Master spécialisé juriste d’affaires

(M2)

Module : Droit des suretés

Les privilèges

Réalisé par : Encadré par :

CHELLAOUI Mohamed Amine Prof. RBII JAMAL

EL GARNI Houssam

Année universitaire : 2022/2023

1
 Sommaire

Chapitre 1 : La notion du privilège

Section 1 : Définition et caractères du privilège

Paragraphe 1 : Définition du privilège

Paragraphe 2 : Les caractères du privilège

Section 2 : Les types des privilèges

Paragraphe 1 : Les privilèges mobiliers

Paragraphe 2 : Les privilèges immobiliers

Chapitre 2 : Les effets du privilège

Section 1 : Le concours des privilèges

Paragraphe 1 : Le rang des privilèges entre eux

Paragraphe 2 : L’ordre des privilèges par rapport aux autres sûretés

Section 2 : L’extinction du privilège

Paragraphe 1 : L’extinction par voie principale

Paragraphe 2 : L’extinction par voie accessoire

2
 Introduction :

Le droit des sûretés est le droit de la méfiance, ou plutôt peut être celui de la
prudence. Le créancier ne tente-il pas de se prémunir contre le risque de l’inexécution
d’une obligation d’une obligation à terme en exigeant une sûreté de son débiteur ?
Augmentant ses chances de paiement au jour de l’échéance, les sûretés apparaissent
aujourd’hui comme un élément fondamental dans la négociation d’une opération de
crédit. S'intéressant à la protection de tout créancier, les sûretés se présentent donc
comme l'outil majeur favorisant l'exécution des obligations par le débiteur malgré son
éventuelle insolvabilité.

Le droit des sûretés peut être défini comme étant le droit de la méfiance, ou
encore celui de la prudence. En augmentant les chances de paiement du créancier au
jour de l’échéance, les suretés constituent de nos jours l'outil majeur favorisant
l'exécution des obligations par le débiteur malgré son éventuelle insolvabilité. 1

Appelés aussi les droits réels accessoires, les sûretés réelles prennent le
caractère réel parce qu’il s’agit d’une prérogative accordée au créancier sur un bien,
alors qu’elles prennent le caractère accessoire parce qu’elles garantissent un autre
droit personnel n’existant pas par lui-même.2 Les principaux droits réelles accessoires
sont l’hypothèque, l’antichrèse et le privilège. Ce dernier fera l’objet de notre étude.

Historiquement, les principales sûretés connues aujourd’hui ont été imaginées

et développées par des juristes romains, qu’il s’agisse aussi bien des sûretés
personnelles que des sûretés réelles. Ceci dit, le privilège n’est pas le fruit des
législations modernes, mais il était connu même dans les anciennes lois, donc il
revaudrait son existence au droit romain, ils étaient alors généraux, portant sur
l’ensemble des biens du débiteur, aujourd’hui les privilèges sont également spéciaux
et ne concernent que quelques biens spécifiques.3

En effet, le législateur marocain donne deux définitions au privilège. L’une cité

dans le dahir des obligations et des contrats. Quant à l’autre, elle est mentionnée dans
e code des droits réels. D’une part, législateur définit le privilège en tant qu’un droit de
préférence que la loi accorde sur les biens du débiteur à raison de la cause de la

1
PIEDELIEVRE Stéphane. Droit des sûretés. Ellipese 2ème édition. 2015. Page : 8
2
2013 . ‫ادريس الفاخوري الحقوق العينية دارنشرالمعرفة‬.. Page :185
3
KHARAAOUBA Othmane, les privilèges en droit civil marocain, Village de la Justice, septembre 2021

3
créance. D’autre part, l’article 142 du code des droits réels qui dispose qu’il s’agisse
d’un droit réel accessoire qui accorde à un créancier la priorité par rapport aux autres
créanciers même hypothécaires. De ces deux définitions, on déduit que le privilège
relève des sûretés réelles, au même titre que d'autres droits réels accessoires tels que
l'hypothèque et l’antichrèse, sauf que sa nature légale particulière et sa raison d’être,
l'a distingué de ces droits ayant des caractéristiques qui lui sont propres.

En outre, d’autres textes marocains spéciaux traitent les privilèges à savoir la

loi n° 15-97 formant code de recouvrement des créances publiques dans les articles
105 et suivant, la loi 15-95 formant code du commerce, et le dahir portant loi n° 1-72-
184 du 15 joumada II 1392 (27 juillet 1972)relatif au régime de sécurité sociale. On
trouve également le code de commerce maritime qui a consacré tout un chapitre aux
privilèges et hypothèques maritimes dans les articles 77 et suivant, ainsi que la loi n°
17-99 portant code des assurances à l’article 276, les privilèges constituent donc des
sûretés prévues par une multitude de textes et lois.

De ce qui précède, on constate que les privilèges occupent une place

importante par rapport aux autres sûretés du fait de son origine légale. Il convient donc
de les analyser de manière plus approfondie en répondant à la problématique
suivante :

Dans quelle mesure le législateur marocain a pu réglementer les privilèges

vu la panoplie des textes régissant ce type de sûreté ?

Afin de répondre à cette problématique, nous traiterons en premier lieu les

caractères et les types des privilèges pour étudier ses effets en deuxième lieu.

4
Chapitre 1 : La notion du privilège

Le privilège peut être défini comme étant le droit accordé à un créancier de

pouvoir être payé sur le prix de vente d’un bien de son débiteur en priorité par rapport
à tous les autres créanciers même si ces derniers sont garantis par une hypothèque.4

Lors de cette partie, nous traiterons la notion de privilège en s’intéressant

d’abord sur sa définition et ses caractéristiques (section 1) avant d’aborder ensuite la
typologie de ces privilèges (section 2).

