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INTRODUCTION
Les divers problèmes que nous d’évoquer doivent trouver une solution
juridique. Pour certains d’entre eux, et notamment ceux qui concernent la
contribution aux charges du ménage, m’affectation des biens des époux aux
besoins communs, le sort des économies faites ensemble, on ne voit pas
comment il serait possible de les régler adéquatement sans tenir compte de
la communauté d’existence que le mariage établit entre les époux, de ce fait
le recours à la technique des régimes matrimoniaux (droit patrimonial de
l’association conjugale) s’impose. Pour d’autre, spécialement, le sort du
conjoint survivant, on peut songer à la technique du droit successoral.
L’analyse montre que parmi les problèmes que nous venons de relever
certains peuvent et doivent recevoir une solution identique pour tous les
ménages. C’est le cas de la contribution aux charges du ménage. Par contre,
d’autres problèmes peuvent recevoir des solutions différentes selon les
convenances particulières des époux.
1
G. Marty et P. Raynaud, les régimes matrimoniaux, Paris, Sirey, 1986, p.7, n°1 ; voir aussi R. Dekkers,
Précis du droit civil belge, III, 1953, Bruxelles, Bryulant, 1955, p.è,n°
3
Il n’est pas sans entretenir avec celui-ci des rapports étroits. Les libéralités
entre époux ou aux époux sont soumises à des règles particulières à raison
de leurs rapports avec le régime matrimonial.
1
G. Marty et P. Raynaud, Op.cit, p.8, n°2
4
Enfin, le droit des régimes matrimoniaux n’est pas indifférent à celui des
successions. A la mort d’un époux, le survivant peut prétendre à des droits
de nature successorale et au partage des biens communs. Le problème des
droits successoraux du conjoint survivant a toujours été traité en
considération des droits matrimoniaux de celui-ci(1).
La loi n°87-010 du 1er Aoû t 1987 portant code de la famille prévoit une
législation appropriée dans ce domaine. Il s’agit d’une législation très
simple destinée à être appliquée aux Congolais qui jusqu’à présent n’ont
guère envisagé cet aspect du mariage(2).
Elles sont générales parce qu’elles s’appliquent à tous les ménage quel que
soit le régime matrimonial particulier qui les complète.
Elles le sont d’autant plus que leur caractère impératif ne permet pas de s’y
soustraire ou de les modifier.
1
G. Marty et P. Raynaud, Op.cit, p.27, n°19.
2
F.Terré et P. Simler, Op.cit, p.45.
6
Le mariage crée le ménage (art. 442). Le terme ménage désigne les époux,
leurs enfants non mariés à charge ainsi que tous ceux envers qui les époux
sont tenus d’une obligation alimentaire, à condition que ces derniers
demeurent régulièrement dans la maison conjugale et soient inscrits au
livret de ménage(art. 443).
Il n’est donc pas nécessaire qu’il y ait des enfants pour qu’il y ait ménage. Le
ménage peut comporter des personnes autres que les père et mère ainsi
que des enfants.
La direction du ménage est confiée au mari, dit la loi, est le chef du ménage.
Il doit protection à sa femme et celle-ci lui doit obéissance (art. 444).
Dire que le mari est le chef du ménage ne signifie pas que celui-ci prendra
seul toutes les décisions concernant le ménage comme si la femme n’existait
pas. L’homme et la femme doivent concourir à la direction morale et
matérielle du ménage. Ils se concertent pour prendre en commun les
décisions relatives aux intérêts matériels ou moraux du ménage.
a) Principe
L’article 447 du code de la famille stipule que « les époux contribuent aux
charges du ménage selon leurs facultés et leur état ». Le code de la famille
consacre donc l’égalité dans l’obligation de contribuer aux charges du
ménage compte tenu des facultés et possibilités de chacun des conjoints.
1
J. Renauld, Droit patrimonial de la famille, T.I., régimes matrimoniaux, Bruxelles, Larcier, 1971,
p.110.
2
Voir art. 476 du Code de la famille.
8
Principe
Cette formule a l’avantage d’éviter tout contact entre les deux époux, le
conjoint demandeur recevra directement un montant déterminé de
l’employeur ou de tout autre débiteur de son conjoint.
Procédure
a. Principe
b. Intervention du tribunal
L’article 449 du code de la famille énumère les cas dans lesquels la femme
peut recourir à la justice pour obtenir l’autorisation dont il est question à
l’article 448 ; d’abord en cas de recours de la femme contre le refus de son
mari de l’autoriser à s’obliger à une prestation qu’elle doit effectuer en
personne ; ensuite, lorsque le mari est incapable ou est dans l’impossibilité
de l’autoriser notamment lorsque le mari est interdit ou placé sous
curatelle.
- Si le mari est condamné à une peine d’au moins six mois de servitude
pénale pendant la durée de sa peine.
1
G. Marty et P. Raynaud, Op.cit, p.81, n°91.
11
Mais la communauté n’a pas toujours été et n’est pas toujours comprise de
la même manière quant à son étendue.
Quelle est la nature juridique de la masse formée par l’ensemble des biens
communs ?
L’on s’accorde à lui refuser le caractère d’une personne, c'est-à -dire d’un
patrimoine distinct, ayant son passif propre. Si la communauté forme une
masse à part dans les relations entre époux, par contre les cloisons établies
entre la communauté et les biens propres des époux n’ont rien d’étanche.
1
R. Dekkers, Op.cit, p.52, n°73. Voir aussi G. Marty et P. Raynaud, Op.cit, p.82, n°92.
12
Il s’agit d’une fusion, durant le mariage, de tout ou partie des biens des
conjoints en une masse dans laquelle les époux ont ensemble des droits.
Cette masse est affectée aux besoins de la vie commune, notamment aux
charges du mariage. Elle est soumisse, de ce fait, à un régime adéquat
d’administration et de gestion et sera partagée à la dissolution du régime.
- La communauté universelle
Dans ce régime, la masse commune comprend en principe tous les biens des
époux, ceux dont ils étaient propriétaires lors du mariage et ceux qu’ils vont
avoir par la suite, à quelque titre que ce soit sous réserve de certaines
exceptions.
Problème
Ceci pose le problème de la gestion de cette masse. Sur ce problème s’en est
greffé un autre, celui de la gestion et de l’administration des propres de
l’épouse.
L’épouse s’est vue reconnaitre ensuite le droit d’intervenir aux cô tés de son
mari pour certains actes de disposition particulièrement importants.
Enfin, l’épouse s’est vue s’ouvrir pour elle de nouvelles possibilités d’action
relativement à la gestion de ses propres.
Avantages
Inconvénients
Les régimes de communauté ont été conçus dans l’optique du mari chef de
famille. Ces régimes ne correspondent plus aux conceptions modernes sur
l’égalité des époux ni au rô le économique de la famille2.
1
Voir Bompaka Nkeyi Makanyi, Droit civil comparé, Kinshasa, 2011, inédit.
