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Université Mohammed V de Rabat

Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales Souissi

Master juriste d’affaires (M1)


Module : droit de la responsabilité civile

Le lien de causalité : condition indispensable de la


responsabilité civile

➢ Réalisé par : EL BARAKA Abdelhafid


AL ALAOUI Othmane
➢ Sous l’encadrement de : Pr. EL HAJJAMI Ahmed

Année universitaire : 2022/2023


2022/2023
Introduction générale

« Tout problème de responsabilité civile se ramène à un problème de causalité


»1. Il y a lieu à estimer que, c’est la première question que soulève le problème
de la responsabilité civile, car avant de qualifier le fait dommageable, il est
indispensable de rechercher s’il est uni au dommage par un lien de causalité
suffisant.
Cela dit que, la causalité occupe topologiquement et logiquement une place
centrale dans la responsabilité civile. Topologiquement, en ce qu’il se situe entre
les deux autres conditions qu’il relie, le fait générateur et le préjudice.
Logiquement, car la question du lien causal est une condition profonde de la
responsabilité. Autrement dit, la responsabilité civile ne peut se concevoir sans
compter la causalité parmi ses conditions.
Selon J. Carbonnier, la causalité est une « exigence de la raison »2, elle est en
effet à la fois une condition nécessaire de la responsabilité civile, et un élément
générateur de l’obligation de réparation, en ce sens elle forme le lien obligatoire
entre les parties à l’obligation de réparation.
En effet, cette exigence figure implicitement dans les articles 77 et 78 de DOC,
qui prévoient que l’auteur du dommage est obligé de réparer ledit dommage,
lorsqu’il est établi que son fait ou sa faute ont en été la cause directe. Donc, La
nécessité de rapport de causalité, comme condition de toute responsabilité, est
certes affirmée par les textes de loi à travers le verbe « causer ». Le même verbe
est utilisé par le législateur français dans les dispositions des articles 1240 à
1244 du code civil français.
La conception traditionnelle de la causalité, s’attache donc à la nécessité de la
conséquence. Tout autre est celle de la condition sine qua non, qui recherche à
reconnaitre la nécessité de la cause. En effet, les auteurs plus modernes
renversent le sens de la nécessité : peu à peu, l’on n’exige plus que le dommage
soit la conséquence nécessaire du fait générateur, mais que le fait générateur soit
la cause nécessaire du dommage.3
Peu de « donné », beaucoup de « construit ». Parmi les dispositions de la loi ne
figure pas de définition claire de la causalité. La loi est muette, la jurisprudence

1
G. Ripert, La règle morale dans les obligations civiles, LGDJ, 4ème éd., 1949, n° 115.
2
J. Carbonnier, Droit Civil, PUF, « Quadrige manuels » 1er éd. 2004, n° 1129.
3
Christophe Quézel AMBRUNAZ. Définition de la causalité en droit français : la causalité dans le droit de la
responsabilité civile européenne. Article publié le 25 mai 2010 in Revue Hal open science.
guère plus prolixe. La notion du lien de causalité est plus construite que donnée.
Les maitres d’œuvre en sont la doctrine et la jurisprudence. 4
La causalité a de multiples fonctions. Elle détermine l’application des règles de
responsabilité civile, puisqu’elle en est une condition. Elle désigne le
responsable – celui qui a causé le dommage- mais aussi la victime- à qui le
dommage a été causé, elle détermine donc les parties à l’obligation de
réparation. En outre, la causalité mesure le quantum de cette obligation, en effet
seul le préjudice entretenant un rapport causal suffisamment direct avec le fait
dommageable est indemnisé.
Hors de ces fonctions, la causalité est considérée comme notion épineuse de la
responsabilité civile, la doctrine avait bien mit d’accord sur la difficulté
d’analyser le sujet, celui-ci est considéré comme le problème le plus complexe
de la responsabilité civile.
En effet, s’il est facile de poser le principe qu’une faute n’engendre de
responsabilité qu’à la condition d’être la cause du dommage, il devient
singulièrement plus difficile, dans le domaine des applications concrètes.5
En réalité, la survenance d’un dommage est le plus souvent due à des causes
multiples. Un accident de la circulation, à titre d’exemple, peut résulter à la fois
de l’attitude du conducteur, de celle du piéton ou d’un tiers, des conditions
atmosphériques, d’un vice de véhicule, de l’état de la chaussée…etc. face à
l’enchaînement des causes possibles d’un fait, à l’enchaînement les uns aux
autres des divers antécédents, le rôle du juriste n’est pas neutre, il doit porter un
jugement de valeur, opérer un tri dans la série innombrable des phénomènes.
Le droit s’épuiserait, comme l’histoire, à la recherche de la vérité scientifique là
où il ne peut y avoir qu’approximation, « la causalité n’est en droit qu’une
probabilité acceptable ».
Par conséquence, il parait évident de poser la problématique suivante : quelles
difficultés rencontre la victime dans l’établissement du lien de causalité ?
Afin de limiter la réponse à cette problématique il convient de cerner dans un
premier temps le domaine de la causalité et ses conditions d’établissements (I),
chose qui ramène systématiquement à se pencher sur les difficultés de l’analyse
du rapport de causalité (II).

