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Cours de procédure civile/ Semestre 6

Professeur: Ilham Mamouni

Introduction

L’organisation judiciaire au Maroc n’est pas une construction récente.


Cette organisation a connu une évolution considérable avant même l’arrivée du
Protectorat. Ce système judiciaire se distinguait par l’application de la Charia exercée
par le Cadi nommé par le sultan, qui lui déléguait le pouvoir de dire le droit et de
rendre la justice en son nom. A cette époque, les procédures étaient simples et le
domaine d’intervention du Cadi était très large et englobait toutes les matières.
Dans ce système judiciaire, l’organisation connaissait cinq ordres de juridictions, à
savoir 
savoir la justice du Chraâ,  la justice du makhzen, la justice coutumière, la justice
rabbinique, la juridiction consulaire.
Ce système judiciaire a perduré jusqu’à l’avènement du Protectorat qui l’a maintenu
en créant en parallèle un nouvel ordre judiciaire en 1913, calqué du système français
avec la création des tribunaux de première instance, des cours d’appel. Quant à la
cassation, elle était exercée auprès de la Cour de Cassation française.
Ces tribunaux étaient non seulement compétents à l’égard des français mais aussi à
l’égard des étrangers bénéficiant des capitulations, des marocains musulmans et
israélites, demandeurs ou défendeurs lorsque l’une des parties en cause est une
personne française ou étrangère.
Avec l’indépendance, une nouvelle étape débutera. Le système judiciaire marocain
connaît une série de réformes:
Après avoir recouvré son Indépendance en 1956, parmi les secteurs les plus
importants par lesquels le Royaume du Maroc a commencé figure la justice, et en
particulier la réorganisation de son système judiciaire.
C’est ainsi qu’à la tête de cette organisation, une Cour Suprême, fut instituée par le
dahir du 27 septembre 1957.
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La réforme du 16 janvier 1965 a eu comme objet l’unification des juridictions dans un


seul ordre judiciaire (le législateur a supprimé les tribunaux modernes, les tribunaux
du chrâa et les tribunaux rabbiniques et les a fusionnés en tribunaux de droit
commun. La compétence des tribunaux modernes ainsi que celle des tribunaux
religieux (cadi et rabbin) furent transformées, en premier ressort aux tribunaux sadad
et, en second ressort, aux tribunaux régionaux) et l’arabisation de la justice (débats,
plaidoiries, rédaction des jugements, etc.).
La réforme de 1974, 
1974,  très importante était destinée à rapprocher davantage la justice
des justiciables avec la création des juridictions communales et d’arrondissement et
(les Tribunaux de première instance et cours d’appels) dans la plupart des grandes
villes du royaume.
La réforme de 1993 
1993 a apporté la création des tribunaux administratifs.
La réforme de 1997 motivée par la nécessité de mettre le système judiciaire en
harmonie avec le développement économique que connaissait la scène
internationale avec l’instauration des juridictions de commerce à travers la loi n° 53-
95 instituant des juridictions de commerce.
La réforme de 2003 créant des institutions de la famille au sein des tribunaux de
première instance.
La réforme de 2006 
2006 a instauré les cours d’appel administratives
2011 
2011 est l’année d’instauration des juridictions de proximité au sein des tribunaux de
première instance, en lieu et place des tribunaux communaux et d’arrondissement.
I- Contenu de la procédure civile
D’abord la procédure au sens large est un processus, un ensemble de formalités à
suivre pour arriver, ou aboutir à un résultat, exemple pour obtenir une autorisation
de construire, ou pour constituer une société ou pour adopter un enfant.
Ensuite au sens restreint, la procédure désigne le processus à suivre devant les
tribunaux, c'est-à-dire les règles du procès, c’est la procédure proprement dite.
La procédure civile est la succession des actes 
actes nécessaires, à l'introduction d’une
action en justice, à la mise en état, aux débats 
débats  et aux délibérés 
délibérés des juges et à
l'exercice des recours, jusqu'à parvenir à l’exécution des décisions qu'ils ont rendues.
La 
La procédure civile 
civile est l'ensemble des règles relatives à l'organisation d'une action en
justice devant une juridiction civile.
Elle s'entend aussi de toutes les démarches à entreprendre pour saisir une juridiction

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civile.
Donc comment saisir une juridiction, comment est organisée une action en justice et
comment fonctionne la justice, mais devant une juridiction civile.
La procédure civile comprend des règles de fond et de forme 
forme :
-Les règles de forme déterminent les formalités à accomplir, les mentions à faire
figurer dans les actes, les délais à observer.
-Les règles de fond touchent à titre d’exemple aux conditions d’exercices des
actions, les principes directeurs de la procédure, etc.
La procédure civile est différente de la procédure pénale ou administrative, car dans
ces deux dernières l’un des intervenants est toujours l’Etat.
La 
La procédure pénale 
pénale implique l'intervention des autorités étatiques depuis le début
de la plainte d'une victime, la dénonciation ou la constatation d'une infraction
jusqu'à la décision judiciaire définitive. C’est la procédure pénale qui fixe le cadre
juridique dans lequel l'enquête visant une personne soupçonnée sera menée, sa
poursuite sera effectuée et son jugement sera prononcé.
Elle conditionne l'exercice des pouvoirs accordés à la justice répressive, pour
contrecarrer l'arbitraire, mais tout en recherchant un équilibre entre la protection
des libertés individuelles (notamment les droits de la défense) et l'efficacité de la
répression destinée à protéger la société.
Pour conclure la procédure pénale a pour but de rechercher et de constater les
infractions et de juger les délinquants.
La procédure administrative régit les règles de saisine d’une juridiction
administrative, organise l’action en justice et régit de manière générale les règles de
fonctionnement de la justice devant une juridiction administrative, laquelle juge les
affaires opposant les administrations aux administrés, ou encore différentes
personnes publiques entre elles.
La procédure est également étudiée sous les appellations : "droit procédural", "droit
processuel" et "droit judiciaire".

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Procédure civile: Plan du cours


Introduction 
Introduction : Evolution de l’organisation judiciaire au Maroc
I-Traits, principes et compétence des juridictions 
juridictions :
1. Les traits et principes généraux de la justice :
• Les traits généraux de la justice
• Les principes généraux de la justice
2. La compétence des juridictions :
• Compétence d’attribution
• Les juridictions de droit commun
• Les juridictions spécialisées
• Compétence territoriale
• Questions communes aux règles de compétence
II-Le procès civil 
civil :
1. L’action en justice
• Les conditions de recevabilité de l’action
• Les formes de l’action
2. L’instance
• Les actes et les délais de procédure
 La notification des actes de procédure
• Le déroulement du procès
3. La fin du procès civil
 Les différentes sortes du jugement
 Les effets du jugement

III- L’exécution des décisions de justice


1. Les voies ordinaires d’exécution
2. L’exécution forcée des jugements
IV-Les voies de recours
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1. Les voies de recours ordinaires


2. Les voies de recours extraordinaires
3. Les autres voies de recours

I- Traits, principes et compétence des juridictions :

1. Traits et principes des juridictions 


juridictions :

A. Les traits généraux de la justice


La justice est un service public : la justice est prise en charge par l’Etat. Elle est
assurée par une administration relevant du Ministère de la justice et des libertés. Elle
présente certains traits généraux, qui sont comme suit 
suit :

a. La dualité de juridictions:
Il s’agit d’un principe d’organisation du système juridictionnel selon lequel il existe
deux catégories de juridictions: les juridictions administratives chargées de connaitre
les litiges opposant les administrations aux administrés, ou encore différentes
personnes publiques entre elles et les juridictions judiciaires pour le reste.
C’est la dissociation entre la fonction administrative et la fonction juridictionnelle.
Avant 1993 le Maroc connaissait le système d’unité de juridictions, toutes les affaires
aussi bien civiles et pénales qu’administratives étaient confiées aux mêmes
juridictions.
Cette option a été remise en cause par la création des tribunaux administratifs. Cette
création fait suite au principe de la séparation des autorités administratives et
judiciaires selon lequel, il est interdit aux tribunaux judiciaires de connaître des litiges
administratifs.

b. Formation collégiale et juge unique:


La formation collégiale consiste à ce que les décisions judiciaires soient rendues par
un collège de magistrats (trois ou plus). Le système du juge unique consiste à rendre
la décision judiciaire par un juge unique.
L’organisation judiciaire au Maroc est passée par plusieurs étapes:
La dernière modification de l’organisation judiciaire qui concerne le juge
unique/formation collégiale a été apportée par la loi n° 34-10 (Dahir du 17 Aout

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2011). Elle prévoit que 


que : les tribunaux de première instance, siègent à juge unique
avec l'assistance d'un greffier, à l'exception des actions en droits réels immobiliers et
mixtes et des affaires de la famille et des successions, hormis la pension alimentaire,
sur lesquelles il est statué en présence de trois juges, y compris le président avec
l'assistance d'un greffier.
Les tribunaux statuent en deuxième degré, en étant composé de trois juges, y
compris le président, avec l'assistance du greffier.
En ce qui concerne les tribunaux administratifs et de commerce, ils siègent à
formation collégiale (3 magistrats y compris le président et un secrétaire greffier).
Ces tribunaux ne statuent à juge unique qu’en matière des référés et en ce qui
concerne les tribunaux de commerce les affaires de conciliation en matière des baux
commerciaux de 1955 et les ordonnances sur requête.

c. La continuité du service public:


Les juridictions constituent un service public qui doit fonctionner en permanence et
sans interruption.
Dans ce sens, le décret n° 2-74-498 du 25 joumada II 1394 (16 juillet 1974) pris en
application du dahir relatif à l’organisation judiciaire stipule que 
que : « 
« l’année judiciaire
commence le 1er janvier et s’achève le 31 décembre, les juridictions siégeant sans
interruption, les congés des personnels tant magistrats que greffiers devant être
organisés de telle sorte que les audiences ne subissent ni interruption ni retard 
retard ».
Aussi, le président de tribunal de droit commun comme le premier président de la
cour d’appel, ou leurs délégués et les juges de référés peuvent être saisis à toute
heure du jour comme de la nuit, par voie de requête d’heure à heure, qu’il s’agisse
d’un jour férié ou d’une fête.
Toutefois, ces dispositions sont loin d’être suivies scrupuleusement. D’ailleurs, les
juridictions commencent à travailler au ralenti durant les mois d’Aout et Septembre.
Les présidents et premier président des tribunaux et cours et les juges des référés
sont très rarement sollicités en dehors des heures normales de leur travail.

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d. L’inspection des juridictions et des magistrats:


Il y a deux sortes d’inspections des juridictions et des magistrats, l’inspection
générale des affaires judiciaires relevant du conseil supérieur du pouvoir judiciaire et
l’inspection hiérarchique.

d-1- L’inspection générale des affaires judiciaires


Le contrôle, la supervision et l’inspection des activités judiciaires sont du ressort de
l’Inspection générale des affaires judiciaires qui se trouvait sous l’autorité directe du
Ministre de la Justice (article 13 du Dahir du 15 juillet 1974 fixant l’organisation
judiciaire du Royaume tel qu’il a été modifié). Actuellement l’inspection des
juridictions et des magistrats est placée, en vertu de la loi organique n°100-13
relative au CSPJ (dahir du 26 mars 2016) sous l’autorité du conseil supérieur du
pouvoir judiciaire, avec mise en place d’une instance conjointe entre le conseil et le
ministère chargé de la justice pour la coordination en matière d’administration
judiciaire.
La composition, les attributions, les règles d'organisation ainsi que les droits et
obligations des membres de l’inspection générale des affaires judiciaires seront fixés
par une loi.

d-2-L’inspection hiérarchique :

B. Les principes généraux de la justice

a. Le principe de séparation des pouvoirs judiciaires, exécutifs et


législatifs :
Le principe de séparation de pouvoirs est un principe constitutionnel prévu par
l’article 107 de la constitution qui dispose que: « le pouvoir judiciaire est
indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. Le Roi est le garant de
l’indépendance du pouvoir judiciaire ».
Ce principe constitue l’un des piliers essentiels de l’Etat de droit. Il est ainsi consacré
par la constitution et son application est garantie par le Roi.

L’indépendance de l’autorité judiciaire à l’égard du pouvoir exécutif est consacrée


par certaines garanties constitutionnelles comme l’inamovibilité des magistrats du
siège, prévue par l’article 108 de la constitution. L’inamovibilité est une prérogative
des magistrats en vertu de laquelle ils ne peuvent être mutés ou révoqués que
conformément à la loi. Ces magistrats sont nommés dans le corps de la magistrature

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par le conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire. (*). Le Roi approuve par dahir leur
nomination.

