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Initiations à la Fiscalité
2014
INITIATIONS A LA FISCALITE 2014
S O M M A I R E
I - Notions de base
L'impôt est un prélèvement obligatoire, effectué par puissance publique sur les
ressources des personnes physiques et morales. Ce prélèvement est réalisé
pécuniairement à titre définitif et sans contrepartie déterminée.
L'impôt est, à vrai dire, le nerf de la puissance publique. On ne saurait concevoir que les
contribuables aient la faculté de déterminer eux-mêmes le principe de leur imposition, le
montant de leurs cotisations et d'en fixer les modalités de recouvrement.
De ce fait, l’Administration fiscale, est conféré de prérogatives pour contrôler les
déclarations et évaluer elle-même les bases de liquidation de la créance fiscale et, le cas
échéant, sanctionner la carence du contribuable
Le caractère pécuniaire signifie que l'impôt est prélevé sur une certaine somme d'argent
ou sur une valeur convertie en termes monétaires. En foi de quoi, certains prélèvements
même ayant parfois un caractère obligatoire ne sont pas qualifiés d’impôt, au sens
juridique du terme (zakat, Ribaa, contributions imposés à titre de solidarité, etc. …)
L'absence de contrepartie déterminée est l'un des éléments substantiels de l'impôt, dans
la mesure où le contribuable s’acquitte de l'impôt sans prétendre de bénéficier, en retour,
et immédiatement d’un service public. Toutefois, il faut nuancer ce principe, dans la
mesure où la contrepartie peut être ressentie en cas de paiement d’une imposition de
type « taxe », « taxe parafiscale » , « droits », « redevance » du fait de leur caractère
causal (V. infra).
Le droit fiscal peut être définit dans une première approche comme l’ensemble des
règles relatif à l’impôt. Il s’agit d’une discipline du droit permettant la participation des
sujets de droit à l’organisation financière de l’Etat et à l’expression de sa politique
économique et sociale.
Cette branche du droit peut être déclinée en sous-domaines de droit fiscal spécial :
- la fiscalité des personnes : concernant l’imposition des parties connues à l’impôt
sur le revenu.
- la fiscalité des affaires : englobe la fiscalité des entreprises ainsi que les règles
fiscales appliquées aux activités commerciales comme la TVA par exemple.
- la fiscalité d’immobilier : concerne l’imposition de la transaction immobilière
(exemple : les grands immeubles).
- la fiscalité du patrimoine : concerne l’imposition de la détention et de la
transmission d’un patrimoine (exemple : succession, dotation, impôt sur la
fortune, …).
- le droit pénal fiscal : qui permet à l’administration fiscale de sanctionner la
fraude fiscale.
- la fiscalité internationale : à savoir les règles qui gouvernent l’imposition des
personnes et des biens tant à l’occasion de la perception d’un revenu que de la
transmission d’un patrimoine, dès lors que ces opérations subisse l’intervention
d’un élément extérieure.
- l’éco-fiscalité : désigne globalement les dispositifs qui permettent des réductions
ou des primes visant à protéger le patrimoine écologique ou l’environnement.
- la parafiscalité : est l’ensemble des taxes et redevances obligatoires qui sont
perçus au profit des personnes publiques hors de l’Etat et des collectivités
territoriales ou les établissements publiques habilité à percevoir des impôts.
La politique fiscale est l’ensemble des orientations prises par les pouvoirs publics en
matière de fiscalité. Elle vise à modifier le droit fiscal en fonctions d'objectifs
déterminés : modifier l’effort fiscal demandé aux contribuables comme les modalités de
perception des impôts et leur répartition ; réduire de la pression fiscale afin de relancer la
Les sources de droit fiscal marocain peuvent être divisées en deux sous-ensembles :
sources écrites et sources non écrites.
On vise par sources écrites du droit fiscal, tous les textes relevant de la hiérarchie des
normes textuels régissant la fiscalité.
§ La Constitution
Dans la hiérarchie des sources juridiques, la loi organique des finances est située entre
la Constitution et les lois ordinaires. Elle trouve son fondement juridique direct dans les
dispositions de la Constitution (Art. 75-al.1°) qui en définit le contenu essentiel : "le
Parlement vote la loi de finances dans les conditions prévues par une loi organique". C'est
une loi adoptée selon une procédure spécifique qui précise les modalités d'organisation et
de fonctionnement du système des finances de l'État, y compris le volet fiscal.
Même si cette loi organique n'est qu'une norme dérivée de la Constitution, elle
représente pour autant la principale source codifiée du droit des finances de l'État. Elle
est une norme à laquelle le Conseil constitutionnel fait souvent référence, par exemple
pour statuer sur les lois de finances annuelles dont il est saisi, car la Constitution
marocaine rend obligatoire le respect par les lois de finances des dispositions organiques.
Il en résulte que la loi organique des finances représente, pour ainsi dire, une sorte de
"Constitution financière de l’Etat".
Globalement, les sources législatives (les lois) sont définies selon le critère matériel,
suivant une liste limitative de matières à caractère financier affectées, par l'article 71 de
la Constitution, au "domaine de la loi". Seulement, en matière fiscale on doit
impérieusement distinguer entre les lois à caractère fiscal prises dans le cadre de
procédure dite normale (a) et celles prises dans le cadre de procédures dites spécifiques
(b).
Il s'agit de textes qui obéissent aux règles communes de la procédure législative et elles
sont d'ailleurs les plus nombreuses. Ils relèvent du domaine de la loi, tels qu'il est prévu
par la Constitution, ayant soit un caractère fiscal, soit une incidence directe sur la
fiscalité. C'est le cas notamment de l'institution des ressources fiscales (Art.38). Par
exemple le Dahir 1-07-195 du 19 kaada 1428 (30 novembre 2007) portant promulgation
de la loi n° 47-06 relative à la fiscalité des collectivités locales.
Certaines matières législatives sont élaborées selon des procédures spéciales ; il s'agit
notamment de celles issues des lois de finances de l'année, des lois d'habilitation ou des
décrets-lois.
Sur ce point, on peut soulever deux exceptions : Premièrement, les dispositions qu'on
insère aux lois de finances de l'année constituent un "domaine réservé" dans lequel
d'autres lois peuvent intervenir. Il est donc plus large que la seule détermination des
ressources et des charges de l'État pour l'année à venir. Or, bien qu'on y trouve quelques
dispositions permanentes, les lois de finances n'ont pas en principe de portée normative
sur le droit fiscal lui-même ; elles peuvent comporter ainsi des dispositions sans un
véritable impact financier sur l'année suivante et, par-là, définir les règles relatives à
certaines opérations fiscales , etc.).
Cette technique est prévue par les dispositions de l'article 81 de la Constitution qui
permet au Gouvernement de "prendre, dans l'intervalle des sessions, avec l'accord des
commissions concernées des deux Chambres, des décrets-lois qui doivent être, au cours de
la session ordinaire suivante du Parlement, soumis à la ratification de celui-ci". Or, si
l'autorisation préalable du Parlement n'est pas indispensable (l'avis des commissions
suffit), cette procédure expéditive ne donne aux décrets-lois une valeur législative
qu'après ratification par une loi votée, elle aussi, par le Parlement. Tant qu’ils n’ont pas
été ratifiés par le Parlement, ils restent des actes de l’exécutif susceptibles de faire grief
devant le juge administratif et deviennent caducs au cas où ils seraient rejetés après le
débat parlementaire.
fiscale, à travers les décrets, les arrêtés et les autres textes administratifs subsidiaires
d’application
§ Les décrets
§ Les arrêtés
En matière fiscale, certains arrêtés peuvent être pris, sur la base d’un fondement
législatif ou règlementaire qui les prévoit ; on peut citer plusieurs cas :
-‐ arrêtés émis par le ministre chargé des finances en vertu de l’article 6 du Décret
n° 2-98-401 du 26 avril 1999 relatif à l'élaboration et à l'exécution des lois de
finances. Par exemple (par exemple arrêté du ministre des finances n° 433-06 du
16 moharrem 1427 (15 février 2006) fixant un horaire de travail spécifique aux
agents de notification et d'exécution du Trésor)
-‐ arrêtés émis conjointement par le ministre chargé des finances et un ou plusieurs
autres ministres (par exemple : arrêtés conjoints fixant les tarifs afférents à la
rémunération des services rendus par l'État).
