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Nos remerciements aussi à tous ceux qui ont collaboré avec nous de
prés ou de loin afin de réaliser ce travail.
Introduction
Les Sociétés Anonyme sont des sociétés de capitaux de grandes
formes, sont des sociétés dans lesquelles des fonds énormes sont
réunis par plusieurs personne ;actionnaires en vue de réalisé une
activité lucrative et où l'administration est confiée à des personnes
qualifiées qu'on dénomme les dirigeants sociaux Ces personnes
doivent veiller autant que possible à la bonne gestion des fonds
apports, à leurs conservation et développement en vue de garantir la
continuité de l'exploitation.
En effet, cette notion employée par l'article 374 sur la S.A désigne
l'ensemble des personnes tant physiques que morales qui,
dépourvues de mandat social se sont «<immiscées dans la gestion,
l'administration ou la direction d'une société anonyme. Ces
personnes qui, en toute souveraineté et indépendance, ont exercé
une activité positive de gestion et de direction »
2
-Sociétés commerciales: société anonyme »,T2 par HEMARD J.ed Dailor, 1974 paris (2)- voir sur le dirigeant de
fait: Lamy sociétés commerciales, 1997, n°580. Lamy droit commercial "3451 c N.DEDESSUS-LE-MOUSTIER: La
responsabilité du dirigeant de fait rev, soci(3) Juill-Sept 1997, DOMINIQUE Shimidt "sociétés anonymes,
sociétés à responsabilité limitée p:245 n°601:
M.COZIAN/A. VIANDER "droit des sociétés ééme edition, N 371, p: 135 Nathalie DEDESSUS-LE-
MOUSTIER, op. cit. n°8.
Un pouvoir de décision qui doit être exercé en toute indépendance et
non pas en exécutant des ordres reçus d'une autre personne.
-La direction de fait est une circonstance de fait; par conséquent elle
est soumise à l'appréciation souveraine des juges du fond. Pour
l'établir ceux-ci doivent montrer comment la personne poursuivie a
exercé une activité positive de direction, et si elle s'est inmiscée dans
des fonctions déterminantes pour la
Les juges de fond ont constaté que la société Accor « s'était réservée
le domaine de l'embauche et des licenciements, la mise en place de
l'organisation administrative et financière de l'hôtel, la définition de
la politique des prix, la négociation des contrats et la politique
commerciale ». Ils en ont déduit « qu'en fait la direction de l'hôtel
avait été assuré sans partage par la société Accor » .qui n'a pas pris «
les mesures qui s'imposaient pour tenter de redresser la situation,
pour réduire les déficits et pour alerter les dirigeants sociaux des
risques encourus par la poursuite d'une activité déficitaire ». La
chambre commerciale en rejetant les moyens du pourvoi a contrôlé
que leurs motifs étaient pertinents. au motif que la société Accor a <<
exercé une activité de direction et de gestion en toute liberté et
indépendance »>(cass. com. 19 déc.1995)
4
RTD com.juil-sept .1996.p :538
RTD com .janv-mars2001.p :242
RTD com .janv-mars 2001.p241
Pour mieux cerner la certitude de ce sujet, nous avons juge
préférable de respecter le plan suivant :
5
Rodin David, « Éthique des affaires : théories et réalité », Revue internationale des sciences sociales, 3/2005
(n° 185), p. 609-620
Les sciences sociales et plus précisément la philosophes et les
sociologues nous ont appris, depuis des décennies déjà, que les
notions de bien et de mal sont socialement et historiquement
construites. Nietzsche et Heidegger déjà avaient des difficultés avec
l’idée d’un bien ou d’une justice qui transcenderaient leurs contextes
d’émergence et d’application. La science elle-même est souvent
rappelée à l’ordre dans sa volonté d’établir des vérités générales et
objectives.
6
Ivan TCHOTOURIAN : La morale en droit des affaires : La pratique et la technique doivent plier plutôt que
sacrifier l'éthique, Université Nancy 2, Faculté de droit, sciences économiques et gestion
7
ABOUNASSIR Youssef,La responsabilité pénale des dirigeants sociaux, Mémoire de fin de stage (41ème
promotion) à l’institut supérieur de magistrature, 2015-2017 page 9.