(*) Le conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire est institué par l’article 113 de la
constitution pour veiller à l’application des garanties accordées aux magistrats,
notamment quant à leur indépendance, leur nomination, leur avancement, leur mise
à la retraite et leur discipline. Il exerce, conformément à l’article 4 de la loi organique
n°100-13 relative au CSPJ ses fonctions de manière indépendante. Ainsi, en
application du deuxième alinéa de l’article 116 de la constitution, ledit conseil jouit
de la personnalité morale et de l’autonomie administrative et financière. A cet effet,
l’Etat met à sa disposition les ressources matérielles et humaines nécessaires.

(*) La composition  du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) :


Selon l’article 115 de la constitution, le conseil se compose de 
de :
 Le Roi: Président du CSPJ;
 Le premier Président de la Cour de cassation: Président délégué; il siégera en
qualité de Président délégué 
délégué en lieu et place du ministre de la justice;
 Le procureur général du Roi près la Cour de Cassation;
 Le président de la première chambre de la Cour de cassation;
 4 représentants élus parmi eux par les magistrats des Cours d’appel;
 6 représentants élus, parmi eux, par les magistrats des juridictions du premier
degré;
 Le médiateur;
 Le président du Conseil national des droits de l’Homme;
 5 personnalités nommées par le Souverain, dont un membre est désigné par le
conseil supérieur des oulémas.
 Périodicité de tenue du CSPJ: Le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire se tient
au moins deux sessions par an.

De son côté, l’article 109 de la constitution dispose que: «Est proscrite toute
intervention dans les affaires soumises à la justice. Dans sa fonction judiciaire, le juge
ne saurait recevoir d’injonction ou instruction, ni être soumis à une quelconque

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pression. Chaque fois qu’il estime que son indépendance est menacée, le juge doit en
saisir le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire.
Tout manquement de la part du juge à ses devoirs d’indépendance et d’impartialité,
constitue une faute professionnelle grave, sans préjudice des conséquences
judiciaires éventuelles.
La loi sanctionne toute personne qui tente d’influencer le juge de manière illicite ».
L’article 110 de la constitution dispose : «Les magistrats du siège ne sont astreints
qu’à la seule application du droit. Les décisions de justice sont rendues sur le seul
fondement de l’application impartiale de la loi. Les magistrats du parquet sont tenus
à l’application du droit et doivent se conformer aux instructions écrites émanant de
l’autorité hiérarchique.»
Ce principe souffrait de certains empiétements du pouvoir exécutif, actuellement
supprimés exemple :
1. Le pouvoir exécutif représenté par le Ministre de la justice exerçait une
pression latente sur les magistrats à travers le conseil supérieur de la
magistrature dont il était vice président, en ayant un pouvoir sur leurs
mutations, leurs avancements, leurs disciplines, etc.). Toutefois, cette situation
a été redressée par la nouvelle constitution qui a remplacé le Ministre en tant
que vice président du conseil supérieur de la magistrature par le premier
président de la cour de cassation en tant que président délégué du conseil
supérieur du pouvoir judiciaire.
2. Ensuite, le placement de l’instance chargée de l’inspection des juridictions et
des magistrats, sous l’autorité du ministre de la justice, et donc du pouvoir
exécutif, heurtait profondément l’indépendance de la justice. Le Ministre de la
justice décidait seul des suites à donner à ces rapports. Il pouvait choisir de les
classer ou d’entamer des poursuites disciplinaires ou pénales. Cette anomalie a
aussi été redressée par la loi organique relative au CSPJ, qui a placé l’inspection
générale sous l’autorité dudit conseil, en mettant en place une instance
conjointe entre le conseil et le ministère chargé de la justice pour la
coordination en matière d’administration judiciaire.

3. Enfin, le ministre de la justice était chargé en vertu de l’article 17 de l’ancien


statut de la magistrature de 1974 de suivre l'évolution de la situation de
fortune des magistrats et des membres de leur famille. Il avait la faculté, à
toute époque, après avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature, de

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faire procéder, par voie d'inspection, à l'évaluation de leur patrimoine.


Actuellement, cette tâche n’est plus de son ressort. Elle est attribuée au
président délégué du CSPJ, qui est chargé de suivre l’évolution du patrimoine
des magistrats, en vertu de l’article 107 de la loi organique n°100-13 relative au
CSPJ.

b. Les principes garantissant une bonne justice:

b-1- Le principe de l’égalité devant la justice:


L’article 118 de la constitution prévoit que l’accès à la justice est garanti à toute
personne pour la défense de ses droits et de ses intérêts protégés par la loi.
Le principe de l’égalité veut dire que tous les justiciables (nationaux, étrangers ou
résidents à l’étranger) ont vocation à être jugés par les mêmes juridictions selon les
mêmes règles, sans la moindre discrimination. Il implique l’égalité des citoyens
devant l’application qui est faite de la loi par l’institution judiciaire.
Cette égalité d’accès à la justice est limitée par l’ignorance du droit par une certaine
catégorie de justiciables et par leurs ressources financières limitées qui ne leur
permettent pas aussi de suivre longtemps un procès.

b-2- Le principe de la gratuité de la justice:


Ce principe veut dire que la justice constitue un service public dont le financement
est assuré par l’Etat qui prend en charge le salaire des magistrats et du personnel
judiciaire, ainsi que les dépenses de fonctionnement et d’équipement.
Toutefois, le justiciable doit s’acquitter de la taxe judiciaire qui est considérée comme
sa participation au fonctionnement de la justice et doit supporter d’autres charges
(frais d’expertises, honoraires d’avocats, etc.).
Il faut par ailleurs distinguer entre le principe de gratuité et l’assistance judiciaire.
Notons au préalable que l’assistance judiciaire est un droit accordé par l’Etat aux
justiciables démunis (qu’ils soient demandeurs ou défendeurs) qui sont dans
l’incapacité de payer les frais de justice indispensables à l’instruction du dossier, et
les honoraires de l’avocat. Elle leur permet ainsi d’exercer leurs droits en justice sans
aucun frais.
Cette assistance comporte l’exonération du paiement de la taxe judiciaire et la
désignation d’un avocat d’office pour assister le plaideur, contre paiement
d’honoraires par le trésor public.

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L’assistance judiciaire peut être accordée d’office (pour les travailleurs) ou sur
demande adressée par le justiciable démuni au procureur du Roi appuyée par un
certificat d’indigence.

c. Les principes garantissant une bonne justice:

b-1- Le principe de l’égalité devant la justice:


L’article 118 de la constitution prévoit que l’accès à la justice est garanti à toute
personne pour la défense de ses droits et de ses intérêts protégés par la loi.
Le principe de l’égalité veut dire que tous les justiciables (nationaux, étrangers ou
résidents à l’étranger) ont vocation à être jugés par les mêmes juridictions selon les
mêmes règles, sans la moindre discrimination. Il implique l’égalité des citoyens
devant l’application qui est faite de la loi par l’institution judiciaire.
Cette égalité d’accès à la justice est limitée par l’ignorance du droit par une certaine
catégorie de justiciables et par leurs ressources financières limitées qui ne leur
permettent pas aussi de suivre longtemps un procès.

b-2- Le principe de la gratuité de la justice:


Ce principe veut dire que la justice constitue un service public dont le financement
est assuré par l’Etat qui prend en charge le salaire des magistrats et du personnel
judiciaire, ainsi que les dépenses de fonctionnement et d’équipement.
Toutefois, le justiciable doit s’acquitter de la taxe judiciaire qui est considérée comme
sa participation au fonctionnement de la justice et doit supporter d’autres charges
(frais d’expertises, honoraires d’avocats, etc.).
Il faut par ailleurs distinguer entre le principe de gratuité et l’assistance judiciaire.
Notons au préalable que l’assistance judiciaire est un droit accordé par l’Etat aux
justiciables démunis (qu’ils soient demandeurs ou défendeurs) qui sont dans
l’incapacité de payer les frais de justice indispensables à l’instruction du dossier, et
les honoraires de l’avocat. Elle leur permet ainsi d’exercer leurs droits en justice sans
aucun frais.
Cette assistance comporte l’exonération du paiement de la taxe judiciaire et la
désignation d’un avocat d’office pour assister le plaideur, contre paiement
d’honoraires par le trésor public.
L’assistance judiciaire peut être accordée d’office (pour les travailleurs) ou sur
demande adressée par le justiciable démuni au procureur du Roi appuyée par un

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certificat d’indigence.

b-3- Le principe d’impartialité du juge:


L’impartialité du juge constitue une garantie fondamentale pour le plaideur. Le juge
peut orienter le cours du procès en faveur de l’une ou de l’autre partie surtout dans
le système du juge unique. C’est pour cette raison qu’il existe des garanties
procédurales de l’impartialité:
-Les voies de recours permettent la revue de la décision judiciaire, en la confirmant
ou en l’infirmant.
-Les conjoints, les parents et alliés jusqu'au degré d'oncle ou de neveu inclusivement,
ne peuvent être simultanément magistrats d'une même juridiction, sauf dispense qui
peut être accordée par décision du conseil supérieur de la magistrature dans
certaines conditions.
En aucun cas, même si la dispense est accordée, les conjoints, parents ou alliés visés
à l'alinéa précédent ne peuvent siéger dans une même cause. (Article 24 du Dahir du
15 juillet 1974 fixant l’organisation judiciaire du Royaume tel qu’il a été modifié)
- Tout magistrat dont un parent ou allié jusqu'au degré d'oncle ou de neveu
inclusivement est l'avocat d'une partie en cause ne peut, à peine de nullité du
jugement ou de l'arrêt, être appelé à siéger. (Article 25 du texte précité)
- La récusation: c’est une procédure par laquelle une partie requiert qu’un ou
plusieurs juges soient écartés ou remplacés par d’autres, notamment parce qu’ils
sont suspectés de partialité envers la partie adverse. Les cas qui ouvrent droit à la
récusation ainsi que la procédure y liée sont prévus par l’article 395 du CPC.
-La récusation peut être requise par le magistrat lui-même estimant qu’il se trouve
dans l’un des cas de récusation sans attendre à ce que le plaideur le fasse.
La responsabilité du juge peut être mise en cause par le plaideur dans le cadre de la
procédure de prise à partie, en cas de dol, fraude, concussion, faute lourde
professionnelle, ou déni de justice. (art 391 du CPC)
-Un magistrat ne peut connaître en appel ou en cassation d'une affaire dont il a eu
connaissance déjà dans une juridiction de jugement d'un degré inférieur. (Article 4 du
CPC)

b-4- Le principe de publicité des audiences et jugements:


La publicité des audiences et jugements est un principe fondamental du

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fonctionnement de la justice. 
justice. L’article 123 de la constitution prévoit que les
audiences sont publiques sauf lorsque la loi en dispose autrement. Toutefois, le
président de l’audience peut ordonner que les débats aient lieu à huis clos si l'ordre
public ou les bonnes mœurs l'exigent (art 43 du CPC).
L’article 125 de la constitution ajoute que tout jugement est motivé et prononcé en
audience publique dans les conditions prévues par la loi.
La justice étant rendue « « au nom de sa Majesté 
Majesté », les citoyens doivent pouvoir en
contrôler l’exercice quotidien.
La publicité des audiences des cours et tribunaux, ainsi que celle du prononcé des
jugements visent à protéger le justiciable de l’arbitraire du juge, en soumettant ce
dernier au contrôle des parties et du public, et à renforcer la confiance du public dans
le système judiciaire.

b-5- Le principe de double degré de juridictions:


Le principe de double degré de juridictions consiste à ce que le litige soit examiné à
deux degré, devant le tribunal de première instance et devant la cour d’appel. Une
affaire jugée par une juridiction du premier degré (Tribunal de première instance)
peut être rejugée sur le fond par une juridiction de second degré (la cour d’appel).
L’exception au principe: lorsque la loi prévoit expressément que telle ou telle
décision rendue n’est pas susceptible de recours.

b-6- Le Principe du caractère contradictoire de la procédure


L’article 120 de la constitution prévoit que toute personne a droit à un procès
équitable. La même disposition précise que les droits de la défense sont garantis
devant toutes les juridictions. Le justiciable doit ainsi avoir été mis en mesure de se
défendre et d’être entendu par le juge. La protection du justiciable impose qu’il soit
informé de l’existence d’une procédure intentée contre lui pour lui permettre de se
défendre en temps utile.
Cependant, si la contradiction est un impératif, elle n’est pas obligatoirement
effective, il faut seulement qu'elle soit rendue possible. Ce principe exige le respect
d’un délai irréductible pour permettre aux parties de comparaître. (art 40 du CPC)

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2-La compétence des juridictions 


juridictions :
La compétence c’est l’aptitude d’une juridiction à connaître d’un procès.
La compétence d'attribution: est celle qui énonce que telle matière relève du
domaine de tel tribunal. Il s’agit de la détermination de la catégorie de juridiction en
tenant compte de la nature des affaires qu’on appelle aussi « compétence à raison de
la matière »
La compétence territoriale : est celle qui détermine le tribunal devant être saisi d'une
affaire en fonction de critères de localisation géographique (en règle générale, lieu du
domicile du défendeur).
Ainsi, une fois la catégorie des tribunaux compétents est précisée et comme cette
catégorie comprend un certain nombre de tribunaux répartis sur l’ensemble du
territoire, il faut déterminer quel est le tribunal, parmi tous ceux de la même
catégorie qui devrait être saisi de l’affaire. Il s’agit alors de la compétence territoriale,
qu’on appelle aussi « compétence territoriale »

A. Compétence d’attribution

a. Les Juridictions de droit commun:


Les juridictions ordinaires ou de droit commun sont celles qui ont une compétence
générale, c’est-à-dire qui connaissent de tous les litiges, à l’exception de ceux dont la
compétence est spécialement attribuée par la loi à une autre juridiction.

a-1- Le tribunal de première instance:

 Compétence du tribunal de première instance:


Nature du litige: Sous réserve de la compétence spéciale attribuée aux sections de la
justice de proximité, les tribunaux de première instance connaissent de toutes les
affaires civiles, les affaires de la famille, commerciales, administratives et sociales,
soit en premier et dernier ressort, soit à charge d'appel.
Ces tribunaux peuvent être divisés selon la nature des affaires qu'ils connaissent en «
sections des affaires de la famille », en « sections de justice de proximité » et en
chambres : civile, commerciale, immobilière, sociale et pénale.
Toute chambre peut instruire et juger les affaires soumises au tribunal qu'elle qu'en
soit leur nature, à l'exception des affaires relevant des sections de la famille et des

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sections de la justice de proximité.


