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Master spécialisé juriste d’affaires

(M1)

Module : Techniques contractuelles

SUJET : La révision du prix

Réalisé par : Encadré par :

EL GARNI Houssam Prof. GUENBOUR Saida

Année universitaire : 2021/2022

1
Sommaire :

Chapitre 1 : La théorie de révision du prix pour imprévision

Section 1 : le régime de la force obligatoire du contrat


Section 2 : la dérogation au principe de la force obligatoire du contrat

Chapitre 2 : les techniques de révision du prix

Section 1 : La révision légale du prix

Section 2 : Les modes conventionnels de révision du prix

2
Introduction :

Le contrat est un accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes destiné


à créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations. Les contractants sont donc
engagés parce qu’ils l’ont voulu selon le principe de l’autonomie de la volonté.1

Les contrats peuvent être classifiés de différentes manières parmi lesquelles on


peut citer « les contrats à titre gratuit et les contrats à titre onéreux ». Ce dernier type
de contrat oblige chacune des parties aux contrats d’exécuter une prestation en faveur
de l’autre. L’une des prestations est souvent le paiement d’une somme « le prix du
contrat ».

Le prix devra être déterminé conformément aux exigences des articles 2 et 58


D.O.C et le contrat pourra être annulé pour indétermination du prix. La règle est
clairement énoncée par l’article 487 du D.O.C à propos de la vente et vaut pour les
autres contrats.

En principe, le prix constitue l’argent que l’acquéreur doit payer au vendeur en


contrepartie de l’aliénation de la chose transmise. Toutefois le prix peut concerner
d’autres prestations dans d’autres contrats comme : le loyer dans le bail, le salaire
dans le contrat de travail, les primes dans le contrat d’assurance, le cachet pour
l’engagement d’un artiste, les intérêts dans le prêt.2

De ce principe découle plusieurs conséquences, à savoir l’effet relatif et la force


obligatoire « le contrat est la loi des parties ». Ce principe est disposé expressément
par l’article 230 du dahir des obligations et des contrats selon lequel les parties doivent
exécuter leurs prestations tel que prévu dans le contrat sans aucun changement.

En effet, dans les contrats à exécution instantané le problème ne se pose pas


vu que les prestations sont exécutées instantanément. En revanche, le contrat à
exécution successive, est conclu en considération des circonstances économiques qui
prévalent au moment de leur formation et des évolutions prévisibles. Cependant, ces
conditions peuvent changées provocant ainsi un bouleversement de l’économie du

1
Corinne Renault-Brahinsky, Droit des obligations, Lextenso, 2019/20, p 36.
2
Guinchard, « Lexique des termes juridiques 2018-2019 », 26éme édition Dalloz, 2018, p.534.

3
contrat et un déséquilibre des prestations réciproques rendant très lourdes et très
onéreuses les obligations de l’un des contractants.

Conformément au principe de la force obligatoire précité, le contrat ne peut pas


être révisé suite à ce changement, mais des exceptions ont été prévues à ce principe
permettant aux parties aux contrats de rééquilibrer leurs prestations.

La question à se poser donc est :

Quelles sont les techniques de révision dont disposent les parties aux
contrats ?

Pour répondre à cette problématique, il convient d’étudier le principe de la force


obligatoire du contrat et ses dérogations (chapitre 1), pour élaborer ensuite les
techniques de révision autorisées (chapitre 2).

4
Chapitre 1 : La théorie de révision du prix pour imprévision

Dans cette partie, nous mettrons l’accent tout d’abord sur le principe de la force
obligatoire constituant un empêchement de l’application de la théorie de l’imprévision.
Quant à la deuxième section, elle sera consacrée à l’étude de l’exception du principe
de la force obligatoire du contrat et la possibilité de révision du contrat.