Section 1 : Définition et caractères du privilège

Paragraphe 1 : Définition du privilège

En effet, Le privilège est un droit de préférence, une sureté légale sans

dépossession qui confère à un créancier en raison de la nature de sa créance un droit
d’être payé par préférence aux autres créanciers du même débiteur. Ils sont régis par
les articles : 142, 143 et 144 du Code des droits réels ainsi que les dispositions du
droit commun à partir de l’Article 1243 jusqu’à l’Article 1250 du D.O.C.

Selon l’article 1243 du DOC, le privilège est un droit de préférence que la loi
accorde sur les biens du débiteur à raison de la cause de la créance. De cette
définition, on peut conclure qu’elle porte uniquement sur les privilèges mobiliers, pour
cela, le législateur marocain consacre une autre définition aux privilèges. Il s’agit de
l’article 142 de la loi 39/08 qui définit le privilège comme étant un droit réel que la
qualité de la créance donne à un créancier d’être préféré aux autres créanciers même
hypothécaires, et cette définition se reporte aux privilèges immobiliers. 5

Par ailleurs, le privilège entre dans la catégorie des sûretés réelles n’entrainant
pas la dépossession du débiteur. Ce dernier conserve entre les mains du débiteur le
bien affecté à la garantie du créancier. Bien que les créanciers ordinaires puissent
saisir la chose sur laquelle porte le privilège, les créanciers privilégiés dispose d’un
droit de préférence sur le prix de la vente de la chose.

4
Article 142 de la loi 39.08 portant code des droits réels
5
KHARAAOUBA Othmane, les privilèges en droit civil marocain, Village de la Justice, septembre 2021

5
Paragraphe 2 : Les caractères du privilège

D’après les définitions susmentionnées, il en résulte que les privilèges sont

caractérisés par les aspects suivants :6

- Il confère au créancier une position préférentielle par rapport aux autres.

- Il se caractérise par le mécanisme de l'affectation d'un ou plusieurs biens à la garantie

d'une créance.

- La réalisation éventuelle du privilège est sensée apporter satisfaction au créancier.

-Il est une sûreté accessoire dans le sens où il est transmis avec la créance qu’il
garantit et il s’éteint si la créance s’éteint également.

- il est une sûreté légale car il est accordé à un créancier en raison de la qualité que
la loi lui accorde. Il n'est nul besoin de saisir un juge pour rédiger un écrit, la sûreté
naît automatiquement avec la créance. Une telle sûreté résulte donc de la volonté
expresse du législateur qui opère une discrimination parmi les créanciers.

En outre, l'efficacité d'un privilège est particulièrement redoutable puisqu'aucun

formalisme n'est nécessaire à sa constitution. En outre, en vertu de son origine légale,
il est opposable de plein droit aux tiers.

-Il est un droit indivisible dans le sens où chaque partie du bien qui est l’objet du
privilège garantit la totalité de la dette.

-Enfin, il est une sureté réelle au sens où elle confère au créancier un droit sur la valeur
d’un ou de plusieurs biens. Le créancier pourra donc bénéficier de la réalisation du
privilège pour être payé.

Le créancier bénéficie également d’un droit de préférence et d’un droit de suite.

Le droit de préférence donne l’avantage aux créanciers privilégiés d’être payé avant
toutes les créances même celles qui sont garanties par une hypothèque. Quant au
droit de suite, il consiste au droit du créancier privilégié sur le bien si ce dernier est
particulièrement limité en matière de privilèges car il s'agit d'une sûreté occulte
puisqu'elle n'a fait l'objet d'aucune publicité.

6
- ‫ ص‬.‫ الجزء الثاني‬.‫ التحفيظ العقاري والحقوق العينية واألصلية والتبعية‬:‫مامون الكزبري‬346: .

6
 Section 2 : Les types des privilèges

Vu la place l’importance de la relation créancier et débiteur notamment dans le

règlement de leurs créances, le législateur marocain a jugé opportun de mettre en
place un mécanisme qui saura à la fois simplifier la tâche dudit règlement de créance
tout en garantissant le recouvrement de ce dernier à une catégorie de personnes
(créanciers privilégiés) avant tous les autres créanciers.7 On parle ici du privilège qui
est un droit de nature préférentiel, une sûreté qui ne nécessite pas la dépossession et
qui confère en retour à un créancier de par la nature de sa créance, un droit d’être
payé par préférence aux autres créanciers du même débiteur. Autrement, la créance
privilégiée est préférée à toutes autres créances, même hypothécaires.8 Cela est
reconnu également par l’article 142 de la loi 39/08 qui définit le privilège comme un
droit réel que la qualité de la créance donne à un créancier d’être préféré aux autres
créanciers même hypothécaires.

En d’autres termes, la préférence d’un créancier et non de l’autre dépend de la

nature de la créance et non d’un critère se rapportant à la personne du créancier. Par
conséquent, en cas de conflit entre des créanciers privilégiés, la préférence sera
accordée en se basant sur la qualité des créances privilégiées.

Par ailleurs, il convient de mentionner qu’il existe deux types de privilèges à

savoir : les privilèges mobiliers et les privilèges immobiliers. Dans les privilèges
mobiliers spécialement il y a ceux qui sont généraux et ceux qui sont spéciaux.9

Paragraphe 1 : Les privilèges mobiliers

Comme précité dans le paragraphe précédent, le privilège mobilier peut être

général ou spécial.

Dans ce paragraphe, nous étudierons d’abord les privilèges mobiliers généraux

(A) pour passer après aux privilèges mobiliers spéciaux (B).

