Vous êtes sur la page 1sur 48

Cours de Procédure pénale avec le Professeur Serge MAKAYA

Introduction
I. Notions
 Définition
C’est une branche du droit judiciaire qui étudie l’ensemble des règles relatives à
l’organisation du processus de répression d’une infraction. Elle étudie l’organisation du procès
pénal en incluant la phase d’avant procès ou instruction pré juridictionnelle et la phase d’après
procès ou phase de l’exécution de la condamnation.
 Objet
Le cours s’intéresse principalement à l’étude du procès pénal dans toutes ses contingences.
Il vise comme objectifs l’apprentissage par les étudiants en droit, futurs opérateurs judiciaires, du
contingent et rouage du déroulement du procès pénal. Elle permet aux étudiants en droit de
maîtriser le rôle de chaque acteur intervenant dans le processus de répression d’une infraction.
Exemples : le rôle de l’OPJ, OMP juge, greffier, l’avocat, etc.
Par la procédure pénale, l’étudiant en droit va acquérir les connaissances requises pour être
nommé magistrat du parquet puisque le cours lui aura permis d’analyser toutes les activités du
parquet avant, pendant et après le procès.
Il importe de noter au préalable de ce cours que le cours a pour cheval de bataille la
recherche des réponses à la question comment réprime-t-on une infraction qui se commet ? Par
infraction, on entend toute action ou inaction qui trouble l’ordre public prévu et sanctionné par la
loi pénale en vertu du principe Nullum crimen nulla poena sine lege.
Lorsqu’une infraction est commise, l’action publique est troublée, l’état doit réagir et cet
état doit réagir par un organe appelé parquet. Voilà pourquoi l’article 67 de la loi du 11 avril 2013
portant code d’OCJ précise qu’en matière répressive, le ministère public recherche les infractions,
identifie les auteurs et les défait devant les cours et tribunaux1.

II. Importance du cours

Trois axes permettent d’analyser l’importance sociale du cours : sur le plan de l’individu, sur
le plan de la société et sur le plan technique.

 Sur le plan de l’individu : en procès pénal, l’individu court le risque de perdre ce qu’il a de
plus cher : condamnation à mort, manque de liberté. Par la procédure pénale, l’individu est rassuré
que l’arbitraire ne sera pas au rendez-vous pour le condamner injustement, que ses droits seront
respectés, qu’il sera jugé par un juge impartial épris d’un esprit de justice ; bref, qu’il bénéficiera
d’un procès équitable càd qu’il sera jugé par un juge impartial dans un délai raisonnable avec un
respect de droits qui lui seront garantis. Ainsi que l’affirme le professeur Luzolo Bambi
Lessa :"Ennemie jurée de l’arbitraire, la procédure pénale est le thermomètre de la température
démocratique d’un état." Ainsi que l’affirmait aussi le professeur Kisaka Kia Ngoyi :"Ennemie
jurée de l’arbitraire, la procédure pénale est la sœur jumelle de la liberté."

1
Objet du cours : déroulement du procès pénal. Aucun procès ne peut se tenir en l’absence du greffier. Un procès
peut se définir comme l’ensemble de plusieurs audiences.
Q. Pourquoi dit-on du parquet qu’il est ministère public, procureur, représentant de l’état, magistrat debout, magistrat
instructeur ?
1
 Sur le plan de la société : la procédure pénale permet à la société de ne pas écraser les
individus accusés d’une infraction. L’état qui a la charge de sanctionner les infracteurs a aussi
l’obligation de les protéger. Lorsqu’une infraction est commise, il se pose un dilemme à l’état,
celui de savoir comment sanctionner les délinquants tout en les protégeant. Grâce à la procédure
pénale, l’état parvient à trouver l’équilibre entre l’obligation de sanctionner et le devoir de
protéger l’individu. On peut encore recourir ici à la citation du professeur Luzolo.
 Sur le plan technique : la procédure pénale comme le droit judiciaire constitue le canal
d’expression de toutes les branches du droit. C’est par le droit judiciaire que le droit
s’exprime. Ce dernier serait muet si celui-là n’existait pas. Toutes les branches du droit se
retrouvent en droit judiciaire.

III. Interprétation des règles de procédure pénale

Les règles de procédure pénale obéissent au principe d’interprétation stricte. Cette dernière
utilise la technique littérale d’interprétation qui consiste à interpréter la loi en fonction des termes
utilisés par le législateur. Cette interprétation se cristallise par les adages Ubi lex non distinguit
non distinguere debemus ; ubi lex voluit, dixit ; ubi lex voluit tacuit (là où la loi veut, elle le dit ; là
où la loi ne veut pas quelque chose, elle se tait).

Cependant, dans certaines circonstances, l’interprétation stricte peut être complétée par
l’interprétation large utilisant la technique téléologique qui consiste à rechercher l’esprit du
législateur. On peut recourir aux travaux préparatoires ayant présidé le vote de la loi. On peut
aussi recourir aux comptes rendus analytiques du parlement ou à l’interprétation législative.

IV. Application des règles de procédure pénale

Elle s’analyse sur des axes : dans le temps et dans l’espace. Dans le temps, les règles de
procédure pénale obéissent au principe d’application immédiate. C’est l’immédiateté, càd les
règles de procédure pénale s’appliquent dès leur promulgation. Cependant, la règle de procédure
qui modifie les règles de compétence ou qui modifie les droits acquis, ne sont pas d’application
immédiate. Elles opèrent pour le présent et pour l’avenir.

L’immédiateté n’est pas à confondre avec la non rétroactivité avec l’exception de rétroactivité
in mituis applicable en droit de fond2. En effet, la loi nouvelle de fond ne rétroagit pas sauf si elle
est douce à l’accusé. Elle opère pour le présent et pour l’avenir. Elle peut opérer pour le passé
lorsqu’elle est favorable à la personne accusée.

Dans l’espace, les règles de procédure pénale obéissent au principe de la territorialité. La


procédure pénale congolaise s’applique sur toutes les infractions commises sur l’ensemble du
territoire national congolais, peu importe la nationalité de l’auteur. Cependant, il existe une
exception d’extra territorialité en application du principe de la personnalité, càd la loi congolaises
est liée à la nationalité congolaise peu importe le lieu de la production de l’infraction.

2
Fond=matière et forme renvoie à la personne qui juge (compétence)
Procédure pénale

Par ailleurs, l’application de l’extra territorialité de la loi congolaise crée parfois des conflits
des lois dont les principes de solution sont analysés dans le cours de Droit pénal international3.

V. Typologie de procédures
Il existe génériquement trois types de procédures, à savoir :
o Procédure inquisitoriale
o Procédure accusatoire
o Procédure mixte.

La procédure inquisitoriale est caractérisée par l’écrit et le secret. Elle était utilisée à l’époque du
droit pénal ancien pendant lequel l’inscription judiciaire était secrète et les échanges étaient écrits.
La procédure accusatoire, quant à elle, est caractérisée par l’oralité, la publicité et le
contradictoire. Cette procédure caractérise la famille anglo-saxonne (common low), au sein de
cette famille, la procédure est accusatoire, il n’existe pratiquement pas de phase d’instruction pré
juridictionnelle. Le ministère public avec la police judiciaire ont à peine quelques temps pour
rassembler les faits et fixer la cause au tribunal.

L’inscription se fait contradictoirement sans aternoiement entre le juge et les paries


litigantes. La procédure mixte procède d’une combinaison entre les deux procédures, inquisitoriale
et accusatoire. C’est la caractéristique de la procédure pénale au sein de la famille romano-
germanique (civil low) dont fait partie la RDC. Donc, la procédure pénale congolaise revêt un
caractère hybride. Elle est inquisitoriale dans la phase pré juridictionnelle et accusatoire dans la
phase juridictionnelle.

VI. Principes directeurs du procès pénal

Le procès pénal est régi par les principes ci-après :


 In dubio pro reo (le doute profite à l’accusé) il est le principe en droit, toute personne accusée
jouit et bénéficie du doute. Il appartient à celui qui accuse de prouver. Ce principe est
générique et peut être appliqué dans tous les domaines du droit. Ainsi ^par exemple,
n’affirme-t-on pas qu’en droit la bonne foi est toujours présumée, c’est la mauvaise qui
s’éprouve, en fait de meuble possession vaut titre. En procédure pénale, la personne accusée
d’une infraction a le bénéfice du doute ; donc on doit la présumer innocente. C’est donc de
l’application de ce principe que se fonde celui de la présomption d’innocence. Par ailleurs, ce
principe est aussi d’application dans l’hypothèse d’une obscuri libelli, càd un doute engendré
dans l’interprétation d’un acte.
 La présomption d’innocence : toute personne accusée d’une infraction est présumée
innocente jusqu’à la preuve de sa culpabilité par un jugement définitif rendu public dans
lequel toutes les garanties relatives au droit à un procès équitable lui sera

 Le droit à un procès équitable : ce droit sous-entend la personne accusée d’une infraction


doit être jugée par un juge impartial (accès au juge) dans un délai raisonnable dans le respect

3
A distinguer avec le droit international pénal qui est l’ensemble des mécanismes organisés pour lutter contre les
crimes très graves. C’est ce droit qui a donné naissance à la CPI
3
des droits de la défense (équitable), dans le respect des droits au recours, dans l’exécution
effective des décisions.
 Le caractère accusatoire : contradictoire, oral et public.

VII. Les sources de procédure pénale

La procédure pénale est de source essentiellement légale. Conformément à l’article 122 al 6


de la constitution. Cependant, la légalité de la procédure pénale n’est pas antinomique avec
d’autres sources telles que consacrées dans l’article 174 al 4 de la même constitution. Par ailleurs,
une problématique du fondement juridique de certaines sources mérite d’être débattue dans la
mesure où l’article 173 al 4 sus-évoqué précise que le juge applique : la loi, les règlements pour
autant qu’ils soient conformes, la coutume pour autant qu’elle soit.

Que deviennent alors la jurisprudence, les principes du droit, la doctrine et l’équité comme
sources du droit congolais ? Il est vrai que l’application des principes généraux du droit comme
sources du droit congolais se fonde sur une disposition légale et non constitutionnelle, à savoir
l’article 118 de la loi du 11 avril 2013 portant code d’OCJ. Il reste à démontrer le fondement
juridique de l’application de la jurisprudence, doctrine et équité comme sources du droit congolais.
Question demeurant ouverte d’autant plus que dans la doctrine une controverse perdure quant à
l’abrogation au nom de l’ordonnance du 14 mai 1886.

Concrètement, voici les sources de la procédure pénale : la constitution (plusieurs


dispositions constitutionnelles fondent la procédure pénale ; par exemples articles 17, 18, 150, …),
les traités internationaux (conformément à l‘article 215 et 153 al 4 de la constitution. Exemples :
les statuts de Rome) ; la loi (décret du 6 août 1959 portant code de procédure pénale tel que
modifié et complété par plusieurs lois et pars (exemple : loi sur les violences sexuelles) ; textes
réglementaires (arrêté d’organisation judiciaire portant règlement d’ordre intérieur des cours et
tribunaux) ; les différentes circulaires du premier président de la cour suprême de justice du
PGR, …) ; la coutume pour autant qu’elle soit conforme à l’ordre public et bonnes mœurs ; les
principes généraux de droit en cas de défaillance de la coutume conformément à l’article 118
précité ainsi que les sources problématiques à savoir la jurisprudence, la doctrine et l’équité.

VIII. Plan du cours


Le cours comprend six parties

Ière partie : INSTRUCTION PRE JURIDICTIONNELLE

Titre 1 : La recherche de l’infraction ou phase d’instruction

Titre 2 : La poursuite

IIème partie : INSTRUCTION JURIDICTIONNELLE

Titre 1 : L’instruction à l’audience

Titre 2 : Le débat

IIIème partie : LE JUGEMENT

Titre 1 : Le délibéré, notion et contenu du jugement


Procédure pénale

Titre 2 : Typologie de jugements et effets des jugements

IVème partie : LES VOIES DE RECOURS

Titre 1 : Les voies de recours ordinaire

Titre 2 : Les voies de recours extraordinaire

Vème partie : EXECUTION DE LA CONDAMNATION

VIème partie : MESURE D’EFFACEMENT DE LA CONDAMNATION

ère
I partie
INSTRUCTION PRE JURIDICTIONNELLE
ou phase d’avant procès

La phase d’instruction pré juridictionnelle est une étape de la procédure pénale au cours de
laquelle le parquet qui est saisi de la commission d’une infraction cherche à réunir les éléments de
l’infraction, en identifier l’auteur ou les auteurs avant de fixer la cause au tribunal conformément à
l’article 67 de la loi du 11 avril 2013.

Cette phase de la procédure pénale est répartie en deux étapes, à savoir :

 L’étape de la recherche de l’infraction ou phase d’instruction : le parquet a reçu pouvoir de la


loi, chaque fois qu’il a connaissance de la commission d’une infraction, de poser tous les actes
nécessaires à la découverte de la vérité sur le fait. C’est en cela qu’en droit congolais on affirme
que le parquet joue le magistrat instructeur. Alors que sous d’autres cieux, ce pouvoir est dévolu
aux juridictions d’instructeur.
Dans le contexte congolais, le parquet comme magistrat instructeur est secondé par la police
judiciaire dans cette mission d’instruction. Ainsi, la phase d’instruction est répartie en deux sous
étapes (l’enquête préliminaire, œuvre de la police judiciaire et l’instruction préparatoire, œuvre du
parquet)

 L’étape de la poursuite : cette étape indique que le ministère public qui s’estime
suffisamment renseigné sur le fait et sur l’auteur disposent d’un pouvoir d’appréciation qui lui
permet de classer les dossiers sans suite, soit de proposer les paiements d’amende transactionnelle,
soit encore de fixer les dossiers au tribunal en rédigeant la requête aux faits de fixation de la date
d’audience (RFFDA)

De ce qui précède, la phase d’instruction pré juridictionnelle est étudiée à deux titres : la
recherche de l’infraction et la poursuite.

5
Titre 1 : La recherche de l’infraction
ou phase d’instruction

Avant d’aborder l’enquête préliminaire et préparatoire, il importe d’analyser de fonds la


théorie d’action publique.

Chapitre 01.
L’ACTION PUBLIQUE

Section 1. Notions et plénitude

Par action publique, il faut entendre celle qui a pour objet la répression d’une infraction et ce
pour but de prononcer une peine. C’est l’acte par lequel une infraction est poursuivie et son
infracteur est condamné. L’action publique est l’ordre public, c’est-à-dire elle s’impose erga
omnes (à l’égard de tous), dès que l’infraction est révélée l’action publique doit être mise en
mouvement par le ministère public. Alias, lorsque le ministère public a connaissance d’une
infraction, il obligé de déclencher une action publique4. L’action publique ne se négocie pas. Le
ministère public a la charge de la mettre toujours en mouvement. C’est ce que l’on qualifie de
plénitude de l’exercice d’action publique dévolue au ministère public. Il a donc le plein pouvoir
d’agir dès qu’il a écho de commission d’une infraction et ce sur l’ensemble du territoire congolais.
Cependant, dans certaines circonstances, la plénitude d’exercice de l’action publique du
ministère est limitée. Ce sont ces circonstances que l’on qualifie la de limitation de l’exercice de
l’action publique.
Q. Tableau synoptique entre l’action publique, l’action civile, l’action à des fins civiles et action
en justice.

Section 2. Les limitations de l’action publique.


§1. La qualité du délinquant

La qualité du délinquant limite parfois le pouvoir du ministère public à déclencher l’action


publique, généralement lorsque le délinquant est revêtu des fonctions officielles. Dans ce cas, le
ministère public ne peut déclencher l’action publique que sous certaines conditions.
 La mise en accusation par une résolution d’assemblée nationale réunie en congrès par vote
de ¾ de ses membres.
 L’autonomisation de poursuite est la procédure de mise en examen pour les honorables
députés (Cf. art 107 de la constitution)

Q. Différence entre inviolabilité, immunité et privilège de juridiction et de poursuite.

4
Le parquet peut connaître une infraction de 3 manières : par plainte de la victime, par dénonciation soit encore par
lui-même. Il poursuit (ministère public) et instruit.
 La plénitude de l’action publique revient au PG. Il est dans chaque province ; par contre, les autres magistrats ne
sont que des substituts.
 Immunité : un parlementaire ou un député n’en bénéficie que lorsqu’il est en plein exercice de sa fonction. Mais
il peut, en certaines circonstances, être poursuivi avec autorisation de l’ass nat càd lorsqu’il n’est pas en plein
exercice de sa fonction. S’il a une immunité diplomatique (sur le plan international) et s’il est en dehors de son
pays, on lèvera d’abord cette immunité avant toute poursuite pour être jugé.
Procédure pénale

Par ailleurs, il importe d’indiquer qu’il existe une exception du défaut de pertinence de qualité
officielle lorsque le délinquant commet :

 Une infraction flagrante,


 Une infraction liée aux violences sexuelles
 Un crime internat relevant du statut de Rome de la CPI

§2 : Les poursuites conditionnées

Certaines infractions ne peuvent être poursuivies qu’après dépôt de plainte préalable de


victime, même lorsqu’il a connaissances de commission de ces infractions ne peut pas déclencher
l’action publique tant que la victime de ces infractions n’a pas encore déposé la plainte. Parmi ces
infractions il y a :

 L’adultère
 La grivèlerie (le fait de consommer une prestation sans payer)
 Les infractions contre le droit d’auteur
 La concurrence de loyal
 Les infractions commises à l’étranger.
 L’attentat à la pudeur : le fait d’approcher sans son consentement l’intimité de
l’individu.
 Le harcèlement sexuel : le fait d’obliger une fille de consentir au plaisir sexuel en
contrepartie d’un service à sa compétence.