4
Christophe QUEZEL-AMBRUNAZ, Essai sur la causalité en droit de la responsabilité civile, Thèse de doctorat en
droit de l’université de Savoie présentée et soutenue publiquement le 29 mai 2008, sous la direction de M.
Philippe Brun.
5
A. Nadeau « notes sur le lien de causalité et sa preuve dans les actions en responsabilité civile » 1963, p 435
Première partie : une première vue sur le lien de causalité
Il n’y a responsabilité qu’autant que le dommage constitue la conséquence
directe de l’inexécution de l’obligation (264 DOC) entre le fait générateur de
responsabilité et le préjudice, il doit donc y avoir une relation de cause à effet.
Pour que le débiteur soit déclaré responsable, il faut qu’une causalité existe entre
l’inexécution et le préjudice subi par le créancier. Sauf que la qualification de ce
lien de causalité se diffère selon le régime de la responsabilité (chapitre 1).
Mais est ce que à tout moment ce lien est établi, la responsabilité avoir
lieu (chapitre 2)
Chapitre 1 : le domaine de la causalité
Le lien de causalité est une condition spécifique dans le system de la
responsabilité civile, encor plus, le mode d’établissement de ce lien différé selon
le régime de la responsabilité, est ce qu’il s’agit d’une responsabilité
contractuelle où le contrat est l’élément déterminant (section 1) ou s’il s’agit
d’une responsabilité délictuelle en dehors de tout contrat, où la faute est
l’élément générateur de cette responsabilité (section 2)
Section 1 : La causalité en matière contractuelle
Le lien de causalité entre la faute commise par le débiteur et le dommage subie
par le créancier constitue un élément indispensable pour engager la
responsabilité contractuelle du débiteur, il ne suffit pas de prouver la faute et le
dommage mais encor plus il faut prouver que le dommage est le résultat direct
de la faute contractuelle.
Cette relation de causalité a été bien introduit par l’article 263 du DOC qui
prévoit que la réparation du dommage est due, à tout moment qu’il y a une
inexécution de l’obligation ou une exécution tardive de celle-ci.
Encor plus, l’article 264 qui suit, définit le dommage objet de la réparation
entant que tout perte effective que le créancier a éprouvée et le gain dont il a été
privé, ce dommage est réparable à tout moment que s’il est la conséquence
directe de l’inexécution de l’obligation.
Il en résulte d’après ces articles que la responsabilité, pour qu’elle puisse être
mise en cause, il faut nécessairement que quatre conditions soient réunies ;
l’existence d’un contrat valide, l’inexécution o la mauvaise exécution de ce
contrat et un dommage qui est le résultat de la faute.
Donc la première condition pour établir un lien de causalité en matière
contractuelle, est l’existence même d’un contrat, qui sans aucun doute ses
conditions de validité sont bien introduites par l’article 2 du doc.6
Ensuite il faut avoir une faute contractuelle, qui est dans ce cadre soit une
inexécution tardive -dite mauvaise- du contrat, soit n’en pas exécuter de tout,
cette faute qui peut prendre plusieurs degrés et par conséquent plumier forme, ça
peut être une faute simple, lourd et la faute caractérisée appelée aussi dolosive.
La faute simple est une faute légère sans importance conséquence sur le contrat
comme par exemple, imprudence, inattention, négligence ou défaillance. La
faute lourde est une négligence d’une exceptionnelle gravité dénotant
l’inaptitude du débiteur à accomplir sa mission contractuelle (com, 1er avril
2014, n 12-14.418) comme la faute de transporteur de marchandises qui omit de
se conformer aux mesures de sécurité. Alors que, la faute dolosive est existée à
chaque fois qu’il y a violation délibérée d’une obligation contractuelle (arrêt de
la première chambre civile du 4 février 1969) comme par exemple le débiteur
qui refuse volontairement d’exécuter son obligation
En fin le dommage qui est le résultat de la faute contractuelle commise, en gros
il s’agit là du lien de causalité.
En dehors de ces cas théorique, Il reste ici de savoir qu’elle particularité du lien
de causalité en matière contractuelle.
En effet selon la doctrine française majoritaire, le régime de la défaillance
contractuelle supposerait l’existence d’un lien de causalité direct entre le
préjudice et le fait générateur7. D’ailleurs le code civil français dans son ancien
article 1151, l’indiquerait mais sans employer l’expression, de même pour le
DOC marocain dans son article 264 qui prévoit que le dommage est la
conséquence directe de l’inexécution de l’obligation qui oblige la réparation.
Cependant, cette vue est erronée, et découle de l’invention de la responsabilité
contractuelle, dont le régime fut ensuite calqué sur celui de la responsabilité
délictuelle. Ce n’est que par l’habitude que l’exigence de causalité est retenue
comme une constance de défaillance contractuelle, alors que le régime de celle-
ci, sainement conçu, ignore la réalité de la causalité. 8

6
Art 2 du DOC « Les éléments nécessaires pour la validité des obligations qui dérivent d'une déclaration de
volonté sont : 1° La capacité de s'obliger ; 2° Une déclaration valable de volonté portant sur les éléments
essentiels de l'obligation ; 3° Un objet certain pouvant former objet d'obligation ; 4° Une cause licite de
s'obliger. »
7
Philippe Le Tourneau ; droit de la responsabilité et des contrats, édition dalloz 2010/2011, p 559
8
Ph. Le Tourneau ; op. Cit. P 560
Néanmoins, la jurisprudence rappelle régulièrement la nécessité de l’existence
d’un lien de causalité dans le domaine contractuelle.
En effet, ce principe fut solennellement rappelé en 2001 par un arrêt9 de
l’assemblé plénière française, (qui est une formation supérieure de la cour de
cassation) rendu à propos de la possibilité d’une action en réparation intentée par
une enfant né handicapé.

