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LE DROIT A LA PORTEE DE TOUS

Cette brochure fait partie d’une série de documents juridiques simplifiés préparés par les
Centres d’Information Juridiques du RADI, le Ministère de la Justice et la Coopération
française.

Débarrassés du vocabulaire très ésotérique de juristes, ils constituent des outils de


vulgarisation que nous espérons accessibles à un très grand public.

A travers ces écrits, nous nous engageons à donner à une large majorité de sénégalais les
moyens de comprendre, de s’approprier leurs droits et d’en exiger le respect.

Le RADI, fidèle à sa mission qui consiste à aider les populations à compter sur leurs propres
forces pour apporter des solutions à leurs problèmes à travers la promotion d’un
développement durable, intégré et participatif, attend vos critiques et suggestions pour
améliorer l’œuvre entreprise.

SOMMAIRE

I – LES DIFFERENTS TYPES DE REGIMES MATRIMONIAUX

A. Quels sont les types de régimes matrimoniaux qui existent en droit sénégalais de la
famille ?
1. Qu’est-ce que le régime de séparation des biens ?
2. Qu’est-ce que le régime dotal ?
3. Qu’est ce que le régime communautaire de participation aux meubles et acquêts ?
B. Quelles sont les règles communes à tous les régimes matrimoniaux ?
C. Le cas de transfert de pouvoirs et de représentation entre époux.
D. les époux sont-ils libres de passer certains actes entre eux ?
II – LE FONCTIONNEMENT ET LA DISSOLUTION DES REGIMES MATRIMONIAUX
A. Comment fonctionnent les différents régimes matrimoniaux ?
Qui gère les biens du couple ?
B. Comment prend fin un régime matrimonial ?
1. Quelles sont les causes de dissolution du régime matrimonial ?

LES REGIMES MATRIMONIAUX

1. Qu’est-ce qu’un régime matrimonial ?

Un régime matrimonial permet à un homme et à une femme de choisir lors de leur mariage la
façon de gérer leurs biens. Il permet de régler tout ce qui touche à l’aspect économique du
mariage.

2. Qui choisit le type de régime matrimonial pour le couple ?

Le choix est fait par l’homme et la femme qui décident de se marier. S’ils n’ont pas 18 ans
(c'est-à-dire s’ils sont mineurs), le choix sera effectué par leurs parents.
En dépit de leur minorité, s’ils sont reconnus comme étant capables d’agir seuls. S’ils sont
émancipés, ils peuvent choisir librement.

Pour le majeur (l’adulte) qui ne jouit pas de toutes ses facultés mentales (majeur sous tutelle),
ou le majeur victime d’une anomalie physique (majeur en curatelle), ils ne peuvent choisir
que le régime matrimonial de droit commun, c'est-à-dire le régime de séparation des biens.
Pour qu’ils puissent choisir un autre type de régime, il faut qu’ils aient l’assistance d’un tuteur
ou d’un curateur.

3. Que se passe-t-il si le mari et la femme n’ont pas exprimé leur choix ?

Dans ce cas, l’officier de l’état civil applique le régime de droit commun qui est la séparation
des biens.

4. Sur quoi porte le choix ?

Le choix porte seulement sur la manière dont les époux décident de gérer leurs biens.

Exemple : Bineta et Doudou ont décidé de se marier sous le régime de la séparation des
biens. Chacun d’eux va gérer ses biens tout en étant obligé de participer aux dépenses du
ménage.

5. A quel moment fait-on le choix ?

o Pour le mariage célébré (c'est-à-dire lorsque les deux époux se sont présentés devant
l’officier d’état civil qui procède à leur union). Le choix se fait avant la célébration du
mariage.

o Pour le mariage constaté (c'est-à-dire porté à la connaissance de l’officier d’état civil),


mais célébré selon la tradition, le choix est fait au moment d’informer l’officier d’état
civil de leur désir de se marier.

o Pour le mariage non constaté, il faut distinguer deux cas :

- en cas de déclaration tardive de leur mariage à l’officier d’état civil, on


applique aux époux le régime matrimonial de la séparation des biens.
- Si les époux ne déclarent pas du tout leur mariage coutumier à l’officier d’état
civil, rien n’est prévu quand au choix du régime matrimonial. Néanmoins,
puisque leur mariage est valable, on leur applique le régime de droit commun
de la séparation des biens.

6. Comment les époux peuvent-ils prouver leur choix ?

Il est fait mention du type de régime choisi par le couple sur l’acte de mariage. Le choix du
type de régime matrimonial est donné oralement par les époux à l’officier d’état civil qui leur
pose la question.
7. Peut-on changer d’option au cours du mariage ?