Là où la morale dit le bien et le mal, l’éthique les interroge. Elle
se demande comment sont construites les problématiques, les
positions et les solutions. Elle cherche à questionner les fondements
des valeurs, l’histoire des normes, des règles et des lois. C’est
justement parce que le monde est plus complexe qu’une opposition
dichotomique entre le bien et le mal que l’éthique est nécessaire. La
complexité des situations et de leur contingence génère des zones
d’incertitude morale, elle les grise et demande une analyse plus fine,
plus locale.8
L'éthique des affaires fonde donc les principes qui président aux
relations de nature commerciales et tracent la frontière entre ce qui
entre dans le champ des saines relations d'affaires et ce qui relèvent
des pratiques d'affaires malsaines. Il y a donc « une interaction entre
l'éthique des affaires et le droit des affaires dans la mesure où « Il
existe non seulement des règles dont le contenu est inspiré par
l'éthique, mais encore la mise en œuvre de certaines règles juridiques
9
Ivan TCHOTOURIAN : La morale en droit des affaires : La pratique et la technique doivent plier plutôt que
sacrifier l'éthique, op.cit.
10
Saint-Alary-Houin C., Morale et faillite, La morale et le droit des affaires, Montchrestien,1996, n°6, p.161
11
HALOUIAhmed, LA RESPONSABILITE PENALE DES DIRIGEANTS DE L'ENTREPRISE,Thèse
Professionnelle pour l'obtention du Diplôme de Mastère en droit de l'Entreprise à Institut Supérieur de
Commerce et d'Administration des Entreprises Université de Toulouse 1, Année universitaire 2006-2007, page 6.
Section2 :La notion de la responsabilité au sens juridique et la
spécificité de la responsabilité pénale.
13
François Terré, Philippe Simler et Yves Lequette : Droit Civil- Les obligations- 8ème édition p.656
- dans la responsabilité pénale, la sanction est proportionnée à la
faute. En matière de responsabilité civile, « la sanction-réparation »
peut être déconnectée de la gravité de la faute car elle vise la
réparation intégrale du préjudice subi.14
15DAHIR portant loi n° 1-93-212 du 4 rebii II 1414 (21 septembre 1993) relatif au conseil déontologique des valeurs mobilières et aux informations exigées des personnes morales faisant appel
public à l'épargne tel qu’il a été complété et modifié par le Dahir n° 01-07-09 du 17 avril 2007 BO n° 5522 .
Il convient de signaler que la généralité des termes de cet article,
laisse entendre qu’il vise tant les dirigeants de droit que les dirigeants
de fait, surtout qu’il a assimilé aux dirigeants statutaires toute
personne exerçant à titre permanent, des fonctions similaires à celles
exercées par ceux-ci.
La généralité de ces termes laisse la porte ouverte à la doctrine et à
la jurisprudence pour tenter de définir, chacune dans son champ
d’intervention, la notion de « dirigeant de droit ».
A côté de cette approche purement légale de la notion de dirigeant
de droit, une approche jurisprudentielle s’impose pour combler les
insuffisances dont souffre la définition légale.
2- L’appréciation jurisprudentielle de la notion de dirigeant
de droit
La jurisprudence Marocaine a essayé d’apporter quelques
éclaircissements sur la notion de dirigeant de droit, en imbriquant les
insuffisances dont souffrent les textes. Ainsi, le juge marocain, après
examen d’un ensemble de décisions de justice, a retenu un certain
nombre de critères pour mieux appréhender cette notion. En effet, le
juge se base sur le critère fonctionnel pour identifier le dirigeant de
droit. Ainsi, dans un jugement émanant du tribunal de commerce de
Casablanca, la qualité de dirigeant de droit s’acquiert une fois que
celui-ci est désigné par la loi ou par les statuts. Cette qualité lui
impose l’obligation d’exercer toutes les missions et les fonctions qui
découlent de la gestion de l’entreprise16.