2
J. Renaud, Op.cit, p. 204, n°289-292.
15
Le régime dotal
1
J. Renaud, Op.cit, p. 208, n°297.
16
Sont dotaux les biens que la femme se constitue elle-même en dot, par
contrat de mariage ou qui lui sont donnés par un tiers dans le contrat de
mariage.
La femme n’en perd pas la propriété mais les fait passer sous
l’administration et la jouissance de son mari s’acquittant ainsi
forfaitairement de sa contribution aux charges du ménage.
L’union des biens laisse à chaque époux la propriété de tous ses biens. Il y a
donc séparation quant à la propriété. Mais le mari est investi de
l’administration et de la jouissance de tous les biens de la femme.
Quant aux régimes dits de participation, ils font participer chaque époux à
la fortune et aux acquêts de l’autre.
Enfin, il est assez remarquable de constater que dans la plupart des pays
qui ont le régime légal, il a été soit abandonné soit aménagé de manière à
assurer une participation des deux époux aux économies réalisées par eux
durant le mariage.
1
J. Renaud, Op.cit, p. 214, n°306 et ss.
17
L’avantage du régime de séparation des biens est qu’il stimule les époux à
travailler. Par ailleurs, en matière de commerce, en cas de faillite de l’époux
commerçant, les biens de son conjoint seront sauvegardés.
a. Caractéristiques essentielles
Par contre, d’autres législations de type supplétif, tout en laissant aux époux
une liberté de choix, parmi les régimes organisés, prévoient un régime de
droit commun ou légal qui s’impose aux conjoints en l’absence de tout
choix.
§1. Procédure
La modification peut être totale ou partielle. Elle peut aussi porter sur les
règles de gestion prévues dans le régime matrimonial antérieure.
1
F. Terré et P. Smler, Op.cit, pp. 164 et ss ; Exposés généraux… art. 494 et ss.
21
1
Exposés généraux et commentaires analytiques des articles du code de la famille : les effets
patrimoniaux : dispositions générales.
22
1. Nombre d’options
3. défaut d’option
6. présomption d’indivision
Il est indiqué de développe ces matières qui sont d’une importance capitale
pour les régimes matrimoniaux. Néanmoins, l’on se limitera aux rubriques
qui n’ont pas encore été abordées jusqu’ici.
L’article 492 du code de la famille stipule ce qui suit : « quel que soit le
régime choisi, lorsque l’un des époux ne peut justifier de la propriété ou de
la concession exclusive d’un bien, celui-ci est présumé indivis. Les
avantages matrimoniaux qui découlent de la répartition des charges entre
les époux sont réputés, quel que soit le régime adopté, biens indivis. La
qualité des biens propres ne peut, être opposée à une tierce personne que si
celle-ci connaissait ou devait connaitre cette qualité ».
1
R. Dekkers, Op.cit, p.119, n°103.
2
Lire l’article 48 de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 précitée
24
Le terme employé est de qualifier ces biens non pas de communs mais
d’indivis, de telle sorte que cette qualification intéressée aussi bien le
régime de la séparation des biens que le régime de communauté.
« Les conventions entre époux sont valables pour autant qu’elles ne nuisent
pas aux droits et intérêts des personnes faisant partie de la famille, aux
intérêts pécuniaires de époux, ainsi qu’à l’ordre légal des successions ».
Cette liberté d’agir est cependant limitée dans le cas où cette convention
pourrait porter atteinte aux droits fondamentaux de la famille, plus
particulièrement aux droits des enfants issus de cette union qui bénéficient
d’un droit à l’éducation et à l’entretien.
De même les intérêts pécuniaires des époux doivent être protégés comme
par exemple le droit à un standing de vie conforme à leur état de fortune.
1
Exposés générau… art 492.
25
Les biens sont, comme le sait, gérés par le mari. Toutefois, il a été jugé
opportun de détacher et de laisser au pouvoir de la femme, dans le cadre de
tous les régimes matrimoniaux, un ensemble des biens qui sont qualifiés
réservées (art. 497).
L’alinéa 1er de l’article 497 du code de la famille retient les biens que la
femme acquiert par l’exercice d’une profession séparée et donne d’ailleurs à
cette catégorie de biens une extension assez importante puisque les
économies qui en découlent y sont également comprises.
La conséquence de cette disposition est qu’elle pourra gérer ces biens et les
administrer. En d’autres termes, ceux-ci sont retirés de la gestion maritale.
La qualité des biens réservés est attribuée à certains biens attachés d’une
manière très intime à la femme non seulement les vêtements, les bijoux, les
instruments de travail mais aussi les indemnités découlent d’un dommage
dont elle a été victime à l’association de son travail séparé.
e. Faire une donation de plus de 500 zaïres au cautionner la dette d’un tiers
pour un montant supérieur à 5.000 zaïres, sur les biens communs ou
propres de l’autre époux ».
L’article 499 du code de la famille permet au conjoint qui n’a pas le pouvoir
de gestion de bénéficier d’une réelle cogestion là où les actes s’avèrent
importants (aliénation, donation, emprunt…)(1).
1
Exposés généraux…art 499.
27
Les actes réclamant l’accord des deux époux sont présumés avoir obtenu
l’accord de l’autre époux si, dans les six mois après qu’ils aient été passés, il
n’y a pas eu manifestation écrite du désaccord notifié à la partie tierce
contractante (art. 500).
Les causes de dissolution du mariage et les effets de celle-ci sont les mêmes
quant au partage de biens (art. 502).
§1. Définition
En principe, les époux ont chacun leur patrimoine, tant en actif qu’en passif.
Peu importe l’origine de celui-ci avant ou pendant le mariage, que ce soit à
partir d’actes gratuits ou onéreux.
Cet inventaire est facultatif mais il constitue, s’il est fait une preuve de
valeur absolue sauf le respect dû aux titres immobiliers(1).
Enfin, l’inventaire est signalé dans l’acte de mariage et fait plein foi de
l’appartenance de biens (art. 506).
Tant à l’égard de son conjoint que des tiers, un époux peut prouver qu’il a
la propriété ou possession d’un bien par tous les moyens sauf évidemment
les cas des biens immobiliers(2).
La preuve contraire se fait par tout moyen propre à établir que lesbiens
n’appartiennent pas au conjoint que la loi désigne.
Il peut également être prouvé que le bien a été acquis par une libéralité du
conjoint (art. 507).
a. Principe
Quelques soit le régime matrimonial qui régit les époux, la gestion des
patrimoines commun et propre est présumée être confiée au mari.
1
Exposés généraux…art 506.
2
Exposés généraux…art 507.
29
Cependant, lorsque par la volonté des époux, la gestion des biens n’est pas
attribuée au mari, chacun des époux administres ses biens, en perçoit les
revenus et en dispose librement(3).
b. Mandant
Il y a donc responsabilité contractuelle entre les époux, sur base des règles
de droit commun. Toutefois, les alinéas 2 et 4 de l’article 509 donnent
certaines dispositions spéciales inhérentes au caractère propre du mandant
dans le cadre de l’exécution des régimes matrimoniaux. L’époux assurent la
gestion est dispensé de rendre compte des fruits si la procuration ne l’y
oblige pas expressément.