-‐ arrêtés pris par les présidents de conseils communaux, après approbation du
conseil de la collectivité concernée, aux termes de l’article 168 de la loi n° 47/06
sur la fiscalité locale, lorsque la loi ne détermine pas de taux ou de tarifs
d'imposition fixes pour les taxes, qui y sont visées, ces tarifs et taux sont fixés par
arrêté pris par l'ordonnateur de la collectivité locale.
impôts expliquant les dispositions fiscales insérées dans les lois de finances, celles
du trésorier général du royaume portant sur le recouvrement des recettes, etc.) ;
- Les textes d'ordre réglementaire, qui présentent tous les aspects d'un règlement
et qui n'ont pas été adoptés dans les formes normalement requises pour un
règlement (par exemple, instruction sur l'élaboration des comptes de gestion des
comptables publics, instruction du ministre des finances du 26 mars 1969 relative
aux régies de dépenses et aux régies de recettes ; etc.) ;
- Les textes sous forme de directives, comme simples lignes de conduite qui
informent de la manière dont les autorités administratives entendent exercer leur
pouvoir discrétionnaire (par exemple, Instruction du trésorier général du
Royaume sur la comptabilité des deniers des recettes–perceptions et perceptions)
Les juridictions ont une mission de dire le droit qu'elles ne peuvent s'y dérober
lorsqu'elles sont saisies, sous peine de commettre un déni de justice. On ne saurait donc
se surprendre que le juge n'a d'autres ressources que de "créer" lui-même la règle à
appliquer (juris-lateur), en visant directement une norme qui n'est inscrite dans aucune
source écrite. Ceci est particulièrement vrai en matière fiscale, compte tenu surtout des
imprécisions et des incohérences textuelles ou parfois même l’absence de dispositions
réglant les problèmes, naturellement multiples, que pose la gestion fiscale.
Ce rôle est partagé notamment entre la justice constitutionnelle et la justice
administrative chacune selon son domaine de compétence.
Dans un raisonnement largo sensu, la matière fiscale ne se limite pas à une législation
et/ou à une réglementation à caractère strictement fiscal ; elle s’étend aux actes
administratifs ayant directement ou indirectement une incidence fiscale. D’autant plus
que la complexité accrue des phénomènes fiscaux (par exemple contentieux fiscal) exige
que le juge administratif ne doit pas s'en tenir à la simple fonction de "dire le droit" ; il
est, en outre, constamment convié à "créer le droit" en fonction des cas d'espèce qui lui
sont différés.
En matière de contentieux fiscal, la loi n° 41-90 (Art.8), les tribunaux administratifs en
matière de contentieux fiscal sont habilités sur le fondement des dispositions de la loi, à
connaître de tous les litiges portant sur l'application des textes législatifs et
réglementaires afférents aux impôts directs et indirects, à la TVA, aux droits
d'enregistrement et du timbre, et aux impôts locaux. Toutefois, par opposition au
système français, le législateur marocain a considéré les juridictions judiciaires comme
toujours compétentes en ce qui concerne, d'une part le contentieux répressif en matière
des douanes, d'autre part la notification par ordonnance de l'état de liquidation rendu
exécutoire par le service de l'enregistrement (loi 41-90 – Art 31).
A vrai dire, la jurisprudence issue du contentieux fiscal n'existe qu'au travers des
moyens offerts aux justiciables, État ou particuliers, pour faire valoir leurs droits.
D'autant plus que c'est l'accroissement même des différends et du contentieux fiscal que
pourraient bien nourrir les normes jurisprudentielles en matière fiscal.
A ce niveau d'analyse, le pouvoir normatif du juge de l'impôt peut s'effectuer dans deux
sens. D'un côté, pour statuer sur la bonne application des règles de l'assiette : suite à
l'action différée par le redevable, le juge s'assure si la liquidation de l'impôt dû a été
établie conformément aux dispositions des textes législatifs et réglementaires en
vigueur. Il peut diminuer le montant de l'imposition contestée, ou l'annuler en totalité,
comme il peut aller jusqu'à réviser en hausse au cas où il estimerait que le requérant a
été sous-imposé. D'un autre côté pour statuer sur le contentieux au stade de son
recouvrement : le juge administratif tient à l'application et l'interprétation des
dispositions la loi 15-97 formant code de recouvrement des créances publiques, en
(1) PHILIP (L.), La constitutionnalisation du droit budgétaire français, Études de finances publiques, Ed.
Economica 1984.
viellant notamment au respect des procédures forcées prévues par les différentes voies de
droit, si le débiteur est retardataire ou récalcitrant.
Dans le spectre de la doctrine fiscale capitaliste, il est possible de distinguer entre les
analyses dites traditionnelles et les analyses dites contemporaines.
(2) VAUBAN (S. de), La dîme royale 1707, Librairie de la bibliothèque nationale, France 1898 cité par
CHANTEREL (L.), Genèse de l’économie politique et constitution de l’État moderne : la pensée fiscale en France
de la fin du XVIème au début du XVIIIème siècle, Thèse Unv. Aix-‐Marseille II, 1987.
La pensée financière et fiscale des physiocrates soutient l'idée de l’impôt unique, dans la
mesure où seuls les propriétaires fonciers ont un revenu "véritable" ; donc seuls ils
paient l'impôt. Les autres revenus (des cultivateurs et des classes stériles) sont des "faux
revenus, puisqu’ils ne créent aucun supplément de valeur. Dans ce raisonnement, il est
inutile de forcer à faire l'avance de l'impôt par des contribuables qui ne le payeront pas
définitivement. Donc, mieux vaut frapper, de suite, le seul revenu vraiment imposable.
On retrouve, par-là, les germes d'une théorie de l'incidence fiscale.
Dans cet ordre d’idées, QUESNAY (F.) estime également qu'il faut chercher le taux
raisonnable de l'impôt, en réclamant la suppression des prélèvements existants et leur
remplacement par un impôt unique. A la suite, certains de ses disciples, notamment
NEMOURS (de D.) vont tenter de déterminer le montant rationnel des contributions.
(3) GRIREAUDEAU (R.), Sismondi et l'impôt, in RSLF, 1956, p.610.
Suite à la crise de 1929, KEYNES (J.M.) a formulé, dans son œuvre "Théorie générale de
l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" (1936), une critique cohérente de la théorie
classique, en préconisant un interventionnisme accru de l’État, sans renoncer au
libéralisme. Il croit en la possible harmonisation des intérêts privés et publics. Mais il ne
croit guère en la main invisible de SMITH (A.).
D’une manière globale, les keynésiens recommandent d'utiliser une politique fiscale
expansionniste en cas de récession soit : réduire les impôts et augmenter les dépenses de
l'État. En cas d'inflation, il recommande de faire l'inverse.
Les économistes ultra-libéraux, tels que LUCAS (R.), BARRO (R.), SARGENT (T.), Neil
WALLACE (N.) ainsi que BAUMOL (W.) PANZAR (J.) et WILLIG (R.) ont repris les
hypothèses monétaristes, mais en les radicalisant davantage.
En matière de fiscale, on peut retenir une idée centrale chez ce courant de pensée : le
Gouvernement doit résolument inscrire sa politique fiscale sur des règles solides,
transparentes, immuables et renoncer à toute tentation de relance. Seule une politique de
stabilité à long terme peut assurer une "cohérence temporelle".
Ce principe est issu, à son tour de la Constitution (art. 38 et art. 71). La règle générale
est que toutes contributions, non prévues par les lois et les règlements en vigueur, ainsi
que par la loi de finances annuelle, sont formellement interdites. Il est obligatoire que la
créance soit à la fois fondée sur un texte de base et prévue par la loi de finances.
L'espace fiscal peut ne pas être le même que l'espace national, notamment en raison de
conventions internationales.
En considération de son caractère législatif la loi fiscale ne peut avoir d’effet rétroactif
(art.6 de la Constitution). Il en résulte :
- l’impossibilité de prévoir des sanctions fiscales pour des agissements antérieurs à
la nouvelle loi fiscale qui n'étaient pas prévues par la loi fiscale ancienne;
- la rétroactivité ne saurait préjudicier aux contribuables dont les droits ont été
acquis par une décision de justice;
- la rétroactivité ne peut porter atteinte au droit de propriété. Mais, la rétroactivité
peut aussi être favorable au contribuable dans l'hypothèse de l'application de la
loi fiscale la plus douce.
Par ailleurs, à titre de rappel, cette volonté pour protéger la non-rétroactivité de la loi
fiscale a été infléchie par une décision du juge constitutionnel marocain qui a confirmé la
constitutionnalité de l'article 6 de la loi de finances 2002 posant le caractère rétroactif
d'une mesure fiscale visant l'exonération de tous les impôts et taxes relatifs à
l'importation des viandes pour le compte des Forces Armées Royales, dont l'application
prend effet rétroactivement depuis le 1er janvier 1996" ; une décision ayant provoqué des
commentaires, parfois, acerbes contre ses conclusions(4).
§ Les impôts
Les impôts sont des prestations pécuniaires que l'État exige, en vertu de sa souveraineté,
des personnes qui sont soumises (Exp. l'impôt sur le revenu (IR), l'impôt sur les sociétés
(IS), etc.) en vue principalement de couvrir ses besoins financiers et sans qu’à ce
paiement corresponde à une contre-prestation déterminée. Les éléments de base sont
donc : (i) une mesure coercitive émanant du pouvoir souverain, (ii) un paiement et (iii)
une prestation inconditionnelle.
