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DIFFICULTES DES ENTREPRISES

COURS S5 REFERENCES

01/10/2019
USMS
DROIT FRANÇAIS POLYDISCIPLINAIRE
Glossaire
Ad hoc : Qui convient parfaitement à une situation, à un usage, à un moment précis.
Exemple : Une société ad hoc, une commission ad hoc, un administrateur ad hoc.
Synonymes : adéquat, idoine, apte, approprié, pertinent Étymologie : locution latine
qui signifie : pour cela. Expression voulant dire « pour cela » ; ainsi on nomme un
tuteur, un administrateur, un juge « ad hoc ».

Dépens : Part des frais engendrés par le procès que le gagnant peut se faire
rembourser par le perdant, à moins que le tribunal n'en décide autrement.

Force obligatoire : Le caractère obligatoire de l'exécution des conventions pour les


deux parties.

Force exécutoire : Qualité d'un acte qui s'impose ou permet le recours à la force
publique pour assurer son exécution.

Chose jugée : Autorité attachée à un acte de juridiction servant de fondementà


l'exécution forcée du droit judiciairement établi, et faisant obstacle à ce que la même
affaire soit à nouveau portée devant le juge.

Période suspecte : Période qui s'étend de la cessation des payements au jugement


prononçant le redressement judiciaire.

Créancier chirographaire : Créancier ne bénéficiant d'aucune garantie particulière


pour le recouvrement de sa créance.

Procédure collective : Ensemble des règles qui régissent le traitement judiciaire


des entreprises en difficultés.

Intuitu personae : Considération de la personne. L'expression signifie que, dans un


contrat, la considération du capital apportée est plus importante que la qualité de la
personne qui l'apporte.

Forclusion : Expiration d'un délai pour engager une instance, accomplir un acte
exercer un recours qui entraine une déchéance de la faculté d'agir.

Passif : Ensemble de dettes d'un commerçant, d'une entreprise.

Effet relatif des contrats : Conséquences des effets du contrat sur les ayants
droits.

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Assignation : Acte de procédure par lequel le demandeur cite son adversaire(le
défendeur) par l'intermédiaire d'un huissier de justice à comparaitre devant une
juridiction de l'ordre judiciaire et valant, devant le tribunal de grande instance,
conclusion pour le demandeur.

Sous-seing privé : Acte écrit, généralement instrumentaire, plus rarement


nécessaire à l'existence de la situation juridique, rédigé par un particulier et
comportant la signature manuscrite des parties.

Subrogation : la substitution d’une personne ou d’un groupe par une autre à l’égard
d’une créance ou d’une demande d’assurance, accompagnée du transfert de tous
droits et devoirs associés. opération qui substitue une personne ou une chose à une
autre, le sujet ou l'objet obéissant au même régime juridique que l'élément qu'il
remplace.

Déchéance : perte d'un droit, soit à titre de sanction, soit en raison du non respect
de ses conditions d'exercice.

Banqueroute : Infraction commise par un commerçant ou le dirigeant d'une


personne morale qui ne peut plus payer ses dettes en raison de fautes commises.

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Bibliographie

ARGENSON J. « Règlement judiciaire et faillite : traité et formulaires ».


Librairie Technique.Tome II. 4ième édition.1973.

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Edition PUF, droit fondamental. 1986.

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VOGEL Louis et GERMAIN Michel. « Traité de droit commercial : commerçants,


tribunaux de La prévention des difficultés des entreprises : Étude comparative
entre le droit français et le droit marocain

COURS REVU REFERENCE

Droit des difficultés des entreprises Cours 2018-2019 – Professeur Ahmed. Mikou.

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Glossaire............................................................................................................ 2
Bibliographie ..................................................................................................... 4
Introduction définition : .................................................................................. 10
Partie I : Procédures antérieures à la cessation de paiement : ........................ 17
Chapitre I : Les procédures de prévention : ....................................................................................................... 17
Section I : La prévention interne : ................................................................................................................. 17
Paragraphe 1 : Les organes : ..................................................................................................................... 17
Paragraphe 2 : La procédure : ................................................................................................................... 19
Paragraphe 3 : Les causes justifiant l’ouverture de la prévention interne : ................................................ 19
Section 2 : La prévention externe :................................................................................................................ 20
A- Le déclenchement de la prévention externe par les organes liés à l’entreprise : ................................ 21
B- La saisine d’office par le président du tribunal : ................................................................................. 21
Paragraphe 1 : La mission du président du tribunal : ..................................................................................... 22
A- Le mandataire spécial :...................................................................................................................... 22
B- La conciliation : ................................................................................................................................. 23
1- Les conditions d’ouverture de la conciliation. ............................................................................ 24
2- La procédure. ............................................................................................................................ 24
3- La décision du président du tribunal. ......................................................................................... 24
4- Conditions de forme de la procédure de conciliation......................................................................... 25
5-Les effets de l’accord de conciliation. ................................................................................................. 26
6- Les effets de la non-exécution de l’accord de conciliation : .............................................................. 26
Chapitre II : La procédure de sauvegarde : ........................................................................................................ 27
Section 1 : Les conditions d’ouverture : ........................................................................................................ 27
Paragraphe 1 : Les conditions de fond. ......................................................................................................... 27
Paragraphe 2 : Les conditions de forme. ....................................................................................................... 27
Section 2 : Le déroulement de la procédure. ................................................................................................. 28
Section 3 : Les pouvoirs du chef d’entreprise et du syndic............................................................................. 29
Section 4 : La préparation de la solution ....................................................................................................... 29
Section 5 : Le choix de solution. .................................................................................................................... 29
Paragraphe 1 : L’homologation du plan de sauvegarde. ................................................................................ 29
Paragraphe 2 : La résolution du plan de sauvegarde. .................................................................................... 30

Partie II : Le déclenchement des procédures de traitement des difficultés. .... 31


Chapitre I : Les conditions d’ouverture des procédures de traitement des difficultés de l’entreprise. ............... 31
Section 1 : Les conditions de fond. ................................................................................................................ 31

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Paragraphe 1 : Les conditions relatives au débiteur. ................................................................................. 31
Paragraphe 2 : La condition relative à la dette : la cessation de paiement. ................................................ 32
A- La notion de cessation de paiement. ............................................................................................. 32
B- La nature de la dette. .................................................................................................................... 33
C- Moment d’appréciation................................................................................................................. 33
Section 2 : Les conditions de forme. ................................................................................................................. 34
Paragraphe 1 : La saisine du tribunal............................................................................................................. 34
Paragraphe 2 : Le prononcé du jugement. .................................................................................................... 36
Chapitre II : Les organes de la procédure de traitement des difficultés. ............................................................ 41
Section 1 : Le tribunal. .................................................................................................................................. 41
Section 2 : Le juge commissaire et son suppléant. ......................................................................................... 41
Paragraphe 1 : Nomination. ...................................................................................................................... 41
Paragraphe 2 : Les missions. ..................................................................................................................... 41
Paragraphe 3 : La forme juridique des décisions du juge commissaire et les recours. ............................... 42
Section 3 : Le syndic...................................................................................................................................... 43
Paragraphe 1 : Le statut du syndic. ........................................................................................................... 43
Paragraphe 2 : Les pouvoirs. ..................................................................................................................... 43
Paragraphe 3 : Responsabilité du syndic. .................................................................................................. 44
Section 4 : Les contrôleurs. ........................................................................................................................... 44
Paragraphe 1 : Le statut. ........................................................................................................................... 44
Paragraphe 2 : Les pouvoirs. ..................................................................................................................... 44
Section 5 : L’association des créanciers. ........................................................................................................ 45
Paragraphe 1 : Conditions de constitution et de fonctionnement de l’association des créanciers. ............. 45
A-Modalités de constitution................................................................................................................. 45
B- Fonctionnement............................................................................................................................... 46
1- Domaine de compétence. .......................................................................................................... 46
2- Convocation en réunion. ............................................................................................................... 46
3-Délai de convocation. ..................................................................................................................... 46
4-Validité des délibérations. .............................................................................................................. 47
C- Le plan de remplacement. ............................................................................................................ 47
Paragraphe 2 : Homologation du projet de redressement par le tribunal. ................................................. 47
Paragraphe 3 : Droit de consultation des créanciers et recours. ................................................................ 48
A- Droit de consultation des créanciers. ............................................................................................. 48
B- Recours contre les décisions de l’association. ................................................................................ 48
Chapitre III : Les solutions judiciaires de traitement des difficultés de l’entreprise. ........................................... 49
Section 1 : La préparation de la solution. ...................................................................................................... 49
Paragraphe 1 : Poursuite de l’exploitation. ................................................................................... 49

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A- Les conditions de poursuite de l’exploitation..................................................................................... 49
1- La faculté d’exiger l’exécution des contrats en cours. .................................................................... 49
2- La cession du bail. ......................................................................................................................... 49
3- La gestion des créances. ................................................................................................................ 50
a- Les créances nées après le jugement d’ouverture. ..................................................................... 50
b- Nouveau financement. .............................................................................................................. 50
B- Les pouvoirs du chef d’entreprise et du syndic. ................................................................................. 50
Paragraphe 2 : Les pouvoirs du syndic dans la phase préparatoire de la solution....................................... 50
A- La mission principale du syndic. ........................................................................................................ 50
B- Les prérogatives du syndic. ............................................................................................................... 51
1- Un droit de communication d’ordre public. ................................................................................... 51
2- La réception des offres tendant au maintien de l’entreprise. ......................................................... 51
3- La proposition de modification du capital social. ........................................................................... 51
4- Le droit de proposer le remplacement d’un ou de plusieurs dirigeants. ......................................... 52
5- La gestion des dettes. .................................................................................................................... 52
Section 2 : Le choix de la solution. ................................................................................................................ 53
Paragraphe 1 : Le plan de continuation. .................................................................................................... 53
A- Les modalités techniques de la continuation. ............................................................................... 53
1- Les conditions nécessaires à l’adoption d’un plan de continuation............................................. 53
2- La durée du plan de continuation. ............................................................................................. 53
3- La modification du contenu et résolution du plan de continuation. ........................................... 53
4- Le sort des contrats de travail. ................................................................................................... 54
5- La suspension des effets de l’interdiction bancaire. ................................................................... 54
6- L’inaliénabilité de certains biens. ............................................................................................... 54
7- La modification des statuts. ....................................................................................................... 54
B- L’apurement du passif. ................................................................................................................. 54
1- Les modalités de l’apurement du passif. .................................................................................... 55
C- Les solutions au plan de continuation. ......................................................................................... 55
Paragraphe 2 : Le plan de cession. ............................................................................................................ 55
A- Les modalités de la cession. .......................................................................................................... 56
1- Les différentes formes de cession. ............................................................................................. 56
2- La procédure de cession. ........................................................................................................... 56
b- Le contenu de l’offre. ................................................................................................................ 56
c- Le choix de l’offre par le tribunal. .............................................................................................. 57
B- L’exécution de plan de cession et des contrats. ............................................................................ 57
1- Le transfert forcé des contrats. .................................................................................................. 57
2- L’exécution du transfert. ........................................................................................................... 57

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C- Les effets du plan de cession. ....................................................................................................... 58
1- Les effets à l’égard du cessionnaire. .......................................................................................... 58
2- Les effets à l’égard des créanciers.............................................................................................. 58
Paragraphe 3 : La liquidation judiciaire. .................................................................................................... 59
A- Les effets du prononcé de la liquidation judiciaire. ........................................................................ 59
1- Le dessaisissement de plein droit du débiteur. .......................................................................... 59
2- La possibilité de poursuite temporaire de l’activité. ................................................................... 59
B- Le déroulement des opérations de liquidation............................................................................... 60
1- La réalisation de l’actif. .............................................................................................................. 60
2- Le règlement du passif............................................................................................................... 62

Partie III : Les procédures transfrontalières des difficultés de l’entreprise. ..... 62


Chapitre I : Les dispositions générales. ............................................................................................................. 62
Section 1 : Les objectifs de la procédure. ...................................................................................................... 62
Paragraphe 1 : Les actions nécessaires. ..................................................................................................... 62
Paragraphe 2 : La terminologie spécifique................................................................................................. 63
1- La procédure étrangère. ................................................................................................................ 63
2- Le représentant étranger............................................................................................................... 63
3- Le tribunal étranger....................................................................................................................... 63
Section 2 : Le domaine d’application............................................................................................................. 63
Chapitre II : L’accès aux procédures nationales. ................................................................................................ 64
Section 1 : Les procédures d’ouverture. ........................................................................................................ 64
Section 2 : Le statut des créanciers. .............................................................................................................. 64
Chapitre III : La reconnaissance de la procédure étrangère. .......................................................................... 65
Section1 : Les conditions de demande de la reconnaissance. ........................................................................ 65
Paragraphe 1 : La présentation de la demande de reconnaissance. ........................................................... 65
Paragraphe 2 : La reconnaissance de la procédure étrangère. ................................................................... 65
Paragraphe 3 : Les effets de la reconnaissance de la procédure étrangère. ............................................... 66

ARTICLE DEBAT ................................................................................................ 68


Entreprises en difficulté: Les enjeux d’une réforme tant attendue .................................................................... 68
Entreprises en difficulté: Le nouveau mécanisme est en place .......................................................................... 71
Entreprises en difficulté ......................................................................................................................... 74
La réforme du livre V du Code de commerce entérinée .................................................................................... 74

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Introduction définition :

Le droit des difficultés de l’entreprise peut se définir comme étant


l’ensemble des règles ayant pour objet de restaurer le déséquilibre qui peut influencer
négativement l’exploitation d’une entreprise et permettre à l’entreprise de dépasser ses
difficultés dans l’objectif de poursuivre ses activités telles que le maintien des
emplois occupés et régler ses créanciers = règles de prévention et d’organiser
judiciairement son redressement lorsqu’elle est en situation de cessation de paiement
ou enfin de procéder à sa liquidation judiciaire lorsqu’il s’avère que sa situation est
irrémédiablement compromise.
1. règles de prévention
2. règles de sauvegarde qui est surtout venue avec la 73-17
3. redressement
4. liquidation judiciaire

La loi de 2018 a apporté un nouveau cadre juridique en initiant les règles de


sauvegarde1.
La notion de cessation de paiement s’écoule d’une situation irrémédiablement
compromise, la liquidation judiciaire s’en suit.

Ce droit est régi par le nouveau livre 5 du CDC2 sous l’appellation : Les procédures des
difficultés de l’entreprise, institué par la loi 73-17 du 19 Avril 2018 qui a abrogé et
remplacé le livre 5 de la loi 15-95 promulguée par le Dahir du 1er Août 1996 relatif au
CDC régissant particulièrement les difficultés de l’entreprise.

1
LES PROCÉDURES DE SAUVEGARDE ET DE REDRESSEMENT JUDICIAIRE
Contrairement aux mécanismes de prévention, ce sont des procédures collectives, donc arrêt des poursuites des
créanciers. La procédure est une procédure de redressement judiciaire anticipée survenant avant cessation des
Paiements. L’état de cessation des paiement : ligne de partage entre procédure de sauvegarde et les procédures
classiques de redressement et liquidation. Dans la sauvegarde, l’administrateur de l’entreprise est assuré par son
dirigeant. En se plaçant sous ce régime, le chef d’entreprise n’a plus à craindre de perdre le contrôle de son entreprise.
La rémunération du dirigeant a vocation à être maintenue ! Mais si redressement judiciaire, c’est le juge commissaire
qui sera la rémunération des dirigeants.
2
Loi formant code de commerce
Loi n° 73.17 remplaçant le livre V de la loi n° 15.95 Dahir n° 1-18-26 du 2 chaaban 1439 (19 avril 2018)
 Loi n° 49-15 modifiant et complétant la loi n° 15-95 formant code de commerce et édictant des dispositions
particulières relatives aux délais de paiement 25 aout 2016
 Loi n° 81-14 complétant et modifiant l’intitulé du livre V et l’article 546 de la loi n° 15-95 formant Code de commerce
 Loi n° 134-12 abrogeant et remplaçant les dispositions de l’article 503 de la loi n° 15-95 formant Code de commerce
 loi n° 32-10 complétant la loi n° 15-95 formant code de commerce
 loi n° 24-04 modifiant et complétant la loi n° 15-95 formant code de commerce
loi n° 15-95 formant code de commerce

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Le domaine du droit de procédure des difficultés de l’entreprise paraît plus large que
celui de l’ancienne législation de la faillite 3 et de la liquidation judiciaire qui visait
exclusivement les commerçants en état de cessation de paiement qu’ils aient la qualité
de personne physique ou morale. Or, le nouveau droit énonce dans son titre comme
domaine d’application : L’Entreprise. Cette notion est purement économique, elle peut
être définie comme « un ensemble de moyens matériels et humains organisé en vue
d’une certaine production dans le but de réaliser des bénéfices ou d’en supporter les
pertes. » Toutefois, il y a lieu de souligner l’un des mérites du nouveau livre 5 du CDC
d’avoir pris soin de définir la notion de l’entreprise telle qu’elle est entendue dans ce livre
en précisant dans l’article 546 A14 qu’il s’agit d’une personne physique commerçante ou
société commerciale.
Il est à noter que l’acquisition de la qualité de commerçant doit être appréciée à la
lumière de l’article 6 du CDC 5 qui énumère les activités attribuant cette qualité dès lors
qu’elles sont exercées de manière habituelle ou professionnelle.

3
Article 733 du code de commerce de 1996 a abrogé les dispositions de l’article 197 et suivant concernant la
faillite; et remplacé par des dispositions du livre V relative à la difficulté des entreprises (article 545 et suivant) et créant
trois procédures principale : 1- redressement assurant la continuation de l'entreprise 2- sa cession à un tiers 3- la liquidation
judiciaire. Ainsi et en trouvant la solution le syndic en coordination avec les autorités charge de :- soit de
surveiller les opérations de gestion, soit d'assister le chef de l'entreprise pour tous les actes concernant la gestion ou
certains d'entre eux, soit d'assurer seul, entièrement ou en partie, la gestion de l'entreprise. »
4
Article 546 – Le terme « entreprise » désigne, aux fins du présent livre, toute personne physique exerçant une activité
commerciale ou toute société commerciale. Le terme « chef d’entreprise » désigne, aux fins du présent livre, la personne
physique débitrice ou le représentant légal de la personne morale débitrice. Le terme « président du tribunal » désigne, aux
fins du présent livre, le président du tribunal de commerce ou son représentant. En cas de décès du débiteur, personne
physique, ses héritiers ou leur représentant doivent dans les 15 jours qui suivent leur notification par le syndic désigner celui
qui les représente dans la procédure. À défaut de désigner leur représentant, le juge délégué peut désigner le représentant
des héritiers parmi ces derniers à la demande du syndic. Le juge délégué peut demander le remplacement du représentant
des héritiers pour une raison légitime. Dans les deux cas, les héritiers sont notifiés de la décision prise. Le président du
tribunal compétent effectue les démarches énumérées aux paragraphes 4 et 5 ci-dessus pendant la procédure de prévention
externe ou de conciliation.
5
Article 6 : Sous réserve des dispositions du chapitre II du titre IV ci-après, relatif à la publicité au registre du commerce, la
qualité de commerçant s'acquiert par l' exercice habituel ou professionnel des activités suivantes:
1) l’achat de meubles corporels ou incorporels en vue de les revendre soit en nature soit après les avoir travaillés et
mis en œuvre ou en vue de les louer;
2) la location de meubles corporels ou incorporels en vue de leur sous-location;
3) l’achat d’immeubles en vue de les revendre en l’état ou après transformation;
4) la recherche et l’exploitation des mines et carrières;
5) l’activité industrielle ou artisanale;
6) le transport;
7) la banque, le crédit et les transactions financières;
8) les opérations d’assurances à primes fixes;
9) le courtage, la commission et toutes autres opérations d’entremise; le contrat d'entremise s'apparente à la fois du
courtage et de l'apport d'affaires. La personne ainsi missionnée, n'a pas d'autre obligation que de mettre deux ou
plusieurs personnes en relation
10) l’exploitation d’entrepôts et de magasins généraux;
11) l’imprimerie et l’édition quels qu'en soient la forme et le support;
12) le bâtiment et les travaux publics;
13) les bureaux et agences d’affaires, de voyages, d' information et de publicité;
14) la fourniture de produits et services;
15) l’organisation des spectacles publics:

Page | 11
Enfin l’article 8 du CDC6 ajoute que la qualité de commerçant s’acquiert également par
l’exercice habituel ou professionnel de toute activité assimilée aux activités énumérées
par les articles 6 et 7 du CDC.
En application de l’article 11 du CDC, toute personne qui, en dépit d’une interdiction,
d’une déchéance ou d’une incompatibilité exerce habituellement une activité
commerciale est réputée commerçante.
Au but de ce qui précède le droit des difficultés des entreprises ne s’applique pas :
1. Associations à but non lucratif,
2. activités agricoles,
3. entreprises ayant pour objet une activité civile,
4. entreprises commerciales qui ne révèlent pas des difficultés de nature à
compromettre son exploitation ou qui a honoré ses dettes,
5. les entreprises soumises à un texte de redressement particulier tel que les
entreprises d’assurances…
Le nouveau droit des difficultés des entreprises s’inscrit dans le cadre d’une série de
nouvelles réformes afin de s’adapter aux grandes mutations socio-économiques
intervenues si bien au niveau marocain que mondial.
En effet la libéralisation des marchés et la révolution technologique ont donné lieu
au phénomène de la globalisation et de la mondialisation qui ont imposé la rénovation
des institutions juridiques traditionnelles en vue d’instaurer un environnement juridique
et judicaire au sein duquel l’entreprise sera en mesure d’affronter les défis d’une
concurrence internationale.
La tradition marocaine a constitué une exception au droit commun en organisant un
règlement global applicable uniquement au commerçant en cessation de paiement et ce
dans le cadre d’une procédure judiciaire qui s’impose à peu et à l’ensemble des
créanciers, c’est ce règlement global qui a donné naissance à une procédure civile
d’exécution qui est une procédure individuelle et partielle, le législateur marocain a
décidé de rompre avec le système de l’archaïque faillite et de la liquidation judiciaire
ainsi le nouveau droit des difficultés des entreprises qui constitue une rupture totale
avec l’ancienne législation revêt une importance économique et juridique.

16) la vente aux enchères publiques;


17) la distribution d’eau, d’électricité et de gaz;
18) les postes et télécommunications.
6
Article 8 : La qualité de commerçant s'acquiert également par l’exercice habituel ou professionnel de toutes activités
pouvant être assimilées aux activités énumérées aux articles 6 et 7 ci-dessus.

