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PROCÈS ÉQUITABLE

Introduction

« En général, le souci d’assurer les conditions du procès équitable conformément à


la norme mondialement reconnue, du respect des droits des individus et à la
sauvegarde de leur liberté d’une part, et la préservation de l’intérêt général et de
l’ordre public d’autre part constituent le pivot central lors de la révision de code de
procédure pénale de 1959 »1

La procédure pénale peut être définie comme l’ensemble de règles qui fixe
l’organisation des juridictions ainsi que des organes répressifs et régit leurs
compétences. Un de ses rôles important étant de limiter et déterminer les formalités
nécessaires à l’attribution et la sauvegarde des garanties des droits des accusés que
ce soit au stade de l’enquête policière, le stade de la poursuite et de l’instruction ou
le stade du jugement.

1
Préambule du code de procédure pénale de 2002 (Loi 22-10)
La procédure pénale est dite protectrice des Droits de l’Homme. Partant de cette
logique, le code de procédure pénale Marocain de 2002 (loi 22-01) est venu avec de
nouvelles innovations dans un souci de matérialisation de l’engagement du Maroc
dans la dynamique de promotion et protection des droits de l’Homme

Parmi ces innovations on cite le renforcement et la protection des moyens de


preuves, de nouveaux outils pour lutter contre la criminalité, la protection des
victimes et des mineurs, l’introduction de nouvelles voies de recours, l’introduction
du principe de présomption d’innocence et le renforcement des garanties du procès
équitable. Cette dernière nous intéresse du fait qu’aujourd’hui on ne peut parler de
procédure pénale sans évoquer la notion du « procès équitable ».

On entend par procès équitable tout procès où les règles de la procédure sont
respectées et soigneusement appliquées. L’accusé jouit de tous ses droits dans les
trois stades de la procédure dont le stade de l’enquête policière, le stade de
l’instruction et finalement le stade du jugement.

L’accusé a droit à un traitement équitable et juste tout en étant présumé innocent


jusqu’à preuve du contraire. Quelle que soit l’infraction commise, si le procès est
inéquitable, justice n’est rendue ni à l’accusé, ni à la victime, ni à la société en
général2.

Lorsqu’une personne est poursuivie en justice pour une infraction pénale, elle fait
face aux organismes répressifs et ses mécanismes. La manière dont cette personne
est traitée reflète sans doute les valeurs protégées par cet Etat et à quel point elle est
respectueuse des droits de l’homme, et cela devient plus flagrant lorsqu’on est
devant des atteintes graves à l’ordre public telle que les infractions terroristes, ou
les considérations sécuritaires priment sur les libertés individuelles.

2
Amnesty international – Pour des procès équitables ; 2eme édition
Le procès pénal demeure alors une réelle épreuve pour les pouvoirs publics pour
mesurer leur dégrée d’engagement envers les principes de l’Etat de droit et les
droits humains.

L’histoire a été témoins d’époque ou la notion de l’équité dans un procès, n’avait


pas d’importance ni de place. Le droit et l’équité étaient corolaires de vengeance,
qui permettaient aux primitifs de se faire justice à eux même. Ensuite, l’Etat prit
toutes des initiatives en matière pénale, notamment par des mécanismes concret
dans les fonctions judiciaires, l’application des sanctions et la procédure répressive
qui se limitait à la vérification du respect des conditions de la vengeance et la
prédominance de l’action publique ; d’où une première notion du procès pénal
« équitable ».

Depuis 1948, l’œuvre législative en matière de procès équitable a connu un rythme


accéléré. La notion de procès équitable fut reconnue par une multitude de textes
internationaux et régionaux, juridiquement contraignants.

La déclaration universelle des droits de l’Homme énonce 3 dans ses dispositions


l’égalité devant la justice, de présomption d’innocence, d’interdiction de détentions
arbitraires et autre garanties de procès équitable. Le pacte international relatif aux
droits civils et politiques, parle4 du droit au procès équitable et à l’égalité devant la
loi.

3
Article 10 : « Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et
publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-
fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle. »
Article 11 : « 1. Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait
été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été
assurées… »
4
3eme partie du pacte international relatif aux droits civils et politiques
Quand aux textes régionaux, la Charte africaine des droits de l'homme et des
peuples énonce les garanties essentielles d'un jugement équitable dans son article
75. La charte arabe des droits de l’Homme dispose dans son article 7 6 que le procès
équitable et un droit de tous et de toutes.

Au niveau national, la constitution marocaine de 2011 dispose 7 dans son article 23


des garanties du procès équitable en condamnant les détentions forcées et
arbitraires illégales ou secrète et en énumérant les droits de l’accusé. Le code de
procédure pénale reconnaît le principe de la présomption d’innocence dans son
premier article ainsi que d’autres garanties attribuées à l’accusé en vue de
sauvegarder leur droit à un procès équitable.

Ainsi on ne peut que dire que la Maroc s’est réellement inscrit dans une dynamique
d’équité, de justice et de respect des Droits de l’Homme en mettant son droit en
adéquation avec les exigence internationale.

Tout cela reste beau à voir, mais la réalité en est une autre. La pratique le montre,
les règles de la procédure, instaurant le traitement équitable des détenus, prévenu
ou accusé sont rarement respectées. Faute de moyens, manque d’éducation et de
respect de la vie humaine ou encore indulgence et passivité des autorités, tous ces
facteurs freinent le développement nationale dans le domaine des droits de
l’Homme.

5
Article 7 : « …Les droits et garanties d'un jugement équitable contenus dans la Charte incluent : le droit à la
présomption d'innocence jusqu'à ce que la culpabilité de l'accusé ait été légalement établie au cours d'un procès
équitable ;…
6
Article 7 : « Toute personne accusée est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie
au cours d’un procès où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. »
7
Article 23 : « Nul ne peut être arrêté, détenu, poursuivi ou condamné en dehors des cas et des formes prévues par la
loi, ….la présomption d’innocence et le droit a un procès équitable sont garantis… »
L’intérêt pratique de notre sujet n’est d’autre que démontrer l’adéquation des textes
pris par le Maroc avec la norme internationale. Celui théorique est de faire ressortir
des instruments internationaux et nationaux les fondements du procès équitable.

PROBLEMATIQUE :

A la lumière de ce développement on est amené à répondre à la problématique


suivante ; quels sont les principes directeurs d’un procès équitable, et qu’en est-il
du procès équitable face à la pratique ?

PLAN :

I. LE PROCÈS ÉQUITABLE : UN ARSENAL DE GARANTIE CONSÉQUENT :


1. La présomption d’innocence : un principe constitutionnel
2. Garanties du procès équitable : droits des justiciables :

II. LE PROCÈS ÉQUITABLE : A L’ÉPREUVE DE LA PRATIQUE


1. Présomption d’innocence : des défauts à combler
2. Des garanties d’application aléatoire
I. LE PROCÈS ÉQUITABLE : UN ARSENAL DE GARANTIE CONSÉQUENT :

Depuis 1948, le droit à un procès équitable a été réaffirmé et proclamé dans des
traités juridiquement contraignants comme la déclaration universelle des droits de
l’Homme (DUDH), et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques
(PIDCP), adopté par l’Assemblée générale des Nations unies en 1966. Au niveau
régional, et en ce qui nous concerne (région MENA et Afrique), cette notion de
procès équitable a été consolidée par la charte africaine des droits de l’Homme et
des peuple, et la charte arabe des droits de l’Homme.

Ces normes en matière des droits de l’Homme ont été conçues pour s’appliquer aux
systèmes juridiques des Etats qui ont ratifiés ces textes et pour être pris en
considération dans tous les stades de la procédure. Elles énoncent les garanties
minimales que tout Etat doit offrir pour garantir la justice, l’état de droit et le
respect du droit à un procès équitable. Partant de l’arrestation d’ou les premières
manifestations du procès équitable ou l’arrête est présumé innocent (1), jusqu'au
jugement en respectant tous les droits de la défense garantis (2).

1. La présomption d’innocence : pivot du procès équitable :

La présomption d’innocence est le noyau dur du procès équitable. Il est logique que
dans le cadre de garantir aux personnes leurs droits fondamentaux de liberté, ces
derniers ne peuvent être considérée coupable par la force de la loi, qu’après un
procès et par conséquent un jugement ayant acquis l’autorité de la chose jugée.

Le droit d’être présumé innocent est une notion issue du droit international, qui doit
appliquer sans restriction et dans toutes les circonstances, sans distinction entre les
personnes ou encore la nature de leur infraction.

La déclaration universelle des droits de l’Homme dispose dans son article 11 que
les accusées d'infractions à la loi pénale sont présumés innocents jusqu'à ce que
leur culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès équitable. L’alinéa 2
de l’article 14 du pacte relatif aux droits civils et politiques dispose que les
personnes accusées d'une infraction pénale est présumée innocente jusqu'à ce que
sa culpabilité ait été légalement établie.

La charte arabe des droits de l’Homme représente l’instrument incontournable


régissant les droits de l’Homme dans la région MENA, presque 50 ans séparent la
création de la Ligue des Etats arabes de la charte elle-même ce qui reflètent les
hésitations et les réticences des Etats membres.

De première vue, la charte arabe des droits de l’Homme semble consacrer le


principe de la présomption d’innocence conforment aux normes internationales.
Dans son article 7 elle dispose que toute personne accusée est présumée innocente
jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès où
toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées ;

« Tout accusé ou prévenu est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité ait été
légalement établie par une décision acquis la force de la chose jugé au cours d’un
procès équitable ».
Le législateur marocain quand à lui consacre ce principe dans le premier article du
code de la procédure pénale, puis en deuxième lieu dans l’article 119 ce qui montre
le rattachement de ce dernier aux garanties du procès équitable et au traitement
juste de l’accusé.

Ce principe n’est pas sans intérêt pratique, en effet la présomption d’innocence


devrait garantir aux accusés dont la culpabilité n’a pas encore été établie plusieurs
droit de la défense notamment le droit de garder le silence, le droit à l’assistance
judiciaire et le droit à la protection de son intégrité physique mais aussi morale de
toute sorte d’atteinte ou d’abus de la part des organes de la justice répressive.

Le droit de garder le silence est consacré par la plupart des instruments


internationaux , régionaux et nationaux relatifs aux droits de l’Homme, il est
expressément énoncé comme un droit dans les Principes relatifs aux procès
équitables en Afrique8, et implicitement invoqué dans le pacte international relatif
aux droits civils et politiques. Ce droit qui est consacré par le code de la procédure
pénale est élevé au rang de principe constitutionnel peut être considéré comme une
innovation du législateur.

Le droit d’un accusé à garder le silence est inhérent à la présomption d’innocence


et constitue une garantie importante du droit de ne pas être forcé de s’accuser soi-
même. L’accusé présumé innocent est en outre tenu de garder le silence sans avoir
à se justifier ou se prononcer.

Cela dit l’article 66 du code de la procédure pénale ne se caractérise par aucune


originalité, il serait plutôt une reprise à la lettre du texte constitutionnel. Aucune
clarification ou précision n’est venu coiffer le droit au silence, ce qui nous pousse
8
Principe relatifs aux procès équitables :
DISPOSITIONS APPLICABLES AUX PROCEDURES RELATIVES AUX ACCUSATIONS PENALES,
Article 6 : «… Le silence de l’accusé ne peut être considéré comme preuve de sa culpabilité et aucune conclusion
défavorable ne peut être tirée de l’exercice du droit de garder le silence… »
à s’interroger sur l’étendu de ce droit. On se demande alors sur la durée de
l’exercice du droit au silence ou encore l’interprétation de ce droit ; l’accusé n’est-il
pas admis comme refusant de coopérer en refusant de se justifier, son silence n’est-
il pas considéré comme aveu ? Ce droit au silence ne serait-il pas une sorte de
cadeau empoisonné ?

L’accusé est aussi admis à ne pas être forcé de témoigner contre lui-même. Il est
aussi interdit de soustraire des aveux ou quelconque informations par le biais de la
violence, la contrainte ou la torture. La torture est tout acte par lequel une douleur
ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées
à une personne aux fins notamment d'obtenir d'elle ou d'une tierce personne des
renseignements ou des aveux, de la punir d'un acte qu'elle ou une tierce personne a
commis ou est soupçonnée d'avoir commis9( l’humiliation sexuelle, le
« waterboarding » (simulacre de noyade), les positions douloureuses et
l’exploitation des phobies d’une personne pour la terrifier, L’application d’un
bandeau sur les yeux ou d’une cagoule doit également être interdite, de même que
l’exposition prolongée à une musique tonitruante, la privation prolongée de
sommeil…)10

L’une des principales conséquences de la présomption d’innocence est en effet


d’entraîner une dispense de preuve au profit de la personne poursuivie, ce qui
revient à dire que la charge de la preuve doit incomber entièrement au ministère
public et accessoirement à la partie civile. Il ressort de l’article premier du CPP,
que l’individu poursuivi, qu’il soit délinquant primaire ou récidiviste, et qu’elles
que soient les charges qui pèsent sur lui, doit être considéré comme innocent et
traité comme tel, jusqu’à l’établissement de sa culpabilité à l’appui des preuves
9
Article premier de la convention internationale contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou
dégradants
10
Des méthodes interdites d’interrogatoires – Pour des procès équitables – Amnesty international, 2eme édition
réunies par le parquet. Le dernier alinéa 11 du 1er article du code de procédure
pénale, dispose que le doute profite a l’accusé Si le tribunal peut condamner une
personne dont la culpabilité a été établie au delà de tout doute raisonnable, le
moindre doute sur son innocence doit lui bénéficier l’acquittement

Les droits précités, corolaire de la présomption d’innocence ; sont de réelles


garanties pour l’accusé si ces derniers sont soigneusement appliqués. Ceci explique
que le législateur ne s’est pas arrêté là mais il est allé plus loin en instaurant d’autre
droit de défense (2) tout aussi indispensable à la garantie d’un procès équitable.

2. Garanties du procès équitable : droits des justiciables :

Le procès pénal dans son sens restreint, commence dès la constatation de


l’infraction qui se poursuit par l’arrestation. A partir de ce stade, les droits des
justiciables commencent à courir, doivent demeurer jusqu’au stade du jugement.

Le droit à la liberté est un droit universellement reconnu, par conséquent, nul ne


peut être détenu ou arrêté que selon les prescriptions de la loi et par des personnes
habilitées a cet effet. Cela condamne alors toutes les formes de détention et
d’arrestation illégale, arbitraire et non autorisée. Seule la loi nationale, peut
déterminer les formes selon lesquelles une arrestation peut avoir lieu et encore faut
il que ces prescriptions soit conforme a la norme internationale.

Les arrestations ou détentions illégales sont, par exemple, celles qui concernent des
infractions pour lesquelles la loi n’impose pas l’arrestation ou la détention, les
arrestations conduites sans autorisation alors que la loi en requiert une, les
détentions excédant la durée autorisée par la loi et les arrestations ou les détentions
fondés sur des motifs discriminatoires. C’est pour cela qu’en plus de cela le détenu
11
Article 1 du CPP : « …Le doute s’interprète au profit de l’inculpé »
a le droit d’être informé des accusations portés contre lui et de ses droits de garder
le silence, ne pas témoigner contre lui-même et de consister un avocat, et ensuite
d’être traduit sans délai devant un magistrat compétent a statuer sur la légalité de
son arrestation et décider s’il y a lieu de remettre la personne en liberté ou de la
placer en détention provisoire, dans l’attente de son procès.

Le détenu ayant subit un préjudice a cause de sa détention arbitraire ou non suivi de


condamnation, à le droit l’indemnisation12, il s’agit implicitement de lui restituer
son innocence injustement perdue, droit d’autant plus légitime que la privation de
liberté, source de malheurs et de problèmes.13Ce droit malheureusement n’est pas
consacré par notre législation nationale et constitue une regrettable lacune dans
notre système répressif

Le droit à l’assistance judiciaire est aussi un droit constitutionnel 14 repris par le


code de la procédure pénale. Cela s’interprète par le fait de bénéficier de la
possibilité de communiquer avec un avocat de son choix ou en demander sa
désignation dans le cadre de l’assistance judicaire. Le droit à l’assistance juridique
est entouré de plusieurs conditions et restrictions, et cette même assistance est loin
d’être un réel soutien de l’accusé vu qu’elle se limite à un dialogue entre ce dernier
et son avocat et pas dans les moments où l’accusé a réellement besoin de cette
assistance c’est à dire la garde à vue ou encore au moment de l’arrestation.

Le principe de l’égalité des justiciables devant la loi et la justice découle des deux
textes internationaux (DUDH)15 et le pacte international relatif aux droits civils et

12
PIRDCP Article 9 n5 : « …Tout individu victime d'arrestation ou de détention illégale a droit à réparation »
13
Le procès équitable : quelques reformes incontournables à l’aune de la nouvelle constitution – EL HILA
ABDELAZIZ ; RJPEM, numéro 49.
14
Article 23 de la constitution du royaume : « …Elle doit bénéficier au plus tôt d’une assistance juridique et de la
possibilité de communiquer avec ses proches, conformément à la loi. »
15
Article 7 : « Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. Tous ont
droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et contre toute
provocation à une telle discrimination…. »
politiques16. Ce principe signifie que toute personne accusée au droit d’être jugée
par les juridictions ordinaires conformément aux règles procédurales du droit
commun17. Concrètement, toute justice d’exception ou procédure particulière de
nature à priver la personne de ses droits à la défense. Ledit tribunal doit être
compétent, impartial et accessible au citoyens, et les règles de la procédure doivent
être régit par le principe de la légalité.

Le stade du jugement se manifeste par la traduction du poursuivi devant les


juridictions du fond pour être jugé par les magistrats du jugement, c’est
techniquement la dernière phase du procès. La phase du jugement doit être
contradictoire et public18.

La publicité du procès est une garantie essentielle de l’indépendance de


l’administration de la justice et un moyen de préserver la confiance de l’opinion
publique dans la justice. L’exercice du droit à un procès public nécessite
généralement la tenue en public d’une audience portant sur le fond de l’affaire, à
laquelle peuvent assister les parties et le public, dont les médias. Ce droit ne peut
être garanti que si les tribunaux renseignent les parties et le public sur l’heure et le
lieu des audiences publiques. Ce droit n’est pas sans limite, certains procès ne
peuvent être tenu publiquement notamment les audiences pouvant porter atteinte à
l’ordre public et ou celle où l’accusé est un mineur.

Le caractère contradictoire du procès pénal, veut que l’accusé ait le droit d’assister
aux audiences, d’entendre les débats, les arguments avancés contre lui et
témoignages rapportés par les parties adverses. Par conséquent ce dernier a le droit

16
Article 26 : « Toutes les personnes sont égales devant la loi et ont droit sans discrimination à une égale protection
de la loi… »
17
Sous réserve des règles inhérente à la justice des mineurs.
18
PIRDCP Article 14 : « Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par
un tribunal compétent… »
de se défendre en contestant les arguments de la partie adverse ou en avançant ses
propres arguments et en citant des témoins.

Les voies de recours représentent toujours une garantie de procès équitable pour
l’accusé. Ce dernier insatisfait du jugement peut toujours interjeter appel auprès des
juridictions de 2ème degré ou même interpelle la cour de cassation pour une
réexaminassions de forme de l’affaire.

Notons que le dernier code de procédure pénale marocain est venu avec une
nouveauté permettant interjection appel contre les arrêts de la chambre criminelle,
puisque l’accusé avant ne disposait que d’un seul degré de juridiction sachant que
cela porte atteinte au principe de procès équitable. Le code a institué aussi une
nouvelle voie de recours, on nomme le pourvoi en rétractation 19, qui est une voie de
recours contre les arrêts de la cour de cassation sous certaines conditions 20.

19
Le recours en rétractation constitue un moyen d'action, à caractère extraordinaire, prévu par le législateur marocain
pour permettre, dans des cas précis, un réexamen d'une décision rendue par la Cour suprême.
20
Préambule du code de procédure pénale (loi 22 – 10)
II- LE PROCÈS ÉQUITABLE À L’ÉPREUVE DE LA PRATIQUE

La justice marocaine reçoit chaque jours des procès qui nécessitent une arrestation
à l'encontre des accusés qui ont enfreint la loi, ces arrestations sont traduites de
deux manières soit par une mise en garde à vue ou par une détention provisoire,
afin de maintenir l'accusé à la disposition de la justice sans pour autant empiéter sur
ses droits garanties par les textes conventionnels et par un ensemble de principes
directeurs édictés sous l'égide de l'ONU. Ces droits qui ont été instaurés dans le but
d'assuré un procès équitable sont-ils réellement respectés par les organes de la l

1- Présomption d'innocence : des défauts à combler

En dépit de l'étendue des droits de l'accusé attribués dans le cadre de la


présomption d'innocence la pratique ne reflète pas la réalité.

L'application des réformes au sein de la justice est bafouées, les prévenus se


retrouvent privés de leurs droits fondamentaux et ce sur plusieurs phases
notamment lorsque les délais de la détention provisoire s'étalent jusqu'à 1mois et
peuvent s'allonger jusqu' 3mois pour un délit et de 2mois en matière de crime dans
laquelle le juge d'instruction peut autoriser à la prolonger si nécessaire à 12mois. 21

21
Article 30 du code pénal : La durée de toute peine privative de liberté se calcule à partir du jour où le condamné est
détenu en vertu de la décision devenue irrévocable.

Quand il y a eu détention préventive, celle-ci est intégralement déduite de la durée de la peine et se calcule à partir du jour
où le condamné a été, soit gardé à vue, soit placé sous mandat de justice pour l'infraction ayant entraîné la condamnation.
La durée des peines privatives de liberté se calcule comme suit :
Lorsque la peine prononcée est d'un jour, sa durée est de 24 heures;
Lorsqu'elle est inférieure à un mois, elle se compte par jours complets de 24 heures;
Lorsque la peine prononcée est d'un mois, sa durée est de trente jours;
La peine de plus d'un mois se calcule de date à date.
Notons aussi que les audiences du jugement sont souvent reportées ce qui cause
une atteinte des accusés à être jugées dans un délai raisonnable, d’ailleurs il
convient de souligner que les prévenus se voient arrêtés tels que des condamnés et
en plus de cela les audiences du jugement sont souvent reportées, ce qui cause une
atteinte au principe la présomption d'innocence.

Au delà de la duré de détention provisoire, il arrive qu'un organe de l'ordre


judiciaire ordonne un mandat susceptible d'exécution par la force publique à
l'encontre d'un individu et par la suite le garde pendant plus de 24heures sans être
interroger, sans avoir le droit de contacter un proche ou faire appel à son avocat,
concept qui d'ailleurs est défendu par la nouvelle constitution, une pratique qui
empiète sans détour sur le caractère « équitable du procès ».

Toutefois, le code pénal prévoit la dégradation civique aux magistrats,


fonctionnaires publics, les agents chargés de la police administrative ou judiciaire
qui ont toléré cet acte ou qui ont refusé ou négligé de réclamer une détention
arbitraire.

L'ensemble de ces abus sont souvent réalisés dans l'objet d'extraire des
informations ou des aveux des préjugés, méthode qui peut être assimilée à la torture
morale selon la déclaration universelle des droits de l'homme.

L'article 9 du pacte international des droits civils et politiques que le Maroc a signé
en 1977 et ratifié en 1979 défend la liberté des individus victimes de détentions
illégale et les invite à réclamer leurs droits aux dédommagements. 22

22
Article 9 Pacte international des droits civils et politiques : 1. Tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa
personne. Nul ne peut faire l'objet d'une arrestation ou d'une détention arbitraire. Nul ne peut être privé de sa liberté,
si ce n'est pour des motifs et conformément à la procédure prévus par la loi.

2. Tout individu arrêté sera informé, au moment de son arrestation, des raisons de cette arrestation et recevra
notification, dans le plus court délai, de toute accusation portée contre lui. )
2- Des garanties d’application aléatoire

Il est légitime de s’attendre à ce que les choses évoluent vers le meilleur, à ce que
la constitution donne le meilleur qu’elle puisse avoir pour faire valoir les
dispositions des droits fondamentaux des individus consacrant ainsi les principes
directeurs du droit pénal comme elle le dispose dans son article 23 23 . Cela dit, il
serait naïve de croire que ces dispositions sont respectées à la lettre des valeurs de
la protection pénale.

La réhabilitation majeure se heurte sans aucun doute à la conciliation du statut


international à l’autorité judiciaire. Il va de soit que ces deux instruments
représentent le pivot central de l’arsenal juridique national. Pourtant, il est
nécessaire de créer une entente entre ces instruments. Rappelons ainsi que l’autorité
judiciaire se défend constamment des attaques qui sont infligées, de part les agents
qui représentent les droits de l’homme et d’autre part du pouvoir législatif en lui-
même.

3. Tout individu arrêté ou détenu du chef d'une infraction pénale sera traduit dans le plus court délai devant un juge
ou une autre autorité habilitée par la loi à exercer des fonctions judiciaires, et devra être jugé dans un délai
raisonnable ou libéré. La détention de personnes qui attendent de passer en jugement ne doit pas être de règle, mais
la mise en liberté peut être subordonnée à des garanties assurant la comparution de l'intéressé à l'audience, à tous les
autres actes de la procédure et, le cas échéant, pour l'exécution du jugement.

4. Quiconque se trouve privé de sa liberté par arrestation ou détention a le droit d'introduire un recours devant un
tribunal afin que celui-ci statue sans délai sur la légalité de sa détention et ordonne sa libération si la détention est
illégale.

5. Tout individu victime d'arrestation ou de détention illégale a droit à réparation.

23
Article 23 de la constitution marocaine 2011 : « Nul ne peut être arrêté, détenu, poursuivi ou condamné en dehors
des cas et des formes prévues par la loi, ….la présomption d’innocence et le droit a un procès équitable sont
garantis… »
En effet, le pouvoir législatif répond ouvertement aux pressions des changements
politiques par lesquelles il est tenu de développer. Mais au final, comment peut-on
fixer ce régime si la base n’est pas assez solide ?

En vertu des dispositions de la procédure pénale. Tout présumé doit être informé
dans la langue qu’il comprend de ses droits ainsi que des charges qui lui incombent
et cela dans les plus brefs délais. Or, l’application de cette simple prérogative se
traduit souvent par un silence de la part des autorités empiétant ainsi sur les
premières garanties fondamentales de la procédure pénale.

Les propositions du CNDH concernant les garanties procédurales au profit des


suspects et accusés doivent être approuvées par l’Etat et pour que le système
fonctionne des contrôles doivent être mise en place pour s’assurer que les droits
sont réellement protégés. Le conseil prévoit depuis toujours de surveiller au plus
près les progrès avec un soutien des Etat membres de la convention des droits de
l’Homme.

Certains encouragent la surveillance continue de la part des organisations


internationales au sein des postes de l’organisation judiciaire mais tout le monde
n’est pas du même avis, cette vision est interprétée d’une autre façon laissant ainsi
croire qu’une entrave et immixtion entre en jeu. D’autre pensent que cela va encore
une fois créer des fonds budgétaires consistants et sans intérêt et par cela ils sous
entendent la large influence que détiennent les organes judiciaires sur les locaux de
la police, première atteintes des dérogations au bon déroulement de la justice.

La constitution de 2011 était porteuse d’espoir pour les marocains, étant donné
qu’elle donnait de la valeur aux dispositions textuelles qui résident dans la
procédure pénale. Il faut reconnaitre tout de même que ces prérogatives ont
données certes quelques résultats mais le pourcentage reste minime. Elle reprend à
la lettre l’essentiel des dispositions contenues dans les instruments de protection
des droits de l’homme pour proclamer la primauté du droit à la vie, interdire les
crimes contre l’humanité, les crimes de guerre ainsi que les génocides.

Mais voila qu’après 8 ans, le pouvoir judiciaire exerce encore aléatoirement les
prérogatives qui lui sont attribuées, allant de l’enquête jusqu’au jugement. Par
ailleurs, des traitements inhumains et dégradant aux présumés sont infligés chaque
jours, de plus que le public aperçoit ces pratiques notamment au près de tribunaux ;
on aperçoit souvent des détenus poussées par les agents de la police, bousculés et
insultés au quotidien. On constate également une indifférence de la part de ces
autorités d’être aperçus.

Cette dévalorisation des lois montre à quel point le système pénal doit aboutir à des
changements notoires en ce qui concerne l’application des textes et le respect des
garanties fondamentales.
CONCLUSION

On ne peut parler d’une réelle application des garanties fondamentales des droits
de l’Homme si elles sont quasi inexistantes au moment opportun et par conséquent
dans un procès pénal. C’est en condamnant la torture et les traitements inhumains
ou dégradants, en ne tolérant aucune atteinte à l’intégrité morale et physique du
citoyen et en reconnaissant à toute personne détenue le droit de jouir des droits
fondamentaux et de conditions de détention humaines qu’on pourrait enfin se
permettre de parler de procès équitable.

Sous l’effet des mécanismes constitutionnels et des conventions internationales


sur les Droits de l'Homme, les transformations envisageables du système pénal ne
peuvent avoir un impact que si le juge constitutionnel et le législateur s’en
chargent, en utilisant un processus plus rigoureux, dans la perception d'adapter un
procès équitable propre et déni de fraude de la part des représentants de la loi et
protecteur de l'ordre social. Leur action telle que définie expressément par le
dispositif constitutionnel doit tendre à rendre les lois pénales de plus en plus
adéquates et à développer les garanties du procès équitable.

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