Section 1 : le régime de la force obligatoire du contrat


La révision du prix du contrat est interdite en droit marocain, et ce en application
du principe de la force obligatoire du contrat disposé par plusieurs textes du Dahir des
obligations et des contrats. Ce positionnement du droit marocain est inspiré de l’arrêt
français célèbre rendu en 1875 dans une affaire du canal de Craponne. En effet, au
16ème siècle un canal d’irrigation est construit par Craponne qui s’oblige à entretenir le
canal qui va servir à irriguer les terrains voisins. En contrepartie de quoi les
propriétaires voisins s’obligent à verser une redevance à Craponne. Les années
passent et il se trouve avec le temps que la redevance devient insuffisante pour couvrir
les frais d’entretien. Le propriétaire actuel du canal demande à ce que la redevance
soit réévaluée. Les juges de fond acceptent la réévaluation. La cour de cassation
casse la décision des juges du fond sous le visa de l’article 1134. La révision judiciaire
du contrat pour imprévision est impossible en raison du principe de la force obligatoire
du contrat.3 Cette jurisprudence est toujours en vigueur car en effet la cour de
cassation a reconduit cette solution.4

Par ailleurs, le principe de la force obligatoire du contrat s’articule d’abord dans


l’article 230 du DOC qui dispose que les obligations contractuelles valablement formée
tiennent bien de loi à ceux qui les ont faites.5 On peut déduire donc que le contrat a
une force de loi pour les parties, dans le sens où les obligations nées d’un contrat

3
Philippe Dupichot, la nouvelle résiliation judiciaire pour imprévision, sous la direction de Philippe Stoffel-
Munck, p73.
4
https://cours-de-droit.net/revision-des-contrats-a121603034/
5
Article 230 du DOC

5
s’imposent avec la même force que si elles étaient édictées par une loi. En d’autres
termes, aucun contractant ne peut se libérer de son obligation. Cependant, les parties
peuvent à leur choix mettre fin au contrat par consentement mutuel ou en bénéficiant
de dispositions législatives spéciales.6

Dans le même contexte, l’article 231 ajoute que tout engagement doit être
exécuté de bonne foi, et oblige non seulement à ce qui est exprimé, mais encore à
toutes les suites que la loi, l’usage ou l’équité donnent à l’obligation d’après sa nature.

Ce positionnement de la législation marocaine s’affirme par 2 arrêts. En premier


lieu, on trouve l’arrêt de la cour d’appel de Rabat rendu le 13 janvier 1960 qui dispose :
« Il ne saurait être fait échec à la force obligatoire du contrat formulée par l’article 230
du D.O.C sous prétexte que les obligations stipulées sont devenues plus onéreuses
par l’effet des circonstances exceptionnelles ».7

L’arrêt rendu par le visa de l’article 1134 du Code civil affirme en effet qu’ « Il
n’appartient pas aux tribunaux, quelque équitable que puisse leur paraitre leur
décision, de prendre en considération le temps et les circonstances pour modifier les
conventions des parties et substituer des clauses nouvelles à celles qui ont été
librement acceptées par les contractants».

Section 2 : la dérogation au principe de la force obligatoire du contrat

Par imprévision on entend le changement de circonstances. Selon Emile Littré


ce changement est avant tout une mutation, il s’agit donc d’une modification,
transformation de ce qui change, c’est-à-dire, le passage d’un état à un autre.8

Autrement, l’imprévision peut être définie comme étant une théorie octroyant au
juge le pouvoir de réviser un contrat à la demande d’une partie lorsque par suite d’un
événement extérieur, étranger à la volonté des contractants et imprévisible lors de la
conclusion, l’exécution de celui-ci devient pour l’un des contractants tellement
onéreuse qu’elle déséquilibre l’économie du contrat.9

6
http://droit-pour-toi.blogspot.com/2017/02/les-effets-du-contrat.html?m=1
7
Arrêt N° 339 de la Cour d’appel de Rabat rendu le 13 Janvier 1960
8
Philippe Dupichot, op.,cit, p73.
9
Gérard CORNU, Vocabulaire juridique, 4ème édition, PUF, 2003, pages : 451 et 452

6
En principe, cette technique n’est pas disposée par la législation marocaine,
privant ainsi les parties de réviser leur contrat par application du principe de la force
obligatoire du contrat. Toutefois, les parties peuvent insérer dans leur contrat des
clauses leur conférant le droit de révision. Cet avantage a été autorisé également par
des textes de droit comparé tels que le droit français.