En l’espèce, il s’agit d’un enfant né handicapé, et pour cette situation demande


une réparation de préjudice résultant de son handicap, contre le médecin chargé
de suivre l’état de grossesse de la mère, et qui par ses fautes, la mère ne pouvait
pas exercer son choix d’interrompre la grossesse.
La cours de cassation dans sa décision, déclare que l’enfant handicape peut
demander la réparation du préjudice si ce dernier est en relation de causalité
directe avec les fautes commises par le médecin dans l’exécution du contrat
formé avec sa mère et qui ont empêché celle-ci d’exercer son choix de faire
l’avortement thérapeutique.
Sauf que contrairement à ladite décision de la cour de cassation, l’assemblé
plénière estime que le lien de causalité n’existait pas car, faute de médicale ou
pas, la décision de la mère de procéder à un avortement thérapeutique ne dépend
pas du médecin mais de la mère elle-même.
Section 2 : la causalité en matière délictuelle
Tout comme en matière contractuelle, la mise en jeu de la responsabilité
suppose, outre un fait générateur de responsabilité et un dommage, un lien de
causalité entre les deux. Autrement dit, le fait générateur de responsabilité doit
avoir été la cause génératrice du dommage. Car il peut avoir une faute et un
préjudice mais le lien entre eux n’a pas lieu, et par conséquent la responsabilité
de de l’auteur du dommage ne s’engage pas. Et l’exemple classique dans ce
domaine est lorsqu’une personne met du poison dans la nourriture d’une autre
personne, et avant que le poison puisse faire effet dans son corps, une autre
personne l’abat avec un pistolet. Dans cette exemple l’empoisonneur a commis
une faute, mais cette faute n’est pas celui qui a conduit à la mort, donc la
relation s’empêche10.
En effet, selon un principe traditionnel, correspondant à une exigence de la
raison, pour cela admis dans tout l’univers, la responsabilité civile délictuelle
9
Cass. ass ,plén, 13 juill 2001 n° 97- 17. 359
10
Abdelkader El Arari, les sources d’obligation, la responsabilité civile, étude comparative à la lumière des
législation actuelles, 3 éditions, Dar Al Amane, Rabat 2004 (ouvrage en arabe)
suppose un lien de cause à effet entre le préjudice et le fait dommageable, car on
ne peut imaginer l’une sans l’autre, s’elle n’existe pas, il n’y a pas de
responsabilité mais le fuit du hasard. Pour autant, elle est une notion plus que
délicat non définit par le droit.11
En revanche, la causalité en matière délictuelle s’établi d’une manière
différente par apport en matière contractuelle, en particulier c’est le contrat qui
fait la différence. Si en matière contractuelle la causalité consiste à prouver que
l’inexécution du contrat ou l’exécution tardive est l’origine du dommage, alors
qu’en matière délictuelle les choses peuvent être un peut compliquées en raison
de l’absence de tout contrat, chose qui pose la difficulté de prouve la faute et le
dommage et par conséquent le lien de causalité.
Surtout que la notion de la faute en matière délictuelle constitue une notion
délicate, en raison de l’absence de tout définition de la part de loi, même que
l’article 77 et 78 du DOC présente la faute ou le fait de l’homme en tant que
causes de la réparation, mais aucune clarification n’a été avancée à ce propos.
Cependant, le dernier alinéa de l’article 78, prévoit que la faute consiste, soit à
omettre ce qu’on était tenu de faire, soit à faire ce qu’on était tenu de s’abstenir,
sans intention de causer un dommage.
Les choses vont compliquer plus, lorsque la situation présente un régime
particulier de la responsabilité délictuelle.
Si l’on songe par exemple à la responsabilité de fait d’autrui, l’article 85 du
DOC définit bien le régime de cette dernière. Cet article prévoit que la personne
est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait,
mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont elle doit
répondre, il s’agit Le père et la mère, après le décès du mari, qui sont
responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs habitant avec eux, ou
encor Les maîtres et les commettants, qui sont responsables du dommage causé
par leurs domestiques et préposés dans les fonctions auxquelles ils les ont
employés.
A cet effet, il ne fait nul doute que la faute (ou le faut causal) de la personne
gardée doit avoir causé dommage, en conséquent, il n’y a pas responsabilité des
parents du fait de l’enfant mineur que si le fait de l’enfant est à l’origine du
dommage, de même, il n’y a responsabilité du commettant du fait de préposé
que si la faute du préposé a causé le dommage.
Idem en ce qui concerne les conditions de la responsabilité du fait des choses,
dans ce cadre l’article 88 du DOC prévoit que, chacun doit répondre du
11
Ph. Le Tourneau ; op. Cit. P 561
dommage causé par les choses qu'il a sous sa garde, lorsqu'il est justifié que ces
choses sont la cause directe du dommage. Il en résulte que le fait actif de la
chose doit être la cause du dommage. Ainsi les cas particuliers de la
responsabilité de fait des choses ne font pas exception.
Comme la responsabilité de fait des produits défectueux qui suppose un lien de
causalité entre le défaut du dommage et le dommage.
De même pour la responsabilité de fait des animaux , qui implique que le fait de
l’animal soit à l’origine du dommage, dans ce cadre l’article 86 du DOC prévoit
clairement que Chacun est dans l’obligation de répondre du dommage causé par
l'animal qu'il a sous sa garde, même si ce dernier s'est égaré ou échappé, s'il ne
prouve, en premier lieu qu'il a pris les précautions nécessaires pour l'empêcher
de nuire ou pour le surveiller, et en deuxième lieu que l'accident provient d'un
cas fortuit ou de force majeure, ou de la faute de celui qui en a été victime.

Chapitre 2 : le lien de causalité entre les conditions d’établissement et les


causes d’exonération.
Le lien de causalité tel qu’il est défini en tant que lien de cause à effet entre un
fait générateur et le dommage lui-même, il peut remplir une double fonction,
d’une part son établissement permet de condamner le responsable (section 1) et
d’autre par son absence d’établissement ouvre des possibilités d’exonération à
l’auteur d’un fait (section 2)
Section 1 : les conditions d’établissement du lien de causalité
Tout comme le dommage, le lien de causalité pour qu’il soit établi, il doit être
certain (A) et direct (B), quelle que soit l’analyse de la causalité retenue, étant
entendu que ces notions imprécises donnent en fait une grande liberté
d’appréciation aux juges.12
A : la le lien de causalité doit être certain
Afin d’établir le lien de causalité et pouvoir parler d’une responsabilité, il
faut en premier lieu que ce lien soit certain, c’est-à-dire qu’il doit être bien
défini.
En effet le principe ne fait pas de doute, le rapport de causalité doit être certain,
dans ce cadre la cour de cassation française à met un contrôle qui, soit ne
constate pas l’existence d’un lien de causalité et donc la y a pas une