Page | 12
 Economique : Il a répondu à une attente certaine du monde des affaires comme
cela se traduit dans les statistiques judiciaires. Alors que le droit de la faillite et
liquidation juridique a concerné que près d’une centaine de commerçants et
sociétés commerciales pendant près d’un siècle.
En revanche celui des difficultés des entreprises a concerné plus de 1000 entreprises
pour la ville de Casablanca en 10 ans de mise en œuvre depuis 1998.
Selon le site Info Risque, en 2015 le nombre d’entreprises en défaillance est de 5951 en
hausse de 18,1% par rapport à l’année d’avant. En 2016, le nombre d’entreprise en
défaillance est de 7460 soit un accroissement de +25,3%. 2017, le nombre était de 8020.
2018 pour le mois de Janvier et Février le nombre était de 1447 dont 90% des TPE. Pour
les affaires traitées judiciairement on constate une progression du nombre des affaires
aux tribunaux mais qui semble se ralentir ces dernières années.
 Juridique : Ainsi pour 2014, sur 163 749 affaires devant les tribunaux de commerce
7126 ont concerné les difficultés des entreprises. Sur ce total, 5012 dossiers ont
été jugés et 2072 sont restés en instance. 2015, augmentation des affaires en
cours, 7353 pour les entreprises sur un total de 155 104 affaires commerciales,
4,74%. 4916 ont été jugées, 2437 sont restées en instance soit 33%. En 2016 une
baisse très importante des affaires commerciales en cours en général et celles des
difficultés des entreprises en particulier, 1846 dossiers sur un total de 79 295
affaires commerciales 1348 affaires de difficultés d’entreprises ont été jugées et
487 sont restées en instance.
Ces affaires ont touché le secteur industriel notamment celui du textile dans différents
secteurs économiques avec leur cortège de licenciement et dépeuplement de certaines
régions. Ces considérations économiques expliquent les efforts qui étaient déployés
depuis plusieurs années pour réguler le fonctionnement des procédures collectives.
Projet de modernisation de la législation commerciale et juridiction au Maroc élaboré par
le FMI7 en coopération avec USAID8.

7
Le Fonds monétaire international (FMI) est une institution internationale regroupant 189 pays, dont le but est de «
promouvoir la coopération monétaire internationale, garantir la stabilité financière, faciliter les échanges internationaux,
contribuer à un niveau élevé d’emploi, à la stabilité économique et faire reculer la pauvreté ».
Le FMI a ainsi pour fonction d'assurer la stabilité du système monétaire international (SMI) et la gestion des crises
monétaires et financières. Pour cela, il fournit des crédits aux pays qui connaissent des difficultés financières mettant en péril
l'organisation gouvernementale du pays, la stabilité de son système financier (banques, marchés financiers) ou les flux
d'échanges de commerce international avec les autres pays.
Lors d'une crise financière, pour éviter qu’un pays ne fasse « défaut » (c’est-à-dire que ce pays ne puisse plus rembourser ses
créanciers, voire ne plus payer ses dépenses courantes), le FMI lui prête de l’argent le temps que la confiance des agents
économiques revienne. Le FMI conditionne l’obtention de prêts à la mise en place de certaines réformes économiques visant
en principe à réguler la gestion des finances publiques (ingérence financière) et à établir une croissance économique
équilibrée à long terme.
L'institution a été créée le 27 décembre 1945 et devait à l'origine garantir la stabilité du système monétaire international,
dont l'écroulement après le krach de 1929 avait eu des effets catastrophiques sur l'économie mondiale. Après 1976 et la

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L’intérêt juridique se traduit en plusieurs niveaux. En effet, c’est à l’occasion de
l’ouverture d’une procédure qu’on se pose des questions complexes d’ordre juridique et
qui sont un carrefour d’autres disciplines telles que le droit civil, la procédure civile, le
droit des contrats, le droit fiscal, le droit pénal. Une procédure donne souvent lieu à une
réflexion sur des questions relevées du droit commun pour des législations spéciales.
L’importance tant économique que juridique du droit des difficultés des entreprises
justifie qu’à titre introductif soit rappelée l’évolution historique de cette matière en droit
commun ; le droit des procédures collectives est passé par 3 étapes à savoir :
1 - La phase avant protectorat où le droit applicable était le droit musulman. Toute
personne dont l’actif ne couvrait pas ses dettes était déclarées en faillite par le Qadi, de
ce fait, les biens de la personne étaient séquestrés et frappés d’interdiction. Il en
résulte : la personne déclarée en faillite était dessaisie de l’administration de son
patrimoine. C’est le Qadi qui se chargeait de la gestion de la liquidation des biens de
l’insolvable. Il disposait de prérogatives très larges en matière de faillite, il déclenchait
l’ouverture de la procédure et poursuivait le déroulement. Il cumulait les fonctions
dévolues actuellement au juge, juge commercial, syndic. La faillite était applicable à
toute personne insolvable qu’elle ait la qualité de commerçant ou non.
2 – Promulgation du Dahir du 12 Août 19139 d’où la création du Code de Commerce 15
95 inspiré par la législation française sur la faillite et la liquidation judiciaire. 2 procédures
voisines, une grande partie des dispositions légales était commune. Les deux législations
ont reçu plusieurs critiques ; les domaines d’application de cette législation étaient
limités exclusivement aux personnes commerçantes, objectif de la législation dont le
soucis unique était d’assurer le règlement des créances en dépit du débiteur
commerçant, des salariés, de l’économie, caractère purement judiciaire de la procédure à
travers les organes constitués par un juge commissaire et un syndic et particulièrement

disparition d’un système de change fixe, le FMI perd l'essentiel de sa raison d'être et hérite d'un nouveau rôle face aux
problèmes d'endettement des pays en développement et à certaines crises financières.
8
USAID est la première agence de développement international au monde et un acteur catalyseur des résultats de
développement. Le travail de l'USAID contribue à la sécurité nationale et à la prospérité économique des États-Unis,
témoigne de la générosité américaine et promeut le chemin qui mène à l'autonomie et à la résilience des destinataires.
Le Maroc est l'un des plus anciens amis des États-Unis au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et est aujourd'hui reconnu
comme un allié majeur non-OTAN. Depuis 1957, le gouvernement des États-Unis et le gouvernement du Maroc ont travaillé
de concert pour améliorer de manière réelle et substantielle la vie des citoyens marocains.
À la suite du Printemps arabe de 2011, le Maroc continue de progresser de manière positive dans la poursuite des réformes
politiques et économiques et reste un puissant allié des États-Unis. Malgré les tensions politiques persistantes axées sur la
corruption et la marginalisation politique, le gouvernement marocain reste attaché à la mise en œuvre de sa nouvelle
constitution et à la réalisation de plans ambitieux de création d'emplois, d'amélioration des opportunités en matière
d'éducation et d'inclusion sociale.
Depuis plus de 60 ans, les États-Unis et le gouvernement marocain travaillent ensemble pour améliorer de manière
substantielle la vie des citoyens marocains. Cependant, le Maroc fait toujours face à de nombreux défis complexes,
notamment une main-d'œuvre sous-employée, un manque général de confiance entre la société civile et le gouvernement et
un taux global d'alphabétisation de seulement 55%. À la suite des récentes transitions politiques qui ont balayé la région, le
gouvernement marocain a réagi aux appels croissants de ses citoyens à une plus grande inclusion économique et une
meilleure participation politique. Les États-Unis cherchent à aider le gouvernement marocain à atteindre ses objectifs de
réforme et à répondre aux besoins de ses citoyens.
9
Code des obligations et des contrats (promulgué par Dahir du 9 ramadan 1331 (12 août 1913) tel que modifié par la loi N°
53-05 relative à l’échange électronique de données juridiques) (B.O. 12 septembre 1913)

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son statut dont la mission était assurée exclusivement par un secrétaire greffier au
tribunal. Recours rarissime à ces procédures de faillite et de liquidation judicaire dès lors
une réforme s’impose : 1er projet de réforme du code de commerce en 1978 a été déposé
au ministère de commerce en 1988 sans lendemain. Le CDC promulgué par la loi n° 15-95
du 1er Août 1996 pour voir aboutir une refonte totale du droit des procédures collectives
en particulier le livre V destiné au traitement des difficultés.
3 – la loi n° 73.17 2018 Elle démarre par la publication du Livre 5 du Code de
commerce promulgué par Le Dahir du 1er aout 1996 et qui est entré en application le 4
septembre 1997. Il a été ainsi des dérogations au principe de l’effet immédiat des lois en
ce qui concerne le livre 5 relatif aux entreprises, dérogation prévue par l’ancien article
735 du code de commerce qui stipulait « …le livre 3 et 5 entreront en vigueur 1an après
la date de publication de la présente loi au bulletin officiel. » “. Le livre 5 a connu une
modification de forme par la loi n°81-18 portant Dahir du 22 aout 2014 et complétant le
titre du livre 5 et de l’article 546 de la loi 15 95 portant Code de Commerce. Ce nouveau
Dahir a donné un nouvel intitulé à ce livre 5 sous la dénomination de : ”Les procédures
de prévention et de traitement des difficultés des entreprises”. La nouvelle législation a
apporté des innovations majeures aussi bien au niveau de la forme que du fond :
- Forme : Intitulé du livre 5 par les termes « Difficultés de l’entreprise » rebaptisé en
2014 « Procédures de prévention et de traitement des difficultés de l’entreprise » qui se
sont substitués à celui de la faillite et la liquidation judiciaire.
- Fond : Domaine d’application de la procédure à la différence de l’ancienne législation
de la faillite applicable uniquement aux commerçants. Le nouveau texte introduit la
notion de l’entreprise tout en mentionnant commerçants et artisans. La procédure,
l’ancienne législation intervenait à posteriori en se limitant à la faillite et à la liquidation
judiciaire, la nouvelle procédure présente de nouvelles règles de prévention et le
règlement à l’amiable. La nouvelle législation détient du pouvoir public et pouvoirs
internationaux (évaluation du domaine d’application par la Banque Mondiale, étude faite
en Octobre 2003 du système juridique au Maroc – recommandation de la banque
mondiale et USAID.)
Nouveau dispositif juridique adopté par la loi 73-17 du 19 Avril 2018 va prendre en
considération un nombre de critiques du Livre 5 du code de commerce. Ce nouveau livre
va faire avancer le Maroc au classement de Doing Business10 par la banque mondiale.

10
Le projet Doing Business fournit des mesures objectives de la réglementation des entreprises pour les entreprises locales
de 190 économies et de villes sélectionnées au niveau infranational

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1- Dispositions générales et les définitions afin de lever tout équivoque ou mauvaise
interprétation. Le législateur marocain a défini l’entreprise en comblant les lacunes +
définition de la notion du Président du tribunal de commerce (lui-même ou de son
représentant). En cas de décès du débiteur personne physique, c’est aux héritiers ou
mandataires de désigner un représentant dans un délai de 15 jours après la notification
du syndic. En cas de difficulté de désignation, le juge commissaire procède au
changement du représentant des héritiers pour motif légitime et doit informer les
héritiers, pouvoir exercé par le président du tribunal de commerce dans les procédures
de préventions internes et externes et de conciliation.
2- Prévention interne, détermination précise des causes donnant lieu à l’application des
procédures de prévention et qui résident dans les difficultés de nature économique,
juridique, sociale et financière. Remplacement de « délibération de la prochaine
assemblée générale » par « délibération dans un délai de 15 jours » afin d’assurer la
rapidité et l’efficacité du traitement des difficultés.
3- La prévention externe se divise en 3 niveaux :
● Formulation claire, terminologie précise, remplacement des termes « règlement
amiable » par « conciliation » pour limiter la confusion avec le dispositif judiciaire.
● Confirmer le caractère confidentiel de la prévention externe tout en précisant les
conséquences de l’inexécution de l’accord amiable.
● Expansion des missions du mandataire spécial.
4 – Mise en place de l’innovation majeure de la procédure de sauvegarde d’inspiration
américaine transposée dans le droit français.
5 – Procédures de traitement des difficultés, apport des formulations précises de
certaines notions afin d’éviter la confusion au niveau jurisprudentiel, définition de la
notion de la cessation de paiement et les créances après l’ouverture de la procédure.
Ajout des documents que les débiteurs doivent fournir en preuve de cessation de
paiement.
6 – La reconnaissance des procédures transfrontalières afin de faciliter la coopération
entre les juridictions marocaines et étrangères et renforcer la sécurité juridique ;
procédure d’exéquatur.
7- Sur le plan procédural, le livre 5 a institué l’innovation tenant compte de l’évolution
technologique en anticipant les réformes à venir en matière civile.
● Obligation d’accomplir toute les procédures relatives aux difficultés de
l’entreprise par la voie électronique.
● Accomplissement doit être réalisé conformément aux modalités qui seront définies
par un texte de détermination.

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Partie I : Procédures antérieures à la cessation de paiement :
Le traitement des difficultés a constitué une innovation majeure des droits des difficultés
de l’entreprise dans le Dahir promulgué le 1er Août 1996. En effet, l’ancien livre 5 de ce
Dahir qui a fait table rase de l’ancienne législation sur la faillite et la liquidation
judiciaire a constitué une révolution juridique en introduisant pour la 1 ère fois des
mesures préventives à travers la prévention interne et la prévention externe. Cette
nouvelle orientation a été renforcée par le législateur marocain dans la nouvelle loi 73-17
du 19 Avril 2018 qui a abrogé l’ancien livre 5 du code de commerce tout en
réaménageant les procédures de prévention interne et externe. Cette nouvelle loi a
introduit pour la première fois la procédure de sauvegarde inspirée par la législation
française qui a été à son tour inspirée par le droit américain.
Chapitre I : Les procédures de prévention :
Le législateur marocain a opté pour un processus de prévention interne et confidentiel
initié par le chef de l’entreprise et à défaut par le commissaire aux comptes et les
associés. Par ailleurs, il a institué une prévention externe sous le contrôle du président du
tribunal de commerce.
Section I : La prévention interne :
Le code de commerce a préféré conserver à la procédure un caractère interne et
maintenir une confidentialité de principe. Ceci a pour objectif de préserver les chances de
redressement de la situation de l’entreprise et d’éviter d’éveiller les méfiances des
partenaires notamment les fournisseurs, les clients, les financiers. Ainsi que la création
d’un dialogue entre les organes de contrôle et les dirigeants dans le cadre d’une action
concertée, la législation marocaine a identifié les organes qui ont l’initiative de
déclenchement de cette procédure, son déroulement, la détermination des causes
précises justifiant son ouverture.
Paragraphe 1 : Les organes :
La législation marocaine a adopté une prévention interne tournée préalablement vers le
chef de l’entreprise en justifiant par le fait que c’est ce dernier qui doit prendre les
décisions nécessaires au redressement. En effet, comme le précisait l’article 545 de
l’ancien livre 5 du code de commerce qui disposait que « l’entreprise est tenue par elle-
même à travers la prévention interne des difficultés au redressement permettant la
continuité de l’exploitation. » Confirmé par l’article 547 du nouveau livre 5 du code de
commerce qui vise expressément et directement le chef de l’entreprise précisant que « Si
le chef d’entreprise n’intervient pas spontanément pour redresser le déséquilibre qui
peut influencer négativement son exploitation… »

Page | 17
Toutefois, pour que le chef d’entreprise ne soit pas isolé dans cette situation, le
législateur marocain a accordé au commissaire aux comptes un rôle préventif important,
en raison de la mission permanente à l’investigation et le contrôle et sa triple
compétence, juridique, financière et comptable en plus des fonctions qui lui sont
reconnues par la loi 17-95 relative aux sociétés anonymes et la loi 5-96 du 13 Février
1997 régissant les autres sociétés commerciales. Le législateur marocain à l’instar du
législateur français a ajouté au commissaire aux comptes une mission supplémentaire
consistant à déclencher l’alerte au sein des sociétés où il exerce son mandat. Ceci
s’explique par le fait que les commissaires aux comptes sont bien placés pour relever les
1er signes de dégradation de la situation de l’entreprise, leur alerte peut être bien efficace
car elle est déclenchée par un professionnel qui suit de manière permanente l’évolution
de la société et peut agir dès l’apparition des 1er signes de difficultés. En outre, le
commissaire aux comptes agit dans l’intérêt des dirigeants, associés, et toutes les
personnes et institutions intéressées par le fonctionnement de l’entreprise.
Les missions de contrôle et de certification de compte permettent aux intéressés de
connaître la situation de l’entreprise, d’apprécier son degré d’évolution ou de
vulnérabilité.
La procédure d’alerte du commissaire aux comptes s’applique dans quelques
entreprises, lorsque les critères justifiant son déclenchement sont bien déterminés.
L’alerte ne concerne que les entreprises dotées d’un commissaire aux comptes, sa
désignation peut être obligatoire ou volontaire et peut être exceptionnellement imposée
par un juge à la demande d’un associé. En droit marocain, la nomination d’un
commissaire aux comptes dans une société anonyme et une société en commandite par
action est obligatoire, quel que soit leur taille, obligation prévue par la loi du 30 Août
199611 régissant les sociétés anonymes et la loi du 13 Février 199712 régissant les sociétés
en commandite par action. Les sociétés faisant appel public à l’épargne sont tenues de
désigner 2 commissaires aux comptes.
Autres formes de sociétés (SARL, SNC, SCS) la désignation d’un commissaire aux comptes
est facultative, obligatoire à la clôture de l’exercice social quand la société enregistre un
chiffre d’affaire qui dépasse les 50 millions de dirhams hors taxes.
Les groupements d’intérêt économique sont tenus de nominer un ou plusieurs
commissaires aux comptes lorsqu’ils émettent des obligations non convertibles au profit
de leur nombre, nom ou normes. La raison de cette limitation de l’obligation de la
nomination d’un commissaire aux comptes est justifiée dans le coût très élevées des
missions du commissariat aux comptes qui ne sont pas à la portée. L’absence du
commissaire aux comptes dans une société ou un groupement économique constitue un

11
Bulletin officiel n° 4422 du 4 joumada II 1417 (17 octobre 1996) Dahir n° 1-96-124 du 14 rabii II 1417 (30 août 1996)
portant promulgation de la loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes
12
Bulletin officiel n° 4478 du 23 hija 1417 (1er mai 1997) Dahir n° 1-97-49 du 5 chaoual 1417 (13 février 1997) portant
promulgation de la loi n° 5-96 sur la société en nom collectif, la société en commandite simple,

Page | 18
frein à l’application de la prévention des difficultés de l’entreprise. Pour y remédier, il a
été jugé nécessaire de prévoir une nomination facultative au cas où les associés le
décident. Pour ne pas limiter la prévention interne aux seules sociétés disposant d’un
commissaire aux comptes, le législateur marocain a prévu l’intégration des associés à ce
processus préventif. Cependant, à la différence du législateur français, le législateur
marocain n’a pas souhaité intégrer les représentants du personnel malgré la place qu’ils
occupent dans la gestion des intérêts sociaux et pour la sauvegarde de l’entreprise pour
but d’éviter les conflits entre dirigeants et représentants du personnel. L’intervention de
ces derniers pourrait susciter des avis contradictoires qui risqueraient de retarder cette
mise en route d’une prévention efficace.
Paragraphe 2 : La procédure :
Le délai à respecter et formalités à observer, l’information par le chef de l’entreprise ou
par le commissaire aux comptes ou tout associé doit être faîte dans un délai de 8 jours de
la découverte des faits par lettre recommandée avec accusé de réception, l’invitant à
redresser la situation.
Au cas où le chef de l’entreprise ne répond pas dans un délai de 15 jours après réception
de la notification ou ne parvient pas à un résultat bénéfique personnellement ou après
délibération du conseil d’administration, il est tenu de convoquer une assemblée
générale dans le délai de 15 jours afin de délibérer à ce sujet après audition du
commissaire aux comptes s’il en existe. On ne peut que saluer la nouvelle législation
d’avoir imposé un délai de 15 jours au chef de l’entreprise. L’ancien livre 5, le chef
d’entreprise n’était tenu que de faire délibérer la prochaine assemblée générale pour
statuer sur le rapport du commissaire aux comptes. L’absence de limitation dans le temps
pour convoquer l’assemblée générale en dehors des délais légaux fixés par le droit des
sociétés contribuait à l’aggravation de la situation qui risque de se détériorer dans
l’absence d’un délai précis.
L’article 548 du nouveau livre 5 du code de commerce, faute d’une délibération de
l’assemblée générale à ce sujet ou s’il a été constaté que malgré les décisions prises par
l’assemblée générale, la continuité de l’exploitation demeure compromise, le président
du tribunal de commerce est informé par le commissaire aux comptes ou le chef
d’entreprise ou tout associé. Il est à saluer l’initiative de saisir le tribunal de commerce à
tout associé et pas qu’au commissaire aux comptes.
Paragraphe 3 : Les causes justifiant l’ouverture de la prévention interne :
Selon l’ancien livre 5 du code de commerce, la cause du déclenchement de la prévention
interne réside dans « Tout fait de nature à compromettre la continuité de
l’exploitation » La notion définie par le législateur en l’absence d’un décret d’application,
les parties soumises à cette obligation ne disposaient d’aucun élément indicatif sur cette
notion.