16
Jugement 32/2009 du 16/02/2009 dossier n° 80/25/2008, inédit. Voir dans le même sens les jugements
émanant de Trib. com de Casablanca :
En conséquence, il est responsable de tout manquement ou
négligence et il ne peut s’exonérer de sa responsabilité en évoquant
l’existence d’un dirigeant de fait. L’exemple qui illustre parfaitement
cette situation est celui de la décision prise par le tribunal de
commerce de Marrakech à l’occasion de l’ouverture de procédure de
liquidation judiciaire de la société de menuiserie XXX, dans laquelle
le juge a étendu la procédure de liquidation au dirigeant de droit en
dépit de l’existence d’un dirigeant de fait17.
17
Trib. com de Marrakech, jugement n° 9/2006 du 08/02/2006 dossier n° 12/15/2002, inédit.
18
Trib. com de Casablanca, jugement n° 107/2009 du 18/05/2009 dossier n° 203/25/2008, inédit.
1- Le dirigeant de droit en fonction :
Les dirigeants en fonction sont ceux qui exercent leurs fonctions,
soit par mandat social, soit par un contrat de travail, dont le mandat ou
le contrat est en cours. Le fondement de leur responsabilité découle de
la nature même de leurs fonctions. En effet, il est mis à leur charge
une obligation de moyen par laquelle ils doivent réaliser l'objet social
en y apportant toute leur diligence. Dès lors, la responsabilité de ces
derniers pourra être engagée, si on constate une insuffisance d'actif
pouvant leur être imputable.
2- Le cas de l’ancien dirigeant :
Le dirigeant de droit peut voir sa responsabilité engagée, même s’il
a cessé ses fonctions soit par démission ou par révocation, avant que la
personne morale qu’il dirige soit déclarée en état de cessation de
paiement.
L’objectif de cette mise en rétroactivité de la responsabilité du
dirigeant est de ne pas prendre la révocation ou la démission comme
prétexte pour le soustraire à la responsabilité de ses agissements
fautifs.
La question qui mérite d’être posée, est celle de savoir s’il faut
retenir comme date efficace, la date de la démission, la révocation ou
l’expiration normale du mandat social, ou au contraire, celle de
l’accomplissement des formalités de publicité. La jurisprudence n’a
pas toujours apporté, la même solution. Mais finalement la cour de
cassation s’est arrêtée, après plusieurs décisions, aux formalités
publicitaires.
Section2 : Le dirigeant de fait :
A l’inverse du dirigeant de droit, le dirigeant de fait est celui qui
dirige une entreprise sans n’être nommé ni par la loi ni par les statuts.
En principe, une entreprise doit être dirigée par les organes
prévus par la loi, les statuts et désignés par une décision sociale.
Néanmoins une personne peut parfaitement gérer une entreprise sous
le couvert et au lieu et place du dirigeant de droit appelée dirigeant de
fait. Or, ce dernier peut conduire l’entreprise par une gestion
désastreuse à sa défaillance. Dès lors se pose la question de sa
responsabilité et la preuve de cette situation de fait ?
En droit marocain, le dirigeant de fait est "désigné" par l’art 374
de la loi 17-95 relative aux SA comme étant : « …toute personne qui,
directement ou par personne interposée aura, en fait, exercé la
direction, l’administration ou la gestion de la société anonyme19 … ».
Au niveau de la responsabilité, l’art 702 du C.com le rend responsable
au même pied d’égalité que le dirigeant de droit.
19
Pour les autres formes de sociétés voir l’art 100 de la loi 5-96.
(A), et qui vont servir comme base permettant d’assimiler le dirigeant
de fait à celui de droit (B).
A : Les critères de qualification du dirigeant de fait :
1- Les critères doctrinaux :
La notion de direction de fait a reçu une multitude de définitions
doctrinales, ce qui a permis de constituer un référentiel pour
déterminer, au moins en partie, les critères de détermination de la
direction de fait.