12
Philippe Le Tourneau ; op.cit. p 570
responsabilité, soit retiennent une responsabilité en notant que la cause
l’incertitude demeure sur la cause du dommage.13
Pour simple qu’elle paraisse, l’application de cette règle soulève maintes
difficultés, l’incertitude sur l’auteur du dommage par exemple.
Une délicate question de causalité s’est posée en présence d’un dommage causé
par une personne identifier au sien d’un groupe détermine. Le rapport de
causalité est incertain, puisqu’il n’est pas possible d’établir l’auteur de la faute,
de ce fait le lien de causalité entre le préjudice et la faute fait défaut.
L’exemple le plus illustratif ici est celui relatif aux accidents de chasse, dans ce
cas la victime est tiré par un groupe de chasseurs, sans qu’il soit possible
d’établir lequel d’entre eux à tiré le coup et ayant causé le dommage. La même
situation présente parfois à propos de jeu d’enfant.14 Qu’elle sera alors la
solution ?
Répondant a cette problématique, la jurisprudence française avait avancé le
principe de la faute commun. En effet, un premier courant a imaginé de retenir
une faute commune aux membres du groupe, qu’il s’agisse un groupe de
chasseurs ou d’une bande d’enfant.15 Le principe est bien confirmé par l’article
1347 du code civil français, lorsqu’il a prévu que, lorsqu’un dommage est causé
par un nombre indéterminé d’un groupe, tous les membres identifiés en
rependent solidairement sauf pour chaque d’eux à démonter qu’il ne puisse en
être l’auteur. De même, la cour de cassation marocaine va dans le même sens,
en prévoyant dans un arrêt rendu le 1ère mars 2005 que, si le dommage est causé
par plusieurs personnes agissant en commun, chaque d’elles est tenu
solidairement responsable des conséquences, sans distinguer si elles ont agi
comme instigateurs, complices ou auteurs principaux.
La faute commune donc, donne naissance à une responsabilité solidaire. Selon
une jurisprudence constante, cette faute est définie par la cour de cassation
française comme celle que plusieurs personnes commettent ensemble en
contribuant sciemment à produire un fait dommageable16. Dans ce contexte il
existe entre les coauteurs une entreprise commune justifiant, à elle seule,
solidarité.

13
Com. 30 novembre 1983, n° 82-13. 322n bull. civ. IV, n° 332
14
Cour de cassation française 2e chambre civile, arrêt du 9 février 1983
15
Philippe Le Tourneau, op. Cit .
16
Cour de cassation francaise, 2e chambre civile, arrêt du 10 décembre 2002
Si les magistrats parviennent à établir l’existence d’une faute collective des
membres du groupe, ils condamnent in solidum ces derniers et, s’il s’agit
d’enfant, leur parent.17
Cependant, la notion de la faute collective doit être manié avec prudence, et
n’être retenue que dans des cas exceptionnels, il ne suffit pas par exemple qu’un
acte fautif commis par un individu déterminé soit intervenu à l’intérieur d’un
groupe pour qu’il y ait responsabilité collective.18
Néanmoins, s’il est possible d’établir une faute personnelle d’un membre de
l’ensemble, de l’organisateur, il n’y a évidemment plus d’hésitation, lui seul doit
être suivi et condamné. Ainsi pour le responsable de l’association organisatrice
de la chasse. De même, la participation effective d’un enfant aux diverses étapes
du jeu suffit à caractériser son rôle positif dans la survenance du dommage.
L’exception tien également au surtout en niveau de droit pénal. En effet, puisque
la faute collective est une faute de l’ensemble du groupe et non pas de chaque de
ces membres, elle ne serait constituée une infraction.19 Dans la mesure où, en
théorie la responsabilité collective pénale n’existe pas. Cependant, la cours de
cassation française avait admis dans certains arrêt la responsabilité collective
pénale. En effet selon une décision rendu par la chambre criminelle de ladite
cour, se trouve également en faute, au regard des articles 319 et 230 du code
pénal (devenu 321-6 et 322- 19) deux prévenus qui ont participé ensemble à une
action essentiellement dangereuse et crée, par leur commune imprudence un
risque grave dont un tiers a été la victime, alors même qu’il n’a pas été possible
de déterminer l’incidence directe, sur ladite victime, des actes accomplis par
chacun de ces prévenus.
B : Le lien de causalité doit être direct
A côté du caractère de la certitude de lien de causalité, ledit lien doit être
également direct pour que la responsabilité soit engagée. Autrement dit, le
dommage subit par la victime doit être le résultat direct de la faute commise.
En effet, les articles 77 et 78 du DOC souligne clairement que le dommage est
réparable à tout moment lorsque ce dernier est la cause directe de l faute. De
même en droit français, les article de 1240 à 1244 de code civil affirme d’une
maniéré implicite le même principe.
Ces articles posent un principe tellement juste et rationnel qu’il guide à fortiori
le juge dans la réparation des délits et des quasi-délits, lesquels supposent bien
17
Philippe Le Tourneau, op. Cit
18
Cour de cassation française, chambre civil 2e, arrêt du 28 avril 1975, n° 121
19
Cour de cassation française, chambre civile 2e, arrêt du 29 novembre 1978, n° 77- 13 .026
souvent de simple faute, négligence ou imprudence. Un débiteur contractuel
coupable de dol ne peut tout de même pas être traité mieux qu’un responsable
délictuel pour lequel n’est relève qu’une simple imprudence. Comment,
d’ailleurs faite peser sur l’auteur d’un délit, des dommages qui ne se rattache à
son fait que par une série de causes indéfiniment prolongée ?
La jurisprudence décide donc avec raison que le préjudice indemnisable doit être
la conséquence directe du fait ou de l’acte dommageable.20 Ainsi, dans le
domaine contractuel la faute, qui est l’inexécution du contrat ou l’exécution
tardive de celui-ci, doit avoir contribué de façon directe à la production du
dommage.
Section 2 : Les causes d’exonération
Dans le procès en responsabilité, le débiteur cherche à échapper à la
condamnation. Il pourra le faire en contestant l’existence des éléments
constitutifs de la responsabilité : le préjudice, l’inexécution/ la faute ou la
causalité. Mais il pourra aussi cherche à se libérer en invoquant des causes
d’exonération qui ont pour effet de dispenser le débiteur de l’exécution du
contrat du contrat et de le faire échapper à toute responsabilité.
On comprendra que le responsable peut alors éventuellement « s’exonérer » de
sa responsabilité, s’il prouve l’existence d’une cause étrangère ne peu lui être
imputer, autrement dit, s’il justifie que l’inexécution provient d’un cas de force
majeur, d’un cas fortuit ou de la demeure du créancier. 21
Cette formule provient également de l’article 1147 du code civil français et
concerne la responsabilité contractuelle, elle est précisée en suite par l’article
1148 qui définit la cause étrangère comme la force majeure ou le cas fortuit.
A : pour ce qui est de la force majeur/le cas fortuit
L’article 287 du DOC définit la forme majeure comme tout fait que l'homme ne
peut prévenir…et qui rend impossible l'exécution de l'obligation. Le même
article ajoute deux précisions importantes :
- N'est point considérée comme force majeure la cause qu'il était possible
d'éviter, si le débiteur ne justifie qu'il a déployé toute diligence pour s'en
prémunir.
- N'est pas également considérée comme force majeure la cause qui a été
occasionnée par une faute précédente du débiteur