§ Les taxes
Les taxes font partie des contributions causales. Elles sont des contributions publiques
spéciales que le pouvoir fiscal exige d’un redevable, soit en échange d’un service rendu ou
d’un avantage procuré à ce dernier (Exp. Taxe sur la valeur ajoutée, Taxe d’habitation,
taxe professionnelle ; Taxe des services communaux, etc.), soit en contrepartie d’une
dépense publique provoquée par lui (taxes administratives ou émoluments
administratifs). Les éléments de base sont donc : (i) une prestation pécuniaire et (ii) une
prestation conditionnelle.
La parafiscalité est apparemment une notion moins claire que celle de l'impôt ou celle de
la taxe administrative, même si la doctrine revendique certaines conditionnalités pour
son institution(5). D'autant plus que le droit fiscal marocain n'en donne pas une définition
précise par rapport aux impôts et par rapport surtout aux taxes administratives. Seul le
décret n° 2-98-401 du 9 moharrem 1420 (26 avril 1999) relatif à l'élaboration et à
l'exécution des lois de finances, qui en prévoit l’existence, notamment son article 5. De ce
fait plusieurs taxes parafiscales sont prévues à travers des règlements (par exemple :
décret n° 2-01-2680 du 15 chaoual 1422 (31 décembre 2001) instituant au profit de
l'entraide nationale une taxe parafiscale sur les tapis estampillés ; décret n° 2-03-543 du
19 chaabane 1424 (16 octobre 2003) instituant au profit de la Fédération royale
marocaine de chasse une taxe parafiscale dénommée ? Taxe pour la conservation et le
développement des ressources cynégétiques ; décret n° 2-98-516 du 12 chaabane 1419
(1er décembre 1998) complétant le décret n° 2-94-734 du 28 rejeb 1415 (31 décembre
1994) instituant une taxe parafiscale à l'importation pour le financement de la
promotion économique et de l'inspection des exportations ; etc.)
Mais, la particularité des taxes parafiscales est qu'elles représentent des redevances
perçues au profit d'un service particulier et versées par les usagers en échange des
(4) Cf. BENABDELLAH (M.A.), La loi de finances 2002 est-‐elle inconstitutionnelle?, in Le journal 12 janvier 2002, p.10
(5) La doctrine convient à ce que trois conditions doivent être satisfaites pour qu'il y ait taxes parafiscales : 1°.
Un besoin d'intérêt général non couvert par la fiscalité classique; 2°.Un organisme qui soit distinct de l'État, des
communes, des départements et des établissements publics et qui puisse répondre à ce besoin ; 3°. Une
technique de financement pour faire face à ce besoin.
Les produits des amendes sont des créances issues des condamnations pécuniaires que
l'État a déclarées à l'encontre de certaines personnes ayant commis des infractions.
Celles-ci peuvent être d'ordre judiciaire (Exp. les amendes et condamnations ou les
amendes transactionnelles prononcées par les juridictions répressives, astreintes
prononcées par les juridictions financières) ; d'ordre administratif (produits de
confiscation, transaction et condamnation pour contravention à la réglementation des
prix par les services du Ministère chargé de l'Intérieur, pénalités et amendes issues de
l'exercice de droit de police sanitaire par les services du Ministère chargé de la santé ) ;
d'ordre fiscal (Exp. pénalités pour de retard de déclaration, majorations pour retard de
recouvrement prononcées respectivement par les services d'assiette et les services de
recouvrement ). En tout cas, leur fait générateur c'est la commission d'une infraction ;
c'est aussi la décision prononçant l'amende qui entraîne l'exigibilité de celle-ci.
(6) L’article 5 du Décret n° 2-‐98-‐401 du 26 avril 1999 relatif à l'élaboration et à l'exécution des lois de finances.
(7) Le principe d'équivalence constitue le deuxième grand principe à la base du financement du secteur public
(le premier étant le principe de la capacité contributive) Selon cette conception, la charge fiscale devrait être
distribuée entre les agents économiques en fonction des bénéfices que chacun d'eux retire de la
consommation des biens mis à disposition par l'État. Il s'agit donc d'une transposition des règles valables sur le
marché au secteur public qui introduit un rapport direct entre le cercle des bénéficiaires et le cercle des
payeurs.
devront et ensuite, être fixés par arrêté conjoint du ministre chargé des finances et du
ministre intéressé(8).
C'est la distinction la plus ancienne. L'impôt réel est celui qui frappe une opération, un
bien ou une somme d'argent uniquement dans sa nature, sa valeur monétaire ou sa
quantité, abstraction faite de la personne du contribuable.
Aux impôts assis sur les biens, on opposait autrefois les impôts assis sur les personnes,
telle la capitation, établie par tête (Jezia), qui frappait directement le contribuable.
La personne même du contribuable n'est plus considérée aujourd'hui comme « matière
imposable », encore que l’IR puisse être considéré comme une imposition sur la personne,
dans la mesure où il frappe les produits du travail.
La distinction de l'impôt réel et de l'impôt personnel présente toujours une grande
importance. On peut même parler d'un progrès de l'impôt personnel dans les systèmes
fiscaux modernes. Mais la personnalité de l'impôt revêt une signification totalement
différente.
Cette classification est fondée sur les concepts économiques de capital, de revenu et de
dépense. Elle a aujourd'hui les préférences de la doctrine, parce que c'est celle qui
permet le mieux de déterminer les effets de l'impôt en ce qui concerne, d'une part, les
différentes interventions de l'Etat en matière sociale, économique ou financière et
d'autre part, l'incidence de l'impôt, notamment du point de vue de la justice fiscale.
L'impôt est un prélèvement sur la richesse. La richesse, entendue dans le sens le plus
large du terme, se présente sous trois aspects :
- Le capital est la richesse acquise, consolidée, figée pour une certaine période, et
qui peut être source de revenus. C'est le patrimoine d'un individu, sa fortune ...
(par exemple, l’impôt sur la fortune appliqué en France)
- Le revenu, pris dans le sens étymologique du terme, est la richesse qui provient
d'une source susceptible de la créer de façon renouvelée, pendant un temps plus
ou moins long (Exemple l’IS, l’IR)
- La dépense : l'existence de la richesse d'un individu, au lieu d'être constatée
directement par un capital ou un revenu, peut être révélée indirectement par
l'emploi qu'il fait de ses ressources (Exemple : les taxes intérieur de
consommation (TIC) et TVA).
Les impôts directs sont ceux qui frappent directement les biens ou les revenus d'une
personne, du seul fait qu'elle possède ces biens ou dispose de ces revenus. Comme leur
nom l'indique, les impôts indirects n'atteignent le contribuable qu'indirectement, c'est-à-
dire à l'occasion de l'emploi de ses ressources ou des dépenses qu'il fait.
(8) Voir article 4 du Décret n° 2-‐98-‐401 du 26 avril 1999 relatif à l'élaboration et à l'exécution des lois de
finances.
Les impôts indirects sont donc assis sur des faits ou opérations de production, d'échange
ou de consommation.
Cette distinction entraîne des conséquences importantes : le contentieux des
contributions directes est attribué aux juridictions administratives, et le contentieux des
contributions indirectes, aux juridictions judiciaires.
Les critères en sont relativement simples à l'origine.
0 à 30 000 0% 0
N.B Le nombre des nouveaux bénéficiaires de l’exonération est de 160000 contribuables(L.F 2010)
C’est un impôt dont le taux d'imposition diminue lorsque les montants imposés
augmentent. Par exemple la TVA est un impôt assis sur la consommation souvent
qualifié de dégressivité. Plus les revenus d'un ménage sont important, plus la part
consacré à l'épargne augmente, et par conséquent plus la part consacré à la
consommation diminue (c'est le pourcentage consacré à la consommation qui diminue,
par le montant consommé). Autrement dit, le rapport de la TVA payée rapporté aux
revenus baisse quand le revenu augmente.
§ Impôts proportionnels
I - Autorisation de l’impôt
La légalité de l'impôt est liée à sa légitimité. Pour être accepté, un impôt doit être
approuvé par les représentants de la nation, à travers une loi qui l’institue (Ex. Code
général des impôts, loi sur la fiscalité locale, etc.). En fait, c’est qui la légalité justifie
l'autorité. Elle est donc un élément central des systèmes fiscaux dans tous les États de
droit.
L’existence d’une loi qui prévoit l’impôt doit être consolidée par l’autorisation de sa
perception par l’assemblée délibérante, à travers un acte d’autorisation (Loi de finances
pour le Parlement, Budget pour les Conseils communaux). C’est dans cet esprit qu’il est
repris chaque année dans l’article premier de la loi de finances, comme il est développé
plus haut, qu’aune perception n’est recevable, sans autorisation, sous peine de
concussion. De même, l’article 26 du Décret royal n° 330-66 du 21/04/1967 (10 moharrem
1387) portant règlement général de comptabilité publique prévoit que « Toutes
contributions qui ne sont pas autorisées par les lois et règlements et par les budgets de
recettes, à quelque titre et sous quelque dénomination qu'elles se perçoivent, sont
formellement interdites, à peine contre les autorités qui les ordonneraient, contre les
employés qui confectionneraient les rôles et tarifs et contre ceux qui en feraient le
recouvrement, d'être poursuivis comme concussionnaires sans préjudice de l'action en
répétition, pendant trois années, contre les receveurs, percepteurs ou autres personnes qui
auraient fait la perception ».
II - Assiette de l’impôt
Obtenir des recettes fiscales suffisantes et une plus grande efficacité économique, tel est
le défi fiscal que doivent relever les pays en développement. Il leur faut adapter la
fiscalité à l'économie du pays tout en la rendant plus large et en la faisant pénétrer dans
les zones dont elle est absente.
L’objectif est de soumettre à l'impôt les contribuables ou les activités qui y échappent
totalement et de mieux imposer ceux ou celles qui le sont incorrectement.
Il paraît possible de dégager trois principes:
-‐ le premier est d'éviter la défiscalisation quand elle n'est pas indispensable, car
elle est peu réversible: il est toujours difficile, psychologiquement et
politiquement de soumettre à nouveau à l’impôt un secteur qui a été
précédemment défiscalisé;
-‐ le troisième principe consiste à agir avec modération et continuité afin de ne pas
provoquer des distorsions économiques ou des tensions qui contrarieraient
l'objectif de développement.
II.3 - Liquidation
La liquidation est une opération qui consiste à faire le calcul arithmétique de la créance
à recouvrer et en arrêter le montant définitif. Ce faisant, trois méthodes sont
généralement utilisées :
-‐ la méthode directe : l’assiette est déterminée avec le maximum de précision en
utilisant les principes comptables et fiscaux tel que l’IS ;
-‐ la méthode indiciaire : l’assiette est déterminée à partir des indices extérieurs
qui serviront de base pour assurer une comparaison tel que la taxe urbaine ;
-‐ la méthode forfaitaire : l’assiette est déterminée par estimation, l’initiative
revient toujours au contribuable tel que le bénéfice imposable pour un détaillant.
La liquidation n'appelle guère de commentaire particulier, puisque les règles de
liquidation de chaque créance sont traditionnellement prévues par les textes qui les ont
institués. Pour l'essentiel, l'ordonnateur doit être vigilant quand il a la charge de
liquider une créance, du fait que toute erreur de liquidation ou double emploi, au
préjudice du débiteur donne lieu à l’émission d’un ordre d’annulation ou de réduction de
recette(9).
(9) Voir article 23, 2 al. du Règlement général de la comptabilité publique (décret royal n° 330-‐66)
Dans le cadre des impôts déclaratifs les éléments servant de base au calcul de l'impôt
sont déclarés par le contribuable lui-même. Ce dernier bénéficie de la présomption
d’exactitude de ses déclarations auprès des services fiscaux. Mais, cela n’empêche pas
l'administration fiscale de procéder à des contrôles, notamment par recoupements, au
cours des divers contrôles que le législateur a mis à sa disposition et qui doit être notifiée
au contribuable d’une manière explicite et claire afin de lui permettre de se défendre.
Il en résulte que la charge de la preuve repose sur l’administration qui, pour justifier la
remise en cause de la déclaration et envisager sa substitution par une de nouvelles
bases, exige la mise en œuvre des diligences et des moyens difficilement accessibles. A
titre d’exemple, toute proposition ayant comme motif « Chiffre d’affaires insuffisant, au
titre de la déclaration de la taxe sur le débit de boissons » ne peut être prise que comme
phrases creuses et fourres, tout n’étant pas une preuve à même de remettre en cause la
déclaration fiscale.
Le rôle est un catalogue ou registre officiel, contenant une liste ordonnée répertoriant les
contribuables. C’est le cas par exemple de la taxe professionnelle, la taxe d’habitation et
la taxe des services communaux. A cet égard, l’article 22 du Décret royal n° 330-66 du
21/04/1967 (10 moharrem 1387) portant règlement général de comptabilité publique
prévoit que toute créance liquidée fait l'objet, sauf dérogation accordée par le ministre
des finances, d'un ordre de recette constitué par un titre de recette, par un extrait de
décision de justice, un acte formant titre ou un arrêté de débet. A défaut d'ordonnateur
qualifié, le titre de recette est émis par le ministre des finances.
Pour les recettes encaissées par versements au comptant le titre de recette est établi
périodiquement pour régularisation à la diligence du comptable qui les a perçues.
-‐ les produits des actions, parts sociales et revenus assimilés mis à la disposition ou
inscrits en compte des personnes physiques ou morales bénéficiaires qu’elles aient
ou non leur siège ou leur domicile fiscal au Maroc ;
-‐ les produits de placements à revenu fixe mis à la disposition ou inscrits en compte
des personnes physiques ou morales bénéficiaires, qu’elles soient imposables,
exonérées ou exclues du champ d’application de l’impôt et ayant au Maroc leur
siège social, leur domicile fiscal ou un établissement auquel se rattachent les
produits servis ;
-‐ les produits bruts versés, mis à la disposition ou inscrits en compte des personnes
physiques ou morales non résidentes.
IV - Recouvrement de l’impôt
(10) L'article 10 du Règlement général de la comptabilité publique (décret royal n° 330-‐66)
Dan l'esprit de la loi 15-97 formant code de recouvrement des créances publiques, ainsi
que dans celui de l'instruction administrative portant son application(11), le recouvrement
peut être défini comme étant l'ensemble des opérations qui permettent au comptable
public d'encaisser les créances publiques, soit à l'amiable, si le débiteur s'acquitte de ses
dettes dans les délais réglementaires, soit par les procédures forcées prévues par les
différentes voies de droit, si le débiteur est retardataire ou récalcitrant.
Durant la phase amiable, le contribuable est informé des impôts mis à sa charge par tous
moyens d’information : par voie d’affichage par l’envoi d’un avis d’imposition et ce, à la
date de mise en recouvrement. Cet avis comporte la date d’exigibilité, la nature et le
montant de l’impôt à payer.
Entre temps, le comptable utilise de simples actes précurseurs conviant le débiteur à
s'acquitter de ses dettes : d'abord, il adresse un 1er avis au débiteur, dûment authentifiée
par une mise en recouvrement, l'invitant à se libérer de ses dettes ; le comptable y
(11) Instruction de la Trésorerie générale du Royaume, mars 2001 relative au recouvrement des créances
publiques
annonce le recours aux voies d'exécution pour obtenir le paiement des sommes exigibles
et frais de poursuite en sus, après l'expiration du délai réglementaire
A défaut de paiement dans les 30 jours qui suivent la date d’exigibilité, le contribuable
encourt une majoration de retard de 8% pour les impôts et taxes et de 6% l’an pour les
autres créances. Il est à noter que les montants dus au titre de la taxe urbaine et de la
taxe d’édilité, ne sont pas soumis à majoration de retard quand ils n’excèdent pas mille
(1000) dirhams par côte d’impôt.
Le contribuable qui conteste les sommes mises à sa charge peut introduire une requête
de sursis de paiement auprès du comptable. Ce dernier, après instruction et à la lumière
des motifs invoqués, peut accorder des facilités de paiement en contrepartie de garanties
à même de le rassurer quant au recouvrement des impôts dus. Ces garanties peuvent
revêtir la forme de dépôts consignés auprès du Trésor, de titres représentatifs de droits
de créances, d’effets publics ou autres valeurs mobilières, de cautions bancaires, de
créances sur le Trésor, de nantissement de fonds de commerce ou d’affectation
hypothécaire…).
Le contribuable dispose après la date d’exigibilité d’un délai supplémentaire de 30 jours
avant l’engagement d’actions en recouvrement forcé par le comptable chargé du
recouvrement. Ce dernier est tenu d’envoyer au courant de ce délai, un dernier avis sans
frais (DASF) invitant le contribuable à s’acquitter de ces dettes auprès du Trésor.
§ Le commandement
Par crainte de disparition de biens à saisir ou lorsque le commandement n'a pas encore
été notifié, le comptable procède à l'établissement d'un commandement valant saisie
conservatoire (CVSC) après avoir fait les investigations nécessaires en vue d'identifier
les objets et effets mobiliers appartenant au redevable (Art.53 du Code de
recouvrement).
Cette opération a pour effet l'application d'une majoration supplémentaire de 2,5% du
principal de la créance. Le non paiement dans les 30 jours suivant la notification, la
saisie conservatoire se transformera en saisie exécution.
§ Saisie exécution
Dans cette étape le comptable établit un "état de recouvrement par voie de saisie et de
vente" (ERVSV), dont l'original sera utilisé par l'agent de notification et d'exécution du
Trésor (ANET).