§3. L’autorité du ministère de la justice sur le magistrat du parquet.

Au terme d’art 70 de la loi du 11 avril 2013 portant OCJ, le magistrat du ministère public
fonctionne sous l’autorité du ministère de la justice et garde des sceaux. Celui-ci dispose d’un
pouvoir d’injonction qu’il peut ordonner au PGR ou PG sans avoir à interférer dans la conduite
d’action publique. La libellé de cette disposition ramène à la surface problématique de nature
juridique du ministère public ; une problématique classique formulée comme suit : « Le parquet
est-ce un organe du pouvoir judiciaire ou exécutif ? Le magistrat de parquet est-ce un
fonctionnaire d’état ou un membre du pouvoir judiciaire? La même problématique regorge en
filigrane la question d’indépendance du parquet.

Lorsqu’on scrute les dispositions des arts 149, 151, 152 de la constitution combinée avec l’art
70 précité, on se rend compte que les réponses à ces préoccupations au sens du droit positif
congolais sont intriguées.

En effet, tantôt le ministère public apparait comme un organe du pouvoir exécutif mais
également comme un organe du pouvoir judiciaire. Un regard dans l’approche diachronique
permet d’affirmer qu’avant la réforme du 11.04.2013 c’est-à-dire conformément à l’ordonnance
du 31.03.1982 le ministère de la justice disposait des pleins pouvoirs sur le magistrat du parquet.
Celui-ci pouvait le nommer, le permuter et le promouvoir. C’est ce qui était qualifié de droit de
veto.

7
L’esprit de réforme a dépouillé le ministère de justice de tous ses pouvoirs au profit du conseil
supérieur de magistrature, organe délibérant du pouvoir judiciaire.

Section 3. Les modes d’extinction de l’action publique

Il existe diverses causes d’extinctions d’actions publiques, parmi lesquelles, on peut citer :

 Le décès du délinquant : en procès pénal, on ne juge pas les faits mais la personne alors qu’en
procès civil on ne juge pas la personne mais les faits. Donc le juge pénal doit se rassurer
d’existence de la personne avant de se prononcer ni si le fait existe, il doit être imputé à la
personne.
ce
Responsabilité pénale = culpabilité (fait) + imputabilité (K et volonté)
 L’amnistie : c’est une mesure administrative qui efface le caractère infractionnel d’un acte.
L’amnistie est toujours légale et il n’existe pas de théorie générale sur l’amnistie par ce qu’elle est
toujours contextuelle.
 Le retrait de la plainte : certaines infractions dont les poursuites sont conditionnées par le dépôt
de la plainte publique, l’action publique est éteinte.
 L’abrogation de la loi pénale : lorsque la loi pénale incriminant les faits poursuivis est abrogée.
L’action publique déclenchée contre ces faits est éteinte.
 La dépénalisation : c’est la sœur jumelle de l’abrogation d’un fait pénal.

Section 4. La prescription de l’action publique

§1 Notions et typologie

La prescription est définie de façon générique comme la perte ou l’acquisition d’un droit
après l’écoulement d’un lapse de temps. Un droit qui n’est pas exercé pendant un certain temps
s’éteint.

En procédure pénale, l’action publique qui n’est pas exercée sur une infraction ne pourra
plus être exercée. C’est la prescription de l’action publique. Aucun domaine de droit n’échappe à
la prescription.

En procédure pénale, il existe trois types de prescriptions5 d’action publique, à savoir :

 La prescription annale : applicable pour les infractions dont la peine ne dépasse pas un an de
servitude pénale et dont la peine est l’amende. La durée ou le délai dans ce cas est d’une année.
 La prescription triennale : la durée est de trois ans. Elle est applicable pour toutes les
infractions punissables de plus d’un an à cinq ans de servitude pénale.
 La prescription décennale : le délai est de dix applicable pour toutes les infractions punissables
de plus de cinq ans à la peine de mort.

§2 Causes de la suspension et de l’interruption de la prescription de l’action publique


5
On tient compte de la gravité de l’infraction.
 L’amnistie est légale car c’est la loi qui détermine les infractions qui peuvent en bénéficier.
 Pour jouir de la prescription il faut être dans un lieu joignable, où on peut être arrêté.
Procédure pénale

a. La suspension de la prescription de l’action publique

Il arrive qu’en certaines circonstances que le cours du délai de prescription soit suspendu
en raison d’une circonstance généralement quelconque qui empêche momentanément la capacité
du délai. Le cours du délai est suspendu pendant le moment des circonstances et se poursuit
normalement après la circonstance. Le délai devra donc être calculé en considérant la totalité du
temps passé moins le temps passé en circonstance.

b. L’interruption de la prescription de l’action publique

La prescription de l’action publique peut aussi être rompue en raison d’une circonstance
qui stoppe son cours normal. C’est pourquoi d’ailleurs on affirme que l’interruption de la
prescription de l’action publique produit les effets ab ovo.

Lorsqu’il y a une cause interruptive de prescription de l’action publique, le conteur du


délai est remis à zéro. Parmi les causes interruptives de la prescription de l’action publique, on
peut citer les actes d’instruction diligentés par l’autorité judiciaire.

Exemples :

o la constatation matérielle d’une infraction


o les actes de poursuite

Section 5. L’imprescriptibilité de l’action publique

La gravité de certains crimes les place sous un régime spécial, notamment celui de
l’imprescriptibilité, celui du défaut de pertinence des qualités officielles, celui qui trouble l’ordre
public international impliquant l’application des compétences universelles… Il s’agit
principalement des crimes les plus graves qui heurtent la conscience de l’humanité universelle,
crime commis par les hostis humanum generis (les ennemis du genre humain) ; ceux qui
consacrent la négation de l’humanité de l’homme. Ces crimes sont : crime contre l’humanité,
génocide, crime de guerre et les crimes d’agression.

Chapitre 02
L’ENQUETE PRELIMINAIRE

La loi donne au ministère public secondé par la police judiciaire le pouvoir d’investiguer
toutes les fois qu’une infraction est révélée. De ce pouvoir, le ministère public secondé par la
police judiciaire pose tous les actes nécessaires à la découverte de la vérité sur le fait
conformément à la loi. Tous les actes visant à découvrir la vérité sur le fait constituent les actes
d’instruction.
L’enquête peut être définie comme l’ensemble des mécanismes ou techniques visant à
découvrir la vérité sur le fait ayant troublé l‘ordre public. Ces mécanismes ou techniques doivent
toujours être conformes à la loi.

Une bonne enquête doit obéir à deux principes fondamentaux suivants :


 La recherche de la vérité (cheval de bataille de toute enquête) ;
9
 La célérité (rapidité) : car chaque minute qui passe c’est la vérité qui s’envole.

Il existe deux types d’enquêtes, à savoir l’enquête réactive et proactive. L’enquête réactive est
celle qui est descriptive et qui vise la reconstitution des faits tels que perpétrés. Le fait doit rester
intangible sans être déformé. C’est pourquoi le réflexe de l’enquêteur c’est de tout faire pour
garder la scène de l’acte intacte. L’objectif principal étant la reconstitution des faits tels que
cristallisés au moment de l’acte.

L’enquête proactive, quant à elle, exige quelques astuces d’intelligence corroborant avec
l’objectif de la recherche de la vérité sur le fait. Parmi les astuces utilisées, on peut noter :

 Les marchands à gage


 l’infiltration

La police judiciaire est chargée de mener l’enquête préliminaire sous le joug du parquet.

Section 01. La police judiciaire

§1 Notions

C’est un service public de l’état créé comme auxiliaire du parquet dans la mission du
maintien de l’ordre public, dans la mission de la recherche de l’infraction, d’identification des
auteurs.

La police judiciaire constitue les béquilles du parquet dans cette noble mission. Avant la
réforme de la police nationale congolaise, il existe cinq catégories d’officiers de police judiciaire,
à savoir :

 les OPJ de police nationale congolaise ;


 les OPJ de FARDC
 les OPJ de la police judiciaire des parquets (inspection générale de police judiciaire) ;
 les OPJ à compétence restreinte de certains services spécialisés tels que la DGDA, la DGI,
la DGRK, l’OCC et l’ANR ;
 la qualité d’OPJ reconnue à certaines autorités politico-administratives telles que le
bourgmestre, le gouverneur, les administrateurs des territoires.

Avec la réforme de la police nationale congolaise, l’idée générée c’est l’unification du


corps de police judiciaire au sein de la PNC. Toutes les catégories d’OPJ doivent intégrer la PNC,
càd désormais pour être OPJ il faut d’abord être policier. C’est ainsi que l’inspection générale de
police judiciaire du parquet a été supprimée et diluée au sein de la PNC. La tâche reste pour les
autres catégories d’OPJ.

Les OPJ sont régis par l’ordonnance n°78/289 du 3 juillet 1989 relative à l’exercice des
attributions des OPJ et APJ.
Procédure pénale

§2 Les rapports entre la police judiciaire et le parquet

Ces rapports s’analysent sur deux aspects :

o Sur le plan administratif


o Sur le plan fonctionnel ou des attributions
a. Sur le plan administratif : le rapport entre police judiciaire et parquet s’analyse sur cinq
techniques, à savoir :
 L’habilitation
 L’assermentation
 Le signalement
 Le retrait
 La réhabilitation
1. Habilitation : c’est un mécanisme par lequel le parquet confère à un agent la qualité de police
judiciaire par la remise d’une carte de service. Il importe d’indiquer que la qualité d’OPJ ne se
présume pas, elle se prouve. Par la carte de service obtenue au moment de l’habilitation. C’est la
possession de cette carte qui fait d’un agent OPJ. Avant la réforme de la police nationale
congolaise, c’est le ministre de la justice qui conférait la qualité d’OPJ à un agent qui a suivi une
formation, soit à l’école nationale de formation judiciaire, soit à l’école de formation des OPJ de la
police nationale congolaise. La réforme de la police nationale qui prône l’unité de la police
judiciaire confère ce pouvoir6.
2. L’assermentation : L’OPJ habileté ne peut commencer à exercer ses fonctions qu’après sa
prestation de serment devant le parquet. Dans la pratique, l’assermentation et l’habilitation se
confondent parce que c’est après l’assermentation (prestation de serment) que l’agent reçoit sa
carte d’habilitation.
3. Le signalement : C’est un mécanisme par lequel le parquet contrôle les activités de la police
judiciaire dans son ressort. C’est un bulletin qui évalue annuellement l’activité de chaque OPJ
ainsi que sa conduite. Une cotation est attribuée à chaque OPJ, articulée comme suit : élite, très
bien, bien, médiocre.
Par ailleurs, il importe d’indiquer que l’OPJ qui a été mal coté peut être sanctionné et il
risque même de perdre momentanément sa qualité par le retrait. Ce dernier est ne sanction
administrative infligée à l’OPJ ferré par le parquet. Le parquet lui retire sa carte de service lui
conférant qualité. Cependant, l’OPJ dont la qualité a été retirée peut être réhabilité si les raisons
qui ont milité au retrait cessent d’exister.
Par ailleurs, faut-il le rappeler que l’OPJ dont la qualité a été retirée doit s’abstenir à poser
des actes de sa profession, car il s’exposera aux poursuites disciplinaires et même judiciaires
consécutives.

b. Rapports entre la police judiciaire et le ministère public sur le plan fonctionnel 7ou des
attributions

Il existe trois types de pouvoirs exercés entre la police judiciaire et le parquet, notamment :

6
La qualité est octroyée par un arrêté interministériel, justice et intérieur car cet agent doit être
budgétisé. C’est dans l’article 10 du code d’OCJ qu’on trouve le libellé du serment d’OPJ.
7
C’est sur le plan du pouvoir.
11
 Les pouvoirs communs
 Les pouvoirs susceptibles de délégation
 Les pouvoirs non susceptibles de délégation.

Il importe d’indiquer que l’officier du ministère public peut lui-même exercer toutes les
attributions d’un OPJ. Cependant, l’officier du ministère public peut charger un OPJ d’effectuer
les devoirs d’enquête. En sa qualité d’auxiliaire du ministère public, l’OPJ dispose de certains
pouvoirs inhérents à cette qualité. Voilà pourquoi, il est nécessaire d’analyser les trois rubriques.

a. Pouvoirs communs entre le parquet et la police judiciaire

Au terme des articles 2, 3, 4 du code de procédure pénale, les pouvoirs communs entre la
police judiciaire8 et la police judiciaire sont :
La constatation matérielle d’une infraction : lorsqu’une infraction est perpétrée, l’OPJ comme
le parquet, le ministère public, peut constater une infraction en établissement un PV de
constat.
L’interrogatoire du suspect : l’OPJ (aussi le ministère public) a le pouvoir d’interroger un
individu suspecté auteur de l’infraction. Il a le pouvoir de recueillir ses explications, sa version des
faits9. L’interrogatoire est constaté sur PV qui doit reproduire fidèlement les questions et réponses
qui ont été posées. Le PV d’interrogatoire doit être daté et signé. Il est signé par l’interrogé après
la mention lu et approuvé. L’OPJ signe aussi le PV avec la formule Je jure sur l’honneur que
les contenus du présent PV sont vrais.
La saisie d’objets : l’OPJ peut se saisir des objets ayant trait à l’infraction poursuivie. Il établit
un PV de saisie d’objets qui doit reproduire avec détail tous les objets concernés.
L’audition des témoins : un OPJ dispose du pouvoir d’auditionner les témoins. Un témoin
c’est toute personne qui a vu ou a entendu la commission d’une infraction. Elle a l’obligation de
rapporter à la justice tout ce qu’elle a vu ou qu’elle a entendu. Il existe une différence entre un
témoin et un renseignant. Le renseignant c’est aussi une personne qui a vu ou a entendu la
commission d’une infraction mais qui, en raison de circonstances10, ne peut être tenu à l’obligation
de dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité et pour la vérité : C’est le serment du témoin
alors que le renseignant ne prête pas serment…

Concrètement, ce pouvoir concerne les actes d’instruction dans la recherche de


l’infraction. Il existe une différence entre les actes d’instruction et les actes de poursuite. Les actes
d’instruction concourent à la recherche de la vérité sur le fait. Il importe de rappeler que la loi
confère au ministère public secondé par les OPJ, le pouvoir de poser les actes nécessaires à la
découverte de la vérité sur le fait, conformément à la loi. C’est pourquoi, le ministère public,
secondé par l’OPJ, peut, procéder à la saisie d’objets, à la saisie du suspect, les perquisitions

8
Lorsqu’il y a soupçon de la commission d’une infraction, l’OPJ n’a pas le pouvoir d’ouverture d’une
enquête
9
Il faut créer une atmosphère de confiance lorsqu’on organise un PV, càd dans le respect des règles de
l’art et non sous torture
Question : Distinction entre le séquestre et le scellé
10
Par exemple en raison de la parenté pour deux personnes qui ont des liens. Dans le fait d’interroger le
témoin et le renseignant, il n’y a pas de différence. Mais la différence n’intervient que par rapport à ce
que prévoit le droit.
Procédure pénale

domiciliaires, les fouilles corporelles, l’exhumation des cadavres… Tous ces actes sont qualifiés
des actes d’instruction.

