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COURS
DE
DROIT ADMINISTRATIF GENERAL I
I - ARGUMENTAIRE
II - PLAN DETAILLE
V- COURS REDIGE
Par
Ce que l’on peut dire est que le droit administratif met en rapport l’administration,
notamment publique, et les administrés et que dans ce cadre, il peut être, selon les cas, soit un
privilège pour l’administration, soit un rempart contre l’arbitraire administratif.
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II. PLAN DETAILLE
INTRODUCTION GENERALE
Ière PARTIE
Section 1 : L’autonomie
Paragraphe 1 : L’articulation
A- L’autonomie des sources
B- L’autonomie de fond
Paragraphe 2 : Les limites
A- Les limites liées aux sources
B- Les limites liées aux règles de fond
Section 2 : Les bases constitutionnelles
Paragraphe 1 : La formulation
A- La genèse du critère
B- La consistance du critère
Paragraphe 2 : La réception
A- Une réception doctrinale critique
B- Une réception normative duale
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TITRE II : LES SOURCES
Section1 : La classification
Paragraphe1 : Le critère formel
A- Les sources bilatérales
B- Les sources multilatérales
C- Les sources unilatérales
Paragraphe 2 : Le critère spatial
A- Les sources à caractère universel
B- Les sources à caractère non universel
Section 2 : Le régime juridique
Paragraphe1 : Les conditions d’applicabilité des traités dans l’ordre juridique étatique
A- La ratification ou l’approbation
B- La publication
C- La réciprocité
Paragraphe 2 : L’interprétation des traités internationaux
A- L’interprétation des traités avant l’arrêt G.I.S.T.I
B- L’interprétation des traités depuis l’arrêt G.I.S.T.I
Paragraphe 3 : L’autorité des traités internationaux dans l’ordre juridique étatique
A- Le traité et la Constitution
B- Le traité et la loi
C- Le traité et la norme administrative
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IInde PARTIE
L’ORGANISATION DE L’ADMINISTRATION
TITRE I : LA CONCEPTION
TITRE II : LA CONCRETISATION
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A- Le premier ministre
B- L’organisation des services du premier ministre
Paragraphe 3- Les ministères
A- Le ministre
B- Le nombre et la classification des ministères
C- L’organisation interne des ministères
Section 2 : L’administration déconcentrée
Paragraphe 1 : Les circonscriptions administratives
A- La région
B- Les autres circonscriptions administratives
Paragraphe 2 : Les services extérieurs des ministères
A- Les services régionaux
B- Les services départementaux
C- Les services d’arrondissement
Paragraphe 3 : Le type particulier : les chefferies traditionnelles
A- La catégorisation des chefferies traditionnelles
B- Le statut des chefs traditionnels
C- Les attributions des chefs traditionnels
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III - BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
A- Ouvrages :
- AUTIN (Jean-Louis) et RIBOT (Catherine), Droit administratif général, 5ème éd., Litec,
Paris, 2007.
- BONNARD (Roger), Précis de droit administratif, 4ème éd., L.G.D.J, Paris, 1943.
- BURDEAU (François), Histoire du droit administratif (de la Révolution au début des
années 1970), P.U.F, Paris, 1995.
- CHAPUS (René), Droit administratif général, t.1, 15ème éd., Montchrestien, Paris, 2001.
- DEBBASCH (Collin), Droit administratif, 10ème éd., Paris, Economica, 2011.
- DELVOLVE (Pierre), Droit administratif, 6ème éd., Dalloz, Connaissance du droit, Paris,
2014.
- DUGUIT (Léon), Traité de droit constitutionnel, 3ème éd., t.1, Fontemoing et compagnies,
Ed. E. Boccard, Paris, 1927.
- FRIER (Pierre-Laurent) et PETIT (Jacques), Droit administratif, 11ème éd., Montchrestien,
Paris, 2017.
- GAUDEMET (Yves), Droit administratif, 20e édition, L.G.D.J, Paris, 2012.
- GUETTIER (Christophe), Droit administratif, 3ème éd., Montchrestien, Paris, 2009.
- HAURIOU (Maurice), Précis de droit administratif et de droit public, 12ème éd., Sirey,
Paris, 1933.
- KAMTO (Maurice), Droit administratif processuel du Cameroun, P.U.C, Yaoundé, 1990.
- KEUTCHA TCHAPNGA (Célestin), Précis de contentieux administratif au Cameroun.
Aspects de l’évolution récente, 1ère éd., Paris, L’Hamattan, 2013.
- NGOLE NGWESSE (Philippe) et BINYOUM (Joseph), Eléments de contentieux
administratif camerounais, Paris, L’Harmattan, 2010.
- LOMBARD (Martine), DUMONT (Gilles) et SIRINELLI (Jean), Droit administratif, 10ème
éd., Dalloz, Paris, 2013.
- LOUVARIS (Antoine), Droit administratif, Paris, PUF, 2011.
- MAURIN (André), Droit administratif, 8ème éd., Sirey, Paris, 2011.
- MELLERAY (Fabrice), YOLKA (Philippe) et GONOD (Pascal), Traité de droit
administratif, tome I, Dalloz, Paris, 2011.
- MELLERAY (Fabrice), YOLKA (Philippe) et GONOD (Pascal), Traité de droit
administratif, tome II, Dalloz, Paris, 2011.
- MESCHERIAKOFF (Alain-Serges), Le droit administratif ivoirien, Économica, Paris, 1982.
- MORAND-DEVILLER (Jacqueline), Cours de droit administratif, 12ème éd., Montchrestien,
Paris, 2011
- MORAND-DEVILLER (Jacqueline), BOURDON (Pierre) et POULET(Florian), Droit
administratif, LGDJ, Paris, 2017.
- MOUDOUDOU (Placide), Droit administratif congolais, L'Harmattan, Paris, 2003.
- OWONA (Joseph), Doit administratif spécial de la République du Cameroun, Edicef, Paris,
1985.
- OWONA (Joseph), Le contentieux administratif de la République du Cameroun,
L’Harmattan, Paris, 2011.
- PEISER (Gustave), Droit administratif général, 26ème éd., Dalloz, Mémentos, Paris, 2014.
- TRUCHET (Didier), Droit administratif, 5ème éd., Thémis, Paris, 2013.
- VEDEL (Georges) et DELVOLVE (Pierre), Droit administratif, T.1, 13ème éd., P.U.F, Paris,
1997.
- WALINE (Jean), Droit administratif, 25ème éd., Paris, Dalloz-Sirey, 2014.
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B- Revues, périodiques, recueils d’arrêts commentés et lexique :
1- Revues et périodiques :
3- Lexique :
C-Thèse :
D- Mémoire :
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II-EXERCICES D’ENTRAINEMENT :
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V-COURS REDIGE
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Comme le disait, à juste titre, le doyen Maurice HAURIOU, le droit administratif est
un « droit vivant ». L'éminent professeur voulait ainsi montrer que ce qui caractérise le droit
administratif c'est le fait qu'il soit en constante mutation.
Pour répondre à cette interrogation duale, on peut dire qu'à certains égards, le droit
administratif est un droit des privilèges et donc de l’administration mais, qu’à d’autres égards,
il est un rempart contre l’arbitraire administratif et donc le droit des administrés.
Il sied de déterminer dans un premier temps l'objet du droit administratif(A), et, dans
un second temps, sa place (B).
A. L’objet
Il est généralement admis que l'administration constitue l'objet par excellence du droit
administratif. Mais de quelle administration s'agit-il ?
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l'activité des particuliers et des autres activités publiques (exemple : l'activité législative,
diplomatique et juridictionnelle).
Il convient cependant de noter qu’il existe entre ces deux définitions (organique et
matérielle) une absence de coïncidence. En effet, au sens organique, l'administration peut ne
pas assurer d'activité administrative, mais plutôt une activité privée, recourir aux procédés de
gestion privée du service public ; de fait, au regard du distinguo gestion publique (application
du droit public) et gestion privée, le droit administratif n'intervient pas. A l’inverse, au sens
matériel, l’administration peut être assurée par des personnes non administratives à l'instar des
personnes privées par exemple.
B. La place
Au regard de ce qui a été précédemment dit, le droit administratif est non pas une
branche du droit privé, mais une branche du droit public que le doyen Léon DUGUIT définit
comme « l'ensemble des règles de droit qui s'appliquent à l'État, aux gouvernants et à leurs
agents dans leurs rapports entre eux et avec les particuliers »
Le droit administratif ne peut appartenir au droit privé pour la raison que ce dernier
est, pour reprendre le doyen Léon DUGUIT, « l'ensemble des règles coutumières ou écrites
s'appliquant aux rapports des particuliers» et, exceptionnellement, aux rapports des
particuliers avec l'administration.
Le droit administratif n'a pas une histoire similaire ou identique à celle du droit privé.
C'est un droit dont les origines sont hétérogènes. En France où il né, il a des origines
principalement a-juridiques (A) et complémentairement juridiques (B). Au Cameroun, le droit
administratif en vigueur s’inspire, dans une large mesure, de ce droit (C).
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A. Les origines a-juridiques
Le droit administratif s'est construit historiquement dans le contexte français pour des
raisons a-juridiques, c’est-à-dire en dehors ou en marge du droit. En effet, sans la vision
métaphysique de l'État et de l'autorité qui a marqué les centralismes monarchique,
révolutionnaire et napoléonien, le droit administratif n'aurait pas émergé sous la forme que
l'on lui connaît aujourd’hui.
Au total, te droit administratif trouve ses origines, embryonnaires sans doute, mais
déjà conceptualisées, à une époque très ancienne où l'État n'est même pas encore conçu
comme tel ; et sa pétition d'autonomie est, à en croire Jean BOULOUIS, bien antérieure au
célèbre arrêt Blanco rendu par le tribunal des conflits le 08 février 1873, qui a constitué l’un
des composantes de ses origines juridiques.
Le droit administratif est né en France d'un principe textuel et l'arrêt Blanco lui a
donné sa consistance normative.
1- Le principe textuel
Le principe dont il est question a été posé, selon la doctrine française, au début de la
révolution de 1789. Il dérivait, d'après elle, d'une interprétation de la séparation des pouvoirs.
Le principe dont s’agit est celui de la séparation des autorités administratives et judiciaires
institué par la loi des 16-24 août 1790 sur l'organisation judiciaire.
D'après cette loi, «les fonctions judiciaires sont distinctes et demeureront toujours
séparées des fonctions administratives. Les juges ne pourront, à peine de forfaiture,
troubler de quelque manière que ce soit les opérations des corps administratifs, ni citer
devant eux les administrateurs pour raison de leurs fonctions».
Ce principe fut solennellement rappelé, cinq ans plus tard, par le décret (v. George
Vedel et Pierre Delvolvé ainsi que Gilles Lebreton) ou loi (v. René Chapus) du 16 fructidor
an III, en ces termes (article unique) : «Défenses itératives sont faites aux tribunaux de
connaître des actes d'administration de quelque espèce qu'ils soient, aux peines de droit ».
Par ces prescriptions prohibitives, les révolutionnaires voulaient éviter que les
tribunaux judiciaires ne renouent avec les pratiques de leurs prédécesseurs. Aussi paradoxal
que cela puisse paraitre, les textes de 1790 et de l’an III ne faisaient d’ailleurs que réitérer une
interdiction que le Roi avait déjà posée, sans succès durable, dans l’Edit de Saint-Germain de
février 1641, puis dans son arrêt du conseil du 8 juillet 1661.
Pour René CHAPUS, ce principe ainsi posé «signifie que l'action de l'administration,
lorsqu'elle se manifeste comme puissance publique, ne doit pas être jugée par les tribunaux
judiciaires ».
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En somme, les textes interdisaient aux juges judiciaires, non seulement d’administrer,
mais également de connaître des litiges administratifs. Ainsi, à partir de 1790, les difficultés
contentieuses nées de l'activité administrative ne pouvaient plus être examinées par les
juridictions appartenant à l'ordre judiciaire. Furent alors instituées des juridictions distinctes et
spécialisées dans le traitement du contentieux de l'administration agissant comme puissance
publique, à savoir les conseils de préfecture (remplacés en 1954 par les tribunaux
administratifs) et le Conseil d'État.
Ces juridictions avaient pour mission d'assurer le règlement des litiges administratifs
sur la base de règles distinctes de celles du droit privé et adaptées à la spécialité et à la
spécificité des activités de l'administration, puissance publique.
Il restait à ce que cet état de droit soit consacré officiellement. Ceci fut l’œuvre, non
pas du conseil d'État, mais du tribunal des conflits (il est chargé, en France, de régler
souverainement les difficultés que peut soulever la répartition des compétences entre les
juridictions administratives et les juridictions judiciaires) dans l’arrêt Blanco rendu le 8
février 1873.
2- La consécration jurisprudentielle
Il est à noter que c'est sur la base de cette consécration jurisprudentielle que le conseil
d'État a eu à connaître de l'action en dommages intérêts exercée contre l’Etat dans l'affaire
Blanco et qu'il a appliqué les règles du droit administratif (CE, 8 mai 1874, Blanco).
Ce qu'il faut retenir, en définitive, c'est que l'arrêt Blanco du tribunal des conflits a,
d'une certaine façon, consacré l'autonomie du droit administratif, notamment celui du droit de
la responsabilité administrative par rapport aux règles énoncées dans le code civil. Malgré les
rapprochements des jurisprudences administrative et judiciaire, le principe consacré demeure
valable.
Comment et pourquoi le droit administratif a été introduit au Cameroun ?
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C- L’introduction au Cameroun
Le droit administratif introduit au Cameroun n'a pas dérogé, pour l'essentiel, aux
principes consacrés en France, que ce soit avant ou après l'indépendance, mais davantage
avant qu’après. Il est donc, pour une bonne part, tributaire du droit administratif français.
Tout laisse croire que cette influence s'est étendue à la situation juridique de
l'administration ainsi qu'au statut des rapports de celle-ci avec les particuliers. D'une part, le
Cameroun, comme la plupart des pays africains d'expression française, a constitué un ordre
juridictionnel qui prend en compte l'ordre administratif, notamment au plan fonctionnel,
exclusivement appelé à connaître des litiges mettant en cause l'administration du fait de son
activité administrative. Ce faisant, il a, comme l'écrit Joseph Marie BIPOUM WOUM,
« consacré l’un des principes de base du droit administratif français» à savoir la séparation
des autorités administratives et judiciaires.
Les raisons d'une telle consécration sont de plusieurs ordres ; on peut relever, entre
autres, la situation juridique du Cameroun avant l'indépendance, laquelle a permis l'influence
du droit français sur son organisation, ainsi que les conditions juridiques de son accession à
l'indépendance caractérisées pour l'essentiel par la reprise des normes juridiques.
Il faut cependant relever que le constituant, le législateur, l'exécutif ainsi que le juge
administratif ont depuis lors élaboré des règles complétives ou distinctes qui tendent à
infléchir la dépendance du droit administratif au Cameroun à l’égard de celui en vigueur en
France, de telle sorte qu'on ne peut plus dire aujourd’hui que le droit administratif au
Cameroun est un « droit mimétique », c'est-à-dire la reprise intégrale et sans bénéfice
d’inventaire des règles élaborées ou en vigueur en France. En effet, on assiste au niveau de
l’ordre juridique camerounais d'une part, à une réception sélective ou appropriée de la
jurisprudence administrative française et, d'autre part, à d'heureuses et importantes adaptations
voire à des innovations tant au plan normatif qu'au plan institutionnel.
Le droit administratif, tel qu’il est né et s’est développé en France, peut être
doublement caractérisé. En effet, il est d'une part, fondamentalement jurisprudentiel ou
prétorien et, d'autre part, essentiellement inégalitaire.