20
Pothier, traité des obligations, édition dalloz 2011
21
Art 268 du DOC
En justifiant ce principe, la jurisprudence que ce soit marocaine ou française ont
bien introduit ces causes comme des faits exonératoire de responsabilité.
En effet, la cour de cassation marocaine a déclaré dans un arrêt daté du 27 avril
201622 que la force majeure ne peut être considéré comme cause d’exonération,
que s’elle est imprévisible et irrésistible, et le dysfonctionnement des freins du
cyclomoteur n’est constitué force majeure, du fait que ce dysfonctionnement est
considéré comme un évènement prévisible.
Une autre décision rendu dans ce cadre daté du 19 mars 201523, prévoit que le
fait de prince est un cas de force majeur justifiant l’irresponsabilité contractuelle
de l’entreprise, à la suite d’une annulation d’une autorisation de lotir un bien sur
laquelle se trouve le terrain objet des travaux. En ajoutant un arrêt daté du 22
mars 1957 qui a insisté sur le caractère de l’imprévisibilité pour que la force
majeure soit retenu.
B : pour ce qui est de la demeure du créancier
L’article 268 considère comme causes d'exonération non seulement la force
majeure et le cas fortuit mais aussi la demeure du créancier. Il s'agit selon
l'article 270 D.O.C. du cas, très rare en pratique, où le créancier refuse, sans
motif valable, la prestation offerte par le débiteur. L'inexécution (ou le retard
dans l'exécution) est alors due au créancier qui n'a pas fait ce qu'il devait faire et
non au débiteur. C'est donc le créancier qui fait ici obstacle à l'exécution du
contrat et cela suffit à dégager le débiteur de toute responsabilité.
Si ultérieurement, le créancier agit en responsabilité contre le débiteur pour
inexécution du contrat, celui-ci pourra se libérer en prouvant que c'est le
créancier qui s'est opposé à l'exécution du contrat ou qui, par son refus, en a
rendu l'exécution impossible. La demeure du créancier joue ainsi comme une
cause d'exonération du débiteur.24

22
Arrêt de la cour de cassation n° 605/2 dans le dossier civil n° 15432/15
23
Arrêt de la cour de cassation n° 316/1, n° de dossier 5445/1/1/2014, daté de 19 mai 2015
24
Omar Azzimane : droit covil, droit des obligations, le contrat, éd le Fennec, 1996, P 288
Deuxième partie : L’analyse du rapport de causalité :

Les litiges où la causalité en question soient d’ordinaires tranchés par sentiment,


on peut le plus souvent a posteriori inférer de la décision rendue une prise
implicite de position en faveur de l’équivalence des conditions, ou de la
causalité adéquate.
Cependant, sont des cas où n’existe en principe, aucun lien intellectuel entre la
solution pratique et l’analyse théorique, cela tient essentiellement, aux règles de
preuve.
Chapitre 1 : Les règles de preuve :
En principe, la question de la preuve du lien de causalité est indissociable de
celle de son existence. La charge de la preuve incombe au demandeur,
cependant, de nombreuses victimes seraient déboutées si l’on attendait toujours
de leur part la preuve du rapport causal, chose qui pose la plupart de difficultés
en matière du lien de causalité. La preuve serait le seul aspect du lien de
causalité laissé à l’appréciation des juges du fond, donc la seule question de fait.
Ainsi la preuve directe du lien de causalité reste un modèle de référence,
(section 1), mais l’intérêt de la question se concentre sur la présomption du lien
causal (section 2).

Section 1 : La preuve directe du lien de causalité :


Suivant un principe traditionnel, notamment en matière de responsabilité du fait
des choses et de responsabilité du fait d’autrui, la charge d’établir l’existence du
rapport de causalité incombe au demandeur en responsabilité qui peut la
rapporter par tout moyen. De cela découle deux conséquences de force inégale.
En premier lieu, il en résulte que la responsabilité soit exclue chaque fois que
l’on peut affirmer que le dommage se serait identiquement produit en l’absence
de la faute considérée. Dans une telle hypothèse, la faute n’est pas un antécédent
nécessaire du dommage, cela dit qu’elle n’en est donc pas la cause, que ce soit
au sens de l’équivalence des conditions, ni a fortiori, au sens de la causalité
adéquate25. Alors, il s’ensuit qu’il est impossible d’établir un lien de causalité
entre la faute et le dommage.

