuite des crimes et délits, et qui se rattache, d’une façon si
directe à l’organisation du ministère public.
La poursuite se matérialise par le déclenchement de l’action
publique à l’encontre des auteurs et complices présumés des
infractions découvertes. Le soin de l’exercer est confié en principe
au ministère public. Dans l'accomplissement de sa fonction
d'accusateur, le ministère public peut voir sa décision dictée par
deux conceptions opposées.
Le législateur peut d'abord en application du principe de la légalité
des poursuites lui imposer de poursuivre toute infraction parvenue
à sa connaissance quel qu’en soit la gravité ou les circonstances.
A l'inverse, le législateur peut admettre l'opportunité des
poursuites, le Parquet est alors libre de la suite qu'il veut donner à
l'affaire. Le procureur peut mettre en mouvement l'action publique
ou classer le dossier sans suite.
Le code de procédure pénale dans son article 40 stipule que : " le
procureur du Roi reçoit les procès-verbaux, les plaintes et les
dénonciations et apprécie les suites à leur donner…'' La liberté de
poursuite est limitée par un certain nombre de restrictions.
Ainsi, il convient d'examiner dans un premier temps, le principe
de l'opportunité des poursuites (son contenu et sa mise en œuvre),
et dans un second, les restrictions apportées à ce principe.
Cela nous mène à poser des questions parmi lesquelles :
Qu’est-ce que le principe de l’opportunité des poursuites et sa
mise en œuvre ?
Quelles sont les restrictions apportées à ce principe ?

Plan :
I- LE PRINCIPE DE L'OPPORTUNITE DES
POURSUITES :
a- La règle de l'opportunité des poursuites et sa mise en
œuvre :
b- Les décisions prises en application du principe de
l'opportunité :
II- LES RESTRICTIONS APPORTEES AU PRINCIPE DE
L'OPPORTUNITE :
a- Les restrictions à la liberté de poursuivre :
b- Les limites à la liberté de ne pas poursuivre :
Développement :
I- LE PRINCIPE DE L'OPPORTUNITE DES
POURSUITES :