Pour M. JEANTIN, le dirigeant de fait est celui qui : « sous le
couvert des représentants légaux de la personne morale exerce en fait,
la réalité du pouvoir de direction ou de gestion, d’une manière
positive, traduisant l’ingérence effective dans le fonctionnement du
groupement20 ». La définition de Mr M. Rives-Lange, mérite plus
d’intention puisqu’elle est claire et précise et englobe l’ensemble des
critères, dont s’inspire la jurisprudence. Pour lui : « est dirigeant de
fait, celui qui, en toute souveraineté et indépendance, exerce une
activité positive de gestion et de direction21 ».
La lecture de la définition du professeur Rives-lange, comme
d’ailleurs les définitions voisines, fait ressortir trois critères de
distinction de dirigeant de fait : une activité positive de gestion ou de
direction exercée en toute indépendance et souveraineté.
22
Voir, op.cité, P 1598
L’exercice des activités de direction et de gestion est un critère de
qualification déterminant, puisque le dirigeant est celui qui conduit
l’affaire comme un maître.
Les actes accomplis doivent révéler que leurs auteurs sont en
mesure de décider du sort de l’entreprise, et les activités effectuées
doivent émaner de l’administration et de la direction générale de la
société.
Souverain et libre dans les activités de gestion et de direction, le
dirigeant de fait doit assumer la responsabilité qui en découle, et par
voie de conséquence, il pourra être recherché en comblement de
passif, ou appelé en vue de l’ouverture d’une procédure de
redressement judiciaire à son égard.
2- Les applications jurisprudentielles de la théorie de
direction de fait :
L’application de la notion de la direction de fait, dans la pratique,
est très compliquée parce que la tranche des personnes qui peuvent
avoir cette qualité est très vaste. Elle peut englober toute personne qui
a un lien avec la société, soit un lien direct (associé, contrat de travail
…) soit un lien indirect (fournisseur, client …). Dans tous les cas de
figure, la personne outrepasse les fonctions et les attributions qui lui
sont assignées, pour diriger en fait, la personne morale.
La première catégorie concerne les associés majoritaires, dont la
qualification varie en fonction de la branche de droit. En droit des
sociétés, la cour de cassation a retenu la direction de fait lorsque
l’associé participe activement à la gestion de la société. En droit
social, la qualification de dirigeant de fait est retenue en cas d’absence
de toute relation de subordination. La jurisprudence en matière fiscale
est beaucoup plus restreinte, puisqu’elle s’attache à rechercher si
l’intéresser exerce des fonctions similaires à celle d’un dirigeant de
droit, et surtout s’il exerce un contrôle effectif et constant sur la
société.
En outre, le salarié n’est pas à l’abri de cette qualification, s’il
exerce une fonction de direction, technique, commerciale ou
financière, et perçoit une rémunération supérieure à celle de dirigeant
de droit.
Dans le même ordre d’idée le conjoint d’un dirigeant décédé, peut
avoir la qualité de dirigeant de fait s’il s’immisce dans la gestion de
l’entreprise, en l’espèce le tribunal de commerce de Marrakech a
reconnu la qualité de dirigeant de fait au conjoint d’un dirigeant
décédé, puisqu’elle (sa femme) a pris le relais de la direction de
l’entreprise sans être légalement désignée23.
B : L’interaction entre l’intérêt social et la direction de fait :
La logique juridique suppose qu’on assimile le dirigeant de fait au
dirigeant de droit quant aux responsabilités qui lui incombent.
L’exercice du pouvoir de gestion, a pour finalité la promotion de
l’intérêt social. Ce dernier détermine donc les actes de gestion de fait
(1). L’intérêt social limite aussi le pouvoir du dirigeant de fait (2).
1-La détermination des actes de gestion de fait :
Le dirigeant de fait accomplit des actes qui présentent un lien avec
la finalité du pouvoir de gestion. Ces actes sont appelés actes de
23
Jugement n° 09/2006 du 08/02/2006 dossier n° 12/05/2002, inédit.
gestion de fait. Il convient donc d’examiner leur domaine
d’intervention et leur finalité, afin d’établir l’existence d’un lien entre
leur accomplissement indu et la qualité de dirigeant de fait.