25
Jacques FLOUR, Jean-Luc AUBERT, Éric SAVAUX, Droit Civil, Les Obligations, p : 188.
La jurisprudence française donne un exemple concret, dans la mesure où « elle a
considérée qu’il y a absence de lien de causalité entre le défaut d’information,
par la SEITA sur les dangers de tabac et le décès d’un fumeur ayant commencé
jeune, au motif qu’il avait dû nécessairement être informé par ses parents ».26
Autrement dit, la simple concomitance, ou une certaine proximité temporelle ne
suffit pas à établir le lien de causalité.
En second lieu, en l’absence de présomption légale, il est requis du demandeur,
la preuve de la certitude de la relation causale entre le fait reproché et le
dommage ou du moins la certitude que le dommage a été causé par un fait
générateur imputable au défendeur, dans l’hypothèse où à défaut d’identifier la
cause précise, la victime se contente de démontrer que toutes les causes
possibles sont imputables à ce dernier et génératrices de responsabilité.27
Il s’ensuit que, l’incertitude quant à l’enchainement des événements qui ont
conduit au dommage, exclut pareillement et pour la même raison la
responsabilité, le doute profite au défendeur, et donc on ne peut pas affirmer que
la faute a figuré pami les antécédents nécessaires du dommage. Là encore,
aucune des théories de causalité ne peut s’appliquer.
Toutefois, cette seconde conséquence n’est pas aussi fermement établie que la
première et comporte de multiples nuances. C’est qu’il y a des degrés dans
l’incertitude et qu’il n’est pas davantage établi que la faute ne peut pas être un
antécédent du dommage. Dans ces conditions, les juges ont parfois tendance à
assouplir les exigences de la charge de la preuve imposée à la victime. Ils y
parviennent en adoptant une compréhension libérale des modes de preuves.
A cet effet, la causalité peut être retenue en se basant sur la preuve indiciaire et
des présomptions de fait qui doivent être graves, précises et concordantes. D’une
part, en faisant appel à la technique du faisceau d’indices c’est dire un ensemble
d’indices qui par leur convergence permettent de prouver un fait juridique, cette
convergence des différents éléments du faisceau accrédite l’existence de ce que
l’on veut démontrer.
D’autre part, en faisant appel à un raisonnement par exclusion, qui a été admis
lorsque la cause possible et le dommage entretenaient une certaine proximité
spatio-temporelle.28

26
Op.cit. Jacques FLOUR, Jean-Luc AUBERT, Éric SAVAUX, P : 188.
27
Karine LEFEUVRE-DARNAJOU, Docteur en droit, Le lien de causalité ou la résurgence d’une certaine rationalité
au sein de la responsabilité, publié in Revue juridique de l’Ouest, 2003/2004.
28
Op.cit. Essai sur la causalité en droit de la responsabilité civile, P : 253.
Ce raisonnement par exclusion, ou par élimination, est accepté lorsque le
nombre de causes possibles est limité, de telle sorte qu’il est possible de les
exclure toutes, sauf une.
La causalité étant une abstraction, son appréhension directe est délicate, et les
techniques présomptives ne sont jamais loin.

Section 2 : la causalité présumée :


En dehors de ces présomptions de fait, constatées par les juges de fond, il existe
un certain nombre de présomption de causalité. Le juge ou le législateur
éprouvent le besoin de créer une présomption de causalité lorsque la preuve du
lien causal est difficile, et qu’il parait injuste d’autre part de laisser sa charge et
surtout son risque, peser sur la victime.
Au vrai, dans bien des cas, on glisse insensiblement d’une causalité prouvée par
des indices graves, précis et concordants, à une causalité carrément présumée, le
lien de causalité devenant « une pétition de principe » entre le fait dommageable
et les préjudices invoqués, se traduisant donc par un allégement du fardeau
probatoire.29
En guise d’effet, l’exigence de la preuve de la certitude du rapport de causalité,
parfois très défavorable à la victime, a donné naissance à des présomptions de
causalité qui s’accompagnent d’un véritable renversement de la charge de la
preuve.
Voilà un arrêt de la cour de cassation marocaine qui vient illustrer ce cas d’une
causalité présumée en matière de la responsabilité du fait des choses, en
admettant dans sa décision, que si la responsabilité du fait des choses est fondée
sur la faute présumée tel qu’énoncé par l’article 88 du DOC, celui qui subit le
dommage n’est pas tenu de prouver la faute, mais doit prouver que le défendeur
est le gardien de la chose dont il a la garde, le responsable ne peut donc nier le
lien de causalité qu’en prouvant un fait étranger.
En l’espèce, la cour de cassation a rendu une décision qui casse et annule la
décision de la cour d’appel qui a rejeté l’action en réparation aux motifs que le
demandeur n’a pas prouvé que le dommage qu’il a subi est dû à une panne de
l’ascenseur, bien que le demandeur ait présenté une lettre dans laquelle le
défendeur atteste que le demandeur a fait un accident dans l’ascenseur qui est
sous sa garde, et qui lui a causé des blessures au niveau de son genoux, et que si
une chose cause un dommage, c’est qu’elle est intervenue positivement dans la