Il s'avère que les grands principes et règles qui régissent le droit administratif ont été
consacrés par le juge. C'est pour cette raison que l'on dit qu’il est fondamentalement
jurisprudentiel. Mais, il faut préciser que le juge administratif, comme tout juge, a pour
fonction première la fonction juridictionnelle et que, la fonction jurisprudentielle n'intervient
qu'à titre exceptionnel.
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formulant des principes et des règles qui feront partie de l’ordonnancement juridique au même
titre que l’acte administratif, la loi, le traité et la constitution.
Dans le cadre du présent cours, l’on s’intéressera d'une part, à la conception du droit
administratif (1èrepartie), et, d'autre part, à l'organisation de l'administration (2ndepartie).
Ière PARTIE
LES CRITÈRES
Une importante controverse a animé voire divisé la doctrine sur l’existence ou non
d’un critère du droit administratif. A l’analyse, on se rend compte que le débat tourne autour
des critères théoriques (chapitre 1) et des critères juridiques (chapitre 2) du droit
administratif.
Il convient de faire ressortir cette controverse à travers ses lignes de force en analysant
tour à tour ces différents groupes de critères.
CHAPITRE I
Vers la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle, deux courants de pensée se sont
affronté sur l’existence d’un critère ou non du droit administratif : l’un est qualifié d' « école
du service public », tandis que l'autre est dénommé l’« école de la puissance publique ».
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Ces deux courants de pensée étaient animés par deux grands maîtres du droit public
français à savoir, d'un côté, le doyen Léon DUGUIT, et, de l'autre, le doyen Maurice
HAURIOU.
Du fait de la persistance des désaccords entre ces deux tendances doctrinales, de leurs
insuffisances respectives, et surtout à cause du déclin de la notion de service public, une thèse
médiane a été conçue au milieu du 20 ème siècle par Marcel WALINE et reposait sur le critère
de l'utilité publique.
Le critère du service public a été défendu par l'école de Bordeaux, fondée par Léon
DUGUIT (1859-1928), doyen de la faculté de bordeaux de 1919 à 1928. Ce dernier a été suivi
par une génération d’auteurs de haute valeur, notamment, Gaston JEZE, Roger BONNARD,
Louis ROLLAND.
La thèse fondamentale soutenue par ces auteurs est que tout le droit administratif
s’explique par la notion de « service public ». Ce dernier est donc le critère fondamental voire
unique de définition du droit administratif.
Le service public tel que le conçoit Léon DUGUIT est cette finalité du droit
administratif. Pour cet auteur, ce qui importe dans l'activité de l'administration c'est l'objectif
que celle-ci veut atteindre, en l'occurrence, le «meilleur service de l'intérêt général». Par
conséquent, les moyens mis en œuvre pour atteindre cette finalité importent peu. Ainsi, dès
lors qu'il est établi qu'il y a service public, il doit y avoir application des règles du droit
administratif et, par conséquent, compétence de la juridiction administrative.
Il se dégage de ce qui précède que le service public se caractérise par trois éléments : il
est une activité ou entreprise ; il est exercé par une collectivité publique (Etat, collectivité
territoriales décentralisée et établissement public administratif) ; il vise à satisfaire un besoin
d’intérêt général.
L'école de Bordeaux soutient, par ailleurs, que c'est par la notion de service public que
sont et doivent être définies les autres notions du droit administratif.
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On peut dire que les défenseurs de cette école ont une conception dogmatique et
autoritaire du droit administratif, en ce que le service public est finalement « la clé de voûte et
la clé de tout » du droit administratif. Ainsi, ce dernier est considéré comme le « droit des
services publics » et toutes ses règles trouvent leur justification dans cette idée (ex. : les règles
spéciales concernant les biens du domaine public qui s’’expliquent par leur affectation au
service public ; le régime exorbitant du droit commun qui régit les contrats administratifs
s’explique aussi par le lien tenu qu’ont lesdits contrats avec le service public ; il en est de
même des conditions de mise en œuvre de la responsabilité des personnes publiques, tantôt
sévères, tantôt moins sévères que celles régissant la responsabilité des particuliers eu égard
aux particularités de fonctionnement des services publics).
Sur le plan juridique, il est arrivé justement que le juge recourt au critérium du service
public pour faire application du droit administratif. Ce faisant, il est devenu un critère de
détermination de la compétence du juge administratif. Relève ainsi de ce dernier les activités
de service public et celles qui n’en sont pas ressortissent à la compétence du juge judiciaire.
Trois arrêts sont, à ce égard, généralement invoqués : CE, 06 février 1903, Terrier ;
TC, 29 février 1908, Feutry ; CE, 4 mars 1910, Thérond.
Depuis lors, et jusqu’à nos jours, la référence au critère du service public est constante
dans bon nombre d’arrêts de Conseil d’Etat et du Tribunal des conflits (ex. : TC ,15 janvier
1968, Epoux Barbier c/ Air France). Mais le critère du service public a des limites.
Dans son acception classique, le service public est une activité d'intérêt général. Ce
faisant, il subodore l’intervention d’une personne publique à laquelle est confiée cette activité.
Or, aujourd’hui, le lien entre ces deux aspects du service public (activité d'intérêt général et
personne publique) est en déclin et même, dans des cas assez importants, rompu. En effet, il
existe des personnes publiques qui ne mènent pas toujours des activités de service public
(exemple la gestion du domaine, privé par des personnes publiques).
Il se dégage de ce qui précède que le service public, dans des cas assez importants, ne
peut pas être utilement invoqué pour déterminer le champ d’application du droit administratif,
entendu comme un ensemble de constructions juridiques distinctes de celles applicables
aux personnes privées.
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Plusieurs raisons peuvent être avancées à cet effet :
- le service public est un critérium d'ordre politique voire idéologique et non juridique.
D’un côté, la notion de service public est imprécise au regard de deux facteurs :
organique et matériel.
Organiquement, cette notion ne colle pas avec la réalité. Ainsi, la gestion du domaine
privé des personnes publiques ne connaît pas l'application du droit public. On observe aussi
une multiplication des services publics à gestion privée.
D'un autre côté, le service public est un critérium politique et non juridique.
Il est un critère non juridique d’une part, parce que les références de la jurisprudence à
la notion de service public n'ont pas valeur d'utilisation d'un critérium du droit applicable, et,
d’autre part, parce qu'il n'existe pas une systématisation doctrinale et convaincante sur cette
notion ; c’est dire qu’elle ne peut être érigé au rang de critère de droit public.
Il est par contre un critérium politique d'une part, parce qu'il est l'expression d'une
option voire d'un choix politique, et, d'autre part, parce qu'il exprime une pratique politique ;
il fait présumer l'intervention sous une forme ou une autre des personnes publiques. Que dire
du critère concurrent à savoir la puissance publique ?
Pendant longtemps, le terme puissance publique a été utilisé en droit public dans un
sens quasi métaphysique qui l’a bien discrédité, notamment du fait des conséquences qui en
découlaient : irresponsabilité de l’Etat dans certains secteurs de l’activité administrative
(police) et existence d’ « actes discrétionnaires » pour lesquels l’administration ne pouvait
être soumise à aucun juge.
Or, c’est une notion exacte qui doit seulement épurer de ses aspects inacceptables.
C’est dans cette optique qu’il faut le comprendre comme critère du droit administratif.
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Paragraphe 1 : La substance du critère
L'école de Toulouse estime que c'est à partir de ces procédés et moyens que
l’administration applique que l'on peut expliquer le droit administratif car, ce sont eux qui
font de l'administration une puissance publique, laquelle puissance qui lui permet de remplir
ses missions de service public.
Le critère de la puissance publique s'inscrit donc dans l'ordre des moyens. C'est
seulement si le service public est assuré par ces procédés de la gestion publique qu’il y a
application du droit administratif et, par voie de conséquence, compétence de la juridiction
administrative.
Il convient de préciser que Maurice HAURIOU était, au départ, l’un des défenseurs du
service public (lire M. HAURIOU, La gestion administrative, 1889). Il a été amené, aux
termes d'une longue réflexion sur les problèmes fondamentaux du droit, à reconnaître que le
but (service public), élément essentiellement subjectif, difficile à cerner, s'il joue dans l'acte
juridique un rôle qu'on a trop surestimé, n'en est pas cependant, en raison même de ses
caractères, l'élément déterminant. Aussi pense-t-il que pour dégager le critérium du droit
administratif, c'est au cœur même de la matière que l'analyse doit porter à savoir la notion de
puissance publique.
Mais, comme le critère de service public, la puissance publique connaît, elle aussi, des
limites.
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particuliers, mais également par des dérogations « en moins ». Ainsi, à côté des prérogatives
que détient l’administration, il y a aussi des sujétions auxquelles elle est soumise et que ne
connaissent pas les simples particuliers.
Deuxièmement, avec toute une série de règles, l'administration (qui apparaît souvent
dotée d’un pouvoir supérieur à celui des particuliers) apparaît infiniment moins libre dans
l’exercice de sa volonté que les particuliers. Comme l’a écrit Jean RIVERO, « ce n’est plus
l’administration impérieuse, c’est l’administration ligotée, c’est à côté de la puissance
publique, la servitude publique »
Troisièmement, pour l'agent public, la compétence définit une obligation, alors que
pour le particulier, la capacité que le droit privé lui reconnaît est pour lui une faculté pure. Il
peut l'exercer ou ne pas l'exercer ou alors charger quelqu'un d'autre de l’exercer pour lui.
On pourrait multiplier des exemples, mais ceux cités ci-dessus suffisent sans doute à
fonder l'idée selon laquelle le critère de la puissance publique ne suffit pas à définir le droit
administratif.
Que dire alors in fine ? À la vérité, le service public et la puissance publique, bien
qu’ils soient critères concurrents ou opposés du droit administratif, se complètent dans
certains cas et peuvent se compléter dans d'autres ; il suffit de les prendre en considération
simultanément. En effet, comme l'a écrit le professeur René CHAPUS, « si le droit
administratif a ses règles propres, il ne le doit pas exclusivement à la gestion publique. Il le
doit aussi à la notion de service public ». C'est ainsi que le juge recourt souvent et
simultanément à ces deux notions pour faire application du droit administratif : CE, 13
janvier 1961, Magnier ; CE, 30 novembre 1977, Association des Chasseurs de Noyant de
Touraine). Que dire alors du critère de l’utilité publique proposé par Marcel WALINE?
Paragraphe 1 : La justification
C'est pour assurer la relève du service public décadent que Marcel WALINE propose
comme critérium du droit administratif la notion d'utilité publique. Il l’a fait au cours d’un
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colloque consacré à la détermination du droit public et du droit privé, organisé sous les
auspices du Centre National de la Recherche Scientifique en juin 1952 à la faculté de droit de
Paris.
L'éminent juriste soutenait que l'utilité publique est le moteur de toute l'action
administrative. Autrement dit, c'est l'utilité publique qui donne vie et sa consistance au droit
administratif à travers l'activité de l'administration. En effet, elle assure la dynamique, la
permanence et le continuum du droit administratif. Les idées de l'auteur sur la question ont été
substantiellement développées dans son importante préface du jurisclasseur administratif en
1952 aux pages 9 et suivantes. Quid des limites du critère de l’utilité publique ?
Premièrement, bien que l'action administrative soit guidée par l'utilité publique, elle
ne s'exerce pas toujours selon les procédés du droit administratif. A titre d’exemple : la
location d'un immeuble peut être faite, certes dans l'intérêt général, mais selon les règles de
droit commun.
Secondement, si l'administration est toujours guidée par l'intérêt public, elle n'est pas
la seule à le servir. Le particulier peut aussi le servir soit inconsciemment, soit
volontairement. C'est ainsi qu'il existe des établissements d'utilité publique de création privée
auxquelles l'Etat accorde ses faveurs sans pour autant les soumettre au droit administratif.
En somme, le critère de l'utilité publique a fait long feu d'une part, à cause de ses
limites intrinsèques, et, d'autre part, parce que le service public, qui était en déclin, a repris sa
place de critère essentiel du droit administratif.
Que dire au total sur les critères théoriques du droit administratif ? On peut affirmer
qu’aucun de ces critères ne donne totalement satisfaction car il ne suffit pas à le définir ou
l’expliquer. On peut donc dire avec Jean RIVERO que « c'est du rapprochement de ces
vérités partielles et complémentaires que peut se dégager l'image d'un droit administratif,
non point unifié, mais pourtant harmonieux ». Quid alors des critères juridiques de ce
droit ?
CHAPITRE II
Les critères juridiques du droit administratif sont pour l'essentiel au nombre de deux :
le critère de l'autonomie et le critère des bases constitutionnelles.
Section 1 : L'autonomie
21
Ainsi, l'autonomie dont il s'agit s'appréhende par opposition au droit privé. Ce critère a
une consistance, mais aussi des limites.
L'idée centrale est que toutes les règles du droit administratif procèdent des sources
qui, considérées « in concreto », apparaissent distinctes et indépendantes de celles dont
procèdent les règles du droit privé.
B. L'autonomie de fond
Les règles du droit administratif, prises intrinsèquement dans leur contenu normatif ou
dans leurs dispositions substantielles, sont autonomes, c'est-à-dire spéciales, voire
« originales » et distinctes de celles de droit privé.
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Mais il convient de préciser que d’autres auteurs ont contesté l’effectivité de cette
opposition (v. GARNER, « La conception anglo-américaine du droit administratif »,
Mélanges Hauriou, 1929.337), alors d’autres encore ont eu des positions nuancées sur la
question (v. C.J. HAMSON, Executive discretion and judicial control, 1954-trad.
COCATRE-ZILGIEN, 1958).
J. RIVERO a fait une remarquable synthèse sur l’ensemble de ce problème dans son
cours de droit administratif comparé (polycopie Cours de droit, 1954-1955.
Des deux autonomies du droit administratif, c'est celle qui porte sur le fond qui est
essentielle. En effet, dans l'analyse du droit, le fond des règles importe finalement plus que
leurs sources. Le fond du droit est capital car il assure au mieux son autonomie. Il reste que
l'autonomie du droit administratif n'est pas absolue.
Les limites de l’autonomie du droit administratif sont relatives aussi bien aux sources
qu'aux règles de fond.
1-En ce qui concerne les limites liées aux sources, il est admis que les sources du
droit administratif ne se limitent pas à la loi et aux actes administratifs. Elles vont au-delà et
comprennent aussi bien la Constitution que les textes tels les conventions internationales. Ce
qui veut dire que le droit administratif, a les mêmes sources que les autres droits, en
l’occurrence le droit privé.
2-Pour ce qui est des limites liées au fond, il faut dire que les règles du droit public,
notamment du droit administratif, ne sont pas à l'abri de l'intrusion des règles de droit privé,
lesquelles sont souvent appliquées soit par l'administration, soit par le juge administratif.
Jean WALINE, dans sa thèse portant sur L’application du droit privé par le juge
administratif (Paris, 1962, dactylographiée), a remis en cause, sinon la notion d’autonomie du
droit administratif, du moins sa portée. Il montre, en effet, que les cas dans lesquels le juge
administratif applique aux litiges mettant en cause l’administration les règles empruntées au
droit privé sont plus importants quantitativement qu’on ne le pense souvent de telle sorte que
la conception classique qui y voit des « exceptions » à l’autonomie du droit administratif
rejetant « en bloc » le droit privé devient dans bon nombre de situation critiquable.
Aujourd'hui, chacun convient que la spécificité des règles du droit administratif est
moins importante que ce que l'on pouvait imaginer à première vue.
Comme le note, à juste titre, Charles DEBBASCH, «le droit administratif est
progressivement intégré dans l'ordre juridique unitaire, il est de plus en plus soumis aux
règles communes à l'ensemble de notre système juridique. Mais la tendance à la spécificité
du droit administratif demeure ».