Par ailleurs, quand l’un des époux gère les biens de l’autre aux sus de celui-
ci mais sans opposition de sa part, il est présumé avoir reçu mandat pour
les seuls actes d’administration à l’exclusion de tout acte de disposition.
Il est comptable des fruits existant et peut être tenu dans la limite des cinq
dernières années pour ceux qu’il aurait négligé de percevoir ou qu’il aurait
consommés frauduleusement.
Si l’un des époux s’immisce dans la gestion des biens du conjoint, malgré
l’opposition de celui-ci, il est responsable de toutes les suites de son
immixtion, et comptable sans limitation de tous les fruits, tant existants que
consommés.
Il peut arriver que les propres de l’épouse gérés par le mari soient mis en
péril par un comportement fautif et grave du mari tel que le désordre des
affaires du mari dû à une faillite, une déconfiture, une mauvaise gestion, par
prodigalité, l’inconduite notoire…
La gestion maritale place l’épouse quelles que soient les limites prévues par
la loi dans l’exercice de cette gestion dans une situation d’infériorité qui
nécessite des contrepoids sérieux. Ainsi l’article 510 alinéa 1 organise le
bénéfice de prélèvement en faveur de l’épouse ou de ses héritiers.
Enfin, l’article 511 du code de la famille donne une autre garantie spéciale à
l’épouse et à ses héritiers sur le patrimoine de l’homme à savoir
l’hypothèque légale foncière et immobilière. Le patrimoine vise est celui qui
existe au moment de la dissolution déduction toutefois des donations qui
ont été faites par le mari à son épouse.
Par ailleurs, les dettes des époux contractés avant ou nées pendant le
mariage restent propres. En cas de dissolution du mariage, l’époux qui aura
payé sur ses biens une dette de l’autre a droit au remboursement.
Ce privilège spécial sur la masse indivise est justifié par le fait qu’elle a été
créée en raison de la vie conjugale que le patrimoine défavorisé doit dans
ces conditions avoir e bénéfice d’une créance privilégiée, vu qu’on peut
présumer que ce fut un service rendu par un patrimoine en faveur de
l’autre(1).
La distinction des biens communs et des biens propres est donc capitale à
ce moment.
Sous cet angle, les biens de chacun des époux avant le mariage sont propres.
avec des deniers propres ou provenant de l’aliénation d’un bien propre (art
517).
L’article 516 du code de la famille définit suit les biens communs. Sont
communs et comme tels que qualifiés acquêts, les biens que les époux
acquièrent pendant le mariage par leur activité commune ou séparée ainsi
que les biens conjointement acquis par les deux époux par donations,
successions ou testaments.
Les époux peuvent établir et remettre à l’officier de l’état civil qui célèbre
ou enregistre le mariage un inventaire signé par eux précisant les biens
meubles et immeubles dont ils ont la propriété ou la possession
antérieurement au mariage (art. 518).
Tout bien non inventorié comme bien propre est présumé commun.
Toutefois, chacun des époux peut prouver par tous moyens qu’il en a la
propriété exclusive.
1
Exposés généraux…art 517.
2
Exposés généraux…art 516.
3
Exposés généraux…art 518.
33
Au cas où par la volonté des époux ou par l’effet de la loi, la gestion des
biens propres n’est pas attribuée au mari et est confié à chacun des époux,
ceux-ci administrent leurs biens personnels et en perçoivent les revenus ;
ils peuvent en disposer librement.
Les époux sont invités à établir un état général de leur actif commun et de
leurs actifs propres ainsi que des dettes communes ou propres ; cet état est
homologué par le tribunal (art. 521).
A défaut par les époux d’établir cet état, les biens acquis ainsi que les dettes
contractés pendant l’union seront présumés communs.
En effet, l’article 523 stipule « les dettes dont l’un des époux est tenu grève
ses biens propres et les biens communs ». Ici, l’esprit de la communauté
doit également se manifester pour le passif et constitue, par le fait que deux
patrimoines y répondent, une garantie sérieuse pour les créanciers des
deux époux. On aurait pu cependant la gestion maritale qui constitue le
régime supplétif en matière de gestion décide que, seule le mari est tenu sur
ses propres(1).
1
Exposés généraux…art 523.
34
d) Partage
1
Exposés généraux… art 530.
35
e) Hypothèque légale
L’article 532 du code de la famille précise les règles à suivre dans le cas de
gestion séparée. L’article 532 stipule : « en cas de dissolution du mariage, si
la gestion des biens est organisée conformément aux dispositions de
l’article 520, les articles 524, 525, 526 alinéa premier, 528, 529 et 530
restent d’application ».
§1. Définition
Le tribunal doit être saisi par l’épouse vu que, jusqu’à présent, les règles
1
Par bijoux et souvenirs de famille, il faut entendre une série de biens mobiliers que leur possession
prolongée à l’intérieur d’un même cercle familial, et leur valeur extrapatrimonial ou sentimentale
supérieure à leur valeur vénale font échapper aux règles de droit commun sur l’appropriation et la
transmission des biens. F. Boulanger, Droit civil de la famille, aspects interne et internationaux,
economica, Paris, 1990, p. 114.
2
Exposés généraux… 531.
37
S’il faut caractériser d’un mot les régimes matrimoniaux, tels qu’ils sont
réglementés dans le code de la famille, le Professeur BOMPAKA NKEYI
dit : « qu’ils concentrent tous les pouvoirs entre les mains du mari chef de
famille, chef de ménage, chef de l’association familiale ; mais par contre, ils
multiplient les garanties en faveur de la femme. Celle-ci ne doit pas souffrir
de la mauvaise gestion de son mari. Outre l’hypothèque légale qui lui est
reconnue, la femme mariée peut mettre fin aux pouvoirs de gestion de son
1
Sur le règlement des dettes entre époux, lire l’article 529 du code de la famille.
38
DEUXIEME PARTIE :
LES SUCCESSIONS
INTRODUCTION
Définition de la succession
39
Composition de la succession
Prérogatives de la parenté
Le défunt laisse parfois d’autre valeurs encore que des biens au sens
économique. Ce sont des droits exclusivement attachés à la personne.
1
Dekkers, Op.cit, p.251, n°390. Voir aussi Mupila Ndjike, Les succession en droit congolais, Kinshasa,
Pax. Congo, 2003, J. Yav Katshung, Les successions en droit congolais, New Voices Publishing, 2008.
2
Article 40 de la loi foncière « La propriété des biens s’acquiert et se transmet par donation entre
vifs, par testament, par succession et par convention.
40
Ouverture de la succession
Terminologie
1
Voir exposés des motifs du code de la famille.
2
Codes et lois du Congo belge, Larcier, Bruxelles, 1960, p. 216.