Les sections des affaires de la famille connaissent des affaires de statut personnel,
des successions, de l'état civil et des affaires d'homologation et des mineurs, de la
kafala et tout ce qui a trait à la sauvegarde et la protection de la famille.
Le tribunal de première instance est compétent en matière sociale pour connaître
des différends individuels en relation avec le travail ou l’apprentissage, de la
réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles ainsi que des
contestations auxquelles peut donner lieu l'application des législations et
réglementations sur la sécurité sociale.
La présence du ministère public n’est obligatoire que lorsqu’il est partie principale ou
lorsque sa présence est rendue obligatoire par la loi.
Valeur du litige:
Les tribunaux de première instance connaissent:
- en premier ressort, à charge d’appel devant les chambres des appels des
tribunaux de première instance, des demandes jusqu’à la valeur de vingt mille
dirhams (20.000 dirhams);
- en premier ressort, à charge d’appel devant les cours d’appel, des demandes
d’une valeur supérieure à vingt mille dirhams (20.000 dirhams);
En matière sociale, le juge statue sans appel dans la limite de 20  000 DH et à
charge d'appel si la demande est d'une valeur supérieure ou si son taux est
indéterminé.

 Les sections de la justice de proximité:


Les juridictions communales et d’arrondissement n’existent plus depuis août 2011.
Elles ont été remplacées par les juridictions de proximité instituées par la loi n° 42-10
du 17 août 2011. Elles se répartissent en deux sortes de sections 
sections : celles installées au
sein des tribunaux de première instance (communes urbaines); il s’agit des sections
de la justice de proximité et celles installées dans le ressort du centre du juge
résident (communes rurales).
Les sections de la justice de proximité connaissent des actions personnelles et
mobilières qui n'excédent pas 5000 dirhams, à l'exception des litiges relatifs au code
de la famille, aux affaires immobilières, sociales et aux expulsions. Elles connaissent
également des infractions prévues par la loi fixant l'organisation et les attributions de
la justice de proximité. Le juge ne pourra prononcer que des amendes allant de 200 à

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1200 dirhams.
Elles visent à améliorer la rapidité, l’accessibilité, la qualité et l’efficacité de l’appareil
judiciaire notamment pour les litiges et délits mineurs qui seront désormais soumis à
une procédure voulue plus simple et plus rapide.
La procédure devant ces juridictions est orale, gratuite et exempte de toute taxe
judiciaire. Avant de débuter la procédure, le juge de proximité devra mener une
tentative de conciliation entre les parties au litige.
Si la tentative de conciliation échoue, il statue, sur le fonds, dans un délai de 30 jours,
par un jugement non susceptible d'aucune voie de recours ordinaire ou
extraordinaire. Néanmoins, la partie lésée peut intenter un recours en annulation du
jugement devant le président du tribunal de première instance dans un délai de 8
jours à compter de la date de notification du jugement dans des cas limitativement
prévus par la loi.

a-2. Compétence du président du tribunal de première instance:


Le président du tribunal de première instance jouit d’une compétence propre que lui
confère sa qualité de juge sur requête, de juge de référé et de juge de requête aux
fins d'injonction de payer.
-Juge sur requête:
Les présidents des tribunaux de première instance sont seuls compétents pour
statuer sur toute requête aux fins de voir ordonner des constats (constatations
matérielles comme le constat de l'état des lieux d'un  d'un appartement, de l'état
d'avancement de travaux, de dégâts matériels, par exemple), des sommations ou
autres mesures d'urgence en quelque matière que ce soit non prévue par une
disposition spéciale et ne préjudiciant pas aux droits des parties.
Ils répondent par ordonnance rendue hors la présence des parties et sans l'assistance
du greffier, à charge de leur en référer en cas de difficulté.
Ils statuent ainsi par voie d’ordonnance sur requête.
En cas de rejet de la demande, sauf en matière de constat ou de sommation,
l'ordonnance rendue est susceptible d'appel dans le délai de quinze jours de son
prononcé. Cet appel est porté devant la cour d'appel.
-Juge des référés:
En dehors des cas prévus au paragraphe précédent où le président du tribunal de
première instance peut être appelé à statuer comme juge des référés, ce magistrat
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est seul compétent pour connaître, en cette même qualité et toujours en vertu de
l'urgence, de toutes les difficultés relatives à l'exécution d'un jugement ou d'un titre
exécutoire, ou pour ordonner une mise sous séquestre, ou toute autre mesure
conservatoire, que le litige soit ou non engagé, devant le juge du fond.
En cas d'urgence, la procédure de référé judiciaire permet de demander à la Justice
d'ordonner des mesures provisoires tendant à préserver des droits, à prévenir un
dommage ou à faire cesser un trouble manifestement illicite (ex faire cesser des
travaux
Les ordonnances sur référés ne statuent qu'au provisoire et sans préjudice de ce qui
sera décidé sur le fond.
Les mesures prises par le juge dans le cadre d'une procédure de référé ont
un 
un caractère provisoire 
provisoire c'est à dire non définitif. Elles sont susceptibles d'être
remises en cause par le juge qui statuera sur le fond de l'affaire, au cours d'une
procédure ultérieure.
Les ordonnances sur référés sont exécutoires par provision: même si la partie
adverse fait appel de l'ordonnance de référé, cela ne suspend pas l'exécution de la
décision. C'est une procédure rapide, qui a des effets immédiats. Le juge peut,
cependant, en subordonner l'exécution à la production d'un cautionnement.
Ces ordonnances ne sont pas susceptibles d'opposition.
Sauf dans les cas où la loi en décide autrement, l'appel doit être formé dans la
quinzaine de la notification de l'ordonnance. Il est jugé d'urgence.
-Juge des requêtes aux fins d'injonction de payer:
La créance relative au paiement d'une somme d'argent supérieure à cinq mille
dirhams due en vertu d'un titre authentique, d’un effet de commerce (tel le
paiement d’une lettre de change, d’un billet à ordre ou d’un chèque), ou d’une
reconnaissance de dette peut faire l’objet d’une requête aux fins d'injonction de
payer.
La procédure d’injonction de payer concerne uniquement les créances liquides, c'est-
à-dire les sommes d’argent. Ca ne concerne nullement ainsi, l’obligation d’accomplir
une prestation donnée, ou l’interdiction d’effectuer une action donnée. L’accord
d’une indemnité pour inexécution d’une obligation donnée est hors champ
d’application de cette procédure.
Le président du tribunal de première instance et le président du tribunal de
commerce ou de leurs délégués sont seuls compétents pour connaître des requêtes

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aux fins d'injonction de payer, selon la nature civile ou commerciale de la créance et


son montant.
Dans le cas où la notification doit avoir lieu à l'étranger, ou lorsque le débiteur n’a
pas de domicile connu sur le territoire du Royaume, le créancier ne peut pas
prétendre à l’application de la procédure d’injonction de payer.
Si la créance paraît exigible et justifiée au président du tribunal, en tout ou en partie,
il rend, une ordonnance faisant droit à la demande et condamnant le débiteur au
paiement du principal de la créance, aux frais et aux intérêts le cas échéant.
L'ordonnance de condamnation devient exécutoire dés son émission et ce
contrairement à la procédure applicable avant la réforme de 2013 qui ne la rendait
exécutoire qu’à l’expiration d’un délai de huit jours après la notification et au cas où
le débiteur ne relève pas d’appel.
Dans le cas contraire, le président du tribunal rejette ladite demande par une
décision motivée. Dans ce cas, le demandeur peut saisir la juridiction compétente
suivant les formes du droit commun. Cette décision de rejet n’est susceptible d'aucun
recours.
Toujours dans un souci de célérité dans le recouvrement de la créance, le législateur
a mis dans le cadre de la procédure d’injonction de payer un délai maximal pour
statuer sur l’opposition et l’appel, à savoir trois mois.
La nouvelle procédure instaurant ces deux phases de recours (l’opposition et l’appel),
au lieu de l’appel uniquement dans la procédure initiale a été mise en place par la
réforme de 2013 afin de créer un équilibre entre le droit du créancier de recouvrer sa
créance dans les plus brefs délais, et le droit du débiteur à un procès équitable, en
adoptant le droit à l’opposition contre l'injonction (émise en l’absence de sa
comparution) afin de garantir le principe de recours à la justice à deux degrés.
Le débiteur peut, lorsqu’il est fait droit à la demande de son créancier, soit
totalement soit partiellement, attaquer l’ordonnance rendue contre lui, par 
par voie
d’opposition 
d’opposition devant le même tribunal l’ayant émise, dans un délai de 15 jours de la
notification de l’ordonnance.
Ce droit est précisé dans le cadre d’un avis, donné au débiteur au niveau de la
notification de ladite ordonnance, qui précise sa déchéance de toute voie de recours,
au cas où il y renonce. Le tribunal peut dans ce cas, sur demande du débiteur
surseoir à l’exécution partielle ou totale de l’ordonnance de condamnation par
jugement motivé.

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Le jugement de confirmation émis par le tribunal dans le cadre de l’opposition est


exécutoire par provision. Il est à son tour susceptible d’appel dans un délai de 15
jours à partir de sa notification et la cour d’appel peut aussi sur demande du débiteur
surseoir à l’exécution partielle ou totale du jugement par arrêt motivé.

a-3- La cour d’appel :

 Compétence des cours d’appel:


Sauf dispositions légales contraires, les cours d'appel connaissent des appels des
jugements des tribunaux de première instance dont la valeur excède 20 000 DH, ainsi
que des appels des ordonnances rendues par leurs présidents.
Par dérogation, la chambre d’appel du tribunal de première instance connait des
appels formés à l’encontre des jugements rendus en premier ressort, par les
tribunaux de première instance jusqu’à la valeur de 20 000 DH.
La cour d’appel est une juridiction du deuxième degré. Toutefois dans certains cas,
elle peut statuer comme juridictions de première instance:
Certaines matières spéciales: en matière criminelle, (Exemple le règlement de juges
lorsque deux tribunaux de première instance ont rendu des décisions irrévocables
par lesquelles elles se sont déclarées également compétentes ou incompétentes).
Cas d’évocation: il permet à la cour dans le cas où elle annule ou confirme la décision
entreprise devant elle, si l’affaire est état d’être jugée de statuer sur les points non
jugés par le tribunal de première instance pour leur donner une solution définitive. Il
s’agit du droit pour une cour d'appel, saisie de certains jugements de première
instance, de s'emparer de toute l'affaire et de statuer sur l'appel et le fond du procès
par une seule et même décision. Ex: demande relative au congé payé.
La cour d’appel est compétente comme juridiction de renvoi lorsque la cour de
cassation prononce la cassation d’un arrêt rendu par la même juridiction du second
degré ou une autre et ordonne le renvoi.
Présence du ministère public:
La présence du représentant du ministère public à l'audience pénale est prévue à
peine de nullité. Son assistance en toute autre matière est facultative, sauf dans les
cas déterminés par le Code de procédure civile notamment lorsqu'il est partie
principale et dans toutes autres hypothèses prévues par un texte particulier.