23
Le critère de l'autonomie du droit administratif, in fine, ne permet d'appréhender que
partiellement le droit administratif. Quid alors du critère des bases constitutionnelles.
C’est le doyen Georges VEDEL qui a déterminé, voire « découvert » les bases
constitutionnelles du droit administratif. Pour lui, ces bases ne fondent peut être pas la totalité
du droit administratif, mais elles constituent aujourd'hui l'un des critères essentiels du droit
administratif.
Cette conception du droit administratif peut être saisie doublement : d’une part du
point de vue son énonciation, et, d'autre part, du point de vue de sa réception.
C'est en 1954 que Georges VEDEL, dans un article intitulé « Les bases
constitutionnelles du droit administratif », paru dans Etudes et Documents du Conseil d'État
(pp. 21-53), formule le critère des bases constitutionnelles du droit administratif.
L’idée fut réactualisée en 1961 pour tenir compte des innovations contenues dans la
constitution française du 4 octobre 1958.
L'éminent auteur était parti de l'idée que si, comme on semblait unanimement
l'admettre, le droit constitutionnel fournit toutes les têtes de chapitre du droit public et,
particulièrement, du droit administratif, on devrait retrouver le reflet de cette constatation
dans la définition même de l'administration et du droit administratif. Or, constate Georges
VEDEL, c'est sur la notion de service public, étrangère aux constitutions françaises et sans
recours à des notions constitutionnelles, que la majorité de la doctrine et, au moins en
apparence, la jurisprudence, avaient construit le droit administratif, tant en ce qui concerne le
critère général de compétence juridictionnel que les règles de fond.
Pour Georges VEDEL, il y avait là une lacune qu'il fallait combler. Aussi lui est-il
apparu nécessaire de rechercher quelle est l'investiture constitutionnelle dont peuvent se
réclamer les organes de l'administration et la fonction administrative. Quelle est donc la
consistance du critère ainsi envisagé ?
Le critère des bases constitutionnelles peut être résumé ainsi : la Constitution distingue
les organes (le gouvernement, le parlement, l'autorité judiciaire) ; c'est des considérations
organiques et non matérielles (service public et puissance publique) qu'il faut partir en vue de
définir tout à la fois l'administration et le droit administratif. Pour ce faire, trois opérations
successives de délimitation sont nécessaires.
24
La première délimitation est de caractère organique. Elle permet d’exclure de
l'administration ce qui relève du parlement et de la juridiction et à le rattacher au
gouvernement.
La deuxième délimitation est d'ordre matériel. Elle permet d’écarter ce qui dans
l'activité gouvernementale n'a pas de caractère administratif. Se trouvent ainsi excluent de
l'administration l'activité diplomatique du gouvernement (relations avec les autres Etats et les
organisations internationales) et l'action du gouvernement dans ses rapports avec les autres
pouvoirs publics internes (exemple le parlement).
Cette triple délimitation faite, l'administration est donc définie comme « l'ensemble
des activités du gouvernement et des autorités décentralisées étrangères à la conduite des
relations internationales et aux rapports entre les pouvoirs publics et s'exerçant sous un
régime de puissance publique ».
- enfin, il estime que les notions de prérogatives et de sujétions par lesquelles Georges
VEDEL caractérise le régime administratif n'ont aucun fondement constitutionnel.
25
Cette controverse doctrinale sur l'existence des bases constitutionnelles du droit
administratif a été tranchée par le droit positif qui a procédé à une consécration normative
duale dudit critère.
2-Au Cameroun, le débat n'a pas eu lieu pour deux raisons : la première est que la
doctrine n'a, à aucun moment donné, remis en cause les fondements constitutionnels du droit
administratif. La seconde raison est que, depuis 1960, le droit administratif au Cameroun a
des bases constitutionnelles originaires. En effet, depuis cette date, toutes les constitutions
formelles du Cameroun ont consacré des dispositions relatives à l'administration et à la
juridiction administrative (v. l'article 32 de la constitution du 2 juin 1972 et les articles 38,
40 et 42 de la constitution du 18 janvier 1996).
26
En définitive, on ne peut pas dire qu'il existe un critère mais plutôt des critères du droit
administratif. De même, il existe non pas une, mais des sources du droit administratif.
TITRE II
LES SOURCES
En règle générale, lorsqu'on fait allusion au concept de sources du droit, on pense non
pas à la technique juridique envisagée « in globo » mais plutôt aux différentes normes
juridiques qui constituent ce droit. Sur ce point, il sied de procéder à la distinction d'autres
significations, notamment en opposant les sources matérielles ou sources réelles aux sources
formelles ou sources idéales.
Les sources matérielles renvoient à deux réalités ou significations qui sont cependant
très mêlées. En pratique, tantôt elles désignent les facteurs qui influencent sur le contenu de la
réglementation juridique, le substratum du droit, les données où le législateur puise son
inspiration juridique (notamment les divisions des forces sociales, l'environnement national et
l'histoire) ; tantôt elles désignent les fondements ou les bases d’une norme juridique ; c’est-à-
dire ceux ou celles qui l’expliquent en lui conférant une validité et non ceux ou celles qui la
justifie.
Les sources formelles, quant à elles, renvoient soit aux différents procédés d’édiction,
soit aux différents modes de formulation des normes juridiques (ex. : les actes juridiques
unilatéraux ou contractuels et la jurisprudence) ; soit, enfin, aux documents dans lesquels sont
contenues ces normes juridiques. C'est dans ce sens que les sources du droit seront comprises
dans le présent cours. Mais, comme l'a écrit Michel VIRALLY, « les sources ne sont pas
seulement les moyens d'élaboration des normes juridiques, il s'agit avant tout des moyens
permettant de leur conférer une force juridique, de leur octroyer une validité».
Au regard de ce qui précède, on peut classer les sources du droit administratif selon
deux critères.
Le premier critère est celui du contenant. On distingue ainsi les sources écrites et les
sources non écrites. C’est un critérium critiquable pour la raison qu'on ne peut pas considérer
qu'il existe des sources exclusivement non écrites et des sources absolument écrites. Il ne sera
donc pas adopté dans le cadre du présent cours.
C’est ce second critère qui sera pris en compte dans les lignes qui suivent. L’on
étudiera donc d’une part les sources nationales (chapitre1), et, d’autre part, les sources
internationales (chapitre2) du droit administratif.
27
CHAPITRE 1
On peut distinguer, grosso modo, trois sources du droit administratif qui sont externes
à l'administration. Il s’agit, dans l’ordre hiérarchique, de la constitution (paragraphe 1), de la
loi (paragraphe 2) et de la jurisprudence administrative (paragraphe 3).
Paragraphe 1 : La constitution
A. La structure de la constitution
1. Le préambule
Le problème est de savoir si ces principes et droits ont une force obligatoire et
contraignante ou si le préambule du point de vue de son contenu a la même valeur que les
autres dispositions de la constitution.
En France, le problème a été réglé par le Conseil constitutionnel dans une décision
rendue le 16 juillet 1971 sur la liberté d'association. En effet, à travers une acception « lato
sensu » de la constitution, le juge constitutionnel français a considéré que le préambule faisait
partie intégrante de la constitution et avait ainsi la même valeur que les autres dispositions de
la constitution.
28
constitution, pour deux raisons au moins : la première est que lorsque le constituant a donné
un préambule à la constitution, il n'a pas établi expressément sa valeur juridique ; la seconde
raison est que le juge constitutionnel n'a pas eu l’occasion d’apporter des précisions sur cette
question.
Pour toutes ces raisons, la doctrine se devait d'adopter une attitude prudentielle quant à
la détermination de la valeur juridique du préambule.
2. Le corps
En ce qui concerne les règles et principes de fond ou substantiels, ils sont contenus
dans un certain nombre de dispositions de la constitution. On peut citer : les principes relatifs
à l'Etat et à la souveraineté que l'on retrouve dans le titre I de la constitution (il s’agit, entre
autres, du caractère unitaire et décentralisé de l’Etat, du caractère social, démocratique laïc et
indivisible de la République) ; du principe relatif à la reconnaissance et à la protection des
valeurs traditionnelles conformes aux principes démocratiques, aux droits de l'homme et à la
loi ; du principe relatif à l'existence de deux langues officielles (français, anglais) ; enfin, du
principe énoncé dans le titre 6 qui consacre la supériorité des traités internationaux
régulièrement ratifiés et publiés ou approuvés sur le droit interne, en particulier, sur la loi,
sous réserve de réciprocité.
29
B. La soumission de l'administration à la constitution
C'est l'éminent juriste Hans Kelsen qui, dans son ouvrage intitulé Théorie pure du
droit, a posé les jalons d'un ordonnancement juridique comme système dans lequel les normes
juridiques sont reliées entre elles par un rapport hiérarchique.
Ainsi, les normes juridiques doivent constituer entre elles un ordre cohérent de façon à
ce que la validité de chaque norme soit établie en raison de sa conformité avec la norme
supérieure qui, elle-même, est valide parce qu’elle est conforme aux exigences et au contenu
d'une autre norme supérieure.
C'est dire qu'il n'existe pas d'obstacle principiel, ni d'anomalie à ce qu'un acte
administratif soit censuré par le juge administratif s'il est établi, au regard des circonstances et
des modalités de son édiction, qu’il a méconnu une disposition constitutionnelle ou un
principe consacré par le juge constitutionnel.
A ce stade de l'analyse, il sied d'apporter une précision, qui vaut son pesant juridique,
afin d'éviter toute confusion. Comme le juge judiciaire, le juge administratif n'est pas
compétent pour vérifier la conformité d'une loi à la constitution. En effet, il n'est pas le juge
des lois, mais plutôt le juge de la légalité administrative, ou alors le juge de la conformité des
actes administratifs au droit en vigueur, y compris la constitution. C'est d’ailleurs à ce titre
qu'il peut censurer les actes administratifs inconstitutionnels et assurer ainsi la soumission de
l'administration à la constitution.
Ce principe peut cependant être édulcoré pour la raison que le juge administratif ne
peut dans toutes les circonstances déclarer un acte administratif inconstitutionnel. C’est dire
que la soumission de l’administration à la constitution a une portée relative ou limitée.
30
2. La relativité de la portée de la soumission
Il existe une inflexion à la possibilité qu’a le juge administratif de censurer des actes
administratifs contraires à la constitution. Cette inflexion consiste en l’application par le juge
de (ce que l'on appelle) la théorie de l'écran législatif. Mais, cette théorie peut être contournée
par le juge administratif s’il applique (ce qu'on appelle) la théorie de l'écran transparent.
La théorie de la loi écran est le résultat d'une pratique jurisprudentielle. Elle a été
invoquée pour la première fois par le Conseil d’Etat dans un arrêt rendu le 10 novembre
1950, Fédération nationale de l'éclairage et des forces motrices.
Il résulte de ce qui précède que la théorie de l'écran législatif intervient lorsque l'acte
administratif discuté a été pris conformément à une loi dont il tient le vice
d'inconstitutionnalité qui l'entache. Toute inconstitutionnelle qu'elle est, la loi fait écran entre
le juge administratif et la norme constitutionnelle. En conséquence, censurer l'acte
administratif contesté serait implicitement mais, certainement, censurer la loi dont il procède,
ou au moins, en dénoncer l'inconstitutionnalité.
31
contrôle de constitutionnalité, et, d'autre part, à la survie d'une loi certainement
inconstitutionnelle.
Des possibilités de lois écran ont existé au Cameroun jusqu’à l’avènement du Code
électoral en 2012 (loi n°2012/001 du 19 avril 2012 modifiée et complétée par la loi
n°2012/017 du 21 décembre 2012).
Il en était ainsi de la loi n°91/20 du 16 décembre 1991 fixant les conditions d'élection
des députés à l'Assemblée nationale, modifiée et complétée par la loi n°97/13 du 19 mars
1997, et de la loi n°92/02 du 14 aout 1992 fixant les conditions d'élection des conseillers
municipaux, modifiée par la loi n°95/24 du 11 décembre 1995 et par celle n°2006/010 du 26
décembre 2006.
La première loi, en particulier, disposait que tout député qui démissionne ou est exclu
de son parti politique est déchu de son mandat. Or, la Constitution dispose, en son article 15
al. 3, que « tout mandat impératif est nul ». Quoiqu'il en soit, il existe des possibilités de
contournement de la loi écran, c’est le cas lorsque le juge applique la théorie de l'écran
transparent.
b-1) Relativement à la loi principiellement écran mais vide dans le fond, il s’agit
d’une loi qui investit simplement le gouvernement de la mission de prendre certaines mesures
sans aucune vocation à mettre en œuvre des principes.
32
certaines règles sans contenir elles-mêmes des normes de fond. Il en découle que les éventuels
vices d'inconstitutionnalité ne peuvent être imputés qu'à l'autorité réglementaire (v. CE, 17
mai 1991, QUINTIN).
Dans cette dernière espèce, il dit en substance : « (...) Il a été jugé que même dans
l'hypothèse où une loi dispose qu'un acte donné ne peut faire l'objet d'un recours
administratif ou judiciaire, cette disposition ne saurait être interprétée comme excluant le
recours pour excès de pourvoir qui est ouvert, même sans texte, contre tout acte
administratif faisant grief et qui a pour effet d'assurer conformément aux principes
généraux le respect de la légalité ». Quid de la jurisprudence constitutionnelle entant que
source de droit administratif ?
C. La jurisprudence constitutionnelle
33
Dans la première décision, il a déclaré la requête irrecevable pour la raison que la
Conférence des présidents ne s'était pas prononcée sur la recevabilité de la proposition de loi.
Dans la seconde décision, il a traité la requête au fond mais n’y a pas fait droit au
motif que la proposition de loi était de nature à accroître les dépenses de l'Etat et que le parti
politique qui l'a introduite n'avait pas indiqué comment les moyens financiers seront générés
pour faire fonctionner la structure qu'il proposait la création ( V. A.D. OLINGA, « La
naissance du juge constitutionnel camerounais : la commission nationale électorale autonome
devant la cour suprême », Juridis périodique n°36, p.72).
La constitution est certes la source suprême du droit administratif, mais elle n’est pas
la seule source dudit droit ; la loi en est une autre et non des moindre.
Paragraphe 2 : La loi
La loi dont il s'agit n'est pas exclusivement l'acte juridique édicté par le parlement.
C'est la loi appréhendée « in globo », c'est-à-dire la loi proprement dite et les actes juridiques
assimilés à la loi.
1. La loi parlementaire
La loi parlementaire est adoptée selon une procédure particulière fixée dans la
Constitution et précisée dans les règlements intérieurs de l'Assemblée nationale et du Sénat.
Que dire de la loi référendaire ?
34
2. La loi référendaire
La loi dite référendaire est celle qui émane du peuple à l'issue d'une consultation
populaire que l'on nomme référendum. Ainsi, d'après l'article 36 de la Constitution, « le
Président de la République, après consultation du président du conseil constitutionnel, du
président de l'Assemblée nationale et du président du Sénat, peut soumettre au référendum
tout projet de réforme qui, bien que relevant du domaine de la loi, serait susceptible d'avoir
des répercussions sur l'avenir de la Nation et des institutions nationales. Il en sera ainsi des
projets de loi portant sur l'organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics et sur la
révision de la Constitution. Le projet de lois est adoptée à la majorité de suffrages
exprimés ».
Au regard de l'organe qui l'adapte, la loi référendaire prime, en principe, sur la loi
parlementaire et ne peut faire l'objet de contrôle de constitutionnalité. Toutefois, elle peut être
modifiée par une loi parlementaire dont les auteurs sont bien les représentants du peuple.
3. La souveraineté de la loi
La loi peut-elle faire l'objet de contestation ? Plus précisément, peut-elle faire l'objet
d'un contrôle juridictionnel ? Le principe de départ est celui de l'incontestabilité de la loi.