3
Codes et lois du Congo belge, I, p. 208 à 210, devient actuellement abrogé par l’article 399 de la loi
du 10 1973
42
Il apparait donc nécessaire que l’Etat intervienne afin de régler avant tout
décès le sort des biens des défunts d’une part et d’autre part, il y a lieu de
tenir compte de certains besoins humains imposées par des données
psychologiques et économiques. La prévoyance, par une personne de la
transmission de ses biens, après mort, à des personnes qui lui sont chères,
est un moteur de l’activité économique et de l’épargne. La suppression de
tout droit successoral sèmerait l’inquiétude chez les uns et l’égoïsme chez
les autres. Les répercussions de la succession se feront sentier même sur le
plan économique(1).
Le code civil congolais n’a pas organisé certaines matières notamment les
successions. Le législateur colonial a estimé que, dans ce domaine,
extrêmement complexe, devant se reposer sur une longue tradition, il
importait, avant de légiférer, de posséder des éléments sur lesquels on
pouvait solidement construire. Il a préféré en conséquence laisser d’abord
agir les coutumes ainsi que la jurisprudence plutô t que de devoir agir par
tâ tonnement et retouches successives(2).
1
Voir Université libre de Bruxelles, les Successions, p. 6 et 7.
2
M. Vertraete, Droit civil du Congo belge, I, Bruxelles, Larcier, 1956, p. 21.
3
Kalala Tshibangu-Tshiasu wa Mwamba, Le régime successoral chez les Baluba et les Bakongo du
zaïre, Thèse, 1975, p. 47.
43
Dans les deux cas, l’ancien du groupe était chargé de partager, mieux de
gérer la succession entre les héritiers qui se répartissent comme suit : les
oncles, les frères et sœurs, les enfants et les petits enfants. Au début de la
colonisation, les successions ne soulevaient pas beaucoup de difficultés. Les
Congolais de l’époque n’avaient pas des biens importants. Les femmes et les
enfants constituaient leurs seules richesses, la propriété foncière étant
d’ailleurs collective. Ainsi, à la mort d’une personne, l’attention des oncles
et des frères et sœurs du de cujus était tournée vers la protection de ces
femmes et de ces enfants. Les oncles, les frères et sœurs du défunt ne
recueillaient pratiquement rien faute des biens à partager.
La circulaire de 1923 et le décret de 1953 ont fixé comme suit les catégories
d’héritiers : les enfants du défunt et le conjoint survivent. L’accession de
notre pays à l’indépendance. C’est alors que la vocation héréditaire des
héritiers traditionnels surtout celle des oncles s’est élargie en ce sens qu’ils
recueillent désormais une partie de toute succession.
La dévolution des successions est l’ensemble des règles qui déterminent les
personnes appelées à recueillir les biens du défunt(1).
- Légale, ou
- Testamentaire, ou
- Contractuelle.
La succession légale est celle dans laquelle la loi désigne elle-même les
personnes appelées à recueillir les biens du défunt. Les règles de la
succession légale s’appliquent lorsque le défunt n’a pas fait de testament, ou
n’a prévu que partiellement la dévolution de ses biens. C’est pourquoi la
succession légale est le plus souvent désignée sous le nom de succession ad
intestat. Les successeurs sont appelés héritiers ou héritiers ab intestat. Les
héritiers intestat ont vocation à recueillir tantô t l’universalité du
patrimoine du de cujus ; ils sont alors ayant-cause universels, tantô t une
fraction seulement de ce patrimoine ; ce sont alors des ayant-cause à titre
universel.
La succession testamentaire est celle qui est réglée par la volonté du défunt
exprimée dans un testament valable. Les personnes désignées par le
testateur pour recevoir ses biens s’appelles légataires. Le légataire
universel est celui qui a vocation à recueillir l’ensemble du patrimoine. Le
légataire à titre universel est celui qui n’a vocation qu’à une quotte part du
patrimoine. Comme pour les héritiers ad intestat, on considère que les
légataires universels ou à titre universel sont les continuateurs de la
personne du défunt ; à ce titre, ils recueillent tout l’actif et tout le passif et
sont tenues au paiement des dettes. Enfin, le légataire particulier ne reçoit
qu’un ou plusieurs biens déterminés ; aussi n’est-il pas tenu au passif.
1
R. Dekkers, Op. cit, p. 261, n°404.
45
La succession contractuelle est celle qui nait d’une convention passée entre
une personne et celle qu’elle y désigne comme ses successeur. Ce mode de
transmission est en principe interdit car il va à l’encontre du principe de la
prohibition des pactes sur succession future. Cependant, la prohibition de la
succession contractuelle connait trois dérogations, que sont :
- La donation-partage
§1. Notion
a. Existence
L’enfant qui n’est pas encore conçu est incapable de succéder, c'est-à -dire
celui qui n’est pas encore conçue au moment de l’ouverture de la
succession. Un individu conçu postérieurement au décès ne peut jamais
prétendre à la qualité d’héritier.
46
Mais comment savoir si l’enfant qui nait après l’ouverture d’une succession
était déjà conçu au moment où cette succession s’est ouverte ? Le fardeau
de la preuve incombe à l’enfant ou à ses représentants conformément au
droit commun. La preuve de la conception se fera alors par tous les moyens.
La mort met naturellement fin à tout ici-bas. Les personnes décédés avant le
de cujus ne peuvent donc jamais figurer parmi ses successeurs.
Il peut arriver que des personnes, dont l’une était appelée à succéder à
l’autre ou qui avaient une vocation héréditaire réciproque, soient décédées
le même jour, à peu près en même temps. La détermination exacte de
l’ordre dans lequel les décès ont eu lieu est d’une importance considérable
sur l’acquisition et la transmission du droit héréditaire. En principe, cette
détermination de la priorité des décès n’est gouvernée par aucune règle
propre à la matière des successions. Il faut appliquer le droit commun, c'est-
à -dire, les modes ordinaires de preuve, témoins et présomptions humaines
tirées des circonstances de fait(2).
4. L’absent
L’absence, c'est-à -dire, celui dont l’existence est douteuse est inapte de
succéder. En effet, l’article 202 déclare : « s’il ouvre une succession à
laquelle est appelée une personne dont au moins la présomption d’absence
a été judiciairement constatée, elle est dévolue exclusivement à ceux qui
l’auraient recueillie à son défunt… ».
1
Lire l’article 758 du code de la famille.
2
A défaut des modes de preuves ordinaires, lire présomptions légales en droits français et belge.
47
- Définition
- Causes d’indignité
Ces causes d’indignité concernent aussi bien les héritiers légaux que les
héritiers testamentaires qualifiés légataires(2).
1
R. Dekkers, Op.cit, p. 265, n°408.
2
Exposés généraux… art.765.
48
L’indignité est-elle encourue de plein droit par cela seul que le successeur
s’est rendu coupable de l’un des faits déterminés par la loi ou bien faut-il
qu’elle soit prononcée par la justice à la requête des intéressés, c'est-à -dire
de ceux qui doivent profiter de la déchéance de l’indigne ?