La qualification d’acte de gestion ou de direction est appliquée par
les tribunaux aux actes qui relèvent de la compétence des dirigeants
sociaux et qui sont conformes à l’objet social24. C’est-à-dire, qui ont
été accomplis pour la réalisation de l’activité que les associés ont
assignée à la société.
Ces actes peuvent intervenir dans la gestion interne de la société.
Par exemple, le dirigeant social de fait, prend des actes qui organisent
le déroulement de l’activité sociale, définit le rôle des différents
employés, décide de l’emploi des ressources de la société.
Les actes de gestion de fait sont aussi ceux par lesquels une personne
exerce indûment la gestion externe de la société. Ainsi, la signature de
contrats au nom et pour le compte de la société, la représentation de la
société auprès des tiers, l’établissement des déclarations fiscales de la
société, sont des actes de gestion de fait externes, lorsqu’ils ont été
accomplis par une personne, alors qu’un tel pouvoir n’a pas été
régulièrement attribué à celle-ci.
2 - La limitation du pouvoir du dirigeant de fait par l’intérêt
social :
La direction est un pouvoir décisionnel ayant pour finalité la
satisfaction des objectifs sociaux. Il en résulte une limitation du
pouvoir du dirigeant, de droit ou de fait, dont le but est d’assurer la
24
Abdeljalil ELHAMMOUNI, Droit des difficultés de l’entreprise. La prévention des difficultés, le redressement
judiciaire, la liquidation judiciaire. 3ème édition 2008.
protection de la société contre les détournements de ce pouvoir à des
fins personnelles au dirigeant, voire nuisibles à la société.
Dans les sociétés par actions et les sociétés à responsabilité limitée,
le législateur sanctionne l’exercice du pouvoir de gestion qui
outrepasse l’intérêt social25.
Paragraphe II : La faute de gestion :
La faute de gestion peut résulter, non seulement d’une erreur dans la
gestion ou d’une négligence, mais aussi du simple défaut de respect
des dispositions légales et des statuts…comme la continuation abusive
d’une exploitation déficitaire.La définition de la notion de faute de
gestion sera étudiée en (A), avant de se pencher sur l’interprétation
que lui donne la jurisprudence (B).
A : La caractérisation de la faute de gestion :
Le plus souvent, la faute du dirigeant est considérée comme celle de
la personne morale, si bien que la jurisprudence considère que la
responsabilité personnelle à l’égard des tiers n’est pas engagée, car
non séparable des fonctions de dirigeant. Il est donc essentiel de
distinguer les pouvoirs des dirigeants dans leurs rapports internes
(avec les associés) de leurs pouvoirs dans leurs rapports externes (avec
les tiers).
A l’égard de la société, la responsabilité du dirigeant se trouve
engagée par toute faute de gestion, allant de la fraude caractérisée à la
simple négligence fautive. L'action en responsabilité peut émaner de la
société elle-même ou en cas d'inaction de celle-ci, d’un ou plusieurs
associés, au nom de la société. A l’égard des associés,
25
Articles 706 et suiv. C.com.
personnellement, la responsabilité du dirigeant ne peut être
recherchée, que si sa faute a causé un préjudice personnel, distinct du
préjudice subi par la société, hypothèse plutôt rare, s'agissant d'un
préjudice résultant d'une faute de gestion.
En droit Marocain, le dirigeant est tenu de montrer une attention
particulière, celle d’un « bon professionnel »26, et ce, en apportant
toute la vigilance nécessaire dans l’exercice de ses fonctions.
B : L’appréciation jurisprudentielle de la faute de gestion :
La faute de gestion peut être appréciée d’une manière
jurisprudentielle sous deux angles, d’une part une appréciation dans le
temps (1), et d’autre part, une appréciation selon la compétence du
dirigeant (2).
1- Appréciation de la faute de gestion dans le temps :
La faute de gestion va être fondée sur des critères économiques,
ainsi que sur des critères juridiques.
Elle se fonde sur des critères juridiques lorsque le dirigeant ne gère
pas la société dans l’intérêt social, mais dans son intérêt personnel.