Mais ce principe a connu depuis lors des bémols. Ainsi, la loi parlementaire peut faire l'objet
de contrôle de constitutionnalité à l'initiative des instances ou des organes habilités à saisir le
juge constitutionnel.
35
Il convient d'indiquer que le principe de l'inattaquabilité de la loi devant le juge
administratif n'est cependant pas totalement remis. D'ailleurs, il connaît des prolongements à
travers les validations législatives.
Les validations législatives constituent des opérations juridiques qui consistent pour
l'exécutif à demander au parlement de reprendre les dispositions d'un acte administratif
unilatéral inégal ou annulé dans une loi. Lorsque le législateur y agrée, on dit qu'il valide
l'acte administratif en cause.
- les validations indirectes ou par référence, qui consistent soit à mentionner sous une forme
ou une autre le texte d'un acte administratif dans une loi postérieure, soit à modifier par une
loi certaines dispositions de l'acte administratif pour le valider ;
- les validations implicites, qui sont déduites d'éléments divers mais sans même que les
dispositions réglementaires validées soient mentionnées par la loi dite de validation. Au
demeurant, il existe des actes juridiques unilatéraux assimilés à la loi.
Les actes juridiques assimilés à la loi sont essentiellement de deux catégories: les
ordonnances prises par le président de la République et ratifiées par le parlement, et les
actes pris en période de crise grave par l'exécutif, en l'occurrence le Président, dans le
domaine législatif.
On entend par ordonnances des actes juridiques à caractère unilatéral pris par
l'exécutif, notamment le président de la République, dans des matières législatives sur
habilitation du parlement dans un domaine déterminé et une période précise.
Tant que ces actes n'ont pas été ratifiés par le parlement, ils ont une valeur
réglementaire. Toutefois, dès qu'ils sont ratifiés, ils acquièrent une valeur législative. Ces
actes sont prévus par l'article 28 de la constitution camerounaise du 18 janvier 1996.
En ce qui concerne les actes pris par l'exécutif dans le domaine législatif en période
de crise grave, ils sont prévus par l'article 9 alinéa 2 de la constitution camerounaise et par
l’article 16 de la constitution française du 04 octobre 1958.
Ces actes sont édictés dans le cadre de l'Etat d'exception. Pendant cette période,
l'exécutif, en l'occurrence le président de la République, édicte des actes qui ressortissent au
domaine législatif et ne peuvent donc être contestés devant le juge administratif (CE, Ass., 19
octobre 1962, CANAL, ROBIN et GODOT).
36
Paragraphe 3 : La jurisprudence administrative
Les règles générales sont considérées comme des principes secondaires. Quelles sont-
elles et quelle est leur place dans l'ordonnancement juridique ?
Le juge a dégagé dans ces différentes matières des règles de bonne administration qu'il
est indiqué d'appliquer en l'absence d'un texte contraire.
De jure ou « de lege lata », les règles générales ont une valeur juridique égale à celle
des règlements édictés par l'organe exécutif. Il en résulte qu'un règlement peut modifier voire
abroger une règle générale, mais à la condition de ne pas porter atteinte aux droits et libertés
des citoyens. Que dire des principes généraux du droit ?
37
B. Les principes généraux du droit
In fine, les principes généraux du droit peuvent être appréhendés comme des règles de
droit objectif, et non pas de droit naturel ou de droit idéal, qui sont exprimés ou non dans des
textes appliqués par la jurisprudence et dotés d'un caractère suffisant de généralité.
Quels sont ces principes et où peut-on les situer dans l'ordonnancement juridique ?
- le principe des droits de la défense (CE, 05 mai 1944, Dame veuve Trompier
Gravier ; CE, 26 octobre 1945, Aramu et autres) ;
- le principe de l'égalité de tous devant le service public (CE, 19 mars 1951, Société
des concerts du conservatoire) ;
L’autorité juridique des principes généraux est double. D'une part, elles ont une
« valeur supra décrétale » ; autrement dit, ils sont supérieurs aux normes administratives
qu'elles soient réglementaires ou non. D'ailleurs, le juge administratif a admis que, même non
écrits, les principes généraux s'imposaient au pouvoir réglementaire autonome.
D'autre part, ils ont une « valeur infra législative », c'est-à-dire qu'ils sont inférieurs à
la loi. Il en résulte que le législateur peut toujours les contredire. Toutefois, il arrive que le
juge administratif se réfère aux principes généraux pour faire échec à une loi. Il en est ainsi
38
lorsqu’il fait application de la « théorie de l'écran transparent ». Ce faisant, il donne
certainement une force supra légale ou supra législative audit principe.
Il reste que, comme l'a si bien démontré René CHAPUS, et sauf exception, les
principes généraux du droit dans l'ordonnancement juridique ont une « valeur supra décrétale
et infra législative ».
A côté de ces principes généraux, qui font partie des sources externes à
l'administration, il en existe d'autres, mais qui sont plutôt internes à l'administration.
Les sources entièrement internes à l'administration sont, stricto sensu, les règlements
administratifs (A) et, lato sensu, les actes administratifs unilatéraux (B).
Les règlements administratifs sont de deux ordres : les règlements autonomes et les
règlements d'application des lois.
Les règlements autonomes sont des actes administratifs unilatéraux pris par l'exécutif
sans une quelconque référence à la loi. Principiellement, ils ne sont pas tenus de se conformer
à la loi. Au Cameroun, ils sont édictés en application de l'article 27 de la Constitution qui
dispose que « les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi ressortissent au
pouvoir réglementaire ».
B. Les sources entièrement internes lato sensu : les actes administratifs unilatéraux
Les actes réglementaires sont des actes juridiques édictés par l’administration et ayant
un caractère général et personnel. Il en est ainsi des règlements autonomes et des règlements
d’application des lois.
39
Quant aux actes non règlementaires, ils sont de nature variée. La distinction entre ces
différents actes est qualitative et non quantitative. Ce sont des actes qui n’ont pas un caractère
général et personnel ; ils concernent soit un individu, soit un groupe d’individus.
- les actes collectifs, qui concernent un groupe d’individus liés par une relation de
solidarité. Il en est ainsi de l’acte portant inscription des fonctionnaires au tableau
d’avancement ;
Tous ces actes constituent autant de procédés d’élaboration du droit administratif par
l’administration. Il en existe d’autres, mais qui ne sont pas édictés par la seule administration :
ce sont des sources du droit administratif partiellement internes à l’administration.
Il existe deux critères d’identification de ces techniques contractuelles que sont les
contrats administratifs.
On a :
- d’une part, le critérium quantitatif, qui prend en compte le nombre des parties au
contrat ; ainsi, si ces parties sont au nombre de deux, l’acte est dit bilatéral et si elles sont plus
de deux, l’acte est qualifié de pluri ou multilatéral ;
- d’autre part, le critérium qualitatif, le plus important et le plus décisif, qui s’intéresse
au contenu et à la portée de l'acte contractuel. Il s'attache à la détermination des clauses et des
implications juridiques du contrat administratif.
La qualification textuelle constitue le principe. Elle est le fait soit du législateur, soit
de l'exécutif. Au Cameroun, par exemple, les contrats de partenariat, une catégorie de contrats
administratifs, sont régis par la loi ; tandis que les marchés publics le sont par un règlement.
40
cas d'imprécision ou d'ambiguïté du texte existant. Il applique, selon les cas, soit le critère
organique, soit le critère alternatif.
Le critère organique considère les parties au contrat. C'est ainsi que si le juge se rend
compte que les deux parties sont des personnes publiques, alors le contrat est administratif.
Mêmement, s'il est établi que l'une des parties est une personne publique, alors le contrat est
administratif, sauf disposition textuelle contraire. Par contre, s'il est établi que les deux parties
sont des personnes privées, le contrat est privé ; mais si l'une des parties agit au nom et pour le
compte d'une personne publique, dans ce cas, le juge considère que le contrat est
administratif.
Pour ce qui est du critère alternatif, il a deux variantes : l'une est matérielle et l'autre
est finaliste. En principe, ces deux variantes ne s'appliquent pas en même temps ou
simultanément.
En règle générale, le contrat est considéré comme la loi des parties ; il en est ainsi en
droit privé.
En droit public, cette considération doit être relativisée pour la raison qu'il est régi,
pour l'essentiel, soit par une loi, soit par un règlement. Quand est-il des sources
internationales du droit administratif ?
CHAPITRE 2
Section 1 : La classification
Les actes juridiques internationales peuvent être classifiées selon deux critères : le
critère formel ou organique (paragraphe 1) et le critère spatial ou géographique (paragraphe
2).
Le critère formel prend en compte aussi bien les parties ou les auteurs de l’acte que la
forme voire la nature de ce dernier.
41
En ce qui concerne les parties ou les auteurs, il peut s'agir soit des États, soit des
organisations internationales. Lorsque les parties ou auteurs sont au nombre de deux, l’acte
est dit bilatéral. S’ils sont plus de deux, l’acte est qualifié de multilatéral. Enfin, si l’organe
ou l’auteur est seule ou unique, l’acte est dit unilatéral.
On peut donc distinguer d’une part, les actes conventionnels, actes primaires ou
initiaux (actes bilatéraux et multilatéraux), et, d’autre part, les actes dérivés (actes
unilatéraux) telles les décisions, les résolutions et recommandations prises par les
organisations internationales classiques à l’instar de l’ONU et de l’UA( cf. cours de DIP en
L2 et cours de Droit des OI en Master1) ainsi que les décisions, règlements et directives prises
par les organisations internationales communautaires à l’instar de la CEEAC, de la CEMAC,
de la CEDEAO, de l’UEMOA et de l’UE( cf. Cours de Droit communautaire, Master 1). Que
dire du critère spatial ou géographique ?
Mais, quel que soit le critérium pris en compte, les actes juridiques internationaux,
notamment conventionnels sont juridiquement encadrés.
Les conditions d'introduction des traités internationaux dans l’ordre interne sont au
nombre de trois : la ratification et l'approbation (A), la publication (B) et la règle de la
réciprocité (C).
Lorsque le juge administratif est saisi pour le règlement d'un litige dont l’application
d’un traité est sollicitée ou invoquée, il est amené à s'assurer que ledit traité remplit ces trois
conditions.
42
A. La ratification et l'approbation
La ratification est une opération juridique qui permet de faire entrer une convention
internationale dans l'ordre étatique pour qu'elle devienne un acte juridique applicable à
l'intérieur de cet ordre et qu'au final, elle s'impose aux personnes publiques voire aux
personnes privées.
Un traité n'est applicable dans l'ordre interne que s'il a été ratifié ou approuvé par les
autorités étatiques compétentes. Toutefois, il est admis que les accords en forme simplifiée
dont l'entrée en vigueur n'est soumise à aucune procédure formelle de ratification sont revêtus
en droit interne de la même autorité que les autres traités internationaux. En effet, la signature
du Président de la République, qui ordonne la publication de ces accords au Journal officiel, a
valeur d’approbation. Le conseil d’Etat français l’admis dans un arrêt en date du 13 juillet
1965, Société Navigator. Quid de la publication des traités?
B. La publication
C. La règle de la réciprocité
- premièrement, il ne s'agit pas d'une condition d'ordre public. C'est dire que le juge ne
s'interroge à son sujet que si l'une des parties soutient qu'elle n'est pas remplie par l'autre
partie (Dans ce sens : CE, 25 janvier 1963, COSTA) ;
43
- deuxièmement, le juge administratif ne décide pas de lui-même si la condition est ou
non remplie à propos d'un traité donné. Ainsi, à moins que la réponse à la question ne suscite
aucun doute, il va la soumettre au ministre des affaires étrangères dont la réponse s'imposera à
lui (V. CE, 29 mai 1981, REKHOU).
- premièrement, l'intention des auteurs du traité doit avoir été de créer directement des
droits ou obligations pour des particuliers ;
- secondement, les clauses du traité doivent être suffisamment précises pour se suffire
à elles-mêmes.
Il est à préciser que le juge administratif n'est pas compétent pour statuer sur la
conformité des traités internationaux à la constitution. Par contre et depuis 1998, le Conseil
d'Etat français statue sur la régularité de la ratification et de la publication des traités eu égard
aux conséquences qui leur sont attachées dans l'ordre interne. Ceci ressort notamment de deux
arrêts rendus par cette juridiction, l'un, le 18 décembre 1998, SARL du Parc d'activités de
Blotheim, et l’autre, le 23 février 2000, Bemba Dieng et autres.
Dans ces deux décisions, le Conseil d'Etat a procédé à l'annulation de décrets portant
publication des traités internationaux. Il faut préciser qu’il s’agit, à la vérité, d'un revirement
jurisprudentiel car avant ces décisions, le juge administratif considérait que les actes de
ratification ou de publication étaient des actes de gouvernement, c’est-à-dire des actes à
caractère politique jouissant d'une immunité de juridiction (v. CE, 16 novembre 1956, Villa).
Paragraphe 2 : L'interprétation
L’interprétation est une opération qui repose sur des procédures appropriées. L’on
subodore, en effet, qu'en présence d'un traité international directement applicable dans l'ordre
interne, le juge peut se trouver confronté à des situations difficultueuses d'interprétation.
44
A. L'interprétation des traités avant l'arrêt GISTI
Avant l’arrêt GISTI, le Conseil d'Etat adoptait une position ambivalente en matière
d'interprétation des traités. C'est ainsi qu'en présence d'un traité dont la signification ne prêtait
pas sérieusement à la discussion, il estimait qu'il était habilité à en déterminer l'interprétation.
En tant source du droit administratif, le traité international pose dans l'ordre juridique
étatique le problème de son autorité ou de sa place par rapport aux autres sources, notamment
la constitution, la loi et la norme administrative.
Le même traité précise, en son article 27, qu’« une partie ne peut invoquer les
dispositions de son droit interne comme justifiant la non-exécution d’un traité. Cette règle
est sans préjudice de l’art. 46 »( NB : cet article 46 dispose que : « 1. Le fait que le
consentement d’un Etat à être lié par un traité a été exprimé en violation d’une disposition de
son droit interne concernant la compétence pour conclure des traités ne peut être invoqué par
cet Etat comme viciant son consentement, à moins que cette violation n’ait été manifeste et ne
concerne une règle de son droit interne d’importance fondamentale.
2. Une violation est manifeste si elle est objectivement évidente pour tout Etat se
comportant en la matière conformément à la pratique habituelle et de bonne foi.»).
45
Il faut pourtant relever que, du fait des lacunes que le droit international, notamment
conventionnel, présente sur le fond et quant aux procédures de son élaboration et du contrôle
de son respect, la principale sanction de sa violation reste la responsabilité internationale de
l’Etat, lorsque ce dernier adopte des actes ou règles contraires à ses engagements
internationaux. Il en résulte que l’effet « direct » de ce droit ne conduit que de façon
exceptionnelle à une reconnaissance de l’illégalité de la norme interne et à son annulation.
A. Le traité et la constitution
Dans l'ordre international, c’est le primat voire le règne incontestable des traités. En
effet, l'ordre juridique international minore, voire ignore la constitution des Etats. A contrario,
l'ordre constitutionnel prend en considération l'ordre juridique international et notamment les
traités.
Entant que source matérielle, le traité prend le pas sur la constitution. En effet, lors
ou à l’issue de la conclusion d’un traité, s'il est établi par les instances compétentes saisies à
cet effet (notamment les juridictions constitutionnelles) que ledit traité a des clauses
incompatibles ou contraires à des dispositions de la constitution, celle-ci doit d'abord être
révisée sur ces points d'incompatibilité ou de contrariété avant la ratification dudit traité.