L’opinion générale est que l’indignité n’existe et ne produit ses effets que
lorsqu’elle a été prononcée par une sentence judiciaire(1).
- L’effet de l’indignité
1
Voir position contraire, dans R. Dekkers, Op.cit, p. 266, n°410.
2
L. Bach, Op.cit, p. 242.
3
Lire article 786 du code de la famille.
49
Si l’héritage dépasse 100. 000 zaïres, les héritages légaux sont appelés à la
succession.
a. Catégories d’héritiers
Si le de cujus n’a pris aucune disposition, son héritage sera partagé entre les
personnes qui y ont droit à savoir :
Les enfants du de cujus nés dans le mariage ou hors mariage mais affiliés
du vivant du de cujus et les enfants adoptifs (art. 758)
Le conjoint survivant, les père et le mère, les frères et sœurs germains ou
consanguins ou utérins (art. 758, b)
Les oncles et les tantes parentales ou maternels constituent la troisième
catégorie des héritiers de la succession (art. 758, c)
A défaut d’héritiers de la troisième catégorie, tout autre parent ou allié
viendra à la succession pour autant que son lien de parenté ou d’alliance
soit régulièrement constaté par le tribunal de paix (art. 760)
A défaut d’héritiers des quatre catégories, la succession est dévolue à
l’Etat. La situation créée par l’absence des successeurs s’appelle de
déshérence(1).
En adoptant cet ordre des héritiers, le code de la famille s’est écarté des
coutumes. Cette réaction est le résultat du spectacle scandaleux et affligeant
auquel on assiste dans les villes et dans la plupart des centre urbains où la
mort du chef du ménage, la femme et les enfants sont jetés dans la rue
pendant que les oncles, les tantes, les neveux et les nièces se partagent
tranquillement les biens que les époux ont acquis en commun(2).
1
A défaut d’héritiers, la succession est acquise à l’Etat. On dit qu’elle est en déshérence. Il ne faut
pas confondre la succession en déshérence avec la succession vacante. Une succession est vivante
lorsqu’elle n’est acceptée par aucune des personnes désignées par la loi pour la recevoir pas même
par l’Etat. Il s’agit, le plus souvent d’une succession déficitaire ; c'est-à-dire dans laquelle le passif
dépasse l’actif. Ici, la succession n’est qu’en déshérence, c'est-à-dire qu’il n’existe pas d’héritiers au
degré successible pour la recueillir. Dans les deux cas, que la succession soit en déshérence ou
qu’elle soit vacante, c’est à l’administration des domaines qu’est confiée la liquidation de la
succession. L. Bach, Op.cit, pp. 174-175.
2
Lire exposé des motifs du code de la famille.
50
b. Jeu de la représentation
- Manière de succéder
- Défunt et motif
Si les enfants ou l’un des enfants du de cujus sont morts avant lui et qu’ils
ont laissé des descendants, ils sont représentés par ces derniers dans la
succession (art. 758, al 2).
Par ailleurs, lorsque les père et mère du de cujus ou l’un d’eux sont décédés
avant lui mais que leurs père et mère ou l’un d’eux sont encore en vie, ceux-
ci viennent à la succession en leur et place (art. 758, al 4). De même, lorsque
les frères et sœurs du de cujus ou l’un d’eux sont décédés avant lui mais
1
R. Dekkers, Op.cit, p.269, n°416.
51
qu’ils ont laissé des descendants, ils sont représentés par ceux-ci dans la
succession (art. 758, al 4).
Conditions de la représentation
Il faut que le représenté ait possédé une vocation à la succession s’il avait
survécu.
Effet de la représentation
Les trois groupes reçoivent chacun un douzième de l’hérédité. S’il n’y a que
deux groupes, chaque groupe reçoit un huitième de l’hérédité. Enfin, s’il un
seul groupe est représenté, celui-ci reçoit un huitième de l’hérédité, le solde
1
R. Dekkers, Op.cit, p. 272, n°418 et ss.
52
Dans le cas des petits héritages, chacun des enfants par ordre de
primogéniture, a la faculté de reprendre la succession en tout ou pour une
part supérieur à la quote-part légale.
Si cette faculté n’est pas exercée par l’ainé, elle peut l’être par le deuxième
et ainsi de suite.
Celui qui a exercé le droit de reprise est tenu d’assurer les charges prévues
par la coutume en faveur d’autres enfants. Le droit de reprise est
homologué par le tribunal de paix dans le ressort duquel la succession est
ouverte. La demande d’homologation du droit de reprise devra ê tre
introduite dans les trois mois après l’ouverture de la succession.
Ce droit de reprise n’est pas une délégation mais une faculté qui sera
surtout utile dans l’hypothèse où le patrimoine est constitué par un seul
immeuble. Il devra, par ailleurs, se concilier avec le droit spécial d’usufruit
du conjoint survivant, droit qui maintient aussi l’unité partielle du
patrimoine familial pour ce qui concerne la maison habitée par les époux et
les enfants en bas â ge. L’obligation d’aide qui incombe à l’héritier favorisé
c'est-à -dire celui qui a exercé le droit de reprise est conforme à l’esprit de la
coutume. Toutefois, l’art. 789 pourra être mis au point par le tribunal qui
53
Comme nous l’avons dit plus haut, la dévolution successorale peut se faire
conformément à la loi (succession ab intestat) ou selon la volonté du défunt
(testament). Il est donc question de voir les règles de forme organisant les
testaments.
a. Acte unilatéral
b. Acte futur
c. Acte personnel
d. Acte solennel
Le testament est un acte solennel en ce sens qu’il doit se faire dans les
formes prescrites par la loi à savoir la forme authentique, la forme
olographe et la forme orale.
a. Testament authentique
55
Le testament authentique est celui qui est établi par le testateur soit devant
le notaire, soit devant l’officier de l’état civil de son domicile ou de sa
résidence.
4. Le testament doit être daté et signé par les parties, témoins si leur
concours est requis et le notaire (art. 6).
Le texte ne précise pas les formalités que l’officier de l’état civil doit
respecter. Néanmoins, il déclare que si un testament authentique est établi
devant l’officier de l’état civil, celui-ci garde dans ses archives un des deux
originaux et inscrit en outre dans un registre spécial des testaments la date
à laquelle celui-ci a été établi ainsi que les noms et le domicile et la
résidence du testateur.
b. Testament olographe
- Définition
Le testament olographe est celui qui est écrit en entier, daté et signé de la
main du testateur (art. 768). C’est la forme de testament la plus simple et la
plus répandue et le plus commode. Elle peut être employée en tout temps et
en tout lieu, sans que testateur ait besoin du concours de qui ce soit.
1
L. Bach, Op.cit, p.189.
57
En disant que le testament doit être daté, la loi veut dire qu’il doit contenir
l’indication précise des jour, mois et année ou il a été signé(1).
