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Ministère de la justice
Institut supérieur de la magistrature
Rabat
Sujet :
Période de stage :
2015/2017
1
Remerciements :
Not e solide fo atio au sei de l’i stitut sup ieu de la agist atu e
a été marqué par une sérénité et une quiétude absolue, à travers les
effo ts de l’équipe pédagogi ue et su tout la di ectio de l’i stitut ui
nous a accompagné depuis le premier jour. Je les remercie
profondément et j’esp e ue ot e vie p ofessio elle reflètera
l’efficacit u’ils o t voulu voi e ous d s le p e ie jour.
2
Table des matières :
Introduction………………………………………………………………………………5
Paragraphe 1er : Les organes de directions prévus par la loi 05-96 ……………15
3
Paragraphe 1er : Refus de dépôt des pièces ou d’actes au registre de commerce
ou défaut de publicité prévue par la Loi……………….……………………………..37
Section 2 : Les infractions liées aux comptes sociaux et au capital social ………40
CONCLICION ………………………………………………………………………....56
BIBLIGRAPHIE …………………………………………………………….…………57
ANNEXE 1………………………………………………………………………..……..59
4
Introduction
1
Le dirigeant de société, Deen GIBIRILA ,éditions Litec, 1995
6
approche jurisprudentielle des cas les plus importants de cette
responsabilité.
7
Chapitre préliminaire :
De prime à bord, il nous importe de préciser que le droit pénal des affaires comme
toute branche juridique est né suite à une impération sociologique. Ainsi le monde
des affaires nécessite une certaine éthique avec des normes et des valeurs bien
précises que le dirigeant social se doit d’observer rigoureusement.
L’éthique des affaires peut être comprise comme une forme d’extension de la
philosophie née des scandales répétés dans le monde des affaires. La vision des
dirigeants et des entreprises comme n’ayant pour seul objectif que de maximiser
leurs profits n’est plus acceptable aujourd’hui. Le modèle purement financier de
l’entreprise ne tient plus et un a priori négatif teinte désormais le monde des
grandes entreprises, elles sont considérées comme étant moralement douteuses.2
Le principe fondamental d’une démarche éthique est le recul critique. Elle est
une volonté de sortir de son propre point de vue pour prendre de la hauteur, pour
envisager les situations avec une perspective plus vaste. La démarche éthique
repose donc sur le croisement des points de vue, l’identification les positions
d’autrui, même si elles nous sont opposées. L’idée n’est en rien de se plier aux
arguments des autres mais de bien les comprendre pour asseoir son point de vue
sur une analyse large, solide et rigoureuse. S’engager dans une démarche
éthique c’est donc avant tout envisager une variété de positions. Il faut
interroger le sens commun et ne pas s’y plier par réflexe ou par habitude ; plus
2
Rodin David, « Éthique des affaires : théories et réalité », Revue internationale des sciences sociales, 3/2005
(n° 185), p. 609-620
8
encore, il s’agit aussi d’interroger ses propres positions, non pas pour les
abandonner mais pour comprendre leur origine. La question de départ pourrait
donc être : pourquoi est-ce que je pense cela ? et, qu’est-ce qui me fait dire que
cela est « bien » ?
Les philosophes et les sociologues nous ont appris, depuis des décennies déjà,
que les notions de bien et de mal sont socialement et historiquement construites.
Nietzsche et Heidegger déjà avaient des difficultés avec l’idée d’un bien ou
d’une justice qui transcenderaient leurs contextes d’émergence et d’application.
La science elle-même est souvent rappelée à l’ordre dans sa volonté d’établir des
vérités générales et objectives. En matière d’éthique, il s’agirait alors plutôt de
se concentrer sur des problématiques locales pour tenter d’en saisir la
complexité ; de ne pas se limiter à des grands principes vagues et inapplicables
mais plutôt de déconstruire les positions de chacun. Pour l’instant, l’éthique des
affaires a souvent suivi le chemin d’une opposition caricaturale entre le bien et
le mal, entre le juste et l’injuste, conduisant à l’édiction de chartes et de codes de
conduite. Une véritable réflexion éthique cherchera plutôt à interroger le statu
quo, les évidences des situations.3
3
Ivan TCHOTOURIAN : La morale en droit des affaires : La pratique et la technique doivent plier plutôt que
sacrifier l'éthique, Université Nancy 2, Faculté de droit, sciences économiques et gestion
4
Repenser la fo atio des a age s, appo t de l’I stitut de l’e t ep ise, le Ce cle de l’E t ep ise et du
Management et la FNEGE , Juin 2010.