7
KHARAAOUBA Othmane, les privilèges en droit civil marocain, Village de la Justice, septembre 2021.
8
Article 1244 du dahir des obligations et des contrats.
9
CHARQI Mimoun, droit des suretés du crédit.

7
 A- Les privilèges mobiliers généraux :

En effet, un privilège est dit général, lorsqu’il porte sur l’ensemble des biens du
débiteur. C’est-à-dire, sur la généralité des meubles.10 Les créances privilégiés sont
au nombre de sept selon l’article 1248 du DOC. Tout d’abord, il y a ce qu’on appelle
les frais funéraires, c’est-à-dire les dépenses de lotion du cadavre de transport,
d'ensevelissement et de pompes funèbres), en rapport avec la situation de fortune du
débiteur défunt.11

En plus, on trouve les créances résultant des frais quelconques de la dernière

maladie, qu'ils aient été exposés à domicile ou dans un établissement public ou privé,
dans les six mois antérieurs au décès ou à l'ouverture de la contribution.12

Puis, il y a les créances résultant de la dot de l'épouse et du don de consolation,

évalué compte tenu du préjudice éventuel subi par l'épouse du fait d'une répudiation
qui n'est pas justifiée, ainsi que celles résultant de la pension alimentaire due à
l'épouse, aux enfants et aux parents. Ensuite, il y a les frais de justice, tels que les frais
de scellés d'inventaire, de ventes, et autres indispensables à la conservation et à la
réalisation du gage commun. Il y a également les salaires, les indemnités de congé
payé, les indemnités dues pour inobservation du délai-congé ou en raison soit de la
résiliation abusive du contrat de louage de services, soit de la rupture anticipée d'un
contrat à durée déterminée, dus par exemple aux gens de service ou aux ouvriers
directement employés par le débiteur.13

Enfin, il y a la créance d’une victime d’un accident du travail ainsi que les
allocations versées aux ouvriers et employés soit par la caisse d'aide sociale ou par
toute autre institution assurant le service des allocations familiales ainsi que les
créances de la caisse d'aide sociale et autres institutions assurant le service des
allocations familiales à l'égard de leurs affiliés, pour les cotisations ou contributions
que ceux-ci sont tenus de verser à ces organismes, et aussi pour les majorations dont
sont passibles ces cotisations et contributions.14

10
L’article 1248-1 du DOC.
11
L’article 1248 du DOC.
12
Idem.
13
Idem.
14
Idem.

8
 B- Les privilèges mobiliers spéciaux :

Un privilège mobilier est spécial lorsqu’il porte sur certains meubles du

débiteur15 dont les produits de récolte, les meubles conservés, les choses en la
possession de l’artisan, sur les choses voiturées en la faveur du transporteur, sur les
choses et effets du voyageur pour le compte de l’aubergiste, les indemnités de
l’assurance au profit du tiers lésé par l’accident.16

A cet égard l’article 1250 du DOC dispose :

Les créances privilégiées sur certains meubles sont celles ci-après exprimées :

1° Les sommes dues pour les semences, pour les travaux de culture, et pour ceux de
la récolte, sur le produit de la récolte ;

2° Les fermages et loyers des immeubles, et les redevances dues au crédirentier, en

cas de cession de jouissance, moyennant une rente, sur les fruits de la récolte de
l'année, sur les produits provenant du fonds qui se trouvent dans les lieux et bâtiments
loués, et sur ce qui sert à l'exploitation de la ferme comme à garnir les lieux loués. Ce
privilège n'a lieu que pour le fermage, le loyer ou la rente échus au jour de la
déconfiture ou de la faillite et les trente jours qui suivent. Il ne s'étend pas aux produits
et marchandises sortis des lieux loués, lorsqu'il y a droit acquis en faveur des tiers,
sauf le cas de distraction frauduleuse ;

3° Les frais faits pour la conservation de la chose, à savoir ceux sans lesquels la chose
eût péri, ou aurait cessé de servir à sa destination, sur les meubles conservés ;

4° Les salaires et remboursements dus à l'artisan pour sa main-d'œuvre et ses

avances, sur les choses qui lui ont été remises, tant qu'elles sont en sa possession ;

5° Les sommes dues au commissionnaire sur la valeur des marchandises à lui

expédiées, dans les conditions établies à l'article 919 ;

6° Les sommes dues au voiturier pour le prix de transport et pour ses déboursés, sur
les choses voiturées, tant qu'elles sont en sa possession ;

15
L’article 1250 du DOC
16
KHARAAOUBA Othmane, les privilèges en droit civil marocain, Village de la Justice, septembre 2021.

9
7° Les créances des aubergistes, logeurs, propriétaires de fondouks, hôteliers, pour
leurs fournitures et avances, sur les choses et effets du voyageur qui se trouvent
encore dans l'auberge, hôtel ou fondouk ;

8° (Ajouté, D. 20 novembre 1936 - 5 ramadan 1355) : Les créances nées d'un accident
au profit des tiers lésés par cet accident ou de leurs ayants droit sur l'indemnité dont
l'assureur de la responsabilité civile se reconnaît ou a été judiciairement reconnu
débiteur à raison de la convention d'assurance. Aucun paiement fait à l'assuré ne sera
obligatoire tant que les créanciers privilégiés n'auront pas été désintéressés.

(2 alinéas ajoutés, D. 18 décembre 1947 - 5 safar 1367.) : Les créances nées du

contrat de travail de l'auxiliaire salarié d'un travailleur à domicile répondant à la
définition de l'article 3 du dahir du 2 juillet 1947 (2 chaabane 1366) portant
réglementation du travail.