Les actes de poursuite concernent la détermination du sort de la cause à l’issue de


l’instruction.

b. Les pouvoirs susceptibles de délégation

Ce sont des pouvoirs qui sont principalement dévolus au ministère public mais que la
police judiciaire peut exercer dans deux hypothèses, à savoir : en cas de flagrance11 et en cas de
délégation expresse. Parmi ces pouvoirs, on peut noter :

 Les perquisitions domiciliaires : c’est l’acte par lequel l’autorité judiciaire pénètre dans le
domicile du suspect en vue d’y rechercher les éléments ou objets liés à l’infraction. Les
perquisitions domiciliaires ne peuvent être faites qu’à partir de 5h et doivent se terminer avant
21h. Toutefois, il est possible de perquisitionner un domicile en dehors de cet intervalle si telle est
la volonté du maître de maison ou si le président du tribunal l’a autorisé, conformément aux
articles 22, 23 du code de procédure pénale. Il importe d’indiquer que toute perquisition
domiciliaire est constatée sur PV et elle doit se faire en la présence du maître de maison.
 Les fouilles corporelles ou exploration corporelle (art 26 code de procédure pénale) : la
question qui se pose ici est celle de savoir si un magistrat peut fouiller une fille suspecte ?
 L’exhumation des cadavres12
 Le pouvoir de décerner le mandat : c’est le ministère public qui peut, conformément aux
articles 15 et 16, décerner le mandat de comparution ou d’amener. Le mandat de comparution est
l’acte par lequel le ministère public invite le suspect à son office. Ce mandat a la nature d’une
invitation (car l’OPJ agit par convocation). Cependant, ce mandat peut se transformer au mandat
d’amener13 si le suspect ne répond pas au mandat de comparution. Mais, l’article 5 reconnaît à
l’OPJ le pouvoir de décerner ce mandat en cas de flagrance.
 Les réquisitions à la force publique : c’est le fait pour le ministère public de solliciter
l’intervention de la force publique en vue de briser la résistance. C’est aussi au ministère public
que revient le pouvoir de requérir le ministère d’un interprète, d’un traducteur ou d’un expert.
L’OPJ ne peut exercer ce pouvoir qu’en cas de flagrance (cf. art 11 et 12) ou en cas de délégation
expresse.14
 Le pouvoir d’enquête ; etc.

c. Les pouvoirs non susceptibles de délégation

11
Cf. article 5 du code de procédure pénale. L’OPJ n’a pas le pouvoir de perquisitionner une maison sauf en cas de
délégation de la part du ministère public.
Question de recherche : Peut-on perquisitionner le cabinet d’un médecin ou celui d’un avocat ? Si oui, comment ? Si
non pourquoi ?
12
Le fait de déterrer un cadavre pour une raison quelconque.
13
Ce mandat est revêtu d’une force exécutoire.
14
Question : différence entre une réquisition d’information et un mandat fait par le MP à un OPJ. Autre question :
distinction entre un dossier RMP et un dossier RI au parquet.
13
Ce sont des pouvoirs exclusivement dévolus au parquet et le parquet ne les délègue en
aucun cas. Parmi ces pouvoirs, on peut citer :

o La condamnation d’un témoin récalcitrant (cf. art 19)


o La fixation du dossier au tribunal
o L’inspection et surveillance des lieux carcéraux (cachot, amigo, maison d’arrêt, prison, camp
de détention, le centre pénitentiaire de rééducation, les EGEE, les maisons de placement, etc.
o La direction de la police judiciaire : elle est un auxiliaire du parquet.

Section 02. Le déroulement de l’enquête préliminaire

§1 Idées maîtresses du déroulement de l’enquête préliminaire

Conformément à la loi, lorsque la police judiciaire est saisie d’une infraction, elle pose tous
les actes nécessaires à la découverte de la vérité sur le fait. Les actes posés doivent respecter la
structuration des pouvoirs justifiant les rapports entre l’OPJ15 et le ministère public. L’OPJ pose
donc successivement les actes se rapportant aux pouvoirs communs, aux pouvoirs susceptibles de
délégation et par flagrance.

Lorsque l’OPJ a cristallisé les faits tels que perpétrés au moment de l’acte, il les qualifie en
respectant les principes de qualification, parmi lesquels on peut citer : la qualification provisoire,
la qualification intangible et la qualification successive. Les principes applicables aux seules
qualifications multiples : qualification alternative et qualification concurrente.

Qualifier un fait c’est le rendre ou l’ériger en infraction. Avant de qualifier, il faut d’abord
reconstituer le fait et après il faut qualifier, càd rechercher si le fait constitué rentre dans l’arsenal
pénal congolais.

Lorsque l’OPJ s’estime suffisamment renseigné sur le fait et lorsqu’il a retenu une
prévention, il doit décider du sort de ce fait conformément à la loi en vue de clôturer l’enquête
préliminaire.

§2 La clôture de l’enquête préliminaire

L’OPJ qui a qualifié le fait et qui réfléchit sur le sort de ce fait, il peut soit classer le
dossier sans suite pour un fait non établit. Il peut aussi proposer le paiement de l’amende
transactionnelle conformément à l’article 9 du code de procédure pénale seulement s’il s’agit d’un
fait bénit pour lequel le juge même se bornerait à prononcer une simple peine d’amende s’il a été
saisi.

15
Lorsque l’OPJ reçoit une plainte sur la commission d’une infraction, il doit faire un PV de constat et soumettre le
dossier au ministère public.
Questions : L’historique du parquet dans l’évolution du droit
Différence entre système judiciaire, pouvoir judiciaire et autorité judiciaire
Différence entre la politique pénale, la politique judiciaire et la politique criminelle
Différence entre l’acte de palais et l’acte d’hôtel.
Procédure pénale

Enfin, lorsque l’OPJ qui a cristallisé le fait, qui a retenu une prévention, constate que
l’infraction retenue est grave, il transmet le rapport au parquet avec tous les éléments nécessaires
concernés. Lorsque le parquet reçoit le rapport de l’OPJ, commence alors l’instruction
préparatoire.

Il importe de noter ou d’indiquer que le parquet n’est pas lié par le rapport de l’OPJ ; il en
apprécie souverainement la valeur probatoire. Sauf, pour les PV de constat de la validité des
denrées alimentaires et les PV faisant foi jusqu’à la preuve du contraire.

Chapitre 03
L’INSTRUCTION PREPARATOIRE

Section 1. Le parquet
Celui-ci est un service de l’état créé pour veiller au maintien de l’ordre public au sein de
l’état. C’est au nom et pour le compte de l’état ou de la société que le parquet agit. Il veille donc
au maintien de l’ordre public en recherchant les infractions, en identifiant l’auteur et en le déférant
devant les cours et tribunaux.

Dans l’ancien régime français, les avocats du roi se mettaient dans l’estrade lors du
procès ; d’où la terminologie parquet reconnue au service qui a subrogé le rôle de l’avocat du roi.
Il importe d’indiquer que l’analyse du parquet dans une approche diachronique fait état d’une
mutation du concept avocat du roi à celui de procureur du roi avant de devenir procureur de la
république.
Les attributions du ministère public sont consacrées aux articles 67-69 de la loi du 11 avril
2013 portant code d’OCJ. De ces dispositions découlent les attributions du ministère public en
matière pénale et en matière civile. En matière pénale, l’article 67 détermine les fonctions du
ministère public.

Section 2. Les principes directeurs du ministère public

Dans l’exercice de ses fonctions, le magistrat du ministère public est régi par les principes
ci-après :
o Le principe de la subordination hiérarchique
o Le principe de l’indivisibilité et de l’unité du ministère public
o Le principe de l’irrécusabilité et de la décharge
o Le principe de l’irresponsabilité.

§1 Le principe de la subordination hiérarchique

Le parquet constitue un corps fortement hiérarchisé. Chaque magistrat de parquet obéit aux
ordres de la hiérarchie. La subordination hiérarchique se cristallise non seulement à travers le
contrôle des activités du parquet qui se fait administrativement selon les gradations hiérarchiques,
mais également les orientations dans l’exercice de l’action publique. C’est de la subordination
hiérarchique qu’est née la pratique des visas des dossiers.
15
Le magistrat de parquet qui reçoit l’instruction de la hiérarchie est tenu d’obéir, faute de
tomber dans l’insubordination susceptible de l’exposer à l’action disciplinaire16.

Cependant, la subordination hiérarchique ne peut ébranler l’autonomie ou l’indépendance


du magistrat pendant l’instruction de la cause, de sorte que dans certains cas, le magistrat de
parquet peut faire usage de l’adage Si la plume est serve, la parole est libre. Le magistrat de
parquet, à en croire cet adage, lorsqu’il n’est pas convaincu par l’orientation reçue de la hiérarchie,
il va par contre respecter l’orientation dans ses écrits ; mais lorsqu’il prend la parole au tribunal, il
donne sa conviction à lui en prouvant cette contradiction par l’emploi de cet adage.

Il existe une pratique, partant de la subordination hiérarchique, l’appel des dossiers en


communication. Cette pratique ne se fonde pas seulement sur la subordination hiérarchique, mais
aussi sur la plénitude de l’exercice de l’action publique17 avec son corollaire de substitution.

§2 Le principe de l’indivisibilité et de l’unité du ministère public

Ce principe voudrait dire que les magistrats du ministère public constituent un corps
indivisible, uni ; ce que fait l’un engage les autres ; le travail commencé par l’un peut être achevé
par l’autre sans embage. C’est partant de ce principe qu’au niveau du tribunal que l’accent n’est
pas mis sur l’OMP audiencé mais plutôt sur le ministère public.
Par ailleurs, depuis l’éclatement des ordres de juridiction18, le principe de l’indivisibilité ou
de l’unité pose une problématique de sa persistance. En effet, près chaque ordre de juridiction est
placé un parquet. Il existe donc les parquets près les juridictions de l’ordre judiciaire, les parquets
près les juridictions de l’ordre administratif et les parquets près la cour constitutionnelle. Ce
triptyque de parquet pose à coup sûr une problématique du principe de l’indivisibilité ou de l’unité
du ministère public.

§3 Le principe de l’irrécusabilité et de la décharge

L’irrécusabilité constitue un corollaire du principe de l’unité et indivisibilité du ministère


public, en ce sens que les actes posés par l’un engagent tout le corps. Comment récuser alors un
ministère public19 dans ces conditions ?

Cependant, aux termes de l’article 59, le magistrat du ministère public qui se retrouve aux
mêmes conditions de l’article 49 de la même loi (OCJ) peut être déchargé par son autorité
hiérarchique et la cause pendante de la cause devant le tribunal. Ainsi, le justiciable qui soupçonne
quelques accointances entre son adversaire et l’officier du ministère public audiencé peut solliciter
et obtenir la décharge de cet OMP de sa cause. Il devra alors se référer à la hiérarchie du parquet
pour les besoins de cette cause.

16 er er
En OCJ on part (en faisant la gradation) de supro, 1 supro, prorép, SPG, AG, PG, AGR, 1 AGR et PGR : c’est la
subordination hiérarchique du parquet. Lorsque le magistrat de parquet instruit le dossier, il doit d’abord faire
rapport à la hiérarchie avant de fixer la cause au tribunal.
17
C’est la PG qui a la plénitude de l’exercice de l’action publique. Lorsqu’une action publique prend une mauvaise
orientation sur un dossier, il peut demander que ce dossier soit traité chez lui par l’appel des dossiers en
communication.
18
Avec la constitution de 2006
19
On ne peut pas le récuser parce qu’ils constituent un tout, une unité indivisible mais on peut demander qu’il soit
déchargé
Procédure pénale

§4 Le principe de l’irresponsabilité

Le magistrat de parquet agit au nom et pour le compte de l’état. Il est donc


individuellement irresponsable des actes qu’il pose. Cependant, le magistrat de parquet peut
engager sa responsabilité lorsqu’il agit avec négligence, imprudence ou faute. Il peut donc être
poursuivi pénalement, civilement et disciplinairement20.

Section 3. Economie générale de l’instruction préparatoire

L’instruction préparatoire est une activité du parquet par laquelle le parquet cherche à
constituer le dossier de l’accusation à soutenir devant le tribunal. Elle est préparatoire non
seulement parce que l’instruction proprement dite se déroule au tribunal, mais également et surtout
parce que les actes du parquet ne sont pas définitifs ; seul le juge est habilité à décider
définitivement sur une cause ou sur une personne conformément à l’article 150 al 1 de la
constitution.
Le parquet exerce l’action publique lorsqu’il est saisi soit par plainte de la victime, soit par
dénonciation et soit de son propre chef (motu proprio). Le parquet est saisi par rapport de la police
judiciaire. Lorsque le parquet est saisi, commence alors l’instruction préparatoire qui se déroule
conformément aux pouvoirs communs, susceptibles de délégation et non susceptibles de
délégation. Ainsi, par exemple, le parquet fait la constatation matérielle de l’infraction (cf. PV de
constat), organise l’interrogatoire du suspect, procède à la saisie d’objets, rassemble les pièces à
conviction, établit des mandats (de comparution, d’amener, de perquisition,…).

Par ailleurs, il importe d’indiquer que l’officier du ministère public apprécie souverainement
le rapport d’enquête qui lui est transmis par la police judiciaire ; il n’est pas obligé de gober
l’orientation de l’OPJ. Il évalue la valeur probatoire des PV. Il peut garder certains ou annuler
d’autres, sauf pour les PV constatant la validité des denrées alimentaires, lesquels PV lient le
parquet jusqu’à preuve du contraire. C’est aussi le cas des PV établis par les OPJ à compétence
restreinte de certains services spécialisés. Le ministère public pose tous ces actes jusqu’à ce qu’il
s’estime suffisamment renseigné sur les faits et sur l’auteur. L’essentiel de sa démarche doit
s’orienter dans le sens de reconstituer le fait tel que cristallisé au moment de l’acte. Lorsque le fait
est reconstitué, il peut aisément le qualifier et enfin, il devra déterminer le sort à réserver à ladite
affaire ; c’est l’étape de la clôture de l’instruction préparatoire.

20
Comment ? Une question à trois volets
17
Chapitre 02

LES MESURES PRIVATIVES OU RESTRICTIVES DES LIBERTES


PENDANT L’INSTRUCTION PRE JURIDICTIONNELLE
Section 1. Focus sur la présomption d’innocence

Il est de principe conformément aux textes tant nationaux qu’internationaux, toute


personne accusée d’une infraction doit être présumée innocente jusqu’à preuve de sa culpabilité
par un jugement définitif rendu publiquement dans lequel toutes les garanties liées au respect du
droit à un procès équitable lui auront été assurées. Tel est l’esprit des dispositions pertinentes de la
déclaration universelle des droits de l’homme du pacte international relatif au droit civil et
politique de différents textes régionaux et sous régionaux relatifs aux droits de l’homme. L’esprit
de la constitution congolaise, en son article 17 et de toutes les autres lois se rapportant à la
procédure pénale.

De la présomption d’innocence découlent plusieurs implications, parmi lesquelles :

 La garantie de la liberté individuelle tout au long de toute la procédure pénale (l’article 17 de la


constitution dispose : la liberté individuelle est garantie, elle est la règle ; la détention est
l’exception).
 Le respect des droits de la défense21 est le droit de l’accusé22
 Le respect du délai raisonnable : le délai raisonnable peut être entendu comme ce temps
rationnel dans la répression d’une infraction. Il est de principe, tout justiciable a droit que sa
cause soit entendue par un juge indépendant et dans un délai raisonnable. Il s’agit là des
composantes du droit à un procès équitable qui suppose l’accès au juge, égalité des chances,
égalité des armes, le délai raisonnable dans le déroulement du procès pénal23.
 Les voies de recours : qu’est-ce que ? quelles sont et pourquoi ? Trois questions

Par ailleurs, la présomption d’innocence peut connaître quelques dérogations sans pourtant
entamer sa substance ; c’est notamment dans l’hypothèse des mesures privatives ou restrictives
des libertés avant toute condamnation. Parmi ces mesures, on peut analyser :

 La garde à vue
 L’arrestation provisoire
 La détention préventive
 La détention administrative
 L’arrestation anticipée.

21
Ensemble de mécanismes reconnus à un individu pour faire prévaloir ses intérêts
22
Question : la différence entre les deux.
23
L’accusation que fait le MP au tribunal est l’incarnation de l’état, càd au nom de l’état. Mais l’état vient accuser
dans un équilibre de droit pour maintenir l’impartialité du juge. Lorsque le MP est devant le juge, il doit être
considéré au même titre que l’accusé pour maintenir l’équilibre. C’est pourquoi on dit que dans un procès pénal, le
MP n’est qu’une partie, celle du demandeur. Question : qui est censé faire respecter la présomption d’innocence et
qui peut violer la présomption d’innocence ? Cf. Molière TV
Procédure pénale

Section 2. Analyse des mesures privatives et restrictives des libertés


§1 La garde à vue
a. Notions

La garde à vue est définie comme une mesure privative de liberté ordonnée par la police
judiciaire pendant l’enquête préliminaire aux conditions ci-après :

 Lorsqu’il y a indice sérieux de culpabilité24


 La crainte de la fuite du suspect25
 La crainte de menacer les témoins gênants
 La crainte d’effacer ou de dissiper les traces de preuve
 L’identité douteuse.