9
Partie 1 : Le délégataire pénalement responsable.
5
Rachid Lazrak, Le nouveau droit pénal des sociétés au Maroc, editions La Porte, 1997
10
Chapitre 1er : L’accès aux fonctions de dirigeant social.
Dans ce sens, le législateur tenant compte des intérêts de toutes les parties
au contrat social a instauré quelques limites quant au choix des dirigeants sociaux.
Il exige pour la validité de la nomination des mandataires sociaux, qu’ils
remplissent un certain nombre de conditions générales et particulières.6
6
TALFI I. Bachir, L’ACCES AUX FONCTIONS DE DIRIGEANT SOCIAL EN DROIT COMMUNAUTAIRE AFRICAIN DES
AFFAIRES, Revue d’étude et de eche che su le d oit et l’ad i ist atio da s les pays d’Af i ue, novembre
2015.
11
Section 1 : Les conditions générales d’accès.
L’accès aux fonctions de dirigeant social est soumis à des règles d’ordre
général émanant du droit commun. Le législateur marocain a élaboré des
procédures spécifiques à chaque forme sociétaire et liées à la nature des relations
existant entre les différents organes sociaux.
Dans les SARL l’investiture des dirigeants est directement effectuée par
l’assemblée générale, dans les sociétés anonymes de formule moderne les
membres du directoire sont élus par les membres du conseil de surveillance qui
sont à leur tour désignés par l’assemblée générale.7 Cependant toute nomination
est soumise à des conditions et règles qui se profilent comme suit :
Cette exigence va dans un double sens. Elle vise premier lieu, à garantir les tiers
contre l’opposition manifestée par une personne juridiquement incapable, à la
prise en charge par la société des engagements souscrits au nom de celui-ci. Elle
7
Paul Decroux , les sociétés en droit marocain, éditions La Porte
12
a également pour objectif de mettre l’intéressé à l’abri des manœuvres dolosives
destinées à engager sa responsabilité personnelle alors qu’il n’est pas apte
juridiquement à le faire.
8
Mohammed Drissi Alami Machichi ,Droit commercial fondamental au Maroc, imprimerie de FEDALA ,2006
13
infractions aux incompatibilités issues des règles déontologiques de certaines
professions ne sont passibles que de sanctions disciplinaires. Elles n’ont pas
d’incidence sur le mandat social et ne sont pas sources d’annulation des actes
passés en contravention à cette réglementation spécifique. Ainsi, ont été déclarés
valables les actes accomplis par un avocat illicitement nommé président d’une
9
société anonyme .Un certain nombre de professions sont exposées à ces
incompatibilités :
• Soit parce qu’il estime que ceux qui occupent certaines fonctions doivent
rester indépendants : c’est-à- dire qu’ils ne doivent pas se compromettre par les
risques du commerce et ne pas se laisser distraire par la recherche du profit ; par
exemple les fonctionnaires (Art. 15 dahir 24/2/1958 portant statut général de la
fonction publique).
Ces personnes ne sont pas incapables ; s’elles font des actes de commerce
malgré leur statut elles pourront être passibles de sanctions disciplinaires ou
pénales, mais leurs actes seront valables.10
9
Cass FR.crim.22 avril 1977.Bull crim p315 ,n.127
10
Paul Decroux , les sociétés en droit marocain, éditions La Porte, 1985,
14
Section 2 : Les conditions particulières d’accès.
11
loi 5-96 du 13 février 1997 qui a promulgué les dispositions réglementaires sur la SARL, la SNC, la SCS, la SCA
et SP. (Loi publiée au BO n° 4478 du 1er mai1997.)
15
A l'inverse de la SARL, la pluralité des gérants est de droit en ce qui
concerne la gérance de la Société en nom collectif (SNC), sauf si les statuts
désignent un ou plusieurs gérants parmi les associés qui doivent tous avoir la
qualité de commerçants. Les associés peuvent nommer un gérant non associé. Le
dirigeant de droit pénalement responsable dans la SNC peut donc être un gérant
associé ou un gérant non associé. Comme pour la SARL, « dans les rapports avec
les tiers, le gérant engage la société par les actes entrant dans l'objet social et « en
cas de pluralité de gérants, ceux-ci détiennent séparément » les pouvoirs de
gestion et de direction (article7 de la loi 05-96).
16
constitution, nécessitent que le ou les premiers gérants au sens de l'article 32
susvisé soient désignés parmi les fondateurs. En effet, a la qualité de fondateur
« la personne qui concourt de manière active à la constitution ou à
l'immatriculation d'une société pour son propre compte », ce qui suppose « un
intérêt personnel et une volonté autonome de participer à la constitution de la
personne morale et à la vie sociale ultérieure ».
12
Code du commerce marocain, publication de la revue Marocaine de Droit des affaires et des Entreprises
2èmeéditions.
18
gestion suffisamment déterminés pour les considérer comme des dirigeants de
droit pénalement responsables.13
13
H. cherkaoui2003, Droit commercial, 2ème éditions.
19
son titre XIV susvisé : ce titre semble en effet viser tous les membres des
organes du conseil d'administration y compris les administrateurs.
Tout d'abord, la loi confère certes aux administrateurs, à travers les pouvoirs du
conseil d'administration, « les pouvoirs les plus étendus pour prendre en toutes
circonstances toutes décisions nécessaires à la réalisation de son objet social, au
nom de la société.. » (article 69), mais elle fait une distinction entre les
« administrateurs dirigeants » et « les administrateurs non dirigeants ». Cette
distinction 'est ce qui découle de l'article 76 qui dispose : « les administrateurs
non dirigeants sont particulièrement chargés, au sein du conseil, du contrôle de
la gestion et du suivi des audits internes et externes. Ils peuvent constituer entre
eux un comité des investissements et un comité des traitements et
rémunérations ». Or, les fonctions de contrôle de la gestion et du suivi des audits
sont justement à l'opposé de la direction et de la gestion et relèvent plutôt des
pratiques du « gouvernement d'entreprise » qui préconisent la séparation des
deux types de fonction avec les conséquences que cela peut signifier pour la
partie susceptibles de se voir engager sa responsabilité pénale.
Cette distinction est admise par la doctrine française. En effet, et bien que les
dispositions du code de commerce français applicables aux la loi française sur
les sociétés commerciales applicables aux sociétés anonymes ne font pas de
distinction entre l'administrateur- dirigeant et l'administrateur non dirigeant,
cette la doctrine française relève les incertitudes entourant la véritable nature de
la fonction d'administrateur. Ainsi le Professeur Paul Le Cannu souligne
l'ambiguïté qui entoure la nature de la fonction d'administrateur (non dirigeant),
dont les tâches ne sont pas comparables à celles de la direction générale et qu'on
ne peut ranger parmi les mandataires sociaux car la réalité des pouvoirs
20
appartient au conseil et non pas aux administrateurs individuellement14. Il
regrette que « les administrateurs doivent encore être considérés comme
dirigeants de droit pour l'application du droit des procédures collectives et pour
de nombreuses dispositions du droit pénal des sociétés » malgré la réforme
introduite par la loi Nouvelle Réglementation Economique et alors même que
« les idées de corporate governance conduisent à faire cohabiter au sein du
même organe des administrateurs « exécutifs » et des administrateurs
« indépendants » qui contrôlent les premiers.
Ainsi, dans ce type de SA, sont incontestablement des dirigeants de droit au sens
de l'article 373 de la loi 17-95 et donc susceptibles d'engager leur responsabilité
pénale :
14
Paul Le Cannu, Droit des sociétés, Montchrestien, 2ème édition, 2003
21
- les membres du directoire, personnes physiques, actionnaires ou non, nommés
par le conseil de surveillance, et peuvent être salariés ou non salariés (article 78
et 79) ;
- le cas échéant, le directeur général unique lorsque une seule personne est
nommée pour exercer les fonctions du directoire.
Toutes ces personnes tiennent leurs pouvoirs de l'article 102 qui dispose que le
directoire est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute
circonstance au nom de la société. L'exercice de ces pouvoirs est et reste, de
droit, de nature collégiale, même s'ils répartissent entre eux les tâches de la
direction. Il en résulte que leur responsabilité pénale peut être engagée
collectivement.
22
conseil de surveillance, la doctrine française estime que « le conseil de
surveillance ne participe pas à la gestion et n'assume aucune fonction de
direction ; donc ses membres ne peuvent se voir appliquer une quelconque
responsabilité en vertu de la loi du 25 janvier 1985. La limite de cette «
« intouchabilité » des membres du conseil de surveillance est leur cantonnement
strict au rôle que leur a attribué la loi du 24 juillet 1966 » . Par exemple « les
membres du conseil de surveillance ne peuvent être condamnés en tant que
dirigeants de droit au comblement du passif et aux autres sanctions frappant ces
dirigeants dans le cadre des procédures collectives », sauf s'ils s'immiscent dans
la gestion, auquel cas ils peuvent être poursuivis et condamnés en tant que
dirigeants de fait15.
15
Jen Paul Antona, Philippe Colin et François Lengarlt : la responsabilité pénale des cadres et des dirigeants
dans le monde des affaires, Dalloz-Delta, 1996
23
conseil d'administration. En l'absence d'une telle volonté de la part du
législateur, et en application du principe de stricte interprétation des dispositions
pénales, peuvent engager leur responsabilité pénale, en application du titre XIV
de la loi 17-95, tous les membres du conseil de surveillance même si leur
fonction est strictement limitée au contrôle de la gestion du directoire.
16
Philippe Merle, Droit commercial : sociétés commerciales ,2017,20e édition Dalloz
24
qu’il a le minimum d’actions fixé par les statuts. Mais le nombre des
administrateurs liés par contrat à la société ne peut dépasser le tiers (1/3) des
membres.
25
1.500.000 DH, le directoire peut être exercée par une seule personne avec le titre
de directeur général unique
- L’AGE : réunion des actionnaires qui prend ses décisions a la majorité des
2/3.IL est seule habilitée à modifier les statuts.
- L’AGO : réunion des actionnaires qui prend ses décisions a la majorité simple
(50%+1). Il prend toutes les autres décisions (Approbation des comptes et
nomination des organes de gestion).
26
Chapitre 2 : Les limites des pouvoirs des dirigeants sociaux.
« Tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser jusqu’à ce qu’il trouve
des limites». Cette citation de Montesquieu (De l’esprit des lois, 1748) exprime
une des préoccupations que peuvent avoir les associés d’une société lorsqu’ils
nomment un dirigeant à la tête de celle-ci.
Et pour cause : les dirigeants qui ont la qualité de représentant légal ont le
pouvoir d’engager la société à l’égard des tiers. Par conséquent, en dehors du cas
particulier de l’associé unique, qui se trouve être par ailleurs seul dirigeant de sa
société, il est essentiel pour les associés de s’assurer que le(s) dirigeant(s) qu’ils
nomment géreront la société conformément aux objectifs qu’ils poursuivaient
lorsqu’ils ont pris la décision de la constituer ou d’investir dans celle-ci.
Dans ce contexte, il n’est pas rare de voir figurer dans les statuts ou dans
des pactes extra-statutaires les limitations de pouvoirs que les associés entendent
imposer aux dirigeants, en exigeant d’eux par exemple qu’ils soumettent les
décisions présentant un enjeu financier ou stratégique important à l’accord
préalable de la collectivité des associés.
17
MEDEF, « la délégation de pouvoirs », GPA « droit de l'entreprise », Décembre 2004
27
Section 1: Les limites légales.
Paragraphe 1er : L’objet social
A l’égard des tiers, les dirigeants ont en principe les pouvoirs les plus étendus
pour agir au nom de la société qu’ils représentent, dans la limite de l’objet social
et sous réserve des pouvoirs que la loi attribue expressément aux associés ou à un
autre organe social.
Pour apprécier les conséquences d’un éventuel dépassement de l’objet social, une
distinction s’impose entre les SARL et les sociétés par actions, d’une part, et les
sociétés de personnes, d’autre part. Pour les premières, le principe est que la
société est valablement engagée même par des actes ne relevant pas de l’objet
social, sauf si elle prouve que le tiers savait que l’acte dépassait cet objet ou qu’il
ne pouvait l’ignorer compte tenu des circonstances, étant précisé que la seule
publication des statuts ne suffit pas à constituer cette preuve. Pour pouvoir
remettre en cause un acte excédant son objet social, la SARL ou la société par
actions doit donc apporter la preuve de la mauvaise foi du tiers, en démontrant
que celui-ci connaissait l’objet social et qu’il était en mesure d’apprécier son
dépassement par l’acte du dirigeant. Dans les sociétés de personnes, en revanche,
le gérant ne peut engager la société que par des actes qui entrent dans l’objet
social. Dans ces sociétés, la connaissance par le tiers des contours de l’objet social
est indifférente ; la société est recevable à demander la nullité des actes n’entrant
28
pas dans son objet social, sans avoir à démontrer la mauvaise foi ou la négligence
du tiers contractant.
18
D. Schmidt, De l'intérêt social, JCP E 1995
19
Cozian, Viandier, Droit des Sociétés, 6ème édition
29
d’une société doivent en toutes circonstances s’abstenir d’exercer leurs
prérogatives à des fins personnelles ».20
20
C.A. Paris, 14ème Chambre, Atticus /Groupe André, 15 mars 2.000
21
Cass.fr. com. 7 octobre 1997, Bull. Joly, Dec. 1997, p. 1074
30
Section 2 : Les limites statutaires.
A l’inverse, il a été jugé que les tiers pouvaient invoquer une clause limitant les
pouvoirs du représentant légal d’une société anonyme pour justifier du défaut de
pouvoir de celui-ci d’exercer une action en justice au nom de la société .
Les statuts peuvent cependant corriger cet écueil en interdisant expressément aux
tiers de se prévaloir des limitations de pouvoirs qu’ils prévoient. Les sociétés
auront donc tout intérêt à préciser dans leurs statuts que les limitations de pouvoirs
du dirigeant sont prévues seulement à titre de règlement intérieur et que, par
conséquent, elles ne peuvent être ni opposées aux tiers ni invoquées par eux.
31
Paragraphe 2nd : Les pactes extra statutaires
De la même manière que lorsqu’elles sont insérées dans les statuts, les limitations
de pouvoirs prévues dans un pacte extra-statutaire ne peuvent pas être opposées
aux tiers, en ce compris la société elle-même, si elle n’est pas partie au pacte. Ce
principe découle de l’effet relatif des contrats prévu dans le dahir des obligations
et des contrats.
Un associé signataire d’un pacte ne peut donc pas obtenir la remise en cause d’un
contrat conclu par la société en violation des limitations de pouvoirs que ce pacte
prévoit, ni même engager la responsabilité de la société si elle n’est pas partie au
pacte. 22
-23 Pouvoi s des di igea ts : l’effet des statuts et des pactes extra-statutaires vis-à-vis des tiers – Article paru
22
32
que le licenciement de certains salariés doit être autorisé par le conseil de
surveillance rend le licenciement desdits salariés sans cause réelle et sérieuse.
33
Partie 2 : L’infraction sociétale
Le droit pénal des affaires est l'ensemble des infractions qui peuvent se
commettre dans la vie des affaires. Le droit pénal des affaires est la branche du
droit pénal qui sanctionne les atteintes à l’ordre financier, économique et social et
à la qualité de la vie, mais aussi les atteintes à la propriété, la foi publique,
l’intégrité physique lorsque l’auteur a agi dans le cadre de l’entreprise ou pour le
compte de celle-ci. 24 Le droit pénal des affaires est, donc, du droit pénal,
s’appliquant au monde des affaires. Il emprunte ainsi aux grandes branches du
droit pénal.
24
Corinne Mascala,, « la recherche de l'efficacité du droit pénal des affaires », collection colloques et débats,
LITEC.
25
M. COZIAN, A. VIANDIER, F. DEBOISSY, Droit des sociétés, 17é édition, 2004
34
Chapitre 1 : Droit pénal spécifique au Droit des sociétés.
Le titre XIV de la loi 17-95 (art 373-424) intitulé « dispositions pénales » a été
largement modifié complété par la loi 20-05 qui a supprimé certaines dispositions
et expressions, et allégé certaines sanctions, notamment substitution de peines
privatives de libertés par des peines pécuniaires (amendes).
Il faut souligner que ce droit pénal ne touche pas tous les types de sociétés, y
compris les sociétés en nom collectif ou les sociétés en commandite simple. C’est
surtout, aux sociétés par actions et la SARL que le législateur a consacré
l’essentiel de son arsenal répressif avec des exigences spéciales si les sociétés font
publiquement appel à l’épargne ou si leurs titres sont inscrits à la cote des bourses
de valeurs. 26
Les infractions relatives aux sociétés commerciales peuvent être commises tout
au long des différentes étapes de la vie sociale.
26
-Jean-François Goffin, Bruno Colmant, Grégory de Sauvage, Responsabilités des dirigeants de
sociétés,Éditions Larcier, 3e édition 2012.
35
Section 1 – Les infractions liées à la constitution des
sociétés.
Ces formalités bien qu’ayant un caractère formel, le chef d’entreprise doit leur
prêter attention, car toute négligence peut constituer une infraction passible d’une
sanction.27
27
-Paul Decroux , les sociétés en droit marocain, éditions La Porte, 1985
36
Paragraphe 1er : Refus de dépôt des pièces ou d’actes au registre de commerce
ou défaut de publicité prévue par la Loi.
C’est le chapitre IX de la loi 17-95 tel que modifié et complété 20-05 (articles
419-420) qui réglemente ce type d’infractions.
En droit pénal marocain des affaires, aux termes de l’article 420 de la loi 17-95,
sans préjudice de l'application de législations particulières notamment celle
relative aux informations exigées des personnes morales faisant appel public à
l'épargne28, sera puni d’une amende de 10.000 à 50.000 dirhams (au lieu d’un
emprisonnement de un à trois mois et d'une amende de 8.000 à 40.000 ou de l’une
de ces deux peines seulement), tout fondateur, administrateur, directeur général,
directeur général délégué ou membre du directoire qui ne procède pas dans les
délais légaux :
- soit à une ou plusieurs mesures de publicité prévues par la loi relatives aux SA.
28
-Rachid Lazrak, Le nouveau droit pénal des sociétés au Maroc, editions La Porte, 1997
37
des souscripteurs, l’état des versements effectués par chacun d’eux et un
exemplaire ou une expédition des statuts.
Il s’agit là de la deuxième infraction qui consiste à ne pas procéder dans les délais
légaux, aux formalités de publicités prévues par la loi et particulièrement par
l’Article 33 de la loi 17-95 abrogé et remplacé par l’article 2 de la loi 20-05 qui a
supprimé la double publicité notamment celle précédant l’immatriculation.
Signalons enfin que l’article 108 de la loi 5-96 relative aux autres sociétés
commerciales établit les mêmes délits pour les mêmes infractions.
C’est une infraction qui concerne toutes les sociétés commerciales. Pour
les sociétés anonymes, c’est l’article 419 de la loi 17-95 qui punit d'une amende
de 1.000 à 5.000 dirhams, les membres des organes d'administration, de direction
ou de gestion d'une société anonyme qui auront omis d'indiquer sur les actes ou
documents émanant de la société et destinés aux tiers la dénomination sociale,
précédée ou suivie immédiatement de la mention « société anonyme » ou des
initiales « SA » ou de la mention prévue à l'article 77 (3e alinéa), ainsi que
l'énonciation du montant du capital social et du siège social. 29
29
-Rachid Lazrak, Le nouveau droit pénal des sociétés au Maroc, editions La Porte, 1997
38
En fait, l’article 419 renvoie à l’article 77 de la même loi qui prévoit la
constitution, au choix, de société anonyme à directoire et à conseil de surveillance.
Le même délit est prévu pour la société anonyme simplifiée (art 438) qui dispose
: « Sera puni d'une amende de 2.000 à 10.000 dirhams, le président d'une société
anonyme simplifiée qui aura omis d'indiquer sur les actes et documents émanant
de la société et destinés aux tiers la dénomination sociale, précédée ou suivie
immédiatement de la mention “ société anonyme simplifiée ” ou des initiales “
SAS ”, ainsi que l'énonciation du montant du capital social et du siège social ».
L’article 112 de la loi 5-96 relative aux autres sociétés commerciales prévoit le
même délit et la même sanction.Remarquons que dans tous les cas, l’élément
intentionnel est absent, il s’agit d’un délit d’omission ce qui explique que la
sanction est purement pécuniaire.
39
Section 2 : Les infractions liées aux comptes sociaux et au capital
social .
L’article 379 de la loi 17-95 punit d'un emprisonnement de un à six mois et d'une
amende de8 000 à 40000 dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement :
En droit pénal marocain des affaires, L’article 379 de la loi 17-95 dans son dernier
alinéa, punit d’un à six mois et/ou une amende de 8000 à 40000 dhs « ceux qui,
frauduleusement, auront fait attribuer à un apport en nature une évaluation
supérieure à sa valeur réelle »
Il s’agit là d’une infraction qui peut survenir, soit à la création de la société, soit
au cours de son fonctionnement, notamment à l’occasion de l’augmentation de
son capital.
Il convient de rappeler ici la procédure exigée par la loi lorsqu’il y’a un apport en
nature que ce soit lors de la création ou l’augmentation du capital social .
41
Section 3 : Infractions liées au fonctionnement des sociétés .
30
H.CHARKAOUI, Société anonyme, 1er édition 1997
42
2) un acte contraire à l’intérêt de la société
Le délit ne suppose pas seulement que l’acte incriminé soit contraire à l’intérêt
social. Les textes exigent, en outre, que les coupables aient fait usage des biens
ou du crédit de la société ou des pouvoirs qu’ils détiennent « à des fins
personnels ou pour favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle ils
étaient intéressés directement ou indirectement ».
Il est à noter que l’article 384 de la loi 17-95 et l’article 107 de la loi 5-95
sanctionnent des délits intentionnels ,ils exigent à la fois que le coupable ait agi
de « mauvaise foi » et à la fois qu’il « savait » que l’usage des biens, du crédit
ou des pouvoirs était contraire à l’intérêt de la société
1- l’absence d’inventaire
43
2- inventaire frauduleux
3- la fictivité du dividende
44
Paragraphe 2nd : infractions d’affaires .
I- La banqueroute
Il est à noter qu'au sens de l'article 722, alinéa 2 de la loi 15-95, les complices de
banqueroute encourent les peines de banqueroute même s'ils n'ont pas la qualité
de dirigeant d'entreprise.
31
Dahir n° 1-59-415 du 28 joumada II 1382 (26 novembre 1962) portant approbation du texte du code pénal
marocain, dans son article 556
32
Droit pénal des affaires:Réflexions sur la banqueroute par détournement ou dissimulation d'actifs / Abdelaziz
EL IDRISSI ,Revue marocaine de droit des affaires et des entreprises (remadae), 16 (05/2009)
45
II-Délit d’initié
Le délit d'initié est une infraction pénale fréquente dans le milieu boursier
commise par une personne nommée " l'initié ". Celui-ci exécute des transactions
boursières sur la base d'informations dont ne disposent pas les autres, c.à.d. qu'il
a un avantage concurrentiel sur les autres mais dont l'origine est illicite. En
d'autres termes, le spéculateur est sûr de gagner.
Au Maroc, le délit d'initié est régi par le Dahir portant loi n° 1-93-212 relatif au
Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM) et aux informations
exigées des personnes morales faisant appel public à l'épargne.
Aux termes de l'article 25 de ce même Dahir, le délit d'initié est le fait pour une "
personne disposant dans l'exercice de sa profession ou de ses fonctions,
d'informations privilégiées et qui les aura utilisées pour réaliser ou permettre
sciemment de réaliser sur le marché soit directement soit par personne interposée,
une ou plusieurs opération ".
Est considérée comme " information privilégiée " selon le même article " toute
information relative à la marche technique, commerciale ou financière d'un
émetteur ou aux perspectives d'évolution d'une valeur mobilière, encore inconnue
du public et susceptible d'affecter la décision d'un investisseur ".
46
Les personnes en position " d'initiés permanents " sont des personnes qui, de par
leur position ou leur fonction, ont accès de façon régulière à des informations
privilégiées. Il peut s'agir des dirigeants d'une société cotée ou d'une de ses filiales,
ainsi que de toutes personnes participant habituellement au processus
d'établissement des comptes de la société cotée.
Les personnes en position " d'initiés occasionnels " sont celles qui bénéficient
d'informations privilégiées à l'occasion de l'exercice de leur profession ou de leur
fonction. Ces personnes peuvent appartenir à la société cotée ou entretenir avec
elle uniquement des relations professionnelles. Il peut s'agir en particulier, des
partenaires contractuels, des avocats ou conseillers intervenant dans une
négociation ou une décision importante sur la situation de la société cotée, ou dans
des opérations financières en préparation.
Les agissements de ces initiés sont réprimés sur le plan pénal par
l'emprisonnement de trois mois à deux ans et d'une amende pouvant atteindre le
quintuple du profit éventuellement réalisé, sans qu'elle puisse être inférieure à 200
000 dirhams, ou de l'une de ces peines seulement.
Cette sanction est également valable pour toute personne possédant " en
connaissance de cause des informations privilégiées sur les perspectives ou la
situation d'une société dont les titres sont cotés à la Bourse des valeurs ou sur les
perspectives d'évolution d'une valeur mobilière, qui réalise ou permet de réaliser,
directement ou indirectement, une opération ou communique à un tiers des
informations, avant que le public ait connaissance de ces dernières ".
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Les membres du conseil d'administration du CDVM ainsi que son personnel
engagent également leur responsabilité s'ils réalisent - directement ou par
personne interposée - des opérations sur les titres d'une personne morale ayant
présenté un document d'information au visa du CDVM.
Ce délit permet aux initiateurs de réaliser un profit qui s'entend selon l'article 25
comme étant la différence entre le prix auquel l'opération initiale a été faite et le
cours moyen du titre constaté pendant les 15 jours de bourse suivant soit la
diffusion de l'information privilégiée soit la rectification des informations fausses
ou trompeuses.
La constatation de ces infractions est faite sur la base des enquêtes réalisées par
le CDVM à travers ses agents spécialisés ou encore par les agents de police
judiciaire. Ceux-ci sont autorisés à convoquer et entendre toute personne
susceptible de leur fournir des informations en rapport avec leur mission.
En effet, le CDVM est habilité à réaliser des enquêtes auprès des sociétés de
bourse, des OPCVM, des fonds de placements collectifs en titrisation, du
dépositaire central (MAROCLEAR) ainsi que des organismes de placement en
capital risque (art 24 du Dahir portant loi n° 1-93-212).
48
Partie 3 : Illustration jurisprudentielle
49
Chapitre 1 : Présentation de l’arrêt.
50
Section 1 : Les Faits.
51
Section 2 : Les moyens de pourvoi.
Il ajoute aussi que selon la motivation de la cour reste incomplète du fait qu’elle
n’a pas mis en exergue l’élément matériel et l’intention criminelle pour dire si oui
ou non le demandeur au pourvoi a bien disposé mal intentionnellement de fonds
sociaux.
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Chapitre 2 : Discussion de la motivation de la cour.
Dans ce sens la cour s’est suffit de ces déclarations en les retenant comme
moyens de preuve à charge du demandeur au pourvoi, infirmant ainsi le
jugement de première instance et en le condamnant pour les faits reprochés.
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Section 2 : Vers une dépénalisation de la vie pénale.
La dépénalisation du droit de la vie des affaires est une attente forte des acteurs
économiques. Le caractère déstabilisant pour l’entreprise et ses dirigeants de la
procédure pénale, son impact médiatique à la fois trop fort lors de la mise en
examen et trop faible lors des ordonnances de non-lieu, et ses conséquences
économiques voire boursières ont ainsi été stigmatisés.
Certains sont allés plus loin, sans que cela ne soit apparu au demeurant
entièrement justifié à l’ensemble des membres du groupe de travail, en estimant
que ce risque pénal était une des causes de la réticence des entreprises étrangères
à s’implanter au MAROC. C’est l’attractivité du MAROC pour les investisseurs
qui serait ainsi aussi un des enjeux de la dépénalisation.
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dans une position d’infériorité économique, au besoin en rééquilibrant les
situations d’inégalité du monde réel ;
– il impose une protection de la sécurité, de la santé, et du patrimoine des citoyens,
au besoin en nécessitant la mise en place de contreparties aux infractions pénales;
– il impose une confiance légitime dans le marché, et donc dans l’ensemble du
système économique.
En outre, le noyau dur du droit pénal des affaires, celui qui sanctionne la fraude,
doit être affirmé, voire renforcé, comme le montrent les exemples étrangers. On
assiste en effet à travers le monde, en particulier dans un contexte de
mondialisation, à un besoin de sanction des comportements frauduleux pour
protéger les investissements, donc la croissance et l’emploi. Le droit
communautaire et certaines conventions internationales s’inscrivent ainsi dans ce
mouvement favorable à la sanction pénale.
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Conclusion :
56
Bibliographie :
I- Bibliographie générale :
57
- Repenser la formation des managers, rapport de l’Institut de l’entreprise, le
Cercle de l’Entreprise et du Management et la FNEGE , Juin 2010.
- TALFI I. Bachir, L’ACCES AUX FONCTIONS DE DIRIGEANT
SOCIAL EN DROIT COMMUNAUTAIRE AFRICAIN DES AFFAIRES,
Revue d’étude et de recherche sur le droit et l’administration dans les pays
d’Afrique, novembre 2015.
- Jen Paul Antona, Philippe Colin et François Lengarlt : la responsabilité
pénale des cadres et des dirigeants dans le monde des affaires, Dalloz-Delta,
1996
- MEDEF, « la délégation de pouvoirs », GPA « droit de l'entreprise »,
Décembre 2004
- Pouvoirs des dirigeants : l’effet des statuts et des pactes extra-statutaires
vis-à-vis des tiers – Article paru dans le magazine Option Droit & Affaires
le 8 juin 2016
- Corinne Mascala,, « la recherche de l'efficacité du droit pénal des affaires»,
collection colloques et débats, LITEC.
- Dominique Vidal, Droit des sociétés, LGDJ, 2006
- M.-H. Monsèrié-Bon et L. Grosclaude, Droit des sociétés et des
groupements, Montchrestien, 2009.
- Jean-François Goffin, Bruno Colmant, Grégory de Sauvage,
Responsabilités des dirigeants de sociétés,Éditions Larcier, 3e édition 2012.
- Droit pénal des affaires:Réflexions sur la banqueroute par détournement ou
dissimulation d'actifs / Abdelaziz EL IDRISSI ,Revue marocaine de droit
des affaires et des entreprises (remadae), 16 (05/2009).
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ANNEXE 1 :
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