Page | 19
Le nouveau livre 5 opte pour la formulation suivante « Fait ou difficulté et
particulièrement difficulté de nature juridique, économique, financière ou sociale
susceptible d’affecter la continuité de l’exploitation. », appelle certaines clarifications
sur quelques termes utilisés notamment « Fait » et « continuité d’exploitation ».
La notion de « Fait » selon certains dirigeants interrogés sont vécus en permanence par
les entreprises n’ayant pas les moyens de les prévenir ou les maîtriser ; une perte d’un
marché important ; conséquence d’une crise économique ; difficulté au niveau du
recouvrement des créances.
La notion de « continuité d’exploitation » qualifier les éléments présentant les
éventuels risques sur la vie de l’entreprise mais aucune définition n’a été donnée à cette
notion pour la simple raison que cette notion est d’origine comptable dont les principes
sont posés par le manuel comptable marocain.
Objet d’analyse juridique doctrinale en France, selon le professeur Yves Chaput, la notion
de continuité signifie que l’entreprise n’envisage pas une réduction de ses activités
encore moins sa liquidation.
Le professeur André Jacquemont en avançant que la notion de continuité de
l’entreprise peut être menacée ou compromise lorsque le dirigeant de l’entreprise a
décidé une liquidation amiable ou a provoqué une réduction sensible volontaire ou
involontaire de l’activité de l’entreprise.
Au Maroc on s’accorde avec la doctrine française pour considérer qu’à défaut dans
l’annexe, les comptes sociaux sont établis dans la perspective de la continuité de
l’exploitation. Toutefois, on pense que le commissaire aux comptes avant de déclencher
une procédure d’alerte doit d’abord identifier le lien de cause à effet entre les difficultés
détectées et la continuité d’exploitation de l’entreprise qui pourrait susciter une action
d’alerte rapide. Par ailleurs, on constate que contrairement au législateur français, le
législateur marocain n’a pas organisé la prévention par l’information prévisionnelle13.
Section 2 : La prévention externe :
Le législateur a institué sans équivoque l’obligation d’assurer la confidentialité de la
procédure externe avec toutes ses formalités. Le nouveau livre 5 du code de commerce a
déterminé limitativement les personnes qui ont l’initiative de déclencher la procédure de
prévention externe et a défini la mission du président du tribunal. La prévention externe

13
EN DROIT FRANÇAIS Les périmètre de l'information prévisionnelle
Objectifs. − L'information prévisionnelle que le législateur impose à certains groupements a pour objectif de fournir des outils
permettant de déceler les difficultés des entreprises d’une certaine envergure au regard des critères retenus. Les textes
énumèrent les documents à établir et précisent les conditions d’établissement.
EXEMPLE Documents prévisionnels
Quatre documents. − L'article L. 232-2 du Code de commerce pour les sociétés commerciales, l'article L. 251-13 pour les GIE
et l'article L. 612-2 pour les personnes morales de droit privé non-commerçantes énumèrent la réalisation de quatre
documents prévisionnels identiques à savoir une situation de l'actif réalisable et disponible, valeurs d'exploitation exclues, et
du passif exigible, un compte de résultat prévisionnel, un tableau de financement en même temps que le bilan annuel et un
plan de financement « prévisionnel ». Les deux premiers ne sont d'ailleurs que rétrospectifs, la prévision s'attachant aux
comparaisons ou extrapolations qu'ils autorisent. Seuls les deux derniers sont, au sens strict, prévisionnels

Page | 20
peut être déclenchée soit par les organes liés à l’entreprise soit par le président du
tribunal de commerce dans le cadre d’une saisie d’office14.
A- Le déclenchement de la prévention externe par les organes liés à
l’entreprise :
Les organes liés à l’entreprise qui sont habilités à déclencher la prévention externe ont
été limitativement déterminés par le code de commerce, il s’agit essentiellement du chef
de l’entreprise, du commissaire aux comptes ou de tout associé. Ces organes sont
habilités à informer le président du tribunal de commerce lorsqu’il apparait que la
continuité de l’exploitation demeure compromise malgré la décision prise par
l’assemblée générale ou lorsque celle-ci n’a pas délibéré sur ce sujet. Il est à souligner
qu’aucun délai précis n’est imposé pour la saisie du président du tribunal par les organes.
Il va de soi que compte tenu de l’urgence, ces organes devront informer le président très
rapidement.
La saisie par le chef de l’entreprise a pour but de lui faire prendre conscience des
difficultés que connait son entreprise et l’amener à trouver des solutions susceptibles de
redresser sa situation et de lui prouver qu’il n’est pas seul pour les régler. En effet, le
chef d’entreprise se trouve dans une situation difficile et il a en général un besoin d’aide
externe tout en préservant la confidentialité de la situation de son entreprise. Toutefois,
il faut rappeler que cette information doit parvenir au plus vite au président du tribunal
afin qu’il puisse prendre rapidement des décisions, il est à souligner que le chef de
l’entreprise qui n’a pas informé le président du tribunal de la situation difficile de son
entreprise n’encourt aucune sanction. Avec le nouveau livre 5 du 19 Avril 2018, les
organes chargés de l’initiative de la saisie du président du tribunal ont été enrichi par
l’intrusion des associés. Cette extension renforce le droit de tout associé qui peut
altérer le président du tribunal indépendamment du pourcentage des parts qu’il détient
dans le capital social et sans aucune limitation du nombre de ses saisines.
B- La saisine d’office par le président du tribunal :
Le président du tribunal de commerce peut se saisir d’office lorsqu’il résulte de tout acte,
document, ou procédure qu’une société commerciale ou une entreprise individuelle
commerciale connait des difficultés de nature juridique, économique, financière ou
sociale ou elle a des besoins qui ne peuvent être couverts par un financement adéquat

14
EN DROIT FRANÇAIS La saisine d'office et les procédures collectives
En matière de procédure collective, la loi de 2005, plusieurs fois modifiée puis intégrée au code de commerce prévoyait que
dans certains cas le tribunal pouvait se saisir d'office, en l'état des informations qu'il pouvait détenir. C'était notamment le
cas pour ouvrir une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire.
Disparition de la plupart des cas de saisine d'office tendant à l'ouverture d'une procédure ou à des processus similaires
Cependant par une décision du 7 DECEMBRE 2012 le Conseil Constitutionnel a considéré que la saisine d'office pour ouvrir
une procédure de redressement judiciaire était contraire à la Constitution. Le Conseil a considéré que le tribunal qui se saisit
d'office a déjà une idée pré-conçue de la décision qu'il va rendre, ce qui est contraire au principe de l'impartialité du juge.
Plus précisément il est fait reproche au texte qui organise la saisine d'office, considérée comme présentant des avantages
pour l'intérêt général en permettant une ouverture rapide d'une procédure collective, de ne pas fixer de garantie légale
permettant de s'assurer de l'impartialité du tribunal lorsqu'il statue sur sa propre saisine.

Page | 21
aux possibilités de l’entreprise. L’efficacité de son intervention dépend de sa capacité à
organiser son réseau d’informations pour identifier les difficultés des entreprises
suffisamment en un an. L’essentiel des informations que le président du tribunal de
commerce peut obtenir sur la situation financière d’une entreprise vient principalement
du secrétariat greffe du tribunal de commerce à travers l’inscription des privilèges des
saisies, nombre d’injonction de paiement, non dépôt des comptes annuels.

Paragraphe 1 : La mission du président du tribunal :


Elle consiste à envisager des mesures propres à permettre le redressement de
l’entreprise, il dispose à cet effet des pouvoirs suivants : en premier lieu, il convoque
immédiatement le chef de l’entreprise d’office ou à la demande de ce dernier, le
chef d’entreprise expose la difficulté de nature à compromettre la continuité de
l’exploitation et les moyens d’y faire face. Ceci a pour but de présenter ses
éclaircissements à ce sujet et de déterminer les procédures nécessaires à la situation de
redressement de l’entreprise.
En second lieu, le président du tribunal peut, selon l’écart, soit nommer un mandataire
spécial en le chargeant de la mission de réduire les oppositions qui affectent l’entreprise
soit un conciliateur dont la mission est de faciliter la conclusion d’un accord avec les
créanciers. Le mandataire spécial ou le conciliateur sont désignés par le président du
tribunal sur proposition du chef de l’entreprise, le président du tribunal détermine leurs
honoraires qui doivent être déposés immédiatement par le chef de l’entreprise à la caisse
du tribunal sous peine de clôture de la procédure.
A- Le mandataire spécial :
Il est nommé par le président du tribunal de commerce avec une mission déterminée
dans un délai précis. Cette nomination intervient s’il apparait que les difficultés de
l’entreprise peuvent être aplanies grâce à l’intervention d’un tiers qui peut :
- Alléger les oppositions éventuelles de nature sociale ou résultantes d’un conflit entre
les associés,
- Ou celles qui découlent des relations entre les partenaires habituels de l’entreprise
(fournisseurs, clients…),
- Ou toute difficulté de nature à affecter la continuité de l’exploitation.
En cas d’échec dans sa mission, le mandataire spécial présente immédiatement un
rapport à cet effet au président du tribunal.
S’il ressort du rapport du mandataire spécial que la réussite de la mission est tributaire
de l’allongement du délai ou de changement de ce mandataire, le président du tribunal
peut après accord du chef d’entreprise soit prolonger le délai ou procéder au
changement du mandataire selon les cas. A l’analyse du bilan d’application du cadre
juridique de la désignation du mandataire spécial sur une décennie, il s’avère que les
applications sont rarissimes.

Page | 22
Dans la synthèse des recommandations de la banque mondiale et l’USAID, il a été
constaté que : « Les dispositions légales sur la prévention sont extrêmement mal
connues voire méconnues, certains tribunaux n’en font pas ou peu usage ce qui pose
un problème d’inégalité entre les justiciables. Ces dispositions sont mises en œuvre de
manière très diverses d’un tribunal à l’autre et dépendent plus ou moins de la bonne
volonté des greffes. »
Après avoir procédé à des remarques analytiques, le rapport s’est attaché à une
appréciation critique, il a constaté le fait que les entreprises concernées par ces
procédures en bénéficient trop tardivement et se trouve confronter à des obligations de
remboursement des passifs très importants alors qu’elles sont en sous rentabilité
flagrante et démunies d’actif réalisable significatif. Ces diverses constatations mettent en
évidence 4 idées forces caractérisant le manque de pratique des concepts de prévention
par les entreprises marocaines,
en premier lieu le rapport constate un manque d’application du mécanisme de
prévention et de traitement amiable.
En second lieu, il souligne l’existence d’un frein structurel au développement de la
prévention.
En troisième lieu, il recommande la nécessité de responsabiliser et former des acteurs
pour renforcer l’efficacité de la prévention.
En dernier lieu, elle recommande des mesures efficaces pour faciliter la détection des
difficultés des petites et moyennes entreprises.
B- La conciliation :
Elle est régie par les articles 551 à 559 du nouveau livre 5 du code de commerce pour
l’élaboration de cette procédure le législateur marocain s’est inspiré des lois françaises
du 1er Mars 1984 modifié par la loi du 10 juin 1994 et celle du 26 Juillet 2005 qui a
remplacé l’appellation de « règlement amiable » par celle de
« conciliation ». Il a sans doute voulu donner un signe de rupture avec l’idée du
règlement des dettes. La nouvelle loi marocaine 73-17 du 19 Avril 2018 va dans ce sens
en substituant la conciliation à la procédure du règlement amiable qui a été institué par
l’ancien livre 5 du code de commerce promulgué par le Dahir du 1er Août 1996. C’est un
dispositif souple et confidentiel, il est justifié par l’impératif de ne pas ruiner le crédit de
l’entreprise et ne pas inquiéter ses partenaires en officialisant ses difficultés. Son objectif
réside dans la volonté de rechercher un accord entre l’entreprise et ses principaux
créanciers avant l’ouverture de la procédure de redressement ou de liquidation
judiciaire.

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1- Les conditions d’ouverture de la conciliation.
La procédure de conciliation peut être ouverte pour toute entreprise à deux conditions :
La première condition négative découle du fait de ne pas faire en état de cessation de
paiement, la seconde condition réside dans le fait que l’entreprise éprouve des difficultés
économiques ou financière ou avoir des besoins ne pouvant être couvert par un
financement adapté aux possibilités de l’entreprise.
2- La procédure.
L’initiative de l’ouverture de la procédure de conciliation revient uniquement au chef
d’entreprise qui doit saisir le président du tribunal de commerce par une requête, celle-ci
expose la situation financière, économique et sociale, les besoins de financements ainsi
que les moyens, nonobstant toute disposition législative contraire, le président du
tribunal peut obtenir communication de toute information susceptible de lui donner une
image exacte sur la situation économique et financière de l’entreprise, à cet effet il peut
consulter le commissaire aux comptes s’il en existe ou des représentants du personnel et
des administrations de l’Etat, toute personne de droit public, les établissements de
financements ainsi que les organisme sous leur tutelle, et tous les autres organismes
financiers et institution. Outre ces prérogatives, le président du tribunal a le pouvoir de
charger un expert d’établir un rapport sur la situation économique et financière et sociale
de l’entreprise et d’obtenir les informations de nature à donner une image exacte sur la
situation de l’entreprise.
3- La décision du président du tribunal.
Au vu des investigations opérées par le président du tribunal ou de la présentation
annexée par le chef de l’entreprise à sa requête, le président du tribunal peut ouvrir la
procédure si l’entreprise n’est pas en état de cessation de paiement et que cette
procédure peut favoriser son redressement. A cet effet, il désigne un conciliateur pour
une période n’excédant pas 3 mois mais qui peut être prolongée une seule fois à la
demande de ce dernier. S’il s’avère que l’entreprise est en état de cessation de paiement,
le président du tribunal transmet le dossier au tribunal pour l’ouverture de la procédure
de redressement ou de liquidation judiciaire conformément aux articles 578 et 651 du
code de commerce. En cas d’ouverture de la procédure de conciliation, la mission du
conciliateur est fixée par le président du tribunal qui lui assigne la fonction d’aplanir les
difficultés économiques et financières dans le cadre d’un accord conclu avec les
créanciers. Le président du tribunal communique au conciliateur les renseignements dont
il dispose et le cas échéant le rapport d’expertise. S’il apparait au conciliateur ou au chef
d’entreprise que la suspension provisoire des poursuites (SPP) est de nature à faciliter la
conclusion d’un accord avec les créanciers, ils s’adressent au président du tribunal qui
après audition de l’avis des principaux créanciers peut ordonner la suspension pour une
durée qui ne peut dépasser celle du mandat du conciliateur.

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La suspension provisoire des poursuites produit des effets aussi bien à l’égard des
créanciers qu’à l’égard du débiteur. A l’égard des créanciers, l’ordonnance rendue par le
président du tribunal suspend et interdit toute action en justice pendant la période de
son exécution pour des créances nées antérieurement à cette ordonnance et tendant soit
à la condamnation du débiteur au paiement d’une somme d’argent soit à la résolution du
contrat pour défaut de paiement d’une somme d’argent. Aussi, l’ordonnance arrête
et interdit toute voie d’exécution de la part des créanciers tant sur les meubles que sur
les immeubles. Enfin, les délais impartis à peine de déchéance ou de résolution de droits
sont suspendus. Quant aux effets de la suspension provisoire des poursuites à l’égard du
débiteur, il réside dans les conséquences suivantes :
L’interdiction faite à celui-ci à peine de nullité de payer toute ou partie d’une créance
quelconque dont l’origine est antérieure au prononcé de l’ordonnance. Il lui est
également interdit de désintéresser les cautions qui acquitteraient les créances nées
antérieurement ; ou de faire un acte de disposition étranger à la gestion normale de
l’entreprise ; ou de consentir une hypothèque ou un nantissement. Toutefois,
l’interdiction de payer ne s’applique pas aux créances résultantes d’un contrat de travail.
Enfin, si le chef d’entreprise veut faire des paiements dans l’intérêt du bon
fonctionnement de l’entreprise, il doit requérir l’autorisation du président du tribunal.
4- Conditions de forme de la procédure de conciliation.
Dans le cas où le débiteur arrive avec le concours du conciliateur à conclure un accord
avec tous les créanciers, cet accord est homologué par le président du tribunal et
déposé au greffe. Si l’accord est conclu avec les principaux créanciers, le président du
tribunal peut également l’homologuer, et accorder au débiteur des délais de paiement
prévus par les textes en vigueur pour les créances non incluses dans l’accord, dans ce cas
il est nécessaire d’informer ces créanciers non inclus dans l’accord et qui sont concernés
par les nouveaux délais. L’accord entre le chef d’entreprise et les créanciers est consigné
par écrit et signé par les parties et le conciliateur, et déposé au secrétariat greffe. En
dehors du tribunal à qui peut être notifié par l’accord et le rapport de l’expertise, l’accord
ne peut être communiqué qu’aux parties signataires et le rapport d’expertise qu’au chef
d’entreprise. Par cette confidentialité l’accord ne pourra faire l’objet de procédure de
recours et particulièrement de la procédure de tierce opposition.

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5-Les effets de l’accord de conciliation.
L’accord de conciliation produit les effets suivants :
A- Un privilège pour les créances accordées postérieurement à la conclusion de
l’accord.
Les personnes qui ont accepté d’accorder à l’entreprise des bénéfices, une contribution
nouvelle afin de lui permettre de poursuivre son activité et son maintien dans le cadre de
l’accord de conciliation bénéficient d’un privilège pour le remboursement de cette
contribution en fonction de leurs rangs et par priorité à toutes les autres créances aussi
bien celles intervenues lors de la procédure de sauvegarde, de redressement ou de
liquidation judiciaire. Ce même privilège s’applique à toutes les personnes qui ont
accordé à l’entreprise des fournitures de marchandise ou de service pour assurer la
poursuite de son activité et sa continuité. Toutefois le privilège précité ne s’applique pas
aux contributions accordées par les actionnaires ou les associés dans le cadre d’une
augmentation de capital. Il n’est pas applicable non plus aux signataires de l’accord
amiable d’une façon directe ou indirecte pour les sommes remises à l’entreprise
antérieurement à l’ouverture de la procédure de conciliation.
B- La suspension de toute poursuite individuelle et toute action judiciaire. (De droit)
Cet accord suspend pendant la durée de son exécution toute poursuite individuelle et
toute action judiciaire tant sur les meubles que sur les immeubles de l’entreprise
débitrice qui ont pour but le règlement des dettes objet de l’accord. Il suspend
également les délais impartis du créancier à peine de déchéance ou de résolution des
droits afférant à ses créanciers. Les cautions qu’elles soient solidaires ou non bénéficient
également de la suspension provisoire des poursuites et des procédures dès lors que la
créance garantie est incluse dans l’accord.
6- Les effets de la non-exécution de l’accord de conciliation :
Au cas où les obligations prévues par l’accord n’ont pas été exécutées, le président du
tribunal constate sa résolution par ordonnance insusceptible de tout recours. Cette
résolution entraine la déchéance de tous les délais de paiement obtenus. Le président
transmet le dossier au tribunal pour prononcer l’ouverture de la procédure de
redressement ou de liquidation judiciaire. On peut légitimement s’interroger sur le fait
générateur de cette résolution si elle doit être motivée par la non-exécution de toutes les
obligations contenues dans l’accord ou seulement certaines d’entre elles. La formule
large employée par le législateur suscite une telle interrogation dont la réponse sera
donnée par les futures applications jurisprudentielles.

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Chapitre II : La procédure de sauvegarde :
Cette procédure constitue une innovation majeure de la loi 73-17 du 19
Avril 2018 qui lui a consacré les articles 560 à 574 du nouveau Livre 5 du code de
commerce. Elle a pour objectif de permettre à l’entreprise de dépasser ses difficultés en
poursuivant son activité, en conservant ses emplois et en réglant ses dettes.
Section 1 : Les conditions d’ouverture :
Cette procédure est soumise à des conditions de fond et de forme.
Paragraphe 1 : Les conditions de fond.
Elles sont en nombre de deux, une négative et l’autre positive. La condition négative
résulte dans le fait que l’entreprise ne doit pas être en état de cessation de paiement,
quant à la condition positive, elle consiste dans le fait que l’entreprise souffre de
difficultés qu’elle est dans l’incapacité de surmonter et qui sont de nature à la conduire à
la cessation de paiement dans un court délai.

Paragraphe 2 : Les conditions de forme.


Elles sont en nombre de 3 et consistent dans le dépôt d’une demande accompagnée d’un
document, le règlement de frais et la présentation d’un projet de plan de sauvegarde.
A- Le dépôt d’une demande accompagnée d’un document.
Le chef d’entreprise doit déposer sa demande au secrétariat greffe du tribunal
compétant, cette demande doit préciser les difficultés de nature à compromettre la
poursuite de l’activité de l’entreprise, elle doit être accompagnée des documents
suivants : article 577
1- Les états de synthèse de la dernière année comptable visée par le commissaire aux
comptes s’il en existe ;
2- L’inventaire et l’évaluation de tous les biens meubles et immeubles de
l’entreprise ;
3- La liste des créanciers avec la précision de leurs adresses, le montant de leurs
créances, les garanties accordées ;
4- La liste des débiteurs avec la précision de leurs adresses, le montant de leurs
dettes, les garanties accordées ;
5- Le tableau des charges ;
6- La liste des salariés et de leur représentant le cas échéant ;
7- Extrait du modèle 7 du registre de commerce ;
8- La situation de la balance de l’entreprise pour les trois derniers mois.

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L’ensemble de ces documents doivent être datés et visés par le chef de l’entreprise, en
cas d’impossibilité de présenter l’un de ces documents ou de les présenter en totalité, le
chef d’entreprise doit préciser les motifs justifiant cette impossibilité. Par ailleurs, il lui
est tout à fait possible de présenter d’autres documents qui permettent de clarifier la
nature des difficultés auxquelles est confrontée l’entreprise.
B- Le règlement et frais de la procédure.
Le chef d’entreprise doit déposer sans délai à la caisse du tribunal le montant nécessaire
à la couverture des frais de publicité et du déroulement de la procédure, le montant de
ces frais est fixé par le président du tribunal.
C- Le projet de plan de sauvegarde.
Sous peine d’irrecevabilité, le chef d’entreprise doit joindre à sa demande un projet de
plan de sauvegarde, ce projet doit déterminer toutes les obligations nécessaires afin de
sauvegarder l’entreprise et les modalités de conserver son activité ainsi que les moyens
de son financement, il doit également préciser les modalités de règlement des dettes et
des garanties accordées pour l’exécution du plan de sauvegarde. Une fois le dossier
constitué, le tribunal statue sur la demande d’ouverture de la procédure de sauvegarde
après audition du chef d’entreprise en chambre de conseil et ce dans le délai de 15 jours
depuis la date de dépôt de la demande. Le tribunal peut avant de statuer sur cette
demande obtenir toute information se rapportant à la situation financière, économique
et sociale de l’entreprise, il ne peut lui être opposé le secret professionnel. Par ailleurs, le
tribunal peut également, le cas échéant, se faire assister par un expert, les effets du
jugement d’ouverture de la procédure de sauvegarde sont soumis aux règles de
publication, d’affichage et de notifications prévues pour la procédure de redressement
judiciaire.

Section 2 : Le déroulement de la procédure.


S’il apparaît, après l’ouverture de la procédure de sauvegarde, que l’entreprise est en
état de cessation de paiement à la date du prononcé du jugement d’ouverture de cette
procédure, le tribunal constate cet état et détermine sa date conformément au nouveau
livre 5 du code de commerce. Le tribunal décide alors de substituer la procédure de
redressement ou de liquidation judiciaire à celle de sauvegarde. En cas de substitution de
la procédure de sauvegarde par celle de redressement judiciaire, le tribunal peut
proroger le délai de préparation de la solution si les circonstances l’exigent, toutefois, il
doit respecter les dispositions de l’article 595 2ème alinéa du code de commerce. Les
dettes nées après l’ouverture de la procédure de sauvegarde est qui sont en rapport avec
le fonctionnement de l’entreprise ou de l’activité de celle-ci, en cours de la période de la
préparation de la solution doivent être réglée à leur date d’échéance. En cas
d’impossibilité de règlement à l’heure d’échéance, ces dettes doivent être payées par
priorité sur toutes les autres créances, qu’elles soient ou non assorties de privilèges ou
de garanties. La seule exception à cette règle concerne les dettes bénéficiant des

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privilèges au terme de l’article 558 du code de commerce. En cas de pluralité de créances
répandant aux conditions précitées, le règlement s’effectue en conformité avec la
législation en vigueur.
Section 3 : Les pouvoirs du chef d’entreprise et du syndic.
Le chef d’entreprise a seul la qualité pour assurer le fonctionnement de l’entreprise,
toutefois, il demeure soumis au contrôle du syndic dans les opérations de gestions et
l’exécution du plan de redressement. Le syndic doit présenter un rapport au juge
commissaire sur cette mission. Dès l’ouverture de la procédure de sauvegarde, le chef
un inventaire sur le patrimoine de l’entreprise
d’entreprise doit préparer
et les garanties y afférentes, cet inventaire doit être établi sur une liste visée par
lui-même et mise à la disposition du juge commissaire et du syndic, il doit préciser dans
son rapport les biens qui peuvent faire l’objet d’une action de revendication de la part
des tiers. Toutefois, il est à noter que le défaut de présentation de l’inventaire précité ne
constitue pas un obstacle pour l’exercice des actions en revendication ou en restitution.
Toutes les personnes tierces qui détiennent des documents ou des pièces comptables de
l’entreprise sont dans l’obligation de les mettre à la disposition du syndic en vue de leur
étude sous peine d’une astreinte dont le montant est fixé par le juge commissaire.
Section 4 : La préparation de la solution.
Le syndic, en collaboration avec le chef d’entreprise doit préparer un rapport sur la
situation financière, économique et sociale de l’entreprise. A la lumière de ce rapport, il
doit proposer au tribunal soit l’homologation du projet du plan de sauvegarde soit sa
modification, soit le redressement ou la liquidation judiciaire. Cette mission doit être
accomplie dans le respect des dispositions du livre 5 du code de commerce. Enfin le
rapport doit respecter, toutes les dispositions prévues par les articles 596-597-601 à 605
du code de commerce.
Section 5 : Le choix de solution.
Le tribunal peut procéder à l’homologation du projet de plan de sauvegarde, s’il estime
que les conditions sont réunies, il peut aussi ordonner la résolution de ce plan en cas
d’inexécution des engagements.

Paragraphe 1 : L’homologation du plan de sauvegarde.


Le tribunal ordonne l’homologation du plan de sauvegarde s’il constate que les
conditions sérieuses de la sauvegarde sont réunies à la lumière du rapport du syndic et
après audition du chef de l’entreprise.
A cet effet, la décision du tribunal devrait être en conformité avec les dispositions de
l’article 623 et les alinéas de 1 à 6 dans l’article 624 ainsi que les articles 625 à 627 et 629
à 632. Le tribunal détermine la durée d’exécution du plan de sauvegarde dans la limite de
5 ans.

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Les cautions personnelles qu’elles soient solidaires ou non bénéficient des dispositions
du plan de sauvegarde ou de la suspension des intérêts légaux et conventionnels, ainsi
que tous les intérêts de retard et toute autre majoration. En cas d’exécution du plan de
sauvegarde, le tribunal ordonne la clôture de la procédure, dans le cas contraire, le
tribunal ordonne la résolution du plan de sauvegarde.

Paragraphe 2 : La résolution du plan de sauvegarde.


Le tribunal peut ordonner la résolution 15 du plan de sauvegarde et décider en
conséquence le redressement ou la liquidation judiciaire du fait de l’inexécution des
obligations déterminées dans le plan de sauvegarde. Cette décision peut intervenir
d’office ou à la demande de l’un des créanciers, et ce, après audition du chef de
l’entreprise ou du syndic. En cas de substitution du redressement judiciaire à la
procédure de sauvegarde, les créanciers soumis à ce plan doivent déclarer leurs créances
et leurs garanties telles qu’elles figurent dans le plan et ce après déduction des sommes
perçues. Si le tribunal a opté pour la substitution de la liquidation judiciaire à la
procédure de sauvegarde, les créanciers soumis à ce plan doivent déclarer la totalité de
leurs créances et les garanties après déduction des sommes perçues. Les créanciers, dont
les créances sont nées après l’ouverture de la procédure de sauvegarde déclarent
également leurs créances, ces déclarations sont soumises aux dispositions du chapitre 12,
section 6 du nouveau livre 5 du code de commerce. Il est à noter que la procédure de
sauvegarde n’est pas soumise aux règles de la période suspecte telle que définie par le
chapitre 11 titre 6.

15
Le tribunal peut, après avis du ministère public, décider la résolution du plan si le débiteur n'exécute pas correctement ses
engagements dans les délais fixés par le plan.
De plus, si le débiteur entre en cessation des paiements pendant la durée du plan, le tribunal, après avis du ministère public,
décide la résolution du plan de sauvegarde et ouvre une procédure de redressement judiciaire ou si aucun redressement de
l'entreprise n'est possible, une procédure de liquidation judiciaire.
La résolution du plan de sauvegarde peut donc être prononcée dans deux cas :
· Le non respect des engagements par le débiteur
· L'état de cessation des paiements du débiteur au cours du plan de sauvegarde

La résolution a donc comme effet de mettre fin au plan de sauvegarde.

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Partie II : Le déclenchement des procédures de traitement des difficultés.
Ces procédures obéissent à des conditions de fond et de forme. Par ailleurs, le législateur
a institué des organes particuliers pour l’exécution et la surveillance de ces procédures.
Enfin, il a réglementé les droits des créanciers et du débiteur défaillant.
Chapitre I : Les conditions d’ouverture des procédures de traitement des
difficultés de l’entreprise.
A l’instar de l’ancienne législation, l’ouverture des procédures de traitement des
difficultés de l’entreprise obéit à des conditions de fond et des conditions de forme.
Section 1 : Les conditions de fond.
Elles se rapportent à la qualité du débiteur et à la nature de la créance.
Paragraphe 1 : Les conditions relatives au débiteur.
Aux termes de l’article 575 du Livre 5 du code de commerce, la procédure de
redressement judiciaire est appliquée à toute entreprise commerciale en cessation de
paiement.
La cessation de paiement16 est établie dès lors que l'entreprise est dans l'impossibilité
de faire face au passif exigible avec son actif disponible, y compris les créances résultant
des engagements pris dans le cadre de l'accord amiable prévu à l'article 556 ci-dessus.
La notion d’entreprise est définie par l’article 546 qui cite limitativement : toute
personne physique commerçante ou société commerciale. Cet article précise également
ce qu’on entend par chef d’entreprise aux termes du livre 5, il s’agit de la personne
physique débitrice ou du représentant légal de la personne morale débitrice.
La procédure peut être ouverte à l’encontre d’un commerçant qui a mis fin à son activité
ou qui est décédé, dans l’année de sa retraite ou dans les six mois de son décès si la
cessation de paiement est antérieure à ces événements.
En cas de décès du débiteur personne physique, ses héritiers ou leur représentant
doivent dans les 15 jours qui suivent leur notification par le syndic désigner celui qui les
représente dans la procédure. A défaut de cette désignation, le juge commissaire, à la
demande du syndic, charge l’un parmi eux de cette mission. Le juge commissaire peut
procéder au changement du représentant des héritiers pour une raison légitime. Dans les
deux cas, les héritiers sont notifiés de la décision prise. La procédure peut être ouverte à
l’encontre d’un associé tenant solidairement dans une société en nom collectif dans le

16
La cessation des paiements est le statut juridique d'une personne physique ou d'une personne morale qui ne peut pas
rembourser ses dettes parvenues à échéances (passif exigible) avec ses liquidités (actif disponible). Dans la plupart des
juridictions, la cessation de paiements est imposée par une ordonnance du tribunal (en), souvent initiée par le débiteur. La
cessation des paiements correspond à un état, parfois momentané, d'illiquidité. Cet état doit être distingué de celui
d'insolvabilité, dans lequel l'ensemble du passif est supérieur à l'ensemble des actifs, de telle sorte que la situation est
définitive.

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délai d’un an à partir de sa retraite lorsque l’état de cessation de paiement est antérieur
à cette retraite.

Paragraphe 2 : La condition relative à la dette : la cessation de paiement.


L’ouverture de la procédure de traitement des difficultés d’entreprise est subordonnée à
la condition de la cessation de paiement des dettes dues par le débiteur. La notion de
cessation de paiement a été définie par l’article 563 de l’ancien livre 5 du code de
commerce comme étant : « le fait pour une entreprise de : « ne pas être en mesure de
payer ses dettes exigibles à l’échéance, y compris celles qui sont nées de ses
engagements conclus dans le cadre de l’accord amiable ».
L’article 575 du nouveau livre 5 du code de commerce a modifié la définition de la notion
de la cessation de paiement : « il s’agit de la situation de l’entreprise qui se trouve dans
l’impossibilité de payer ses dettes échues, exigibles du fait de l’insuffisance de son actif
disponible, y compris les créances nées des engagements conclus dans le cadre de
l’accord amiable indiqué à l’article 556 ci-dessous ».
A- La notion de cessation de paiement.
Dans l’ancienne définition légale, la notion de cessation de paiement se limitait à deux
conditions essentielles à savoir que la dette impayée soit échue et exigible. Désormais
dans la nouvelle définition le législateur a opté pour une notion comptable de la
définition de la cessation de paiement, en plus des deux conditions précédemment
exigées, le législateur a ajouté le fait que la difficulté de paiement doit être la
conséquence d’une insuffisance de l’actif disponible. Il y a lieu de souligner que la
jurisprudence marocaine avait déjà opté pour cette orientation en recherchant les causes
des difficultés de paiement des dettes échues et exigibles. Ainsi, la cour d’appel de
commerce de Casablanca dans son arrêt 1865/99 en date du 30 novembre 1999 a précisé
que : « L’absence de liquidité au moment de l’exécution n’implique pas nécessairement
que l’entreprise est en cessation de paiement ». Aussi, elle a jugé dans son arrêt
560/2000 du 16 Mars 2000 que : « Tout refus de payer n’est pas considéré comme
cessation de paiement, dès lors que ce refus est peut-être dû à une cause non prévue ou
la contestation du débiteur dans sa créance : dans son montant, son échéance, son
exigibilité ou son extinction. » Pour l’appréciation de la notion de non-paiement, le droit
commercial a pris en considération prioritairement la date d’échéance, c’est dans ce sens
que le tribunal de commerce de Rabat s’est prononcé le 14 Juillet 1998 dans les termes
suivants : « Attendu que d’après le dossier, il s’est avéré que la demanderesse n’a pas
prouvé que la défenderesse est en situation de cessation de paiement à l’échéance
sachant que le relevé de banque présenté ne constitue pas une preuve des difficultés de
l’entreprise, d’autant plus que la défenderesse conteste la réalité de la dette avec sa
confirmation que la cause réelle du non-paiement des sommes réclamées est due à leur
contestation ; de plus il n’a pas été prouvé que la dette susvisée était échue ». Aussi, le

Page | 32
seul fait du défaut de paiement ne suffit pas à caractériser la cessation de paiement,
encore faut-il que le débiteur se trouve dans une situation désespérée qui le passe dans
l’impossibilité de faire face à ses paiements, c’est dans ce sens qu’un arrêt de la cour
d’appel de Casablanca a été rendu le 10 Novembre 2000 dans le dossier n°
1270 /2000/11. Cet arrêt précise que la cessation de paiement se définit comme étant
l’arrêt matériel du paiement dû, non pas à une abstention d’exécution ce qui est le cas de
l’affaire de l’espèce, mais à l’incapacité réelle d’effectuer ce paiement et la présence
d’une situation compromise notoire, aussi, la cour a considéré : « Attendu que la
cessation de paiement, condition d’ouverture de la procédure de redressement judiciaire
constitue une cause objective, il faut que la créance soit déchue et exigible et que
l’entreprise se trouve dans l’incapacité de s’acquitter de ses dettes. » De même un autre
arrêt de 23 Février 2001 dossier n° 2826/2000/11 de la cour d’appel commerciale de
Casablanca a considéré que : « Lorsqu’une créance est contestée, elle n’est pas exigible,
et de ce fait elle ne confère pas à son titulaire la qualité qui lui permet d’introduire une
requête en vue de l’ouverture de la procédure de redressement judiciaire ». Enfin, dans
un arrêt du 18 mars 2002, la cour d’appel commerciale de Casablanca a jugé : « La
cessation de paiement implique la nécessité d’une créance échue exigible d’une part et
que l’entreprise soit en état de perte de sa garantie commerciale, et qu’elle soit dans
l’incapacité réelle de poursuivre l’exercice de son activité commerciale d’autre part. »
B- La nature de la dette.
Les procédures de traitement des difficultés d’entreprise étant des règles spécifiques au
droit commercial, certains auteurs ont considéré qu’il faut limiter la cessation de
paiement exclusivement à la dette commerciale, par conséquent, le refus de paiement
d’une dette civile n’entrainera pas selon ces auteurs l’ouverture de ces procédures. Ce
point de vue a été définitivement écarté par l’ancien livre 5 du code de commerce qui
dispose dans son article 563 : « La procédure peut être ouverte sur l’assignation d’un
créancier quel que soit la nature de sa créance ». Ceci a été réaffirmé par l’article 575 du
nouveau livre 5 du code de commerce qui vise l’entreprise se trouvant dans
l’impossibilité d’honorer ses dettes. L’emploi de la formulation générale de dettes écarte
toute hésitation ou interprétation de la nature de la dette, ainsi, le défaut de paiement
de dettes qu’elles soient civiles ou commerciales, privées ou publiques permet
l’ouverture des procédures de traitement des difficultés d’entreprise.
C- Moment d’appréciation.
Le législateur n’a pas précisé à quel moment il y a lieu d’apprécier la cessation de
paiement, ce vide a été comblé par la jurisprudence, le tribunal de commerce de
Marrakech dans son jugement n° 12/99 du 22/12/1999 a estimé que : « L’état de
cessation de paiement doit être apprécié au moment où le tribunal en état d’inexistence
et non au moment où l’instance a été formée. Il conclut, qu’il n’y a pas lieu à ouverture
de procédure dans le cadre où le paiement a été exécuté pendant la période où
l’instance a été formée et celle où le tribunal statue. »

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Section 2 : Les conditions de forme.
L’ouverture des procédures est subordonnée à la saisine du tribunal qui prononce un
jugement à cet effet.
Paragraphe 1 : La saisine du tribunal.
Le législateur a déterminé limitativement les personnes habilitées à déclencher une
procédure de traitement des difficultés de l’entreprise, il s’agit essentiellement du
débiteur, les créanciers du débiteur, du ministère public, le procureur ou le président du
tribunal dans le cadre des missions qui lui sont confiées dans la prévention externe.
La cour d’appel de commerce de Casablanca a confirmé cette limitation légale dans son
arrêt n°377/2002 du 15 Février 2002 en énonçant que seul : « Le chef d’entreprise, les
créanciers, le ministère public et le tribunal d’office, peuvent demander l’ouverture de la
procédure de traitement des difficultés de l’entreprise à l’exclusion des actionnaires qui
ne sont pas mentionnés par le législateur. »
A- Le débiteur.
Le débiteur réunissant les conditions de fond précédemment évoquées doit faire une
demande au tribunal pour l’ouverture d’une procédure de redressement ou de
liquidation judiciaire au plus tard dans les 30 jours suivant la date de la cessation de ses
paiements. Il est à noter que ce délai était seulement de 15 jours dans le cadre de
l’ancien livre 5 du code de commerce. L’obligation de déclaration incombe au débiteur
lui-même lorsqu’il s’agit d’une personne physique, s’agissant d’une personne morale,
l’obligation incombe à l’organe habilité à la représenter, ainsi ça sera le gérant d’une
SARL ou SNC, le conseil d’administration, le directeur général, ou membre du directoire
(SA), président pour une SNS, le liquidateur amiable pour une société en liquidation,
l’administrateur provisoire désigné pour gérer et administrer une personne morale. Si la
déclaration n’émane pas du dirigeant lui-même, elle ne peut être reçue que d’un pouvoir
spécial. Le non-respect du délai de 30 jours pourrait donner lieu à des sanctions, c’est
ainsi que la cour d’appel de commerce de Casablanca a prononcé dans un arrêt du 28
septembre 2000 : « La déchéance commerciale à l’encontre d’un commerçant qui a omis
de déclarer l’état de cessation de paiement dans le délai de 15 jours ». La demande doit
être déposée au secrétariat greffe du tribunal et elle doit mentionner les causes de
cessation de paiement et doit être accompagnée des documents suivants :
1- Les états de synthèse du dernier exercice comptable visé par le commissaire aux
comptes s’il existe ;
2- L’énumération et l’évaluation de tous les biens mobiliers et immobiliers de
l’entreprise ;
3- La liste des créanciers avec l’indication de leur résidence, le montant de leur droit,
leurs créances et leurs garanties à la date de la cessation de paiement ;
4- La liste des débiteurs avec les mêmes spécifications ;
5- Le tableau des charges (salariales, électricité…) ;

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6- La liste des salariés et leur représentant s’il en existe ;
7- Un extrait du modèle 7 du registre de commerce ;
8- La situation de la trésorerie des trois derniers mois.
L’ensemble de ces documents doivent être datés, certifiés, signés par le chef de
l’entreprise. Dans le cas où l’un de ces documents ne peut être fournis ou incomplet, la
déclaration doit contenir les motifs qui empêchent cette production. Nonobstant toute
disposition contraire, le tribunal peut dans tous les cas ordonner d’office toute procédure
qu’il juge utile pour s’assurer de la cessation de paiement de l’entreprise y compris la
consultation des informations qui pourraient donner une image exacte de la situation
économique, financière et sociale de l’entreprise, et ce, à travers un commissaire aux
comptes s’il existe ou les représentants du personnel ou les administrations de l’Etat et
toute autre personne de droit public ou les établissements de crédit et organismes
assimilés, les établissement financiers et tout autre organisme. Le président du tribunal
fixe le montant pour couvrir les frais d’annonce, de publication, de gestion de la
procédure que le chef d’entreprise devra déposer sans délai à la caisse du tribunal. En cas
d’impossibilité de paiement des frais pour couvrir la procédure par l’entreprise débitrice,
tout créancier qui a intérêt peut effectuer ce paiement qui sera considéré comme une
dette à la charge de l’entreprise.
B- L’assignation par les créanciers.
La procédure peut être ouverte sur l’assignation d’un créancier quel que soit la nature de
sa créance cependant, afin que sa demande soit recevable, il est nécessaire aux
créanciers d’apporter la preuve de l’existence d’une créance certaine et exigible et de
l’impossibilité pour le débiteur d’honorer cette créance. En l’absence de cette preuve, sa
demande sera purement et simplement rejetée par le tribunal. C’est dans ce sens que
s’est prononcée la cour d’appel de commerce de Casablanca dans un arrêt du 30 Mars
2001 dans le dossier n°459/2000/11. Cette orientation a été confirmée par la haute
juridiction dans un arrêt du 29 Décembre 2004. Plus récemment, cette tendance a été
confirmée par la décision du tribunal de commerce de Casablanca du 14 Avril 2017. Il
convient de noter que l’action du créancier a un caractère particulier, en ce sens, qu’elle
a pour but de constater l’état de son débiteur en lui produisant des conséquences
légales, le créancier ne demande pas le paiement ou la saisie des biens, et de ce fait, il
n’est pas dans l’obligation de produire un titre exécutoire. De ce fait, les juges disposent
d’un large pouvoir d’appréciation tenant compte de la situation de l’entreprise et du
contexte économique dans lequel elle évolue, ce pouvoir large peut engendrer pour les
juges un risque de confusion dans la notion de cessation de paiement exigée pour le
redressement judiciaire et celle de la situation irrémédiablement compromise entraînant
l’ouverture de la liquidation judiciaire.

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C- La saisine d’office par le tribunal.
La saisine d’office par le tribunal peut s’effectuer sur requête du ministère public ou du
président du tribunal dans le cadre des pouvoirs qui lui sont reconnus dans la prévention
externe. Afin d’éviter qu’une décision soit rendue sur la base d’une information
insuffisante, le législateur a subordonné la saisine d’office à la condition que le débiteur
soit entendu ou convoqué devant la chambre de conseil, le tribunal peut également
entendre toute personne dont l’audition lui paraît utile sans qu’elle puisse invoquer le
secret professionnel, il peut aussi requérir l’avis de toute personne qualifiée. Le droit du
tribunal de se saisir d’office entraîne des conséquences importantes c’est ainsi que
lorsque le débiteur demande l’ouverture d’une procédure de conciliation ou de
redressement judiciaire, le tribunal peut prononcer d’office la liquidation judiciaire.
Inversement, le tribunal peut refuser la demande de liquidation judiciaire sollicitée par le
créancier et prononcer d’office le redressement judiciaire. Ce pouvoir accordé au juge
commercial en ce domaine constitue une dérogation aux règles du droit commun et de la
procédure civile et particulièrement l’article 3 du code de procédure civile. Ce dernier,
expose expressément : « Le juge doit statuer dans les limites fixées par les demandes
des parties et ne peut modifier d’office ni l’objet, ni la cause de ces demandes ». Par
ailleurs, la déclaration d’office peut intervenir au cours d’une instance formée par des
créanciers si le tribunal reconnait que l’assignation est irrégulière alors que les conditions
de fond de l’ouverture des procédures de traitement sont réunies, le tribunal peut
également prononcer d’office l’ouverture des procédures de traitement lorsque les
conditions sont réunies lors d’une assignation de paiement dirigée contrer l’entreprise
débitrice. Enfin, si le redressement judiciaire est prononcé, le tribunal peut à tout
moment le convertir d’office en liquidation judiciaire.

Paragraphe 2 : Le prononcé du jugement.


A- La juridiction compétente.
La compétence d’une juridiction consiste dans son aptitude à connaître d’un litige ou à
exercer un pouvoir juridictionnel. Elle s’apprécie d’un double point de vue, d’abord, une
compétence territoriale dont les règles permettent de connaitre parmi ceux du même
ordre, le tribunal qui a vocation pour connaître territorialement de l’affaire. Ensuite, une
compétence d’attribution qui détermine la nature de la juridiction qu’il faut saisir.
1- La compétence territoriale.
Le tribunal compétent pour prononcer une procédure de traitement des difficultés de
l’entreprise est celui du lieu du principal établissement du commerçant ou du siège social
de la société.

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2- La compétence matérielle.
Elle revient aux juridictions commerciales. Il est à noter que, le tribunal de commerce qui
a ouvert la procédure de traitement est également compétent pour toutes les actions qui
s’y rattachent, il sera particulièrement considéré comme relevant de sa compétence,
l’action se rapportant à l’administration de la procédure ou celle dont la solution requière
l’application de la législation relative au droit de prévention et de traitement des
difficultés de l’entreprise. Enfin, le tribunal initialement saisi demeure compétent s’il
s’avère que la procédure doit être étendue à une ou plusieurs entreprises par suite d’une
confusion de leur patrimoine. La procédure ouverte peut être étendue à une ou plusieurs
autres entreprises en cas de confusion de leur patrimoine avec celui de l’entreprise objet
de la procédure ou de fictivité de la personne morale. L’extension de la procédure est
déclarée à la demande du syndic ou du chef de l’entreprise concernée par la procédure
ou sur requête du ministère public ou du président du tribunal ou d’office par le tribunal.
Le tribunal se prononce dans un délai de 15 jours, il statue après avoir entendu ou du
moins convoqué le chef de l’entreprise en chambre de conseil.
B- Le jugement de l’ouverture.
1- Le contenu du jugement
Le jugement d’ouverture de la procédure fixe la date de la cessation de paiement et
désigne les organes de la procédure.
a- La fixation de la date de la cessation de paiement.
Elle revêt une importance capitale dans le déroulement des procédures de traitement
des difficultés. Elle permet de déterminer la durée de la période suspecte et partant, la
période d’application du principe de l’inopposabilité. La date de cessation de paiement
doit être fixée dans le jugement de l’ouverture. A défaut de fixation, elle est réputée
avoir lieu à la date du jugement. Afin de réduire les inconvénients qui peuvent être
engendrés pour des personnes de bonne foi des effets de l’application du principe de
l’inopposabilité de la période suspecte, le législateur a prévu que la date de la cessation
de paiement ne peut être antérieure à plus de 18 mois de celle de l’ouverture du
jugement. Toutefois, la date de cessation de paiement fixée par le jugement d’ouverture
peut, à la demande du syndic, faire l’objet de report au cours des procédures de
traitement des difficultés. C’est ainsi que le tribunal peut rendre un ou plusieurs
jugements fixant la cessation de paiement à une date reculée dans la limite des 18 mois.
La demande de modification de la date doit être présentée au tribunal par le syndic avant
l’expiration du délai de 15 jours qui arrête le plan de continuation ou de cession, ou
suivant la date de dépôt de l’état de créances en cas de liquidation judiciaire.

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b- La désignation des organes de la procédure.
Le jugement d’ouverture doit désigner des personnes qui seront chargées de suivre et de
contrôler la procédure, à cet effet, le tribunal désigne un de ses membres en qualité de
juge commissaire ainsi qu’un suppléant qui assume ses fonctions en cas d’empêchement
du juge commissaire. Par ailleurs, le tribunal nomme un syndic dont la fonction est
exercée par le greffier mais avec possibilité de confier cette mission à un tiers. Il y a lieu
de noter le silence du législateur dans l’ancien livre 5 sur le statut du syndic et
particulièrement des conditions requises pour l’exercice de cette mission, le nouveau
livre 5 du code de commerce a précisé qu’un décret viendra définir les conditions que
devra remplir le syndic. Toutefois, le législateur a précisé une incompatibilité à ses
fonctions en énonçant qu’aucun parent ou gendre jusqu’au quatrième degré
inclusivement du chef ou des dirigeants de l’entreprise ne peut être désigné comme juge
commissaire ou syndic.
2- La publicité du jugement de l’ouverture.
L’état de redressement ou de liquidation judiciaire constaté par la décision du tribunal va
s’imposer à tous, et il est donc nécessaire de faire connaître aux tiers la nouvelle situation
juridique du débiteur d’autant plus que ce jugement prend effet à partir de sa date. Par
ailleurs ce jugement aura des incidences sur le débiteur dans la mesure où il se traduira
par une réduction de ses pouvoirs à l’égard des créanciers, ce jugement permettra aux
personnes prétendant avoir une créance ou être propriétaires d’un bien meuble de faire
valoir leurs droits dans les délais sous peine de forclusion. Tout cela explique la
multiplicité de publicités qui a été prévue en ce domaine. En premier lieu le jugement
d’ouverture doit être mentionné sans délai au registre central de commerce, en second
lieu dans un délai de 8 jours de la date du jugement, un avis de la décision est publié dans
un journal d’annonces légales et au bulletin officiel, cet avis invite les créanciers à
déclarer leurs créances au syndic désigné, en troisième lieu, l’avis du jugement doit être
affiché par les soins du greffier au panneau réservé à cet effet au tribunal, en quatrième
lieu, il doit être fait mention du jugement dans les registres de la conservation foncière
ou les registres spéciaux pour l’immatriculation des navires et des avions ou autre
registre destiné à cet effet le cas échéant, en dernier lieu, dans le délai de 8 jours de son
prononcé, le jugement est notifié au chef de l’entreprise et au syndic par les soins du
greffier.
3- Les voies de recours.
Les jugements d’ouverture de la procédure de traitement des difficultés et les
ordonnances rendues en matière de sauvegarde sont exécutoires par provision, ce
principe a été expressément appelé dans les décisions de la jurisprudence d’une manière
constante et notamment la décision du tribunal de commerce de Casablanca du
16/11/2009. Cette règle est assortie d’une exception pour les jugements relatifs aux

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sanctions de la déchéance commerciale, de la banqueroute et les autres infractions
prévues à l’article 757. Par ailleurs, les demandes de l’arrêt des exécutions provisoires
des décisions prononçant la liquidation ou la cession totale se font par requête
indépendante de l’action principale devant la Cour chargée de statuer sur l’appel.

a- Le recours en appel.
Le législateur a défini le délai dans lequel doit statuer la cour d’appel, les décisions
susceptibles d’appel ainsi que les personnes habilitées à exercer ce recours. S’agissant du
délai, la cour d’appel doit statuer en chambre de conseil dans un délai de 15 jours à
compter de la date du dépôt de la requête, quant aux décisions susceptibles d’appel et
les parties pouvant interjeter l’appel, elles ont été définies limitativement et sont au
nombre de 11, ainsi l’appel peut être formé contre :
1- Les décisions d’ouverture de la procédure de sauvegarde, de redressement ou de
liquidation judiciaire. Le recours en appel est ouvert au débiteur, au créancier dans
la mesure où la demande d’ouverture a été formulée par ce dernier ou par le
ministère public ;
2- Les décisions d’extension de la procédure de redressement ou de liquidation, le
recours en appel est ouvert à l’entreprise contre laquelle la procédure est ouverte,
au syndic et à l’entreprise à laquelle la procédure a été étendue et au ministère
public ;
3- Les décisions de conversion de la procédure de sauvegarde en procédure de
redressement ou de liquidation judiciaire, le recours en appel est ouvert au
débiteur, au syndic et au ministère public ;
4- Les décisions de conversion de la procédure de redressement en liquidation
judiciaire, le recours en appel est ouvert au débiteur, au syndic, l’association des
créanciers et le ministère public ;
5- Les décisions arrêtant le plan de sauvegarde ou de continuation, le recours en
appel est ouvert au débiteur, au syndic, à l’association des créanciers et au
ministère public ;
6- Les décisions rendues relativement au plan de cession, le recours en appel est
ouvert au débiteur, au syndic, au ministère public, au cessionnaire (qui a acheté
l’entreprise) dans le cas où le tribunal ordonne à son égard des charges
supérieures à celles prévues pendant la préparation du plan et la partie
contractante en vertu des dispositions de l’article 638 dans la limite de la partie du
jugement concernant la cession du contrat ;
7- Les décisions relatives à la modification des objectifs et des moyens du plan de
sauvegarde ou de continuation, le recours en appel peut être exercé par le
débiteur, le syndic, l’association des créanciers et le ministère public ;
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8- Les décisions relatives à la résolution du plan de sauvegarde ou à la continuation
ou à la cession. L’appel peut être relevé par le débiteur, le créancier si c’est lui qui
a présenté la demande de la résolution, l’association des créanciers et le ministère
public ;
9- Les décisions relatives à la désignation ou le remplacement du syndic ou le
changement de ses pouvoirs, ou le renouvèlement du délai de 4mois, le recours en
appel est relevé uniquement par le ministère public ;
10- Les décisions rendues en matière de sanctions civiles, l’appel est relevé par
le syndic, le ministère public et la personne condamnée ;
11- Les décisions rendues par le juge commissaire autorisant la vente soit par
adjudication amiable, soit de gré à gré, l’appel peut être relevé par le chef de
l’entreprise ou par l’un des créanciers.

b- La tierce opposition.
Elle est formée contre les décisions rendues en matière de redressement et de
liquidation judiciaire et de déchéance commerciale, elle est formée par déclaration du
greffe du tribunal dans le délai de 15jours à compter du prononcé de la décision ou de sa
publication au BO si cette publication est prescrite. Les règles communes aux deux
procédure sont définies par l’article 764 du code de commerce qui prévoit que les
recours en appel ainsi que les décisions rendues en matière de la tierce opposition sont
formées par déclaration au greffe du tribunal dans le délai de 10 jours à compter de la
notification de la décision sauf disposition contraire contenue dans la présente loi. On
constate une contradiction au sujet du délai de recours contre les décisions intervenues
dans le cadre de la tierce opposition alors que l’article 764 prévoit un délai de 10jours,
l’article 663 fait référence à un délai de 15jours. Il appartient à la jurisprudence
d’apporter une solution à cette contradiction, il est à noter qu’à l’égard du syndic et du
ministère public que le délai coule à compter de la date de la décision, en tout état de
cause, aussitôt la décision rendue elle est notifiée sans délai par le greffe du tribunal.
c- La Cassation.
Elle est formée dans le délai de 10 jours à compter de la notification de l’arrêt.
d- Les exceptions au recours et les règles particulières au recours.
Les décisions de nomination ou de changement du juge commissaire sont définitives et
insusceptibles de recours. Il ne peut y avoir de recours en rétractation contre les
jugements, les ordonnances et les décisions rendues en matière de difficultés de
l’entreprise. Les recours contre es décisions rendues en matière de banqueroute et
autres infractions sont soumises aux dispositions du code de procédure pénale.

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Chapitre II : Les organes de la procédure de traitement des difficultés.
Ils sont expressément prévus par le législateur qui vise essentiellement le tribunal, le juge
commissaire et son suppléant, le syndic, les contrôleurs et l’association des créanciers
instituée par la nouvelle loi du 19 Avril 2018. Les salariés n’ont qu’une intervention très
ponctuelle à la différence du droit français qui leur a permis de participer depuis la loi de
1985 confirmée par celle de 2005.
Section 1 : Le tribunal.
Le tribunal de commerce détient les pouvoirs du prononcé du jugement d’ouverture, son
administration et sa direction jusqu’à sa clôture. A cet effet, il dispose d’une compétence
élargie pour connaître de toutes les contestations découlant des procédures de
redressement et de liquidation judiciaire telle que l’extension de la procédure à une
autre entreprise. Par dérogation aux dispositions de l’article 3 du code de la procédure
civile, le tribunal de commerce dispose d’un pouvoir souverain d’appréciation, du choix
de la procédure de traitement de difficultés à la lumière des pièces du dossier. De ce fait,
il n’est pas tenu de la demande du débiteur et peut librement décider de la procédure la
plus adaptée à la situation de l’entreprise.
Section 2 : Le juge commissaire et son suppléant.
La surveillance par le tribunal de la marche quotidienne de l’affaire est quasiment
impossible du fait de la formation collégiale d’où l’idée de déléguer à un magistrat du
tribunal avec pour mission de suivre la procédure depuis son origine jusqu’à sa clôture.
C’est dans ce sens qu’est née l’institution du juge commissaire qui existe dans un grand
nombre de législations étrangères à titre d’exemple cette institution a été créée en
France en 1807.
Paragraphe 1 : Nomination.
Le juge commissaire et son suppléant est désigné parmi les magistrats du tribunal par le
jugement d’ouverture, il est à noter que le législateur ne prévoit aucune condition
spécifique à sa nomination notamment d’ancienneté comme c’est le cas dans le droit
français. Il est à noter que la loi du 19 Avril 2018 a instituée pour la première fois la
nomination d’un suppléant au juge commissaire appelé à remplacer ce dernier en cas
d’empêchement pour assurer une indépendant et impartialité du juge commissaire,
aucun parent jusqu’au 4ème degré inclusivement du chef d’entreprise ou des dirigeants de
l’entreprise ne peut être désigné comme juge commissaire.
Paragraphe 2 : Les missions.
Elles sont définies d’une manière large par l’article 671 du Code De Commerce qui
précise : « Le juge commissaire est chargée de veiller au déroulement rapide de la
procédure et à la protection des intérêts en présence par ses larges pouvoirs.» Le juge
commissaire est devenu le pivot central de la procédure, il dispose d’un pouvoir

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juridictionnel propre et constitue un véritable juge du premier degré. Afin d’accomplir
son rôle, le juge commissaire reçoit des informations de diverses sources à savoir, le
syndic, les contrôleurs, les créanciers et le procureur du Roi, des pouvoirs importants
sont accordés au juge commissaire pour accomplir sa mission, il contrôle l’action du
syndic et dispose du pouvoir de demander son remplacement, il joue un rôle décisif dans
la procédure d’admission des créances, il arrête l’état des créances et décide s’il y a lieu
ou non de procéder à la vérification des créances. Il désigne un à trois contrôleurs parmi
les créanciers qui leur font la demande par ailleurs, le juge commissaire dispose du
pouvoir d’ordonner ou d’autoriser un certain nombre d’acte qui dépasse le pouvoir du
syndic c’est ainsi que dans la procédure de redressement judiciaire, le juge commissaire
autorise le chef de l’entreprise ou le syndic à consentir une hypothèque ou nantissement
à transiger ou compromettre. En cas de cession de l’entreprise le juge commissaire peut
demander des explications complémentaires sur l’offre faîte par le candidat à
l’acquisition. Dans la procédure de liquidation judiciaire et lorsque les unités de
productions composées de tout ou partie de l’actif mobilier ou immobilier peuvent faire
objet d’une cession globale, le juge commissaire procède au choix qui permet d’assurer
durablement l’emploi et le paiement des créanciers. Il ordonne la vente aux enchères
publiques ou de gré à gré les autres biens de l’entreprise, enfin le juge commissaire peut
d’office ou à la demande du syndic ou des créanciers ordonner le paiement à titre
provisionnel d’une quotepart de la créance définitivement admise. Il est à souligner que
pour l’accomplissement de sa mission, le juge commissaire peut demander au procureur
du Roi tous les renseignements qu’il détient qui peuvent être utile à la procédure, cette
communication au juge commissaire peut intervenir d’office par le procureur du Roi , il
est à noter que cette communication est d’ordre public du fait que le législateur a prévu
qu’elle peut intervenir nonobstant toute disposition législative contraire.
Paragraphe 3 : La forme juridique des décisions du juge commissaire et les
recours.
Le juge commissaire statue par ordonnance sur les demandes de contestations et
revendications relevant de sa compétence notamment les demandes en référées, les
demandes provisoires, les mesures conservatoires liées à la procédure et les plaintes
formulées contre les actes du syndic à l’exception des ordonnance présidentielles elles
sont préjudice des dispositions relatives au recours contre les décisions prononcé dans le
cadre de la vérification des créances, les ordonnances du juge commissaire peuvent faire
objet d’un appel dans le délai de 10 jours à compter du prononcé de la décision pour le
syndic et de la date de la notification pour les autres parties.

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Section 3 : Le syndic.
Paragraphe 1 : Le statut du syndic.
Le jugement qui prononce l’ouverture des procédures de traitement des difficultés
désigne le syndic, la fonction de syndic peut être assurée par le greffe du tribunal ou le
cas échéant par un tiers et ce dans l’attente d’un texte règlementaire qui définira les
compétences nécessaires pour exercer les fonctions de syndic et sa rémunération. Le
tribunal peut remplacer le syndic à la demande du ministère public, de la nouvelle
institution créée par la loi du 19 Avril 2018 : l’association des créanciers, le juge
commissaire soit d’office soit sur réclamation du chef de l’entreprise ou d’un créancier et
enfin du chef d’entreprise ou du créancier dont la réclamation n’a pas été examinée par
le juge commissaire dans un délai de 15jours. Le syndic qui a été dispensé de ses
fonctions doit remettre au nouveau syndic l’ensemble des documents relatifs à la
procédure et un rapport sur les comptes y afférant dans les 10 jours suivants la dispense
de ses fonctions. Le syndic dispensé de ses fonctions demeure tenu par le secret
professionnel.
Paragraphe 2 : Les pouvoirs.
Dans l’ancien code de commerce, le rôle du syndic consistait en cas de faillite à réaliser le
patrimoine du débiteur avec la double mission de représenter celui-ci et l’ensemble des
créanciers composant la masse (regroupement des créanciers dans l’ancienne législation)
(association des créanciers dans la nouvelle législation). Dans la nouvelle législation, les
missions du syndic sont définis par l’article 673 à 676 du code de commerce, il est chargé
de surveiller le plan de sauvegarde, gérer les opérations de redressement et de
liquidation judiciaire depuis l’ouverture de la procédure jusqu’à sa clôture, il veille à
l’exécution du plan de continuation ou de cession aussi le syndic procède à la vérification
des créances sous le contrôle du juge commissaire. Dans l’exécution de sa mission, le
syndic est tenu au respect des obligations légales et conventionnelles incombant au chef
de l’entreprise, il informe le juge commissaire du déroulement de la procédure. Le syndic
et le juge commissaire peuvent à tout moment requérir la communication de tout
contrat ou document relatif à la procédure. Le procureur du Roi communique au juge
commissaire sur la demande de celui-ci ou d’office nonobstant toute disposition
législative contraire tous les renseignements qu’il détient et qui peuvent être utile à la
procédure diligentée par le syndic sous réserve des droits reconnus aux contrôleurs et à
l’association des créanciers, le syndic est seul qualifié pour agir au nom et dans l’intérêt
des créanciers dans le respect des droits qui leurs sont reconnus. Le syndic prend toute
mesure pour informer et consulter les créanciers, il communique au juge commissaire les
observations qui lui sont adressées par les contrôleurs.

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Paragraphe 3 : Responsabilité du syndic.
Dans l’exercice de sa mission, le syndic assume une responsabilité civile et pénale. La
responsabilité civile est engagée conformément aux règles du droit commun quant à la
responsabilité pénale, elle est définie par l’article 757 du code de commerce qui prévoit
la peine de la banqueroute de tout syndic ayant commis l’un des faits suivants :
- Avoir porté sciemment et de mauvaise foi atteinte aux intérêts des créanciers soit
en utilisant à des fins personnelles et qui sont perçues dans l’accomplissement de
sa mission soit en attribuant des avantages qu’il savait n’être pas dû ;
- Avoir fait illégalement des pouvoirs qui lui sont dument conférer un usage autre
que celui auxquels ils sont destinés et contrairement aux intérêts des créanciers et
du débiteur ;
- Avoir abusé des pouvoirs dont il dispose aux fins d’utiliser ou d’acquérir pour son
compte des biens du débiteur soit personnellement soit par personne interposée ;
- Avoir refusé de réaliser la passation de pouvoir au nouveau syndic par suite de son
remplacement par application de l’article 677 du code de commerce.
Les peines applicables sont d’un an à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de
10.000 à 100.000DHS ou l’une de ces deux peines seulement.
Section 4 : Les contrôleurs.
Paragraphe 1 : Le statut.
Le juge commissaire désigne un à trois contrôleurs parmi les créanciers qui lui font la
demande. Les contrôleurs peuvent être des personnes physiques ou des personnes
morales. Lorsque le juge commissaire désigne plusieurs contrôleurs, il veille à ce qu’au
moins l’un d’eux soit choisi parmi les créanciers titulaires et qu’un autre choisi parmi les
créanciers chirographaires. Aucun parent ou allié jusqu’au 4 ème degré inclusivement du
chef d’entreprise ne peut être nommé contrôleur ou représentant d’une personne
morale désignée comme contrôleur. Les contrôleurs peuvent être révoqués par le
tribunal sur proposition du juge commissaire ou du syndic. Les contrôleurs sont tenus par
le secret professionnel.
Paragraphe 2 : Les pouvoirs.
Les contrôleurs assistent le syndic dans ses fonctions et le juge commissaire dans sa
mission de surveillance et de gestion de l’entreprise. Ils peuvent prendre connaissance de
tous les documents transmis au syndic, ils devront observer la confidentialité sur les
documents et la procédure. Ils rendent compte aux autres créanciers de
l’accomplissement de leur mission à chaque étape de la procédure. Les fonctions des
contrôleurs sont gratuites, le contrôleur peut se faire représenter par procuration
spéciale par l’un de ses préposés ou par ministère d’avocat.

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Section 5 : L’association des créanciers.
Elle constitue une nouveauté du Dahir du 19 Avril 2018 qui lui a consacré les articles 606
à 621.
Paragraphe 1 : Conditions de constitution et de fonctionnement de l’association
des créanciers.
A-Modalités de constitution.
L’association des créanciers est constituée à l’ouverture de la procédure de redressement
judiciaire, elle est créée uniquement dans les 3 cas suivants :
1- Toute entreprise soumise à une obligation de nomination d’un commissaire aux
comptes conformément aux dispositions législatives en vigueur ;
2- Toute entreprise dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 25 millions DH et
qui emploi un nombre de salarié qui ne peut être inférieur à 25 au cours de l’année
précédant l’ouverture de la procédure ;
3- Sur décision motivée du tribunal à la demande du syndic et ce en l’absence des
conditions précédentes dès lors qu’il existe des raisons valables.
Le jugement du tribunal est insusceptible de recours.
L’association des créanciers est composée comme suit :
1- Le président.
La présidence est assurée par le syndic à l’exception de l’assemblée délibérant sur
son remplacement qui est présidé par le juge commissaire.
2- Les membres.
- Le chef d’entreprise ;
- Les créanciers inscrits sur la liste des créances déclarées remise par le syndic au
juge commissaire en application des dispositions de l’article 727 du code de
commerce. Lorsque l’association est convoquée pour se réunir avant la date du
dépôt de la liste des créanciers au greffe du tribunal, les créances indiquées ne
doivent pas faire l’objet de la part du syndic d’une proposition de refus ou de
renvoi devant le tribunal à moins que le juge commissaire ne les autorise à
participer à ces travaux.
- Les créanciers dont les créances ont été acceptées par le juge commissaire.
Lorsque l’association est invitée à se réunir après la date de dépôt de cette liste au
greffe du tribunal, les créanciers peuvent assister personnellement aux travaux de
l’association ou se faire représenter par un mandataire.

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B- Fonctionnement.
1- Domaine de compétence.
L’association se réunit pour délibérer sur les points suivants :
- Le projet de plan de redressement pour la continuité de l’activité de l’entreprise
proposé par le syndic dans le cadre de la préparation de la solution ;
- Le projet de plan de redressement assurant la continuité de l’activité de
l’entreprise proposé par les créanciers en remplacement de celui présenté par le
syndic et qu’ils ont refusés ;
- La modification des objectifs et des moyens du plan de redressement assurant la
continuité de l’activité mentionné dans l’article 629 du code de commerce ;
- La demande de remplacement du syndic nommé en application des dispositions de
l’article 677 du code de commerce ;
- La cession d’un ou plusieurs principaux actifs énumérés à l’article 678 du code de
commerce.
2- Convocation en réunion.
L’association se réunit sur invitation du syndic et en cas de carence de ce dernier à
l’initiative du juge commissaire soit d’office soit sur demande du chef de l’entreprise soit
d’un ou plusieurs créanciers. Au cas où il faut débattre sur le changement du syndic
l’association se réunit sur convocation du juge commissaire. L’avis de convocation de
l’association doit être inséré dans un journal habilité à recevoir les annonces légales,
judiciaires et administratives et afficher au panneau réservé à cet effet au tribunal. La
réunion peut également se faire par le biais de convocation des créanciers adressée à
leur domicile élu ou par voie électronique. L’avis de convocation doit comporter le lieu, le
jour, l’heure de réunion ainsi que l’ordre du jour, il doit également mentionner le droit
des créanciers à consulter les documents énumérés à l’article 612 du code de commerce
au siège de l’entreprise ou tout autre lieu précisé dans l’avis de convocation. L’avis de
convocation doit préciser que l’absence à la réunion d’un des créanciers ou son
représentant vaut acceptation de toute décision prise par l’association. Lorsque
l’association est invitée à se réunir, elle statut sur la modification des objectifs et des
moyens de plan de continuation, il est indiqué sur l’avis que les créanciers qui ne sont pas
d’accord sur la modification des réductions de créances proposées dans le plan de
continuation doivent présenter leur proposition lors de la réunion.
3-Délai de convocation.
Les délais sont fixés par les articles 595 615 629 607 et 618 du code de commerce.
Les délais sont variables en fonction de la nature des décisions et sont définit dans
chaque cas par le législateur.

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4-Validité des délibérations.
1- Le quorum.
Pour la validité des décisions de l’assemblée générale de l’association, le quorum est
conditionné par la présence des créanciers représentants au moins les deux tiers des
créances déclarées, au cas où le quorum n’est pas atteint, le président de l’association
rédige un PV de constatation dans lequel il fixe une nouvelle date de réunion de
l’association qui doit intervenir dans un délai ne dépassant pas 10jours suivant la
réunion. L’avis de convocation doit être inséré dans un journal habilité à recevoir les
annonces légales, les délibérations sont réputées valables quel que soit le montant des
créances détenues par les créanciers présents. La validité des décisions de l’association
est subordonnée à l’approbation par les créanciers présents ou représentés qui
participent au vote dont le montant des créances représente la moitié des créances. Les
décisions prises par l’association légalement réunie s’imposent aux créanciers absents.
Une feuille de présence est tenue lors de la réunion de l’association dans laquelle figure
les noms, les prénoms, le domicile de chaque créancier présent ou son représentant, elle
doit être dument émargée (signée) par les créanciers présents et accompagnée des
procurations des mandataires. Un procès-verbal est dressé et signé par le président de
l’assemblée, ce procès-verbal mentionnera la date, le lieu de l’assemblée, l’ordre du jour,
l’objet des délibérations, le quorum atteint, les documents présentés, il sera accompagné
de la feuille de présence.
C- Le plan de remplacement.
Si l’association rejette le plan de redressement proposé par le syndic, les créanciers qui
n’ont pas voté en faveur du plan présenté par le syndic doivent présenter un plan de
remplacement dans les 15jours qui suivent la réunion. Le plan de remplacement n’est
pris en compte que s’il est signé par la majorité des créanciers. Chaque créancier ne peut
signer qu’un seul plan de remplacement, si le plan de remplacement indique des remises
supérieures à celles proposées dans la période d’observation, le plan doit être
accompagné de l’approbation écrite des créanciers à l’origine de ces nouvelles remises.
Le syndic, adresse la convocation à la réunion de l’association pour délibérer sur le plan
de remplacement le jour ouvrable suivant sa réception, lorsque l’association approuve le
plan de remplacement le syndic le renvoi au tribunal le jour ouvrable suivant la réunion.
Paragraphe 2 : Homologation du projet de redressement par le tribunal.
Le plan de redressement proposé par le syndic est approuvé par l’association est
présenté le jour ouvrable suivant la réunion par le syndic au tribunal. Le tribunal,
homologue le plan de redressement dans les 10jours qui suivent son dépôt dans le cas où
les créanciers ne présente pas de plan de remplacement dans les délais fixés ainsi que
dans le cas où l’association ne se décide pas sur le plan proposé par les créanciers, le
syndic soumet au tribunal le jour ouvrable suivant les délais légaux fixés ou la date de la
réunion de l’association selon les cas le projet de plan de continuation qu’il a

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précédemment présenté. Le syndic doit joindre au plan de continuation qu’il soumet à
l’homologation du tribunal tous les procès-verbaux des réunions de l’association des
créanciers. Le tribunal homologue le plan de continuation de l’entreprise s’il constate que
les créanciers obtiendront dans le cadre du projet de plan de redressement un montant
qui ne peut être inférieur à ce qu’ils obtiendront en cas de liquidation de l’entreprise.
En cas de refus d’homologation par le tribunal du projet de plan, le syndic doit convoquer
à nouveau l’association selon les modalités légales afin de délibérer sur une nouvelle
proposition de plan qui tient compte de la décision du tribunal. Il est à noter que le
principal des créances publiques telles que définies à l’article 2 de la loi n°15-97 formant
le code de recouvrement des créances publiques promulgué par le Dahir n° 1-00-175 du 3
Mai 2000 ne peut faire objet de réduction. Lorsque l’association accepte les remises
proposées dans le cadre de la modification des objectifs et des moyens du plan de
continuation, le syndic procède au dépôt du procès-verbal de la réunion de l’association
au tribunal, le jour ouvrable suivant la réunion afin son homologation dans les 10jours
suivants son dépôt. En revanche, si l’association refuse les remises proposées, chaque
créancier qui n’a pas donné son approbation adresse au syndic de nouvelles propositions
de remises, dans ce cas, le syndic dresse un rapport avec les remises proposées dans le
cadre de la modification des objectifs et des moyens du plan de redressement assurant la
continuation de l’entreprise et le dépose au tribunal dans le jour ouvrable suivant la
réunion aux fins d’homologation dans les 10jours qui suivent son dépôt.
Paragraphe 3 : Droit de consultation des créanciers et recours.
A- Droit de consultation des créanciers.
Tout créancier peut sur demande présentée au syndic durant la période d’exécution du
plan de continuation, consulter au siège de l’entreprise les documents suivants :
- Les informations relatives à la situation financière de l’entreprise y compris celle
des actif et des dettes avec une présentation détaillée des créances privilégiées et
chirographaires ;
- Les flux de trésorerie ;
- Les informations non financières susceptibles d’influencer la capacité de
l’entreprise pour exécuter ses engagements dans l’avenir.
Tout créancier peut personnellement ou à travers un mandataire obtenir à ses frais les
copies de ces documents.
B- Recours contre les décisions de l’association.
Les décisions de l’association ne sont susceptibles d’aucun recours à l’exception de celle
en cours devant le tribunal pour statuer sur la demande d’homologation d’une
proposition de l’association.

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Chapitre III : Les solutions judiciaires de traitement des difficultés de
l’entreprise.
Les solutions légales au traitement des difficultés de l’entreprise peuvent consister soit
dans le redressement judiciaire ou la liquidation judiciaire et ce, à la lumière du rapport
du syndic. Avant de choisir la solution, une étape préliminaire s’impose pour la
préparation de cette solution sur la base de pouvoir accordé au syndic.
Section 1 : La préparation de la solution.
Paragraphe 1 : Poursuite de l’exploitation.
Pendant la phase de la préparation de la solution, l’activité de l’entreprise est poursuivie
conformément à l’article 586 du code de commerce sous réserve de certains effets
juridiques. Toutefois, à tout moment, le tribunal peut à la demande motivée du syndic,
d’un contrôleur, du chef de l’entreprise ou d’office et sur rapport du juge commissaire
ordonner la cessation totale ou partielle de l’activité et prononcer la liquidation
judiciaire.
A- Les conditions de poursuite de l’exploitation.
Il est à souligner que le prononcé du jugement n’entraine pas la déchéance du terme.
1- La faculté d’exiger l’exécution des contrats en cours.
Le syndic a seul la faculté d’exiger l’exécution des contrats en cours en fournissant la
prestation promise aux cocontractants de l’entreprise. Toutefois, le contrat est résilié de
plein droit après une mise en demeure adressée au syndic et restée plus d’un mois sans
réponse. Le cocontractant doit remplir ses obligations malgré le défaut d’exécution par
l’entreprise de ses engagements antérieurs au jugement d’ouverture. L’inexécution de
ses engagements ouvre droit au profit des créanciers seulement à la déclaration de leurs
créances au passif. Au cas où le syndic n’a pas opté pour la poursuite de l’exécution du
contrat, ceci ouvre droit à engager une action en dommage-intérêt dont le montant sera
déclaré au passif. Néanmoins, la partie contractante peut différer la restitution des
sommes versées par l’entreprise en exécution d’un contrat jusqu’à ce qu’il a été statué
sur les dommages-intérêts. Les dispositions précitées ne s’appliquent pas aux contrats de
travail. Enfin, nonobstant toute disposition légale ou clause contractuelle contraire,
aucune divisibilité, résiliation ou résolution du contrat ne peut résulter du seul fait de
l’ouverture du redressement judiciaire.
2- La cession du bail.
En cas de cession de bail, toute clause imposant au cédant des engagements solidaires
avec le cessionnaire est inopposable au syndic.

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3- La gestion des créances.
a- Les créances nées après le jugement d’ouverture.
Les créances nées régulièrement après le jugement d’ouverture du redressement pour
les besoins du déroulement de la procédure ou de l’activité de l’entreprise pendant la
période de la préparation de la solution sont payées à leurs échéances. Au cas où elles ne
sont pas payées à l’échéance, ces créances sont payées par privilège avant toutes les
autres créances assorties ou non de privilège ou sûreté à l’exception de celles garanties
par privilège dans le cadre de la procédure de conciliation et celles qui sont nées après le
jugement déclaratif afin de permettre la continuité de l’exploitation.
b- Nouveau financement.
L’entreprise peut obtenir un nouveau financement afin de poursuivre son activité. Au cas
où ce financement est octroyé contre une garantie, il est nécessaire d’obtenir
l’autorisation du juge commissaire.
B- Les pouvoirs du chef d’entreprise et du syndic.
Pendant cette phase préparatoire, les modalités de gestion de l’entreprise sont
déterminées par le tribunal, c’est ainsi que le jugement de redressement attribue au
syndic soit :
- La surveillance des opérations de gestion ;
- L’assistance du chef de l’entreprise pour tous les actes de gestion ou de certains
d’entre eux ;
- La gestion par lui-même totalement ou partiellement de l’entreprise.
À tout moment, le tribunal peut modifier la mission du syndic à sa demande ou d’office.
Le syndic peut en toute circonstance faire fonctionner les comptes bancaires de
l’entreprise dans l’intérêt de celle-ci. Toute hypothèque, nantissement, compromis ou
transaction ne peut être réalisée par le syndic ou le chef de l’entreprise que sur
autorisation du juge commissaire.
Paragraphe 2 : Les pouvoirs du syndic dans la phase préparatoire de la
solution.
Au cours de cette étape préparatoire, l’entreprise poursuit son exploitation dans l’attente
de la préparation d’une solution à la lumière du rapport que doit établir le syndic.
A- La mission principale du syndic.
Lors de cette phase, le syndic a pour mission principale de réaliser avec le concours du
chef de l’entreprise et l’assistance éventuelle d’un ou de plusieurs experts un rapport
détaillé dans lequel il doit préciser le bilan financier, économique et social de l’entreprise.
A la lumière de ce bilan, le syndic propose soit un plan de redressement assurant la
continuité de l’entreprise ou sa cession à un tiers, soit la liquidation judiciaire. Les
propositions du syndic doivent être remises au juge commissaire dans un délai maximal

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de 4 mois suivant la date du jugement d’ouverture de la procédure, ce délai peut être
prorogé une seule fois par le tribunal à la requête du syndic. Le dossier est envoyé à
l’audience dans un délai de 10 jours après la présentation du rapport au juge
commissaire ou depuis la date de l’expiration du délai précité. Le projet de plan de
redressement définit les modalités de règlements du passif et les garanties éventuelles
souscrites par toute personne pour assurer l’exécution.
B- Les prérogatives du syndic.
Pour réaliser sa mission, le syndic dispose de prérogatives importantes et diversifiées.
1- Un droit de communication d’ordre public.
Nonobstant toute disposition législative contraire, le syndic peut obtenir communication
de tout renseignement de nature à lui donner une exacte information sur la situation
économique et financière de l’entreprise. Ce droit de communication a un domaine très
large et c’est ainsi qu’il s’applique au commissaire aux comptes s’il en existe, aux
administrations et organismes publics et pour tout autre organe. Le syndic rend compte
au juge commissaire les informations collectées.
2- La réception des offres tendant au maintien de l’entreprise.
Dès l’ouverture de la procédure, le syndic est habilité à recevoir des tiers à l’entreprise,
les offres tendant au maintien de celle-ci selon les modalités légales à savoir : la
continuation ou la cession. Toute offre faite au syndic ne peut être retirée après la date
du dépôt du rapport du syndic, l’auteur de l’offre demeure tenu par celle-ci jusqu’à la
décision du tribunal arrêtant le plan à condition que cette dernière intervienne dans le
mois du dépôt du rapport. Au-delà de cette date, et notamment en cas d’appel, l’auteur
de l’offre n’est tenu que s’il y consent, les offres sont annexées au rapport du syndic qui
en fait l’étude. Il est à noter qu’aucune offre ne peut être formulée par les dirigeants soit
directement soit par personne interposée.
3- La proposition de modification du capital social.
Si le syndic envisage un plan de continuation prévoyant une modification du capital, il
demande au conseil de l’administration, au directoire ou au gérant selon les cas, de
convoquer une assemblée générale extraordinaire ou l’assemblée des associés. Si du fait
des pertes constatées dans les documents comptables, les capitaux propres sont
inférieurs au quart du capital social, l’assemblée est d’abord appelée à reconstituer ses
capitaux en concurrence du montant proposé par le syndic et qui ne peut être inférieur
au quart du capital social. L’assemblée peut être également appelée à décider de la
réduction de l’augmentation du capital en faveur d’une ou de plusieurs personnes qui
s’engagent à exécuter le plan. L’exécution des engagements pris à l’issue de l’assemblée
est subordonnée à l’acceptation du plan par le tribunal. A défaut, les clauses sont
réputées sans effet. A cet effet, toute clause subordonnant la cession des actions ou des
parts sociales ou toute autre valeur mobilière à l’acceptation de la société ou des
associés est réputée sans effet.
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4- Le droit de proposer le remplacement d’un ou de plusieurs dirigeants.
Si la survie de l’entreprise le requière, le tribunal peut subordonner l’adoption du plan de
redressement au remplacement d’un ou de plusieurs dirigeants. Cette décision peut être
prise par le tribunal à la demande du syndic ou d’office. A cette fin, le tribunal peut
prononcer l’incessibilité des actions, parts sociales, certificat de droit au vote détenu par
un ou plusieurs dirigeants de droit ou de fait, rémunérés ou non, et décider que le droit
de vote soit exercé pour une durée qu’il fixe par un mandataire de justice désigné à cet
effet. Le tribunal peut ordonner la cession de ces actions ou parts sociales. Le prix de la
cession sera fixé à dire d’expert. Pour l’application de cette solution, les dirigeants sont
entendus ou dûment appelés.
5- La gestion des dettes.
Les propositions pour le règlement des dettes sont au fur et à mesure de leur élaboration
sous la surveillance du juge commissaire, communiquées aux contrôleurs par le syndic. Le
syndic recueille individuellement ou collectivement l’accord de chaque créancier qui a
déclaré sa créance sur les délais et les remises qu’il leur demande pour assurer la bonne
exécution du plan de continuation. Qu’il s’agisse de consultation individuelle ou collective
la lettre du syndic doit comporter comme annexes :
- Un état de la situation active et passive avec indication du passif privilégié et
chirographaire ;
- Les propositions du syndic et du chef de l’entreprise et l’indication des garanties
offertes ;
- L’avis des contrôleurs.
En cas de consultation individuelle des créanciers, le défaut de réponse dans le délai de
30 jours à compter de la réception de la lettre du syndic vaut acceptation. Toutefois, pour
l’application de cette règle la cour de cassation a exigé dans un arrêt du 15 Mars 2012
que la réception de la proposition du syndic doit être établie par la signature de l’avis de
la notification par les personnes habilitées à cet effet conformément à l’article 38 du
code de procédure civile. Elle a conclu que la simple apposition d’un cachet sans la
signature n’établit pas la réunion de cette condition car le cachet à lui seul ne détermine
pas la qualité de celui qui l’a posé. Lorsque le syndic décide de consulter collectivement
les créanciers ceux-ci se réunissent sous sa présidence suite à sa convocation, un avis de
convocation peut en outre être inséré dans un journal d’annonces légales et affiché au
panneau réservé à cet effet au tribunal, la réunion doit avoir lieu entre le 15ème et le 21ème
jour après le jour de la convocation. Le syndic doit faire, aux créanciers, un rapport sur
l’état de redressement ainsi que sur la poursuite de l’activité depuis l’ouverture de la
procédure. L’accord de chaque créancier présent ou représenté est recueilli par écrit sur
les propositions du règlement du passif, le défaut de participation à la consultation
collective vaut acceptation des propositions présentées par le syndic. Au terme de la
consultation individuelle ou collective, le syndic dresse un état des réponses faites par les

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créanciers, le chef de l’entreprise et les contrôleurs sont consultés sur le rapport qui leur
a été communiqué par le syndic et ce par lettre recommandée avec accusé de réception,
un délai de 8 jours est accordé au chef de l’entreprise pour donner ses observations sur
le rapport du syndic. Après avoir entendu le chef de l’entreprise, les contrôleurs et le
délégué du personnel, le tribunal décide soit la continuation de l’entreprise soit sa
cession soit sa liquidation judiciaire.
Section 2 : Le choix de la solution.
A la lumière du rapport du syndic, et après audition du chef d’entreprise, des contrôleurs
et des délégués du personnel, le tribunal opte pour un plan de continuation, un plan de
cession ou de liquidation judiciaire.
Paragraphe 1 : Le plan de continuation.
L’étude du plan de continuation nécessite l’analyse des différentes modalités techniques
permettant cette continuation et l’apurement du passif et les solutions.
A- Les modalités techniques de la continuation.
1- Les conditions nécessaires à l’adoption d’un plan de continuation.
Le plan de continuation de l’entreprise ne peut être décidé par le tribunal que s’il
constate la réunion de deux conditions à savoir d’une part l’existence de possibilités
sérieuses de redressement et d’autres part les chances sérieuses de règlement du passif.
Ce plan de continuation arrêté par le tribunal indique, le cas échéant, les modifications
apportées à la gestion de l’entreprise selon les dispositions légales. Il est à noter que le
plan de continuation peut être décidé par le tribunal même si la procédure de vérification
des créances n’est pas encore permise. Pareil ce principe a été appliqué par le tribunal de
commerce de Casablanca dans sa décision en chambre de conseil du 16 novembre 2009
dossier n°176/25/2000. Par ailleurs, la continuation peut être accompagnée si cela est
nécessaire par l’arrêt, l’adjonction ou la cession de certaines branches d’activités.
2- La durée du plan de continuation.
Le législateur a confié au tribunal la liberté de détermination de la durée du plan de
continuation à condition qu’elle n’excède pas 10 ans. Dans sa décision en date du 16
Novembre 2009 le tribunal de commerce de Casablanca a reconnu une durée de 6 ans.
3- La modification du contenu et résolution du plan de continuation.
Le plan de continuation ne peut être modifié dans ses objectifs ou ses moyens que par
une décision du tribunal à la demande du chef d’entreprise ou sur rapport du syndic.
Lorsque la modification dans les objectifs et les moyens du plan peut avoir des
conséquences négatives sur les remises ou les délais acceptés par les créanciers, le syndic
convoque l’assemblée des créanciers. Le tribunal statue après avoir convoqué, entendu
les parties et toute personne intéressée.

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Enfin, le tribunal peut également prononcer la résolution du plan dans les formes et avec
les effets prévus à l’article 634 du code de commerce.
4- Le sort des contrats de travail.
Lorsque les décisions accompagnant le plan de continuation entraînent la résiliation des
contrats de travail, cette résiliation est considérée, fondée sur un motif économique
nonobstant toute disposition législative contraire. Toutefois, le code de commerce
précise que cette résiliation ne prend effet qu’après en avoir notifié le délégué régional
de travail et le gouverneur de la Province concernée par le syndic. Les salariés licenciés
conservent l’intégralité des droits qui leur sont reconnus par la loi.
5- La suspension des effets de l’interdiction bancaire.
Pendant la période d’exécution du plan de continuation et de règlement du passif, le
tribunal peut ordonner la suspension des effets de l’interdiction d’émettre des chèques
dont l’entreprise faisait l’objet avant le jugement d’ouverture. La durée de cette
suspension ne peut excéder celle fixée dans le plan de continuation. De ce fait, la
résolution du plan met fin de plein droit à la suspension de l’interdiction. Le respect des
échéances et des modalités prévues par le plan vaut régularisation des incidents.
6- L’inaliénabilité de certains biens.
Le tribunal peut décider dans le jugement arrêtant le plan ou le modifiant que les biens
qu’il estime indispensables à la continuation de l’entreprise ne pourront être aliénés sans
autorisation. Il fixe également la durée de cette mesure, dans sa décision en date du 16
novembre 2009 le tribunal de commerce de Casablanca a fixé la durée de l’inaliénabilité
à la durée de l’exécution du plan. Tout acte passé en violation de cette inaliénabilité est
annulé à la demande de tout intéressé, présenté dans le délai de 3 ans à compter de la
conclusion de l’acte ou de sa publication. L’inaliénabilité des biens de l’entreprise est
inscrite au registre du commerce et le cas échéant dans les livres de la conservation
foncière ainsi que ceux d’enregistrement des navires et aéronefs et tous les autres livres
destinés à cet effet. A défaut d’inscription, tout acquéreur de bonne foi ne peut se voir
opposer la nullité de l’acte de cession.
7- La modification des statuts.
Le plan de continuation mentionne toutes les modifications des statuts nécessaires à la
continuation de l’entreprise, le syndic convoque à cet effet l’assemblée générale
compétente.
B- L’apurement du passif.
Les dispositions portant sur l’apurement du passif dans le plan de continuation peuvent
être résumées en deux séries de disposition, les premières portent sur la manière dont
sera réalisé l’apurement du passif, les secondes précisent les sanctions en cas de non-
respect des engagements fixés par le plan.

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1- Les modalités de l’apurement du passif.
a- Le rôle du tribunal.
Le tribunal donne acte des délais et remises accordées par les créanciers au cours de la
consultation. Ces délais et remises peuvent le cas échéant être réduits par le tribunal.
Dans sa décision du tribunal de commerce de Casablanca du 16 novembre 2009 il a
ordonnée le paiement des créances sous réserve de leur admission en tenant compte de
leur montant. L’échelonnement a été fixé sur une période s’étalant de 2 à 6 ans en
commençant par les montants les plus faibles. Pour les autres créanciers le tribunal
impose des délais uniformes de paiement sous réserve en ce qui concerne les créances à
terme des délais supérieurs stipulés par les parties avant l’ouverture de la procédure. Ces
délais peuvent dépasser la durée du plan à condition que le premier paiement
intervienne dans un délai de 1 an. Le montant des échéances peut être progressif, dans
ce cas, leur montant annuel ne peut être inférieur à 5% de leur montant total retenu par
le plan.
b- Le sort des créances inscrites dans le plan.
L’inscription d’une créance au plan et l’octroi des délais ou remises par le créancier ne
préjuge pas de l’admission définitive de la créance, de ce fait, les sommes à répartir
correspondant aux créances non encore admises ne sont versées qu’à compter de
l’admission définitive au passif. En cas de vente d’un bien grevé d’un privilège spécial,
d’un nantissement ou d’une hypothèque, les créanciers bénéficiaires de ces suretés ou
titulaires d’un privilège général seront payés sur le prix après le règlement des créanciers
qui les priment. Ce paiement anticipé s’impute sur le principal paiement des dividendes à
échoir, les intérêts y afférant sont remis de plein droit.
C- Les solutions au plan de continuation.
Au cas où l’entreprise a exécuté l’engagement du plan de continuation le tribunal
prononce sa clôture. En revanche, en cas d’inexécution par l’entreprise de ses
engagements ou dans le cas où le plan n’a pas été exécuté dans les délais fixés, le
tribunal doit prononcer d’office ou à la demande de l’un des créanciers après avoir
entendu le syndic et convoqué le chef de l’entreprise, la résolution du plan et décider la
liquidation judiciaire. Les créanciers soumis au plan déclarent l’intégralité de leurs
créances et suretés, déduction faite des sommes perçues. Aussi les créanciers dont le
droit a fait naissance après le jugement, doivent déclarer leurs créances. La jurisprudence
a eu l’occasion d’appliquer cette solution à plusieurs reprises notamment dans l’affaire
AL MOKHA dans un arrêt de la cour de cassation du 19 février 2015. C’est ainsi que la
cour de cassation a confirmé la décision adoptée par la cour d’appel qui a prononcé la
liquidation judiciaire.
Paragraphe 2 : Le plan de cession.
Le plan de cession constitue l’une des innovations majeures du code de commerce
promulgué le 1er Aout 1996 et qui a été maintenu dans le nouveau livre 5 du 19 Avril
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2018. Son mécanisme et les avantages qu’il présente en font une technique privilégiée. Il
se caractérise par son autonomie, d’abord la cession de l’entreprise est une solution
autonome des traitements des difficultés d’entreprise, la cession détermine l’apparition
d’une notion autonome de l’entreprise, le législateur a défini les modalités de la cession,
les conditions de son exécution ainsi que ses effets juridiques.
A- Les modalités de la cession.
Les finalités du plan de cession sont clairement définies par l’article 635 du code de
commerce à savoir d’une part assurer le maintien des activités susceptibles d’exploitation
autonome, d’autre part assurer le maintien de toute ou partie des emplois qui y sont
attachés et enfin apurer le passif. Ainsi la loi s’assigne 3 objectifs à savoir :
● Préserver l’économie à travers le maintien de l’outil de travail ;
● Le social à travers la préservation des emplois ;
● La justice économique et financière afin d’atteindre ses objectifs.
Le code de commerce a minutieusement règlementé le cadre juridique du plan de
cession.
1- Les différentes formes de cession.
La cession peut être totale ou partielle, en cas de cession totale des biens de la société
commerciale, celle-ci est dissoute. S’il s’agit d’une cession partielle elle doit porter sur
l’ensemble des éléments de production formant une ou plusieurs branches complètes et
autonomes de l’activité. En outre, cette cession partielle ne doit pas diminuer la valeur
des biens non-cédés. En l’absence de plan de continuation de l’entreprise, les biens non-
compris dans le plan de cession, sont vendus et les droits et actions des entreprises sont
exercés par le syndic selon les modalités prévues en matière de liquidation judiciaire.
2- La procédure de cession.
a- Le délai de dépôt.
L’offre de reprise de l’entreprise en difficultés doit être communiquée au syndic dans le
délai qu’il a fixé et qu’il a porté à la connaissance des contrôleurs sauf accord entre le
chef de l’entreprise, le syndic et les contrôleurs un délai de 15 jours doit s’écouler entre
la réception d’une offre par le syndic et l’audience au cours de laquelle le tribunal
examine cette demande.
b- Le contenu de l’offre.
Le législateur a déterminé dans l’article 636 du code de commerce les différentes
indications qui doivent être mentionnées dans l’offre. Au dossier de l’offre doit être joint,
les documents relatifs aux trois derniers exercices lorsque l’auteur de l’offre est tenu de
les établir. Le juge commissaire a le pouvoir de demander des explications
complémentaires, il appartient au syndic d’informer les contrôleurs et le représentant du
personnel du contenu des offres reçues et donner au tribunal tout élément permettant
de vérifier le caractère sérieux de l’offre.
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c- Le choix de l’offre par le tribunal.
Le tribunal retient l’offre qui permet dans les meilleures conditions d’assurer le plus
durablement l’emploi attaché à l’ensemble cédé et le paiement des créanciers. Le
tribunal détermine les contrats de crédit-bail, de location ou de fourniture de biens ou de
services nécessaires au maintien de l’activité de l’entreprise au vu des observations des
contractants de l’entreprise transmise par le syndic. Le jugement qui arrête le plan de
cession emporte transfert de ces contrats. La cour de cassation a affirmé expressément
dans un arrêt du 3 Avril 2012 ce principe dans l’affaire Bab Afriquia et la société
Soranium d’investissement.
B- L’exécution de plan de cession et des contrats.
1- Le transfert forcé des contrats.
La transmission des éléments d’exploitation obéit à un régime spécifique car elle est
réalisée sans le consentement du vendeur, par conséquent, le cédant n’assume ni la
garantie d’éviction ni celle des vices cachés. Parmi les originalités du plan de cession, on
retrouve la transmission forcée des contrats, le tribunal détient le pouvoir exorbitant
d’imposer le transfert des contrats nécessaires à la continuité de l’exploitation, de ce fait,
le jugement qui arrête le plan emporte automatiquement la cession d’un certain nombre
de contrats. Cette cession forcée trouve sa justification dans un raisonnement d’ordre
économique et social car l’objectif principal de la cession est la sauvegarde de
l’entreprise et le maintien des emplois. La cession forcée présente plusieurs avantages,
elle évite ainsi une perte de temps dû à la négociation des contrats, elle écarte le risque
du repreneur exposé au refus du cocontractant, cette cession imposée est indispensable
puisque la rupture d’un contrat peut mettre en échec le redressement de l’entreprise.
2- L’exécution du transfert.
Le syndic est chargé de réaliser les transferts nécessaires de l’exécution du plan de
cession arrêté par le tribunal. Dans un arrêt de la cour de cassation du 10 Décembre
2003, elle a estimé qu’il ressort de la décision ayant arrêté le plan de cession de
l’entreprise que la mise en possession en faveur de l’acquéreur et le transfert de la
propriété ne pouvant se réaliser qu’après la formalisation des actes nécessaires avec le
syndic et la légalisation des signatures dans un délai de 6 mois depuis le prononcé du
jugement. En conséquence, elle a considéré que l’exécution par le cessionnaire de ses
engagements est subordonnée à l’initiative du syndic qui devait formaliser les actes de
cession et dont la défaillance a été établie au jour de la décision. Elle a conclu que la
condition posée par le jugement n’était pas remplie alors que l’obligation du syndic était
préalable à celle du cessionnaire. Dans l’attente de réalisation des actes de transfert, le
syndic peut sous sa responsabilité confier la gestion de l’entreprise au cessionnaire, la
mission du syndic se poursuit jusqu’à la clôture de la procédure, le tribunal prononce la
clôture de la procédure après le paiement du prix de la cession et sa répartition entre les
créanciers.

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C- Les effets du plan de cession.
Le code de commerce a déterminé avec précision les effets du plan de cession aussi bien
à l’égard du cessionnaire qu’à l’égard des créanciers.
1- Les effets à l’égard du cessionnaire.
a- L’obligation du paiement intégral du prix.
Le cessionnaire est tenu au paiement du prix de cession selon les modalités convenues.
Le prix de cession est réparti par le syndic entre les créanciers suivant leurs rangs, tant
que le prix de cession n’est pas intégralement payé, le cessionnaire ne peut, à l’exception
des stocks, aliéner, donner en garantie ou en location, gérance, les biens corporels et
incorporels qu’il a acquis. Toutefois, le tribunal peut, après rapport du syndic, autoriser
l’une des opérations décidées en tenant compte des garanties offertes par le
cessionnaire. Le tribunal peut également assortir le plan de cession d’une clause rendant
inaliénable pour une durée qu’il fixe pour tout ou partie des biens cédés. Tout acte passé
en violation des obligations précédentes est annulé à la demande de tout intéressé, cette
demande doit être présentée dans le délai de 3 ans à compter de la conclusion de l’acte
ou de sa publication au cas où celle-ci est requise. En cas de défaut de paiement du prix
de cession, le tribunal peut d’office, à la demande du syndic ou de tout administrateur,
nommer un administrateur spécial dont il détermine la mission et sa durée dans la limite
de 3 mois. Le cessionnaire est convoqué par le greffier pour être entendu en chambre de
conseil.
b- L’obligation de rendre compte au syndic.
Le cessionnaire est tenu d’exécuter les dispositions prévues par le plan de cession et il
doit rendre compte au syndic à l’issue de chaque exercice suivant la cession. A défaut
d’exécution de ses engagements, le tribunal peut d’office, à la demande du syndic ou
d’un créancier prononcer la résolution du plan de cession, dans ce cas, les biens sont
réalisés dans les formes de la liquidation judiciaire et leur prix affecté au paiement des
créanciers.
2- Les effets à l’égard des créanciers.
Le prix de cession est réparti par le syndic entre les créanciers suivants leur rang, le
jugement qui arrête le plan de cession totale de l’entreprise rend exigibles les dettes non
échues. Lorsque la cession porte sur des biens relevés d’un privilège spécial, d’un
nantissement ou d’une hypothèque, une quotepart du prix est affectée par le tribunal à
chacun de ces biens pour la répartition du prix et l’exercice du droit de préférence.
Jusqu’au paiement complet du prix qui emporte purge des inscriptions grevant les biens
compris en cession, les créanciers bénéficiant d’un droit de suite ne peuvent l’exercer
qu’en cas d’aliénation du bien cédé par le cessionnaire. Ce dernier informe
préalablement du syndic de toute aliénation d’un bien cédé à son tour le syndic avertit
les créanciers bénéficiant d’un droit de suite.

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Paragraphe 3 : La liquidation judiciaire.
La liquidation judiciaire en tant qu’issue ultime des efforts amiables judiciaires de
redressement consacre la fin de l’entreprise, l’arrêt de son activité et le licenciement de
ses salariés même si pour les besoins limités de la fin des contrats ou de fabrication, une
poursuite d’exploitation peut être exceptionnellement autorisée. A tout moment, le
tribunal peut ordonner la liquidation judiciaire d’office ou à la demande du chef de
l’entreprise, d’un créancier, du ministère public s’il lui apparait que la situation de
l’entreprise est irrémédiablement compromise. La déclaration de la liquidation judiciaire
peut aussi sanctionner l’échec du plan arrêté par le tribunal et proposé par le syndic. Le
législateur a défini les effets du prononcé de la liquidation judiciaire, le déroulement des
opérations de la liquidation, le règlement des créanciers et le cadre juridique de la
clôture des opérations de la liquidation.
A- Les effets du prononcé de la liquidation judiciaire.
Le prononcé de la liquidation judiciaire entraîne deux effets dont l’un est de plein de
droit et l’autre à la discrétion des juges.
1- Le dessaisissement de plein droit du débiteur.
Le législateur a défini le domaine du dessaisissement du débiteur et ses limites.
a- L’étendue du dessaisissement du débiteur.
Le jugement qui prononce la liquidation judiciaire emporte de plein droit le
dessaisissement du débiteur, de l’administration, et de la disposition de ses biens même
de ce qu’il a acquis, à quelques titres que ce soit, tant que la liquidation judiciaire n’est
pas clôturée. Le dessaisissement englobe tous les biens du débiteur, présents et avenirs
qui présente pour le créancier une valeur patrimoniale. Les droits et les actions du
débiteur concernant son patrimoine sont exercés par le syndic pendant toute la durée de
la liquidation judiciaire.
b- Les limites au dessaisissement du débiteur.
Malgré le dessaisissement, le débiteur pourra exercer les actions personnelles. Ainsi, il
pourra se constituer partie civile en vue d’établir la culpabilité de l’auteur d’un crime ou
d’un délit dont il a été victime. Toutefois, les dommages-intérêts dont il obtiendra
éventuellement bénéficieront à la procédure ouverte.
2- La possibilité de poursuite temporaire de l’activité.
Le jugement qui prononce la liquidation judiciaire met fin à l’activité de l’entreprise.
Cependant, la continuité de l’exploitation est envisageable sous certaines conditions et
produit des effets sur certains contrats et certaines créances.
a- Les conditions de poursuite de l’activité.
La poursuite de l’activité de l’entreprise après le prononcé de la liquidation judiciaire est
une solution exceptionnelle, le législateur permet au tribunal, d’autoriser, si l’intérêt

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général ou celui des créanciers l’exige, et il lui permet également de fixer sa durée soit
d’office ou à la demande du syndic ou du procureur du Roi. Lorsque la poursuite de
l’activité est décidée par le tribunal, l’administration de l’entreprise sera assurée par le
syndic sous réserve de certaines dispositions.
b- Les effets de certaines créances.
Les créances nées régulièrement après le jugement de liquidation bénéficient d’un
privilège de paiement, elles sont payées par priorité à toute autre créance assortie ou
non de privilège ou de sûreté. L’effet de la liquidation sur les contrats de bail, le prononcé
de la liquidation n’entraine pas de plein droit la résiliation du bail des immeubles affectés
à l’activité de l’entreprise, il est en conséquence reconnu au syndic le pouvoir de
continuer le bail ou de le céder dans des conditions prévues dans le contrat avec le
bailleur, cette cession doit être effectuée avec tous les droits et obligations qui s’y
attachent. Le syndic peut sur une simple demande du bailleur décider de résilier le bail.
La résiliation prend effet au jour de cette demande, le bailleur qui souhaitera demander,
faire constater la résiliation pour des causes antérieures au jugement de liquidation
judiciaire, doit introduire sa demande dans les 3 mois du prononcé du jugement. A
défaut de demande de résiliation, le bailleur est réputé avoir renoncé à se prévaloir des
causes de résiliation déjà existantes à son profit.
B- Le déroulement des opérations de liquidation.
1- La réalisation de l’actif.
La réalisation de l’actif n’implique pas seulement la vente des immeubles, meubles et des
unités de production de l’entreprise mais elle s’étend également à la possibilité de retrait
des biens gagés ou retenus par les créanciers.
a- La vente des immeubles.
Le législateur permet le choix entre deux méthodes de vente des immeubles. En effet, la
vente peur se réaliser soit par application des procédures de saisie immobilière
conformément au code de procédure civile ou par le recours à l’adjudication amiable.
Dans le cas d’option de la procédure de saisie immobilière, le juge commissaire fixe après
avoir recueilli les observations des contrôleurs et l’audition du chef de l’entreprise et du
syndic ou leur convocation sur le plan légal, il fixe le prix d’ouverture des enchères, les
conditions essentielles de la vente ainsi que les formalités de publicité. Lorsqu’une
procédure de saisie immobilière a été engagée avant le redressement ou la liquidation
judiciaire et qu’elle a été suspendue par suite de l’ouverture de cette dernière, le syndic
peut être subrogé dans les droits du créancier saisissant pour les procédures que celui-ci
a effectuées et qui sont réputées accomplies pour le compte du syndic qui procède à la
vente des immeubles. La saisie immobilière peur alors reprendre son cours au stade où le
jugement d’ouverture l’avait suspendue. Le juge commissaire peut opter, à titre
exceptionnel, et dans le respect des mêmes conditions pour une vente amiable si la
consistance des immeubles, leurs remplacements, ou les offres reçues sont de nature à

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permettre une cession amiable dans des conditions plus avantageuse. Le juge
commissaire peut autoriser la vente soit sous forme d’adjudication amiable sur la mise à
prix qu’il fixe, soit même de gré à gré au prix et conditions qu’il détermine. En cas
d’adjudication amiable, il peut toujours être fait sur enchères du sixième conformément
au code de procédure civile. Les adjudications réalisées en application des règles
précédentes emportent purge des hypothèques. Le syndic répartit le produit des ventes
et règle le prix selon l’ordre des créanciers sous réserve de contestations qui sont portées
devant le tribunal.
b- La vente d’unité de production.
Les unités de production, qu’elles soient composées de tout ou partie de l’actif, mobilier
ou immobilier peuvent faire objet d’une cession globale.
● La procédure de la vente d’unité de production.
Le syndic publie les offres d’acquisition et fixe le délai pendant lequel ces dernières
seront reçues. Toute personne intéressée peut soumettre une offre. Toutefois, ni le
débiteur ni les dirigeants de droit ou de fait ni aucun parent ni allié de ceux-ci jusqu’au
deuxième degré inclusivement ne peuvent se porter acquéreur. Par ailleurs, l’article 636
du code de commerce a déterminé les différentes précisions que doivent comporter
toute offre qui doit être présentée par écrit. Toute offre doit être déposée au greffe du
tribunal ou tout intéressé peut en prendre connaissance, elle est également
communiquée au juge commissaire.
● La réalisation de cession d’unité de production.
Il appartient au juge commissaire d’ordonner la cession après avoir entendu le chef de
l’entreprise, les contrôleurs et le cas échéant le propriétaire des locaux dans lesquels
l’unité de production est exploitée. Il choisit l’offre qui lui parait la plus sérieuse et qui
permet dans les meilleures conditions d’assurer durablement l’emploi et le paiement des
créanciers. Une quotepart du prix de cession est affectée à chacun des biens cédés pour
la répartition du prix et l’exercice du droit de préférence, enfin le syndic rend compte de
l’exécution des actes de cession.
c- La vente des autres biens.
La vente des autres biens meubles s’accomplie au choix du juge commissaire soit aux
enchères publiques soit de gré à gré. Dans le premier cas, le juge commissaire ordonne la
vente aux enchères publiques après avoir entendu ou dument appelé le chef de
l’entreprise et après avoir recueilli les observations des contrôleurs. Dans le deuxième cas
le juge commissaire peut demander que le projet de vente amiable lui soit soumis afin de
vérifier si les conditions qu’il a fixées ont été respectées.
d- La transaction et le compromis après la déclaration judiciaire.
Le syndic peut avec l’autorisation du juge commissaire et le chef d’entreprise qui sera
entendu, opérer d’une conciliation pour conclure une transaction sur toutes les

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contestations qui intéressent collectivement les créanciers y compris celles relatives au
droit et des actions immobilières.
e- Le sort des biens gagés ou retenus.
Le syndic s’il est autorisé par le juge commissaire peut en payant la dette, retirer les biens
constitués en gage par le débiteur ou les choses retenues, en cas de difficulté de retrait
de la chose gagée, le syndic peut procéder à la réalisation du gage dans les 6 mois du
jugement d’ouverture de la liquidation judiciaire.
f- L’exigibilité des créances.
Le jugement d’ouverture de la liquidation judicaire rend exigibles les créances non
échues au jour du prononcé du jugement.
2- Le règlement du passif.
Il se réalise par la répartition des produits sur les créanciers conformément aux articles
663 et suivants du code de commerce et la législation marocaine.

Partie III : Les procédures transfrontalières des difficultés de l’entreprise.


Ces procédures constituent une innovation majeure de la loi du 19 Avril 2018 qui a défini
les règles générales, déterminé l’accès aux procédures nationales, admis la
reconnaissance de la procédure étrangère et précisé la coopération avec les tribunaux
étrangers et le représentant étranger ainsi que les procédures concurrentes.
Chapitre I : Les dispositions générales.
Elles ont déterminé les objectifs de ces procédures et leur domaine d’application.
Section 1 : Les objectifs de la procédure.
Les nouvelles dispositions ont pour objet d’offrir des mécanismes pour traiter des cas
transfrontaliers des difficultés de l’entreprise. A cet effet, elles ont défini les actions
nécessaires et la terminologie particulière pour l’application de ces dispositions.
Paragraphe 1 : Les actions nécessaires.
Elles résident dans les dispositions suivantes :
- Faciliter la coopération entre les tribunaux marocains et les tribunaux étrangers
dans le cadre des procédures des difficultés de l’entreprise ;
- Renforcer la sécurité juridique dans le commerce et les investissements
transfrontaliers ;
- Administrer équitablement et efficacement les procédures transfrontalières de
manière à protéger les intérêts de tous les créanciers et les autres parties
intéressées y compris le débiteur ;
- Protéger et valoriser les biens du débiteur ;

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- Faciliter la sauvegarde des entreprises en difficulté financière de manière à
protéger les investissements et protéger les emplois.
Paragraphe 2 : La terminologie spécifique.
Le législateur a précisé la terminologie spécifique aux difficultés de l’entreprise dans le
cadre des notions suivantes :
1- La procédure étrangère.
Est considérée comme procédure étrangère toute procédure judiciaire ou administrative
relative aux difficultés des entreprises ouverte dans un pays étranger y compris une
procédure provisoire soumise aux dispositions régissant des difficultés de l’entreprise
dans ce pays dans le cadre de laquelle les biens et les affaires du débiteur sont soumis au
contrôle ou à la surveillance d’un tribunal étranger aux fins de traitement ou de
liquidation. Cette procédure étrangère peut être principale ou non principale. La
première concerne toute procédure qui a lieu dans l’Etat où le débiteur a le centre de ses
intérêts principaux. La seconde vise toute procédure qui a lieu dans l’Etat où le débiteur a
un établissement entendu comme lieu d’opération où il exerce de façon non transitoire
une activité économique avec les moyens humains des biens ou des services.
2- Le représentant étranger.
Il est défini comme une personne ou un organe autorisé dans une procédure étrangère à
administrer le traitement ou la liquidation des biens ou des affaires du débiteur ou à agir
en tant que représentant dans la procédure étrangère.
3- Le tribunal étranger.
Est considéré comme tel, toute autorité judicaire ou autre pour contrôler ou surveiller
une procédure étrangère.
Section 2 : Le domaine d’application.
Les procédures transfrontalières s’appliquent dans les cas suivants :
1- Lorsqu’une assistance est demandée dans le territoire du Maroc par un tribunal
étranger ou un représentant étranger relativement aux procédures des difficultés
des entreprises ;
2- Lorsqu’une assistance est demandée dans un Etat étranger en ce qui concerne une
procédure ouverte en vertu de la loi marocaine ;
3- Lorsque deux procédures concernent le même débiteur sont ouvertes en même
temps au Maroc et à l’étranger ;
4- Lorsqu’il est dans l’intérêt des créanciers et des autres parties intéressées dans un
Etat étranger de demander l’’ouverture de la procédure ou de participer à ladite
procédure en vertu de la loi marocaine.

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Il est à souligner que ces dispositions légales sont applicables sous réserve des
engagements prévus aux traités et conventions internationales ratifiés par le royaume du
Maroc et publiés au bulletin officiel. De plus il devra être tenu compte des règles de
compétences telles que définies par l’article 581 du code de commerce. Le tribunal
compétent fait application des dispositions précitées sauf si la mesure demandée est
manifestement contraire à l’ordre public. Toute interprétation des dispositions légales
doit tenir compte de leurs origines internationales et de la nécessité de promouvoir
l’uniformité de leur application et le respect de la bonne foi. Enfin, le tribunal compétent
ou le syndic peut fournir une assistance additionnelle à un représentant étranger en
vertu de la législation en vigueur.
Chapitre II : L’accès aux procédures nationales.
Section 1 : Les procédures d’ouverture.
Le législateur a défini les règles spécifiques d’accès aux procédures nationales et qui
dérogent à celle de la procédure civile. C’est ainsi que le représentant étranger est
habilité à adresser directement sa demande au tribunal compétent dans le territoire du
royaume. Ce dernier, est compétent en ce qui concerne les biens du débiteur ou ses
affaires commerciales à l’étranger ainsi que le statut du représentant de l’étranger dans
les limites indiquées dans la demande de ce dernier, le représentant étranger est habilité
à demander l’ouverture d’une procédure relative aux difficultés des entreprises si les
conditions d’ouverture d’une telle procédure sont réunies conformément aux
dispositions légales marocaines.
Section 2 : Le statut des créanciers.
Sous réserve des droits de priorité prévus par la législation nationale en vigueur, les
créanciers résidant à l’étranger ont les mêmes droits que les créanciers résidant au
Maroc aussi bien en ce qui concerne l’ouverture de la procédure que la participation à
celle-ci. Lorsqu’une notification devra être donnée à un créancier résidant au Maroc, elle
devra également être donnée au créancier à l’étranger et qui n’ont pas d’adresse au
Maroc. Il appartient au tribunal de prendre des mesures appropriées pour aviser tout
créancier dont l’adresse n’est pas encore connue. La notification est adressée
individuellement au créancier à moins que le tribunal ne juge selon les circonstances
qu’une autre forme de notification soit plus appropriée sans besoin de recourir à une
commission rogatoire ou autre formalité civile. Toute notification d’ouverture de la
procédure qui doit être adressée à des créanciers résidants à l’étranger doit observer les
formalités suivantes :
- Le délai de déclaration des créanciers prévus à l’article 720 du code de commerce
et spécifier le lieu où elles ont été déclarées ;
- L’obligation de déclaration de créance pour les créanciers dont la créance est
assortie de sûreté ;

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- Toute autre information requise pour la notification des créanciers conformément
aux dispositions du livre 5 du code de commerce et aux décisions du tribunal.
Chapitre III : La reconnaissance de la procédure étrangère.
Section1 : Les conditions de demande de la reconnaissance.
Paragraphe 1 : La présentation de la demande de reconnaissance.
La demande de reconnaissance dit être présentée au tribunal compétent par un
représentant étranger qui a été désigné en qualité dans une procédure relative aux
difficultés de l’entreprise. La demande doit être accompagnée des documents suivants :
- Une copie certifiée conforme de la décision du tribunal étranger prononçant
l’ouverture de la procédure étrangère ou un certificat du tribunal étranger
attestant l’ouverture de la procédure et la désignation d’un représentant étranger ;
- Une déclaration du représentant étranger identifiant toutes les procédures
étrangères concernant le débiteur qui sont connues de lui ; le tribunal peut exiger
la traduction en langue arabe des documents fournis, il statue sur la demande dans
les meilleurs délais.
Paragraphe 2 : La reconnaissance de la procédure étrangère.
Une procédure étrangère peut être reconnue soit à titre principal soit à titre non-
principal. Dans le premier cas, elle suppose qu’elle a lieu dans l’Etat où le débiteur a le
centre de ses intérêts principaux. Dans le second cas, le débiteur est censé avoir un
simple établissement conformément à la définition précitée. Sauf preuve contraire, le
siège social de la personne morale ou le lieu de résidence habituelle de la personne
physique est réputé le centre des intérêts principaux du débiteur. Il est à noter que le
tribunal peut prononcer la modification ou la cessation de la reconnaissance s’il apparait
que les motifs de la reconnaissance étaient totalement ou partiellement absents ou qu’ils
ont cessé d’exister. A cet effet, à compter de la présentation de la demande de la
reconnaissance, le représentant étranger est tenu d’informer sans délai le tribunal de
toute modification substantielle de la procédure étrangère ou de sa nomination en
qualité de représentant étranger ainsi que de toute procédure étrangère qui a été portée
à sa connaissance. Dans l’intervalle entre l’introduction de la demande de reconnaissance
et le prononcé de la décision, le tribunal peut sur demande du représentant étranger
prendre à titre provisoire toute mesure d’urgence au bien de l’entreprise pour protéger
les biens et les intérêts des créanciers, c’est ainsi que le tribunal peut prendre l’une des
mesures suivantes :
- Arrêter ou interdire les actions en justice et toute mesure conservatoire ou voie
d’exécution sur les biens du débiteur ;
- Confier l’administration ou la réalisation de tout ou partie des biens du débiteur au
représentant étranger ou un syndic nommé par le tribunal, cette mesure peut se
justifier par l’objectif de protéger la valeur des biens lorsque de par leur nature ou

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en raison d’autres circonstances ils sont périssables ou susceptibles de se dévaluer
ou d’être exposés à d’autres menaces ;
- Ordonner des mesures prévues aux alinéas 2ème et 3ème de l’article 786 du code de
commerce.
Il est à noter que les mesures prises ont un caractère provisoire et leurs effets cessent
dès qu’il est statué sur la demande de reconnaissance sous réserve des dispositions
légales en vigueur.
Paragraphe 3 : Les effets de la reconnaissance de la procédure étrangère.
La reconnaissance de la procédure étrangère principale a pour effet :
- Suspendre ou interdire les poursuites individuelles et les mesures exécutoires
visées à l’article 686 du code de commerce ;
- Interdire au débiteur de disposer de ses biens, les transférer, les céder ou
constituer des sûretés sur ses biens.
Lorsqu’il est nécessaire de protéger les biens du débiteur et les intérêts des créanciers le
tribunal peut ordonner dès qu’il prononce la décision de reconnaissance à la demande du
représentant étranger toutes les mesures utiles autorisées par le livre 5 du code de
commerce notamment :
- Suspendre ou interdire les poursuites individuelles et les mesures d’exécution à
moins qu’elles ne découlent du jugement de reconnaissance de la procédure ;
- Assigner au mandataire étranger ou au syndic désigné par le tribunal, la mission
d’administrer ou de réaliser toute ou partie de l’actif du débiteur situé sur le
territoire du royaume ;
- Prendre toute mesure permettant de recueillir des preuves ou de fournir les
renseignements nécessaires relatifs aux biens, aux droits, aux obligations du
débiteur ;
- Prolonger toute mesure qu’il estime nécessaire.
Lorsque le tribunal prend l’une des mesures précitées pour le compte d’un représentant
il doit s’assurer que la mesure prise concerne seulement les biens administrés dans le
cadre de cette procédure ou à trait à des renseignements requis dans cette procédure. Le
tribunal peut d’office ou à la demande du représentant étranger ou toute autre personne
lésée par l’une des mesures précitées, modifier ou mettre fin à la mesure. Dès la
reconnaissance d’une procédure étrangère, le représentant étranger peut exercer toutes
les actions, les procédures autorisées au syndic en vertu de la législation marocaine pour
la protection des biens du débiteur et les droits des créanciers, il peut également
intervenir dans les procédures dans lesquelles le débiteur fait partie. Enfin, lorsqu’il
s’agit d’une procédure étrangère non-principale, le tribunal doit s’assurer que l’action
concerne les biens qui, en vertu de la loi, devraient être gérés ou administrés dans le

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cadre d’une procédure non-principale ou que la mesure concerne des renseignements
requis dans cette procédure.

Page | 67
ARTICLE DEBAT

Entreprises en difficulté: Les enjeux d’une réforme tant attendue


Par Khalid LAAOUANE | Edition N°:5296 Le 19/06/2018 | Partager
Khalid Laaouane est expert en droit et contentieux des affaires (Ph. KL)

Publiée au Bulletin officiel du 23 avril 2018(1), la loi n°73-17 apporte pour le Maroc un nouvel
édifice législatif dans le chantier de la modernisation de l’arsenal juridique dans le domaine
des affaires. Le dispositif s’inscrit dans une politique visant l’amélioration du climat des affaires
et l’adaptation de notre droit aux nouveaux standards internationaux.

Vu l’intérêt que revêt cette branche de droit économique, de par la taille des enjeux politiques,
sociales et économiques qu’elle implique, elle suscite bien évidemment beaucoup
d’interrogations, voire de suspicions de la part de différents protagonistes.

Novateur, le texte de loi apporte des bouleversements sensibles au droit positif sans toutefois
abandonner, en apparence, la philosophie de la loi 15-95 et ses grands principes, tels le caractère
collectif des procédures et la séparation du dirigeant et de l’entreprise, ou bien le principe
d’égalité entre créanciers. Il tente de répondre à des enjeux majeurs.

Pour l’essentiel, il s’agit de rendre plus attractifs et plus efficaces les instruments de traitement
des difficultés des entreprises. Mais cette double finalité ne pourra, nous semble-t-il, aboutir que
si une batterie de mesures est mise en place immédiatement pour garantir une bonne
appréhension de la loi et par là, aider les entreprises en détresse à sortir de leurs zones de
turbulences.

■ LA QUETE DE L’ATTRACTIVITE

S’il faut donner un qualificatif au droit des entreprises en difficulté, c’est bien évidemment
«Attractif». Cet impératif est à destination du chef de l’entreprise, des créanciers et des
partenaires, mais surtout à l’égard des institutions étrangères.
Pour les chefs d’entreprise, l’attractivité de la nouvelle loi se traduit par la multiplication des
offres de procédures mises à leurs dispositions. Aux traditionnelles procédures de prévention
dans ses deux composantes interne et externe (via le mandat ad hoc17 et la conciliation, et les
procédures de redressement et de liquidation), s’ajoute désormais une nouvelle procédure dite
de «sauvegarde». Cette procédure à cheval entre les procédures préventives et celles à
caractère curatif se veut une démarche volontariste, permettant de manière non contraignante au
17
Ad hoc : Qui convient parfaitement à une situation, à un usage, à un moment précis. Exemple : Une société ad hoc, une
commission ad hoc, un administrateur ad hoc. Synonymes : adéquat, idoine, apte, approprié, pertinent Étymologie : locution
latine qui signifie : pour cela. Expression voulant dire « pour cela » ; ainsi on nomme un tuteur, un administrateur, un juge «
ad hoc ».

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chef de l’entreprise de solliciter l’assistance du tribunal de commerce bien avant le constat
d’échec caractérisé par la cessation des paiements et sans que celui-ci risque de perdre ses
pouvoirs d’administrer.
Attractive, la nouvelle loi l’est aussi à l’égard des créanciers de l’entreprise car elle cherche à
rétablir l’équilibre rompu entre les intérêts de ces deux «antagonistes». De plus, elle vise une
meilleure répartition des pouvoirs entre les acteurs de la procédure. Ce qui se traduit
essentiellement par l’attribution aux créanciers du droit de participer au choix de la solution la
plus appropriée au sort de l’entreprise en difficulté.
S’agissant des institutions internationales, le désir de renforcer l’attractivité du droit des
entreprises en difficulté s’inscrit dans le cadre de la compétition mondiale entre les Etats dont le
droit est désormais devenu une composante à part entière. Le rapport annuel Doing business18 en
est l’illustration. Il est intéressant d’observer que le droit des entreprises en difficulté figure
désormais dans la grille d’analyse des auteurs de ce rapport et devient un élément régulièrement
pris en considération par la doctrine.
Dans cette vision, les rédacteurs de la loi 73-17 ont inséré dans le cadre juridique marocain de
l’insolvabilité de nouvelles règles et instruments s’inspirant des bonnes pratiques et des standards
internationaux en la matière, à savoir les principes de la Banque mondiale régissant le traitement
de l’insolvabilité, les relations entre créanciers et débiteurs et le guide législatif de la CNUDCI
sur l’insolvabilité internationale.
■ Le défi de l’efficacité des procédures

Construire un droit efficace, tel est le deuxième mot d’ordre de ce chantier législatif. Il s’agit
essentiellement d’améliorer les mécanismes de prévention et de traitement des difficultés. Ce
qui se traduit par un nombre significatif de nouvelles dispositions pour ne citer que le
renforcement de la détection précoce des difficultés par la mise à niveau des procédures de
prévention via ses deux mesures phares. Il s’agit du mandat ad hoc et du redressement amiable
devenu pour l’occasion «conciliation». La nouveauté porte également sur l’assouplissement des
conditions, aussi bien, de la conclusion que de la résiliation des accords à l’amiable, en
renforçant au passage sa sécurité et sa transparence. A cela s’ajoute la procédure de
«sauvegarde» précitée, qui s’inspire largement de sa version américaine «chapter Eleven» du
Federal Bankruptcy Code. Ce mécanisme renforcera, sans doute, le rôle du tribunal au chevet de
l’entreprise «souffrante», le plus tôt possible avant qu’elle ne soit en état de détresse, voire même
d’agonie.
Sur un autre registre, avec cette loi, l’on assiste à un «come-back» des créanciers dans les
procédures de redressement judiciaire. La mesure phare en est l’instauration des «Assemblées des

18
Le projet Doing Business fournit des mesures objectives de la réglementation des entreprises pour les entreprises locales
de 190 économies et de villes sélectionnées au niveau infranational

Page | 69
créanciers» qui constitue un nouvel instrument de concertation et de dialogue, réservé pour le
moment pour les procédures de redressement judiciaire qui remplissent certains critères(2).
Une sorte d’agora des temps modernes au sein de laquelle les créanciers reprennent les pouvoirs
dans le processus décisionnel.
La réforme porte aussi une dimension sociale, en essayant de remédier à la précarité de la
situation des salariés de l’entreprise, à travers l’amélioration des conditions du maintien et de la
stabilité des emplois et la garantie d’une meilleure prise en charge des créances salariales.
Enfin, cette loi se veut aussi ouverte sur l’international, en intégrant dans son corpus les
dispositions de la loi type de la CNUDCI sur l’insolvabilité transfrontalière.

Mesures d’accompagnement

Malgré les ambitions affichées par les pouvoirs publics de faire de cette réforme l’évènement
législatif par excellence de l’année, il est tout à fait légitime de s’interroger sur les chances de
réussite de cette réforme. Il est permis d’en douter tant que ce chantier se limite au seul
traitement technico-juridique des difficultés, et ne tient pas en compte les autres facteurs
déclencheurs de risque d’insolvabilité, à savoir la mauvaise gouvernance au sein des entreprises
et le manque de l’information prévisionnelle.
La quête d’un droit mature et efficace doit être aussi accompagnée par une batterie de mesures,
essentiellement en matière de formations spécialisées en faveur des principaux acteurs
(magistrats, experts-comptables, avocats et syndics) ainsi que par l’adoption le plus tôt
possible du texte réglementaire fixant les qualifications requises pour l’exercice des missions du
syndic, véritable clé de voûte de la procédure.
Encore faut-il, afin de réconforter les tribunaux de commerce dans leurs fonctions de
magistrature économique, les doter des moyens logistiques nécessaires à l’accomplissement de
cette mission.

------------------------------------------------------------------

(1) Dahir n° 1-18-26 en date du 19 avril 2018 portant promulgation de la loi 73-17, B.O n°
6667 du 23 avril 2018.
(2) Cf. à l’article 606 de la loi 73-17, la formation de l’assemblée est obligatoire soumise à
l’obligation de désigner un commissaire aux comptes conformément à la législation en vigueur
ou dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 25 millions de dirhams ou le nombre de
salariés dépasse 25 salariés pendant l’année qui précède celle de l’ouverture de la procédure.

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Entreprises en difficulté: Le nouveau mécanisme est en place
Par Faiçal FAQUIHI | Edition N°:5259 Le 25/04/2018

Les juridictions de commerce relèvent d’un arrondissement judiciaire. Chaque arrondissement compte une
Cour d’appel et un tribunal de première instance. Casablanca est à la fois le coeur économique du Royaume
et la plus grande juridiction: 388 dossiers uniquement d’entreprises en difficulté jugés en 2017 sans compter
les autres litiges commerciaux

Le nouveau régime des entreprises en difficulté a été adopté le 9 avril par le Parlement et publié
lundi 23 avril au Bulletin officiel. Ce dispositif qui relève du Livre V du Code de commerce sera
présenté aujourd’hui à Rabat par le ministère de la Justice. «Cette réforme va faire avancer le
Maroc dans le classement Doing business établi par la Banque mondiale. Elle apporte plusieurs
nouveautés», se félicite le rapporteur de la loi, Mohammed El Harti.

L’une «des plus importantes», estime le parlementaire du PJD, se rattache à l’intégration d’un
plan de sauvegarde dédié à l’entreprise en difficulté. Les 249 articles de la loi n°73-17 modifiant
le Code de commerce sont pour la majorité entrés en vigueur.

Lors de son examen parlementaire, le projet de loi a été critiqué par des praticiens au niveau du
plan de sauvegarde qui «rallonge inutilement les délais» et «le peu de garanties réservées aux
créanciers» (cf. L’Economiste n° 5241 du 30 mars 2018).
■ Une prévention interne et externe
Le législateur instaure des procédures de prévention des entreprises en difficulté. Elles sont de
nature interne et externe. Ainsi, le commissaire aux comptes, au cas où il y en a un, ou l’un des
associés sont habilités à donner l’alerte. Ils disposent de 8 jours pour avertir le chef de
l’entreprise. Et ce, dès l’apparition des premières difficultés qu’elles soient juridique,
économique, financière ou sociale. Le chef d’entreprise est «tenu de remédier» aux défaillances
relevées. Si le management n’agit pas dans les 15 jours qui suivent l’alerte ou ne parvient pas à
aboutir à un «résultat efficace», il doit convoquer l’assemblée générale. Celle-ci doit délibérer
sur les difficultés que vit la société en se basant sur le rapport du commissaire aux comptes. Que

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faire lorsque la prévention interne se révèle infructueuse? Le président du tribunal est saisi pour
actionner le mécanisme externe de la prévention d’entreprise en difficulté. Et ceci, sur demande
du commissaire aux comptes, du chef d’entreprise ou d’un associé.
■ Un mandataire spécial comme médiateur
Le président du tribunal peut désigner un mandataire spécial. Cette option est possible lorsque les
difficultés auxquelles fait face l’entreprise s’avèrent surmontables. Le mandataire est chargé
d’atténuer «les difficultés pouvant nuire à la continuité de l’entreprise». Elles peuvent êtres
sociales comme en cas de conflit entre les salariés impayés et le management. Voire aussi
intervenir pour remédier aux désaccords opposant les associés ou l’entreprise et ses fournisseurs
habituels. Le mandataire spécial est désigné pour une mission et une période déterminées. En cas
d’échec, il doit présenter «en urgence» un rapport au tribunal. Deux options sont possibles. Soit le
mandat est prorogé, soit le mandataire est destitué. Le chef d’entreprise doit donner son accord.
Ce mécanisme est relativement calqué sur celui du syndic judiciaire.
■ Plan de sauvegarde: Comment ça marche?
Les articles 560 à 565 du Code de commerce régissent la procédure de sauvegarde. L’objectif est
de permettre à l’entreprise de «dépasser ses difficultés, à garantir la continuité de son activité, à
préserver l’emploi...». Le plan de sauvegarde peut être réclamé par le chef de l’entreprise sans
que sa société soit en cessation de paiement. Cette mesure intervient avant qu’il n’y ait un
redressement judiciaire ou une liquidation. Le tribunal est saisi via son secrétariat greffe. La
demande doit préciser la nature des difficultés qui menacent la pérennité de l’entreprise. Les états
de synthèse de la dernière année d’exercice, un inventaire du patrimoine de la société, la liste de
ses débiteurs et des créanciers, le registre de commerce sont parmi les pièces à joindre à la
demande d’un plan de sauvegarde. Des frais de justice sont fixés par le président du tribunal
notamment pour couvrir la publicité de la procédure. Le chef d’entreprise doit obligatoirement
présenter un projet de plan de sauvegarde.
■ Une instance qui porte la voix des créanciers
L’assemblée des créanciers est créée dès qu’il y a redressement judiciaire. Cette nouvelle instance
concerne exclusivement les sociétés tenues d’avoir un commissaire aux comptes ou dont le
chiffre d’affaires dépasse 25 millions de DH. Autre condition, l’entreprise doit compter pas moins
de 25 salariés durant l’année précédant l’ouverture du redressement judiciaire. L’assemblée des
créanciers peut également être créée sur demande du syndic judiciaire. Dans ce cas là, la décision
du tribunal n’est susceptible d’aucun recours. L’assemblée des créanciers délibère notamment sur
le projet de redressement judiciaire proposé par leur soin. Elle peut aussi «modifier les objectifs
et les moyens» utilisés pour préserver la continuité de l’activité de l’entreprise. Le changement du
syndic judiciaire ou la vente d’un ou plusieurs actifs de l’entreprise en difficulté relèvent aussi de
ses prérogatives. L’assemblée des créanciers compte le syndic comme président, le chef
d’entreprise et les créanciers figurant sur la liste des créances déclarées au syndic judiciaire.

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■ Reconnaissance des procédures transfrontalières
C’est l’une des grandes nouveautés de la réforme. La reconnaissance des procédures
transfrontalières en matière d’entreprises en difficulté vise à «faciliter la coopération entre les
juridictions marocaines et étrangères et le renforcement de la sécurité juridique», selon l’article
768 du Code de commerce. Cette reconnaissance judiciaire est bénéfique aux multinationales et
leur filiale. L’existence d’une procédure unifiée est une assurance supplémentaire pour les
investisseurs étrangers», commente le rapporteur de la loi, Mohammed El Harti. Il s’agit de toutes
procédures judiciaire ou administrative initiées à l’étranger, y compris celles qui sont
temporaires. Ces dispositions sont appliquées en tenant compte des traités et conventions
internationaux «approuvés par le Royaume du Maroc et publiés au Bulletin officiel».
Cautions suspendues et banquiers en rage
L’introduction du plan de sauvegarde dans le Code de Commerce est relativement mal perçue par
certains avocats d’affaires. «Anticiper sur le recours à un redressement judiciaire d’une société
est louable. Mais étendre le plan de sauvegarde sur 5 ans est une aberration. Il fallait le limiter
entre un et deux ans au maximum», estime Me Kamal Habachi. Et au cas où le plan de
sauvegarde n’est pas concluant, le tribunal devrait «switcher vers le redressement judiciaire ou la
liquidation».
Un autre point soulève les réserves: les cautions personnelles des dirigeants sont suspendues
lorsque le plan de sauvegarde est mis en œuvre par le tribunal. «Les prêteurs, généralement des
banques, restent à découvert. Ils ne pourront plus mettre en jeu la caution donnée par
l’emprunteur. Ce qui risque d’encourager les commerçants de mauvaise foi», relève le cabinet
d’affaires Bakouchi & Habachi. Cette disposition a rendu les établissements financiers «fous de
rage», selon les échos du marché.

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Entreprises en difficulté
La réforme du livre V du Code de commerce entérinée
Abdelhafid Marzak, 10 avril 2018 à 18:32

Le projet de loi 73-17 a été voté, lundi, à l’unanimité en deuxième lecture à la Chambre des représentants. Ph. MAP

Le projet de loi 73-17 relatif aux difficultés de l'entreprise quitte l'hémicycle après son adoption à
l'unanimité par les députés, lundi. Ce texte, qui a été vivement critiqué par des juristes et autres
acteurs du monde des affaires, n'attend donc plus que sa publication au BO. Selon le
législateur, cette réforme est censée améliorer le climat des affaires et in fine le classement
Doing Business du Royaume.

La réforme du livre V du Code de commerce sort du Parlement. Le projet de loi 73-17 modifiant
et complétant les dispositions régissant les difficultés de l'entreprise contenues dans la loi n°
15-95 formant Code de commerce a ainsi été voté, lundi, à l’unanimité en 2e lecture à la
Chambre des représentants. Le texte n'attend donc plus que sa publication au Bulletin officiel.
Lors de son examen par la Chambre des conseillers et la commission des secteurs productifs à
la Chambre des représentants, des amendements ont été apportés à ce projet, relatifs
notamment aux articles 545, 600 et 678. La deuxième Chambre avait adopté, le 5 avril dernier,
ce projet de loi modifiant le livre V du Code de commerce, tout en lui apportant d’autres
amendements. Ces derniers ont ainsi associé les salariés aux procédures relatives aux
difficultés de l'entreprise, à travers les articles 547, 548 et 582.
Une fois effective, cette loi «dotera les entreprises en difficultés financières, économiques et
sociales d’outil pour y faire face et s’intégrer de nouveau dans leur milieu économique», a
rappelé Mohamed Aujjar, ministre de la Justice lors de la présentation de ce projet de loi, lors
de la session plénière de lundi.
Parmi les nouveautés apportées par ce projet de loi, la procédure de «sauvetage». Il s’agit d’un
dispositif légal pouvant être activé sans que l’entreprise soit en état de cessation de paiement.
Seule condition pour déclencher cette mesure : le chef d’entreprise doit prendre lui-même cette
initiative, en présentant un plan complet de sauvetage. De plus, une fois cette procédure en
route, le chef de l’entreprise est habilité à prendre les décisions adéquates d’une manière
volontaire sans avoir recours au syndic.

Autre nouveauté, la mise en place de nouveaux mécanismes pour encourager l’entreprise et les
créanciers à s’engager de manière effective dans la procédure de règlement amiable et à
faciliter le financement de cette procédure. Pour cela, le projet de loi accorde le droit aux
actionnaires, qui financent l’entreprise lors du règlement amiable, de recouvrer leurs créances
avant les autres créanciers. Les créanciers non couverts par l’accord eux doivent être informés
des nouveaux délais accordés par le président du tribunal conformément à la loi. Par ailleurs, le
projet de loi renforce la procédure de redressement à travers le rééquilibrage des pouvoirs entre
le gérant de l’entreprise et les créanciers et augmente l’efficacité de la procédure de la
liquidation judiciaire via l’amélioration des performances des intervenants de la procédure. Ce
projet de loi vise à offrir un environnement juridique sain et propice aux investisseurs et à
drainer davantage d'investissements. Il s’inscrit dans la stratégie adoptée par le Royaume pour
atteindre son objectif de figurer dans le top 50 du classement Doing Business.

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