L’OPJ, se retrouvant en face d’un auteur présumé de l’infraction et qui tombe sous le coup
d’une des conditions ci-haut énumérées, peut le mettre en garde à vue. La garde à vue ne peut
excéder 48 heures26.

Il existe deux de garde à vue : garde à vue mesure d’instruction et garde à vue pour des
raisons d’enquête.
La garde à vue mesure d’instruction est celle qui est classique, ordonnée dans les conditions sus
évoquées ; alors que la garde à vue pour des raisons d’enquête est celle qui accompagne une
enquête et qui dure autant que dure l’enquête, sans dépasser 24 heures. L’OPJ qui a ordonné la
garde à vue est tenu à l’issue de 48 heures de la garde à vue27, soit de relaxer la personne, soit
encore de la transférer au parquet avec l’ensemble du rapport

§2 L’arrestation provisoire (Mandat d’arrêt provisoire)

L’arrestation provisoire est une mesure privative de liberté ordonnée par l’officier du
ministère public pendant l’instruction préparatoire lorsque l’inculpé tombe sous le coup de
l’article 27 du code de procédure pénale, notamment : indice sérieux de culpabilité, la crainte de la
fuite, la crainte de menacer le témoin gênant, la crainte de dissiper les traces de preuve, l’identité
douteuse. C’est par un mandat d’arrêt provisoire que l’OMP ordonne l’arrestation provisoire.

L’arrestation provisoire est ordonnée pour une durée ne dépassant pas 5 jours. Dépasser ce
délai, l’OMP qui n’a pas fini d’instruire et qui a encore besoin de garder la personne aux frais, est
tenu de saisir le juge du tribunal de paix28 en chambre du conseil en vue de solliciter la mise en
détention préventive.

24
Ici la loi n’a pas donné de contenu ; c’est la doctrine qui donne la définition : éléments évidents qui laissent
penser que ce monsieur a commis des faits
25
Y a-t-il une différence entre un suspect et une personne accusée de l’infraction ?
26
Comment fait-on le calcul du temps pour la garde à vue ?
27
Elle a été relevée au niveau de la constitution, dans son article 18. C’est ce qui fait sa particularité. Pour cet article,
la personne doit d’abord être entendue avant d’être en détention.
28
Même
19
§3 La détention préventive

C’est une mesure exceptionnelle29 privative de liberté ordonnée par le juge du tribunal de
paix en chambre du conseil à la requête du ministère public, la personne poursuivie entendue en
audience à huis clos organisée en chambre du conseil, lorsque l’instruction révèle les conditions
de l’article 27 du code de procédure pénale. Le juge du tribunal de paix en chambre du conseil
ordonne la détention préventive pour 15 jours francs. Il faut indiquer que ce délai est prorogeable.

En effet, si après quinze jours de détention préventive le ministère public n’a pas fini
d’instruire et que les conditions de détention persistent, peut solliciter la prorogation de la
détention préventive devant le même juge qui peut accorder cette prorogation pour 1 mois et il
peut en être ainsi de mois en mois sans dépasser trois renouvellements (prorogations).

Cependant, si après trois prorogations le ministère public ne finit toujours pas son
instruction et que les conditions de détention persistent, il peut solliciter une prorogation
exceptionnelle, non pas en chambre du conseil mais en audience publique et cette prorogation
peut lui être accordée autant que durera l’enquête (son instruction), quitte à déduire le temps 30
passé en détention de la peine à prononcer à l’issue du procès, conformément à l’article 31 alinéa
3 du code de procédure pénale (pour plus de détails, lire de l’article 27 à 41).

L’ordonnance de détention préventive est susceptible de recours en appel, conformément à


l’article 37 du CPP ; conformément aux articles 37 à 41 du CPP. L’appel se fait dans un délai de
24 heures.

Par ailleurs, si l’ordonnance de détention préventive est susceptible d’appel, il y a lieu de


se demander si cette ordonnance est susceptible de cassation. A cette question, il y a lieu de noter
que la période allant de 82 à 99, cette ordonnance de détention préventive était susceptible de
cassation sur la base d’une décision de la cour suprême de justice ; et la même pour en 99 avait
pris une autre décision interdisant la cassation en matière de détention préventive. Donc
désormais, plus de cassation contre les ordonnances en matière de détention préventive.

A. Conditions
La régularité de la détention préventive implique le respect des conditions de fonds et de
forme. Conditions de fonds sont celles consacrées à l’article 27 sus analysé ; et les conditions de
forme sont :
o La requête du ministère public adressée au juge en chambre du conseil31
o L’interrogatoire préalable
o La tenue de l’audience à huis clos32

Lorsque la personne poursuivie est privilégiée de juridiction de la cour de cassation, la


détention préventive est transformée en la mise sous résidence surveillée.

29
Le principe c’est la liberté, l’exception c’est la détention et l’exception de l’exception c’est la liberté provisoire.
30
S’il n’est pas condamné, l’état devra le dédommager en vertu du principe de l’irresponsabilité.
Question de recherche : différence entre Ordonnance de Détention Préventive et Ordonnance de Confirmation
31
Différence entre chambre foraine et chambre du conseil.
32
Différence entre détention illégale et détention irrégulière.
Procédure pénale

B. La liberté provisoire et la mainlevée de la détention


a. La liberté provisoire

La liberté provisoire est une mesure de relaxation de la personne détenue sous certaines
conditions conformément à l’article 32 du texte sous examen. C’est une mesure exceptionnelle
dont peut bénéficier une personne sous détention préventive, arrestation provisoire et garde à vue
sous certaines conditions prévues par la loi. C’est une exception de l’exception étant entendue que
la détention préventive en est déjà une. L’article 17 de la constitution indique : "La liberté
individuelle est garantie, elle est la règle ; la détention est l’exception". Parmi les conditions de la
liberté provisoire, on peut noter :

o Le cautionnement ( la caution est un terme inapproprié) c’est le civilement responsable ;


c’est une somme d’argent que le détenu doit mettre à la disposition du trésor public en vue
de garantir sa comparution. Cette somme d’argent doit être en même de garantir
effectivement la comparution de l’inculpé. Cette somme est remboursable en principe à
l’issue du procès quelle qu’en soit l’orientation.
o L’obligation de répondre présent à toutes les invitations de l’autorité judiciaire.
o L’interdiction de quitter une certaine zone et de se retrouver au poste frontalier.

b. La mainlevée de détention.

Aux termes de l’article 33 et 34 de la procédure pénale, le ministère public, aussi


longtemps qu’il n’a pas fixé le dossier au tribunal, peut, s’il estime qu’en raison des éléments en
présence qu’il y a lieu de conclure que l’infraction n’est pas établie mais que le suspect est en
détention, accorder la mainlevée de cette détention sans aucune autre formalité généralement
quelconque. La doctrine s’interroge sur la pertinence d’une telle disposition. Comment le ministère
public peut-il lever une mesure qu’il n’a pas ordonnée ?

A cette préoccupation, la protection des droits fondamentaux et liberté fondamentale


priment sur tout autre acte d’instruction.

§4 la détention administrative et arrestation anticipée

La détention administrative est celle qui est ordonnée par certains services spécialisés en
dehors de toute procédure judiciaire et est régie par des lois spéciales. C’est notamment le cas de
détention opérée par l’ANR, la DGM33.

33
La DGM peut aussi mettre en détention lorsque par exemple il est question d’immigré.
21
Titre 2 : La poursuite

Lorsque le magistrat instructeur34 s’estime suffisamment renseigné sur le fait et sur


l’auteur, il doit donner suite au dossier. Il est question à ce niveau de s’interroger sur le sort à
réserver au dossier ainsi instruit. En règle générale, il existe deux principes directeurs fondant la
détermination du sort du dossier instruit par le magistrat instructeur. Il s’agit des principes ci-
après :

 Principe de la légalité de poursuite


 Principe de l’opportunité de poursuite

La légalité de poursuite se perçoit de deux manières : d’abord comme obligation


qu’incombe au magistrat instructeur de fixer le dossier au tribunal lorsqu’il finit l’instruction du
dossier ; et c’est la perception de la procédure dans le système anglo-saxon (common low).
Ensuite, la légalité de poursuite renvoie à la détermination du champ pénal, mais également de
poursuite pénale. La constitution congolaise par exemple, confère à la loi le pouvoir de créer des
institutions judiciaires ainsi que les procédures y appliquées. Voilà pourquoi on affirme que la
procédure est de source essentiellement légale.

Le principe de l’opportunité de poursuite est celui dans lequel le magistrat instructeur qui
clôture l’instruction préparatoire dispose des pouvoirs d’appréciation du sort à déterminer au
dossier ainsi instruit. Si dans la légalité de poursuite le magistrat instructeur doit fixer le dossier au
tribunal, dans l’opportunité de poursuite, le magistrat instructeur peut fixer le dossier au tribunal 35.
L’opportunité de poursuite est d’application dans le système romano-germanique (civil low).

Chapitre 01.
POUVOIR D’APPRECIATION DU MINISTERE PUBLIC EN DROIT
CONGOLAIS

En droit congolais, le parquet joue un rôle hybride : il est à la fois magistrat instructeur et
ministère public. Lorsqu’il a fini l’instruction dans un dossier, càd lorsqu’après enquête et
instruction préparatoire et s’il s’estime suffisamment renseigné sur le fait tel que cristallisé au
moment de l’acte, s’il s’estime suffisamment renseigné sur l’auteur de ce fait, il peut décider de
poursuivre (saisir le tribunal en vue d’un procès).
A l’issue de cette instruction, le magistrat de parquet dispose du pouvoir d’appréciation qui
lui permet soit de classe le dossier sans suite, soit de proposer l’amende transactionnelle, soit enfin
de saisir les cours et tribunaux pour fixer le dossier au tribunal.

Section 1. Le classement sans suite

Par classement sans suite, il faut entendre mesure administrative par laquelle le magistrat
du parquet, pour une raison généralement quelconque, décide de ne pas poursuivre le fait instruit.

34
Ce n’est pas à lui d’apprécier ou d’évaluer l’opportunité de poursuite ; il doit fixer le dossier au tribunal.
35
Parce qu’il dispose d’un pouvoir d’appréciation.
Procédure pénale

Le classement sans suite est une mesure administrative parce qu’elle n’éteint pas l’action
publique, càd après avoir classé le dossier sans suite, le magistrat du parquet peut toujours
revenir à la charge lorsqu’il y a des éléments nouveaux susceptibles d’enrailler les motifs du
classement sans suite. La doctrine critique cette perception du classement sans suite, dans la
mesure où elle insécurise l’auteur qui est censé savoir même si le dossier est classé sans suite, il ne
reste pas moins à l’abri de toute poursuite à venir.

Parmi les motifs du classement sans suite, la doctrine a classifié deux catégories, à savoir :
motif de fait et motif de droit. Parmi les motifs de droit, on peut illustrer :
o L’amnistie
o La dépénalisation
o La prescription, etc.

Parmi les motifs de fait, on peut citer :


o Le fait non établi
o L’inopportunité de poursuite pour tension sociale ou climat politique36
o La qualité officielle

Section 2. L’amende transactionnelle

Aux termes de l’article 9 du CPP, l’OPJ ou le ministère public peut proposer le


paiement de l’amende transactionnelle lorsqu’à l’issue de l’instruction, il établit que l’infraction
qui est commise est une infraction bénigne ; c’est un fait bénin négligeable, infraction pour
laquelle, même en saisissant le juge, celui-ci se bornerait à prononcer une simple peine d’amende.
L’amende transactionnelle a pour finalité le désengorgement des cours et tribunaux.

Par ailleurs, il importe d’indiquer qu’il existe une controverse au sein de la doctrine
quant à la nature juridique de l’amende transactionnelle. Certains auteurs affirment que l’amende
transactionnelle est une peine, alors que d’autres pensent que l’amende transactionnelle n’est pas
une peine. Ceux qui pensent que l’amende transactionnelle n’est pas une peine arguent ce qui suit :
la peine obéit au nulla poena sine lege, càd seule la loi pénale fixe les peines ; or, en droit
congolais, c’est l’article 5 du code pénal congolais livre I qui donne la nomenclature des peines
prévues en droit congolais ; et dans cette nomenclature des peines, l’amende transactionnelle n’est
pas prévue. Voilà pourquoi, ces auteurs pensent que l’amende transactionnelle n’est pas une
peine.
Autre argument réside dans l’épithète transactionnelle racolée à l’amende ; ce qui
laisse glisser l’idée d’une transaction sur l’action publique. Or, l’action publique est d’ordre
public, elle ne se négocie pas, elle s’impose erga omnes.
Ceux qui pensent que l’amende transactionnelle est une peine rétorquent en arguant ce qui suit :
même non prévue dans l’article 5 du code pénal congolais livre I, l’amende transactionnelle est
prévue dans l’article 9 du CPP ; or, le code de procédure pénale c’est la loi pénale de forme ; donc,
la légalité de l’amende transactionnelle est garantie. Quant à l’épithète transactionnelle racolée à
l’amende, l’argument consiste à dire que la transaction ne porte pas sur l’action publique37, mais
plutôt sur le principe partant de la légistique de l’article 9 précité.

En effet, lorsqu’on scrute de façon heuristique l’article 9, on déduit que l’OPJ


n’impose pas l’amende transactionnelle, il propose plutôt ; càd la personne poursuivie n’est pas

36
La justice vise toujours ce qui rétablit la paix sociale. La vertu supérieure de l’homme est l’honnêteté.
37
On donne pouvoir au MP de proposer une amende transactionnelle, parce que nous sommes dans une politique
de désengorgement des tribunaux
23
tenue de suivre l’orientation de l’OPJ. Elle peut s’obstiner à payer ou s’abstenir à payer, dans quel
cas l’OPJ devra faire rapport à qui de droit.

Section 3. La fixation du dossier au tribunal (RFFDA)

De son pouvoir d’appréciation, le ministère public peut estimer que l’infraction établie
est grave et qu’il faut saisir le tribunal. Il rédige dans ce cas une requête aux fins de fixation de la
date d’audience. Cette requête est adressée au président du tribunal, et le président du tribunal
n’est pas le tribunal. Donc, la RFFDA ne saisit pas le tribunal.

Cependant, la RFFDA dessaisit le parquet38. La doctrine dégage une période flottante


entre le dessaisissement du parquet et la saisine du tribunal. En effet, la RFFDA dessaisit le
parquet alors qu’elle ne saisit pas le tribunal ; elle est plutôt adressée au président du tribunal.
Cette période est qualifiée par la doctrine de présaisine. Pendant cette période, c’est le président
du tribunal qui fait la gestion d’affaire du dossier (expédie les affaires courantes).

Chapitre 02.
LA PLACE DE LA VICTIME DANS UN PROCES PENAL

En droit congolais, la victime de l’infraction n’est pas définie. Le législateur se borne à


parler de la partie lésée par une infraction. Cette ambiguïté crée de difficultés dans l’identification
de la vraie victime de l’infraction. C’est la doctrine qui réfléchit et la jurisprudence essaie de
suivre sur ce que l’on peut retenir de la qualité de la victime d’une infraction. La victime d’une
infraction est soumise aux principes ci-après :
 Electa una via non datur non recursus ad alteram
 Le pénal tient le civil en état
 L’autorité de la chose jugée au pénal sur le civil (Res judicata pro veritate habetur).

Tous ces principes sont analysés dans la section relative aux droits d’option des victimes d’une
infraction. La deuxième section sera consacrée à la constitution de la partie dans un procès pénal.

Section 1. Les droits d’option des victimes de l’infraction

En droit congolais, la victime d’une infraction a droit à la réparation qu’elle peut obtenir, soit par
la voie pénale, soit par la voie civile. Elle peut donc faire le choix entre la voie pénale et la voie
civile. C’est ce choix de la victime qui est soumis aux principes ci-haut énumérés dont voici la
teneur.

§1. Electa una via non datur recursus ad alteram

Cet adage traduit l’irrévocabilité du choix de la victime ; càd la victime de


l’infraction39, disposant d’un choix entre la voie pénale et la voie civile pour la réparation de son
préjudice, est tenue d’obtenir réparation sur le choix opéré. Ce n’est pas possible de revenir ou de
changer d’avis. La traduction de cet adage est le choix d’une voie exclut l’autre voie.

38
Le parquet est tenu de transmettre tous les dossiers au président du tribunal qui à son tour instruira le greffier.
39
Si en étant victime on choisit la voie pénale, on sera alors appelé partie civile au procès et l’action sera appelée
action civile ; mais si on choisit la voie civile, cette action est appelée action en justice et l’auteur, la partie
demanderesse.
Procédure pénale

§2. Le pénal tient le civil en état

Lorsqu’un fait est revêtu à la fois de nature pénale et civile, l’on ne peut aborder
l’aspect civil qu’après avoir vidé au fond l’aspect pénal40.
En droit congolais, le pénal tient le civil en état est appliqué comme principe général de droit ;
aucun texte légal ne l’ayant consacré. Ce fondement juridique pose deux problématiques, celle de
son soubassement juridique41 mais également celle de sa portée et de son étendue42.

§3. L’autorité de la chose jugée au pénal sur le civil (Res judicata pro veritate habetur).

Ce qui est dit au pénal s’impose au civil. Le juge civil est lié par la position du juge pénal ; il ne
revient pas sur ce qui a déjà été décidé au pénal.

Section 2. La constitution de la partie civile43

Aux termes de l’article 69 du CPP et 108 de la loi du 11 avril 2013, la victime d’une
infraction peut obtenir réparation du préjudice subi par la voie pénale. Le juge pénal peut, à la
requête ou non de la victime d’une infraction, prononcer des dommages-intérêts en termes de
réparation du préjudice subi par la victime.

La constitution de la partie civile se fait ad nutum pour autant que le procès pénal ne
soit pas clos. Elle se fait par déclaration actée au greffe d’une juridiction de d’échéant moyennant
paiement des frais de consignation. Il importe d’indiquer que le défaut de paiement des frais de
consignation fait rejeter la demande de la victime pour fin de non-procédé44.

Chapitre 3. LES MODES DE SAISINE45 DU TRIBUNAL EN MATIERE PENALE46

Il existe six modes saisines du tribunal en matière pénale ; à savoir :

 La citation à prévenu
 La citation directe
 La comparution volontaire
 La sommation
 La conduite immédiate
 La saisine d’office.

40
Il s’agit ici des délits et des quasi-délits (qui sont des faits juridiques). Un fait juridique est celui dans lequel il y a
absence de volonté ; tandis qu’un acte juridique regorge la volonté humaine. Ce principe a des exceptions, par
exemple lorsqu’au tribunal de paix l’accusé constate qu’il existe des accointances entre l’accusateur et l’agent du
MP, on peut dans ce cas le récuser ou le décharger ; dans ce cas, le civil tient le pénal en état. Aussi lorsqu’on est au
tribunal, siégeant une infraction d’adultère, le mari dit au juge que votre tribunal ne peut se saisir de l’adultère car
notre mariage n’a jamais été célébré devant les membres de l’état civil. On devra alors arrêter le procès pénal pour
aller vérifier dans le registre des mariages. Donc, le civil est privilégié par rapport au pénal ; encore une exception.
41
Etant donné que les principaux généraux du droit comme source du droit n’ont pas de base juridique.
42
Portée et étendue : question de recherche
43
Lorsque la victime opte pour la voie pénale en vue d’obtenir réparation du préjudice subi, dans ce cas elle se
constitue en partie civile dans un procès pénale
44
Le fait de ne pas payer les frais exigés pour la recevabilité de la demande.
45
En langage juridique, on dit le tribunal est saisi. Par contre, on dit la saisine du tribunal.
46
Cf. art. 53-66 CPP
25
Section 1. La citation à prévenu et la citation directe
§1. La citation à prévenu
A. Notion

Par citation à prévenu, il faut entendre exploit introductif d’instance par lequel l’huissier de
justice porte à la connaissance d’une personne l’action publique déclenchée contre elle et la
somme à se présenter au jour et heure indiqués dans l’acte devant le tribunal pour y comparaître.
En d’autres termes, la citation à prévenu c’est l’acte par lequel le tribunal est saisi en matière
pénale.
La citation à prévenu obéit à deux conditions pour régulièrement saisir le tribunal, à
savoir :
o Elle doit être bien rédigée
o Elle doit être bien signifiée

1. La rédaction de la citation à prévenu

C’est le greffier du tribunal d’échéant qui rédige la citation à prévenu en respectant toutes
les mentions obligatoires d’une citation. Toute inexactitude ou omission d’une des mentions
obligatoires entraîne l’irrégularité de l’exploit ; et un exploit irrégulier ne peut pas régulièrement
saisir le tribunal. Mais, le tribunal ne peut se déclarer non saisi d’office étant donné le régime
juridique applicable à la nullité des actes de procédure irréguliers.

En effet, la nullité des actes irréguliers est soumise à deux principes, à savoir, pas de
nullité sans texte et pas de nullité sans grief, conformément à l’article 28 du décret du 7 mars 1960
portant code de procédure civile. Il importe d’indiquer que lorsque les irrégularités d’exploit ou
d’actes de procédure sont substantielles, la nullité est presque obligatoire. Lorsque les irrégularités
sont non substantielles, le tribunal en apprécie la pertinence.

Parmi les mentions obligatoires d’une citation à prévenu, on peut citer :

 Mention relative à l’indication du tribunal de céans


 Mention relative à l’identité des juges y séant
 Mention relative à l’identité de la personne citée
 Mention relative à l’incrimination reprochée
 L’identité du greffier ou huissier instrumentant
 L’indication du jour et heure de la première comparution
 L’indication de la signature.

2. La signification

La signification d’un exploit s’entend ou se définit comme l’acte par lequel l’huissier
instrumentant portant à la connaissance de la personne citée l’existence de l’exploit et le lui
remet. Il peut le lui remettre directement ou indirectement ; l’essentiel étant que la personne citée
entre en possession de l’exploit. Il existe cinq modes de signification de l’exploit, à savoir :

o Signification à personne : il y a signification à personne lorsque l’huissier instrumentant remet


l’exploit entre les mains de la personne concernée.

o Signification à domicile : lorsque l’huissier instrumentant se rend au domicile de la personne


citée. Si elle n’est pas là, elle doit chercher son allié. Si l’allié n’est pas là, il doit parler au
Procédure pénale

parent47. Si le parent n’est pas là, il faut parler au domestique ou à la sentinelle. S’il n’y a n
domestique ni sentinelle, il faut parler au voisin ; et si le voisin n’est pas là, il faut signifier au
chef du quartier. Si ce dernier n’est pas là, on se réfère à la commune ; quitte à la commune de
faire signifier à la personne citée48.

o Signification par lettre missive et messager : c’est lorsque la personne citée n’a de domicile
connu que dans une autre ville ou dans un milieu relativement éloigné. Elle se fait par lettre
recommandée à la poste moyennant récépissé soupli-fermé mais à découvert49. Le messager est
une personne de bonne volonté qui se rend dans la ville où se trouve la personne recherchée et
accepte d’apporter l’exploit à son attention.
o La signification par édit et missive : c’est lorsque la personne citée n’a de domicile connu
qu’à l’étranger. Elle se fait par voie postale ; lettre recommandée moyennant récépissé soupli-
fermé mais à découvert.
o La signification50 par édit et publication : c’est lorsque la personne citée n’a de domicile
connu ni en RDC, ni à l‘étranger. Elle se fait par voie d’affichage de l’extrait aux valves du
tribunal et par voie de publication de l’extrait au journal officiel.

B. Le délai

Le délai pour la citation à prévenu51 est de 8 jours ; et ce délai peut être prorogé du délai de
distance dont le calcul se fait par cent kilomètres le jour52. Par ailleurs, ce délai peut, pour des
raisons d’urgence, être abrégé de jour en jour et même d’heure en heure. L’abréviation du délai est
sollicité e par voie de requête et elle est ordonnée par voie d’ordonnance53.

§2. La citation directe

Mode de saisine du tribunal par lequel la victime d’une infraction se rend directement au
tribunal en vue de faire juger l’auteur de l’infraction qui la préjudicie. Le tribunal va alors se saisir
par citation directe.

Cependant, il importe d’indiquer, même lorsque le tribunal est saisi par citation directe,
c’est toujours le ministère public qui demeure le maître de l’action publique. La victime de
l’infraction ne va se limiter qu’à se constituer partie civile.

Il importe de noter qu’il n’existe pas de citation directe contre le justiciable privilégié de
juridiction. Le droit pénal et la procédure militaire n’acceptent pas la citation directe.

§3. La comparution volontaire

C’est un mode de saisine du tribunal par lequel l’auteur de l’infraction se rend lui-même au
tribunal en vue d’être jugé. Cette hypothèse est très peu vérifiable dans la pratique. Cependant,

47
Toute personne justifiant un lien de consanguinité
48
Si la personne refuse de signe »r l’accusé de réception, que fera l’huissier ?
49
A chercher
50
En matière d’exploit, le code de procédure pénale n’a rien prévu ; d’où on se réfère à la procédure civile. Celle-ci
comble toutes les lacunes de la procédure pénale.
51
C’est le greffier qui la rédige.
52
Le délai peut être ordinaire ou franc. Le délai se calcul en tenant compte de cent kilomètres par jour.
53
Différence entre lest actes juridiques d’une juridiction et les actes juridictionnels d’une juridiction.
L’action du tribunal saisi par citation est appelée acte juridictionnel

27
l’on envisage l’hypothèse d’une comparution volontaire lorsque l’exploit contient une irrégularité,
mais que le défendeur accepte de comparaître malgré cette irrégularité.

§4. La sommation

Aux termes de l’article 66 du code de procédure pénale, la sommation est un mode de saisine du
tribunal qui peut subroger toute citation pour des raisons généralement quelconques. Elle est
généralement verbale et ordonne à la partie concernée de venir comparaître au tribunal au jour et à
l’heure précisés ou indiqués ; et pour que nul n’en prétexte l’ignorance, il est fait PV de
sommation dûment signé.54

§5. La conduite immédiate

C’est un mode de saisine du tribunal en matière de flagrance.

 Focus sur la flagrance

Régie par l’ordonnance du 1978, l’infraction flagrante est celle qui se commet
instantanément, simultanément, concomitamment ou l’état de l’infraction qui vient de se
commettre. Il existe donc trois types d’infractions flagrantes, à savoir :

 La flagrance proprement dite (l’instantanéité dans la commission) ;


 La flagrance réputée (la notion du temps voisin càd le temps le plus proche de l’acte) ;
 La flagrance présumée (volonté du législateur).

La particularité de la flagrance réside dans la célérité de la procédure, càd la procédure est


accélérée ; elle est spéciale. L’article 6 du CPP donne pouvoir à toute personne, en cas de
flagrance, d’arrêter l’infracteur avec l’obligation de l’acheminer devant l’autorité judiciaire la plus
proche ; et l’autorité judiciaire doit toutes affaires cessantes, donner suite à la cause. Si c’est
l’OPJ, il doit toutes affaires cessantes, procéder l’enquête préliminaire et l’acheminer devant le
ministère public ; et le ministère public, toutes affaires cessantes, doit conduire immédiatement la
personne au tribunal ; et le tribunal doit toutes affaires cessantes, donner suite au dossier au plus
tard au lendemain de sa saisine. Le tribunal peut même se prononcer sur simple dispositif. Quitte à
régulariser la rédaction par la suite. C’est dans ce contexte que l’on affirme la saisine du tribunal
par conduite immédiate.

Par ailleurs, la flagrance implique aussi défaut de pertinence de la qualité officielle55.

§6. La saisine d’office

C’est un mode saisine du tribunal en vue de délit d’audience. Un délit d’audience est une
infraction qui se commet en plein procès et quand c’est le juge qui a la police d’audience, il a le
pouvoir de se saisir d’office et demander au ministère public de présenter ce réquisitoire quant à
ce.

54
Génériquement, la sommation saisit le tribunal lorsque ce dernier a été déjà saisi.
55
Parce que la flagrance est une procédure accélérée.
Procédure pénale

IIème partie : L’INSTRUCTION JURIDICTIONNELLE


OU LE PROCES PENAL

ANALYSE DU DEROULEMENT DU PROCES PENAL

Le procès pénal c’est ce forum au cours duquel on cherche à établir l’infraction ainsi que
son imputabilité à son auteur. Le procès pénal c’est lieu mais également un lien qui réalise
l’alchimie du drame pénal. Il vise a priori la catharsis entendue comme la purification des
passions par le spectacle d’une action tragique. Le décor du procès pénal, partant de
l’iconographie judiciaire, la structuration du jugement, les séquences du processus, le timing dans
la prise de parole, répondent à ces objectifs. Globalement, le procès pénal se déroule en deux
grandes phases, à savoir :

 La phase d’instruction à l’audience ou phase de mise en état ou encore phase de l’examen


de la forme ;
 La phase de débats ou phase de l’examen au fond.

Il est de principe en droit judiciaire que l’on n’aborde pas le fond tant que la forme n’est pas
soignée. Le déroulement du procès pénal est guidé par les principes ci-après :

o Le principe accusatoire : qui sous-entend l’oralité, la publicité et le contradictoire.


o La plénitude du pouvoir d’instruction dévolue au juge : dans un procès pénal, c’est le juge qui
dispose de pleins pouvoirs. Il a la police de l’audience, il dirige les débats, il veille au
maintien de l’ordre pendant le procès et le rétablit s’il échée.

o Accessori sequitur principale (l’accessoire sui le principal) : en plein procès pénal, le juge saisi
de l’action principale est aussi compétent pour toutes les exceptions sui sont soulevées, sauf
en cas des questions pré judiciaires. En effet, en droit judiciaire, on distingue deux types de
questions en termes d’exceptions, à savoir ; question préalable et question pré judicielle. Une
question préalable est une exception qui est soulevée devant un juge et qui relève de la
compétence de ce juge ; alors qu’une question pré judicielle est une exception soulevée
devant un juge mais qui relève de la compétence d’un autre juge.

o L’intime conviction du juge : ex aequo et bono. C’est le bon sens du juge ; c’est l’équité du
juge dans l’interprétation de la loi pénale d’application. C’est le sens élevé d’équité du juge
qui est appelé à appliquer la loi sans être au-dessus d’elle. Il est de principe qu’en procès
pénal, la décision est prise en vertu de l’intime conviction du juge.

De tout ce qui précède, la deuxième partie du cours sera analysée en deux titres :

Titre 1 : l’instruction à l’audience56


Titre 2 : le débat ou l’examen au fond

56
Quelle est l’étendue de la publicité d’une audience ?
29
Titre 1 : L’instruction à l’audience ou phase de mise en état

Etape du procès pénal au cours de laquelle le tribunal vérifie si le dossier est en état d’être jugé.
Cette étape est parsemée de cinq sous étapes, à savoir :
 La mise au rôle
 La comparution et la représentation des parties
 La règlementation des incidents
 L’administration de la preuve
 L’instruction liminaire.

Chapitre 1. LA MISE AU ROLE, LA COMPARUTION ET LA REPRESENTATION DES


PARTIES ET LA REGLEMENTATION DES INCIDENTS

Section 1. La mise au rôle

C’est une étape du procès pénal au cours de laquelle le tribunal enregistre la cause, lui
octroie un numéro et fixe la cause dans une chambre ainsi qu’à une date d’audience. C’est l’étape
de l’enrôlement du dossier au tribunal ; c’est l’étape de l’identification du dossier au tribunal et
enfin c’est l’étape de la fixation du dossier dans une chambre57 et à une date d’audience.

De ce qui précède,, il existe deux types de rôles, à savoir :


 Le rôle général
 Le rôle ordinaire

Le rôle général est l’étape de l’enregistrement et de l’octroi d’un numéro ; alors que le rôle
ordinaire c’est l’étape de la fixation du dossier dans une chambre et à une date d’audience. A la
date d’audience, les parties n’ont pas l’obligation de faire inscrire leurs causes, surtout si elles ne
sont pas prêtes. Il est possible d’obtenir du tribunal que la cause soit inscrite à une date ultérieure ;
cette possibilité est appelée en droit remise.

Conformément à l’arrêté de l’organisation judiciaire portant règlement intérieur des cours


et tribunaux, il existe deux types de remises et trois possibilités de remises. Les deux types de
remises sont : remise simple et remise contradictoire. La remise simple est celle qui est faite en
l’absence d’une partie ou de toutes les parties. Elle implique notification de la nouvelle date
d’audience à la partie absente. La remise est contradictoire lorsqu’elle faite en présence d’une ou
de toutes les parties. Elle n’implique pas notification de la nouvelle date d’audience.

Les trois possibilités de remises sont : remise au mois, remise à la quinzaine et remise à la
quinzaine encore (huitaine). Il est interdit de procéder au-delà de trois remises, sauf autorisation
expresse du chef de juridiction. En matière civile, par exemple, lorsqu’après trois remises, si les
parties litigantes ne sont toujours pas prêtes à plaider, le tribunal 58 renvoie leurs causes au rôle
général. Cependant, une cause renvoyée au rôle générale eut revenir au rôle ordinaire par la voie
d’avenir simple.