Nous étudierons dans cette première partie, le contenue de


la règle de
L’opportunité des poursuites, sa mise en œuvre et la
décision prise en application de cette règle.
A- La règle de l'opportunité des poursuites et sa mise
en œuvre :
Le ministère public bénéficie de l'autonomie de l'autorité
judiciaire dans l'appréciation et la qualification des faits aussi dans
le prononcé de ce droit. Autrement dit, il dispose d'une entière
liberté dans la mise en mouvement de l'action publique. La mise
en œuvre du principe de l'opportunité obéit à une double
appréciation du bienfondé de l'action publique et de l'appréciation
de sa recevabilité. Le ministère public doit d'abord s'assurer que
toutes les conditions permettant de prononcer une éventuelle
condamnation sont réunies, c'est-à-dire juridiquement, l'infraction
paraît bien exister et que la responsabilité pénale de la personne
soupçonnée paraît bien engagée. Le ministère public doit vérifier
si tous les éléments constitutifs de cette infraction se trouvent bien
réunies (élément légal, matériel et moral), il faudra également
qu'il vérifie s'il n'y a pas aucune cause d'impunité tenant au fond.
Si telles circonstances se rencontraient, le ministère public devrait
prendre la décision de classer l'affaire sans suite. Il faut en effet
examiner la recevabilité en la forme des poursuites éventuelles.
Cet examen portera d'abord sur la compétence, qu'il s'agisse de la
compétence d'attribution ou de la compétence territoriale.
B. Les décisions prises en application du principe de
l'opportunité :
Après qu'il ait examiné les circonstances de l'affaire, le ministère
public estime que la poursuite est nécessaire, il met en
mouvement l'action publique. S'il estime le contraire, il classe
l'affaire sans suite.
Lorsque le Parquet décide de poursuivre, il a pour se faire deux
moyens : la citation directe et le réquisitoire introductif.
Concernant la citation directe, C'est un acte établi par le ministère
public ou par la partie civile et notifié au prévenu pour lui
demander de comparaître devant le tribunal. La citation directe
doit comporter à peine de nullité la nature de l'infraction, la date et
le lieu de la commission de l'infraction et les textes applicables.
Elle doit en outre indiquer la date de l'audience et le tribunal
compétent. La citation directe implique d'une part la saisine du
tribunal en vue de se prononcer sur la culpabilité et l'existence de
l'infraction. D'autre part, la citation directe impose la présence du
prévenu, s'il ne comparaît pas, il est jugé par défaut.
Concernant le réquisitoire introductif, un acte par lequel le
ministère public déclenche les poursuites en demandant au juge
d'instruction de procéder à une instruction préparatoire dans toutes
les matières ou cette dernière est obligatoire.
Selon l'article 83, du code de procédure pénale, l'instruction
préparatoire est obligatoire en matière criminelle, lorsque la peine
prévue est la mort, la réclusion 8 perpétuelle ou 30 ans de
réclusion, pour les crimes commis par les mineurs et en matière
délictuelle par disposition expresse de la loi. Elle est facultative en
toute autre matière. Le réquisitoire introductif est rédigé sous
forme de dossier écrit comportant des renseignements recueillis
par le Parquet sur la personne et sur les faits et leur qualification,
la désignation du délinquant ne s'impose pas.
Au cas contraire, le Parquet classe l'affaire sans suite. Les motifs
du classement sont variables : les faits mentionnés ne constituent
pas une infraction ou bien, ils sont prescrits ou amnistiés ou
encore, il a été impossible de découvrir l'auteur. Le classement
sans suite n'a rien de jugement. C'est une décision administrative.
Il ne peut faire l'objet ni d'appel, ni d'opposition. Il n'a ni autorité
de la chose jugée, ni caractère définitif. Il est simplement
provisoire.
II. LES RESTRICTIONS APPORTEES AU PRINCIPE
DE L'OPPORTUNITE :
Ces limitations ont pour but de réduire la liberté du Parquet de
poursuivre d'une part, et l'anéantissement de sa liberté de ne pas
poursuivre d'une autre part.
a- Les restrictions à la liberté de poursuivre :
Il convient d'examiner ici, les restrictions ou les empêchements
définitifs et les empêchements provisoires.
Concernant les empêchements définitifs, il s’agit du décès du
délinquant, amnistie et abrogation de la loi pénale, le retrait de la
plainte, la chose jugée, la prescription de l’action publique et
immunités. Ces restrictions entraînent l’extinction de l’action
publique. Elle ne peut donc plus être exercée, ni, si elle a été
engagée, être poursuivie.
Concernant les empêchements provisoires, la loi conditionne
expressément le déclenchement et l'exercice des poursuites par
une plainte préalable de la victime et dans un second par
l'intervention d'un tiers sous forme d'autorisation ou d'avis.
S’agissant de la plainte préalable de la victime, Il s'agit de
situations infractionnelles dans lesquelles le trouble social se
confond beaucoup plus avec le préjudice purement privé. Il en est
ainsi dans plusieurs infractions commises par les parents entre
eux. Ainsi en cas d'adultère, la poursuite n'est exercée que sur
plainte du conjoint offensé.
Dans certains cas exceptionnels, la décision de poursuite que le
ministère public désire prendre peut se trouver paralysée par
l'existence d'une question préjudicielle à l'action. Il s'agit de
questions de pur droit privé qui ne peuvent être tranchées que par
une juridiction civile ou commerciale. la question préjudicielle à
l'action ne suspend pas seulement le jugement, elle fait obstacle à
tout acte de poursuite et n'autorise que les actes de police
judiciaires. Ces questions ne sont pas nombreuses et se présentent
rarement dans la pratique.
b- Les limites à la liberté de ne pas poursuivre :
Libre de ne pas poursuivre, le ministère public peut se trouver
obligé d’exercer l’action publique dans deux cas :
Le premier résulte d’une obligation qui se situe sur le plan
disciplinaire. Les magistrats du Parquet doivent mettre en
mouvement l'action publique, sur instructions écrites ou sur ordres
conformes à la loi émanant de l'autorité.
Le deuxième constitue au contraire, une obligation juridique
auxquelles le ministère public ne peut se dérober. Ainsi le fait,
pour la partie lésée, de porter son action civile devant la
juridiction répressive met en mouvement l'action publique. La
juridiction répressive est saisie, le ministère public se trouve
désormais obligé d'exercer les poursuites, une fois que la partie
civile l'a mis en mouvement.

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