En principe, l’option est irrévocable. Cela veut dire que le mari et la femme ne peuvent pas
changer d’option pendant leur mariage.

Cependant, il y a des cas où l’on peut changer d’option volontairement. Il en est ainsi :

a) Des changements d’options pendant le mariage :

o A la demande des époux. Par exemple : dans le régime dotal, si les biens sont en péril
du fait de la mauvaise gestion du mari.

o Dans le régime communautaire, si les intérêts de l’un des conjoints sont menacés du
fait de l’autre, il peut demander en justice la séparation des biens.

o En cas de séparation de corps, les époux adoptent immédiatement le régime de


séparation des biens.

b) Du changement légal de régime :

Pour les époux mariés avant l’entrée en vigueur du code de la famille, c'est-à-dire avant le 1 er
janvier 1973.

c) Du changement volontaire :

C’est le cas où un homme et une femme divorcés se remarient.

I – LES DIFFERENTS TYPES DE REGIMES MATRIMONIAUX

A. Quels sont les types de régimes matrimoniaux qui existent en droit sénégalais de la
famille ?

Ils sont au nombre de trois :

o Le régime de séparation des biens ;


o Le régime dotal ;
o Le régime communautaire de participation aux meubles et acquêts.

1. Qu’est-ce que le régime de séparation des biens ?

C’est le régime que le législateur impose aux époux, si le mari et la femme n’ont pas fait de
choix. Dans ce régime, chaque conjoint conserve ses propres biens.

Exemple : Mody et Fatou sont mariés sous le régime de séparation des biens. Mody a une
maison (c’est son bien propre). Fatou achète une voiture (c’est son bien propre).

2. Qu’est-ce que le régime dotal ?

Il ne faut pas confondre le régime dotal et la dot (biens offerts par le mari à sa femme).
Le régime dotal regroupe l’ensemble des biens offerts à la femme par toutes personnes autres
que le mari, à l’occasion du mariage.

Exemple : à l’occasion de son mariage avec Hamadou, Safy a reçu de son oncle Samba dix
neuf chèvres et de sa mère vingt chèvres qui seront gérées par son mari Hamadou. Ce sont là
des biens dotaux qui appartiennent à la femme.

3. Qu’est ce que le régime communautaire de participation aux meubles et acquêts ?

On appelle meuble tous les biens que l’on peut déplacer. Exemple : Un animal, titre de
créance, une voiture etc.

Un acquêt c’est un bien que le mari ou la femme a acquis au cours du mariage. Un tel bien
appartient en commun aux deux époux.

Le régime communautaire de participation aux meubles et acquêts regroupe donc l’ensemble


des biens que les époux ont acquis au cours de leur mariage et qui leur appartient en commun.

B. Quelles sont les règles communes à tous les régimes matrimoniaux ?

Il existe des règles qui s’appliquent à tous les époux quelque soit le type de régime
matrimonial qu’ils ont choisi. On les appelle les constantes des régimes matrimoniaux.

On distingue deux sortes de règles :

1. les règles qui rendent plus facile le fonctionnement du régime matrimonial. Elles
assurent l’indépendance du mari et de la femme. Par exemple : les époux sont libres
d’exercer une activité professionnelle.

Chaque époux est libre de gérer comme il l’entend ses propres biens, d’ouvrir un compte
bancaire personnel…

2. la participation de chaque époux aux charges (dépenses) du ménage : le mari et la


femme doivent en commun participer aux dépenses d’entretien du ménage, à
l’éducation des enfants…Mais c’est le mari qui supporte à titre principal ces charges.

Les époux doivent payer ensemble les dettes contractées dans le cadre de leur ménage. Ceci
est valable même si la dette est contractée par l’un des conjoints seul, sans l’accord de l’autre.

Exemple : En l’absence de son époux Ibou, la dame Kiné a appelé un plombier pour réparer
les tuyaux où il y avait une fuite d’eau. Le plombier pourra poursuivre Kiné ou Ibou pour le
paiement de la réparation. En cas de refus de participation par un conjoint, l’autre peut obtenir
du tribunal l’autorisation de retirer une partie du salaire du conjoint défaillant pour faire face
aux dépenses du ménage.

C. Le cas de transfert de pouvoirs et de représentation entre époux.

1. En période normale :
o Le mandat : un époux peut autoriser l’autre à le représenter dans la gestion des biens
du ménage.
o La gestion d’affaires : un des conjoints peut, à défaut de mandat ou d’habilitation de
l’autre, prendre l’initiative de faire des actes à la place de l’autre époux.

2. En période de difficulté :

Exemple : En cas de conflit entre époux. En pareille situation, le juge d’instance peut
autoriser l’un des époux à remplacer l’autre dans la gestion des biens du ménage.

D. les époux sont-ils libres de passer certains actes entre eux ?

Le fait qu’un homme et une femme soient mariés les empêche de passer certains contrats
entre eux. Il en est ainsi par exemple :

o De la vente entre époux : entre mari et femme, aucune vente ne peut se faire.
o La société entre époux : un mari et une femme ne peuvent être associés dans une
société que lorsqu’ils ne sont pas responsables indéfiniment et solidairement des dettes
de la société.

Exemple : Deux époux ne peuvent s’associer dans une société en nom collectif car, en cas de
faillite, l’ensemble des biens des époux risque d’être vendu pour payer les dettes de la société
à nom collectif.

o Les donations entre époux bien qu’admises sont toujours révocables. Le donateur peut
toujours revenir sur sa décision.

Exemple : Moussa donne une voiture à sa femme ; il peut la reprendre à tout moment.

II – LE FONCTIONNEMENT ET LA DISSOLUTION DES REGIMES


MATRIMONIAUX

A. Comment fonctionnent les différents régimes matrimoniaux ?

Le fonctionnement du régime diffère selon le type choisi par les époux.

Qui gère les biens du couple ?

o Dans le régime de séparation des biens.

Chaque époux gère seul ses propres biens et paie ses dettes personnelles. Chacun peut agir
comme il l’entend sur ses propres biens. Aucun époux ne peut intervenir dans les affaires de
l’autre. Cependant, si l’un des époux contracte des dettes dans l’intérêt du ménage, ils seront
tenus tous les deux de les payer. On dit qu’ils sont solidairement responsables.

o Dans le régime dotal.

Les biens soumis au régime dotal sont remis au mari. Celui-ci les garde pendant toute la durée
du mariage. En cas de mauvaise administration par le mari, la femme peut demander en
justice la restitution de ses biens. Les pouvoirs du mari sont limités dans ce type de régime.
Dans le régime dotal, la femme et le mari n’ont aucun droit sur les biens sauf le cas où la
femme donne un bien à ses enfants.

Exemple : elle leur affecte un immeuble pour qu’ils y habitent.

Autre exemple : la femme peut vendre une partie du cheptel (bétail) pour assurer les frais de
scolarité des enfants. La femme a le droit, avec le consentement de son mari, de vendre un
immeuble lorsque l’intérêt de la famille l’exige.

o Dans le régime de participation aux meubles et acquêts.

Chacun des époux gère les biens du ménage sans distinction selon leur nature, leur origine ou
leurs conditions d’acquisition. Dans le régime communautaire de participation aux meubles et
acquêts, les époux peuvent faire des dons sur leurs biens. Par contre dans ce type de régime,
un époux ne peut pas accepter un bien d’une autre personne sans l’accord du conjoint.

o Dans le régime légal de séparation des biens. Chacun des époux peut exercer tout droit
sur ses biens personnels.

B. Comment prend fin un régime matrimonial ?

Tous les régimes matrimoniaux prennent fin par la dissolution du mariage.

1. Quelles sont les causes de dissolution du régime matrimonial ?

Il faut distinguer les causes principales de dissolution des causes exceptionnelles.

a. Les causes principales de dissolution du régime matrimonial.

o le décès d’un conjoint ;


o le divorce ;
o la séparation de corps.

Les deux premières causes entraînent en même temps la dissolution du mariage.

b. Les causes exceptionnelles de dissolution du régime matrimonial :

Il y a séparation judiciaire des biens lorsque du fait d’un problème donné entre les
époux, le juge intervient pour indiquer à chacun des époux ses biens propres. La
séparation judiciaire de biens a lieu lorsqu’il y a :

- une mauvaise administration des biens par l’époux ;


- une mauvaise conduite (exemple : un époux qui vend des biens de la famille pour
s’offrir des choses sans importance) ;
- une atteinte aux intérêts du conjoint. (exemple : un époux qui utilise les biens du
ménage pour satisfaire ses besoins personnels).
2. Quels sont les effets de la dissolution d’un régime matrimonial ?

Il faut distinguer les effets de la dissolution dans les rapports entre époux, et les effets quant
aux dettes des époux avec d’autres personnes (exemple : créanciers, héritiers, etc.)

Quels sont les effets sur les biens des époux ?

Il peut y avoir soit une reprise des biens propres, soit un partage des biens communs.

o Dans le régime dotal, le mari restitue tous les biens en nature et sans délai à la femme,
ou aux héritiers dès que le mariage prend fin.

o Dans le régime de séparation des biens, lorsqu’aucune preuve ne peut être faite sur la
propriété d’un bien donné, celui-ci sera partagé entre le mari et la femme en parts
égales.

o Dans le régime communautaire de participation aux meubles et acquêts, en cas de


dissolution du mariage, il y a :

- la reprise des biens propres (biens que les époux ont eus avant le mariage)

- le partage des biens communs (bien que les époux ont acquis pendant le
mariage)
Quels sont les effets sur les dettes des époux ?

- Dans le régime de séparation des biens : chaque époux est tenu en principe
de payer seul toutes ses dettes nées avant et pendant le mariage sauf s’il
s’agit des dettes contractées dans le cadre des charges du ménage qui
doivent être payées par les deux époux.

- Dans le régime dotal, les dettes nées pendant le mariage seront payées sur
les biens dotaux (c'est-à-dire les biens dont le mari avait la charge).

- Dans le régime communautaire de participation aux meubles et acquêts, les


dettes nées pendant le mariage sont payées sur les biens communs, tandis
que les dettes nées avant le mariage sont payées sur les biens propres des
époux.

Adresse des Centres d’informations juridiques(CIJ) du RADI :

- Dakar : Colobane – Parc à Mazout - BP 12085 - Tél. : 33 825 75 33 ; Fax : 33 825 75


36 - E-mail : radi@sentoo.sn ;

- Pikine : Tally Icotaf, en face du marché « syndicat » - Tél. : 33 853 09 32 - E-mail :


coppikine@sentoo.sn ;

- Kaloack : rue Galliéni face à l’Alliance franco-sénégalaise - BP 365 - Tél. : 33 941 32


95 - E-mail : radikaolack@sentoo.sn ;
- Saint-Louis : rue Macodou Ndiaye, face au domicile de Me Ousmane Ngom - BP
5097 - Tél. : 33 961 34 30 - E-mail : cijradi@sentoo.sn ;

- Thiès : Villa n° 140, quartier 10ème à côté de la manufacture des arts décoratifs - BP
653 annexe - Tél. : 33 951 69 84 - E-mail : cijradith@sentoo.sn ;

Adresses des structures étatiques :

Les Maisons de Justice :

- Maison de Justice des HLM, HLM 2 - BP : 10 897 Dakar HLM - Tél. : 33 864 69 05
- E-mail : mjusticehlm@yahoo.fr ;

- Maison de Justice de Diamaguène Sicap Mbao (ancienne mairie) - BP 34 294


Thiaroye - Tél. : 33 853 07 90 - E- mail : maisondejusticedsm@yahoo.fr ;

- Maison de Justice de Rufisque, Keury Kao 36, 36 rue Pierre Verger x Démozy - BP
484 Rufisque - Tél. : 33 836 74 51, E-mail : maisonjusticerufisque@yahoo.fr ;

- Maison de Justice des Parcelles Assainies, Unité 17 – Immeuble Jappo FM - Tél. :


33 835 29 15 ;

- Maison de Justice de Mbour, quartier Santessou/EFCAN rue 24 - Tél. : 33 957 43 67

- Maison de Justice de Ziguinchor, quartier Castor, route du Village enfants SOS,


Tél. : 77 550 31 91 ;

- Maison de Justice de Gossas, quartier Dandou, Tel : 339471257 ;

- Maison de Justice de Fatick, quartier Darel, Tel : 339492226 ;

- Maison de Justice de Kédougou, quartier Togoro, Tel : 339851991

- Maison de Justice Tambacounda, quartier Salikénié ; Tel : 339810765 ;

- Maison de Justice Dahra, quartier Medina Ndiaye, Tel : 339686634 ;

- Maison de Justice de Tivaoune, quartier commercial, Tel : 339552929 ;

- Maison de Justice de Koungheul, quartier Mali, Tel : 339467726 ;

- Maison de Justice de Richard Toll, quartier Khouma gallo Malick, Tel : 339333480

- Maison de Justice de Kaolack, quartier HLM Sara, Tel : 339422828 ;

- Maison de Justice de Mbacké, quartier Gawane, Tel : 33 9760704.


Les Bureaux d’informations du justiciable :

- Université Cheikh Anta Diop de Dakar, bâtiment de la faculté de droit, Dakar -


Fann ; Tél. : 33 825 43 75 ;

- Université Gaston Berger de Saint-Louis, Tél. : 77 552 13 53 ;

- Université de Ziguinchor, BP 523 Diabir, Tél. : 77 650 33 65 ;

Sites Internet : www.justice.gouc.sn et www.demarches.gouv.sn.

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