Par ailleurs, si une personne ne sait pas écrire ou se trouve dans l’incapacité
physique de rédiger ou de signer un testament, les formes prescrites aux
articles 768 et 769 et dressées par un tiers seront admises pour autant que
l’officier de l’état civil du lieu de la rédaction du testament légalise le
testament ainsi rédigé en présence du testateur (art. 770).
1
R. Dekkers, Op.cit, p. 674, n°1088.
58
- De la signature
- De la date
1
R. Dekkers, Op.cit, p. 679, n°1094.
59
En ce qui concerne la date du testament, il faut retenir que celui-ci fait foi de
sa date si l’écriture se révèle reconnue ou vérifiée.
c. Testament oral
- Définition
Le testament oral est celui qui est fait verbalement par une personne
sentant sa mort imminente et en présence d’au moins deux témoins
majeurs (art. 771). L’article 771 qui organise la possibilité d’un testament
oral au moment proche de la mort tout en limitant les points sur lesquels il
peut s’exercer permet au de cujus d’assurer surtout une modification des
règles successorales en matière de partage et d’organisation de la tutelle de
ses enfants mineurs. Nonobstant le danger et l’imprécision que revêt
nécessairement un testament oral, il était nécessaire de le prévoir et même
1
L. Bach, Op.cit, p.188.
60
Toute autre disposition prise dans un testament oral est nulle et les legs
supérieurs à 10. 000 zaïres sont réduits à cette somme.
2
Exposés généraux …art. 771.
61
Dans son article 852, le code de la famille attribue une réserve aux héritiers
de la première catégorie :
Les héritiers de la 2ème catégorie sont aussi héritier réservataires. Mais ils le
seront uniquement à défaut d’héritiers de la première catégorie.
En effet, l’article 853 du code de la famille stipule : « Si le disposant n’a pas
d’enfants, la quotité disponible ne peut excéder la moitié des biens, s’il y a
des héritiers d’au moins deux groupes de la deuxième catégorie ou les deux
tiers, s’ils n’y a que d’un seul groupe »
Les auteurs du code de la famille ont tout mis en œuvre pour assurer la
protection du conjoint survivant. Le conjoint survivant est retenu comme
héritier de la deuxième catégorie. Il est héritier réservataire.
§1. Principe
1
Exposés généraux… art 785.
64
La réserve est gouvernée par le principe ci-après. Elle est une part de la
succession légale . Elle ne protège les héritiers réservataires que contre les
libéralités (donation ou legs). La loi se désintéresse du sort du disponible.
La réserve est un droit propre. C’est de la loi que le réservataire tient son
droit à la réserve non du défunt. Bien mieux, en invoquant la réserve,
l’héritier réservataire s’oppose au défunt qui l’a compromise.
La réserve est intangible. Elle est d’ordre public. Ainsi, sont nulles les
clauses d’insaisissabilité insérées dans les donations ou les legs(1).
§1. Principe
L’article 781 du code de la famille dispose : « Lorsque les biens dont le père
ou la mère a disposé dépassent en valeur les trois quarts de la succession
qui revient à ses enfants, les parts testamentaires seront réduites à la
quotité disponible ».
En effet, l’article 782 du code de la famille dispose que : « Si le testateur n’a
pas d’enfant, la quotité disponible ne peut excéder la moitié des biens, s’il y
a au moins deux groupes de la deuxième catégorie à se présenter à la
succession et les deux tiers, s’il n’y a qu’un seul. La réduction se fera entre
les légataires proportionnellement aux legs dont ils ont été déclarés
bénéficiaires ».
A défaut d’héritiers des deux premières catégories, les libéralités par acte
entre vifs ou testamentaires peuvent épuiser la totalité des biens (art. 854).
a. Biens existant
b. Biens donnés
Les biens que le défunt avait donnés par acte entre vifs entrent aussi en
compte. Car il s’agit précisément de savoir s’il a pu les donner et à
concurrence de quel montant. Il faut donc inclure dans la masse
indistinctement :
1
R. Dekkers, Op.cit, p. 812, n°139.
67
c. Dettes
a. Principe
Le principe est que toutes les libéralités du défunt s’imputent sur la quotité
disponible. Doivent seules s’imputer sur la réserve, les libéralités que le
défunt a faites sans dispense d’imputation à un réservataire qui accepte la
succession.
- Condition
- Réservataire renonçant
- Réservataire indigne
Doivent encore s’imputer sur le disponible, les libéralités faites par préciput
à un héritier réservataire.
a. Principe
on a dit que le droit à la réduction est pour l’héritier réservataire une arme
à la fois défensive en ce sens qu’il peut l’opposer aux donataires ou
légataires qui viennent lui demander l’exécution d’une disposition
entamant la réserve, offensive, en ce sens qu’il a une action contre le
donataire nanti pour le forcer à restituer ce qui lui a été donné au-delà de la
quotité disponible.
- Ouverture du droit
1
R. Dekkers, Op.cit, p. 831, n°1385.
70
La réduction ne s’opère pas de plein droit. Elle ne peut être demandée que
par ceux au profit desquels, est faite la réserve dit l’article 867. Celui-ci
stipule que : « L’action en réduction ou en retranchement n’appartient
qu’aux héritiers réservataires, à leurs héritiers ou ayant cause, à l’exclusion
des donataires, des légataires et des créanciers du défunt. Le droit de
demander la réduction est un droit pécuniaire qui n’est pas attaché
exclusivement à la personne des réservataires. Il est transmissibles à leurs
héritiers et aux autres ayants cause ».
Principe
Les legs doivent être réduits tous ensemble avant les donations entre vifs.
En effet, l’article 871 du code de la famille dispose que les donations entre
vifs ne peuvent être réduites qu’après avoir épuisé la valeur de tous les
biens compris dans les dispositions testamentaires.
Quand il y a lieu de réduire les donations entre vifs, il faut les réduire
successivement les unes après les autres, par ordre des dates, en
commençant par la dernière (art. 871 in fine).
Mode de la réduction
71
1
R. Dekkers, Op.cit, p. 842, n°1410.
72
- Elle est individuelle. Elle ne profite qu’à ceux qui viennent en ordre utile à
la succession ;
- Elle est successive, en ce sens qu’à défaut des héritiers appelés au premier
rang, elle passe à ceux du rang subséquent. En vertu de la règle, le mort saisi
les vifs, ceux-ci doivent être considérés comme saisis dès le jour du décès ;
- Elle est indivisible. Elle porte sur toute la succession. L’héritier saisi peut
donc appréhender n’importe quel bien de la succession, sans que les tires
détenteurs puissent lui opposer l’existence d’autres héritiers saisis ;
§1. Notion
1
R. Dekkers, Op.cit, p.317, n°499, civil.
2
G. Marty et P. Raynaud, Droit, les successions et les libéralités, par P. Raynaud, Paris, Sirey,
1983 ,p.111.
3
R. Dekkers, Op.cit, p. 362, n°577.
73
La pétition d’hérédité est une action par laquelle une personne réclame la
reconnaissance de son droit héréditaires et en conséquence la restitution
de tout ou partie des biens du défunt, contre une personne qui, les détient
sans titre ou qui les possède illégalement(1).
1
Idem.
2
Sur la controverse sur ce point, voir R. Dekkers, Op.cit, p. 368, n°588.
74
a. Principe
Si avant son éviction, le faux héritier avait traité avec des tiers et leur avait
consenti des droits sur la succession ou sur un élément de celle-ci, ces
droits seront remis nécessairement en question puisqu’ils ont été acquis,
d’une personne dont il est jugé qu’elle ne pouvait les consentir ; l’héritier
véritable ne saurait souffrir des actes de celui qui avait usurpé la succession
et celle-ci doit être retrouvée intacte par lui.
75
Mais on ne saurait négliger les intérêts des tiers qui ont pu contracter de
bonne foi avec quelqu’un qu’ils croyaient héritier. Il faut concilier des
intérêts contraires mais qui peuvent être également respectables.
§1. Principe
a. Contenu
1
Le code de la famille ne parle pas de l’acceptation sous bénéfice d’inventaire.
76
b. Caractères de l’option
a. Principe
1
R. Dekkers, Op.cit, p. 326, n°507 et ss.
77
Comme nous l’avions dit plus haut, le code de la famille ne distingue pas
l’acceptation pure et simple et l’acceptation sous bénéfice d’inventaire du
fait que l’accepte sans bénéfice d’inventaire entraine des problèmes de
liquidation et de partage exagérément complexe(1).
Principe
Formes
Acceptation expresse
Acceptation tacite
1
Exposés généraux… art. 806.
78
Les actes pouvant être considérés comme acceptation tacite sont divers :
- Principe
L’héritier conserve tous les droits, tant réels que de créance qu’il peut avoir
contre la succession, et réciproquement la succession conserve tous les
droits tant réels que de créance qu’elle peut avoir contre lui.
1
Voir à ce sujet, P. Varin, Droit civil, T.2, 17e éd, par G. Gouleaux, LGDJ, 1992, p. 167 ; J.L. Renchon,
Droit patrimonial, les successions, Université Catholique de Louvain, Faculté de droit, 1994-1995, p.
94.
80
d. Renonciation
Notion
Forme
La renonciation doit être faite à peine de nullité par écrit et être signifiée au
liquidateur avant le délai fixé à l’article 801 alinéa 2.
Effets de la renonciation
L’héritier qui renonce est censé n’avoir jamais été héritier (art. 806). Sa part
est dévolue aux autres légaux ou testamentaires qui ont accepté la
succession. La renonciation enlève au renonçant tout avantage qu’il pouvait
retirer de la succession et l’affranchit de toutes les charges qui y étaient
attachées.
1
R. Dekkers, Op.cit, p. 355, n°558.
81
Rétraction de la renonciation
En effet, avant l’expiration du délai de trois mois prévu à l’article 801 alinéa
2 du code de la famille, l’héritier qui a renoncé peut se raviser.
Il s’agit d’une situation irrationnelle car les cohéritiers du renonçant ont été
par suite de la renonciation investis de l’hérédité. En droit français, la
rétractation n’est possible que si la succession n’a pas été acceptée par
d’autres héritiers. L’acceptation de la succession par un autre héritier
postérieurement à la renonciation rendrait celle-ci irrévocable(1).
Par ailleurs, la renonciation obtenue par dol, violence ou menace d’un autre
héritier, ne devient irrévocable qu’un an après la cessation de la violence ou
de la menace ou de la découverte du dol. Ainsi dans l’année de renonçant
peut rétracter sa renonciation.
1
G. Marty et P. Reynaud, Droit civil, les successions, p. 136, n°188.
82
§1. Définition
Le code de la famille précise d’ailleurs que tant que la succession n’est pas
liquidée, elle constitue un patrimoine distinct (art.794).
1
Comparer avec la déshérence.
2
R. Dekkers, Op.cit, p. 371, n°589.
83
Lorsque les héritiers ne sont pas encore connus ou sont très éloignés ou
qu’ils ont tous renoncé à l’hérédité ou en cas de contestation grave sur la
liquidation, le tribunal compétent désigne d’office ou à la requête du
ministère public ou d’un des héritiers, un liquidateur judiciaire parent ou
étranger à la famille (art. 795).
Enfin, signalons que nul n’est tenu d’accepter les fonctions de liquidateur.
Le liquidateur ne peut se démettre de ses fonctions que lorsqu’il invoque de
justes motifs acceptés par le tribunal compétent.
§1. Principe
Tout successeur universel qui accepte jouit des droits suivants : il devient
propriétaire des biens du défunt pour autant qu’ils se transmettent pour
cause de mort. Comme les effets de l’acceptation remontent au jour de
l’ouverture de la succession, le successeur a droit aux fruits de ce jour. Bref,
l’héritier a un droit sur les biens et les créances du défunt.
L’obligation d’exécuter les legs aque celle d’acquitter les dettes de défunt.
Elle pèse sur l’héritier.
Ces charges comprennent les frais funéraires, dans la mesure où ils sont
proportionnés à la fortune du défunt, les frais de gestion des biens de la
succession et de liquidateur de celle-ci.
Ces inconvénients sont d’abord pour l’héritier qui est tenu utra vires. Il va
donc devoir acquitter de ses derniers les dettes d’une succession insolvable.
La confusion des patrimoines est dangereuse pour les créanciers
86
Les créanciers du défunt et les légataires qui n’ont d’action que sur ces
biens ont donc intérêt à ce que le patrimoine successoral soit aussi
important que possible. Aussi l’héritier ne peut donc l’administrer
librement. Il doit rendre compte aux créanciers et légataires. Il répond de
ses fautes graves. Il ne peut vendre les biens du défunt qu’en observant des
formalités destinées à procurer le plus haut prix.
§1. Indivision
Sur les biens de la succession, chaque héritier a les droits d’un propriétaire
indivis. Ce sont essentiellement des droits d’usage et de jouissance que
chacun peut exercer dans la mesure compatible avec les droits des autres et
celui de concourir avec les autres aux actes de disposition qui requièrent
l’unanimité.
En dehors de ses droits sur les biens compris dans la succession, chaque
héritier a un droit sur sa quote-part idéale, qu’il est difficile de définir
exactement mais dont l’existence n’est pas douteuse. C’est ainsi qu’un
héritier a droit à la moitié, au tiers, au quart de la succession.
Tant que le partage n’a pas déterminé les biens entrant dans cette fraction,
le droit de chaque Co indivisaire est celui de se faire attribuer dans le
partage un droit privatif sur un ou des éléments de la masse héréditaire
représentant la valeur de sa quote-part. Ce droit privatif n’est que futur, la
vocation à acquérir est actuelle. Dès l’ouverture de la succession, l’héritier a
un droit qu’il peut défendre et qu’il peut céder.