Par ailleurs, il faut distinguer entre l’imprévision et la force majeure. La première


notion rend le contrat difficile d’être exécuté et non impossible, quant à la deuxième,
elle est un événement extérieur qui rend l’exécution du contrat impossible. A ajouter
que pour qualifier un événement de force majeur, les juges exigent qu’il soit
normalement ou raisonnablement imprévisible lors de la conclusion du contrat. Bien
que certains arrêts semblent demander que l’événement en question ait été totalement
imprévisible. Il faut signaler que cette dernière exigence semble pourtant
excessivement restrictive si ce n’est déconnectée de la réalité car, comme le soulignait
le professeur André Tunc à propos de la circulation routière : « rien n’est totalement
imprévisible », les risques sont partout avec un certain pourcentage de chance de
réalisation.10

Cette difficulté peut se manifester par la dévaluation de la monnaie, la hausse


des prix et l’érosion monétaire.11

La théorie de l’imprévision est prévue par un est prévu par l’article 1195 du code
civil français qui dispose : « Si un changement de circonstances imprévisible lors de
la conclusion du contrat rend l'exécution excessivement onéreuse pour une partie qui
n'avait pas accepté d'en assumer le risque, celle-ci peut demander une renégociation
du contrat à son cocontractant. Elle continue à exécuter ses obligations durant la
renégociation. En cas de refus ou d'échec de la renégociation, les parties peuvent
convenir de la résolution du contrat, à la date et aux conditions qu'elles déterminent,
ou demander d'un commun accord au juge de procéder à son adaptation. A défaut
d'accord dans un délai raisonnable, le juge peut, à la demande d'une partie, réviser le
contrat ou y mettre fin, à la date et aux conditions qu'il fixe».

10
A. TUNC, « Force majeure et absence de faute en matière délictuelle », RTD Civ., 1946, p. 187
11
http://droit-pour-toi.blogspot.com/2017/02/les-effets-du-contrat.html?m=1

7
On déduit donc que pour l’application de la théorie de l’imprévision, trois
conditions doivent obligatoirement être respectées12, à savoir :

 un changement de circonstances imprévisible lors de la conclusion de la


convention : le professeur Bruno Oppetit le définit comme étant l’événement
que l’on ne pouvait raisonnablement demander aux parties de prendre en
compte au moment où elles ont conclu leur contrat.
 une exécution excessivement onéreuse : cette disposition de l’article 1195
du code civil est assez floue dans la mesure où le juge trouvera plus ou moins
une difficulté dans la détermination du caractère onéreux. Ainsi, dans un récent
arrêt en date du 12 février 2015 (n°12-29.550), la Cour de cassation a considéré
qu’une société n’avait pas apporté la preuve d’une situation ayant altéré
« fondamentalement » l’équilibre des prestations et justifiant l’activation d’une
clause de hardship, quand bien même ladite société avait produit des lettres de
ses fournisseurs annonçant des hausses de prix de 4% à 16%, entraînant une
diminution de 58% de sa marge brut.13
 non acceptation d’une partie d’en assumer le risque : la partie victime du
déséquilibre survenu au contrat et demandant par la suite la renégociation du
contrat pour imprévision doit ne pas avoir accepté le risque d’un changement
imprévisible des circonstances au moment de la conclusion du contrat et les
parties doivent le mentionner expressément dans ledit contrat.14

Par ailleurs, la théorie de l’imprévision se concrétise à travers plusieurs arrêts


qui sont venu atténués l’arrêt canal de Crapon déjà précité. D’un côté, on trouve l’arrêt
« HUARD », qui a considéré que le refus de renégociation par le contractant profitant
de la modification des circonstances économiques était contraire à la bonne foi. Le
juge peut donc engager la responsabilité contractuelle de la partie refusant la révision
de façon abusive, et la condamner à des dommages et intérêts.