57
Composition ou jury chargé de recevoir la cause
58
Le dossier RP (registre pénal) se trouve au tribunal ; il n’y a pas ici de dossier RMP. Le fait pour le président de fixer
le dossier dans une chambre s’appelle rôle ordinaire. Le rôle général est l’enregistrement du dossier.
Procédure pénale

Section 2. La comparution

En procédure pénale, le principe est la représentation personnelle ; la représentation est une


exception. La représentation en justice ne peut être appliquée que lorsque l’infraction poursuivie
est punissable de moins de 2 ans de servitude pénale. Généralement, il existe deux types :
 La représentation ad agendum
 La représentation ad lidem

La représentation ad agendum est une représentation de plano (de plein droit) ; alors que la
représentation ad lidem est une représentation de mandat et se cristallise par la pratique de
procuration spéciale, sous réserve de l’application du principe l’avocat est cru sur parole lorsqu’il
est porteur des pièces de procédure. Dans cette représentation, le représentant peut postuler,
comparaître, plaider et conclure pour le compte et au nom de son client, conformément au mandat.

Section 3. La règlementation des incidents

Par incident, il faut entendre tout événement lié au procès ou non lié au procès ; mais qui vient
perturber le déroulement normal d’un procès. Si l’événement n’est pas lié au procès, on parle des
incidents d’audience. Lorsque l’événement est lié au procès, on parle alors des actions incidentes
ou exceptions ou objections.

Il existe trois types d’exceptions, à savoir :

 Exception dilatoire
 Exception déclinatoire
 Exception péremptoire

L’exception dilatoire est celle qui vise à retarder (allonger) l’issue du procès59. Exemple :
lorsqu’on fait annuler l’exploit.
Les exceptions déclinatoires sont celles qui visent à dessaisir le tribunal de céant. Ex : la
litispendance60, la connexité, etc.
L’exception péremptoire est celle qui vise à mettre fin au procès. Ex : la mort du délinquant.

Lorsqu’une exception est soulevée devant le juge, en vertu de la plénitude du pouvoir


d’instruction dévolu à ce dernier et en vertu de l’Accessorium sequitur principale, le juge est tenu
de sursoir à statuer sur l’action principale et donner suite aux exceptions soulevées.

Il existe deux possibilités pour le juge pour répondre aux exceptions : il peut soit joindre
l’exception au fond61, soit transiger sur le fond de l’exception. Dans le premier cas, sa décision
prend la forme d’un jugement avant dire droit préparatoire ; alors que dans le deuxième cas, sa
décision est appelée jugement avant dire droit interlocutoire62.

Par ailleurs, il importe d’indiquer qu’en matière pénale, le vrai sens du jugement avant dire
droit renvoie aux mesures d’instruction complémentaires ordonnées par le juge lorsque ce dernier
constate que le dossier présenté par le ministère public est incomplet. Et puisqu’en matière pénale

59
Question examen : différence entre exceptions dilatoires et manœuvre dilatoire. Les manœuvres dilatoires sont
prohibés, contrairement aux exceptions dilatoires
60
Lorsque deux juridictions sont saisies au même moment de la même cause
61
Càd par exemple lorsqu’on pose une question au prof mais il dit qu’il devrait répondre à la fin du cours.
62
Qui est prononcé après une exception ou un incident.
31
le juge est actif, il est tenue de compléter le dossier ainsi incomplet en ordonnant des mesures
d’instruction complémentaires.

Il existe une différence fondamentale entre un ADD préparatoire et un ADD interlocutoire.


C’est au niveau du res judicata pro veritate habetur, càd l’autorité de la chose jugée. En effet,
l’ADD préparatoire est dépourvu du res judicata pro veritate habetur ; alors que l’ADD
interlocutoire est revêtu du res judicata pro veritate habetur. Donc, l’ADD préparatoire n’est pas
susceptible d’appel ; alors que l’ADD interlocutoire est susceptible d’appel comme voie de
recours.

Section 4. L’administration de la preuve en procès pénal

En procédure pénale, la preuve obéit au principe de la liberté. La preuve est libre pourvue
qu’elle soit loyale. Le juge pénal ne peut asseoir sa conviction que sur la base d’un faisceau
d’indices concordants et cohérents. C’est pourquoi d’ailleurs, il est de principe que le juge n’est lié
à aucune preuve ; sauf certaines preuves auxquelles la loi accorde une valeur probatoire spéciale,
notamment les PV de constat de la validité des denrées alimentaires. C’est aussi le cas de
l’expertise d’un expert. Le juge est aussi lié jusqu’à la preuve du contraire, la contre-expertise par
exemple.
En matière civile, par contre, la preuve n’est pas libre ; elle est hiérarchisée, légale. C’est la
loi qui détermine les modes de preuve pour chaque cas d’espèce. Dans les deux cas, pénal comme
civil, la preuve obéit aux mêmes fondamentaux, à savoir actuori incubit probatio actor non
probator reux in excipiendo fit actor (la preuve incombe au demandeur ; le demandeur qui ne
peut pas prouver libère le défendeur ; le défendeur qui soulève une exception en devient
demandeur).

En procédure pénale, les modalités de preuve sont :


 Les procès-verbaux : la valeur probatoire dépend de l’intime conviction du juge, sauf les
PV de constat des denrées alimentaires et PV établis par certains services spéciaux.
 L’interpellation du prévenu : après avoir entendu le ministère public dans ses allégations,
le juge doit retourner vers le prévenu pour avoir son point de vue ;
 L’aveu : c’est le fait d’avouer. Le droit congolais ne consacre pas le principe du plaider
coupable ; cependant, le droit congolais admet l’aveu comme modalité de preuve.

Par ailleurs, jadis, l’aveu était considéré comme la reine des preuves, la preuve par excellence, la
preuve des preuves. Lorsque le prévenu avouait, l’affaire était close ; le juge se bornait à tirer des
conséquences sécantes.

Cependant, du fil à aiguille de l’évolution, l’on a remarqué l’apparition des aveux de


jactance, de simulacre d’aveu, de parodie d’aveu, des aveux fantaisistes et complaisants ; bref,
l’aveu avait atteint son paroxysme. D’où la remise en cause de sa valeur probatoire. Le juge devra
donc se méfier des aveux pour à tout le moins corroborer l’aveu avec d’autres indices.

 Le recours aux techniques scientifiques telles que la dactyloscopie63, la toxicologie,


l’anthropométrie, la balistique, la pneumatique, la cryptographie64, la génétique, la
médecine légale65, la thanatologie, la chimie, topographie, la prophylaxie criminelle, etc.
 L’expertise : un expert est un spécialiste dans le domaine faisant l’objet de l’infraction
poursuivie. Son ministère peut être requis en vue d’éclairer la religion du tribunal. Dans un

63
Renvoie aux empreintes digitales
64
Etude de l’écriture. C’est au MP que revient la charge de la preuve pcq c’est lui qui est demandeur de l’action
publique.
65
Différence entre expert légal et légiste
Procédure pénale

procès pénal, le souci de vouloir étayer le fait peut amener le tribunal à faire recours à la
spécialisation de certains individus. Il le fait par réquisition à expert et l’expert est tenu de
prêter son ministère au service du tribunal66. La valeur probatoire de l’expertise ne dépend
pas de l’intime conviction du juge ; c’est donc pour affirmer que le rapport d’expertise67 lie
le tribunal. S’il y a des doutes ou hésitations, seule la contre-expertise peut résoudre la
préoccupation.
 Preuve par témoin : le témoin est toute personne qui a vu ou entendu la commission de
l’infraction…
 Les visites des lieux ou descentes sur terrain : dans certains cas, le tribunal peut être appelé
lorsque les circonstances l’exigent, à déplacer son siège pour le lieu du crime68. C’est
notamment lorsqu’il faut procéder à la reconstitution de la scène du crime, etc.

Section 5. Instruction liminaire

C’est une phase du procès au cours de laquelle le tribunal, compulsant le dossier, vérifie s’il est en
état d’être jugé. Si le dossier n’est pas en état, le tribunal ordonne les mesures d’instruction
complémentaires69. Mais si le dossier est en état d’être jugé, le tribunal ordonne l’ouverture des
débats.

Titre 2. Le débat ou phase de l’examen au fond

C’est la phase du procès au cours de laquelle le tribunal examine le fond de la cause. Cette
phase se déroule en respectant les caractères du principe accusatoire : l’oralité, la publicité et le
contradictoire. Cette phase est analysée en deux chapitres, à savoir : l’ouverture, déroulement et
clôture des débats, d’une part ; et d’autre part, le délibéré.

Chapitre 1. L’OUVERTURE, DEROULEMENT ET CLOTURE DES DEBATS

C’est le président de céant, accompagné des juges y-céans qui ordonne l’ouverture du
débat, en assure la police et s’il échée, en prononce la clôture. Le débat se déroule de la manière
ci-après : parole est accordée au ministère pour ses réquisitions, ensuite à la partie civile pour ses
conclusions, à la partie civilement responsable, le cas échéant pour ses conclusions aussi, au
prévenu enfin pour ses moyens de défense, conformément à l’article 74 du code de procédure
pénale.

Le réquisitoire du ministère se construit sur base d’un raisonnement logique et vise à


requérir du tribunal la condamnation du prévenu. Cependant, il arrive aussi que le ministère public
requiert l’acquittement. En effet, en procédure pénale congolaise, le ministère instruit à charge70
et à décharge71. Les conclusions de la partie civile font la démonstration du droit à la réparation de
la victime préjudiciée par l’acte infractionnel.

66
Avant de prester, l’expert est soumis au serment oui ou non. Si oui, comment ? si non, pourquoi ?
67
Ce rapport fait foi jusqu’à preuve du contraire. L’expert a droit aux frais d’indemnité d’expertise.
68
Il est question de l’audience foraine. Quelle différence entre le recours à l’expertise et le recours aux techniques
scientifiques ? peut-on affirmer que la pièce à conviction est une preuve pénale ? face à cette question, on retiendra
qu’il y a des pièces qui en sont et d’autres qui ne les sont pas.
69
C’est ce qu’on appelle jugement avant dire droit préparatoire.
70
Pour condamner la personne.
71
Décharge lorsqu’on vise à faire acquitter la personne. Chaque étudiant doit chercher un réquisitoire du MP,
l’analyser de fond encombre et dégager la formule stéréotypée d’un réquisitoire.
33
La partie civile ne vise pas la condamnation pénale du prévenu, elle vise plutôt la
réparation du préjudice subi. Le civilement responsable cherche à rencontrer les allégations de la
partie civile. Et le prévenu dans ses moyens de défense, cherche à rencontrer le réquisitoire du
ministère public. Le président de céant organise la circulation de la parole jusqu’à ce que plus
personne n’ait en vue de la prendre, càd lorsque ceux qui la prennent disent ce qu’ils ont déjà dit.

Les parties ont l’obligation de débattre en toute loyauté avec respect mutuel et respect des
règles déontologiques. Le président peut ad nutum rappeler à l’ordre la partie qui outrepasse les
limites. Après leur plaidoirie, les parties ont l’obligation de déposer au tribunal le résume de leur
conclusion appelée notes de plaidoirie comme aide-mémoire du tribunal lors des délibérés. Le
président de céant prononce alors la clôture des débats. Cependant, il est toujours possible
d’obtenir la réouverture des débats en cas d’éléments nouveaux.

Chapitre 2. LE DELIBERE

C’est réfléchir en plusieurs juges en vue de dégager la solution dont dépend le litige. Seuls
les juges ayant pris part aux débats peuvent participer au délibéré. En cas d’empêchement, d’un
des juges, il doit être remplacé ; mais avec réouverture des débats72. Le délibéré se déroule à huis
clos et la décision est prise par voix de vote à la majorité des voix. Les juges les moins anciens et
durant les moins élevés interviennent en premier lieu73. Le président de céant intervient en dernier
lieu.
Il existe trois types de délibérés, à savoir :
 Délibéré sur le banc
 Délibéré sur le siège
 Délibéré dans le délai de la loi.

Il y a délibéré74 sur le banc lorsque le tribunal, après avoir clos le débat, se concerte sur place et
rend sa décision illico presto. On dit alors que le tribunal s’est prononcé sur le banc. Il y a délibéré
sur le siège, lorsque le tribunal, après avoir clos le débat, suspend momentanément l’audience et se
retire pour réfléchir sur la solution et revient pour rendre sa décision. On dit alors que le tribunal
s’est prononcé sur le siège. Il y a délibéré dans le délai de la loi, lorsque le tribunal, après avoir
clos le débat, renvoie le prononcé de la décision à une date ultérieure ; et le délai est de 10 jours à
dater de la prise de la cause en délibéré75.

Il importe enfin d’indiquer que le délibéré est constaté sur PV signé par tous les juges
concernés ; et ce PV reprend les opinions de tous les juges.

72
Si on ne le fait pas, la décision est annulable.
73
Pour qu’ils ne soient pas influencés par les arguments des anciens.
74
Lorsque le juge a siégé seul, que veut dire le délibéré?
75
En matière civile, ce délai est de 30 jours.
Procédure pénale

IIIème partie : L E J U G E M E N T

Chapitre 1. NOTION ET CONTENU

Section 1. Notion

Par jugement, il faut entendre un acte juridictionnel d’une juridiction par lequel une
juridiction se prononce sur une cause qu’il lui a été soumise. C’est une perception générique du
concept pris comme décision d’une juridiction. Cette décision est appelée jugement lorsqu’elle est
rendue par un tribunal et arrêt lorsqu’elle est rendue par une cour.

Il existe une distinction entre les actes juridiques d’une juridiction et un acte juridictionnel
d’une juridiction.

Section 2. Contenu et rédaction d’un jugement

En principe, le jugement contient trois parties, mais sa rédaction se fait en deux étapes, à
savoir les qualités et le jugement proprement dit. Les qualités du jugement c’est l’historique du
procès dressé par le greffier ; alors que le jugement proprement dit est l’œuvre du juge. D’où la
pertinence de la distinction entre la minute, la grosse, le plumitif, l’expédition d’un jugement.
En ce compris, le verbatim et la feuille d’audience76.

Les trois parties du jugement sont :


 le prélude ou préambule
 le motif
 le dispositif.

Le préambule d’un jugement est la partie du jugement dans laquelle sont indiqués :
 la partie protagoniste
 le degré de saisine du tribunal
 l’infraction poursuivie
 la date du prononcé, etc.

Bref, la présentation du tribunal et des parties concernées. Le motif du jugement c’est la partie
dans laquelle le tribunal donne la motivation d’une décision prise. Il existe deux types de motifs :
 motif en fait
 motif en droit concernant du raisonnement juridique.

Par la litanie de entendu que, le s’évertue à donner le fait en résumé, poser le problème de droit en
le qualifiant. Donner le fait c’est le motif en fait et poser le problème c’est le fait en droit. Le motif
c’est la partie du jugement dans laquelle le tribunal rend sa décision.

Section 3. Typologie et effets des jugements

Il existe plusieurs types de jugements, parmi lesquels :


 contradictoire : rendu par un tribunal à l’issue d’un débat contradictoire (toutes
 avant dire droit
 réputé contradictoire : il n’y a pas défaut au départ et une des parties se dérobe par la suite.
On va considérer que la personne a refusé de venir plaider. Le juge retient le défaut lorsque

76
Différence entre les touts.
35
la personne n’a pas été régulièrement signifiée. En principe, on ne peut pas parler de défaut
car la personne comparaît personnellement. Le tribunal ne retient pas le défaut si la saisine
est irrégulière. Cependant, que l’on soit dans le régime contradictoire ou réputé
contradictoire, le régime est le même.

 Par défaut : c’est refuser de se présenter alors qu’on a été régulièrement signifié.
 Avant dire droit : il peut être préparatoire ou interlocutoire
 D’expédiant 77: celui qui constate une transaction entre deux parties litigantes en cours du
procès.

Section 4. Les effets du jugement

Le jugement produit quatre principaux effets :


 Lata sententia judex dessinit esse judex
 Non bis in idem
 Res judicata pro veritate habetur
 L’ouverture des voies de recours.

1. Lata sententia judex dessinit esse judex

Cet effet signifie que lorsque le juge prononce sa décision, il est dessaisi (dessaisissement
du tribunal). Le juge qui a rendu une décision sur une cause cesse d’être juge dans cette cause. Il
est dessaisi, il perd tout pouvoir ; on ne peut plus s’adresser à lui pour une raison concernant la
même cause. Toute préoccupation liée à cette cause ne peut être prévalue que par voie de recours ;
sauf dans deux hypothèses, à savoir :

 Lorsque le jugement contient une obscuri libelli, càd lorsque le jugement est ambigu,
lorsqu’il ne peut être interprété facilement ;
 Lorsque le jugement contient une erreur matérielle78.

Dans les deux cas, le juge dessaisi peut être saisi en vue soit d’interpréter son jugement, soit de
corriger l’erreur matérielle par un acte interprétatif ou un acte rectificatif.