Il droit d’un cohéritier sur sa quote-part est transmissible et c’est ainsi qu’il
peut être transmis à ses propres héritiers en cas de décès. Il peut aussi faire
l’objet d’une cession entre vifs, c’est la cession de droits successifs. Cette
cession aurait pour effet, si elle était consentie au profit d’un étranger,
88
L’indivision héréditaire est un état précaire auquel il peut être mis fin à tout
moment dès l’instant qu’un Co indivisaire demande le partage.
Le partage est donc l’acte par lequel les indivisaires substituent à leurs
droits de copropriété sur tous les biens indivis des droits de propriété
exclusive sur certains de ces biens(2). On appelle action en partage le droit
de chaque indivisaire de contraindre les autres au partage. Si ceux-ci ne s’y
prêtent pas, de bonne grâ ce, le partage se fera néanmoins malgré eux et par
autorité de justice. Le juge substituera sa volonté à celle des récalcitrants.
1
Lire articles 780 et 910 du code de la famille.
2
R. Dekkers, Op.cit, p. 401, n°639.
89
Dans la mesure du possible, les héritiers reçoivent des lots ayant la même
composition ou qui sont les plus utiles. En cas de désaccord sur la
répartition de l’héritage, un arbitrage du conseil de famille proposera une
solution. Si la solution n’est pas accueillie, le tribunal de paix pour les
héritages ne dépassant pas 100.000 zaïres et le tribunal de grande instance
792).
a. Quant à l’objet
Le partage est complémentaire quand il porte sur des biens qui n’avaient
été compris dans un premier partage.
Le partage est complémentaire quand il porte sur des biens qui n’avaient
été compris dans le premier partage.
Dans la mesure du possible, les héritiers reçoivent les lots ayant la même
composition. En cas de désaccord sur la répartition de l’héritage, et après
arbitrage du conseil de famille, le tribunal de paix ou le tribunal de grande
instance fixera d’une manière définitive l’attribution des parts (art. 792).
Quand un partage a été provoqué ou consenti par une personne qui n’avait
pas la capacité ou le pouvoir requis, il est entaché de nullité relative.
Cette institution a pour but d’empêcher que des étrangers s’immiscent dans
des affaires et les secrets de famille, de faciliter le partage, opération
1
G. Galopin, Cours de droit civil, les successions, notes de cours par Dejace, U.O.C, 1971, p.80.
2
R. Dekkers, Op.cit, p.425, n°682.
91
d. Procédure et effet
1
G. Galopin, Op.cit, p. 76.
92
a. Définition du rapport
Le mot rapport évoque l’acte par lequel on remet dans la masse une valeur
qui en était sortie(2).
b. Fondement
- Propre, le cohéritier qui demande le rapport agit de son propre chef et non
du chef du défunt ;
- Accessoire au partage.
1
G. Marty et P. Raynaud, Les successions, p.198, n°252.
2
R. Dekkers, Op.cit, p.430, n°694.
3
R. Dekkers, Op.cit, p.431, n°695.
94
L’article 857 déclare que : « Les dons ou legs faits avec dispense de rapport
sur la réserve successoral doivent être restitués à l’hérédité et sont par
portions égales partagées entre tous les cohéritiers ».
Ce rapport n’est pas dû par les légataires mêmes universels, saufs clause
contraire expresse du legs. Le rapport est donc dû par tout successeur.
2. Venir à la succession
Est seul tenu au rapport, l’héritier qui accepte, qui vient à la succession.
L’héritier appelé qui renonce peut retenir le don entre vifs ou le legs à lui
fait jusqu’à concurrence de la quotité des biens dont le défunt aurait pu
disposer au profit d’un étranger(1).
L’héritier doit rapporter tout ce qu’il a reçu du défunt sans distinction. Tous
les legs sans aucune restriction sont sujets à rapports. Il n’y a pas à
distinguer si le legs est à titre universel ou à titre particulier.
Quant aux donations entre vifs, la règle est également qu’elles sont
rapportables. Tout héritier doit rapport à ses cohéritiers tout ce qu’il a reçu
du défunt, par donation entre vifs directement ou indirectement peu
importe la nature ou l’importance des biens donnés(1).
1
L. Bach, Op.cit, p.258.
96
Les fruits des biens soumis au rapport. Ces fruits ne sont dus qu’à
compter du jour de l’ouverture de la succession
De même ; en cas d’assurance sur la vie, le capital, la rente payable au
décès du contractant à un bénéficiaire déterminé(1).
- En nature
- En moins prenant
- En récompense
- Par compensation
le mot rapport des dettes manque tout à fait l’exactitude quand il s’agit de
dettes. Il qualifie ici un mode spécial de recouvrement des dettes dont l’un
ou l’autre des cohéritiers peut être tenu envers la succession.
Le rapport des dettes est établi dans l’intérêt des cohéritiers de l’héritier
débiteur. Il a paru équitable que l’héritier, qui est débiteur de la succession,
ne puisse venir au partage quand il est libéré de sa dette, même avant
l’échéance, soit par un paiement effectif soit par un rapport en moins
prenant. Tout héritier doit faire rapport à la masse des sommes dont il est
débiteur envers elle à un titre quelconque.
1
L. Bach, Op.cit, p. 261.
2
L. Bach, Op.cit, p. 263.
98
j. Effets du partage
l’attribution des lots aux copartageant crée pour ceux-ci des droits et des
obligations. L’héritier devient propriétaire des biens compris dans son lot. Il
est même censé l’être devenu non seulement du jour du partage, mais dès
l’ouverture de la succession (effet déclaratif du partage).
k. Dissolution du partage
Le partage amiable est une convention. Il devrait être annulé chaque fois
qu’il présente un des défauts qui peuvent affecter une convention (vice de
consentement, incapacité fraude des droits des créanciers). De même, le
partage judiciaire devrait être annulé pour vices de forme, incompétence du
magistrat.
§1. Principe
99
La règle de la division de plein droit des créances et des dettes du défunt est
une conséquence de la continuation de la personne du défunt.
Les créances et les dettes du défunt deviennent des créances et des dettes
des héritiers et elles se divisent entre eux s’ils sont plusieurs. Chaque
héritier devient créancier pour sa part des débiteurs du défunt et débiteur
pour sa part des débiteurs du défunt et débiteur pour sa part des créanciers
du de cujus.
Par ailleurs, s’agissant d’une dette indivisible, chaque héritier peut être
poursuivi pour le tout. S’agissant d’une créance indivisible, chaque
cohéritier peut exiger l’exécution en totalité.
La division est aussi écartée lorsque l’un des héritiers est chargé seul par le
titre de l’exécution de l’obligation.
Dans les rapports des cohéritiers entre eux, il s’agit de savoir dans quelle
proportion, chacun doit en définitive bénéficier d’une créance ou supporter
le poids d’une dette héréditaire.
En cas de grands héritages, le bureau des successions peut être consulté aux
mêmes fins à la demande expresse du liquidateur et en cas de présence du
conseil de famille et sur avis conforme de celui-ci (art. 814).