29
Philippe LE TOURNEAU, op.cit. P : 562.
réalisation du dommage et qu’aucune pièce dans le dossier ne prouve que le
demandeur a fait tout son possible pour empêcher le dommage ou que le
dommage est dû à une cause étrangère ou à la force majeure ou encore, à la faute
de la victime conformément aux dispositions de l’article 88 du DOC.30
Alors même que la jurisprudence se montre plus souple et allège singulièrement
la tâche probatoire de la victime, elle continue d’encadrer étroitement les
conditions et la portée de ces présomptions afin de préserver un certain équilibre
et raison garder. Elle exige notamment que ces présomptions soient graves,
précises et concordantes.
Par ailleurs, peut être citée à titre d’exemple la présomption d’imputabilité
créée en matière d’accident du travail, en vertu de laquelle « toute lésion
apparue au temps et au lieu du travail doit être considérée à priori comme
résultant d’un accident ». Cependant, la portée de la présomption est limitée
parce qu’elle ne dispense pas la victime de prouver le dommage et son caractère
accidentel à un moment et dans un lieu consacré au travail, et en raison de son
caractère réfragable qui permet à l’employeur de se dégager de sa responsabilité,
en établissant que le salarié s’est soustrait à son autorité ou que le travail n’a eu
aucune incidence dans la réalisation de l’accident31. Néanmoins la fragilité de la
présomption ne fait pas de doute, ce dont bénéficie le défendeur.
En réalité, pour reprendre les mots de G. Viney, « la présomption n’est légitime
que lorsque les circonstances rendent vraisemblable le lien causal entre le
dommage et l’accident, il est alors naturel de faciliter la tâche probatoire de la
victime »32.

Chapitre 2 : le lien de causalité : débats théoriques et solutions pratiques :


Les difficultés rencontrées pour établir ce lien causal, ont depuis longtemps
préoccupé la doctrine. La question de la causalité a donc suscité une abondante
littérature et de gros efforts de théorisation et de systématisation.
Deux grandes thèses s’affrontent ici :

Section 1 : L’équivalence des conditions :


Pour la doctrine dite de l’équivalence des conditions, forgé par Von Buri, tous
les éléments qui ont conditionnée le dommage sont équivalents. En ce sens, elle

30
Arrêt n° 389 rendus par la cour de cassation de Rabat le 08/02/2006, dans le dossier civil n°838/1/3/2004.
31
Op.cit. Karine LEFEUVRE-DARNAJOU, P : 401
32
G. Viney et P. Jourdain, Les Conditions De La Responsabilité, 2ème éd, 1998 P : 365.
est très favorable aux victimes. Cette théorie relativement simple, découle du
déterminisme : càd il y a une équivalence entre la cause pleine et l’effet entier.
Chacun des éléments en l’absence duquel le dommage ne serait pas survenu, est
la cause du dommage.33
Autrement dit, tous les facteurs qui ont concouru à la réalisation du dommage et
sans lesquels le dommage ne serait pas produit, ont une même valeur causale et
doivent être retenus.
En guise d’effet, à l’égard de la victime s’applique la théorie de l’équivalence
des conditions (de toutes les conditions) : dès qu’un comportement illicite ou
autre fait générateur de responsabilité forme une cause nécessaire du dommage,
il n’importe ni de savoir dans quelle mesure elle en est la cause, et il n’importe
plus également, de savoir combien d’autres causes étaient nécessaires.
Dans ce sens, le juge doit simplement faire abstraction de l’illicéité ou de tout
autre fait générateur de responsabilité, et juger si le dommage se serait présenté
aussi dans cette hypothèse. On ne peut donc déduire de la causalité d’une faute
que les autres fautes ne sont pas causales, mais plutôt sont toutes considérées
pleinement comme étant la cause.34
A titre d’illustration, on cite un exemple concret :
Une société fut victime de détournements de son chef comptable, qui auraient
été évités si elle avait effectué un contrôle sur son activité, dont la nécessité était
apparue immédiatement, de sorte que cette faute avait absorbé celle du
commissaire aux comptes, puisque celle-ci n’aurait pas pu être commise sans
celle-là.35
En effet, la théorie de l’équivalence des conditions est souvent suffisante pour
déterminer la cause d’un dommage unique et immédiat dans la responsabilité
fondée sur la faute. Or, l’inconvénient en est que les événements ayant concouru
à la réalisation du dommage sont nombreux, de sorte que tout dommage
risquerait d’avoir un grand nombre de causes.

33
Op.cit., Droit De La Responsabilité Et Des Contrats, P : 565.
34
Mathias E. STORME, Quelques aspects de la causalité en droit des obligations et des assurances, article publié
dans https://www.law.kuleuven.be/personal/mstorme/causalite.pdf