D’un autre côté existe un arrêt rendu le 29 juin 201015 par la chambre
commerciale de la cour de cassation française. Lors de cette affaire, les sociétés SEC
et Soffimat avaient conclu en 1998, pour une durée de 12 ans, un contrat de

12
Lukas Etienne, spécialiste d’affaires et Réglementaires chez Nestlé, Théorie de l’imprévision : de sa réception
par le code civil à son incidence en matière d’ingénierie contractuelle, 7 Mars 2017.
13
B. MERCADAL, « Réforme du droit des contrats », Éditions Francis Lefebvre, 2016, p. 172.
14
Lukas Etienne, op.,cit.
15
Com. 29 juin 2010, n°09-67.369.

8
maintenance de matériel industriel moyennant le paiement d’une redevance annuelle.
Depuis la signature du contrat, le cout des pièces de rechange utilisées par la société
Soffimat pour assurer la maintenance avait triplé, et donc la redevance annuelle était
devenue dérisoire. Arguant de ce changement du contexte économique, la société
Soffimat refusait d’exécuter le contrat qu’elle estimait caduc. La société SEC l’a
assigné en référé pour obtenir l’exécution forcée du contrat. Elle a obtenu gain de
cause en première instance et en appel. L’arrêt confirmatif de la Cour d’appel a été
cassé par la Cour de cassation au motif que la Cour d’appel aurait dû rechercher si «
l’évolution des circonstances économiques n’avait pas eu pour effet de déséquilibrer
l’économie générale du contrat et de priver de toute contrepartie réelle l’engagement
souscrit par la société Soffimat ».

Chapitre 2 : les techniques de révision du prix

Comme susmentionné dans le premier chapitre, la législation marocaine est


silencieuse concernant la théorie de l’imprévision. Toutefois, aucun texte n’interdit les
parties d’inclure dans leur contrat des dispositions permettant d’adapter leurs
prestations à la conjoncture économique divergente de celle existante au moment de
la conclusion dudit contrat. De surcroit, la révision du prix du contrat est prévue par la
législation marocaine dans certains contrats spéciaux.

La première section de ce chapitre sera relative à la révision légale du prix.


Quant à la deuxième, elle sera dédiée à la révision conventionnelle consentie par les
parties au contrat.

Section 1 : La révision légale du prix

Dans certains cas particuliers et exceptionnels, le législateur a formellement


admis et organisé la possibilité d’un recours au juge en vue d’adapter le contrat à
l’évolution des conditions économiques.

9
La loi 49-1616 dans son article 5, encadre l’opération de la révision du contrat
de bail, particulièrement le montant du loyer en renvoyant à la loi 07-0317. Ainsi et si
aucun accord n'est intervenu entre les deux parties concernant les conditions de
révision du montant du loyer et le taux de son augmentation, ce montant peut faire
l'objet de révision après chaque période de trois ans au moins à compter de la date de
l'accord sur le montant du loyer, de la date de sa révision d'un commun accord par les
parties ou de la date de la dernière révision fixée par le tribunal, et ce conformément
aux taux fixés dans la présente loi.18

Dans ce sens l’article 4 de la loi 07-03 détermine le taux d'augmentation du


montant du loyer qui est fixé de 8% pour les locaux à usage d'habitation et de 10%
pour les autres locaux (y compris les locaux à usage commercial). Par dérogation aux
deux taux indiqués à l'article 4 ci-dessus, il appartient au tribunal d'apprécier le taux
d'augmentation du loyer si son montant n'excède pas quatre cent dirhams par mois
sans que le taux d'augmentation fixé par le tribunal soit supérieur à 50%.19

En droit social, l’article 347 du code du travail autorise la révision de la


rémunération du salarié dans certains cas. Notamment, en ce qui concerne les
activités agricoles, si l’employeur se trouve dans l’impossibilité de fournir du travail en
raison de conditions météorologiques exceptionnelles, le salarié resté à la disposition
dudit employeur durant toute la matinée et l’après-midi perçoit la rémunération d’une
demi-journée s’il reste inactif toute la journée. Cependant, il perçoit les deux tiers de
la rémunération journalière s’il reste inactif uniquement une demi-journée20. On peut
avancer ici, qu’il s’agit d’une sorte de révision du prix.