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a-4. Compétence des premiers présidents des cours d’appel:


Le premier président de la cour d’appel peut dans tous les cas d’urgence, ordonner
en référé en cours de l’instance d’appel toutes les mesures qui ne se heurtent pas à
une contestation sérieuse ou que justifie l’existence d’un différend.
Il peut également ordonner l’exécution provisoire et la suspendre ou l’arrêter dans
certains cas lorsqu’elle a été ordonnée en première instance.

a-5- La cour de cassation: Compétence:


L’organisation et la compétence de la cour de cassation sont déterminées par le dahir
du 15 juillet 1974 fixant l’organisation du royaume tel qu’il a été modifié et complété,
par le code de procédure civile, par le code de procédure pénale, le code de la justice
militaire et d’autres textes particuliers le cas échéant.
En principe, toute décision rendue en dernier ressort par les Tribunaux de première
instance ou par les cours d’appel peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation. Elle
exerce sa compétence sur l’ensemble du territoire.
La Cour de cassation ne constitue pas un troisième degré de juridiction, elle contrôle
la conformité au droit sans statuer sur les faits, et fixe le sens dans lequel la règle de
droit doit être appliquée.
La Cour de cassation, sauf si un texte l'exclut expressément, statue sur :
1- les pourvois en cassation formés contre les décisions rendues en dernier ressort
par toutes les juridictions du Royaume à l’exception des demandes dont la valeur est
inférieure à vingt mille (20.000) dirhams et de celles relatives au recouvrement des
loyers et des charges qui en découlent ou à leur révision ;
2- les recours en annulation pour excès de pouvoirs formés contre les décisions
émanant des autorités administratives ;
3- les recours formés contre les actes et décisions par lesquels les juges excèdent
leurs pouvoirs ;
4- Les règlements de juges entre juridictions n'ayant au dessus d'elles aucune
juridiction supérieure commune autre que la Cour de cassation ;
5- les prises à partie contre les magistrats et les juridictions à l'exception de la Cour
de cassation ;
6- les instances en suspicion légitime ;
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7- les dessaisissements pour cause de sûreté publique, ou pour l'intérêt d'une bonne
administration de la justice.

b. Les juridictions spécialisées :

b-1. Les juridictions de commerce:

 Compétence du tribunal de commerce:


Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître :
1 - des actions relatives aux contrats commerciaux;
2 - des actions entre commerçants à l'occasion de leurs activités commerciales;
3 - des actions relatives aux effets de commerce;
4 - des différends entre associés d'une société commerciale;
5 - des différends à raison de fonds de commerce.
Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître des demandes dont le
principal excède la valeur de 20.000 dirhams. Ils connaissent également toutes
demandes reconventionnelles ou en compensation quelle qu’en soit la valeur.
Sont exclues de la compétence des tribunaux de commerce les affaires relatives aux
accidents de la circulation.
Le commerçant peut convenir avec le non commerçant d'attribuer compétence au
tribunal de commerce pour connaître des litiges pouvant les opposer à l'occasion de
l'exercice de l'une des activités du commerçant.
Les parties pourront convenir de soumettre les litiges prévus ci-dessus à la procédure
d'arbitrage et de médiation.

 Compétence du président du tribunal de commerce:


Le président du tribunal de commerce exerce, outre les attributions qui lui sont
dévolues en matière commerciale, celles dévolues au président du tribunal de
première instance par le code de procédure civile. (art 20 de la loi n° 53-95 instituant
les juridictions de commerce).
Juge des référés: le président du tribunal de commerce peut, dans les limites de la
compétence du tribunal,
tribunal, ordonner en référé toutes les mesures qui ne font l'objet
d'aucune contestation sérieuse.
Le président du tribunal de commerce peut, dans les mêmes limites et même en cas

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de contestation sérieuse, ordonner toutes les mesures conservatoires ou la remise en


état, soit pour prévenir un dommage imminent, soit pour faire cesser un trouble
manifestement illicite. (art 21 de la même loi)
Juge des requêtes aux fins d'injonction de payer : le président du tribunal de
commerce est compétent pour connaître des requêtes aux fins d'injonction de payer
dont la valeur excède 20.000 dirhams, fondées sur des effets de commerce et des
titres authentiques. (art 22 de la même loi)

 Compétence des cours d’appel de commerce:


Les cours d'appel de commerce connaissent des appels des jugements des tribunaux
de commerce ainsi que des appels des ordonnances rendues par leurs présidents.
Les audiences sont tenues aux tribunaux de commerce et aux cours d'appel de
commerce par trois magistrats dont un président, assistés d'un greffier sauf en cas de
disposition contraire.

 Compétence du premier président des cours d’appel de commerce:


Lorsque le litige est soumis à la cour d'appel de commerce, lesdites attributions sont
exercées par son premier président.

b-2. Les juridictions administratives :


Elles comprennent les tribunaux administratifs et les cours d’appel administratives.

 Les tribunaux administratifs:


Les tribunaux administratifs sont régis par la loi 41-90 promulguée par le dahir n° 1-
91-225 (22 rabia I 1414) du 10 septembre 1993. Ils sont au nombre de 7,  sont
installés 
installés dans les principales régions du Royaume.
Le président du tribunal administratif désigne parmi les magistrats de cette
juridiction un ou deux commissaires royaux de la loi et du droit, sur proposition de
l’assemblée générale, pour une période de 2 ans. Ils doivent présenter, en toute
indépendance, à l’audience publique des conclusions écrites sur chaque affaire qu'ils
peuvent expliciter oralement.
Ils ne sont pas chargés de défendre l’administration, mais doivent présenter une
analyse objective et équilibrée de l’ensemble des éléments de l’affaire et guider le
tribunal vers une décision équitable, juridiquement correcte.

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 Compétence des tribunaux administratifs:


Les tribunaux administratifs sont compétents pour juger, en premier ressort:
 les recours en annulation pour excès de pouvoir formés contre les décisions des
autorités administratives,
 les litiges relatifs aux contrats administratifs,
 les actions en réparation des dommages causés par les actes ou les activités des
personnes publiques, à l'exclusion toutefois de ceux causés sur la voie publiques
par un véhicule quelconque appartenant à une personne publique.
Ils sont, en outre, compétents pour l'appréciation de la légalité des actes
administratifs dans les conditions prévues par la loi, en matière de contentieux
électoral et fiscal, de l’expropriation pour cause d’utilité publique, des pensions
civiles, de la situation individuelle des fonctionnaires, etc.
Les règles du code de procédure civile sont applicables devant les tribunaux
administratifs, sauf dispositions contraires prévues par la loi.
La compétence générale des tribunaux administratifs comporte quelques exceptions,
prévues par les articles 9 et 11 de cette loi.
Article 9 : la cour de cassation demeure compétente pour statuer en premier et
dernier ressort sur:
- les recours en annulation pour excès de pouvoir dirigés contre les actes
réglementaires ou individuels du chef de gouvernement;
- les recours contre les décisions des autorités administratives dont le champ
d'application s'étend au-delà du ressort territorial d'un tribunal administratif.
Article 11 : : Sont de la compétence du Tribunal administratif de Rabat, le contentieux
relatif à la situation individuelle des personnes nommées par dahir ou par décret et le
contentieux relevant de la compétence des tribunaux administratifs mais né en
dehors du ressort de ces tribunaux.
 Compétence des présidents des tribunaux administratifs:
Le président du tribunal administratif ou la personne déléguée par lui est compétent,
en tant que juge des référés et des ordonnances sur requête, pour connaître des
demandes provisoires et conservatoires.

 Cours d’appel administratives


 Compétence des cours d’appel administratives:
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Les cours d’appel administratives ont été instituées et sont régies par la loi n° 80-03
instituant des cours d'appel administratives (dahir du 14 février 2006). Elles viennent
remplacer la chambre administrative de la cour de cassation qui était compétente
jusqu’à leur création en 2006 pour trancher en fait les recours formés contre les
jugements rendus par les tribunaux administratifs. La cour de cassation était instituée
en cour d’appel.
Les cours d'appel administratives sont compétentes pour connaître, en appel, des
jugements rendus par les tribunaux administratifs et des ordonnances de leurs
présidents, sauf dispositions contraires prévues par la loi.
 Compétence des présidents des cours d’appel administratives:
Le premier président de la cour d'appel administrative ou le vice-président exerce les
compétences de juge des référés lorsque la cour est saisie du litige.

B. Compétence territoriale:
Les règles de la compétence territoriale permettent de préciser quelle est parmi les
juridictions du premier degré réparties sur le territoire, celle qui est compétente pour
statuer sur une affaire déterminée.
Le CPC a posé les règles générales de compétence territoriale des tribunaux de
première instance et les règles particulières à chaque matière.

a. Le principe général: tribunal du domicile du défendeur


La compétence territoriale appartient au tribunal du domicile réel ou élu du
défendeur.
Absence de domicile : si celui-ci n’a pas de domicile au Maroc, mais y possède une
résidence, elle appartient au tribunal de cette résidence.
Absence de domicile et de résidence: si le défendeur n'a ni domicile, ni résidence au
Maroc, il pourra être traduit devant le tribunal du domicile ou de la résidence du
demandeur ou de l'un d'eux s'ils sont plusieurs.
Pluralité des défendeurs: s'il y a plusieurs défendeurs, le demandeur peut saisir, à son
choix, le tribunal du domicile ou de la résidence de l'un d'eux.
Notion de domicile et de résidence:
Le domicile réel:
Le domicile de la personne physique est au lieu où elle a son habitation habituelle et
le centre de ses affaires et de ses intérêts.
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Si la personne a son habitation habituelle en un lieu, et le centre de ses affaires dans


un autre, elle est considérée comme domiciliée à l'égard de ses droits de famille et
de son patrimoine personnel, là où elle a cette habitation habituelle et à l'égard des
droits ressortissant à son activité professionnelle là où elle a le centre de ses
occupations et de ses intérêts, sans qu'une nullité soit encourue par un acte de
procédure délivré indifféremment à l'une ou l'autre adresse.
Sauf dispositions légales contraires, le domicile d'une société est au lieu où se trouve
son siège social.
Le domicile élu: il peut arriver qu’une personne physique ou morale fasse élection
d’un domicile spécial pour l'exécution de certains actes ou pour l'accomplissement
des faits et obligations qui en résultent.
Lorsqu'il a été fait élection de domicile ce dernier prévaut sur le domicile réel ou le
domicile légal.
Le domicile légal: le domicile est parfois imposé par la loi pour certaines personnes.
Exemple, le domicile légal d'un incapable est au lieu du domicile de son tuteur, le
domicile légal d'un fonctionnaire public est au lieu où il exerce ses fonctions.
Changement de domicile:
domicile: à part les personnes publiques ayant un domicile légal,
toute autre personne physique peut changer de domicile. Ce changement s’opère par
le transfert effectif et sans fraude dans un autre lieu de l'habitation habituelle et du
centre des affaires et des intérêts.
La résidence: la résidence est le lieu où la personne se trouve effectivement à un
moment déterminé. Il s’agit d’un lieu de séjour même temporaire qui présente une
stabilité.

b. Exception au principe général:


Le CPC prévoit plusieurs dérogations au principe de la compétence du tribunal du lieu
du défendeur: A titre d’exemple
- en matière de réparations de dommages, devant le tribunal du lieu où le fait
dommageable s'est produit ou devant celui du domicile du défendeur, au choix du
demandeur;
- en matière de travaux publics, devant le tribunal du lieu où les travaux ont été
exécutés;
- en matière de succession, devant le tribunal du lieu où la succession est ouverte;
- en matière de société, devant le tribunal du lieu du siège social.
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C. Le règlement des incidents de compétence:


Les contestations relatives à la compétence peuvent se présenter sous deux aspects
différents l’exception d’incompétence et les conflits de compétence.

C.1. Exception d’incompétence:


Par ce moyen, le plaideur demande à la juridiction saisie de se déclarer
incompétente. Elle peut concerner la compétence d’attribution ou la compétence
territoriale.
La compétence d’attribution peut être soulevée d’office par le juge, même si elle
n’est pas revendiquée par le défendeur. Il n’en est pas de même pour l’incompétence
territoriale qui ne peut être soulevée que par le défendeur.
Les exceptions d’incompétence doivent, à peine d’irrecevabilité être soulevées avant
toute exception ou moyen de défense au fond.
Elle ne peut être invoquée en cause d'appel que dans le cas d'un jugement rendu par
défaut.
Le demandeur à l'exception est tenu de faire connaître, à peine d'irrecevabilité, la
juridiction devant laquelle l'affaire doit être portée.
Si l'exception est accueillie, le dossier est transmis à la juridiction compétente et
celle-ci se trouve saisie de plein droit et sans frais.