En cas d'absence du redevable, l'ANET établit un procès-verbal de non-réalisation de
saisie, tout en laissant au redevable (dans sa boite à lettre ou sous la porte) un avis lui
fixant un délai huit (08) jours pour se libérer de sa dette. Si les investigations
entreprises démontrent que le redevable n'est plus à domicile à l'adresse, l'ANET doit
constater l'absence du redevable sur le procès-verbal de non réalisation de saisie et
dresser un procès-verbal de perquisition. Aussi, si l'ANET ne peut exécuter sa mission
parce que les portes lui sont fermées ou que l'ouverture lui en est refusée, il est autorisé,
sur requête, par voie d'ordonnance du juge des référés délivrée conformément aux
dispositions du Code de procédure civile (Art.148 du Code de recouvrement), à se faire
ouvrir les portes des locaux avec l'assistance de l'autorité administrative.
Lorsque le redevable manifeste sa volonté de s'acquitter de sa dette, la saisie est
suspendue provisoirement ; mais l'ANET fait souscrire le redevable concerné un
engagement de régler les sommes dues dans un délai de trois (03) jours, à compter de la
date du procès-verbal ainsi établi.
A cet effet, l'ANET doit procéder au recensement des objets à saisir en reprennent
l'inventaire les objets à saisir. Il peut s'agir de récoltes ou fruits (saisie brandon) ou de
meubles et effets mobiliers. Toutefois, le Code de recouvrement a considéré certains
biens et effets insaisissables, (Art. 46 du Code de recouvrement), tels que : la literie, les
vêtements et les ustensiles de cuisine nécessaires au saisi et à sa famille ; l'habitation
principale abritant la famille du redevable dont la valeur n'excède pas deux cent (
200.000) dirhams; les livres et instruments nécessaires à l'exercice personnel de la
profession du saisi ; les objets indispensables aux personnes handicapées ou destinées
aux soins de personnes malades.
Par ailleurs, le comptable a aussi la possibilité de procéder au recouvrement par voie
d'"avis à tiers détenteur" (ATD), qui lui permet d'appréhender les fonds appartenant ou
revenant au redevable, détenus par des tiers détenteurs et dépositaires à concurrence
des créances dont le paiement est requis (banques, comptables directs du Trésor,
comptables rattachés au Trésor, huissiers de justice, avocats, notaires, adouls,
mandataires, employeurs, etc.). Cette ATD est notifiée dont les mêmes conditions que le
commandement. De ce fait, les tiers détenteurs ou dépositaires peuvent être contraints
par les mêmes moyens que les redevables eux-mêmes, à l'exception du recours à la
contrainte par corps, de verser les sommes détendues par eux et appartenant aux
redevables. Si le tiers détenteur n'obtempère pas à l'ATD, il peut être contraint de verser
à la caisse du comptable les sommes détenues par lui et affectées au privilège du Trésor,
par les mêmes moyens que le redevable lui-même (Art. 104 du code e recouvrement).
Pour concrétiser la transformation de la saisie conservatoire à la saisie exécution, il est
procédé à l'identification précise des biens saisissables, à la désignation d'un gardien, à
la fixation de la date et de lieu de la vente et à la notification du procès verbal de
constatation au premier saisissant ; celui-ci vaut opposition sur le produit de la vente et
donne droit à en bénéficier lors de sa répartition. Les frais de cet acte représentent 2%
du principal de la créance.
§ Vente
Avant de procéder à la vente, l'ANET doit se rendre sur le lieu où se trouvent les objets
saisis, que le gardien dépositaire doit lui présenter, pour les inventorier. Si ces derniers
sont conformes avec ceux repris sur le procès verbal de saisie, l'agent d'exécution procède
à l'établissement du "procès-verbal de récolement de vente". L'établissement de celui-ci-
avant la vente génère des frais de 1% du principal de la créance.
Toutefois, la vente ne peut avoir lieu qu'après écoulement d'un délai de 08 jours de la
saisie (ou moins avec l'accord du redevable). Elle se fait aux enchères publiques en
présence de l'autorité locale du comptable assignataire (ou son représentant), des agents
des secrétaires greffiers ou les huissiers à la demande du receveur et du débiteur lui -
même. Dans ce cas, la vente doit être effectuée, dans un délai de 30 jours à compter de la
date de l'autorisation, en présence de l'ANET (Art. 59 du code e recouvrement).
Il paraît ainsi que l'ANET joue un rôle central dans toute la procédure forcée du
recouvrement de la créance publique ; il constitue ainsi un paramètre clé dans toute
réflexion sur l'augmentation de l'efficacité de telle procédure. D'où l'importance
d'accorder une attention particulière à cette catégorie d'agents publics : la révision de
leurs systèmes d'intéressement et de sécurisation ; le renforcement de la logistique à
mettre à leur disposition ; leur formation continue ; etc.
Pour le recouvrement des recettes fiscales, (impôts et taxes de l'État), le Trésor possède
un privilège général sur les meubles et autres effets mobiliers appartenant aux
redevables et leurs cautions en quelque lieu qu'ils se trouvent (Art.105 du Code de
recouvrement). Ce privilège s'exerce soit à compter de la date du titre exécutoire, tel que
l'ordre de recette ou le jugement, soit depuis la date d'échéance de la créance.
Les privilèges du Trésor s'exercent avant les privilèges généraux ou spéciaux, à
l'exception :
- des quatre premiers privilèges de l'article 1248 du dahir du 9 ramadan 1331 (12
août 1913) formant code des obligations et des contrats ;
- du privilège accordé aux salariés par l'article 1248 paragraphe 4 du dahir du 9
ramadan 1331 (12 août 1913) précité ;
- du privilège résultant au profit des ouvriers et fournisseurs de travaux publics de
l'article 490 du dahir portant loi n° 1-74-447 du 11 ramadan 1394 (28 septembre
1974) approuvant le texte du code de procédure civile ;
La contrainte par corps ne peut avoir lieu qu'en cas de non aboutissement de l'exécution
sur les biens du redevable. Elle est exercée au moyen d'une requête désignant
nommément le débiteur, adressée par le comptable au tribunal de première instance.
Toutefois, sont exclus de cette contrainte extrême de recouvrement (Art. 77 du code de
recouvrement) : les redevables de sommes exigibles inférieures à huit Mille (8.000)
dirhams ; les débiteurs âgés de moins de vingt (20) ans ou de soixante (60) ans et plus ;
les redevables reconnus insolvables ; le redevable est une femme enceinte, ou qui allaite
et ce, dans la limite de deux années à compter de la date d'accouchement ; le mari et sa
femme simultanément même pour des dettes différentes.
Il peut arriver qu'une créance publique soit estimée irrécouvrable, voire impossible d'être
recouvrée alors que le comptable a fait toutes les diligences nécessaires ; donc on ne peut
pas lui imputer le non recouvrement de la créance publique. En reconnaissant cette
probabilité, le Code de recouvrement, au sens des dispositions de l’article 126, a mis sur
pied toute une procédure qui permet de dégager la responsabilité du comptable ; cette
procédure est connue sous l'expression "admission en non-valeur" de créances non
recouvrables.
Le ministre chargé des finances ou son déléguée (trésorier général du Royaume)
prononce soit l’admission en non-valeur des créances jugées irrécouvrables, soit le rejet
de la proposition en non-valeur pour insuffisance de justifications ou de diligences. La
décision d’admission en non-valeur constitue, de ce fait, la pièce justificative de la
réduction de la prise en charge du comptable assignataire.
En vertu de la loi 62-99 portant CJF (-Art. 40), il se peut que l'arrêt définitif du juge
financier établisse que le comptable public est en débet ; ce jugement fixe le montant du
débet qui est exigible dès sa notification(12). Toutefois, la loi 61-99 sur la responsabilité
(Art. 12) revient pour attribuer au ministre chargé des finances la compétence de statuer
sur les demandes de décharge présentées par les comptables en débet.
Dans l'hypothèse où une demande en décharge, ou une demande en admission en non-
valeur aurait été rejetée, le comptable dispose d'un moyen supplémentaire, ouvert par la
loi 61-99 (Art.13), pour faire réduire ou annuler le montant du débet : demander au
ministre chargé des finances de prendre une mesure de clémence, à titre gracieux, en se
prévalant de sa situation financière (modicité des ressources, état de santé, situation
familiale, etc.), à moins que le demandeur ait organisé son insolvabilité au sens de
l’article 84 du Code recouvrement.
L’administration fiscale est pourvue d’un pouvoir de vérifier l’exactitude des déclarations
et actes constituant la base pour l’établissement des impôts, droits et taxes par
contribuables. Ces, derniers sont, à cet effet, tenus de fournir toutes justifications
nécessaires et présenter tous documents comptables aux agents assermentés de
l’administration fiscale ayant au moins le grade d'inspecteur adjoint et qui sont
commissionnés pour procéder au contrôle fiscal.
A défaut de présentation d’une partie des documents comptables et pièces justificatives
prévus par la législation et la réglementation en vigueur au cours de la vérification d’un
exercice donné, le contribuable est invité dans les formes prévues à l’article 219 du CGI,
à produire ces documents et pièces dans un délai de 30 JOURS à compter de la date de
réception de la demande de communication desdits documents et pièces. Ce délai peut
être prorogé jusqu’à la fin de la période de contrôle.