La faute de gestion peut être caractérisée à toutes les phases de la
vie de l’entreprise. Cette faute peut trouver sa source durant la gestion
commerciale et financière de l’entreprise. Par exemple, le désintérêt
d’un dirigeant social pour son entreprise traduit par sa présence
intermittente est une faute de gestion.
2- Faute de gestion et incompétence du dirigeant :
La qualification de faute de gestion peut avoir des formes variées. Il
en est ainsi des enfreintes aux règles comptables dans tous ses cas de
26
Saad MOUMMI, droit des obligations et contrats, édition BADII, 2000, p 341
figure, telles que les irrégularités graves et répétées dans la tenue de la
comptabilité.
La faute de gestion constitue donc une violation caractérisée des
règles relatives à la gestion des sociétés, par exemple le défaut de
désignation d’un commissaire aux comptes pour les sociétés dont la
désignation est obligatoire, l’usage excessif des crédits et l’ignorance
des conseils du commissaire aux comptes, la négligence dans la
supervision du recouvrement d’une créance, les retards dans la
présentation des comptes annuels, les informations trompeuses lors
d’une transaction, et le licenciement d’un commercial entraînant une
baisse du chiffre d’affaires.
Partie 2 : la responsabilité pénale des dirigeants dans
la société anonymes dans le cadre de leurs fonctions
La responsabilité pénale consiste en l'obligation de répondre de ses
actes délictueux par la personne qui comme ces délits en subissant
une sanction pénale dans les conditions et selon les formes prescrites
par la loi pénale.
Les délits énumérés par l'article 384 sont les délits les plus importants
et pour lesquels nous consacrerons notre étude. Ils ont des
caractéristiques communes: D'abord les quatre sont punis de la
même peine <<< un emprisonnement de un à six mois et une
amende de 100.000 à 1.000.000 de dirhams »(art 384). Ensuite la
tentative de ces délits n'est pas punissable parce que le texte ne
l'incrimine pas, alors que l'art 155 du code pénal dispose que << La
tentative du délit n'est punissable qu'en vertu d'une disposition
spéciale de loi». Enfin, le délai de prescription commence à courir à
partir du jour où le délit est consommé, délai n'étant pas déterminé
par la loi sur la S.A, on se référera alors au délai de droit commun qui
est celui de cinq ans pour les délits.
27
-D'autre part des délits relatifs à l'usage abusif des biens de la société
et des pouvoirs. Ces délits sont prévus par l'article 384 alinéa 3et4:
D'abord le délit d'abus des biens et du crédit de la société, puis de
celui d'abus de pouvoirs ou des voix (chapitre II).
28
DOMINIQUE. S. op. cit.p: 250 cité dans: Jel des sociétés, fasc. 148-1 "même référence n°16.
C/ La fictivité des dividendes
En effet, pour que le délit soit constitué il faut que les dividendes
repartis soient fictifs. La notion de dividende fictif est prévue par l'art
331 al 1 de la loi sur les S.A.qui dispose que: «Tout dividende
distribué en violation des dispositions de l'article 330 précédent est
un dividende fictifs. Or, l'art 330 dispose que: «Le bénéfice
distribuable est constitué du bénéfice net de l'exercice, diminué des
pertes antérieures ainsi que des sommes à porter en réserve... et
augmenté du report- bénéficiaires des exercices précédents. Hors le
cas de réduction du capital, aucune distribution ne peut être faite aux
actionnaires lorsque la situation nette est, ou deviendrait, à la suite
de celle-ci, inférieure au montant du capital augmenté des réserves
que la loi ou les statuts ne permettent pas de distribuer ».
Ces dispositions ont été édictées pour être respectées. De leur part,
le dirigeants sociaux d'une société anonyme doivent veiller à les
respecter. La contravention à ces dispositions expose les dirigeants
sociaux responsables à la sanction prévue par l'alinéa 2 de l'article
384 de la loi sur les sociétés anonymes qui disposent : « seront punis
d'un emprisonnement de un à six mois et d'une amande de 100.000 à
1.000.000 de dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement les
membres des organes d'administration de direction ou de gestion
d'une société anonyme :
Le délit est consommé dès que les états de synthèse sont mis à la
disposition des actionnaires quel que soit le mode de
communication. Il n'y a pas lieu de se demander s'il est nécessaire
que les actionnaires en aient pris connaissance parce que le texte use
du verbe << présenter ». La présentation a lieu du moment où les
dirigeants se dessaisissent de ces documents comptables au profit
des actionnaires de quelque manière que ce soit, sans que ce là exige
pour la commission du délit une participation quelconque des
actionnaires.