Section 2 : Les modes conventionnels de révision du prix

En effet, les parties peuvent procéder à la révision du prix, en insérant des


clauses qui l’édictent dans le contrat. Les tribunaux marocains ont eu tendance à

16
Loi n° 49-16 relative aux baux d’immeubles ou de locaux loués à usage commercial, industriel ou artisanal,
publiée au Bulletin officiel n° 6490 du 11 août 2016, est entrée en vigueur le 11 février 2017.
17
La Loi n° 07-03 relative à la révision du montant du loyer des locaux à usage d'habitation ou à usage
professionnel, commercial, industriel ou artisanal promulguée par le Dahir n° 1-07-134 du 19 kaada 1428 (30
novembre 2007). (B.O. n° 5588 du 20 décembre 2007).
18
Article 3 de la loi 07-03.
19
Article 4 de la loi 07-03.
20
Article 347 du code du travail.

10
rejeter la révision pour imprévision comme nous l’avons mentionné sauf dans le cas
où celle-ci est autorisée par une clause du contrat21.

En pratique, deux clauses peuvent être insérés, à savoir la clause d’indexation


(ou d’échelle mobile) et la clause dite de Hardship (de révision).

1- La clause d’indexation ou d’échelle mobile :

La clause d’indexation suppose un contrat dans lequel la prestation monétaire


s’exécute dans le temps. Celle-ci peut être affectée par l’érosion monétaire.
L’indexation permet de faire varier automatiquement le montant de la prestation en
fonction des variations de certains éléments de référence tels qu’une indexation sur
l’Euro, sur le cours de blé ou encore une indexation sur le montant du loyer sur la
valeur de l’indice du coût de la construction22.

Il existe plusieurs possibilités pour choisir un indice de référence, Toutefois,


certains indices sont exclus tels que la taxation de certains produits (le prix de
l’essence en période de crise), l’indice sur le niveau général des prix, l’indice sur le
niveau général des salaires.

Au Maroc, les tribunaux sont favorables aux clauses d’indexation à condition


qu’elles jouent en faveur de toutes les parties et que l’indice choisi réponde
directement à la nature de l’activité de l’une des parties. Il s’agit de protéger l’intérêt
général et la justice contractuelle. A défaut, la clause d’indexation est sanctionnée par
la nullité absolue parce qu’elle porte atteinte à l’ordre public de direction23.

Les contrats pouvant comporter des clauses d’indexation sont les contrats de
vente portant sur des immeubles, comme les ventes immobilières consenties par les
établissements régionaux d’aménagement et de construction au profit des particuliers,
les contrats de prêt à moyen et à long terme consentis par certaines institutions tel que
le crédit hôtelier et immobilier.

Concernant le rapport entre l’indice choisi et l’activité de l’une des parties, on


peut choisir un indice ayant une relation avec l’objet du contrat, par exemple un contrat
relatif à l’exploitation d’une boulangerie et une indexation sur le cours du blé. On peut

21
TPI Casablanca, 19 Avril 1962, dossier N°962.
22
Guillaume LACROIX, « L’adaptation du contrat aux changements de circonstances », mémoire pour
l’obtention du diplôme de Master, Université de Reims, 2014, page : 36.
23
Saâd MOUMMI, « Droit civil, droit des obligations », édition : El Badh, 2000, page : 66.

11
aussi choisir un indice ayant une relation directe avec l’activité professionnelle de l’une
des parties. A titre d’exemple, un prêt fait un agriculteur peut être indexé sur le cours
du lait. Le prix à payer dépendra donc d’un ou plusieurs paramètres retenus par les parties24.

2- La clause de Hardship ou de sauvegarde:

Quant à la clause de Hardship, dite la clause rebus sic stantibus, expression


latine signifiant « les choses demeurant en l’état ». Elle permet à une partie d’exiger
de l’autre la renégociation du contrat à exécution successive, en raison du déséquilibre
soudain du contrat, provoqué par un bouleversement des circonstances. Cette clause
se distingue d’une clause d’obligation de renégociation après une certaine durée
d’exécution du contrat. En effet, la clause de Hardship prévoit une possibilité de
renégociation et non pas une obligation de renégocier25.