35
Arrêt n° 578 dans le dossier commercial n° 01-02.511, rendu par la Cour de cassation française le 14
décembre 2005.
Section 2 : La causalité adéquate :
Plus complexe est la théorie de la causalité adéquate exposée en 1886 par Von
KRIES, il y a causalité adéquate lorsqu’une condition est de nature, (dans le
cours habituel des choses et selon l’expérience de la vie), à produire l’effet qui
s’est réalisé. Tous les antécédents d’un dommage n’ont pas donc le même rôle, il
se peut que, par suite d’un enchainement de « circonstances exceptionnelles »,
un événement provoque un dommage, il n’en est point la cause mais seulement
l’occasion.
A cet égard, la théorie de causalité adéquate considère que le juge doit opérer
une sélection parmi les facteurs qui ont contribué à la réalisation du dommage
pour ne retenir que ceux qui pouvaient rendre le dommage probable à
l’exclusion des autres.36
Cela dit, qu’une hiérarchie des facteurs du dommage doit être établie, dans ce
sens, l’antécédent à retenir est celui qui a augmenté les probabilités du résultat
constaté, de sorte que, plutôt que de causalité adéquate, il conviendrait de parler
de causalité probabiliste.
Un exemple concret tiré d’un arrêt permet d’illustrer ce raisonnement :
Le fait d’avoir sur soi un briquet en entrant dans un hangar dans lequel sont
entreposés des matières très inflammables (du lin) peut être considéré comme
fautif. Mais si un camarade du porteur du briquet se saisit de celui-ci, tombé à
terre, met le feu au bâtiment et aux récoltes, la faute initiale est sans aucun
rapport avec le dommage. Seul un concours de circonstances imprévisibles a
permis que le briquet fût l’instrument du sinistre.37
En revanche il y a causalité adéquate en présence d’une condition favorisante
(d’après l’expérience humaine et le cours normal des choses), le fait de remettre
les clefs d’un véhicule à une personne en état d’ivresse est la cause nécessaire de
l’accident mortel provoqué par le conducteur.
Signalons d’emblée, que dans chaque espèce, il faut rechercher si la causalité a
été adéquate ou probabiliste. L’examen s’opère à posteriori, il s’agit de remonter
dans le temps pour se demander rétrospectivement s’il était objectivement
possible de penser que tel fait provoquerait normalement cet effet dommageable,
serait réellement perturbateur.
Si la réponse à ce calcul des probabilités à posteriori est affirmative, c’est dire si
le fait apparait comme la cause essentielle, il y a causalité adéquate. Ce qui
36
Omar AZZIMAN, op.cit. P 283.
37
Arrêt n° 227, rendu par la chambre civile de la Cour de cassation française dans le dossier n° 72-12850, le 25
octobre 1973.
importe, ce n’est pas que les conséquences fussent prévisibles, mais plutôt que la
cause apparaisse comme objectivement apte à les provoquer.
Conclusion générale :
La notion de causalité en responsabilité civile est unique, mais a une double
fonction, d’une part, le lien de causalité est une condition de la responsabilité
civile, d’autre part, il constitue le mouvement de valeur, cause de l’obligation de
réparation, cette deuxième dimension souligne le rôle effectif ou potentiel de la
causalité, qui consiste à déterminer la partie victime et la partie responsable à
qui incombe l’obligation de réparation.
Deux relations donc de nécessité entre la responsabilité et la causalité ont pu être
dégagés, la causalité est une condition nécessaire de la responsabilité civile,
l’obligation de réparation est une conséquence nécessaire de la réunion des
conditions de la responsabilité civile, notamment de la présence du lien de
causalité.
Sauf que en réalité, et tel qu’il a été avancé, la mise en jeu de cette relation est
un peut délicate. Si la causalité est la question dans laquelle la nature de droit se
révèle de manière privilégiée, et que celle-ci n’est pas des sciences exactes, il est
absolument vain de rechercher à calquer la causalité juridique sur la causalité
matérielle. Dans ce cadre on se demande, s’il pourra y’a avoir une redéfinition
de la causalité !
Bibliographie
ouvrags
- Saad Moummi, droit civil, droit des obligations, édition EL BADDI 2000
- Omar Azziman, droit civil, droit des obligations, le contrat, éd le Fennec,
1996
- Abdelkader El Arari, les sources d’obligation, la responsabilité civile, étude
comparative à la lumière des législations contemporaine, 3 éditions, Dar Al
Amane, 2004 (ouvrage en arabe)
- Philippe Le Tourneau ; droit de la responsabilité et des contrats, édition
dalloz 2010/2011
- Pothier, traité des obligations, édition dalloz 2011
Thèses et mémoires
- Christophe QUEZEL-AMBRUNAZ, Essai sur la causalité en droit de la
responsabilité civile, Thèse de doctorat en droit de l’université de Savoie
présentée et soutenue publiquement le 29 mai 2008, sous la direction de M.
Philippe Brun.
Lois
-Dahir (9 Ramadan 1331) formant code des obligations et des contrats (B.O.
12 septembre 1913)
-Code civil français
Eléments de jurisprudence
Des arrêts marocains :
-Arrêt n° 389 rendus par la cour de cassation le 08/02/2006, dans le dossier
civil n°838/1/3/2004

-Arrêt n° 316/1, rendus par la cour de cassation le 19 mai 2015, dans le


dossier civil n° de dossier 5445/1/1/2014

-Arrêt rendu par la cour de cassation le 27 avril 2016 n° 605/2 dans le


dossier civil n° 15432/15

Des arrêts français :


-Arrêt de la chambre civil 2e, n° 121, du 28 avril 1975

- Arrêt de la chambre civile 2e, n° 77- 13 .026, daté du 29 novembre 1978,


- Arrêt de la chambre commerciale, n° 578n° dans le dossier 01-02.511, daté du
14 décembre 2005
- Arrêt, la chambre civile, n° 227 dans le dossier n° 72-12850, daté du 25
octobre 1973

Articles

-Mathias E. STORME, Quelques aspects de la causalité en droit des obligations


et des assurances, article publié dans
https://www.law.kuleuven.be/personal/mstorme/causalite.pdf

-Karine LEFEUVRE-DARNAJOU, Le lien de causalité ou la résurgence d’une


certaine rationalité au sein de la responsabilité, article publié dans le Revue
juridique de l’Ouest, 2003
Table des matières
................................................................................................................................................................. 1
Introduction générale ............................................................................................................................ 2
Première partie : une premiere vue sur le lien de causalité ............................................................... 4
Chapitre 1 : le domaine de la causalité ............................................................................................ 4
Section 1 : La causalité en matière contractuelle........................................................................ 4
Section 2 : la causalité en matière délictuelle .............................................................................. 6
Chapitre 2 : le lien de causalité entre les conditions d’établissement et les causes d’exonération
............................................................................................................................................................. 8
Section 1 : les conditions d’établissement du lien de causalité .................................................. 8
Section 2 : Les causes d’exonération .......................................................................................... 11
Deuxième partie : L’analyse du rapport de causalité : .................................................................... 13
Chapitre 1 : Les règles de preuve : ................................................................................................ 13
Section 1 : La preuve directe du lien de causalité : .................................................................. 13
Section 2 : la causalité présumée :.............................................................................................. 15
Chapitre 2 : le lien de causalité : débats théoriques et solutions pratiques : ............................. 16
Section 1 : L’équivalence des conditions : ................................................................................. 16
Section 2 : La causalité adéquate : ................................................................................................. 18
Conclusion générale ............................................................................................................................ 20
Bibliographie........................................................................................................................................ 21

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