C’est ainsi qu’au Cameroun, l'article 44 de la constitution dispose que « si le conseil
constitutionnel a déclaré qu'un traité ou un accord international comporte une clause
contraire à la Constitution, l'approbation en forme législative ou la ratification de ce traité
ou accord ne peut intervenir qu'après révision de la Constitution ».
Certes, l’on peut également déduire de cette disposition constitutionnelle que l’Etat
peut ne pas approuver ou ratifier le traité déclaré contraire à la constitution, et ce d’autant plus
que rien ne l’oblige à réviser sa constitution ; et même si l’exécutif le souhaitait ou le
voudrait, le parlement saisi ou le peuple consulté à cet effet peut toujours rejeter le projet de
révision qu’il lui a soumis.
Entant que source formelle, lorsqu’il remplit toutes les conditions d'introduction dans
l'ordre interne déterminées par la constitution, le traité prend sa place après cette dernière.
D'ailleurs, les juges judiciaire et administratif français ont clairement affirmé que la
suprématie conférée aux engagements internationaux ne s'appliquent pas en droit français aux
dispositions de nature ou de valeur constitutionnelle (CE, 3 octobre 1998, Sarran, Levacher
et autres ; C.Cass., 2 juin 2000, Mlle Pauline FREISSE). Que dire alors du rapport entre le
traité et la loi ?
B. Le traité et la loi
S'il est incontestable aujourd'hui que la loi dans l'ordre interne est inférieure au traité,
que ce traité intervienne après ou avant la loi, il n'en était pas toujours ainsi au regard,
notamment de la jurisprudence français en la matière, et ce, malgré les dispositions de la
46
constitution du 4 octobre 1958, qui ont d'ailleurs été reprises par les différentes constitutions
camerounaises.
II faut dire que la suprématie alléguée ou affirmée du traité sur la loi a connu un
changement intéressant avec l'arrêt NICOLO rendu par le Conseil d’Etat français le 20
octobre 1989. En effet, avant cet arrêt, le juge administratif appréciait le rapport entre la loi le
traité en fonction de son antériorité ou de sa postériorité par rapport audit traité.
C'est ainsi que lorsque la loi était antérieure au traité, le juge considérait qu'elle était
implicitement abrogée et devenue inapplicable à partir du moment où le traité était entré en
vigueur.
Alors que le Conseil d’Etat était constant sur ce point, la Cour de cassation, quant à
elle, faisait prévaloir le droit international, notamment communautaire, sur la loi postérieure,
en invoquant tant le principe de l’article 55 de la constitution du 4 octobre 1958 (son
équivalent c’est l’article 45 de la constitution camerounaise) que la spécificité de l’ordre
juridique communautaire (cf. C. cass., Ch. mixte, 24 mai 1975, cafés Jacques Vabre).
C’est cette infirmité juridique qui a été corrigée par le Conseil d'Etat en 1989 dans
l'arrêt NICOLO. On a donc assisté, avec cet arrêt, à une harmonisation des jurisprudences
administrative et judiciaire quant à la supériorité du traité sur la loi, que celle-ci soit antérieure
ou postérieure au traité. Que dire du rapport entre le traité et la norme administrative ?
La norme administrative émane de l'administration. S’il est établi que cette norme
administrative est inférieure à la loi, il va de soi qu’elle soit aussi inférieure au traité.
47
Le juge administratif français s’est prononcé plus d’une fois sur la subordination des
actes administratifs aux traités internationaux. Il l’a fait dans l'arrêt Dame KIRKWOOD
rendu par le Conseil d’Etat français le 30 mai 1952. Dans cette espèce, le Conseil d’Etat a
eu à apprécier la légalité d'un acte d'extradition par rapport à une convention internationale.
Ce faisant, il a admis l’invocation de la violation d’un traité comme moyen d’annulation d’un
acte administratif.
Il s’est également prononcé sur cette question dans l’arrêt Moussa Koné rendu par le
CE le 03 juillet 1996 (M. Koné demandait que le Conseil d'Etat annule le décret du 17 mars
1995 accordant son extradition aux autorités maliennes, mais la haute juridiction
administrative n’y a pas fait droit au motif que le décret querellé était conforme l'article 48 de
l'accord de coopération en matière de justice entre la France et le Mali du 9 mars 1962).
Le juge administratif camerounais n'a pas été en reste sur cette question. Il a
effectivement pris position en la matière dans une espèce en date du 8 juin 1971(CFJ/CAY,
arrêt n°163/A du 8 juin 1971, affaire Compagnie commerciale et immobilière africaine des
chargeurs réunis c/ Etat du Cameroun oriental).
- la première est que les questions liées à l’application des conventions internationales
sont des questions administratives et que les actes y relatifs sont des actes administratifs et
non des actes de gouvernement ;
- la deuxième idée est que les traités internationaux sont des sources du droit interne et
donc du droit administratif ;
- la troisième idée est que le juge administratif, saisi d’un recours, peut apprécier la
conformité d’un acte administratif par rapport un traité et l’annuler s’il est contraire aux
clauses dudit traité.
48
2nde PARTIE
L'ORGANISATION DE L’ADMINISTRATION
L'administration est conçue sur la base d’un certain nombre de règles essentielles,
lesquelles conditionnent sa concrétisation.
TITRE I
LA CONCEPTION DE l’ADMINISTRATION
L'administration est une entité organique. Autrement dit, elle est un ensemble
d’organes dont la conception repose sur deux piliers : la personnalité morale et les principes
directeurs que sont la centralisation et la décentralisation administratives.
CHAPITRE I
LA PERSONNALITÉ MORALE
Gaston JEZE, dans une boutade restée célèbre disait : «Je n'ai jamais déjeuné avec
l'État ». L'éminent auteur réfutait, à travers cette formule, l'idée d'État détenant d’une
personnalité juridique. Il suivait en cela son maître Léon DUGUIT, qui n’avait jamais admis
que l'Etat était une personne morale en s'opposant ainsi aux défenseurs de la thèse de la
personnalité morale de l'Etat, en l'occurrence, MICHOUD, estimant que l’Etat est plutôt une
entité composée de gouvernants et de gouvernés.
La personnalité morale permet à l'être à qui elle est reconnue, non seulement d'être
titulaire des droits et d'assumer des obligations, mais aussi d'exercer des prérogatives, d'agir
en justice et de disposer d'un patrimoine ; tel est le cas de l'administration.
49
Cette double nature est observable à deux niveaux au moins : au niveau des
caractéristiques de la personne morale (paragraphe 1) et au niveau des effets inhérents à la
personnalité morale (paragraphe 2).
1-En ce qui concerne la réalité de base à protéger, il s'agit d'une somme d’intérêts
qui ne sauraient se réduire à des intérêts individuels.
Les intérêts à protéger sont des intérêts collectifs correspondant à l'existence d'un
groupe humain possédant une certaine homogénéité. Parfois, ces intérêts ont bien une réalité
objective mais sans qu'aucune communauté ne soit formée autour.
2-En ce qui concerne le procédé juridique utilisé pour protéger lesdits intérêts, il
n'est autre que l'octroi ou la reconnaissance de la personnalité morale.
les actes relatifs aux intérêts en question sont rattachés à un seul et même centre érigé
en sujet de droit, à savoir la personne morale ;
ce sujet de droit se voit reconnaître la permanence ;
des organes sont créés pour agir au nom de ce sujet de droit.
Quels sont alors les effets attachés à cet octroi de la personnalité morale ?
- La personne morale ne peut agir qu'en fonction des intérêts pour le service
desquels elle a été créée. A titre d’exemple, l’université de Yaoundé II a été créée pour
l’enseignement, la recherche et l’appui au développement, alors que la personne physique
peut intervenir dans tous les domaines sans limitation a priori.
50
- Enfin, à la différence des personnes morales, les personnes physiques jouissent des
mêmes capacités, même si elles sont morphologiquement et moralement différentes Au
demeurant, il existe plusieurs types ou catégories de personnes morales.
Il existe de jure et de facto une pluralité de personnes morales. Mais, on peut les
appréhender à travers deux grandes catégories. On peut ainsi faire une distinction (externe)
entre personne morale de droit privé et personne morale de droit public (paragraphe 1), et
une distinction (interne) entre les différentes personnes morales de droit public (paragraphe
2).
Il existe des traits spécifiques aux personnes morales de droit privé et des traits propres
aux personnes morales de droit public.
1-En ce qui concerne les traits spécifiques aux personnes morales de droit privé, on
peut en déterminer principalement trois :
- leur création résulte principiellement de l'initiative privée et non d'une loi, celle-ci se
bornant seulement à en déterminer les conditions ;
- la liberté préside à la création et au maintien des personnes morales de droit privé ;
ainsi, nul n'est tenu d'y adhérer, de les créer et ne peut être contraint d'y rester ou de les
conserver ;
- la capacité des personnes morales de droit privé varie selon leur nature car, elle est
toujours limitée, sauf exception, à des actes de droit privé.
Il existe deux catégories de personnes morales de droit privé : d'une part, les personnes
privées a un but lucratif (ex : les sociétés commerciales) et, d'autre part, les personnes privées
à but non lucratif (exemple : les associations et les partis politiques).
2- Pour ce qui est des traits spécifiques aux personnes morales de droit public, on
peut en citer essentiellement quatre :
elles sont créées par une autorité publique (notamment le parlement, l'exécutif et
l'organe délibérant d’une collectivité territoriale décentralisée) ;
les particuliers n'ont, en principe, aucune liberté d'adhésion à une personne morale de
droit public ;
51
les intérêts des personnes morales de droit public sont des intérêts publics ;
la capacité des personnes morales de droit public s'étend au-delà des moyens d'action
de droit privé.
Les personnes morales concernées ici sont, notamment, l'Etat, les collectivités
territoriales décentralisées et les établissements publics.
Les limites de la distinction peuvent être recherchées aussi bien du côté des personnes
morales de droit privé que des personnes morales de droit public.
1-Du côté des personnes morales de droit privé, on a l'application dans certains cas du
régime de la concession de service public qui permet à une personne privée de gérer un
service public.
Enfin, l'Etat peut participer à la création des sociétés d'économie mixte en y prenant
des actions et en y désignant ses membres au sein du conseil d'administration.
2-Du côté des personnes morales de droit public, on a la création des établissements
publics à caractère industriel et commercial. C'est le cas en France. Ce fut également le cas au
Cameroun jusqu'à l'ordonnance de 1995 dont les dispositions ont été reprises par la loi du 22
décembre 1999.
Il existe plusieurs types de personnes morales de droit public. Ces dernières peuvent
être classées en deux catégories distinctes : d’une part les personnes publiques territoriales, et,
d’autre part, les personnes publiques fonctionnelles ou techniques.
52
B- En ce qui concerne les personnes publiques techniques, ce sont des personnes
morales à compétence spéciale. Il en est ainsi des établissements publics tels l'ENAM et
l'université de Yaoundé II. Elles ont des compétences spéciales parce que spécialisées dans
des domaines bien déterminés et assumant des missions bien précises qui rentrent dans leur
spécialité (exemple : universités d’Etat).
Au demeurant, l'une ou l'autre catégorie des personnes morales de droit public repose,
quant à sa conception et son organisation, sur l'un ou l'autre des principes directeurs qui
régissent l'organisation administrative et qu'il sied d’examiner.
CHAPITRE II
A. La concentration administrative
53
- la concentration du choix des agents ;
- la concentration du pouvoir de décision et de la compétence technique.
2-La concentration du choix des agents est liée au fait que ce choix n'est pas laissé à
des corps ou organismes spéciaux ou spécialisés et ne repose pas non plus sur l'élection. C'est
le pouvoir central qui procède au choix des agents au moyen soit du concours, soit du
recrutement sur titre. Ainsi, les agents sont des commis de l'administration qui peuvent être
déplacés ou révoqués soit pour des besoins de service, soit pour cause de fautes
professionnelles. Ce faisant, ils sont tenus de prendre le mot d'ordre de l'administration
centrale.
B. La déconcentration administrative
Elle consiste, selon l’éminent auteur, «à imaginer que les pouvoirs de chaque agent
lui ont été transmis par le chef de l'État ou par les ministres et ont été puisés par ceux-ci
dans une sorte de réservoir commun de pouvoirs qui serait le réservoir de la puissance
publique ou puissance de l'État» (M. Hauriou, p.74).
54
Paragraphe 2: Le pouvoir hiérarchique
Le pouvoir hiérarchique peut être appréhendé à travers ses caractéristiques (A) et ses
procédés (B). Il s'agit d'une institution qui permet d'avoir dans l'administration une forte
discipline liée à l'obligation d'obéissance.
A. Les caractéristiques
- le pouvoir hiérarchique existe de plein droit et est exercé comme tel par l'autorité
hiérarchique. Pour le juge administratif, il s’agit d’un principe général du droit (voir CE, 30
juin 1950, QUERALT).
- il peut être exercé soit spontanément par l'autorité supérieure, soit à la demande
des administrés par voie de recours administratif, notamment le recours hiérarchique (CE 23
avril 1965, veuve DUCROUX ; CE, 29 mars 1968, Société du lotissement de la plage de
Pampelone).
Pour le doyen Maurice HAURIOU, il s'agit là d'un véritable devoir d'office. Cette idée
est d’ailleurs consacrée dans un arrêt du CE rendu le 9 novembre 1917, De Tinan. Qu'en est-
il des procédés du pouvoir hiérarchique ?
B. Les procédés
Le supérieur donne des instructions à ses subordonnés. Ces derniers doivent les suivre
à la lettre. Il fait ainsi exécuter par ses subordonnés des actes qu'il n'accomplirait pas lui-
même.
55
D'un point de vue juridique, le pouvoir hiérarchique se décompose en plusieurs
modalités. Ainsi, on a:
- le contrôle hiérarchique sur les actes accomplis par les subordonnés, qui se traduit
par un pouvoir de suspension, de réformation, d'approbation ou d'annulation. Ce contrôle
s'exerce sur les actes des agents et non sur la personne de ces derniers. Il peut être exercé non
seulement pour illégalité de l'acte de l'autorité inférieure, mais également pour inopportunité
dudit acte. Ainsi, le supérieur hiérarchique peut censurer l'exercice par le subordonné non
seulement de sa compétence liée mais aussi de son pouvoir discrétionnaire. Toutefois,
lorsqu'il s'agit d'un acte subjectif (acte individuel) ou d'un acte condition, le contrôle
hiérarchique ne peut plus s'exercer que pour illégalité (voir CE, 14 juin 1912, WULLUET) ;
- l’avancement hiérarchique, qui permet aux agents subalternes de s'élever dans les
degrés de la hiérarchie administrative.
Les théories relatives à la décentralisation sont fondées sur quatre critères utilisés
séparément ou simultanément par la doctrine. Il s’agit de:
56
A. La distinction entre affaires nationales et affaires locales
Il est des affaires qui relèvent du champ compétentiel des autorités locales
décentralisées et il en est d'autres qui ressortissent à la compétence des autorités centrales.
A ce sujet, Alexis de Tocqueville écrit : « Certains intérêts sont communs à toutes les
parties de la nation tels que la formation des lois générales et les rapports du peuple avec
les étrangers et d'autres intérêts sont spéciaux à certaines parties de la nation tels que par
exemple des entreprises communales ». L'auteur précise : « Concentrer le pouvoir de diriger
les seconds, c'est fonder ce que j'appellerais la centralisation administrative » (Alexis de
Tocqueville, De la démocratie en Amérique, livre 1, chapitre 5).
Ce critère a été introduit dans la théorie juridique par le législateur qui indique que
« le conseil municipal règle par ses délibérations, les affaires de la commune ».
Seulement, cette précision législative ne doit pas faire illusion, car il n’existe pas
d’affaires « locales » ou « nationales » par nature. Tout est fonction des circonstances de
temps et de lieu et du système de valeur en vigueur.