Les clauses de Hardship se trouvent généralement dans les contrats


internationaux de longue durée ; elles permettent à l’une ou l’autre des parties de
demander un réaménagement du contrat si un changement intervenu dans les
données initiales, au regard desquelles les parties se sont engagées, modifie
l’équilibre du contrat au point de faire subir à l’une d’elles une rigueur (Hardship)
injuste26.

Ces clauses peuvent permettre la révision aussitôt après la réalisation des


évènements convenus comme elles peuvent n’autoriser la révision qu’à l’expiration
d’une période fixée d’avance.

En ce qui concerne les modalités de la révision, les parties peuvent choisir entre
plusieurs formules. Elles peuvent convenir qu’en cas de réalisation de l’un des
évènements prévus, il y aura lieu de négocier un nouvel accord à la lumière des
changements intervenus étant entendu que si elles n’y parviennent pas, le contrat
initial sera résolu. Elles peuvent aussi vouloir éviter l’éventualité d’une résolution en
prévoyant qu’en cas de réalisation de l’évènement convenu, il y aura lieu de recourir à

24
Omar AZZIMAN, « Droit civil : Droit des obligations, le contrat », édition Le fennec, 1995, page : 239.
25
Pauline CASTELOT, op, cité, page : 24.
26
Ahmed EL HAJJAMI, « théorie des obligations et des contrats », module théorie générale des obligations : le
contrat, S2, FSJES SOUISSI, 2019-2020, page : 121.

12
un tiers qui aura pour mission de fixer les nouvelles conditions du contrat à la lumière
de l’évolution de la conjoncture économique27.

27
Omar AZZIMAN, op cit., page : 245.

13
Bibliographie :

Ouvrages :
 Corinne Renault-Brahinsky, Droit des obligations, Lextenso, 2019/20.

 Guinchard, « Lexique des termes juridiques 2018-2019 », 26éme édition Dalloz,


2018.

 Philippe Dupichot, la nouvelle résiliation judiciaire pour imprévision, sous la direction


de Philippe Stoffel-Munck.

 Gérard CORNU, Vocabulaire juridique, 4ème édition, PUF, 2003.

 A. TUNC, « Force majeure et absence de faute en matière délictuelle », RTD Civ.,


1946.

 B. MERCADAL, « Réforme du droit des contrats », Éditions Francis Lefebvre, 2016.

 Guillaume LACROIX, « L’adaptation du contrat aux changements de circonstances »,


mémoire pour l’obtention du diplôme de Master, Université de Reims, 2014.

 Saâd MOUMMI, « Droit civil, droit des obligations », édition : El Badh, 2000.

Articles :
 Philippe Dupichot, la nouvelle résiliation judiciaire pour imprévision, sous la direction
de Philippe Stoffel-Munck.

 Lukas Etienne, spécialiste d’affaires et Réglementaires chez Nestlé, Théorie de


l’imprévision : de sa réception par le code civil à son incidence en matière
d’ingénierie contractuelle, 7 Mars 2017.

Lois :
 Dahir des obligations et des contrats.

 Code de travail.

 La Loi n° 49-16 relative aux baux d’immeubles ou de locaux loués à usage


commercial, industriel ou artisanal, publiée au Bulletin officiel n° 6490 du 11 août
2016, est entrée en vigueur le 11 février 2017.

14
 La Loi n° 07-03 relative à la révision du montant du loyer des locaux à usage
d'habitation ou à usage professionnel, commercial, industriel ou artisanal promulguée
par le Dahir n° 1-07-134 du 19 kaada 1428 (30 novembre 2007). (B.O. n° 5588 du 20
décembre 2007).

Arrêts :
 Arrêt N° 339 de la Cour d’appel de Rabat rendu le 13 Janvier 1960.

 Com. 29 juin 2010, n°09-67.369.

 TPI Casablanca, 19 Avril 1962, dossier N°962.

Webographie :
https://cours-de-droit.net/revision-des-contrats-a121603034/

http://droit-pour-toi.blogspot.com/2017/02/les-effets-du-contrat.html?m=1

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