2. Non bis in idem

C’est un effet corollaire du premier qui indique qu’un justiciable ne peut pas être jugé deux
fois pour le même fait et par le même juge79, sauf en cas de recours de rétractation.

3. Res judicata pro veritate habetur

Autorité de la chose jugée, càd la présomption de vérité légale que contient tout jugement
rendu publiquement ; ce qui est dit par le juge en public doit être tenu pour vrai au sens de la loi.
Cependant, il ne s’agit là que d’une présomption juris tantum (réfragable, renversable par voie de
recours). Donc, une décision revêtue de l’autorité jugée est susceptible de voies de recours. La
décision acquiert la force de la chose jugée après l’écoulement du délai de recours. Elle devient
alors inattaquable, irrévocable, irrenversable ; bref, elle devient exécutoire. La présomption
devient juris et de jure.

77
Utilisé en matière civile car les parties peuvent commencer un procès et le renoncer. En plus, la transaction est
impossible en droit pénal car l’action publique est d’ordre public
78
Par exemple, au lieu d’écrire 100.000, on écrit 10.000. Nicolas Abel est le premier à parler de présaisine.
79
Juge comme instance. Par exemple, le tribunal de paix, càd le même degré de juridiction. La force d’un jugement
est cette qualité que revêt une décision de devenir inattaquable, contrairement à l’autorité de la chose jugée.
Procédure pénale

4. L’ouverture aux voies de recours (cf. 4ème partie du cours)

IVème partie : LES VOIES DE RECOURS

La justice est l’œuvre des hommes. Or, les hommes sont faillibles ; donc, les décisions de
justice peuvent contenir des erreurs. C’est pourquoi, le droit a prévu des mécanismes par lesquels
les décisions de justice peuvent être mises en cause ou réexaminées en vue d’éradiquer ou
d’endiguer autant que possible les germes d’erreurs que peuvent contenir les décisions judiciaires.
Ce sont ces mécanismes qu’on appelle voies de recours.

Il existe types de voies de recours que la doctrine a formalisés en deux catégories, à savoir :
 Voies de rétractation : sont des recours formés devant le juge qui a rendu la décision
attaquée. Ex : opposition, la tierce opposition, la révision, la requête civile.
 Voies de reformation : celles exercées devant le juge immédiatement supérieur (appel).
 Voies d’annulation : celles subordonnées à certains préalables avant l’exercice (cassation,
révision, etc.).
Les deux catégories sont : voies de recours ordinaires et voies de recours extraordinaires.

En procédure pénale, on étudie deux voies de recours ordinaires (opposition et appel) et


deux voies de recours extraordinaires (cassation et révision).

Titre 1 : Les voies de recours ordinaires

Chapitre 1. OPPOSITION

Section 1. Notion

Par opposition, il faut entendre voie de recours ordinaire de rétractation par laquelle toute
lésée par un jugement rendu par défaut saisit le tribunal de céant en vue de solliciter sa rétractation
en sa faveur ou en vue de faire prévaloir ses moyens ou ses prétentions. La condition sine qua non
pour faire opposition, il faut que le jugement attaqué soit rendu par défaut.

Régie par les articles 88 à 94, l’opposition peut être formée de deux manières, à savoir :

 Par déclaration faite et actée auprès de la juridiction qui a rendu la décision attaquée ;
 Par déclaration actée au bas de l’exploit de signification de la décision attaquée ; quitte à
l’huissier instrumentant de rapporter cette déclaration au greffe de la juridiction concernée.

C’est par citation en opposition que le tribunal est saisi ; et la citation en opposition ne
diffère guère de la citation exploit introductif d’instance, sauf à référer le jugement attaqué. C’est
pourquoi, dans le corps de la citation en opposition, certaines phrases stéréotypées peuvent se
retrouver : « …Vu le jugement rendu par défaut par le tribunal de céant en date de … et
faisant grief à l’encontre de mon requérant… » ; « …pu voir et entendre le tribunal de céant
maître en ayant le jugement entrepris en faisant droit à la requête de mon requérant… ».

37
La procédure en opposition ne diffère guère de la procédure ordinaire, sauf à acter la
comparution de l’opposant80 ; étant donné que l’opposant c’est la partie défaillante de la procédure
originaire. C’est pourquoi d’ailleurs, on affirme que la procédure en opposition est toujours
réputée contradictoire, car il est de principe opposition sur opposition ne vau81t. Il n’est donc pas
possible de retenir le défaut en procédure en opposition.

La décision sur opposition ne diffère guère de la décision ordinaire, sauf à déterminer le


sort du jugement a quo avant de statuer à nouveau. Le juge saisi sur opposition peut annuler le
jugement a quo et dans ce cas, statuer à nouveau en rendant un autre jugement. Il peut aussi
confirmer le premier jugement et dans ce cas, il ne statue pas à nouveau. Il peut enfin infirmer le
jugement a quo en partie et dans ce cas statuer à nouveau quant à la partie ainsi infirmée82.

Section 2. Les effets et le délai d’opposition

L’opposition produit les effets ci-après :


 Effet suspensif
 Effet dévolutif (tantum theorutum)

1. Effet suspensif

Conformément à l’article 94 et comme toute oie de recours ordinaire, l’opposition produit


un effet suspensif de l’exécution du jugement entrepris, càd pendant l’exercice de l’opposition
comme voie de recours, le jugement attaqué ne peut être exécuté, sauf s’il est assorti d’une clause
exécutoire immédiate nonobstant toute voie de recours ; dans ce cas, l’opposition n’est pas
suspensive83.

2. effet dévolutif

Cet effet voudrait que le juge saisi sur opposition ne puisse statuer que sur l’objet pour
lequel il aura été saisi. Il ne peut aller ultra petita ni intra petita, il doit respecter la volonté de
l’impétrant. Le délai pour diligenter la procédure en opposition est de dix jours francs,
conformément à l’article 89 du CPP. Ce délai est prorogé du délai de distance dont le calcul se fait
par 100 km le jour.

Chapitre 2. APPEL

Section 1. Notion

Régi par les articles 96 à 108 du code de procédure pénale, par appel il faut entendre, voie
de recours ordinaire de déformation par laquelle toute personne lésée par un jugement rend au
premier degré, saisit la juridiction immédiatement supérieure en vue de solliciter la réformation de
ce jugement en sa faveur. L’appel est diligenté devant la juridiction immédiatement supérieure. Il
cristallise le principe du double degré de juridiction84.

Il existe trois manières pour former l’appel :

80
C’est la personne supposée avoir fait défaut à la première procédure.
81
On ne peut pas avoir deux oppositions.
82
Comment s’établit la procédure en opposition ? Telle est la question à laquelle répond ce paragraphe.
83
On ne peut pas exécuter une décision qui fait l’objet d’une voie de recours, sauf en cas d’une arrestation
immédiate.
84
Toute personne a droit à être entendue au moins par deux juridictions et deux juges différents pour la même
cause.
Procédure pénale

 Par déclaration faite et actée au greffe de la juridiction qui a rendu la décision attaquée,
quitte au greffier de transmettre l’ensemble du dossier au greffe de la juridiction
immédiatement supérieure.
 Par déclaration faite et actée au greffe de la juridiction d’appel avec obligation d’annexer
l’expédition du jugement attaqué.
 Par déclaration actée au bas d’exploit de signification de la décision attaquée.

La partie qui forme appel est appelée appelante ; et partie contre laquelle l’appel est forme est
appelée partie intimée.
Il existe deux formes d’appels :
o Appel principal
o Appel incident.

L’appel principal est celui qui est diligenté pour la première fois à la juridiction supérieure, alors
que l’appel incident est celui qui intervient en cours d’instance d’appel principal. L’appel est
diligenté par acte d’appel, sauf s’il s’agit d’une condamnation capitale et sauf si la situation du
prévenu peut été aggravée qu’il est exigé une citation à prévenu, conformément à l’article 104
alinéa 2 du code de procédure pénale85.

L’appel peut être formé par :


 Le prévenu
 Le civilement responsable
 La partie civile
 Le ministère public.

La procédure en appel ne diffère guère de la procédure ordinaire, sauf à déterminer le degré de


saisine de la juridiction. La décision d’appel ne diffère guère de la décision ordinaire, sauf à fixer
le sort du jugement a quo86.

Section 2. Effets et délai d’appel

L’appel produit quatre principaux effets ci-après :


 Effet suspensif
 Tantum appelatum quattur theoruto
 Interdiction de la reformation in preus
 Evocation

1. Effet suspensif (déjà vu) cf. art. 102

Conformément à l’article 102

2. Tantum appelatum quattur theoruto

Le juge d’appel ne peut statuer que sur l’objet pour lequel il aura été saisi. Le juge d’appel ne peut
être saisi que contre l’objet ayant déjà été débattu au premier degré de juridiction. La partie
appelante est tenue de préciser l’objet de l’appel.

85
Le principe est que le juge d’appel est saisi par acte d’appel et l’exception est que le juge d’appel est saisi par
citation à prévenu.
86
Ce jugement peut être annulé et dans ce cas la juridiction statue à nouveau….
39
Toutefois, lorsque l’objet de l’appel n’est pas précisé, l’appel est supposé être formé contre
l’ensemble de la décision.

3. Interdiction de la réformation in preus

Il est interdit au juge d’appel d’aggraver la situation de la partie appelante ; étant donné
que l’appel est une voie de réformation en faveur de l’appelant. Le juge d’appel qui estime qu’il
peut aggraver la situation de l’appelant doit se borner à confirmer la situation du premier jugement
(a quo).
4. Evocation87

Aux termes de l’article 107 du code procédure pénale, l’évocation est une obligation faite
au juge d’appel de connaître du fond de l’affaire toutes les fois qu’il annule le jugement a quo
pour autre motif que la saisine irrégulière ou l’incompétence du juge inférieur. La juridiction
d’appel qui annule jugement a quo pour un motif autre que la saisine irrégulière ou l’incompétence
du jugement inférieur, connaît le fond de l’affaire.

L’évocation entrave le double degré de juridiction et le tantum appelatur quattur


theorutum lorsqu’elle est pratiquée contre un jugement interlocutoire.

Le délai d’appel

Le délai pour relever appel est de dix francs prorogés du délai de distance dont le calcul se
fait par cent kilomètres le jour. Il existe un délai extraordinaire au profit du MP près la juridiction
d’appel, conformément à l’article 99 alinéa du CPP. Ce délai est de 3 mois.

En effet, le MP près la juridiction d’appel a le droit de relever appel lorsqu’il constate un


mal jugé dans un jugement rendu par la juridiction inférieure mais que le MP près cette juridiction
n’a pas relevé appel. Il s’agit là d’un appel dans l’intérêt de la loi.

Titre 2 : Les voies de recours extraordinaires

Chapitre 1. LA CASSATION

Section 1. Notion

La cassation se définit comme une voie de recours extraordinaire d’annulation par laquelle
toute personne lésée par un jugement rendu au second degré88 saisit la cour de cassation en vue de
solliciter la mise en néant de ce jugement en sa faveur.

Régie par la loi du 19 février 2013 portant procédure devant la cour de cassation, la
cassation est une voie qui permet de corriger les erreurs de droit contenues dans un jugement.
C’est pourquoi, on affirme que le juge de cassation n’est pas un juge de faits, mais un juge de
droit, un juge du jugement ; càd son œuvre consiste à vérifier si le jugement attaqué est conforme
à la loi ou pas, conforme à l’ordre public, conforme aux bonnes mœurs.

Si ce jugement est conforme, le juge de cassation le confirme ; mais s’il n’est pas
conforme, il l’annule, le casse. Et puisqu’il n’est pas juge de faits, après l’annulation, il n’évoque

87
Evoquer veut dire annuler en statuant à nouveau.
88
Rendu en appel
Procédure pénale

pas. Il renvoie les parties devant la juridiction concernée, autrement composée ou devant une autre
juridiction de même rang.

Il importe de relever que la cassation produit des effets ab ovo89, ab initio, donc en
principe, le renvoi devrait se faire devant le juge naturel (compétent, de ladite juridiction) et non
devant le juge subsidiaire. Cependant, considérant la tendance dans l’esprit du législateur visant à
prioriser le juge subsidiaire en cas de concurrence entre le juge naturel et le juge subsidiaire, on
déduit que le renvoi se fait devant le juge subsidiaire (d’appel).

Enfin, il arrive exceptionnellement que la cour de cassation évoque ; c’est notamment


lorsqu’après avoir cassé avec renvoi, les parties reviennent pour la seconde fois en cassation et
qu’il décide de casser à nouveau, il devra alors dans ce cas considérer que les juridictions
inférieures n’ont pas été à la hauteur de solutionner cette cause. La cour90 va alors, toute chambre
réunie, se saisir des faits et de droit en rendant une décision de principe. C’est ce qu’on appelle
arrêt de principe. C’est ce dernier qu’on devrait considérer comme la jurisprudence91.

Section 2. Procédure, effet et délai

§1. Procédure

La cassation est diligentée par pourvoi et la requête en pourvoi en cassation doit, sous
peine de nullité, être signée par un avocat inscrit au tableau du barreau près la cour de cassation,
conformément à l’article 2 de la loi sous examen92. Cette requête doit être déposée en autant
d’exemplaires qu’il y a des parties dans la cause et avec en annexe le mémoire justificatif de la
requête.

Après cela, le greffier de la cour de cassation, et sur instruction du premier président de


cette juridiction, va signifier la requête à toutes les parties concernées et les parties concernées
disposent d’un délai raisonnable en vue de réagir au mémoire l’impétrant par leur contre mémoire.
Lorsque le greffier, faisant état de la procédure, constate que toutes les parties ont réagi au
mémoire en déposant leur contre mémoire, et sur instruction du premier président, communique
l’ensemble des pièces (du dossier) au ministère public pour sa mercuriale93. Le MP dispose d’un
délai raisonnable en vue de produire sa mercuriale.

Après la mercuriale du MP, le premier président désigne un juge rapporteur94 chargé de


faire l’étude du dossier en vérifiant la pertinence de ce pourvoi en cassation, càd la recevabilité de
la requête, c’est l’étape du filtrage ; il va ensuite examiner la pertinence du fondement de la
requête et il va enfin réfléchir sur une proposition de solution à la requête.

Lorsque le rapporteur a fini, le premier président fixe la date de la plénière ; et la plénière


tenue en chambre devra délibérer sur le travail du rapporteur. La plénière peut rejeter le travail du
rapporteur et réfléchir ensemble illico presto ; elle peut aussi confirmer le travail du rapporteur ;
elle peut enfin amender ce travail. C’est la décision de la plénière qui sera coulée en forme d’arrêt.

89
On remet le conteur à zéro.
90
La cour de cassation a trois chambres : restreinte, réunie et chambre…
91
Seule la cour de cassation peut produire la jurisprudence en droit judiciaire congolais. Mais tous les arrêts de la
cour de cassation ne sont pas des jurisprudences ; il faut un arrêt de principe. Pour aller en cassation, il faut avoir
terminé les 2 degrés. Si le jugement attaqué a violé la constitution, le juge fera quoi ?
92
Pour cette requête doit être signée par un avocat de cette cour ?
93
A la cour de cassation, l’avocat agit par mémoire et le MP, par mercuriale
94
Affecté dans une chambre
41
Après le travail de la plénière, le premier résident fixe la date de l’audience publique. Cette date
est notifiée à toutes les parties. et, à cette date, l’audience suit la procédure ordinaire, càd
d’instruction à l’audience et le débat avant la prise de la cause en délibéré.

Les parties concernées peuvent intervenir lors des débats, mais ne peuvent exprimer que la
pensée déjà consignée dans leur mémoire ou contre mémoire déposée au début de la procédure95.

La décision de la cour de cassation peut être :


 La requête est rejetée
 La requête est recevable non fondée : dans ce cas, la cour confirme le jugement attaqué ;
 La requête est recevable et fondée : la cour annule le jugement attaqué avec renvoi.

Cependant, la cour peut exceptionnellement, en application de la théorie de la peine justifiée,


modifier la qualification des faits retenus ans le jugement attaqué. Dans ce cas, on dit que la cour
aborde les faits.

§2. Effet et délai

La cassation comme voie de recours extraordinaire a pour effet principal en matière pénale
la suspension de l’exécution de la décision attaquée, conformément à l’article 47 de la loi sous
examen.

Le délai pour se fourvoyer en cassation est de 40 jours francs, conformément à l’article 45


de la loi sous examen.

Chapitre 2. LA REVISION

Section 1. Notion

C’est une voie de recours extraordinaire par laquelle toute personne lésée par un jugement
ayant acquis la force de la chose jugée, saisit la juridiction de céant en vue de solliciter
l’annulation de ce jugement si elle découvrait des éléments nouveaux qui auraient pu influencer la
position du juge si ces éléments avaient été découverts avant le prononcé du jugement.