Le critère de l’autonomie est essentiel parce qu'il permet aux organes décentralisés de
s'affirmer juridiquement et financièrement par rapport au pouvoir central.
57
D. La tentative originale de distinction élaborée par Charles Eisenmann
Cette tentative est dite originale parce qu'elle se démarque des approches classiques
d'appréhension de la centralisation et de la décentralisation (lire Charles Eisenmann,
« Centralisation et décentralisation, principes d’une théorie juridique », RDP, 1947).
Ce problème est celui « des formes d'État et autres collectivités politiques, de leur
structure unitaire (simple ou composée (divisée); centralisation et décentralisation sont des
formes de l'État - l’unitaire, la composée ».
A. La décentralisation formelle
Le premier type donne naissance à des entités autonomes ayant une compétence
générale locale (Exemple : les communes) ; tandis que le second type donne naissance à des
entités autonomes ayant une compétence spécialisée (exemple : l’université d’Etat). Qu'en est-
il de la décentralisation matérielle?
B. La décentralisation matérielle
58
On doit cette distinction à Roger BONNARD (Roger Bonnard, Précis de droit
administratif, 4ème éd., Paris, LGDJ, 1943, pp. 316- 318).
1. Le contrôle administratif
59
Cette tutelle administrative a un certain nombre de caractères et s'exerce selon certains
procédés.
a. Les caractères
Premièrement, il s’agit bien d’un contrôle d'ordre administratif. En effet, il n'est exercé
que par des organes et agents administratifs de l'Etat et non par les tribunaux.
Troisièmement, il est établi dans l'intérêt des administrés afin d'éviter les abus et
surtout la tyrannie des autorités locales décentralisées.
b. Les procédés
Le contrôle administratif ou contrôle de tutelle s'exerce aussi bien sur la personne des
organes décentralisés que sur leurs actes.
-Le contrôle sur les personnes peut se traduire par la nomination, la substitution, en
cas de défaillance ou de refus de l'autorité décentralisée de se conformer au droit en vigueur
(l'autorité de tutelle peut se substituer à l’autorité sous tutelle et agir en ses lieu et place) ;
enfin, par la sanction lorsque l'autorité sous tutelle a commis une faute grave ou une
défaillance inadmissible. Cette sanction peut se traduire par la suspension, la destitution (pour
ce qui est de l'organe exécutif) ou par la dissolution (pour ce qui est de l'organe délibérant).
2-Le contrôle sur les actes des organes décentralisés est, en principe, un contrôle de
légalité, mais peut aussi être, exceptionnellement, un contrôle d'opportunité.
Ce contrôle peut être exercé a priori et/ou a posteriori. Lorsqu'il est exercé a priori, on
parle de contrôle d'approbation. Celui-ci concerne les décisions prises par les autorités
administratives décentralisées et dont le caractère exécutoire est subordonné à un acte
d'approbation de l'autorité de tutelle.
60
2. Le contrôle juridictionnel
Les actes des autorités des collectivités territoriales décentralisées qui sont exécutoires
de plein droit peuvent être soumis au contrôle du juge administratif à l'initiative de l'autorité
administrative déconcentrée si elle estime qu’ils portent atteinte à certains droits et libertés ou
qu'ils sont illégaux. Cette autorité peut donc saisir le juge administratif pour solliciter la
suspension de l'exécution de l'acte querellé (on parle de recours aux fins de sursis à
exécution) et simultanément ou après, lui demander d'annuler ledit acte (on parle de déféré
administratif).
La première limite est que le contrôle de l'État sur les entités décentralisées ne peut pas
se faire en méconnaissance ou en violation des textes en vigueur. L'objectif visé est de
prévenir ou alors de sanctionner des cas d'abus ou d'excès de pouvoir de la part des autorités
administratives étatiques. C'est ainsi que la possibilité est donnée ou ouverte aux autorités
décentralisées pour contester la légalité des actes des autorités administratives étatiques
devant le juge administratif. Mais, il ne s'agit pas pour ces autorités de faire apprécier
l'opportunité des actes des autorités de tutelle.
Il se dégage de ce qui précède que l'administration est une entité complexe dans son
organisation. Cette complexité s’observe aussi dans sa concrétisation (Titre 2).
61
TITRE II
LA CONCRETISATION
CHAPITRE I
L'ADMINISTRATION D'ETAT
A. Le Président de la République
62
1-En ce qui concerne leur étendue, ces pouvoirs sont contenus dans les articles 8, 9 et
27 de la constitution du 18 janvier 1996. Il s'agit du pouvoir réglementaire (article 8 alinéa 8) ;
du pouvoir d'organisation et de création des services publics de l'État ; des pouvoirs qu'il
exerce dans le cadre de l'État d'urgence et de l’Etat d'exception (art. 9) ; du pouvoir de prendre
les actes individuels, notamment les actes de nomination aux emplois civils et militaires
(article 8 alinéa 10) ; du champ considérable des règlements autonomes (article 27).
1. L'administration interne
63
De toutes ces structures, celle qui attire le plus l'attention au plan administratif et dont
l’examen mérite d’être fait est le secrétariat général. L’on s’intéressera aussi, mais de façon
moindre, au cabinet civil.
a.1-L’organique
a.2- Le fonctionnel
Au niveau des fonctions, le secrétariat général est chargé des relations entre la
présidence de la République et le gouvernement. Il assure la liaison entre l'exécutif et les
différentes institutions républicaines, à l'instar du parlement, du conseil économique et social,
du conseil constitutionnel, de la cour suprême et du contrôle supérieur de l'État.
64
- la coordination,
- le conseil juridique,
- la collaboration.
Le Cabinet civil est chargé des affaires réservées, du protocole d'État, de l'intendance
du palais, des résidences et pavillons présidentiels. Il est placé sous l'autorité d'un directeur
(éventuellement) assisté d'un directeur adjoint.
Ces fonctions administratives sont exercées au premier chef par le Premier ministre
(A) qui est secondé dans sa tâche par un ensemble de structures hiérarchisées (B).
A. Le Premier ministre
65
1- La consistance des attributions du PM
Ces différentes attributions sont précisées par voie décrétale. Le premier texte
réglementaire fixant ou précisant les attributions du Premier ministre est intervenu après la
révision constitutionnelle du 23 avril 1991 : c'est le décret n°91/282 du 14 juin 1991. Il a été
abrogé et remplacé par le décret n°92/089 du 4 mai 1992, lequel a été modifié et complété par
le décret n°95/145-bis du 14 août 1995.
D'après ce décret, le Premier ministre est chargé, suivant l'orientation donnée par le
Président de la République, de l’impulsion, de l'animation, de la coordination et de la
supervision des services placés sous son autorité. Il veille à la réalisation des programmes
d'action des ministères approuvés par le président de la République. Il coordonne la
préparation des actes administratifs réglementaires à soumettre à la sanction du Président de la
République. Il anime et coordonne les politiques de communication des départements
ministériels.
Par ailleurs, le Premier ministre nomme aux emplois civils de directeurs et assimilés
des administrations centrales placées sous son autorité (après approbation du Président de la
République). Quid de la portée de ses attributions ?
66
d'abord, le premier ministre reçoit du Président de la République des instructions en
tant qu’autorité subordonnée, en vertu des règles et principes qui sous-tendent l'exercice
du pouvoir hiérarchique ;
1- Le Secrétariat général
Le Secrétariat général est dirigé par un secrétaire général ayant rang et prérogative de
ministre, assisté (éventuellement) d’un secrétaire général adjoint, ayant rang et prérogative de
ministre.
Les services internes du secrétariat général sont constitués, entre autres, du secrétariat
particulier du secrétaire général, (éventuellement) du secrétariat particulier du secrétaire
général adjoint, du service des ressources humaines, du secrétariat des conseils de cabinet, de
la direction des affaires législatives et règlementaires, de la direction des affaires
administratives et des requêtes, de la direction du courrier gouvernemental et des archives, de
la direction des affaires générales, de la direction de la traduction et de l'interprétation.
67
Quid des autres structures des services du premier ministre que sont le cabinet et le
secrétariat particulier du premier ministre ?
a)- Pour ce qui est du cabinet du Premier ministre, il est placé sous l'autorité d'un
directeur de cabinet ayant un rang et prérogative de ministre. Il est chargé des affaires
réservées, des audiences du Premier ministre, des travaux d'équipement des services et de la
résidence du Premier ministre, du protocole et des voyages officiels du PM.
b)- Pour ce qui est du secrétariat particulier du Premier ministre, il est placé sous
l'autorité d'un secrétaire particulier ayant rang et prérogative de directeur de l'administration
centrale. Il relève administrativement du cabinet du Premier ministre.
En dehors de ces structures, il est prévu des services rattachés comme la Haute autorité
de la fonction publique de l’Etat et le Conseil National de la Communication et Commission
nationale des Droits de l’Homme et des Libertés.
A- Le nombre et la classification
2- Par ailleurs, il n'y a pas, sur le plan juridique, une hiérarchie entre les ministères.
Tous se valent car ils sont formellement égaux. Mais, il existe ou peut exister une hiérarchie
entre les ministres.
68
ministères que doit avoir le gouvernement de son pays. En revanche, il est possible de
procéder à une classification des ministères.
B- Le ministre
Le ministre est chargé d'exécuter ou de suivre les décisions prises par le Président de
la République et le premier ministre. Par ailleurs, il détient un pouvoir règlementaire délégué
et un pouvoir de nomination qu'il exerce sous le contrôle du premier ministre (par le biais du
visa). Il peut, selon les cas, être assisté d’un ou deux ministres délégués, d’un Secrétaire
d’Etat. Que dire de l’organisation interne des ministères ?
C- L’organisation interne
L’organisation interne des ministères est fixée par décret présidentiel. Elle est fonction
des particularités intrinsèques et/ou extrinsèques et des missions de chaque ministère.
En dehors de ces collaborateurs directs du ministre, chaque ministère est doté d’une
administration centrale qui comprend, entre autres, le secrétariat général dirigé par un
secrétaire général, principal collaborateur du ministre, nommé par décret du Président de la
République et chargé de diriger l'administration du ministère ; des directions générales (créées
dans certains ministères à l’instar du ministère des finances et du ministère de
l'économie), placées sous l’autorité de directeurs généraux nommés par décret présidentiel;
des directions et des divisions ayant respectivement à leurs têtes des directeurs et des chefs de
division, nommés par décret du premier ministre, après visa expresse du président de la
République; des sous-directions, dirigées par des sous-directeurs ; des services ayant à leur
69
tête des chefs de service, tous nommés par arrêtés du ministre, après visa expresse du premier
ministre.
la 2nde, qui découle de la 1 ère, est qu’elle agit au niveau local au nom et pour le compte
de l’administration centrale ; autrement dit, pour reprendre Odilon Barrot, « c’est le
même marteau qui frappe, mais on en a raccourci le manche ».
A- La région
Afin d’éviter toute confusion, il convient de préciser que la région est, par ailleurs,
d’après le titre 10 de la constitution du 18 janvier 1996, une collectivité territoriale
décentralisée. C’est dire qu’elle a un double statut.
1
Sur l’ensemble de la question, lire Gabriel François LITET, La circonscription administrative en droit public
camerounais, Mémoire de master II en droit public interne, Université de Yaoundé II, FSJP, 2014-2015, 121p.
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1- Entant que circonscription administrative, la région est placée sous l’autorité
d’un gouverneur. Celui-ci est nommé par décret présidentiel et est sous l’autorité
hiérarchique du ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation.
Les attributions du gouverneur et autres autorités qui l’assistent sont déterminées par
le décret n°2008/377 du 12 novembre 2008 (qui a abrogé le décret n°78/485 du 09 novembre
1978).
2- Il existe des services placés sous l’autorité du gouverneur qui l’assistent dans
l’accomplissement de ses missions. Ces services sont : un secrétariat particulier, un cabinet,
une inspection générale des services régionaux, un secrétariat général des services du
gouverneur.
Le secrétariat général comprend, entre autres, un secrétaire général, une division des
affaires administratives et juridiques, une division de la police et de l’organisation
administrative, une division des affaires économiques, sociales et culturelles, une division du
développement régional.
Quant à l’inspection générale des services régionaux, placée sous l’autorité d’un
inspecteur général, elle est chargée, entre autres, du contrôle interne et de l’évaluation du
fonctionnement des services du gouverneur, des préfectures et sous-préfectures. L’inspecteur
général est assisté de deux inspecteurs.
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B- Les autres circonscriptions administratives
1. Le département
Les services chargés d’assister le préfet dans ses fonctions sont, entre autres : le
secrétariat particulier, le service des affaires générales, le service des affaires administratives,
juridiques et politiques, le service des affaires économiques et financières et le service des
affaires sociales et culturelles. Qu’en est-il de l’arrondissement ?
2- L’arrondissement
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Le sous-préfet est assisté d’un adjoint dont il détermine les attributions et qui assure
l’intérim en cas d’empêchement du sous-préfet.
Les responsables desdits services sont placés sous l’autorité hiérarchique de leurs
ministres et sous l’autorité des chefs des circonscriptions administratives, en fonction du
niveau territorial auquel ils appartiennent. Ce sont, pourrait-on dire, les relais locaux des
ministères et des ministres. Leurs attributions sont fixées par des textes qui organisent leurs
ministères respectifs. C’est dire qu’il faut se référer à ces textes pour appréhender à suffisance
l’importance et les limites de leurs attributions.
Les chefferies traditionnelles sont régies par le décret n°77/245 du 15 juillet 1977. Sur
le plan historique, elles constituent des formes initiales d’organisation sociale et politique des
sociétés africaines. Celles-ci, dont les règles d’organisation et de fonctionnement n’étaient pas
écrites, avaient une organisation fortement hiérarchisée.
Leur encadrement par des règles écrites est intervenu avec l’arrivée et l’installation des
« colons » occidentaux en Afrique. Après l’indépendance, cet encadrement a été maintenu et
renforcé. Aussi, peut-on dire aujourd’hui que ce que l’on appelle « chefferie traditionnelle »
est en réalité une collectivité au statut hybride, car elle repose sur le droit moderne, qui est
écrit, et le droit coutumier, qui est non écrit.
Cet « hybridisme juridique » se caractérise par une forte emprise de l’Etat sur ces
entités traditionnelles. C’est la raison pour laquelle on les classe parmi les structures
administratives déconcentrées.
Les chefferies traditionnelles sont organisées en plusieurs catégories (A), avec des
chefs qui ont un statut(B) et des attributions (C).
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A- La typologie des chefferies traditionnelles
Les chefferies traditionnelles sont organisées sur une base territoriale. Elles
comprennent trois degrés hiérarchisés, à savoir : la chefferie de premier degré, la chefferie de
deuxième degré et la chefferie de troisième degré.
Les chefferies de premier degré sont créées par arrêté du premier ministre ; celles du
deuxième degré sont créées par arrêté du ministre de l’administration territoriale et de la
décentralisation et celles de troisième degré sont créées par arrêté du préfet.
Le statut des chefs traditionnels concerne leur désignation, leurs droits et leur régime
disciplinaire.
1. La désignation
D’après le décret n°77/245, les chefs traditionnels sont en principe choisis au sein des
familles appelées à exercer coutumièrement le commandement traditionnel. Les candidats
doivent remplir les conditions d’aptitude physique et morale requises et savoir autant que
possible lire et écrire, notamment l’anglais ou le français.
La vacance d’une chefferie est dument constatée par un médecin public requis à cet
effet. Cette vacance intervient par suite de décès, de destitution, de démission ou
d’empêchement physique ou moral permanent du titulaire. Lorsqu’elle est établie, l’autorité
administrative procède sans délai aux consultations nécessaires en vue de la désignation d’un
nouveau chef. A ce titre, les notabilités coutumières compétentes sont obligatoirement
consultées. Toutes les consultations sont consignées sur un procès-verbal signé de président
de la réunion, selon les cas, le préfet ou le sous-préfet.