Les mesures prévues aux trois derniers alinéas du paragraphe 4° de l'article 1248 sont
applicables à la créance de l'auxiliaire salarié de ce travailleur à domicile.

Paragraphe 2 : Les privilèges immobiliers

Le législateur marocain dans le code des droits réels énonce les privilèges
immobiliers17 et les limite aux :

1° frais de justice pour la vente judiciaire de l’immeuble et la répartition de son prix ;

2° droits du Trésor tels que prévus par les lois les concernant. Cependant, le privilège
immobilier ne s’applique qu’en l’absence de biens meubles.

De cet article, on déduit que le législateur marocain a exclu les frais de justice
relatives à la réalisation de l’immeuble comme était prévu auparavant dans l’article 155
du dahir du 2 juin 2015.

En ce qui concerne les créances de la trésorerie générale, elles constituent les

créances publiques qui sont garanties par un privilège du Trésor, auxquelles il
demeure attaché tant que lesdites créances ne sont pas atteintes par la prescription.18

17
Article 144 du code des droits réels.
18
KHARAAOUBA Othmane, les privilèges en droit civil marocain, Village de la Justice, septembre 2021.

10
 A cet égard, les privilèges du Trésor servent de garantie au recouvrement du
principal des créances et de leurs accessoires tels que les pénalités, les amendes, les
majorations de retard et les frais de recouvrement.

En premier lieu, il y a les privilèges des impôts et taxes. Ils sont prévus par le
code de recouvrement des créances publiques.19 Le législateur marocain prévoit dans
le même code que pour le recouvrement des impôts et taxe, le Trésor jouit à compter
de la date de mise en recouvrement du rôle ou de l’état de produits, d’un privilège sur
les meubles et autres effets mobiliers appartenant au redevable en quelque lieu qu’ils
se trouvent, ainsi que sur le matériel et les marchandises existant dans l’établissement
imposé et affectés à son exploitation.20

En outre, le Trésor a le droit également d’exercer ce privilège sur les récoltes,

fruits, loyers et revenus de l’immeuble imposé. A noter que ce privilège demeure
attaché à la créance même en cas de transfert de propriété. On déduit donc que ce
privilège est assorti d’un véritable droit de suite qui permet au comptable
d’appréhender les récoltes, fruits, loyers et revenus en quelques mains que passe
l’immeuble imposé.21

En deuxième lieu, le Trésor possède également un privilège général sur les

meubles et autres effets mobiliers appartenant au redevable en quelque lieu qu’ils se
retrouvent pour le recouvrement des créances autres que celles prévues par l’article
105.22 Les créances garanties par ce privilège sont toutes les créances autres que les
impôts et taxes ainsi que leurs frais accessoires. Il s’agit notamment des produits
domaniaux, des recettes diverses perçues sur ordre de recettes, des droits
d’enregistrement et de timbres ainsi des amendes et condamnations pécuniaires.

De plus, il existe le privilège du trésor pour le recouvrement des droits et taxes

des douanes sur les meubles et autres effets mobiliers appartenant aux redevables et
à leurs cautions en quelques lieu qu’ils se trouvent. Il s’exerce soit à compter de la
date du titre exécutoire tel que l’ordre de recette ou du jugement soit depuis la date
d’échéance de la créance.23

19
Article 2 du code de recouvrement des créances publiques.
20
Article 105 du code de recouvrement des créances publiques.
21
Article 106 du code de recouvrement des créances publiques.
22
Article 109 du code de recouvrement des créances publiques.
23
Article 108 du code de recouvrement des créances publiques.

11
 En dernier lieu, il reste les créances des collectivités locales et de leurs
groupements. Ces types de créances bénéficient de deux privilèges, le premier
attaché aux impôts et taxes locaux et le second aux autres créances. Ce type de
privilège prend rend immédiatement après le privilège du trésor prévu à l’article 105. Il
porte également sur les mêmes objets et s’exerce dans les mêmes conditions.24

Chapitre 2 : Les effets du privilège

D’après les caractères du privilège, cette sureté confère au créancier un droit

de préférence et un droit de suite. Toutefois, dans ce chapitre on va s’intéresser à
certains effets spécifiques à ce type de suretés à savoir le concours des différents
privilèges que ça soit entre eux ou lorsqu’il existe une confrontation avec d’autres
suretés réelles, et ensuite mettre l’accent sur l’extinction du privilège dans deux
principales formes, voie principale et voie d’accessoire.

Section 1 : Le concours des privilèges

On va traiter le rang des privilèges entre eux à savoir leur ordre, ainsi que la
confrontation du privilège avec d’autres sûretés réelles qui viendront en concours.

Paragraphe 1 : Le rang des privilèges entre eux

L'utilité de savoir le rang des privilèges entre eux s’illustre dans les cas où des
créanciers privilégiés sur un bien meuble ou immobilier sont en concurrence, ainsi
chacun d’eux va vouloir être payer en priorité par rapport aux autres créanciers, d'ici
s’avère l'importance de préciser le rang des différents privilèges.

Sachant qu’il existe plusieurs textes législatifs qui encadrent les privilèges, d’où
une variété de la typologie de ces sûretés, parfois un seul et même débiteur peut fait
face à plusieurs créanciers privilégiés, et que dans ce cas le privilège ne suffit plus
pour payer les dettes dans leur ensemble, un concours entre les meubles et les
immeubles survient.

On sait bien que les privilèges mobiliers regroupent ceux généraux et ceux
spéciaux. Ce qui est des privilèges généraux, le législateur marocain a déterminé leur

24
Article 111 du code de recouvrement des créances publiques.

12
rang dans l’article 1248 du DOC, ainsi ne laissant aucune marge aux parties ou au
juge de pouvoir fixer le rang des dettes, arrivées à échéance en même temps, ces
dettes seront payées selon l’ordre cité dans l’article précité25.