C.2- Conflits de compétence:


Le conflit de compétence est la contestation relative à la compétence d’une
juridiction. Il y a conflit de compétence lorsque deux juridictions de même degré sont
saisies de la même affaire ou d’affaires connexes.
Il y a litispendance lorsqu’il a été formé précédemment devant un autre tribunal une
demande pour le même objet. (Article 109 du CPC)
Il y a connexité lorsque deux juridictions sont saisies de deux affaires distinctes mais
rattachées entre elles par un lien de connexité. (Article 109 du CPC)
Dans les deux cas, le renvoi peut être ordonné sur la demande des parties ou de l'une
d'elles.

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C.3- Le règlement de juges:


Il y a lieu à règlement de juges lorsque dans un même litige, plusieurs juridictions ont
rendu des décisions irrévocables par lesquelles elles se déclaraient également
compétentes ou incompétentes.
La demande en règlement de juges doit être portée par requête devant la juridiction
immédiatement supérieure commune aux juridictions dont les décisions sont
attaquées et devant la Cour de cassation lorsqu'il s'agit de juridictions n'ayant au-
dessus d'elles aucune autre juridiction supérieure commune.
La requête est examinée en chambre du conseil sans la présence des parties ou de
leurs mandataires.
Si la juridiction saisie estime qu'il n'y a pas lieu à règlement de juges, elle rend une
décision de rejet motivée.
Si la juridiction saisie estime qu'il peut y avoir lieu à règlement de juges, elle renvoie
l'affaire au magistrat rapporteur pour qu'il soit statué dans les formes ordinaires.

II- Le procès civil :

On traitera dans le cadre du procès civil, l’action en justice (1), l’instance (2) et la fin
du procès à savoir le jugement (3).

1-L’action en justice 
justice :

L'action en justice correspond à la faculté conférée à une personne de s'adresser à un


juge afin d'obtenir le respect de ses droits en invoquant des prétentions. Tout citoyen
est ainsi libre de poursuivre une tierce personne ou de se défendre afin de garantir le
respect de ses droits.

A-Conditions de recevabilité de l’action :


Trois conditions sont requises pour qu’une action en justice soit recevable 
recevable : l’intérêt
(&a), la qualité (&b) et la capacité (&c).
Ces trois conditions sont expressément prévues par l’article premier du code de
procédure civile qui dispose que 
que : « 
« Ne peuvent ester en justice que ceux qui ont
qualité, capacité et intérêt pour faire valoir leurs droits». 
droits». 
La recevabilité d'une action en justice est ainsi subordonnée au respect des trois

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conditions cumulatives qui s'imposent quelle que soit la nature du contentieux, civil,
administratif ou commercial.
Ces conditions de recevabilité de l’action sont d’ordre public. Le juge relève d'office,
selon le même article, le défaut de qualité ou de capacité ou d'intérêt ou le défaut
d'autorisation lorsque celle-ci est exigée (d).

a. L'intérêt à agir :
L'intérêt à agir est la première condition nécessaire à l'exercice d'une action en
justice. C’est ce qui est exprimé par l’adage 
l’adage : « 
« Pas d’intérêt, pas d’action 
d’action ».
Il est toutefois admis qu’une personne n’a intérêt à agir que si cet intérêt présente
trois critères lui sont : il doit être juridique, direct et personnel, né et actuel.
1- Tout d'abord, 
d'abord, l'intérêt à agir doit être juridique, c'est-à-dire qu’il ne doit pas être
contraire à l’ordre public ou à la loi. A titre d’exemple, la justice marocaine ne peut
pas recevoir une action en réparation du dommage subi intentée par la concubine
contre celui qui a causé le décès de son concubin.
L’intérêt juridique peut toutefois être matériel (réclamer le règlement du loyer) ou
moral (demander à l’auteur d’un article en cas de diffamation de publier un démenti
dudit article ayant porté atteinte à sa réputation).
2-Ensuite, l’intérêt doit être direct et personnel c'est-à-dire qu’il doit concerner
directement le demandeur, sauf à disposer d’un mandat ou d’être tuteur (le
mécanisme de représentation).
Dans ce cas, l’action sera portée au nom d’autrui (le représentant légal qui agit au
nom et pour le compte de la personne morale, le tuteur légal, testamentaire ou datif
qui agit au nom et pour le compte du mineur).
3- Enfin l’intérêt doit être né et actuel, c'est-à-dire qu'il doit exister au jour où la
personne agit en justice et ne pas être éventuel. Ce qui écarte en principe l'intérêt
éventuel ou hypothétique.
Ce critère pourrait laisser entendre que les actions préventives ne sont pas
recevables. Toutefois, des exceptions sont admises par la loi. Certaines actions en
justice peuvent être exercées à titre préventif pour empêcher des dommages
éventuels (mesures conservatoires en référé), exemple interdire une construction en
cours dont l’achèvement porterait atteinte à son droit.

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b. La qualité à agir:
La qualité à agir est la seconde condition pour pouvoir agir en justice. Elle s'entend du
titre ou de la qualification en vertu desquels, le demandeur a le droit de solliciter du
juge l'examen de sa prétention. En d’autres termes, c’est le titre sous lequel on figure
dans un procès.
La qualité d’agir concerne aussi bien le demandeur que le défendeur.
Ainsi, ont qualité pour agir:
(i) le titulaire du droit litigieux et ses héritiers
(ii) son mandataire légal (exemple le cas du fonctionnaire ayant reçu délégation pour
représenter et défendre les intérêts de son administration publique), son mandataire
judiciaire (exemple de celui désigné par le juge pour représenter le mineur) ou son
mandataire conventionnel (celui choisi par les parties).
La représentation est obligatoire (constitution d’un avocat), lorsque la procédure est
écrite et devant certaines juridictions (cour d’appel, cour de cassation, tribunal de
commerce, etc.).
Le mandataire qui ne jouit pas par profession du droit de représentation en justice,
ne peut être conformément à l’article 33 du CPC que le conjoint, parent ou allié en
ligne directe ou collatérale jusqu’au troisième degré inclusivement.
En principe, le mandataire ou le représentant doit prouver sa qualité d’agir.

c. La capacité juridique
La capacité juridique constitue la la troisième condition 
condition nécessaire à l'exercice d'une
action en justice. Elle s’entend de l’aptitude à acquérir un droit et à l’exercer. Il est en
effet obligatoire d'être capable juridiquement pour pouvoir agir en justice.
Il y a deux sortes de capacités 
capacités ; la capacité de jouissance (c’est l’aptitude à devenir
titulaire d’un droit ou d’une obligation (propriétaire, créancier) et la capacité
d’exercice (c’est l’aptitude à faire valoir, seul et par soi même, un droit dont on est
titulaire, sans avoir besoin d’être représenté).
Le principe est la capacité, l’incapacité est l’exception. Ce sont le DOC et le code de la
famille qui établissent le régime des incapacités. Ainsi, la majorité est fixée à 18 ans.
A cet âge, toute personne peut valablement agir en justice.
Concernant les mineurs, ils sont en principe incapables jusqu'à leur majorité.
Toutefois, dans certains cas, notamment si le mineur fait l'objet d'une émancipation

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(à 16 ans), celui ci peut librement ester en justice, après autorisation du juge des
mineurs.
Les 
Les majeurs incapables et les mineurs 
mineurs non émancipés ne peuvent agir en justice. Ils
sont soumis, compte tenu de leur incapacité à des règles particulières.

d. Absence des conditions de recevabilité de l’action :


Les trois conditions de recevabilité de l’action (intérêt, qualité, capacité) sont d’ordre
public. Le juge relève d'office, selon l’article 1 er du CPC, le défaut de qualité ou de
capacité ou d'intérêt ou le défaut d'autorisation lorsque celle-ci est exigée.
La vérification des conditions précitées se fait par le juge au début de l’instance, au
moment où il vérifie la compétence. La partie adverse peut aussi invoquer l’absence
des conditions de recevabilité de l’action.
Le juge met ensuite en demeure la partie de régulariser la situation dans un délai
qu'il fixe. Si la régularisation intervient, l'action est considérée comme valablement
engagée. Dans le cas contraire, le juge déclare l'action irrecevable. L'absence de l'une
des conditions précitées est donc une condition d'irrecevabilité de l’action.
Il n’est pas très fréquent que l’action soit irrecevable, mais c’est un risque qui existe
et qui doit être pris en compte.

2-Les différentes formes de l’action :

 L’action en justice peut se présenter soit sous forme de demande, soit sous forme de
défense.
On parle de demande en justice lorsque l’action est envisagée du côté du
demandeur, c’est-à-dire de celui qui s’adresse le premier au juge et on parle de
défense lorsque l’action est considérée du côté de celui contre qui le demandeur agit
et qui s’oppose à cette demande.

A. La demande:
Quand une personne 
personne (demandeur) 
(demandeur) forme une action en justice, on dit qu’elle forme
une « 
« demande initiale 
initiale » ou une « 
« demande introductive d’instance 
d’instance ». Lorsqu’une
personne formule une demande pendant le procès, on dit qu’elle formule une
"demande 
demande incidente".
incidente".

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a. La demande introductive d’instance ou initiale:


Il s’agit de la demande par laquelle un plaideur prend l’initiative d’une procédure
soumettant au juge ses prétentions, c’est-à-dire qu’elle introduit l’instance.
Cette demande prend la forme soit d’une requête écrite, soit d’une déclaration
verbale faite auprès du greffe du tribunal.

b. La demande incidente:
Il s’agit de toute demande qui n’ouvre pas l’instance mais intervient en cours d’un
procès déjà engagé. Elle prend la forme de conclusions ou de mémoires en défense.
Si elle émane du demandeur, il s’agira d’une demande additionnelle.
Demande additionnelle: demande par laquelle le demandeur en cours d’instance
formule une prétention nouvelle, mais connexe à la demande initiale ( qui modifie la
demande initiale en l’étendant par exemple).
Si la demande incidente émane du défendeur, il s’agira d’une demande
reconventionnelle.
Demande reconventionnelle: demande formée par le défendeur qui ne se contente
pas de présenter des moyens de défense, mais attaque à son tour le demandeur qui
deviendra défendeur pour cette seconde action, en soumettant au tribunal une autre
demande.
Si la demande incidente provient d’un tiers, il s’agira d’une intervention volontaire.
Intervention volontaire: un tiers se mêle à un procès auquel il n’était pas partie
jusque là, afin de faire valoir ses droits qui pourraient être compromis par le
jugement à intervenir entre les plaideurs primitifs.
Si la demande incidente est dirigée contre un tiers, il s’agira d’une intervention
forcée.
Intervention forcée: l’une des parties au procès, le demandeur ou le défendeur
appelle à l’instance un tiers pour que le jugement rendu lui soit opposable.
L’intervention forcée se présente notamment en cas d’appel en garantie: l’une des
parties généralement le défendeur appelle au procès un tiers pour le forcer à
l’indemniser des condamnations qui seraient prononcées contre lui. (exemple
l’intervention forcée de l’assureur pour verser l’indemnité en cas d’accident de
travail ou de circulation).
Le "demandeur" ou "le requérant", est la personne physique ou morale qui a pris

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l'initiative d'engager une procédure judiciaire en vue de faire reconnaître un droit.


Son adversaire est le "défendeur
"défendeur ". Ce dernier peut faire valoir à son tour une
prétention, dans ce cas il devient un "demandeur  "demandeur reconventionnel".
reconventionnel".
Des 
Des tiers 
tiers peuvent intervenir volontairement ou se trouver appelés à intervenir dans
la procédure, ils deviennent alors des "parties
"parties"" et, ils peuvent être amenés à se
porter demandeurs pour défendre leurs intérêts.
La partie qui a saisi la 
la Cour d'appel 
d'appel est dénommée l'appelant", l'autre partie étant l'"
intimé " ou la "partie intimée ". Le demandeur à l'opposition
l'opposition  est l'" opposant ", son
adversaire est désigné par l'expression, le " défendeur à l'opposition ", de même
devant la 
la Cour de Cassation 
Cassation les parties sont désignées respectivement sous les
vocables le " demandeur au au pourvoi"
pourvoi" et son adversaire, le "défendeur au pourvoi "

c. Les effets de la demande de la justice:


La demande en justice produit des effets tant à l’égard du juge qu’à l’égard des
parties.

c-1- à l’égard du juge:


Le juge doit examiner la demande et statuer sur toutes les prétentions des parties,
mais il ne peut accorder au-delà de ce qui lui a été demandé.
Si deux juridictions sont saisies de la même demande, entre les mêmes parties et
ayant le même objet, cela crée une situation de litispendance.

c-2- à l’égard des parties:


La demande en justice interrompt la prescription, même si elle est formée devant un
juge incompétent.
Elle fait courir des intérêts.
Elle rend transmissible aux héritiers certaines actions.

B. La défense:
Les catégories de moyens de défense sont soit les défenses au fond, soit les
exceptions, soit les fins de non recevoir.

b.1.Les défenses au fond:


Il s’agit de tout moyen qui tend à rejeter comme non justifié la prétention de
l’adversaire. De ce fait, le défendeur s’attaque au droit du demandeur, en soutenant
que ce droit n’a jamais existé ou est éteint.
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b.2.Les exceptions:
Il s’agit de tout moyen qui tend à déclarer la procédure irrégulière ou à suspendre le
cours. C’est une exception de procédure.
Le CPC distingue notamment:
1- Les exceptions d’incompétence par lesquelles une partie prétend que la juridiction
saisie est incompétente.
2- Les exceptions de litispendance: lorsque le même litige est pendant devant deux
juridictions également compétentes.
3- Les exceptions de connexité : lorsqu’il y a un lien étroit entre deux affaires portées
devant des juridictions différentes.

b.3.La fin de non recevoir:


Il s’agit du moyen qui tend à faire déclarer l’adversaire irrecevable dans sa demande,
sans examen au fond, pour défaut du droit d’agir. C’est un moyen qui s’attaque donc
au droit d’action sans contredire la demande au fond, comme l’exception. Le
défendeur soutient qu’il manque une condition de recevabilité (exemple la qualité
d’agir) ou le juge la relève d’office.
Comme pour la défense au fond, si la fin de non recevoir est accueillie, elle aboutit à
l’échec définitif de la demande.

b.4.Distinction entre les défenses au fond, les exceptions et la fin de non


recevoir:
1-Les défenses au fond peuvent être proposées en tout état de cause jusqu’à la fin
des débats. Au contraire, les exceptions doivent, à peine d’irrecevabilité être
soulevées avant toute défense au fond ou fin de non recevoir.
2- Les défenses sont opposées dans un ordre quelconque. Au contraire, toutes les
exceptions doivent être soulevées simultanément.
3- Si la défense est accueillie, le demandeur perd son procès. Il ne peut le renouveler
à raison de l’autorité de la chose jugée. Au contraire, si l’exception est admise, le
demandeur aura seulement à attendre par exemple le dessaisissement de l’un des
tribunaux.
4- La fin de non recevoir, si elle est accueillie, elle aboutit à l’échec de la demande.
L’action peut toujours être intentée à nouveau si la condition de recevabilité qui
faisait défaut est remplie.

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2- L’instance :

 On traitera d’abord les actes de procédure (1) et ensuite le déroulement du


procès (2).

A- Les actes de procédure:

Les actes de procédure comprennent des actes écrits comme la requête


introductive d’instance, les convocations et des actes verbaux, comme les
plaidoiries des avocats, le renvoi de l’instance par le juge.

a- La notification des actes de procédure:

« Les actes sont portés à la connaissance des intéressés par la  la notification 
notification qui
leur en est faite 
faite ». La notification judiciaire est le fait de porter à la connaissance
d’une personne concernée un acte de procédure, soit par voie de signification
(par huissier de justice), soit par voie postale, soit par voie administrative dans
les régions rurales.

a-1-Les procédés de notification :

 La notification directe: elle est dite directe lorsqu’elle a lieu par l’intermédiaire
d’un agent du greffe ou d’un huissier de justice soit à la personne elle-même soit
à son mandataire.
 La notification par voie administrative: la notification se fait par voie
administrative lorsqu’elle est décidée par le juge dans des cas particuliers (zones
rurales désenclavées) à travers des fonctionnaires de la sûreté nationale, la
gendarmerie royale ou tout autre moyen utilisant la force publique (cheikh,
etc.).
 La notification par voie diplomatique: si le destinataire réside dans un pays
étranger, elle est transmise par la voie hiérarchique pour être acheminée par la
voie diplomatique ou par poste par lettre recommandée, sous réserve des
dispositions prévues par les conventions diplomatiques.
 La notification à l’audience: la notification à l’audience se fait lorsqu’elle est
prévue par la loi, lorsque les parties sont présentes au moment du prononcé. La
notification leur est faite verbalement à ce moment. Leur présence et la

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constatation de cette notification sont mentionnées dans l'ordonnance.


 La notification à curateur: dans tous les cas où le domicile et la résidence d'une
partie sont inconnus, le juge nomme en qualité de curateur un agent du greffe,
auquel la convocation est notifiée. Cette notification a pour but de permettre la
continuité de la procédure lorsque l’une des parties se trouve sans domicile fixe
ou n’a pas de résidence connue au Maroc ou ailleurs.
Ce curateur recherche la partie avec le concours du ministère public et des
autorités administratives et fournit toutes pièces et renseignements utiles à sa
défense, sans que, toutefois, le jugement puisse en raison de ces productions
être déclaré contradictoire.
Si la partie dont le domicile et la résidence sont inconnus vient à être
découverte, le curateur en informe le juge qui l'a nommé et avise cette partie
par lettre recommandée, de l'état de la procédure. Son mandat prend fin dès
l'accomplissement de ces formalités.

a-2-Les modalités de notification

La notification est valablement accomplie, si elle a été faite au destinataire en


personne ou à son domicile ou en son lieu de travail ou en tout autre lieu où la
personne concernée pourrait se trouver. La remise peut également être
effectuée au domicile élu. A défaut de domicile au Maroc, la résidence vaut
domicile.
Les notifications concernant les incapables, les sociétés, les associations et
toutes autres personnes morales, sont adressées à leurs représentants légaux
pris en cette qualité.
Si la remise de la convocation par l’agent chargé de la notification ou l’autorité
administrative n’a pu être effectuée, la partie n’ayant pas été rencontrée, ni
personne pour elle, à son domicile ou à sa résidence, un avis en est
immédiatement affiché dans un endroit apparent dans le lieu de la notification,
et une mention en est faite sur le certificat, lequel est retourné au greffe de la
juridiction intéressée. Ce greffe adresse alors à la partie la convocation sous pli
postal recommandé avec avis de réception.
Si la partie ou la personne ayant qualité a refusé de recevoir la convocation,
mention en est faite sur le certificat. La convocation est considérée comme
valablement notifiée le dixième jour qui suit le refus opposé par la partie ou la
personne ayant qualité pour recevoir pour elle la convocation.

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Le juge peut, d'ailleurs, suivant les circonstances, proroger les délais ci-dessus
prévus et ordonner une nouvelle convocation.

b- Les délais de procédure :

Les délais de procédure représentent le temps accordé aux parties d’un procès
pour accomplir un acte de procédure.
Il y a plusieurs catégories de délais: les délais de comparution, les délais
d’instruction, les délais de recours, les délais de présentation de certaines
demandes, etc.

c- Les sanctions du défaut de respect des actes et délais de procédure :

Les sanctions prévues en cas de défaut de respect des actes et délais de


procédure sont la déchéance et le cas échéant la nullité.
La déchéance: si un acte de procédure n’a pas été accompli dans les délais fixés
par la loi, on ne peut plus le faire valablement: il y a déchéance.
La déchéance se définit comme étant la perte du droit d’agir ou du bénéfice d’un
acte qui frappe celui qui ne réagit pas dans le délai requis par la loi.
Ainsi, l’article 511 du CPC prévoit que tous les délais fixés pour l'exercice d'un
droit par les dispositions du présent code, sont impartis à peine de déchéance.
La nullité: c’est la sanction encourue par un acte juridique, un contrat, un acte
de procédure, un jugement entaché d’un vice de forme.
Aucun acte ne peut être déclaré nul si sa nullité n’est pas expressément prévue
par la loi, sauf en cas d’inobservation d’une formalité substantielle ou d’ordre
public.

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B- Le déroulement du procès civil devant le tribunal de première instance

a-L’introduction de la demande:

Le tribunal de première instance est saisi, soit par requête écrite et signée du
demandeur ou de son mandataire, soit par la déclaration du demandeur
comparant en personne dont procès-verbal est dressé par l'un des agents
assermentés du greffe. Cette déclaration est signée par le demandeur ou
mention est faite qu'il ne peut pas signer.
Toutefois, suite à la réintroduction de la forme collégiale et à la généralisation
de la procédure écrite en première instance, c’est évidemment la première
forme qui prévaut.
Si la demande est formulée par requête écrite contre plusieurs défendeurs, le
demandeur devra déposer autant d'exemplaires qu'il y a de défendeurs en
cause. (art 32 du CPC)

b-La saisine du juge ou du tribunal:

L’introduction de la demande ne suffit pas à elle seule pour déclencher la


machine judiciaire, le demandeur est tenu de s’acquitter du montant de la taxe
judiciaire à la caisse du tribunal, à moins qu’il ne bénéficie de l’assistance
judiciaire.

c-Enregistrement de la requête:
requête:
Les affaires sont inscrites sur un registre à ce destiné, par ordre de réception et
de date avec indication du nom des parties, ainsi que la date des convocations.
Elles doivent porter un numéro d’identification.

d-Désignation du juge par le président du tribunal:


Immédiatement après l'enregistrement de la requête, le président du tribunal
désigne selon le cas, un juge rapporteur ou un juge qui sera chargé de l'affaire.

e- La convocation à l’audience:
Le juge convoque le demandeur et le défendeur à l’audience du tribunal.
Il le fait au moyen d’une convocation écrite qui mentionne les noms, prénoms,
professions, domicile ou résidence de l’intéressé.
D’autres indications y sont portées, notamment l’objet de la demande, la

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juridiction qui doit statuer, le jour et l’heure de la comparution.

f- La notification de la convocation:
convocation:
La convocation doit être remise sous pli fermé ne portant que les nom, prénom
usuel et demeure de la partie, la date de notification, suivie de la signature de
l’agent et le sceau du tribunal.
A la convocation est annexé un certificat indiquant à qui elle a été remise et à
quelle date; ce certificat est signé soit de la partie, soit de la personne à qui
remise a été faite à son domicile.

g-Délai de comparution:
Il doit y avoir entre la notification de la convocation et le jour fixé pour la
comparution, un délai de cinq jours si la partie est domiciliée ou a sa résidence
dans le lieu où siège le tribunal de première instance ou dans une localité
limitrophe, et de quinze jours si elle se trouve dans tout autre endroit sur le
territoire du Royaume, à peine de nullité du jugement qui serait rendu par
défaut.
Des délais plus longs sont prévus par l’art 41 du CPC pour les parties n’ayant pas
de domicile ou de résidence dans le ressort des juridictions du Royaume.

h-L’examen de l’affaire:
l’affaire:
L’examen de l’affaire est fait par la suite soit par le juge chargé de l’affaire soit
par le juge rapporteur selon que tribunal de première instance siège
collégialement ou à juge unique et ce en fonction de la nature de l’affaire.
Le juge contrôle les différentes phases de la procédure et veille au respect des
règles et délais impartis aux parties. Il doit également veiller à la garantie des
droits de la défense des parties et des intervenants au procès notamment lors
de la mise en œuvre des mesures d’instruction destinées essentiellement à
l’administration de la preuve.
Pour ce faire, il invite les parties à produire leurs conclusions et leurs documents
justificatifs dans un délai qu’il leur fixe.
En principe, ce sont les avocats qui échangent leurs conclusions jusqu’à ce que le
magistrat estime que l’affaire est en état d’être jugée après qu’ils aient épuisé
leurs moyens de défense.
Il y a lieu de préciser que si la constitution d’un avocat n’est pas obligatoire en
matière orale, elle l’est en matière écrite, sauf cas de dispense.
Le défendeur doit également constituer un avocat. S’il ne le fait pas ou si

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l’avocat constitué ne dépose pas de conclusions écrites en son nom, il sera jugé
par défaut même s’il comparait personnellement à l’audience ou dépose
simplement un mémoire en défense.
Enfin, dans toutes les affaires qui ont fait l'objet d'une instruction, lorsque
l’affaire est en état d’être jugée, le juge rapporteur rédige un rapport écrit
relatant les incidences de procédure et l’accomplissement des formalités
légales, analysant les faits et les moyens des parties et reproduisant ou
résumant s’il y a lieu les conclusions des dites parties. Il énonce en outre les
éléments à trancher sans donner son avis.

i- Les mesures d’instruction:

Les mesures d’instruction s’identifient comme étant la mise en œuvre judiciaire


de divers moyens de preuve, telle la comparution personnelle à l’audience.
Ainsi, le juge peut, soit sur la demande des parties ou de l'une d'elles, soit
d'office, ordonner avant dire droit au fond, une expertise, une visite des lieux,
une enquête, une vérification d'écriture ou toute autre mesure d'instruction. Le
ministère public peut assister à toutes les mesures d'instruction ordonnées par
le tribunal.

i-1- L’expertise:
Quand le juge ordonne une expertise, il nomme soit d'office, soit sur les
propositions faites d‘un commun accord des parties un expert. Le juge
détermine les points sur lesquels portera l'expertise dans la forme de questions
techniques à l'exclusion de tous points de droit (évaluation d’un dommage,
estimation d’un bien meuble ou immeuble, estimation de la valeur réelle d’une
société, etc.).
L'expert doit présenter une réponse claire et déterminée sur toute question
technique et il lui est interdit de répondre à une question qui ne rentre pas dans
sa compétence technique et qui a rapport avec le droit.
Le rapport peut être écrit 
écrit ; dans ce cas, l'expert sera tenu de le déposer dans le
délai fixé par le juge. Il peut être oral, le juge fixera dans ce cas la date de
l'audience à laquelle, les parties dûment convoquées, l'expert fera son rapport. Il
sera consigné dans un procès-verbal indépendant.
Le juge n'est pas obligé de suivre l'avis de l'expert désigné et a la faculté de

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désigner tout autre expert aux fins d'éclaircir les aspects techniques du litige.

i-2- La visite des lieux


La visite des lieux consiste en un déplacement du juge et du greffier pour se
rendre compte de la situation sur place et y entendre les parties préalablement
convoquées.
La visite des lieux est ordonnée, soit d'office, soit sur la demande des parties, par
un jugement avant dire droit qui fixe les jour et heure auxquels il y sera procédé
en présence des parties ou dûment convoquées. Enfin, il est dressé procès-
verbal de la visite des lieux qui doit être signé.

i-3-L’enquête:
i-3-L’enquête:
L’enquête peut être ordonnée sur les faits de nature à être constatés par les
témoins et dont la vérification paraît admissible et utile à l'instruction de l'affaire
(art 71 du CPC).
Le jugement qui ordonne l'enquête indique les faits sur lesquels elle doit porter,
le jour et l'heure de l'audience où il doit y être procédé. Il contient invitation aux
parties d'avoir à se présenter et à présenter leurs témoins aux jour et heure
fixés.
Chaque témoin fait, à peine de nullité, le serment de dire la vérité.
Dans tous les cas, le greffier dresse procès-verbal de l'audition des témoins qui
doit être signé et annexé à la minute du jugement.

i-4-Comparution personnelle des parties:


parties:
Dans le cadre de l’instruction d’une affaire civile, il peut paraître utile au tribunal
ou au juge chargé du dossier d’ordonner la comparution personnelle de l’une au
l’autre partie pour répondre directement et oralement aux questions qu’il
souhaite leur poser pour éclaircir certains points ou apporter des précisions
jugées nécessaires à la manifestation de la vérité.

i-5-Le serment des parties:


parties:

C’est l’affirmation faite en justice, sous forme solennelle par une partie. Il
s’exprime par la formulation traditionnelle: « Je jure devant Dieu ».
Le CPC distingue deux sortes de serments:

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Le serment décisoire: lorsque pour mettre fin définitivement à un litige, une


partie défère le serment à son adversaire pour lui permettre de faire la preuve
de ses prétentions, ou que ce dernier lui réfère ce serment, ledit serment est
prêté à l'audience par la partie en personne, en présence de l'autre partie ou
elle dûment appelée. (art 85 du CPC)
Le serment supplétoire: dans le cas où le tribunal, en présence d'une
réclamation d'une partie, estime que la preuve de ses prétentions n'est pas
entièrement rapportée, il peut déférer d'office le serment à cette partie par un
jugement qui énonce les faits sur lesquels le serment sera reçu. (art 87)
Ce serment déféré d’office par le juge à une partie est un complément de preuve
mais ne lie pas le juge.
Dans tous les cas, le greffier dresse PV de l’accomplissement du serment.

I-6- La vérification d’écriture:

Dans le cas où l'écriture et la signature sont contestées, il y a lieu de recourir à la


vérification d'écriture. La contestation suppose que celui auquel l'acte est
opposé, dénie sa propre signature, ou affirme ne pas reconnaître celle de son
auteur.
Il faut signaler que la procédure de vérification d'écriture n'est admissible que si
les écrits sont des actes sous seing privé.
S'il est prouvé par la vérification d'écritures que la pièce est écrite ou signée par
celui qui l'a déniée, il est passible d'une amende civile de 100 à 300 dirhams,
sans préjudice des dommages-intérêts et des dépens.

I-7-L’incident de faux:

Lorsqu'au cours d'un procès, une pièce produite est incidemment arguée de faux
par une des parties, le juge peut passer outre s'il reconnaît que la décision ne
dépend pas de cette pièce.
En cas contraire, et si la partie sommée déclare qu'elle entend faire usage de la
pièce, le juge sursoit à statuer au jugement de la demande principale. Il ordonne
le dépôt de la pièce en original au greffe dans le délai de huitaine. Si le dépôt est
effectué, le juge procède à l'instruction de la demande incidente d'inscription en
faux.
faux.
Le juge statue ensuite sur l'existence du faux.

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Le demandeur qui succombe est passible d'une amende de 500 à 1500 dirhams,
sans préjudice des dommages-intérêts et des poursuites pénales.
Si l'existence d'un faux est établie et s'il existe des éléments permettant d'en
identifier l'auteur, les pièces sont transmises au ministère public par application
du code de procédure pénale.
Si indépendamment de la demande d'inscription en faux, la juridiction
répressive est saisie par voie principale, il est sursis à statuer au civil jusqu'après
la décision du juge pénal.

i-8-L’audience:

Les juges du TPI peuvent siéger tous les jours, sauf les dimanches et jours fériés.
Au jour fixé par la convocation, les parties comparaissent en personne ou par
leur mandataire.
Les audiences sont publiques à moins que la loi n'en décide autrement.
Le président de l’audience peut ordonner que les débats aient lieu à huis clos si
l'ordre public ou les bonnes mœurs l'exigent.

j-Les frais de justice:

En dehors des juridictions de proximité et en matière sociale, tout justiciable


doit payer une taxe judiciaire dés qu’il engage une procédure judiciaire. Celle-ci
est considérée comme sa participation au fonctionnement de la justice. Il
s’expose en outre au paiement d’autres frais, dont les principaux sont:
j-1- Les droits de plaidoirie: Ces sont des droits perçus de tout requérant à
l’occasion de l’introduction d’une instance principale, civile, commerciale, ou
administrative. D’une valeur de 10 DH, ils servent à alimenter la caisse des
œuvres sociales des avocats.
j-2- Les droits fiscaux: droits de timbres et d’enregistrement perçus sur les actes
de procédure et sur les actes produits en justice à l’occasion du procès.
j-3 Les frais d’enquête et d’instruction: Le juge invite soit la partie qui a demandé
l'une des mesures d'instruction prévue par le CPC, soit les parties si elles ont été
d'accord pour demander la mesure d'instruction ou si celle-ci a été ordonnée
d'office, à consigner au greffe du tribunal la somme dont il fixe le montant, à
titre d'avance pour le paiement des frais nécessités par la mesure prescrite, à
moins que les parties ou l'une d'elles n'aient obtenu le bénéfice de l'assistance
judiciaire.

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j-4-La taxe judiciaire:


Elle est préalablement versée à la caisse du tribunal au profit du trésor, chaque
fois qu’un justiciable souhaite introduire une instance devant une juridiction ou
faire procéder à un acte nécessitant l’intervention des services judiciaires.
Si la demande en justice est d’un montant déterminé, la taxe est perçue sur la
base d’un pourcentage dudit montant. Si la demande est d’un montant
indéterminé en raison de sa nature (obligation ou défense de faire ou de
remettre une chose, etc.), la taxe perçue est forfaitaire.
S’il s’agit d’une demande d’une valeur indéterminée mais déterminable:
la taxe sera liquidée au tarif normal si le montant de la demande devient ou
peut être déterminé par les documents versés au dossier ou par les dispositions
de la décision rendue, sous réserve de la déduction de la taxe.
Il y a lieu de signaler que certaines procédures sont soumises à des taxes fixes,
comme le pourvoi devant la cour de cassation, les ordonnances sur requête et
les référés.

k-Les dépens:
Les dépens sont les frais que l’une des parties peut mettre à la charge de l’autre.
Ils ne comprennent que les frais essentiels comme les droits fiscaux sur les actes
de procédure, les droits de plaidoirie, les frais d’enquête, d’expertise et de
transport des juges et du greffier.
Ne sont pas compris dans les dépens par exemple: les honoraires d’avocats.
Qui prend en charge les dépens?
En principe, c’est la partie perdante qui est condamnée aux dépens. Toutefois,
les dépens peuvent, en raison des circonstances de l'affaire, être compensés en
tout ou en partie, c’est à dire que le juge peut en répartir la charge diversement
entre les parties.
Le montant des dépens liquidés est mentionné dans le jugement qui statue sur
le litige, à moins qu'il n'ait pu être procédé à la liquidation avant que le
jugement ait été rendu. Dans ce dernier cas, la liquidation des dépens est faite
par ordonnance du juge qui demeure annexée aux pièces de la procédure.

C- Les incidents de procédure:

Un procès peut connaitre des incidents susceptibles d’exercer une influence sur
le cours de l’instance civile (ex: exception de litispendance, de connexité, les
procédures relatives aux mesures d’instruction, l’intervention forcée, etc.)

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De même, l’instance peut être arrêtée momentanément par des causes de


suspension ou d’interruption, ou s’éteindre sans qu’il y ait eu jugement.

a- Les causes de suspension de l’instance:

Les causes de suspension sont des événements qui arrêtent le cours de


l’instance momentanément. L’instance continue ensuite quand la cause aura
disparu.
Lorsque les causes de suspension sont liées aux parties, ou requises par elles,
c’est le juge qui statue sur leur recevabilité. La suspension de l’instance découle
d’une décision du tribunal, qui n’est pas dessaisi. Parmi ces événements, on peut
citer l’exception dilatoire, le sursis à statuer suite à une poursuite pénale.
b- Les causes d’interruption de l’instance:
l’instance:

Le déroulement de l’instance peut aussi être interrompu par le décès de l’une


des parties ou par la modification dans leur état de capacité, sauf si l’affaire est
en état d’être jugée.
Quand une affaire n'est pas en état d'être jugée, le juge invite dès que le décès
ou la modification dans la capacité de l'une des parties est porté à sa
connaissance, ceux qui ont qualité pour reprendre l'instance, à effectuer cette
reprise.

c- Les causes d’extinction de l’instance:

L’instance se termine normalement par le jugement. Mais, les parties peuvent


mettre fin à l’instance par le désistement (art 119 du CPC) ou par
l’acquiescement.

c-1- Le désistement : il peut être fait par acte écrit ou déclaration consignée au
procès-verbal, mentionnant que la partie renonce à l'instance qu'elle a engagée
en principal ou incidemment.
Le désistement d'instance n'entraîne pas la renonciation de la partie au fond du
droit. Celui qui a renoncé à l’instance qu’il a engagée pour des raisons
d’opportunité peut recommencer cette instance sans que son adversaire ne
puisse lui opposer le fait qu’il a renoncé à l’instance.
Le désistement de l’action qui consiste pour la partie à renoncer à l'action

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portée par elle devant le juge sur le fond du droit implique par contre
l'extinction du droit d'agir relativement à la prétention dont le juge était saisi, ce
qui veut dire que la partie a définitivement renoncé à sa prétention.
Le juge donne acte aux parties de leur accord concernant le désistement. Cette
mesure ne peut être frappée d'aucun recours.

c-2-L’acquiescement:
c-2-L’acquiescement: il s’agit du fait de la part du défendeur de se soumettre aux
prétentions de l’autre.
L’acquiescement peut concerner soit la demande (le défendeur se soumet à
toutes les prétentions du demandeur), soit le jugement (renonciation des voies
de recours).

c-3- La radiation de l’instance suite au défaut de comparution du demandeur :


Si le demandeur ou son mandataire, régulièrement convoqué, ne comparaît pas
à la date fixée, le tribunal peut, en l'absence d'éléments lui permettant de
statuer sur la demande, décider la radiation de l'affaire du rôle de l'audience.
Si au cours des deux mois suivant la décision de radiation du rôle, le demandeur
ne sollicite pas la poursuite de l'examen de l'affaire, le tribunal ordonne la
radiation de l'instance en l'état.
Si le tribunal dispose des éléments nécessaires pour statuer sur les prétentions
du demandeur, il se prononce compte tenu desdits éléments, par jugement
réputé contradictoire à l'égard du demandeur ou de son mandataire absent.

3- La fin du procès civil 


civil : le jugement

Le jugement au sens large désigne toute décision émanant d’une juridiction.


Au sens étroit, on emploie le mot jugement pour désigner les décisions rendues
par les tribunaux de droit commun et spécialisés. On réserve le mot arrêt aux
décisions des cours d’appel et de la cour de cassation et le mot ordonnance est
généralement employé pour désigner les décisions du président de la juridiction.
Le CPC prévoit les règles générales relatives au jugement (art 50 à 54).
Les jugements sont rendus en audience publique et exécutés au nom du Roi et
en vertu de la loi.

1-Les différentes sortes du jugement:

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a- Les jugements contradictoires et les jugements par défaut:


défaut:
Les jugements contradictoires sont ceux rendus lorsque le ou les défendeurs
sont présents ou représentés.
Ils sont réputés contradictoires lorsque le jugement est susceptible de recours et
lorsque le défendeur a été touché à personne et n’a pas comparu. Ils ne sont pas
ainsi susceptibles d’opposition.
Le jugement est par défaut lorsque la décision est en dernier ressort et que le
défendeur convoqué régulièrement n’a pas été touché à personne ou lorsque le
délai entre la notification de la convocation et le jour fixé pour la comparution
prévu par le CPC n’a pas été respecté.

b- Les jugements en premier ressort et les jugements en dernier ressort:


Le jugement est rendu en  en "premier ressort" lorsqu’il peut faire l'objet
d'une 
d'une contestation, comme par la voie de l'appel.
Par exception, les jugements qui ne sont  sont pas susceptibles d'être
contestés 
contestés devant une cour d'appel sont dit rendus en  en "premier et dernier
ressort". 
ressort". 

c- Les jugements avant dire droit et les jugements définitifs:


Les jugements définitifs ce sont ceux qui statuent sur le fond du procès; ils
mettent fin à la contestation.
Les jugements avant dire droit: ce sont ceux qui ne statuent pas sur le fond du
procès. Les uns ordonnent une mesure provisoire dans l'intérêt d'une partie : ce
sont les jugements provisoires. Les autres ordonnent une mesure d'instruction.

d-Les jugements ordinaires et les jugements d’expédient:


Jugements d'expédient : Il y a jugement d'expédient lorsque les parties se sont
mises d'accord sur un point qu'elles soumettent au juge pour qu'il le reconnaisse
dans un jugement. En raison de l'entente préalable des parties à cet effet, on
l'appelle aussi jugement convenu.
e-Les jugements interprétatifs: il s’agit d’un jugement qui tend à expliquer un
jugement antérieur qui n’est pas clair.
f-Les jugements tendant à réparer les erreurs matérielles  : il s’agit de jugements
qui tendent à rectifier une erreur matérielle produite par le juge au niveau du
jugement, telle une erreur de calcul, ou une erreur de chiffres ou encore celle
portant sur le nom de l’une des parties.

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2- Les effets du jugement:

Le jugement produit en général trois effets:


-il dessaisit le juge
-il crée ou renforce le droit et
-il produit l'autorité de la chose jugée

A- Le dessaisissement: Principe et dérogations


Le premier effet du jugement est de dessaisir le juge, en cas d’appel. Une fois la
décision rendue, le juge ne peut plus revenir pour la modifier ou y ajouter
quelque chose.
Certaines limites sont néanmoins prévues au dessaisissement :
-Les jugements avant dire droit ne dessaisissent pas le juge.
- Le juge peut interpréter son jugement, du moins s'il n'est pas frappé d'appel.
-Il peut, sur requête, réparer les erreurs matérielles ou omissions.
omissions.
-Le juge qui a omis de statuer sur un chef de demande peut également
compléter son jugement.
-Dans certains cas, le juge peut rétracter son jugement : en cas d'opposition, en
cas de tierce opposition ou en cas de recours en rétractation.

B-Création ou renforcement du droit:

Le juge crée le droit quand il s'agit d'un jugement constitutif.


Il le renforce dans les autres cas à plusieurs points de vue (exemple il procure au
demandeur qui n'avait peut être qu'un titre sous seing privé un titre
authentique).

C-L’autorité de la chose jugée:

Dès qu'un jugement est rendu, il emporte autorité de chose jugée qu'il ne faut
pas confondre avec la force de chose jugée en ce sens qu’un jugement acquiert
la force de la chose jugée lorsqu’il n’est susceptible d’aucun recours suspensif
d’exécution ou lorsque les délais ont expiré.
L'autorité de la chose jugée consiste dans l'impossibilité où l'on se trouve de
remettre en question le point sur lequel le tribunal a statué.

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III-Exécution des jugements:

Conditions de l'exécution - Les décisions de justice sont susceptibles d'être


exécutées pendant trente années à partir du jour où elles ont été rendues ; ce
délai expiré, elles sont périmées.
Pour que le jugement puisse être exécuté il faut que l'adversaire ne l'ignore pas.
Il s’agit d’une condition préliminaire indispensable : la notification.

1- Notification du jugement.
Les jugements sont notifiés aux parties elles-mêmes, en l'occurrence à la partie
concernée par l’exécution.
La notification (ou signification) du jugement est nécessairement accompagnée
d'une expédition dûment certifiée conforme de la décision à exécuter.
Elle est faite à l’audience lorsqu’elle est prévue par la loi. Elle est transmise et
remise comme pour les convocations d'audience (par le greffe, par l'huissier de
justice ou par voie postale) dans les autres cas. Elle est faite à curateur au cas où
l'adresse de la partie condamnée est demeurée inconnue (dans ce cas, une
publicité est exigée).

2-La juridiction compétente pour effectuer l’exécution :

L'exécution est assurée par le greffe du tribunal qui a rendu le jugement ou, le
cas échéant, le greffe peut donner délégation au greffe de la circonscription
judiciaire dans laquelle l'exécution doit être poursuivie.
La cour d’appel peut charger de l’exécution de ses arrêts un tribunal de
première instance.

3-La procédure d'exécution:

Tout bénéficiaire d'une décision de justice qui veut en poursuivre l'exécution a le


droit d'en obtenir une expédition en forme exécutoire et autant d'expéditions
simples qu'il y a de condamnés.
L'expédition en forme exécutoire délivrée porte le cachet et la signature du
secrétaire-greffier de la juridiction qui a rendu la décision ainsi que la mention
suivante : "Délivré pour copie conforme à l'original et pour exécution".
Selon l'article 440 du CPC, l'agent ou l'huissier de justice chargé de l’exécution
notifie à la partie condamnée la décision qu'il est chargé d'exécuter.
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Il la met en demeure de se libérer sur le champ ou de faire connaître ses


intentions et ce dans un délai n'excédant pas dix jours à compter de la date de la
présentation de la demande de l’exécution.
Ce même texte législatif a également prévu qu'un «juge chargé du suivi des
formalités d'exécution» est désigné par le président du tribunal de première
instance sur proposition de l'assemblée générale.
Ainsi, au cas où le débiteur sollicite un délai, l'agent chargé de l'exécution rend
compte au président qui l'autorise, par ordonnance, à saisir à titre conservatoire
les biens du débiteur si cette mesure paraît nécessaire pour sauvegarder les
droits du bénéficiaire de la décision.
Au cas où le débiteur refuse de se libérer ou se déclare incapable de le faire,
l'agent d'exécution utilise l'une des voies d'exécution prévues par le code de
procédure civile.
En tout cas, le jugement ayant force de la chose jugée est celui qui n'est
susceptible d'aucun recours suspensif d'exécution ou pour lequel les délais de
recours ont expiré. Mais ces règles comportent des exceptions :

4-Les cas particuliers d’exécution :

Dans certains cas, l'exécution d'un jugement peut être accélérée (exécution
provisoire ; dans d'autres cas, elle peut être retardée et enfin il existe même une
procédure d’exécution de jugements rendus à l'étranger.

a- L’exécution provisoire: Exécution nonobstant recours ordinaires :


L'exécution provisoire est un bénéfice accordé au gagnant et grâce auquel il
pourra exécuter un jugement en premier ressort malgré le délai d'appel ou
l'appel interjeté, malgré le délai d'opposition ou l'opposition qui normalement
suspendent l'exécution. Le jugement est dit exécutoire par provision.
On distingue l'exécution provisoire légale et l'exécution provisoire judiciaire
- L’exécution provisoire légale - L'exécution provisoire est légale lorsqu'elle est
prescrite d'office par la loi, sans que le juge ait à la prononcer (par exemple
ordonnance de référé).
- L’exécution provisoire judiciaire - L'exécution provisoire est judiciaire si elle
n’existe que lorsque le juge la prononce. Elle peut être ordonnée, à la demande
des parties ou d’office, chaque fois que le juge l'estime nécessaire et compatible
avec la nature de l’affaire, à condition qu'elle ne soit pas interdite par la loi.
La partie condamnée peut éviter que l'exécution provisoire soit poursuivie en
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consignant, sur autorisation du juge, les espèces ou les valeurs suffisantes pour
garantir le montant de condamnation.
Conséquences de l'exécution provisoire - Les actes d'exécution restent valables
si l’appel intervenu est rejeté. Par contre, s'il est admis, le jugement se trouvant
infirmé, il faudra remettre les choses en état : les actes d'exécution doivent être
annulés.

b-La défense à exécution provisoire - Lorsque l'exécution provisoire a été


ordonnée, elle ne peut être arrêtée en cas d'appel que par le premier président
de la cour d'appel ou par cette juridiction statuant en chambre du conseil au
moyen d'une défense à exécution. (article 149 et 147 du CPC)

c-Cas
c-Cas où l’exécution d’un jugement peut être retardée:
L'exécution d'un jugement est retardée en cas d’accord de délais de grâce
(article 440, alinéa 2. CPC).
Dans le cas où il est sursis à exécution, les délais fixés pour les procédures
d'exécution sont suspendus jusqu'à l'expiration du délai accordé par le juge.

d-Reconnaissance
d-Reconnaissance et exéquatur des jugements étrangers:
Les décisions de justice rendues par les juridictions étrangères ne sont
exécutoires au Maroc qu'après avoir été revêtues de l’exéquatur par le tribunal
de première instance du domicile ou de la résidence du défendeur ou à défaut,
du lieu où l'exécution doit être effectuée.
Le tribunal saisi doit s'assurer de la régularité de l'acte et de la compétence de la
juridiction étrangère de laquelle il émane. Il vérifie également si aucune
stipulation de cette décision ne porte atteinte à l'ordre public marocain.
Le jugement d'exéquatur est rendu en audience publique.

5-Les voies d’exécution de jugements :

La loi prévoit des procédures particulières permettant d'aboutir à l'exécution


forcée. Il s'agit des voies d'exécution qui sont destinées à obtenir l'exécution des
jugements et parfois des obligations mais sans qu'un acte juridictionnel
préalable soit nécessaire.

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Le législateur distingue, par ailleurs, divers modes d'exécution 


d'exécution :

A-L‘exécution directe et l’exécution par équivalent:

a-Exécution directe - L‘exécution est directe lorsque la prestation même


constitue l'objet de l'obligation qui doit être fournie à celui qui poursuit
l’exécution.
Les tribunaux peuvent l'assurer dans certains cas, soit grâce à l'emploi de la
force publique (par exemple expulsion d'un locataire), soit par un moyen de
contrainte: les astreintes.
b- Exécution par équivalent ou d'une somme d'argent - le plus souvent,
l'exécution forcée porte sur une somme d'argent, soit que l'obligation ait pour
objet une somme d'argent, soit qu'il y ait transformation de l'obligation
inexécutée en somme d'argent par l'allocation de dommages-intérêts. (Art 448
du CPC)

B-L‘exécution sur la personne et l’exécution sur les biens:

a- L'exécution sur la personne : La contrainte par corps


La contrainte par corps est régie par le dahir du 20 février 1961 tel qu’il a été
modifié. Elle se réalise par l'incarcération du débiteur qui refuse de s'acquitter
de son obligation résultant d’un jugement ou arrêt le condamnant au paiement
d’une somme d’argent et ce après envoi d’un avertissement préalable par la
partie requérante demeuré infructueux dans un délai d’un mois.
L’objectif de la contrainte par corps est de forcer le débiteur à payer en le
privant temporairement de sa liberté. Elle est destinée principalement, à faire
échec aux manœuvres de débiteurs de mauvaise foi qui ont organisé leur
insolvabilité. La durée de l'emprisonnement est fixée par tranche variant entre
un minimum de 6 jours et un maximum de 15 mois.
Elle est réclamée par la partie poursuivante.

b- L’exécution sur les biens du débiteur : Les saisies


L'exécution forcée se réalise aussi par des saisies qui mettent sous mains de
justice les biens du débiteur et qui aboutissent, le plus souvent, directement ou
indirectement, à la vente des biens saisis, si le poursuivi n’exécute pas le
jugement dans les délais accordés.
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IV-Les voies de recours

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