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Les chefs de premier degré sont désignés par le premier ministre, après approbation du
président de la République ; ceux de deuxième degré désignés par le ministre de
l’administration territoriale et de la décentralisation et ceux du troisième degré par le préfet.
Les fonctions de chef traditionnel sont incompatibles avec toute autre fonction
publique. Toutefois, l’autorité investie du pouvoir de désignation peut autoriser le cumul de
fonctions, notamment lorsque la personne intéressée réside sur le territoire de la chefferie.
2. Les droits
Les droits reconnus aux chefs traditionnels sont de deux ordres. On a d’une part, les
avantages matériels, et, d’autre part, la protection juridique.
a)- En ce qui concerne les avantages matériels, deux moments doivent être évoquées
ici. D’après les dispositions anciennes des articles 22 et 23 du décret n°77/247, les chefs de
premier et deuxième degré percevaient mensuellement une allocation fixe, calculée sur la base
numérique de leur population ainsi qu’une indemnité pour charge spéciale. Ces avantages
étaient fixés par arrêté conjoint du ministre de l’administration territoriale et de la
décentralisation et du ministre des finances.
Ces dispositions ont été modifiées et complétées par celles du décret n°2013/332 du 13
septembre 2013. Ainsi, désormais, les chefs traditionnels, sans exception, perçoivent
mensuellement des allocations.
Le chef de 1er degré perçoit une allocation mensuelle de 200 000F CFA ; le chef de
2 degré a une allocation mensuelle de 100 000F CFA et le chef de 3ème degré a droit à une
ème
Les chefs traditionnels peuvent prétendre à d’autres avantages tels les primes
d’efficacité octroyées par le ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation.
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Tout chef traditionnel victime d’une incapacité permanente imputable au service peut
prétendre à une rente viagère lorsque cette incapacité entraine son dégagement de ses
fonctions, et à une indemnité dans les autres cas.
b)- Il existe d’autres droits qui sont relatifs à la protection juridique du chef
traditionnel. D’après la règlementation, l’Etat est tenu d’assurer au chef traditionnel la
protection contre les menaces, outrages, violences, voies de fait, injures ou diffamations dont
il peut être l’objet en raison ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions. Il est tenu, le cas
échéant de réparer le préjudice subi par le chef traditionnel du fait de tels actes.
La contrepartie de tous ces droits est que le chef traditionnel est soumis à un régime
disciplinaire fixé par le décret n°77/245.
3. Le régime disciplinaire
Les autorités administratives portent chaque année des appréciations sur l’activité des
chefs traditionnels. C’est la contrepartie des avantages et autres protections qui leur sont
accordés.
Ainsi, en cas de faute dans l’exercice de leur fonction, en cas d’inefficacité, d’inertie
ou d’exaction à l’égard des populations, les chefs traditionnels encourent les sanctions ci-
après : rappel à l’ordre ; avertissement ; blâme simple ; blâme avec suspension pendant 3 mois
au plus de la totalité des allocations ; destitution.
Il faut préciser que pour préserver ses droits de la défense, une sanction disciplinaire
ne peut être prise à l’encontre d’un chef traditionnel que s’il a été préalablement appelé à
donner des explications sur ce qui lui est reproché.
Le chef traditionnel a, par ailleurs, des attributions qui démontrent à suffisance son
incorporation dans l’administration.
C- Les attributions
Troisièmement, ils sont chargés de remplir toutes autres missions à eux confiées par
l’autorité administrative locale.
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In fine, les chefferies traditionnelles en général et leurs chefs en particulier,
constituent, sur le plan local, un maillon essentiel de l’administration d’Etat. Elles
permettent, en effet, à cette dernier de se rapprocher des administrés. Toutefois, elles sont
juridiquement différentes des collectivités territoriales décentralisées qui font partie de
l’administration décentralisée.
CHAPITRE II
L’ADMINISTRATION DECENTRALISEE
La genèse des CTD peut être saisie en deux temps : avant et après l'indépendance.
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En 1938, un découpage du territoire en « native authorities » est effectué. Ces
« native authorities » ont le droit de légiférer, d’établir les impôts, sous le contrôle des
« districts officiers » (Préfets).
En 1958, les « natives authorities » sont remplacées par les « area councils », qui
représentent mieux l'ensemble de la population.
C’est en 1941, soit près de 19 ans après l’institution des collectivités territoriales dans
la partie britannique, que « l’autorité coloniale » française organise, par un décret du 23 avril
1941, le régime des communes dans le Cameroun français.
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B- Les CTD après l’indépendance
a)-Au Cameroun occidental, jusqu’en 1974, l’administration locale est régie par la
« local authorities ordinance» (cap. 140 editions of Law of the federation of Nigeria). La
direction des collectivités locales, qui étaient aux mains du chef traditionnel, qui présidait les
« native courts », passent au « chairman » des « native authorities ».
En 1969, les « native authorities » deviennent des « local authorities ». Plus tard,
celles-ci deviennent des « local councils ».
Pour les autres communes de plein exercice, leurs maires sont désormais nommés par
décret pris en conseil de cabinet. Ils sont assistés d’un ou plusieurs adjoints nommés par le
secrétaire d’Etat à l’intérieur parmi les membres du conseil municipal.
Au total, il n'existe plus au Cameroun oriental de maires élus. C'est dire que la
décentralisation territoriale y est plus autoritaire que démocratique. Au pire, elle constitue
davantage un leurre qu'une lueur. Qu’en est-il à partir de 1974 ?
79
Cette codification aboutit à la dualisation du système communal camerounais avec
quelques nuances. C'est ainsi qu'on a d'une part les communes rurales, et, d’autre part, les
communes urbaines.
a)- En ce qui concerne les communes rurales, elles ont un exécutif nommé et dirigé
par un administrateur-municipal et un conseil municipal élu.
b)- Pour ce qui est des communes urbaines, il y en a de deux types. Le premier, qui
comprend le plus grand nombre de communes, est constitué de communes ayant un exécutif
et un conseil municipal élus ; le second, comprenant des communes numériquement peu
nombreuses mais démographiquement et surtout économiquement importantes, ont un
exécutif nommé et ayant à sa tête un délégué du gouvernement et un conseil municipal élu,
dirigé par un président élu en son sein. C'est le cas des communes de Yaoundé, Douala et
Nkongsamba.
Cette rupture est consacrée par la loi n°04/015 du 15 juillet 1987 portant création des
communautés urbaines (Lire Bernard-Raymond Guimdo Dongmo, La problématique de la
décentralisation communale au Cameroun, Mémoire de maîtrise en droit public, Université
de Yaoundé, 1987).
L’année 1996 marque un tournant décisif dans l’évolution des CTD au Cameroun.
Cette consécration a été précisée et organisée en 2004 par les lois dites de la
décentralisation (lire Bernard-Raymond Guimdo D., « Constitution et décentralisation au
Cameroun depuis la réforme constitutionnelle du 18 janvier 1996, in Revue Juridique et
Politique des Etats francophones, n°2, 2005, pp.205-228), puis systématisée dans la loi
n°2019/024 du 24 décembre 2019 portant Code des Collectivités territoriales
décentralisées.
C'est au regard de ces considérations qu'il faut à présent s'intéresser aux collectivités
territoriales décentralisées telles qu’elles sont articulées actuellement au Cameroun.
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§ 2. L’articulation des CTD
1. La commune
La commune est considérée comme la collectivité territoriale de base. Elle est créée
par décret du Président de la République, qui fixe son ressort territorial, sa dénomination et
son chef-lieu.
Selon cette loi, les conseillers municipaux sont élus au suffrage universel direct et
secret, au scrutin mixte à un tour comportant un système majoritaire et un système de la
représentation proportionnelle.
Le conseil municipal siège en session ordinaire une fois par trimestre pendant une
durée maximale de sept jours. Il peut aussi se réunir en session extraordinaire sur convocation
du maire chaque fois qu'il le juge utile ou lorsqu'une demande motivée lui est adressée par les
deux tiers des membres dudit conseil ou lorsque le représentant de l’Etat en fait la demande.
Les décisions (délibérations) du conseil sont prises à la majorité simple des votants, et
le vote est public.
- L’exécutif municipal est composé du maire et de ses adjoints. Ils sont tous élus par
le conseil lors de sa première session.
Le maire est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Quant à ses adjoints,
ils sont élus au scrutin de liste. Tous les scrutins sont secrets.
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L'exécutif est élu pour la même durée que les conseillers municipaux.
Le maire représente la commune dans tous les actes de la vie civile et en justice. Il
gère le personnel placé sous sa responsabilité et est chargé de la police municipale.
Comme le conseil municipal, le maire et ses adjoints ont droit à une indemnité de
session. Par ailleurs, le maire et ses adjoints bénéficient d'une rémunération et des indemnités
de fonction mensuelles.
La communauté urbaine est créée par décret du Président de la République, qui en fixe
le siège ainsi que le ressort territorial. Elle est constituée d'au moins deux communes
d'arrondissement. Elle prend l'appellation de « ville de… » suivie du nom de l'agglomération.
Le conseil délibère sur toutes les affaires relevant de sa compétence. Son mandat
expire avec celui des conseillers municipaux. En cas de vacance d'un membre du conseil, la
commune concernée est appelée à le remplacer dans un délai de deux mois.
2. La région
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En tant que collectivité territoriale décentralisée, la région est juridiquement
administrée par des autorités élues, qui disposent du pouvoir réglementaire pour
l'accomplissement de leur mission.
Juridiquement, la région peut être analysée de manière duale : d'une part, sur le plan
organisationnel, et, d'autre part, sur le plan de sa protection.
- D'après les textes en vigueur, le conseil régional doit refléter les différentes
composantes sociologiques de la région (article 57 alinéa 2 de la Constitution et article
276.1 de la loi 2019/024).
Les conseillers régionaux sont élus pour un mandat de 5 ans renouvelable. Leur
effectif est proportionnel à la population de chaque région, de chaque département, selon le
cas.
Comme tout organe délibérant, le conseil régional exerce ses fonctions dans le cadre
des sessions ordinaires et extraordinaires.
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La session ordinaire se tient une fois par trimestre sur convocation du Président du
conseil régional, pour une durée de 8 jours, et de 15 jours, pour ce qui est de la session
budgétaire (Article 280.1 de la loi n°2019/024).
Il existe, par ailleurs, une session dite de plein droit, qui se tient le deuxième mardi de
la proclamation des résultats lors du renouvellement du mandat des conseillers régionaux.
Le conseil régional peut élire en son sein un président pour un mandat identique au
sien. Le président est assisté d'un bureau comprenant un vice-président, 2 questeurs et 2
secrétaires. Ce bureau doit refléter la composition sociologique de la région (article 57 alinéa
3 de la constitution).
Les fonctions de Président du conseil régional sont incompatibles avec celles prévues
à l'article 311 de la loi n°2019/024 du 24 décembre 2019.
L’Assemblée régionale est l’organe délibérant dans les deux régions concernées. Elle
a les mêmes attributions que celles dévolues à toutes les régions ainsi que le même nombre de
conseillers et a aussi un mandat de 05 ans. Elle comprend deux chambres que sont : la House
of Divisional Representatives (pour plus détails, v. articles 332 à 335 de la loi n°2019/024)
et la House of Chiefs (Pour plus de détails, v. article 332 et articles 336 à 339 de la loi
n°2019/024).
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Le Conseil Exécutif Régional est l’organe exécutif des régions à statut spécial. Il est
composé de (article 352 de la loi n°2019/024) :
un Président (issu de la catégorie des délégués départementaux et dont les missions
sont précisées à l’article 359 de la loi n°2019/024);
Les membres du Conseil exécutif régional sont élus lors de la première session dudit
conseil, parmi les Conseillers régionaux de la Région concernée, et pour toute la durée du
mandat de ces derniers (article 353.1 de la loi n°2019/024). Le Président et le Vice-président
du Conseil sont des personnalités autochtones (article 353.2 de la loi n°2019/024).
En plus de ces organes, les régions à statut spécial ont une « Administration
régionale » (v. article 366 de la loi n°2019/024) dont les règles qui la régissent sont celles
applicables à l’administration régionale de la région à statut ordinaire (v. articles 323 et 324
de la loi n02019/024) ; un « Public independent Conciliator » (Pour plus précision sur son
statut, ses attributions et sa saisine, v. articles 367 à 371 de la loi n°2019/024).
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Troisièmement, les lois, les traités et accords internationaux peuvent, s'ils menacent les
intérêts de la région, être déférés au conseil constitutionnel par les présidents des exécutifs
régionaux.
Les régions, comme les communes, ont des compétences qui sont déterminées et
aménagées par les textes en vigueur.
1. Le transfert de compétences
S'agissant des ressources matérielles, elles sont constituées de l'ensemble des biens
meubles et immeubles nécessaires à l'exercice des compétences transférées aux collectivités
territoriales décentralisées.
Quant aux ressources financières, elles sont dévolues aux collectivités territoriales
décentralisées soit par transfert de fiscalité, soit par dotation, soit par les deux mécanismes à
la fois.
Les collectivités territoriales décentralisées, que sont la région et la commune, ont des
compétences que leur reconnaît le droit en vigueur.
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Ce droit a, dans le cadre de la répartition desdites compétences, déterminé celles qui sont
propres à chacune d’elles ainsi celles qui leur sont communes.
Il faut distinguer d'une part, les compétences propres aux communes, et, d'autre part,
les compétences spécifiques aux régions.
Les compétences propres aux communes sont de deux ordres : intra et extra-
communales.
- Les compétences intra-communales sont réparties autour de la stimulation du
développement communal, la création, la réalisation de certaines infrastructures, les
prestations, notamment, la création et le reboisement, l’entretien des espaces verts, la création
et la gestion des voiries municipales.
Les compétences spécifiques aux régions sont aussi de deux ordres : intra-régionales et
extrarégionales.
- Les compétences intra régionales semblent se limiter au cadre de la région ; c'est ce
qui est visible au niveau du développement économique et des autres compétences. On
distingue ainsi les compétences intra régionales en matière de développement et les
compétences intra régionales en matière de développement sanitaire et social.
- Les compétences extrarégionales sont celles qui ne se limitent pas au seul cadre de
la région. Elles concernent aussi bien le développement économique que le développement
social, sanitaire, éducatif, sportif et culturel. A titre d’exemple, les régions sont chargées
d’appuyer et de renforcer certaines formations sanitaires et établissements sociaux, de prendre
des mesures d’hygiène et de procéder à l’approvisionnement en médicaments.
Outre ces compétences, dévolues à toutes les régions, celles du Nord-ouest et du Sud-
ouest exercent d’autres compétences que sont, « la participation à l’élaboration des politiques
publiques nationales relatives au sous-système éducatif anglophone ; la création et la gestion
des missions régionales de développement ; la participation à l’élaboration du statut de la
chefferie traditionnelle » (article 328.1 de la loi n°2019/024). Par ailleurs, ces régions
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« peuvent être consultées sur les questions liées à l’élaboration de politiques publiques de la
justice dans le sous-système de la common law » (article 328.2 de la loi n°2019/024); de
même qu’ « elles peuvent être associées à la gestion des services publics implantés dans leurs
territoires respectifs » (article 328.3 de la loi n°2019/024).
Certes, les régions ont des compétences distinctes de celles des communes, mais elles
ont aussi des compétences qu’elles partagent avec elles.
Il existe des domaines dans lesquels les communes et les régions sont toutes
compétentes. Il s'agit, pour l’essentiel, de la planification, de l'aménagement du territoire, de
l'urbanisme et de l’habitat, de la santé, de l'action sociale et de l'éducation.
§ 3- Le contrôle étatique
A. Le contrôle administratif
L’article 73.1 de la même loi précise que « les pouvoirs de tutelle de l’Etat sur les
CTD et leurs établissements sont exercés, sous l’autorité du Président de la République, par
le Ministre chargé des collectivités territoriales et par le représentant de l’Etat dans la
collectivité territoriale ».
La tutelle sur les régions est assurée par le gouverneur, qui est le délégué de l’Etat
dans la région. Quant à la tutelle sur la commune, elle est exercée par le préfet. Ce contrôle
est exercé aussi bien sur les organes des collectivités territoriales décentralisées que sur leurs
actes.
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1. Le contrôle sur les organes
Les actes accomplis par les autorités des collectivités territoriales décentralisées sont
soumis au contrôle de l’exécutif étatique. Ainsi, certains de ces actes sont transmis au
représentant de l’Etat compétent pour visa ou pour approbation préalable. D’autres,
notamment les actes réglementaires, sont, certes exécutoires de plein droit une fois qu’ils sont
publiés ou notifiés aux intéressés, mais sont tout de même transmis aux représentants de
l’Etat.
Les décisions prises par les organes décentralisés et qui concernent les finances, les
conventions de coopération internationale, les affaires domaniales, les délégations de service
public, les recrutements de certains personnels, sont soumises à l'approbation du représentant
de l'État.
Ce dernier peut annuler les actes manifestement illégaux, notamment en cas d'emprise
irrégulière et de voie de fait, à charge pour la collectivité territoriale décentralisée concernée
de saisir la juridiction administrative compétente. Cette dernière intervient aussi sur saisine de
l’autorité de tutelle ou d’un particulier pour contrôler la légalité des actes des CTD.
B. Le contrôle juridictionnel
L'Etat peut, au moyen du déféré administratif, saisir le juge administratif pour qu'il
statue sur la légalité des actes pris par les autorités des collectivités territoriales décentralisées
(V. article 77.2 de la loi n°2019/024).
Par ailleurs, le juge administratif peut, à la demande de l’Etat, prendre des mesures
conservatoires tel que le sursis à exécution, notamment lorsque l’acte attaqué est de nature à
compromettre l'exercice d'une liberté publique ou individuelle. Lorsqu’il en est ainsi, «le
président de la juridiction saisie (...) prononce le sursis dans un délai maximal de 48 heures»
(article 78 alinéa 2 de la loi n°2019/024).
Au total, le juge administratif est amené, dans le cadre de ce contrôle à édicter, selon
les cas, deux types de mesures : les mesures provisoires (le prononcé du sursis à exécution) et
les mesures définitives (l’annulation)2.
Il existe, par ailleurs, des organes spécialisés créés par l'Etat pour suivre ou appuyer
les CTD.
2
De même, le juge administratif intervient pour vérifier la légalité de ces actes dans le cadre des recours contentieux
introduits par toutes les personnes qui estiment qu’ils ne sont pas conformes au droit en vigueur. Bien évidemment, ces
personnes doivent avoir la qualité pour agir et/ou justifier d'un intérêt pour pouvoir contester lesdits actes.
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§ 4- Les organes de suivi et d'appui des CTD
L'État a créé des organes spécialisés en vue d'aider les collectivités territoriales
décentralisées tant sur le plan financier que sur le plan de la réalisation des projets, de la
formation et du perfectionnement de leur personnel. Certains de ces organes sont des organes
de suivi, tandis que d'autres sont des organes d’appui.
Les organes d’appui des CTD sont, entre autres, le FEICOM (Fonds spécial
d'Equipement et d'Intervention intercommunal) et le CEFAM (Centre de Formation pour
l'Administration Municipale).
1- Le FEICOM
Il est destiné, entre autres, à l'entraide entre les communes (avances de trésorerie) ou
financement des travaux d'investissements communaux ou inter communaux ; à la couverture
des frais d'assiette et de charges de recouvrement des recettes fiscales ; à la couverture des
frais relatifs à la formation du personnel communal et de celui de l’Etat civil.
Pour parvenir à ses fins, le FEICOM est alimenté par les ristournes en totalité ou en
partie ; les subventions de l'Etat ; toutes autres ressources qui lui sont affectées ; une fraction
du produit des contributions des patentes et licences et de la taxe sur le bétail.
90
2- DU CEFAM A LA NASLA
a)- DU CEFAM…
L’offre de formation du CEFAM se répartit dans 3 cycles. Le 1er cycle et le 2ème cycle
sont des cycles de formation proprement dite, tandis le 3 ème cycle s’occupe du
perfectionnement et du recyclage.
b)…A LA NASLA
Pour assure sa mission, la NASLA est dotée de deux organes de gestion que sont le
Conseil d’Administration (v. articles 9 à 19 du décret n°2020/111) et la Direction générale
(v. articles 20 à 25 du décret n°2020/111) ; des ressources humaines (V. articles 26 à 35) ;
des organes consultatifs (V. articles 46 à 53 du décret n°2020/111 du décret n°2020/111) ;
et des ressources financières (V articles 55 à 57 du décret n°2020/111).
91
décentralisées doivent recevoir de l’Etat aujourd’hui plus qu’hier un appui multiforme, mais,
dans le même temps, elles doivent savoir s’assumer pour que la décentralisation, qui est une
nécessité, se justifie et soit pleinement vécue. Que dire « hic et nunc » des administrations
spécialisées ?
Le procédé de l’établissement public, qui est le plus répandu en droit public, implique
la création d’une nouvelle personne morale de droit public (création de l’université de
Yaoundé II) qui relève de la décentralisation par service, verticale ou fonctionnelle.
C’est le législateur qui est compétent, au regard de la constitution, pour créer les
catégories d’établissements publics. Ainsi, un établissement public de type nouveau ne peut
être crée que par lui. A contrario, c’est l’autorité administrative centrale (le Président de la
République) ou décentralisée (l’organe délibérant) qui est compétent pour créer un
établissement public dans une catégorie existante et selon les règles de compétence que la loi
a fixée et y met fin.
Cette fin peut résulter soit de la suppression de l’activité dont la gestion lui est confiée
(exemple : suppression de la formation universitaire), soit du retrait de la personne morale
(exemple : la liquidation ou le retour à la gestion en régie), soit enfin de la privatisation.
A- L’être juridique
L’Etablissement public est une personne morale de droit public qui assure la gestion
d’un service public spécialisé. L’absence d’homogénéité de la catégorie amène à penser que
l’on peut multiplier la typologie des établissements publics.
3
Sur l’ensemble de la question, lire SANDIO KAMGA (Armel Habib), L’établissement public en droit
administratif camerounais, Thèse de doctorat/Ph. D. en droit public, Université de Yaoundé II, 2014.
92
et l’établissement public local ; l’établissement public administratif et l’établissement public à
caractère industriel et commercial.
Les établissements publics appartenant à l’Etat sont créés par décret du Président de la
République. Ceux appartenant à une collectivité territoriale décentralisée sont créés par
décision de son organe délibérant.
Cette loi a supprimé cette catégorie d’établissement en instituant en ses lieux et place
la société à capital public, aujourd’hui régie par la loi n°2017/011 du 12 juillet 2017 portant
statut général des entreprises publiques, qui a abrogé la précédente.
D’après l’article 3 §10 de cette loi, la société à capital public est une « personne
morale de droit privé dotée de l’autonomie financière et d’un capital action intégralement
détenu par l’Etat, une ou plusieurs collectivités territoriales décentralisées, créée en vue de
l’exécution dans l’intérêt général, d’activités présentant un caractère industriel, commercial
et financier » (D’après l’article 2 (5) de la loi n°99/016 abrogée, la société à capital public
était « une personne morale de droit privé dotée de l’autonomie financière et d’un capital
action intégralement détenu par l’Etat, une ou plusieurs collectivités territoriales
décentralisées, une ou plusieurs autres sociétés à capital public, créée en vue de l’exécution
dans l’intérêt général, d’activités présentant un caractère industriel, commercial et
financier »).
93
commerciales et du groupement d’intérêt économique et le traité de la CEMAC. Un tel
changement a des implications tant au niveau de la création ladite société qu’au niveau de sa
gestion, sa dissolution ou sa liquidation. Il s’agit là d’une mutation juridique profonde qui a
affecté la distinction des établissements publics.
Un établissement public peut revêtir une ou plusieurs formes (article 2.2 de la loi
n°2017/010) et des lois particulières peuvent, en tant que de besoin, créer d’autres formes
d’établissements publics (article 1.3 de la loi n°2017/010) de par leur nature intrinsèque et les
missions qui sont les leurs.
B- La vie juridique
La vie juridique des établissements publics concerne aussi bien leur organisation (A),
leur fonctionnement (B) que le contrôle auquel ils sont soumis (C). Elle est régie par des
règles contenues dans la loi n°2017/010 et les textes qui créent lesdits établissements publics.
1- L’organisation
L’organisation des EP n’est pas uniforme. On peut cependant en dégager des traits
essentiels qui les rapprochent. Ces traits sont relatifs aux organes et ressources.
Le conseil d’administration a les pouvoirs les plus étendus. Il délibère sur l’ensemble
des affaires qui ressortissent du champ compétenciel de l’établissement public. Sa
composition est déterminée par le texte qui crée et organise l’établissement public concerné.
Quant à l’organe exécutif, il est chargé d’exécuter les décisions prises par l’organe
délibérant et de l’administration générale de l’établissement public.
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b)- Les ressources
2- Le fonctionnement
De même que la loi s’attache à définir les règles qui encadrent la création et
l’organisation des établissements publics, elle détermine aussi leur mode de financement,
lequel est précisé par les différents textes créant lesdits établissements publics.
Ainsi, l’établissement public jouit des prérogatives de puissance publique et assure des
missions de service public. Ses organes de gestion prennent des décisions exécutoires et
passent des contrats, notamment administratifs.
Par ailleurs, l’établissement public, parce qu’il jouit d’une autonomie financière, a
vocation à « administrer (…), gérer librement les biens meubles, immeubles, corporels,
incorporels, et en numéraire constituant son patrimoine propre en vue de réaliser son objet
social » (Article 4 §2, loi n°2017/010).
A travers son autonomie financière, l’établissement public peut pourvoir à toutes les
dépenses en fonction des recettes liées à son activité ou alors au soutien de la collectivité
territoriale dont il dépend (Etat ou CTD). Sa comptabilité relève de la comptabilité publique.
3- Le contrôle de l’Etat
Quant au contrôle matériel ou sur les actes, il intervient en matière patrimoniale. C’est
ainsi que l’acceptation des libéralités par les établissements publics est soumise à
l’autorisation préalable de l’autorité de tutelle.
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Il intervient également en matière financière. En effet, l’exécution du budget est
soumise au contrôle étroit de l’autorité de tutelle. Il intervient, enfin en matière administrative
car, les actes d’administration des organes des établissements publics sont soumis avant et
après leur édiction à l’autorité de tutelle. Mais, comme Janus Biface, la tutelle administrative
est aussi lâche.
A- L’être juridique
D’après la loi n°2010/023, le groupement d’intérêt public est une personne morale de
droit public. Il dispose ainsi de la personnalité juridique et de l’autonomie financière. Il est
constitué entre l’Etat ou une collectivité territoriale décentralisée et d’autres personnes
morales de droit public ou de droit privé.
Il a pour but de permettre à ses créateurs « d’exercer ensemble des activités ayant un
caractère de mission de service public, dans un domaine bien déterminé » (article 2 al. 1). Il
s’agit d’une institution à but non lucratif.
Les domaines dans lesquels peut être créé le GIP sont : la recherche, l’action sanitaire
et sociale, le développement scientifique et technologique, l’éducation et les activités
culturelles et sportives (V. article 2 al. 2).
Les personnes physiques ne peuvent pas faire partie du GIP. Elles doivent
préalablement s’associer dans un regroupement conformément à la loi.
Le GIP est créé par une convention signée entre les parties au cours d’une assemblée
générale constitutive. Cette convention doit comporter la dénomination précédée ou survie de
la mention « GIP » ; l’objet et la durée ; la date et le lieu de la signature ; l’organisation ; le
siège social ; l’identité des parties, leurs responsabilités ou rôles particuliers.
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Pour plus d’information sur cette loi, notamment l’intégralité du texte, voir Cameroun Tribune n°9749/5950 du
jeudi 23 décembre 2010.
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C’est à compter de la signature de l’arrêté d’approbation que le GIP acquiert la
personnalité juridique. Cet arrêté ainsi que la convention de création du GIP sont publiés au
journal officiel. Toute modification des stipulations de la convention sont transmises au
premier ministre pour approbation et insertion au journal officiel.
La durée de vie d’un GIP peut être prorogée sur délibération de son assemblée
générale, copie de la résolution est transmise au premier ministre pour approbation et
publication au journal officiel.
B- La vie juridique
La vie juridique du GIP concerne aussi bien son organisation (1) que son
fonctionnement (2).
1- L’organisation
Elle est compétente, entre autres, pour réaliser l’objet du GIP ; déterminer la stratégie
d’intervention du GIP ; approuver ses comptes ; admettre ou exclure une partie ; désigner les
membres du comité de gestion ; examiner et approuver les rapports du comité de gestion ;
recruter et nommer l’administrateur, et recruter ou nommer le commissaire aux comptes.
L’A.G. se réunit une fois par an en session ordinaire. En tant que de besoin, elle peut
se réunir en session extraordinaire. Quid du comité de gestion ?
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b)- Les ressources
Les ressources humaines du GIP sont constituées des personnels propres recrutés
directement suivant les modalités prévues dans la convention de création.
Le GIP peut également employer des agents publics (par la mise à disposition ou par
détachement) ou des personnels qui lui sont affectés par des personnes morales de droit public
ou de droit privé qui sont parties à la convention. Qu’en est-il des ressources financières du
GIP.
Les ressources financières du GIP sont composées des apports des parties, des
produits de son activité, des dons et legs et des subventions.
Ces ressources sont des deniers publics. A ce titre, leur gestion est soumise au
contrôle des institutions publiques chargées du contrôle et de la vérification de la régularité et
de la sincérité des opérations de gestion des finances publiques.
On peut alors s’étonner que la loi affirme aussi que « les ressources du groupement
d’intérêt public sont gérées suivant les règles de la comptabilité privé (sic !) ».
2- Le fonctionnement
Alors que la loi s’attache à définir les règles qui encadrent la création de l’organisation
du GIP, elle se contente d’indiquer que les modalités de son fonctionnement sont fixées par la
convention qui le crée (V. article 13).
Le GIP n’est pas assujetti aux dispositions du Code des marchés publics. Par
ailleurs, les litiges nés de l’interaction entre les parties à la convention de création du GIP
d’une part, et des rapports entre le GIP et les tiers, d’autre part, relèvent, suivant leur nature,
du juge compétent.
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Voir l’intégralité du texte in Cameroon Tribune n°9749/5950 du jeudi 23 décembre 2010.
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Il devrait s’agir, dans le premier cas du juge administratif (les parties à la convention
étant l’Etat ou une collectivité territoriale décentralisée et d’autres personnes morales de droit
public ou de droit privée) ou du juge judiciaire (si le tiers est une personne privée).
Le GIP peut être dissout soit par l’arrivée à son terme, soit par la réalisation ou
l’extinction de son objet social, soit enfin par décision de l’assemblée des membres, suivant
les modalités fixées par la convention qui le crée.
Si dans un délai de 30 jours l’AG n’a pas nommé de liquidateur, ce dernier est nommé,
à la demande d’un membre ou d’un créancier du GIP, par décision de justice qui fixe
également les conditions de sa rémunération (article 27).
Il convient d’indiquer que les modalités de contrôle administratif ou de tutelle du GIP
par l’Etat ou toute autre personne publique ne sont pas déterminées par la loi fixant le statut
du GIP.
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