Les documents et pièces manquants ne peuvent être présentés par le contribuable pour
la première fois devant la commission locale de taxation et la commission nationale de
recours fiscal (v.infra).
Pour procéder au contrôle fiscal, l’administration fiscale notifie au contribuable un avis
de vérification dans les formes et délais précisés dans l’article 219 du CGI. Faute de
quoi, la procédure de rectification est susceptible d’être frappée de nullité, en cas de
contentieux. Cela veut dire qu’un délai de 15 JOURS minimum doit s’écouler entre la
date de réception de l’avis par le contribuable et la date fixée pour le début du contrôle.
Seulement, la durée de vérification est limitée dans le temps, selon la taille du
contribuable :
- plus de 6 MOIS pour les entreprises dont le montant du chiffre d’affaires déclaré
au compte de produits et charges, au titre des exercices soumis à vérification, est
inférieur ou égal à 50 MILLIONS de dirhams hors TVA;
- plus de 12 MOIS pour les entreprises dont le montant du chiffre d’affaires déclaré
au compte de produits et charges, au titre de l’un des exercices soumis à
vérification, est supérieur à 50 MILLIONS de dirhams hors TVA.
Ne sont pas comptées dans la durée de vérification, les suspensions dues à l’application
de la procédure Taxation d’office au défaut de présentation des documents comptables,
prévue par l’article 229 du CGI.
A l’issue de son intervention sur place, le vérificateur est tenu d’informer le contribuable
de la clôture de la vérification par lettre recommandée avec accusé de réception.
Si à l’issue du contrôle fiscal sur place, l’administration fiscale n’a pas de rectifications à
apporter aux bases d’imposition, elle doit en aviser le contribuable par lettre
recommandée avec accusé de réception. Sinon, l’administration fiscale passe à la
procédure de redressement.
L’AF dispose également d’un droit de constatation en vertu duquel elle peut demander
aux contribuables de se faire présenter les factures, ainsi que les livres, les registres et
les documents professionnels se rapportant à des opérations ayant donné ou devant
donner lieu à facturation et procéder à la constatation matérielle des éléments physiques
de l’exploitation pour rechercher les manquements aux obligations prévues par la
législation et la réglementation en vigueur (art.210 du CGI).
Le contribuable ne peut s’y opposer, sous peine de se faire infliger des sanctions, sous
forme de pénalités et d’astreintes personnelles.
Le droit de constatation s’exerce immédiatement après remise d’un avis de constatation
par les agents assermentés et commissionnés de la DGI. Il s’exerce également dans tous
les locaux des contribuables concernées utilisés à titre professionnel aux heures légales
et durant les heures d’activité.
La durée de constatation sur place est fixée au maximum à 08 JOURS ouvrables, à
compter de la date de remise de l’avis de constatation. A la fin de l’opération de
constatation, les agents de l’administration fiscale établissent un avis de clôture de
ladite opération, signé par les deux parties dont un exemplaire est remis au
contribuable.
Les manquements relevés sur place donnent lieu à l’établissement d’un procès-verbal,
dans les 30 JOURS suivant l’expiration du délai précité dont copie est remise au
contribuable qui dispose d’un délai de 08 JOURS suivant la date de réception du procès-
verbal pour faire part de ses observations.
Les constatations du procès-verbal peuvent être opposées au contribuable dans le cadre
d’un contrôle fiscal.
ayant son domicile fiscal au Maroc, compte tenu de l’ensemble de ses revenus déclarés,
taxés d’office ou bénéficiant d’une dispense de déclaration et entrant dans le champ
d’application de l’impôt sur le revenu.
Pour ce faire, l’AF elle peut évaluer son revenu global annuel pour tout ou partie de la
période non prescrite lorsque, pour la période considérée, ledit revenu n'est pas en
rapport avec ses dépenses. L’AF la procédure normale de rectification des impositions ou
la procédure accélérée (v. infra) et notifie au contribuable les éléments de comparaison
devant servir à la rectification de la base annuelle d'imposition.
Lorsque l’AF constate que les écritures d'un exercice comptable ou d’une période
d’imposition présentent des irrégularités graves de nature à mettre en cause la valeur
probante de la comptabilité, elle peut déterminer la base d'imposition d'après les
éléments dont elle dispose.
Sont réputées comme irrégularités graves, au sens des dispositions de l’article 213 du
CGI :
1. le défaut de présentation d'une comptabilité tenue conformément aux dispositions
de l’article 145 du CGI;
2. l'absence des inventaires prévus par le même article ;
3. la dissimulation d'achats ou de ventes dont la preuve est établie par
l'administration;
4. les erreurs, omissions ou inexactitudes graves et répétées, constatées dans la
comptabilisation des opérations ;
5. l'absence de pièces justificatives privant la comptabilité de toute valeur probante ;
6. la non comptabilisation d'opérations effectuées par le contribuable ;
II - Redressement et rectification
Suite au contrôle, l’AF (via l’inspecteur des impôts) peut rectifier les bases d’imposition,
en engageant, selon les cas, soit la procédure normale de rectification soit la procédure
accélérée.
Aux termes de l’article 221 du CGI, au cas où l'inspecteur des impôts est amené à
rectifier en matière d’IS, d’IR et TVA les éléments suivants:
-‐ Le résultat fiscal de la dernière période d’activité non couverte par la prescription
en cas de cession, cessation ou transformation de la forme juridique d'une
entreprise entraînant, soit son exclusion du domaine de l'IS ou de l’IR, soit la
création d'une personne morale nouvelle.
-‐ Les déclarations déposées par les contribuables qui cessent d’avoir au Maroc une
résidence habituelle, un établissement principal ou un domicile fiscal, ou par les
ayants droit des contribuables décédés.
-‐ Les déclarations des contribuables qui cèdent des valeurs mobilières et autres
titres de capital et de créance.
-‐ Les montants des retenues déclarées par les employeurs ou débirentiers qui
cessent leur activité, qui transfèrent leur clientèle ou qui transforment la forme
juridique de leur entreprise.
-‐ Les impositions initiales, en matière de TVA, de la dernière période d'activité non
couverte par la prescription, en cas de cession d'entreprise ou de cessation
d'activité.
La procédure à suivre alors est identique à celle de la procédure
normale sauf que les impositions sont immédiatement établies après la deuxième
notification. L’administration fiscale n’attend pas les décisions des commissions
pour imposer le contribuable.
La procédure de vérification est viciée dans les cas suivants :
o Défaut d'envoi aux intéressés de l'avis de vérification dans le délai de 15
JOURS.
o Défaut de notification de la réponse de l'inspecteur aux observations des
contribuables dans le délai de 60 JOURS.
Les cas de nullité visés ci-
dessus ne peuvent être soulevés par le contribuable pour la première fois
devant CNRF
Si l’AF jouit des prérogatives citées ci-dessous, le contribuable n'est pas pour autant
dépourvu de garanties qui protègent sa situation fiscale contre tout abus éventuel de
l’AF. Ces garanties peuvent être résumées en trois formes :
Le législateur a délimité dans le temps l’exercice du contrôle par l’AF, aussi au niveau de
la durée de vérification que dans la durée de vérifiabilité
Le déroulé de la vérification est bien limité par le CGI, en fonction du chiffre d’affaires
réalisé par le contribuable vérifié :
-‐ 6 MOIS pour les entreprises dont le montant du chiffre d'affaires hors TVA
déclaré au titre des exercices soumis au contrôle est inférieur à 50 MILLIONS de
dirhams ;
-‐ 12 MOIS pour les entreprises dont le chiffre d'affaires hors TVA déclaré au titre
d'un des exercices soumis au contrôle, est supérieur à 50 MILLIONS de dirhams.
Dans le cadre de l'exercice de son droit de contrôle, l’AF, est limitée par l'effet de
prescription, qui constitue la limite du droit de vérifiabilité dont elle est dévolue. A cet
effet, le droit de réparation des erreurs, omissions ou insuffisances est fixé au 31
décembre de la quatrième année, suivant celle au titre de laquelle l'imposition est émise.
En revanche, cette limite de vérifiabilité est à nuancer dans les cas suivants :
-‐ le cas où des déficits ou des crédits de taxes ont été imputés sur les exercices à
vérifier, le délai de reprise est ainsi étendu aux quatre derniers exercices
prescrits. Toutefois, les éventuels redressements ou rappels de taxes afférents à
cette période prescrite ne peuvent excéder les montants des déficits ou crédits de
taxes imputés sur les résultats des exercices non prescrits (art. 232 du CGI) ;
-‐ le cas où la vérification d'un exercice non prescrit laisse apparaître des provisions
irrégulièrement constituées, leur réintégration est constatée quel que soit la date
de leurs constitution, et rattachées à l'exercice au titre duquel ont été constituées.
Si, toutefois, cet exercice est prescrit, elles seront rapportées au premier exercice
de la période non prescrite (art.10 du CGI).
-‐ le cas d'une cessation totale d'activité d'une entreprise suivie de liquidation, où
aucune prescription ne puisse être opposée à la vérification de comptabilité
effectuée après la clôture des opérations de liquidation (221 du CGI) ;
-‐ le cas où la retenue à la source et le paiement des intérêts perçus, au titre des
dépôts en dirham effectués par des personnes non résidentes auprès des
établissements de crédit, n'ont pas été réalisés, l'administration dispose du droit
de contrôler l'origine des dits dépôts. Toutefois, le droit de réparer ne peut
s'exercer au-delà du 31 décembre de la quatrième année suivant celle au cours de
laquelle les sommes dues devaient être versés (art.233 du CGI).
D’une manière générale, il est réputé que la charge de la preuve est en grande partie
tributaire de la procédure suivie (taxation d’office, rectification et redressement, saisie
des instances d’arbitrage fiscal).
Mais, la charge de la preuve ne revient pas uniquement au contribuable, l’AF se devra
également de la supporter (Actori incumbit probatio) notamment dans les cas suivants :
-‐ au cas où l’imposition est établie à l’initiative de l’AF, sans déclaration du
contribuable ou enregistrement d’un acte ;
-‐ en cas de redressement contradictoire, suite aux déclarations du contribuable ;
-‐ en cas de procédure d’office l’AF reste tenu de la preuve du recours régulier à
cette procédure ;
-‐ en cas de contestation des pénalités la preuve de la mauvaise foi et des
manœuvres frauduleuses incombe à l’administration.
Il est à noter également que les questions liées à la charge de la preuve concernent
d’une part la preuve de la validité de la procédure mise en œuvre ( information,
notification, contradictoire, …) et celle du redressement.
Lorsqu'un contribuable ne présente pas les documents comptables prévus par le CGI ou
refuse de se soumettre au contrôle fiscal prévu à l'article 212 ci-dessus, il lui est adressé
une lettre, dans les formes prévues à l’article 219 du CGI, l'invitant à se conformer aux
obligations légales dans un délai de 15 JOURS à compter de la date de réception de
ladite lettre.
A défaut de présentation des documents comptables dans le délai précité,
l'administration informe le contribuable, par lettre notifiée dans les formes prévues par
l’article 219 du CGI, de l’application de l’amende prévue à l’article 191-I ci-dessus, et lui
accorde un délai supplémentaire de 15 JOURS à compter de la date de réception de
ladite lettre, pour s'exécuter ou pour justifier l'absence de comptabilité.
Lorsque dans ce dernier délai le contribuable ne présente pas les documents comptables
ou si le défaut de présentation des documents comptables n'a pas été justifié, il est
imposé d'office, sans notification préalable avec application de l’astreinte journalière
prévue à l’article 191-I ci-dessus.
Cette imposition peut, toutefois, être contestée dans les conditions prévues à l'article 235
du CGI..
Sont sanctionnées par l’amende et l’astreinte journalière prévues à l’article 191-I ci-
dessous, dans les formes prévues à l’article 230 du CGI, les infractions relatives au droit
de communication prévu par l’article 214 du CGI.
Toutefois, ces dispositions ne sont pas applicables aux cadi chargés du taoutiq, aux
administrations de l'Etat et aux collectivités locales.
Ces amendes et astreintes journalières sont émises par voie de rôle, d’état de produit ou
d’ordre de recettes.
b. soit du véritable caractère des contrats ou des conventions et les omissions totales
ou partielles dans les actes ou les déclarations ayant entraîné la liquidation de
droits d’un montant inférieur à celui qui était réellement dû.
La majoration de 100% visée au B- 2° ci-dessus est applicable avec un minimum de mille
(1.000) dirhams, sans préjudice de l’application de la pénalité et de la majoration
prévues à l’article 208 du CGI.
Une amende égale à 100% du montant de l'impôt éludé est applicable à toute personne
ayant participé aux manœuvres destinées à éluder le paiement de l’impôt, assisté ou
conseillé le contribuable dans l’exécution desdites manœuvres, indépendamment de
l’action disciplinaire si elle exerce une fonction publique.
Est passible d'une amende de 1000 DIRHAMS, le contribuable qui ne dépose pas, dans le
délai prescrit, la déclaration d'existence prévue à l'article 148 u CGI ou qui dépose une
déclaration inexacte.
Cette amende est émise par voie de rôle.
Est passible d'une amende de 500 DIRHAMS, tout contribuable qui, n’avise pas
l’administration fiscale du transfert de son siège social ou de son domicile fiscale comme
prévu à l’article 149 du CGI.
Cette amende est émise par voie de rôle.
Une amende égale à 1% est applicable, par impôt, au montant de l’opération effectuée
par tout contribuable n’ayant pas observé les dispositions prévues à l’article 145-V du
CGI.
L’amende prévue par le présent article est émise par voie de rôle.
I.- Une amende de 2000 DIRHAMS et, le cas échéant, une astreinte de 100 DIRHAMS
par jour de retard dans la limite de 1000 DIRHAMS est applicable, dans les conditions
prévues à l’article 229 du CGI, aux contribuables qui ne présentent pas les documents
comptables et pièces justificatives visés aux articles 145 et 146 du CGI, ou qui refusent
de se soumettre au contrôle fiscal prévu à l’article 212 du CGI.
Toutefois, en matière d’IR, le montant de cette amende varie de 500 DIRHAMS à 2000
DIRHAMS.
A défaut de réalisation, décrites ci-dessus, de tout ou partie des programmes de
construction de logements sociaux ou de cités, résidences et campus universitaires,
prévus dans le cadre d’une convention conclue avec l’Etat, les impôts, droits et taxes
exigibles sont mis en recouvrement, nonobstant toute disposition contraire, sans
suivant soit la date du début de leur activité, soit celle de l'acquisition de la première
source de revenu.
Sanction pour déclaration comportant des omissions ou inexactitudes
Une amende de 500 DIRHAMS est applicable aux contribuables qui produisent une
déclaration du revenu global prévu à l’article 82 du CGI comportant des omissions ou
inexactitudes dans les éléments, autres que ceux concernant la base d'imposition.
Sanction pour infraction aux déclarations relatives aux intérêts versés aux non-résidents
Lorsque les établissements de crédit et organismes assimilés n’ont pas déposé ou ont
déposé hors délai la déclaration, prévue à l’article 154 du CGI, relative aux intérêts
versés aux non résidents ou lorsqu’ils déposent une déclaration incomplète ou
comportant des éléments discordants, ils encourent une majoration de 15 % du montant
de l’impôt correspondant aux intérêts des dépôts, objet des infractions précitées, qui
aurait été dû en l’absence d’exonération.
Indépendamment des sanctions fiscales édictées par le CGI, est punie d'une amende de
5000 DIRHAMS à 50.000 DIRHAMS, toute personne qui, en vue de se soustraire à sa
qualité de contribuable ou au paiement de l'impôt ou en vue d'obtenir des déductions ou
remboursements indus, utilise l'un des moyens suivants :
-‐ délivrance ou production de factures fictives ;
-‐ production d'écritures comptables fausses ou fictives ;
-‐ vente sans factures de manière répétitive ;
-‐ soustraction ou destruction de pièces comptables légalement exigibles ;
-‐ dissimulation de tout ou partie de l'actif de la société ou augmentation
frauduleuse de son passif en vue d'organiser son insolvabilité.
En cas de récidive, avant l'expiration d'un délai de 5 ANS qui suit un jugement de
condamnation à l'amende précitée, ayant acquis l'autorité de la chose jugée, le
contrevenant est puni, outre de l'amende prévue ci-dessus, d'une peine
d'emprisonnement de 01 à 03 MOIS.
Damien CAILLAUD.
Le contentieux fiscal peut être défini comme étant « l’ensemble des procédures suivies
pour régler un litige entre le contribuable et l’Administration qu’il soit né au moment de
la détermination de l’impôt, de sa liquidation ou de son recouvrement »(13).
Ce contentieux peut être matérialisé à trois niveaux :
I - Recours pré-contentieux
(13)
Michel ROUSSET : « Le contentieux administratif », Edition la porte 1992
Le contribuable qui entend contester une imposition au titre de l’IS, de l’IR, de la TVA ou
des DE&T doit adresser une réclamation au Directeur des Impôts ou à la personne
déléguée par lui à cet effet. Pour être recevable, cette demande doit remplir les
conditions suivantes :
§ En matière de délai
La réclamation, obéit à un certain formalisme sous peine d’irrecevabilité, elle doit être
écrite (d’ordinaire elle est formulée sur papier libre) et signée par le contribuable ou par
la personne déléguée par lui à cet effet et dûment habilitée à l'engager. Elle doit
permettre l'identification du réclamant (numéro d’article de rôle…etc. .) et de
l'imposition mise en cause (.elle doit mentionner outre le genre d’impôt à laquelle elle
s’applique, le montant de l’impôt contesté et l’année d’imposition).
La réclamation doit contenir un exposé des arguments invoqués par le contribuable,
appuyés des pièces justificatives nécessaires. Le réclamant doit préciser les circonstances
de fait et les moyens légaux permettant de justifier sa demande.
L'inobservation des règles de forme, nécessaires à l'identification du requérant et de
l'objet de la réclamation, est de nature à entraîner pour le contribuable le rejet de
sa réclamation.
Le recours devant les commissions est effectué sur deux strates : state de la Commission
locale de taxation (CLT), strate de la Commission Nationale de Recours Fiscal (CNRF).
compétente que sur les questions de fait mais non de droit. Elle ne peut donc se
prononcer sur des questions d’interprétation des dispositions légales ou réglementaires.
-‐ La CLT. statue valablement lorsque trois au moins de ses membres, dont le président
et le représentant des contribuables, sont présents. Ses délibérations sont prises à la
majorité des voix des membres présents. La voix du président est prépondérante en
cas de partage des voix. Au cours d’une seconde réunion, la CLT. statue en présence
de trois membres dont le président. En cas de partage égal des voix, celle de ce
dernier est prépondérante.
-‐ Les décisions de la CLT. doivent être détaillées et motivées.
-‐ Le délai maximum qui doit s’écouler entre la date d’introduction d’un pourvoi et celle
de la décision de la CLT. est fixé à 24 MOIS.
-‐ Si à l’expiration du délai précité, la C.L.T. n’a pas pris de décision, l’inspecteur doit
informer le contribuable de l’écoulement dudit délai (24 mois) et de la possibilité
d’introduire un recours devant la commission nationale du recours fiscal dans un
délai de 60 JOURS à compter de la date de réception de la lettre. A défaut de recours
dans ce délai, les impositions sont émises et ne peuvent être contestées que par
recours administratif.
-‐ La CLT peut s’adjoindre pour chaque affaire au maximum deux experts qui peuvent
être, soit des contribuables soit des fonctionnaires qu’elle désigne et qui ont une voix
consultative.
-‐ La décision de la CLT est notifiée par l’administration fiscale dans les formes prévues
à l’article 10 du L.P.F.
-‐ La C.L.T. peut ne pas prendre de décisions dans les 24 mois qui lui sont impartis
pour diverses raisons8.
C’est une commission qui siège à Rabat sous l’autorité directe du premier ministre. La
CNRF est une commission permanente à laquelle sont adressés les recours contre les
décisions de CLT (ou l’absence de décisions). Comme cette dernière, la CNRF ne doit se
déclarer compétente que sur les questions de fait mais pas de droit.
La CNRF comprend aussi bien des magistrats que des représentants des contribuables
et ceux de l’administration fiscale. Elle comprend :
-‐ Cinq magistrats appartenant au corps de la magistrature, désignés par le premier
ministre, sur proposition du ministre de la justice.
-‐ Vingt-cinq fonctionnaires désignés par le premier ministre, sur proposition du
ministre des finances, ayant une formation fiscale, comptable, juridique ou
économique et qui ont au moins le grade d'inspecteur ou un grade classé dans une
échelle de rémunération équivalente. Ces fonctionnaires sont détachés auprès de
la commission.
-‐ Cent personnes du monde des affaires désignées par le premier ministre. Ces
personnes sont choisies parmi les personnes physiques membres des
organisations professionnelles les plus représentatives exerçant des activités
commerciales, industrielles, de services, artisanales ou de pêches maritimes.
-‐ La présidence et le fonctionnement de la CNRF sont assurés par un juge désigné
par le premier ministre, sur proposition du ministre de la justice.
La saisine de la CNRF peut être faite aussi bien par le contribuable que par
l’administration fiscale à condition que le litige ait déjà été présenté devant la CLT
comme premier recours.
Le recours auprès de la CNRF doit être présenté sous forme de requête écrite envoyée
par lettre recommandée avec accusé de réception dans un délai de 60 jours suivant la
date de notification de la décision de la CLT ou de la lettre d’information au cas où cette
dernière n’a pas pu statuer. La partie adverse est informée par la CNRF par l’envoi
d’une copie de la requête dans un délai de 30 JOURS suivant la date de sa réception.
Les demandes de recours sont reçues par le président, et c’est à lui de les confier pour
instruction à un ou plusieurs des fonctionnaires et de répartir les dossiers entre les sous-
commissions. Ces dernières se réunissent à l’initiative du président de la commission qui
convoque les représentants des contribuables, par lettre recommandée avec accusé de
réception, au moins 15 JOURS avant la date fixée pour la réunion. La sous-commission
doit convoquer obligatoirement le contribuable ou son mandataire et le représentant de
l’administration fiscale qui a notifié les redressements afin de les entendre séparément
ou en même temps. Elle les informe de la date de la réunion 30 JOURS au moins avant
cette date.
La sous-commission peut s'adjoindre, dans chaque litige, un ou deux experts,
fonctionnaires ou non, qui ont voix consultative.
Chaque sous-commission tient autant de séances que nécessaire. La sous-commission ne
peut prendre ses décisions ni en présence du contribuable ou son mandataire ni du
représentant de l'administration fiscale ni des experts. Elle délibère valablement lorsque
le président et deux autres membres sont présents : l’un représentant les contribuables
et l’autre l'administration fiscale. Au cours d'une seconde réunion, elle délibère
valablement, en présence du président et de deux autres membres. En cas de partage
égal des voix, celle du président est prépondérante.
Les décisions de la CNRF doivent être détaillées et motivées. Elles sont notifiées aux
parties par le magistrat assurant le fonctionnement de la commission dans un délai de
six mois. La motivation de la décision est particulièrement importante car elle permet au
contribuable comme à l’administration fiscale de contester éventuellement la décision de
la CNRF auprès du tribunal administratif.
Le délai maximum qui doit s’écouler entre la date d’introduction du recours et celle de la
décision de la CNRF est fixé à 12 MOIS.
Dans le cas où la CNRF n’a pas pris de décision dans ce délai, aucune rectification ne
peut être apportée à la déclaration du contribuable ou à la base d’imposition retenue par
l’administration fiscale en cas de taxation d’office pour défaut de déclaration ou
déclaration incomplète. Toutefois, si le contribuable a donné son accord partiel sur les
bases notifiées par l’administration fiscale ou en absence d’observations de sa part, la
base résultant de cet accord ou les chefs de redressements seront retenus pour l’émission
des impositions.
Les décisions ou les impositions émises suites aux décisions de la CNRF peuvent être
contestées par voie judiciaire respectivement par l’administration fiscale ou le
contribuable.
Les décisions susceptibles de faire l’objet d’un recours judiciaire par le contribuable sont
:
-‐ les décisions définitives des CLT et de la CNRF ;
-‐ les décisions portant reconnaissance par lesdites commissions de leur
incompétence ;
Quant au délai de recours, et conformément aux dispositions du premier alinéa de
l’article 242 du CGI, le délai de pourvoi devant les tribunaux administratifs est de
soixante (60) jours suivant la date de notification des décisions des CLT et de la CNRF.
Les dispositions de l’article 242 du CGI ont donc fixé le point de départ pour la
computation du délai d’introduction d’un recours judiciaire suite à contrôle fiscal, à
partir de la date de notification de la décision de la CLT ou de la CNRF.
Ainsi, trois (3) cas pouvaient se présenter :
-‐ 1er cas : lorsque les décisions définitives des CLT, ou de la CNRF donnent lieu à
une imposition, le recours judiciaire peut être exercé dans les 60 JOURS suivant
la date de mise en recouvrement du rôle, état de produits ou ordre de recettes, en
application des dispositions du premier alinéa de l’article 242 du CGI.
-‐ 2ème cas : lorsque les décisions définitives des CLT ou de la CNRF ne donnent pas
lieu à l’émission d’un rôle, état de produits ou ordre de recettes, le recours
judiciaire peut être exercé dans les 60 JOURS suivant la date de notification de la
décision desdites commissions, conformément aux dispositions du deuxième
alinéa de l’article 242 du CGI.
-‐ 3ème cas : dans les cas où les rectifications des impositions ont été établies dans le
cadre de l’article 221 ou 224 du CGI relatifs, respectivement, à la procédure
accélérée de rectification des impositions et à la rectification en matière de profits
fonciers, les impositions peuvent être contestées par voie judiciaire dans les 60
L’AF peut également contester, par voie judiciaire, les décisions de la CNRF, que celles-
ci portent sur des questions de fait ou des questions de droit, en application des
dispositions de l’article 242 (2 alinéa) du CGI.
Les décisions de rejet total ou partiel rendues par l’AF sont susceptibles de recours
devant le tribunal compétent dans le délai de 30 JOURS suivant la date de leur
notification au contribuable.
La date de réception de la décision administrative sert de point de départ au délai de 30
JOURS dont dispose le contribuable pour saisir, éventuellement, la juridiction
compétente.