La révision permet de corriger les erreurs de fait et de droit contenues dans un jugement
qui a acquis la force de la chose jugée, devenu irrévocable, inattaquable.

Par ailleurs, il existe une perception spéciale de la révision, celle consacrée par la loi du
100 janvier 2009 relative à la protection de l’enfant. En effet, la loi portant protection de l’enfant
dispose, en ses articles 125 et 126 que le juge peut, en tout temps, soit spontanément, soit à la
demande du MP de l’enfant, des parents ou de toute autre personne intéressée, réviser sa décision
en rapportant ou en modifiant les mesures prises à l’égard de l’enfant dans un délai de huitaine.

L’article 127 de la même loi précise que les mesures prises à l’égard de l’enfant font
d’office objet de révision tous les 3 ans.

Section 2. Procédure

La procédure en matière de révision est spéciale et se déroule en deux étapes : L’étape du


rescindant et l’étape du rescisoire.

95
A la cour de cassation, les parties déposent leur mémoire au début de la procédure. Cette dernière est
essentiellement écrite, l’oralité n’en est qu’une exception.
Procédure pénale

Le rescindant c’est une étape complexe parce qu’elle sous-entend un avis technique d’une
commission ad hoc composée de 3 avocats chevronnés, càd ayant au moins 5 cinq ans
d’inscription au tableau du barreau près la cour d’appel.

Cette commission ad hoc est nommée par le ministre de la justice et cette commission filtre
le dossier et vérifie la pertinence de la procédure en révision. Le juge évalue les éléments
nouveaux présentés au soubassement de la procédure en révision. Si les éléments sont pertinents,
le juge annule le jugement a quo, intervient alors la phase du rescisoire ou phase d’évocation.

Vème partie : L’EXECUTION DE LA CONDAMNATION

Chapitre 1. PRINCIPE ET OBSTACLE A L’EXECUTION DE LA CONDAMNATION


PENALE

Il est de principe en matière pénale que les décisions rendues ne peuvent être exécutées
qu’après l’écoulement du délai de recours ou l’épuisement des voies de recours ; sauf si la
décision est assortie d’une clause exécutoire nonobstant toutes voies de recours. En d’autres
termes, le délai de recours et l’exercice des recours suspendent l’exécution de la décision.

Chapitre 2. L’EXECUTION PROPREMENT DITE

Ce chapitre s’analyse en fonction de la nomenclature des peines consacrées en droit


congolais, conformément à l’article 5 du code pénal livre 1, à savoir :

 La mort
 Les travaux forcés
 La servitude pénale
 L’amende
 La confiscation spéciale
 La relégation, le bannissement ou l’éloignement d’un certain milieu ou encore mise
à la résidence surveillée
 La mise à la disposition du gouvernement.

Section 1. L’exécution de la peine de mort

La peine de mort est définie comme une peine éliminatrice de vie par laquelle le juge ordonne que
la vie du condamné soit ôtée. La doctrine a longtemps discuté sur la pertinence de la peine de
mort.

Pour certains, la peine de mort est inhumaine, il faut l’abolir, non seulement parce qu’elle
est inhumaine, mais aussi parce qu’elle n’accorde aucune chance au condamné à s’amender.
D’autres pensent plutôt qu’il ne faut pas abolir la peine de mort parce qu’elle est dissuasive ; il y a
des délinquants qui sont criminels nés pour qui aucune resocialisation n’est possible. La seule
solution pour eux c’est les éliminer. Ce débat reste intranché jusqu’à ce jour.

En droit congolais, au-delà de la discussion entre les abolitionnistes et les retentionnistes, la


peine de mort pose la problématique de la cohérence des textes. En effet, les articles 16 et 61 de la
constitution du 18 février 2006 telle que modifiée à ce jour, consacrent le caractère sacré de la vie
humaine et le caractère inaliénable quelles que soient les conditions. Alors l’article 5 du code
43
pénal livre I qui consacre la nomenclature des peines, consacre la peine de mort. La doctrine
estime que cette disposition n’est plus conforme à la constitution. Cependant, pour autant que le
code pénal n’est pas encore modifié, la peine de mort demeure en vigueur en droit congolais. La
pratique renseigne que la peine de mort continue à être prononcée, mais elle n’est pas exécutée à
cause d’un moratoire96.

L’exécution de la peine de mort est soumise à un préalable sine qua non : celui que
l’épuisement de toutes les voies de recours97. Càd on ne peut exécuter la peine de mort que lorsque
toutes les voies de recours ont été épuisées. Et si le condamné à mort se résignait à exercer une
voie de recours, le ministère public doit le faire à sa place ; c’est en vue de réaliser cette condition
sine qua non.

C’est le ministère public qui est chargé de faire exécuter la peine de mort. Lorsque le
ministère public est rassuré de l’épuisement des voies de recours, il adresse une requête aux fins
de fixation du lieu d’exécution à l’autorité politico-administrative. Il dresse aussi une réquisition à
médecin thanatologue, une autre réquisition au ministre de Dieu98 ; au jour et heure de l’exécution
indiqués, toutes les parties prenantes se rendent au lieu, commence alors le protocole d’exécution.
Ce protocole se déroule de la manière suivante :

Avant d’enfiler le costume de mort, le condamné est invité à prendre bain ; après le bain, il
est invité à prendre un dernier repas, copieux. Après le repas, un office religieux lui est accordé.
Après, la parole est accordée au condamné pour son dernier mot. Le dernier mot fini, ordre est
donné aux bourreaux pour exécuter ; par pendaison pour les civils et par fusillade pour les
militaires. Après le service du bourreau, le médecin thanatologue constate la mort. Le MP ne
quitte pas le lieu sans se rassurer de la mort de la victime. Le corps revient à la famille ou à la
charge de l’état pour l’ensevelir.

Section 2. L’exécution de la peine des travaux forcés

Les travaux forcés n’ont jamais été exécutés en droit congolais par manque des mesures
d’application. En effet, la consécration des travaux forcés impliquait la prise des mesures
d’application par le gouvernement qui devrait préciser le modus operandi de l’exécution de cette
peine ; malheureusement jusqu’à ces jours, ces mesures d’application n’ont jamais été prises.

Donc, on ne connaît pas comment exécuter la peine des travaux forcés en droit congolais.
Bien au contraire, alors qu’on attendait les mesures d’application de cette peine, l’esprit du
législateur tend vers la suppression de cette peine jugée dégradante, cruelle et inhumaine99.

Section 3. La servitude pénale

La servitude pénale se définit comme une peine privative de liberté infligée à un délinquant
reconnu coupable par le tribunal. La servitude peut être principale ou subsidiaire, elle peut être à
perpétuité ou à temps.

La servitude pénale pose une problématique épistémologique. La terminologie servitude


est une émanation latine, qui signifie esclave. Et lorsqu’on dit servitude pénale, cela renvoie à

96
Seule la cour constitutionnelle est habileté à déclarer une loi non constitutionnelle
97
Pour permettre à plusieurs juges de revoir le cas.
98
Prêtre, pasteur, etc.
99
Le travail d’intérêt général est une alternative à la peine d’emprisonnement. Cette peine n’existe pas encore en
droit congolais. Seuls les travaux forcés
Procédure pénale

l’esclavage pénal. Or, l’esclavage est aboli depuis bien de lustres. Il faut considérer l’esclavage à
ces jours comme un traitement dégradant, dégradant et cruel, irrespectueux de la dignité humaine.

La servitude pénale est exécutée en prison. Elle remplit à ces jours la fonction de
prévention individuelle de la peine par l’amendement, la resocialisation pour la réinsertion sociale
du délinquant. Ce dernier est considéré comme un malade social qu’il faut soigner ; et il suit son
traitement en prison. Vue sous cet angle, la prison se transforme en centre pénitentiaire de
rééducation. Elle cesse d’être un lieu de punition. Cependant, pour y parvenir, la prison doit réunir
certaines conditions préalables susceptibles de garantir la rééducation des condamnés.

Mais, si la prison ne réunit pas ces conditions préalables, elle se transforme en une
université du crime, en une école de la délinquance, en un lieu d’apprentissage de la criminalité.
Comme l’affirme le professeur Bolongo Norbert : « Et d’ailleurs, les lauréats de l’université de
Makala ne se gênent pas de se prévaloir de leurs titres à travers la ville de Kinshasa. » La
professeure Idjumbuire Assok parle de la prisonisation des prisonniers par la prison.

Et pourtant, comme l’affirme Matthieu CENS : « Le mal à craindre chez un délinquant, ce


n’est pas le fait qu’il a déjà commis, mais plutôt les actes dont il est capable de commettre par la
suite. Il faut donc revaloriser l’utilité sociale de la prison, laquelle peut permettre d’atteindre
l’objectif de l’effet zéro de la peine100.

C’est le ministère public qui est chargé d’exécuter la servitude pénale. Deux hypothèses
sont envisageables, à savoir :
 Le délinquant était en liberté
 Le délinquant était en détention préventive

Pour les condamnés en liberté, le ministère public établit un premier acte appelé mandat de prise
de corps ou mandat de saisie des prévenus, qui permet d’appréhender le condamné en liberté.
Lorsqu’on l’a arrêté, le ministère public établit le mandat de dépôt qui permet d’acheminer le
condamné en prison ; et au niveau de la prison, le condamné est remis entre les mains du gardien
de la prison qui instruit ses services en vue d’établir un billet d’écrou 101. C’est par ce dernier que
le prisonnier bénéficiera de tous ses droits.

Si le condamné était en détention, le ministère public établit un seul acte : c’est le mandat
de dépôt qui permet d’écrouer le condamné.

Section 4. L’amende

L’amende est une peine patrimoniale qui consiste en une somme d’argent que le condamné
doit verser au trésor public en purge de sa peine. Elle est donc une rétribution patrimoniale et non
afflictive. Cependant, même patrimoniale, l’idée de souffrance ressentie dans chaque peine n’est
pas écartée. C’est pourquoi d’ailleurs, on affirme que l’amende doit être proportionnelle à la
fortune du condamné. Ce qui crée une forme de discrimination positive entre les différents
condamnés d’un même fait.

C’est le greffier qui est chargé de l’exécution de la peine d’amende. Il doit observer le
délai de recours avant d’exiger le paiement de l’amende. Cependant, s’il estime que le condamné
peut organiser son insolvabilité en observant le délai de recours, il lui permis d’exiger illico

100
A chercher.
101
Carte d’identité du prisonnier en prison.
45
presto le paiement de cette amende. Même alors, le condamné peut toujours obtenir du président
de la juridiction un délai supplémentaire pour exécuter l’amende.

Par ailleurs, s’il est avéré que le condamné à la peine d’amende est insolvable, l’amende
peut se transformer en servitude pénale subsidiaire ou en contrainte par corps102 ; et la servitude
pénale subsidiaire ou la contrainte par corps est exécutée par le ministère public.

Section 5. La confiscation spéciale

La confiscation spéciale est exécutée par le greffier et consiste à récupérer tous les biens
considérés comme fruits de l’infraction.

Section 6. Relégation103 ou bannissement

La relégation mise sous résidence surveillée ainsi que la mise à la disposition du


gouvernement sont exécutées par le ministère public avec le concours du greffier, et dans certains
cas, avec le concours de l’autorité politico-administrative.

La relégation et même la résidence surveillée ainsi que la mise à la disposition du


gouvernement sont considérées par certains doctrinaires comme des mesures de sûretés.

VIème partie : LES MESURES D’EFFACEMENT DE LA


CONDAMNATION

Ce sont des mesures qui empêchent soit l’exécution de la condamnation prononcée, soit en éludent
les effets. Parmi ces mesures, on note :

 L’amnistie
 La grâce présidentielle
 La libération conditionnelle
 Le sursis
 La réhabilitation.

1. L’amnistie

C’est une mesure législative qui élude le caractère infractionnel d’un acte. L’amnistie est
toujours législative ou légale ; il n’existe pas de théorie générale sur l’amnistie. Elle est toujours
contextuelle. Elle peut être motivée par les périodes.

La doctrine dégage deux sortes d’amnistie : pardon et oubli utilisés comme mécanismes
extra-judiciaires de la justice transitionnelle. L’amnistie peut permettre l’immanence ou la
transmanence d’une paix durable dans un état post-conflit, un état confronté aux affres tumultueux
du passé. Les effets des périodes turbulentes d’un état peuvent être conflictogènes pour la paix
durable.

102
On calcule le montant à payer et on convertit en jour à passer en prison.
103
Applicable au délinquant moins dangereux et au délinquant multirécidiviste.
Procédure pénale

Dans ce contexte, la problématique de la corrélation entre la paix et de la justice se pose


avec acuité. Peut-on parler d’une paix sans justice et peut-on parler d’une justice sans la paix ? La
réflexion de la justice transitionnelle indique que la justice et la paix ne sont pas antinomiques.
Elles sont indissociables, tout est question de temps et de la méthode. Dans cette résilience entre
paix et justice, l’amnistie se propose comme moyen terme.

Il importe d’indique que l’amnistie n’est pas possible pour les crimes imprescriptibles, les crimes
les plus graves qui heurtent la conscience universelle de l’humanité tout entière ; les crimes
commis par les hostis humanum generis. L’amnistie ne concerne que l’aspect répressif de l’acte.
Elle laisse subsister la responsabilité civile de la personne amnistiée.

3. La grâce

C’est une mesure de clémence accordée par le pouvoir exécutif un condamné qui le
soustrait de la purge de sa peine ou en réduit la portée. C’est le président de la République qui est
autorité habileté à accorder la grâce. La grâce présidentielle n’est pas une obligation, c’est une
faveur, et donc dépend du pouvoir discrétionnaire du président de la république, qui peut
l’accorder en totalité ou en partie, ou qui peut refuser de l’accorder.

Le président de la république, magistrat suprême, peut commuer une peine, l’annuler ou la


réduire selon son gré. La grâce peut être obtenue sur base d’une requête ou sur base d’une décision
nationale.

3. La libération conditionnelle

C’est une mesure de mise en liberté anticipée ordonnée par le ministre de la justice pour les
civils, ministre de la défense pour les militaires, à un condamné qui s’est bien comporté en prison,
qui a fait preuve d’un amendement en prison, qui par son comportement a démontré qu’il est
devenu un bon citoyen.

La libération conditionnelle est subordonnée par les conditions ci-après :

 Le délinquant doit avoir purgé l’écart de sa peine ;


 Le délinquant doit faire preuve d’une bonne conduite en prison ;
 Le délinquant doit obtenir un avis favorable à sa requête de la part du directeur de la
prison ;
 Il doit aussi obtenir l’avis du ministère public.

C’est le ministre de la justice ou celui de la défense qui ordonne la libération conditionnelle par
Arrêté.

4. Le sursis ou condamnation conditionnelle

C’est une dispense d’exécution de la peine que le juge accorde à un condamné qui n’est
pas délinquant professionnel et qui vise à lui éviter le passage en prison lorsque la peine
prononcée ne dépasse pas un an.

La doctrine pense qu’il est mal aisé de parler de la condamnation conditionnelle ; il faut
plutôt parler de l’exécution conditionnelle. Parce que la condamnation reste intacte, c’est plutôt
47
l’exécution qui est suspendue. L’appréciation d’une condamnation avec sursis dépend de l’intime
conviction du juge. Le condamné est soumis à un temps d’épreuve ; pendant ce temps, il n’est pas
autorisé à trébucher. En cas de nouvelle infraction, le sursis est annulé.

5. La réhabilitation

C’est une mesure d’effacement de la condamnation ordonnée par le juge de la cour d’appel
et qui efface les effets d’une condamnation judiciaire. Toute condamnation pénale entache la
virginité du casier judiciaire.

Le condamné dont le casier judiciaire est déviergé par la condamnation judiciaire peut
recouvrer la virginité de son casier judiciaire par le mécanisme appelé réhabilitation. La
réhabilitation est soumise aux conditions ci-après :

 Cinq années doivent écouler depuis la purge de la peine jusqu’au moment de la requête ;
 Le requérant doit brandir le certificat de la purge de la peine (de la fin de
l’emprisonnement) ;
 Le requérant doit s’adresser au ministère public près la cour d’appel et c’est le ministère
près la cour d’appel qui doit, au plus tard après le dépôt de la requête, saisir la cour d’appel
pour les besoins de cette cause.

C’est la cour d’appel qui octroie la réhabilitation du condamné avec effets rétroactifs104.

Fin du cours, le 20 Avril 2018


11h 29.

104
Comme s’il n’avait jamais été condamné.

Vous aimerez peut-être aussi