29
Seul deux elements sont les plus important et qui caractérisent le défit. Le ler est la lésion de l'intérêt social
alors que le second est la recherche par le prévenu (le dirigeant social) d'un intérêt personnel << voir
l'intervention de JY. LEMAZOU et C. LE GUNEHEC à l'occasion du colloque animé par l'ordre des avocats de la
cour de paris à propos de « L'ABUS DE BIENS SOCIAUX, GAZ.Pal, 13 Août 1996, p: 932. HEMARD J: Sociétés
commerciales 12, p: 1005, n": 1268. CONSTANTIN. L.: Droit pénal des sociétés par actions» p: 647.
30
HEMARD. J-op.cit, n° : 1268, p : 1005. CONSTANTIN. L-op. cit., p : 646.
Cité dans: CONSTANTIN- op.cit, p: 647 exemples cités par Le juge d'instruction J. P. ZANOTO. Gaz. Pal 13 Août
1996 p:915
Ainsi, comme le délit d'abus des biens sociaux, le dirigeant qui
emploie fictivement sa femme ou ses enfants pour une durée de six
mois suivi d'un licenciement pour cause économique et ceci pour
qu'il ait droit aux allocations de chômage; le dirigeant qui voyage à
travers le monde avec sa femme ou qui met à la disposition de son
épouse une auto ou qui fait supporter par la société le coût des
travaux accomplis dans sa maison").
32
"DOMINIQUE 3, op.cit, n° : 652, p:261.
Y.J. LEMAZOU: Gaz. Pal, op.cit, p: 932. DUPONT-DELESTRAINT: Droit pénal des affaires et des sociétés
commerciales » p: 265 **Cite dans : J. P. BERDAH: « Fonctions et responsabilité des dirigeants de sociétés par
actions - p:238.
versement d'une somme d'argent était contraire à l'intérêt social
parce que l'acte était illicite. La haute juridiction relève que l'acte en
cause avait pu avoir pour résultat, en échange d'uns somme de
760.000F, de minorer la dette sociale envers le trésor public",
morale dans laquelle ils possèdent des intérêts, soit que cette
dernière n'ait aucun lien économique avec celle qui est sacrifiée ou
qu'elle fasse partie d'un même groupe Aussi, l'intérêt personnel peut
être moral, c'est l'exemple du dirigeant qui abuse des biens de la
société pour sauver sa réputation familiale ou pour préparer sa
compagne électoral, ou s'assurer la reconnaissance de personnes
auxquelles des libéralités sont faites aux frais de la société. Quoi qu'il
en soit, les cas dans lesquels l'intérêt personnel est de nature
pécuniaire sont les plus nombreux , en particulier ceux où les
dirigeants s'approprient des sommes devant revenir à la société.
C'est une sorte de pillage de fonds de la société. 2- favoriser une
autre société ou entreprise dans laquelle ils étaient intéressés
directement ou indirectement:
même référence.
de la simple connaissance par l'administrateur poursuivi du caractère
abusif de l'acte qui lui est reproché. Dans cette optique, il n'est pas
nécessaire de rechercher si l'auteur de l'acte incriminé a eu
l'intention de nuire, il suffit qu'il ait sciemment, poursuivi un
avantage personnel ou préjudice de la société. Ainsi, dans l'affaire de
la société des grands hôtels de vichy le tribunal correctionnel de la
seine a-t-il déclaré que : << Attendu que la convention invoquée ne
fait pas davantage disparaître l'élément de mauvaise foi constitutif
du délit d'abus des biens, celle-ci (la mauvaise foi) se caractérisant
par le fait que l'agent a accompli en pleine connaissance de cause
l'opération critiquée, sachant qu'elle était à la fois avantageuse pour
lui et préjudiciable pour la société 35
-Paris 9 ème chambre 9 Juillet 1992, cité dans: droit des sociétés Par:CoziAN.M
De cet arrêt, on peut tirer trois conditions pour que l'abus des biens
sociaux puisse être justifié: Il faut d'abord l'existence d'une structure
de groupe (A) ensuite l'existence d'une contrepartie suffisante et
absence de rupture d'équilibre (B). Enfin il faut que le sacrifice ne
dépasse pas les possibilités financières de la société (C).