Mais parfois il parait délicat d’appliquer les dispositions de l’article 1248 du DOC
concernant les rangs des privilèges mobiliers dès que la dette garantie par le privilège
prévu par ledit article constitue en elle-même un privilège spécial en vertu d’un autre
texte spécial26, c’est dans cette hypothèse qu’on se demande de qui de ces deux
privilèges va primer sur l’autre.

Pas de privilège sans texte légal, certes suite à la règle de droit qui édicte que
les lois spéciales dérogent aux lois générales, on peut raisonner que le privilège
résultant d’un texte spécial primera sur le privilège accordé par le texte général.

Prenant l’exemple des salaires, dans l’article 1248 du DOC on les trouve dans
le quatrième rang. Ce qui signifie qu’en cas de concours, le privilège du salaire sera
dépassé par d’autres privilèges. Toutefois cette question de privilèges garantissant le
paiement du salaire a été traité également par le code du travail27 qui dans son article
382 édicte que pour le paiement des salaires et indemnités dus par l'employeur et par
dérogation aux dispositions de l'article 1248 du DOC, les salariés bénéficient du
privilège de premier rang institué par ledit article sur la généralité des meubles de
l'employeur. Et est privilégiée dans les mêmes conditions et au même rang l'indemnité
légale de licenciement28.

Il existe d’autres dettes qu’on trouve dans des textes spéciaux, on retrouve
certains articles contenus dans la loi 15-97 relative au Code de recouvrement des
créances publiques, et qui concernent le privilège du trésor public29. En ce sens l'article
105 du code prévoit que « Pour le recouvrement des impôts et taxes, le Trésor jouit à

25
‫العبديوي شادية‬, ‫العينية الحقوق مدونة في اإلمتياز حقوق تزاحم‬, ‫األعمال و القانون مجلة في مقال‬, 28 ‫نوفمبر‬2018

26
‫ اعمال الندوة العلمية الوطنية التي نظمها مختبر الدراسات القانونية المدنية‬،‫ مدونة الحقوق العينية بين الواقع والمأمول‬،‫ادريس الفاخوري‬
2018 ‫ ماي‬5-4 ‫ يومي‬،‫ والعقارية‬261-262‫ص‬
27
Idem
28
Article 382 du code du travail marocain.
29
‫العبديوي شادية‬, ‫العينية الحقوق مدونة في اإلمتياز حقوق تزاحم‬, ‫األعمال و القانون مجلة في مقال‬, 28 ‫نوفمبر‬2018
13
compter de la date de mise en recouvrement du rôle ou de l'état de produits, d'un
privilège sur les meubles et autres effets mobiliers appartenant aux redevables en
quelque lieu qu'ils se trouvent, ainsi que sur le matériel et les marchandises existant
dans l'établissement imposé et affectés à son exploitation »30.

Ainsi l’article 106 dispose que « Pour le recouvrement des impôts et taxes
frappant les immeubles, le Trésor dispose en outre d'un privilège spécial qui s'exerce
sur les récoltes, fruits, loyers et revenus des immeubles imposés en quelques mains
qu'ils passent »31.

Cependant ces privilèges prévus aux deux articles 105 et 106 s'exercent avant
tous autres privilèges généraux ou spéciaux à l'exception :

1) des quatre premiers privilèges de l'article 1248 du DOC ;

2) du privilège accordé aux salariés par l'article 1248 paragraphe 4 du DOC ;

3) du privilège résultant au profit des ouvriers et fournisseurs de travaux publics de

l'article 490 du code de procédure civile ;

4) du privilège accordé au porteur de Warrant par l'article 349 du code de commerce ;

5) du privilège du créancier nanti en application de l'article 365 du code de

commerce32.

Ajoutons également que pour le recouvrement de leurs impôts et taxes, les

collectivités locales et leurs groupements ont un privilège général qui prend rang
immédiatement après le privilège du Trésor prévu à l'article 105 du code précité. Celui-
ci porte sur les mêmes objets et s'exerce dans les mêmes conditions33.

De plus, on trouve également les privilèges spéciaux sur les meubles qui sont
ceux attribués à certains meubles du débiteur. L’article 1250 du DOC énumère ces

30
Article 105 du code de recouvrement des créances publiques.
31
Article 106 du code de recouvrement des créances publiques.
32
Article 107 du code de recouvrement des créances publiques.
33
Article 111 du code de recouvrement des créances publiques.

14
privilèges, quant au rang, l’article 1249 prévoit que le créancier gagiste ou nanti d’un
meuble est préféré sur le produit de la chose donnée en gage ou en nantissement34.

Le législateur n’a prévu aucune disposition expresse en cas de concours entre

les privilèges mobiliers généraux et spéciaux, mais d’une manière générale, l’article
1245 du DOC a prévu qu’entre les créanciers privilégiés, la préférence se règle par les
différentes qualités des privilèges. Toutefois, la jurisprudence affirme que les privilèges
spéciaux priment sur les privilèges généraux, car le privilège général s’étend sur tous
les meubles du débiteur, tandis que le privilège spécial est limité à un meuble
déterminé. Si le titulaire du privilège général prime, le privilège spécial perdra tout son
droit, alors que si c’est ce dernier qui vient en priorité, le titulaire du privilège général
ne perdra son privilège que sur un meuble spécifique et non pas sur la totalité des
meubles35.

En ce qui concerne les privilèges sur les immeubles, ceux-ci sont exemptés de
l'inscription à la conservation foncière, ce qui veut dire que ces privilèges produisent
effet même à défaut de leur inscription sur le titre foncier36.

Certes, on se demande qu’en cas de conflits de rang entre les privilèges prévus
par l’article 144 du code des droits réels qui d’entre eux va primer. Le législateur n’a
pas procédé à un rang, mais en observant de près l’article, on peut déduire que les
frais de justice seront privilégiés aux droits du Trésor. Grace au raisonnement que
l’article a mentionné ces frais avant les droits du Trésor, et aussi en tenant compte le
fait que ces frais de justice sont dépensés dans l’intérêt de tous les créanciers dont le
Trésor peut être parmi eux, ainsi il sera judicieux qu’ils soient recouvrés avant toute
autre dette37.

Paragraphe 2 : L’ordre des privilèges par rapport aux autres sûretés

L'article 142 du Code des droit réels définit le privilège comme le droit réel
accessoire qui confère au créancier un droit de préférence sur les autres créanciers

34
Réforme de la loi 21-18 sur les suretés mobilières.

36
Article 143 du code des droits Réels.
37
p,507, 2009. ,‫ الحقوق العينية في الفقه اإلسالمي والتقنين المغربي‬, ‫معجوز بن محمد‬

15
même hypothécaires, cette règle a été prévue également par l’article 1244 du DOC
qui prévoit que la créance privilégiée est préférée à toutes autres créances, même
hypothécaires.

Ce que l'on peut déduire des articles 142 et 1244, c’est qu’il est clair que le
législateur marocain a explicitement donné la préférence à la créance privilégiée
lorsqu'elle entre en concurrence avec l’hypothèque, de ce fait le créancier privilégié
sera payer sur le prix de vente de l'immeuble hypothéqué en priorité par rapport aux
autres créanciers.

En outre, en cas de concours des privilèges immobiliers et l’antichrèse, il faut

se référer encore aux articles 142 du code des droits réels, et l’article 1244 du DOC,
qui prévoient que la créance privilégiée est préférée à toutes autres créances même
hypothécaires. Dans ce contexte la doctrine précise que la priorité est donnée au
privilège immobilier et non à l’antichrèse, sachant que cette dernière est une forme de
l’hypothèque, ainsi c’est le créancier privilégié qui sera payer par priorité au créancier
antichrésiste38.

Il peut arriver qu’un gage vient en concours avec un privilège sur le même bien.

L’article 1184 du DOC prévoit que le gage confère au créancier le droit de retenir
la chose engagée jusqu'à parfait acquittement de la dette et de procéder à sa
réalisation si l’obligation n’est acquittée, de plus le gage confère au créancier le droit
de se payer sur cette chose par préférence à tous autres créanciers, au cas où le
débiteur manquerait à le satisfaire. Dans le même sens, l’article 1249 du DOC dispose
que le créancier gagiste ou nanti d’un meuble est préféré sur le produit de la chose
donnée en gage ou en nantissement.

Toutefois, l’article 1244 du DOC met l’accent sur le fait que la créance privilégiée
est préférée à toutes autres créances même hypothécaires.

Alors de cela on constate clairement que le privilège prime sur le gage

conformément aux dispositions de l’article précité.

38 p321-322, 2021,‫ حقوق االمتياز في القانون المغربي دراسة مقارنة في ضوء القواعد العامة والقواعد الخاصة‬, ‫عادل كالطي‬

16
 En revanche selon le professeur Kazbari, la possession reconnait au créancier
le droit de préférence à condition que ce dernier soit de bonne foi dans la mesure où
il n’avait pas connaissance qu’un privilège portait sur le bien meuble dont il a la
possession39.

Le créancier gagiste du bien meuble gagé peut se prévaloir du droit de rétention

jusqu'à ce qu'il soit intégralement payé, même s'il se trouve en concurrence avec des
créanciers privilégiés. Ceci dit que cette règle n’est pas applicable lorsque le créancier
gagiste est de mauvaise foi.40

Section 2 : Les voies d’extinction du privilège

Le législateur marocain n'a pas prévu un texte spécial qui traite l'extinction des
privilèges, ce qui nous pousse à se référer aux dispositions générales, où on retient
que l'extinction est par voie principale ou par voie accessoire. Ainsi, face au silence du
législateur marocain en cette matière, les dispositions qui régissent l'extinction de
l'hypothèque et de l'antichrèse seront applicables.

Paragraphe 1 : l’extinction par voie principale

Pour la voie principale, l'extinction du privilège se fait indépendamment de la

créance garantie, alors même si la créance subsiste, le privilège peut s'éteindre
isolément de celle-ci.41

On peut distinguer entre divers cas d’extinction par voie principale en se basant
sur les dispositions légales qui régissent l’extinction de l’hypothèque et de l'antichrèse,
tout en respectant les particularités des privilèges. Ainsi on a l'extinction par la vente
aux enchères publiques, la renonciation expresse du créancier, la perte totale du bien
et la confusion.

- La vente aux enchères publiques

En se référèrent à l'article 220 du code des droits réels on aperçoit que

l'inscription du procès-verbal d'adjudication sur le titre foncier a pour effet le transfert

39 p362, ‫الكزبري مامون‬, ‫التبعية و األصلية العينية الحقوق و العقاري التحفيظ‬, ‫النجاح مطبعة‬

40
‫ عادل‬،‫م كالطي‬.‫ص‬،‫س‬324-325-326
41
‫ عادل‬،‫م كالطي‬.‫ص‬،‫س‬464

17
à l'adjudicataire de la propriété du bien adjugé et la purge de tous les privilèges et
hypothèques, cependant les créanciers n'ont plus d'action que sur le prix.

De ce qui précède, l’extinction des privilèges sur les immeubles se fait de

manière isolée suite à la vente aux enchères publiques, quant au droit des créanciers
celui-ci passe à la créance et ne porte plus sur l’immeuble.

- La renonciation expresse du créancier

Le créancier privilégié dispose d'un droit de renoncer, à condition que sa

renonciation doit émaner de sa propre volonté, son consentement ne doit pas être
extorqué par violence ou vicié d'une erreur ou d'un dol.

On mentionne toutefois que l’application des dispositions légales régissant la

renonciation applicable dans le cadre de d’hypothèque ou de l’antichrèse peuvent
poser certaines difficultés quant à leur application sur les privilèges. Car l’hypothèque
ou l’antichrèse reposent sur une convention entre les parties, tandis que le privilège
est prévu par un texte de loi. Prenant l’exemple du cas où le créancier est la trésorerie
générale, cette dernière ne pourra en aucun cas renoncer à son privilège sachant que
celui-ci lui a été ordonné pour l’intérêt public.

- La perte totale du bien

En ce qui concerne la situation relative à la perte totale du bien, il faut

mentionner tout d'abord que cette situation concerne uniquement les privilèges
spéciaux dans la mesure où si le bien objet du privilège est perdu, le privilège de son
tour s’éteint indépendamment42.

En ce sens, le législateur marocain exige comme condition de validité de

l’extinction dans cette situation que la perte soit totale et intégrale. Alors si la perte est
partielle, la partie qui demeure intacte sera toujours soumise au privilège.

La perte totale du bien sur quoi porte le privilège ne pose pas problème lorsqu'il
s'agit des privilèges généraux portant sur l'ensemble des meubles du débiteur, du fait
que la perte du bien n'interdit pas le créancier privilégié d'exécuter son droit sur les
autres biens mobiliers non détériorés.

42
Article 162 du code de droits réels.

18
 Pourtant le problème réside au niveau des privilèges spéciaux qui portent sur
un bien meuble déterminé dans la mesure où sa perte éteint le droit du créancier
privilégié et l'interdit par conséquent de porter sur les autres biens du débiteur non
grevés de privilèges.43

- La confusion de droit

D’après l’article 369 du DOC, lorsque les qualités de créancier et de débiteur

d'une même obligation se réunissent dans la même personne, il se produit une
confusion de droits qui fait cesser le rapport de créancier et débiteur. Cette dernière
peut être soit totale ou partielle, selon qu'elle a lieu pour toute l'obligation ou pour une
partie seulement.

Ainsi quand une même personne cumule conjointement la qualité du débiteur

et du créancier, ceci éteint le privilège et en constituera alors une cause d’extinction.44

Paragraphe 2 : L’extinction par voie accessoire

Selon l’article 142 du code des droits réels, le privilège est un droit réel
accessoire, ce qui implique que celui-ci suit la créance privilégiée lors de son
extinction.

Pour l’extinction des privilèges par voie accessoire on évoque : l’extinction de la

créance, la remise de la dette, l’impossibilité de l’exécution et la prescription.

- L’extinction de la créance

En se référant à l’article 320 du DOC, on aperçoit que le législateur a précisé

l’extinction de l'obligation quand la prestation qui en est l'objet est faite au créancier.45

Dans le même sens, l’article 212 du code des droits réels indique que
l’hypothèque s’éteint lorsque la créance est éteinte. Cette disposition s’appliquera
également sur les privilèges.

43
‫ محمد‬،‫ رقم للقانون التشريعية المستجدات وفق العقارية العينية الحقوق و العقاري التحفيظ نظام في اساسيات محبوبي‬14-07 ‫و‬
‫ رقم القانون‬39-08. ‫ طبعة‬2014
44
2021 ‫ دراسة مقارنة في ضوء القواعد العامة والقواعد الخاصة سلسله اعمال جامعيه‬- ‫ حقوق االمتياز في القانون المغربي‬،‫عادل كالطي‬
P471
45
Article 320 du DOC.
19
 - La remise de la dette

L’article 340 du DOC dispose que l'obligation est éteinte par la remise volontaire
qu'en fait le créancier capable de faire une libéralité, et la remise de l'obligation a effet,
tant qu'elle n'a pas été refusée expressément par le débiteur. Il en ressort de ce qui
précède, que la remise de la dette éteint l'obligation de façon définitive.

Par ailleurs, nous pouvons déduire que la remise de la dette est considérée
comme une cause d’extinction des privilèges par voie accessoire, en dehors de la
situation où le créancier reçoit le paiement de sa créance, a contrario, c’est le créancier
qui libère le débiteur, ayant consenti, avec sa propre volonté.46

- L’impossibilité d’exécution

L’article 335 du DOC dispose que l'obligation s'éteint lorsque la prestation qui
en fait l'objet est devenu impossible, naturellement ou juridiquement, sans le fait ou la
faute du débiteur et avant qu'il soit en demeure. 47 Il est obligatoire que l'impossibilité
de l'exécution soit totale et non partielle et ce en application du principe de l'indivisibilité
des privilèges.

Par conséquent, nous pouvons déduire de ce qui précède que l'impossibilité

totale de l'exécution entraine l'extinction des privilèges.

- La prescription

La prescription constitue également une cause d'extinction des privilèges par

voie accessoire, en ce sens, le législateur marocain à travers les dispositions de
l'article 371 du DOC, disposant que la prescription, pendant le laps de temps fixé par
la loi, éteint l'action naissant de l'obligation. En l'absence d'un texte légal spécial
régissant l'extinction des privilèges en droit marocain, une problématique se pose à ce
propos, à savoir est ce que les créances privilégiées seront concernés par la
prescription.

Il convient de mentionner que le législateur marocain a précisé explicitement

des situations où la prescription de certaines créances privilégiées est envisageable.

46
2021 ‫ دراسة مقارنة في ضوء القواعد العامة و القواعد الخاصة سلسله اعمال جامعيه‬- ‫عادل كالطي حقوق االمتياز في القانون المغربي‬
P:460
47
‫ محمد‬،‫محبوب‬ ‫ف اساسيات‬ ‫ رقم للقانون ر‬14-07 ‫القانون و‬
‫التشيعية المستجدات وفق العقارية العينية الحقوق و العقاري التحفيظ نظام ي ي‬
‫ي‬
‫ رقم‬39-08 . ‫ طبعة‬2014

20
 À titre d'exemple, le législateur marocain dans le code de recouvrement des
créances publiques, précise que le délai de prescription des droits du trésor est fixé à
quatre ans à compter de la date de leur mise en recouvrement.48

Également le recouvrement des créances de la caisse nationale de sécurité

sociale a un délai de prescription fixé à quatre ans, comme indiqué dans l’article 28 du
Dahir portant loi n° 1-72-184 relatif au régime de sécurité sociale.49

48
Article 123 du code de recouvrement des créances publiques : l'action en recouvrement des impôts et taxes,
des droits de douane des droits d'enregistrement et de timbre se prescrit par quatre ans à compter de la date
de leur mise en recouvrement
49
Article 28 du Dahir portant loi n° 1-72-184 du 15 joumada II 1392 (27 juillet 1972) relatif au régime de
sécurité sociale.

21
 Conclusion

Pour conclure, le législateur marocain a donné une importance et une place

primordiale aux privilèges dans le régime du droit des suretés.

Toutefois d’après notre étude on constate que dans notre droit marocain il existe
une diversification massive des sources législatives et textes légales qui encadrent les
privilèges, ou on les retrouve dans le Dahir des obligations et contrats, dans le code
des droits réels et dans d’autres lois qui ont consacrés des articles traitant les
privilèges.

Cette diversification des texte éparpillés qui traitent les privilèges a fait l’objet
de multiples critiques dans la mesure où la compréhension et l’application de cette
sureté demeure difficile, surtout au niveau du concours des différents privilèges.

Enfin, on s’aperçoit que beaucoup de praticiens et spécialistes de droit en la

matière reprochent au législateur marocain le fait de ne pas consacrer un texte
spéciale dédié à la règlementation de l’extinction des privilèges ce qui conduit à
confusion.

Par ceci l’organe législatif marocain est amené à prendre en considération ces
réclamations afin d’attribuer au privilège un régime juridique plus complet et englobant
tous les aspects.

22
 ‫‪Bibliographie‬‬

‫‪Ouvrages‬‬

‫معجوز بن محمد ‪ ,‬الحقوق العينية في الفقه اإلسالمي والتقنين المغربي‪2009. p,507 ,‬‬

‫ادريس الفاخوري‪ ،‬مدونة الحقوق العينية بين الواقع والمأمول‪ ،‬اعمال الندوة العلمية الوطنية التي نظمها مختبر الدراسات‬
‫القانونية المدنية والعقارية‪ ،‬يومي ‪ 5-4‬ماي ‪2018‬‬

‫‪ 14-‬رقم للقانون التشريعية المستجدات وفق العقارية العينية الحقوق و العقاري التحفيظ نظام في اساسيات محبوبي‪ ،‬محمد‬
‫‪ 2014‬طبعة ‪ 39-08.‬رقم القانون و ‪07‬‬

‫عادل كالطي‪ ،‬حقوق االمتياز في القانون المغربي ‪ -‬دراسة مقارنة في ضوء القواعد العامة والقواعد الخاصة سلسله‬
‫اعمال جامعيه ‪2021‬‬

‫النجاح مطبعة ‪,‬التبعية و األصلية العينية الحقوق و العقاري التحفيظ ‪,‬الكزبري مامون‬

‫ادريس الفاخوري الحقوق العينية دارنشرالمعرفة ‪2013 .‬‬

‫‪CHARQI Mimoun, droit des suretés du crédit.‬‬

‫‪PIEDELIEVRE Stéphane. Droit des sûretés. Ellipese 2ème édition. 2015‬‬

‫‪Articles‬‬

‫العبديوي شادية‪2018 ,‬نوفمبر ‪, 28‬األعمال و القانون مجلة في مقال ‪,‬العينية الحقوق مدونة في اإلمتياز حقوق تزاحم‬

‫‪KHARAAOUBA Othmane, les privilèges en droit civil marocain, Village de la Justice,‬‬

‫‪septembre 2021.‬‬

‫مجلة الحقوق سلسلة األنظمة والمنازعات العقارية عدد ‪ 346‬الصادر بتاريخ ‪ 28‬ابريل ‪ 2011‬في الملف اإلداري عدد ‪2/ 2/4/512‬‬

‫‪Lois‬‬

‫‪-‬‬ ‫‪Dahir (9 ramadan 1331) formant Code des obligations et des contrats (B.O. 12‬‬
‫‪septembre 1913).‬‬
‫‪-‬‬ ‫‪Dahir n° 1-11-178 du 22 novembre 2011 portant promulgation de la loi n° 39-08‬‬
‫‪portant code des droits réels.‬‬

‫‪23‬‬
- Dahir n° 1-19-76 du 11 chaabane 1440 (17 avril 2019) portant promulgation de
la loi n° 21-18 relative aux sûretés mobilières.
- Code du travail marocain.
- Code de recouvrement des créances publiques.

- Dahir portant loi n° 1-72-184 du 15 joumada II 1392 (27 juillet 1972) relatif au
régime de sécurité sociale.

24