Le délit d'abus des pouvoirs et des voix ne différé du délit d'abus des
biens et du crédit de la société que par son objet. L'abus ici n'est pas
des biens ou du crédit de la sociétés mais des pouvoirs possédés ou
des voix disposées. La mauvaise foi, l'intérêt personnel ou l'acte
contraire à l'intérêt social peuvent avoir une ressemblance dans les
deux délits. Sont visés ici-les actes des dirigeants qui entrent dans
leurs attributions, mais qui, sans l'apparence de la régularité, se
révèlent en fait contraires aux intérêts de la société (). Le délit
38
Il faut, en effet, que le dirigeant poursuivi ait fait, par son usage,
courir à la société un risque anormal pour être sanctionnable.
40
Lamy societe commerciales 1996 n° 682
dès lors qu'il avait un intérêt indirect à l'opération en raison de sa
parenté avec le dirigeant de la société emprunteur
Les dirigeants sociaux doivent avoir agi, soit dans un but personnel
soit pour favoriser une autre société ou entreprise quelconque dans
laquelle ils étaient intéressés directement ou indirectement. En plus
des cas cités ci-dessus pour l'abus des pouvoirs, on peut également
évoquer le cas de l'administrateur de la société anonyme qui a mis le
personnel et le matériel de cette société à la disposition d'une S.A.R.L
dans laquelle il avait des intérêts personnels S'agissant de l'abus des
voix, l'usage de celles-ci par le dirigeant dans un intérêt personnel
41
peut être concevable; mais la chose sera difficile s'il s'agit de
41
1) même référence,
Voir. Supra
favoriser une autre société dans laquelle l'administrateur a un
intérêt": l'hypothèse la plus fréquente est celle où l'équipe dirigeante
use des voix dont elle dispose pour rester en fonction même si la
politique poursuivie peut être considérée comme contraire à l'intérêt
de la société.
B/ La mauvaise foi:
cass. Crim 6 mars 1989, Lamy sociétés commerciales, 1996, n 682 CONSTANTIN. L, op. cit, p: 657.
42
même référence.
Conclusion
L’étude sur la responsabilité pénale des dirigeants des sociétés
anonymes s'inscrit dans une logique d'approfondissement et de
résolution d'un certain nombre de questions d'ordre juridique
touchant le droit pénal des affaires. Elle vise à mener une réflexion
approfondie sur les voies et moyens à suivre pour assurer un
fonctionnement normal des sociétés anonymes. Pour ainsi dire, il
sera question ici de faire ressortir les dispositions normatives et
institutionnelles mises en place aussi bien par le droit des sociétés
que par le droit des procédures collectives pour la protection de ces
sociétés. Aussi, devra-t-elle contribuer à trouver des solutions face à
ces multiples problèmes qui minent le droit pénal des affaires. De
prime abord, il est important de souligner que la responsabilité
pénale des dirigeants est régie par le droit des sociétés mais aussi par
celui des procédures collectives. C'est en effet cette organisation
communautaire qui détermine les infractions susceptibles d'engager
la responsabilité au plan pénal tout en laissant la liberté aux états
membres quant à la détermination des peines applicables en cas
d'infraction : c'est la technique du renvoi législatif. Il en est ainsi donc
de l'abus de biens sociaux ou encore du délit de banqueroute dont
les peines applicables sont fonctions de chaque pays membres. cette
responsabilité est régie par le droit des sociétés qui prévoit un certain
nombre de règles dont la mise en œuvre est de nature à assurer la
protection et la bonne marche des sociétés en général et des sociétés
anonymes en particulier.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages: