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Royaume du Maroc

Ministère de la justice
Institut supérieur de la magistrature
Rabat

Mémoire de fin de stage (41ème promotion)

Sujet :

La responsabilité pénale des dirigeants sociaux.

Préparé par : Sous la Direction de :

ABOUNASSIR Youssef SERHANE Mohamed


Attaché de justice 1er Substitut du procureur de
Roi près du tribunal de
première instance de Rabat

Période de stage :

2015/2017

1
Remerciements :

L’acc s à l’i stitut sup ieu de la agist atu e tait u d si ui ’a


envouté depuis les premiers pas des études universitaires. Grâce à Dieu
et à des efforts considérables ce rêve est devenu réalité.

Not e solide fo atio au sei de l’i stitut sup ieu de la agist atu e
a été marqué par une sérénité et une quiétude absolue, à travers les
effo ts de l’équipe pédagogi ue et su tout la di ectio de l’i stitut ui
nous a accompagné depuis le premier jour. Je les remercie
profondément et j’esp e ue ot e vie p ofessio elle reflètera
l’efficacit u’ils o t voulu voi e ous d s le p e ie jour.

2
Table des matières :

Introduction………………………………………………………………………………5

Chapitre préliminaire …………………………………………………….…………….8

Section unique : L’éthique des affaires………………………………………………..8

Partie 1 : Le délégataire pénalement responsable………………….…...…………10

Chapitre 1er : L’accès aux fonctions de dirigeant social………………..……….11

Section 1 : Les conditions générales d’accès……………….………………….…..12

Paragraphe 1er :La capacité………………………….……………………………….12

Paragraphe 2nd :Les interdictions et déchéances …………………………..……..13

Paragraphe 3ème :L’incompatibilité ……………………………………………..….13

Section 2 : Les conditions particulières d’accès……………………….……………15

Paragraphe 1er : Les organes de directions prévus par la loi 05-96 ……………15

Paragraphe 2nd : Les organes de directions prévus par la loi 17-95……………18

Chapitre 2 : Les limites des pouvoirs des dirigeants sociaux………………….….27

Section 1: Les limites légales…………………….………………………………...….28

Paragraphe 1er : L’objet social………………………………………………………28

Paragraphe 2nd : L’intérêt social…………………………………………….………29

Section 2 : Les limites statutaires…………………………..……………….………..31

Paragraphe 1er : Natures des limites statutaires…………………………………..31

Paragraphe 2nd : Les pactes extra statutaires…………………………..………….32

Partie 2 : L’infraction sociétale………………………………………………….……34

Chapitre 1 : Droit pénal spécifique au Droit des sociétés……………………..….35

Section 1 – Les infractions liées à la constitution des sociétés……………..…….36

3
Paragraphe 1er : Refus de dépôt des pièces ou d’actes au registre de commerce
ou défaut de publicité prévue par la Loi……………….……………………………..37

Paragraphe 2nd : Le défaut d’indication de certaines mentions sur les documents


de la société……………………………….……………………………… ……...…….38

Section 2 : Les infractions liées aux comptes sociaux et au capital social ………40

Paragraphe 1er :Infractions liées à la souscription et au versement du


capital………………………………………………………………………………..…..40

Paragraphe 2nd : Les infractions liées à la surévaluartion des apports en


nature……………………………………………………………….……………………41

Section 3 : Infractions liées au fonctionnement des sociétés ……………..………42

Paragraphe 1er : infractions liées à l’exercice des fonctions d’administration et


de direction de la société ………………………………….……………..……………42

Paragraphe 2nd : infractions d’affaires ……………………………...……………..45

Partie 3 : Illustration jurisprudentielle………………………………………………49

Chapitre 1 : Présentation de l’arrêt………………………………….……………… 50

Section 1 : Les Faits…………………..……………………………….……………….51

Section 2 : Les moyens de pourvoi……………………..……………………………..52

Paragraphe 1er : La violations des dispositions de l’article 365 du code de


procédure pénale………………………………………………………….……………52

Paragraphe 2 : L’application viciée des dispositions de l’article 523 (alinéa 2)


du code pénal……………………………………………………………………………52

Chapitre 2 : Discussion de la motivation de la cour…………………………..……53

Section 1 : Motivation de la cour…………………………..………………………….53

Section 2 : Vers une dépénalisation de la vie pénale…………………..…….…….54

CONCLICION ………………………………………………………………………....56

BIBLIGRAPHIE …………………………………………………………….…………57

ANNEXE 1………………………………………………………………………..……..59

4
Introduction

La mise en œuvre d’une action d’entreprise ne saurait se


concevoir sans acteurs. A ce titre le dirigeant social apparait
incontestablement comme le cadre concepteur, organisateur et
centraliseur de l’entreprise sociétaire. Ce dernier assume la
détermination des orientations stratégiques de la société, il gère l’usage
fait des ressources matérielles et financières de l’entreprise. En ce sens il
influence l’attitude de tous les membres de la société à quelque titre que
ce soit dans la perspective d’une réalisation plus efficiente des projets de
la société

En prenant en considération toutes ces contraintes en appréciant


l’impact sur la société, il exerce son libre arbitre quant aux choix des
solutions à y apporter.

Le dirigeant est constamment confronté au défi d’adapter le


schéma organisationnel de la société aux mutations de stratégie et en
faisant face à la concurrence afin d’obtenir la performance la plus élevée
possible.

Avec toutes ces données économiques, financières et humaines ;


le monde des affaires reste intimement lié aux réalités juridiques
difficilement saisissables en raison de leur complexité et leur mutabilité.
Ainsi tout dirigeant social doit nécessairement avoir une connaissance
étendue et approfondie de son statut juridique social et fiscal, tant dans
une perspective de stratégie et d’optimisation de leur situation
5
personnelle, que dans le souci d’appréhender et de prévenir les risques
inhérents à leurs fonctions.1

Il est important de rappeler que les dirigeants sociaux


communément nommés chefs d’entreprises représentent la structure
sociétale vis-à-vis des collaborateurs et agissent au nom et pour le
compte de la personne morale d’où le fait qu’ils endossent aussi bien
une responsabilité pénale que civile.
Ainsi le dirigeant social constitue la clef de voute du monde des
affaires ce qui nécessite un comportement irréprochable au vu de la
législation pénale. Le législateur marocain est conscient que le monde
des affaires peut être appâtent de manière à pousser les chefs
d’entreprises à vouloir maximiser leurs gains et profits au détriment de
la législation et c’est pour cette raison que des cas de responsabilité
pénale ont été prévus.
De prime à bord nous avons constaté que notre sujet nécessite
une bonne maîtrise de la terminologie. Ainsi il faut cerner la notion de
dirigeant pénalement responsable afin de mieux répercuter la
responsabilité à caractère pénal de ce dernier dans les cas où la loi le
prévoit.
Pour une efficience optimale nous avons opté pour un plan en
deux parties. Nous nous limiterons à traiter de la responsabilité encourue
par les dirigeants à l’occasion de leur mission de mandataire social, donc
liée au droit des sociétés. La première partie sera dédiée à la définition
de la notion de délégataire social pénalement responsable puis nous nous
intéresserons aux conditions d’existence de cette responsabilité. Dans
une seconde partie nous examinerons les l’infraction en matière
sociétale puis dans une troisième partie nous mettrons en exergue une

1
Le dirigeant de société, Deen GIBIRILA ,éditions Litec, 1995

6
approche jurisprudentielle des cas les plus importants de cette
responsabilité.

7
Chapitre préliminaire :

De prime à bord, il nous importe de préciser que le droit pénal des affaires comme
toute branche juridique est né suite à une impération sociologique. Ainsi le monde
des affaires nécessite une certaine éthique avec des normes et des valeurs bien
précises que le dirigeant social se doit d’observer rigoureusement.

Section unique : L’éthique des affaires.

L’éthique des affaires peut être comprise comme une forme d’extension de la
philosophie née des scandales répétés dans le monde des affaires. La vision des
dirigeants et des entreprises comme n’ayant pour seul objectif que de maximiser
leurs profits n’est plus acceptable aujourd’hui. Le modèle purement financier de
l’entreprise ne tient plus et un a priori négatif teinte désormais le monde des
grandes entreprises, elles sont considérées comme étant moralement douteuses.2

Le principe fondamental d’une démarche éthique est le recul critique. Elle est
une volonté de sortir de son propre point de vue pour prendre de la hauteur, pour
envisager les situations avec une perspective plus vaste. La démarche éthique
repose donc sur le croisement des points de vue, l’identification les positions
d’autrui, même si elles nous sont opposées. L’idée n’est en rien de se plier aux
arguments des autres mais de bien les comprendre pour asseoir son point de vue
sur une analyse large, solide et rigoureuse. S’engager dans une démarche
éthique c’est donc avant tout envisager une variété de positions. Il faut
interroger le sens commun et ne pas s’y plier par réflexe ou par habitude ; plus

2
Rodin David, « Éthique des affaires : théories et réalité », Revue internationale des sciences sociales, 3/2005
(n° 185), p. 609-620

8
encore, il s’agit aussi d’interroger ses propres positions, non pas pour les
abandonner mais pour comprendre leur origine. La question de départ pourrait
donc être : pourquoi est-ce que je pense cela ? et, qu’est-ce qui me fait dire que
cela est « bien » ?

Les philosophes et les sociologues nous ont appris, depuis des décennies déjà,
que les notions de bien et de mal sont socialement et historiquement construites.
Nietzsche et Heidegger déjà avaient des difficultés avec l’idée d’un bien ou
d’une justice qui transcenderaient leurs contextes d’émergence et d’application.
La science elle-même est souvent rappelée à l’ordre dans sa volonté d’établir des
vérités générales et objectives. En matière d’éthique, il s’agirait alors plutôt de
se concentrer sur des problématiques locales pour tenter d’en saisir la
complexité ; de ne pas se limiter à des grands principes vagues et inapplicables
mais plutôt de déconstruire les positions de chacun. Pour l’instant, l’éthique des
affaires a souvent suivi le chemin d’une opposition caricaturale entre le bien et
le mal, entre le juste et l’injuste, conduisant à l’édiction de chartes et de codes de
conduite. Une véritable réflexion éthique cherchera plutôt à interroger le statu
quo, les évidences des situations.3

Là où la morale dit le bien et le mal, l’éthique les interroge. Elle se demande


comment sont construites les problématiques, les positions et les solutions. Elle
cherche à questionner les fondements des valeurs, l’histoire des normes, des
règles et des lois. C’est justement parce que le monde est plus complexe qu’une
opposition dichotomique entre le bien et le mal que l’éthique est nécessaire. La
complexité des situations et de leur contingence génère des zones d’incertitude
morale, elle les grise et demande une analyse plus fine, plus locale.4

3
Ivan TCHOTOURIAN : La morale en droit des affaires : La pratique et la technique doivent plier plutôt que
sacrifier l'éthique, Université Nancy 2, Faculté de droit, sciences économiques et gestion
4
Repenser la fo atio des a age s, appo t de l’I stitut de l’e t ep ise, le Ce cle de l’E t ep ise et du
Management et la FNEGE , Juin 2010.

9
Partie 1 : Le délégataire pénalement responsable.

Etant donné que la première partie de notre travail se rapporte aux


conditions d’existence de la responsabilité pénale des dirigeants sociaux,
les études menées ont prouvées que le législateur tout en édifiant une
liberté dans la constitution de sociétés il n’a pas pour autant faillit à
l’instauration d’un ensemble de textes réprimant tout agissement
frauduleux de la part des dirigeants de ces dernières. Ce constat est
vérifiable à travers la lecture des dispositions pénales retenues par le
code de commerce et les différentes lois relatives aux sociétés cotées ou
non.
Engage donc sa responsabilité pénale tout dirigeants d’entreprise
qui, dans l’exercice de sa fonction de « chef d’entreprise ayant un
pouvoir de commandement et d’instruction » commet une infraction
prévue par la loi et pour lequel sont retenus un fait matériel et une
intention délibérée et matérielle de commettre ce fait. On remarque ainsi
que le socle de cette responsabilité réside dans atteinte à l’ordre public
économique et tel est le cas lors d’une banqueroute ou d’un délit
d’initié.5

5
Rachid Lazrak, Le nouveau droit pénal des sociétés au Maroc, editions La Porte, 1997

10
Chapitre 1er : L’accès aux fonctions de dirigeant social.

Les fonctions de dirigeant de société sont loin d’être honorifiques. Elles


s’avèrent bien au contraire fort délicates et requièrent de la part de ceux qui les
assument une excellente connaissance des problèmes juridiques et socio-
économiques.

Dans ce sens, le législateur tenant compte des intérêts de toutes les parties
au contrat social a instauré quelques limites quant au choix des dirigeants sociaux.
Il exige pour la validité de la nomination des mandataires sociaux, qu’ils
remplissent un certain nombre de conditions générales et particulières.6

6
TALFI I. Bachir, L’ACCES AUX FONCTIONS DE DIRIGEANT SOCIAL EN DROIT COMMUNAUTAIRE AFRICAIN DES
AFFAIRES, Revue d’étude et de eche che su le d oit et l’ad i ist atio da s les pays d’Af i ue, novembre
2015.

11
Section 1 : Les conditions générales d’accès.

L’accès aux fonctions de dirigeant social est soumis à des règles d’ordre
général émanant du droit commun. Le législateur marocain a élaboré des
procédures spécifiques à chaque forme sociétaire et liées à la nature des relations
existant entre les différents organes sociaux.

Dans les SARL l’investiture des dirigeants est directement effectuée par
l’assemblée générale, dans les sociétés anonymes de formule moderne les
membres du directoire sont élus par les membres du conseil de surveillance qui
sont à leur tour désignés par l’assemblée générale.7 Cependant toute nomination
est soumise à des conditions et règles qui se profilent comme suit :

Paragraphe 1er : La capacité.

La capacité d’une personne à se hisser à la tête d’un groupement social revêt


plusieurs aspects. Il s’agit de l’aptitude à tenir les rênes de l’administration et de
la gestion de la société au sens juridique du terme.

Le Droit des sociétés ne fait état d’aucune condition spécifique relative à la


capacité juridique. Il est fait application du droit commun de la capacité civile. A
ce titre, le dirigeant doit nécessairement disposer de la pleine capacité juridique,
puisqu’il est personnellement responsable de ses fautes de gestion.

Cette exigence va dans un double sens. Elle vise premier lieu, à garantir les tiers
contre l’opposition manifestée par une personne juridiquement incapable, à la
prise en charge par la société des engagements souscrits au nom de celui-ci. Elle

7
Paul Decroux , les sociétés en droit marocain, éditions La Porte

12
a également pour objectif de mettre l’intéressé à l’abri des manœuvres dolosives
destinées à engager sa responsabilité personnelle alors qu’il n’est pas apte
juridiquement à le faire.

Paragraphe 2nd : Les interdictions et déchéances .

Ces mesures limitatives de l’occupation de postes de direction au sein d’une


société s’inspirent de la volonté du législateur de moraliser le monde des affaires.8

L’interdiction : Certains activités sont interdites et ne peuvent pas être


exercées par les commerçants pour des raisons de protection de l’ordre public ou
parce qu’elles relèvent de prérogatives de la puissance publiques ou des ou d’un
monopole de l’Etat. Il s’agit par exemple la recherche du pétrole et du gaz,
l’exploitation et le commerce des phosphates, le transport ferroviaire, etc.

Les déchéances : Il s’agit d’interdictions d’exercer le commerce


prononcées par les tribunaux à l’encontre de certaines personnes ayant fait preuve
d’indignité sociale ou de malhonnêteté dans les affaires (ex : escroquerie,
émission de chèque sans provision, abus de confiance, infractions fiscales ou
douanières, etc). La déchéance concerne donc les délinquants de droit commun,
les frauduleux fiscaux, les banqueroutiers. La déchéance expose le contrevenant
à des sanctions pénales, mais elles n’altèrent pas sa capacité juridique ; les actes
de commerce qu’il fait échappent donc à la nullité.

Paragraphe 3ème : L’incompatibilité .

Certaines professions, en vertu de leurs statuts, sont inconciliables avec les


fonctions de gérants, d’administrateur ou d’autres mandats sociaux. Les

8
Mohammed Drissi Alami Machichi ,Droit commercial fondamental au Maroc, imprimerie de FEDALA ,2006

13
infractions aux incompatibilités issues des règles déontologiques de certaines
professions ne sont passibles que de sanctions disciplinaires. Elles n’ont pas
d’incidence sur le mandat social et ne sont pas sources d’annulation des actes
passés en contravention à cette réglementation spécifique. Ainsi, ont été déclarés
valables les actes accomplis par un avocat illicitement nommé président d’une
9
société anonyme .Un certain nombre de professions sont exposées à ces
incompatibilités :

• Soit parce qu’il considère que l’exercice du commerce est contraire à la


dignité de la profession qu’ils exercent : exp. les médecins, les avocats, les
notaires, les adouls…

• Soit parce qu’il estime que ceux qui occupent certaines fonctions doivent
rester indépendants : c’est-à- dire qu’ils ne doivent pas se compromettre par les
risques du commerce et ne pas se laisser distraire par la recherche du profit ; par
exemple les fonctionnaires (Art. 15 dahir 24/2/1958 portant statut général de la
fonction publique).

Ces personnes ne sont pas incapables ; s’elles font des actes de commerce
malgré leur statut elles pourront être passibles de sanctions disciplinaires ou
pénales, mais leurs actes seront valables.10

9
Cass FR.crim.22 avril 1977.Bull crim p315 ,n.127
10
Paul Decroux , les sociétés en droit marocain, éditions La Porte, 1985,

14
Section 2 : Les conditions particulières d’accès.

Paragraphe 1er : Les organes de directions prévus par la loi 05-96 .

Dans la SARL, la direction de la société est désignée sous l'appellation


de gérance et la fonction de dirigeant est assurée par un ou plusieurs gérants
personnes physiques11. Aux termes de l'article 63 de la loi 05-96 du 13 Février
1997, dans leurs rapports avec les associés, leurs pouvoirs sont déterminés par les
statuts et, dans le silence de ceux-ci chaque associé peut effectuer tout acte de
gestion dans l'intérêt de la société. Cet article ajoute que dans leurs rapports avec
les tiers, le gérant est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute
circonstance au nom de la société, sous réserve des pouvoirs que la loi attribue
expressément aux associés. Le principe de la responsabilité pénale des gérants est
posé par l'article 67 qui prévoit que ceux-ci sont responsables individuellement
ou collectivement, envers la société ou envers les tiers, s'ils commettent des
infractions aux dispositions légales applicables aux sociétés à responsabilité
limitée.

« Les dirigeants de droit » de la SARL, au sens des dispositions ci-dessus, ce


sont soit l'associé nommément désigné par les statuts, soit tous les associés en
l'absence de désignation par les statuts et qui sont, dans les deux cas, « investis
des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la
société », étant précisé que en cas de pluralité de gérants, ceux-ci
détiennent séparément ces pouvoirs (5èmè alinéa de l'article 64). Par conséquent,
dans la SARL, à une pluralité de gérants, correspond une pluralité de dirigeants
pénalement responsables.

11
loi 5-96 du 13 février 1997 qui a promulgué les dispositions réglementaires sur la SARL, la SNC, la SCS, la SCA
et SP. (Loi publiée au BO n° 4478 du 1er mai1997.)

15
A l'inverse de la SARL, la pluralité des gérants est de droit en ce qui
concerne la gérance de la Société en nom collectif (SNC), sauf si les statuts
désignent un ou plusieurs gérants parmi les associés qui doivent tous avoir la
qualité de commerçants. Les associés peuvent nommer un gérant non associé. Le
dirigeant de droit pénalement responsable dans la SNC peut donc être un gérant
associé ou un gérant non associé. Comme pour la SARL, « dans les rapports avec
les tiers, le gérant engage la société par les actes entrant dans l'objet social et « en
cas de pluralité de gérants, ceux-ci détiennent séparément » les pouvoirs de
gestion et de direction (article7 de la loi 05-96).

S'agissant de la société en commandite, il y a lieu de distinguer :

- le cas de la société en commandite simple (SCS) pour laquelle il est fait


application, pour ce qui est du dirigeant de droit (entre autres), des mêmes
dispositions prévues pour la société en nom collectif (article 21 de la loi 5-96).
Par conséquent, comme pour la SNC, le principe est donc la gérance assurée par
tous les associés (commanditaires et commandités) sauf si les statuts désignent un
ou plusieurs gérants, associés ou non, et le ou les gérants nommés sont investis
des pouvoirs pour accomplir les actes entrant dans l'objet social.

- Le cas de la société en commandite par actions (SCA) pour laquelle la loi


distingue deux types de dirigeants de droit (article 32 de la loi 05-96) :

o Au cours de la constitution de la société : ce sont le ou les premiers


gérants qui sont désignés par les statuts pour accomplir les formalités de
constitution dont sont chargés les fondateurs de sociétés anonymes ; la loi ne
précise pas si le ou les premiers gérants doivent tous avoir la qualité de fondateurs
donc de futures associés ou peuvent être choisis en dehors des fondateurs. Mais
on peut penser que la référence aux fondateurs de sociétés anonymes et l'affectio
societatis qui est à la source de la réunion de personnes dans le projet de

16
constitution, nécessitent que le ou les premiers gérants au sens de l'article 32
susvisé soient désignés parmi les fondateurs. En effet, a la qualité de fondateur
« la personne qui concourt de manière active à la constitution ou à
l'immatriculation d'une société pour son propre compte », ce qui suppose « un
intérêt personnel et une volonté autonome de participer à la constitution de la
personne morale et à la vie sociale ultérieure ».

o Au cours de l'existence de la société, sauf clause contraire des


statuts, ce sont le ou les gérants, associés ou non, qui sont désignés par l'assemblée
des actionnaires avec l'accord de tous les associés commandités (article 32) et qui
sont, à ce titre, « investis des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes
circonstances au nom de la société ».

Cette distinction permet de fixer les limites de la responsabilité pénale du


dirigeant de la SCA selon qu'il est premier gérant, donc ayant la qualité de
fondateur, ou « gérant au cours de l'existence de la société » c'est-à-dire
postérieurement à la date de l'acquisition par la société de la personnalité morale
par l'effet de son immatriculation (« gérant permanent »). Sauf à être reconduite
par l'assemblée générale ordinaire pour être gérant après l'acquisition de la
personnalité morale, la personne investie de la fonction de premier
gérant n'engagerait sa responsabilité pénale qu'au titre des infractions relatives à
la constitution de la société.

Le gérant « permanent » lui ne verrait sa responsabilité pénale engagée que


pour les faits constitutifs d'infractions prévues par la loi 05-96 autres que celles
relatives à la constitution commis postérieurement à sa désignation comme gérant
« au cours de l'existence de la société » laquelle « existence » n'étant
juridiquement établie qu'à compter de l'immatriculation qui lui confère la
personnalité morale. A ce titre, l'article 41 précise que les dispositions de la loi n°
17-95 sur les sociétés anonymes relatives à la responsabilité des membres des
organes d'administration, de direction ou de gestion, pour faute commise dans
17
l'exercice de leur mandat, sont applicables aux gérants » de la société en
commandite par actions.

Paragraphe 2nd : Les organes de directions prévus par la loi 17-95.

En ce qui concerne les sociétés anonymes, le titre XIV intitulé sanctions


pénales, de la loi 17-95 sur les SA mentionne « les membres des organes
d'administration, de direction ou de gestion » et qui sont , aux termes de l'article
373 de la loi 17-95 :

« - dans les sociétés anonymes à conseil d'administration, les membres du


conseil d'administration y compris, le président et les directeurs généraux
extérieurs au conseil »;

« - dans les sociétés anonymes à directoire et à conseil de surveillance, les


membres de ces organes ».12

A priori, cette précision est de nature à permettre une identification aisée


des dirigeants de droit de la SA. En fait, du point de vue des critères cumulatifs
de la fonction et des pouvoirs, elle nous semble poser quelques difficultés en ce
qui concerne la qualité de dirigeants pénalement responsables de certains autres
membres des organes en question..

Ainsi, dans le cas de la SA à conseil d'administration, les fonctions de


président et de directeurs généraux ne soulèvent pas de difficultés dans la
mesure où, à ces fonctions, correspondent des pouvoirs de direction et de

12
Code du commerce marocain, publication de la revue Marocaine de Droit des affaires et des Entreprises
2èmeéditions.

18
gestion suffisamment déterminés pour les considérer comme des dirigeants de
droit pénalement responsables.13

En effet, le Président du conseil d'administration est élu par ce dernier « en


son sein » pour une durée qui ne peut excéder celle de son mandat
d'administrateur (article 63 de la loi 17-95) et dispose, pour l'exercice de la
fonction de direction générale et de représentation de la société dans ses rapports
avec les tiers, des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au
nom de la société » (article 74, 1eret 2ème alinéas).

Il en est de même du ou des directeurs généraux qui sont des personnes


physiques auxquelles le conseil d'administration, sur proposition du Président,
peut donner mandat « d'assister » ce dernier. Cette fonction d'assistance et les
pouvoirs qui s'y attachent ne sont pas expressément précisés par la loi, mais on
peut affirmer qu'ils découlent des pouvoirs et attributions du Président, en ce
sens que, dans la limite du mandat du conseil d'administration, le Directeur
Général ou les directeurs généraux peuvent accomplir tout ou partie des actes
entrant dans les fonctions de direction générale, de représentation de la société
envers les tiers et d'action en toutes circonstances au nom de la société. Par
ailleurs, à l'égard de la société, les directeurs généraux sont investis des pouvoirs
dont le conseil d'administration détermine, sur proposition du Président,
l'étendue et la durée.

Quid des « autres membres du conseil d'administration », et plus précisément


des administrateurs ? Peuvent-ils être considérés comme des dirigeants de droit
au sens de titulaires d'une fonction impliquant des pouvoirs de gestion et de
direction et pouvant par conséquent entraîner la mise en jeu de leur
responsabilité pénale ? La question peut paraître superflue du point de vue d'une
interprétation stricte des dispositions de la loi 17-95 et notamment de celles de

13
H. cherkaoui2003, Droit commercial, 2ème éditions.

19
son titre XIV susvisé : ce titre semble en effet viser tous les membres des
organes du conseil d'administration y compris les administrateurs.

La question mérite pourtant d'être examinée à la lumière de certains éléments,


certes peu nombreux, empruntés à la loi, à la jurisprudence et à la doctrine.

Tout d'abord, la loi confère certes aux administrateurs, à travers les pouvoirs du
conseil d'administration, « les pouvoirs les plus étendus pour prendre en toutes
circonstances toutes décisions nécessaires à la réalisation de son objet social, au
nom de la société.. » (article 69), mais elle fait une distinction entre les
« administrateurs dirigeants » et « les administrateurs non dirigeants ». Cette
distinction 'est ce qui découle de l'article 76 qui dispose : « les administrateurs
non dirigeants sont particulièrement chargés, au sein du conseil, du contrôle de
la gestion et du suivi des audits internes et externes. Ils peuvent constituer entre
eux un comité des investissements et un comité des traitements et
rémunérations ». Or, les fonctions de contrôle de la gestion et du suivi des audits
sont justement à l'opposé de la direction et de la gestion et relèvent plutôt des
pratiques du « gouvernement d'entreprise » qui préconisent la séparation des
deux types de fonction avec les conséquences que cela peut signifier pour la
partie susceptibles de se voir engager sa responsabilité pénale.

Cette distinction est admise par la doctrine française. En effet, et bien que les
dispositions du code de commerce français applicables aux la loi française sur
les sociétés commerciales applicables aux sociétés anonymes ne font pas de
distinction entre l'administrateur- dirigeant et l'administrateur non dirigeant,
cette la doctrine française relève les incertitudes entourant la véritable nature de
la fonction d'administrateur. Ainsi le Professeur Paul Le Cannu souligne
l'ambiguïté qui entoure la nature de la fonction d'administrateur (non dirigeant),
dont les tâches ne sont pas comparables à celles de la direction générale et qu'on
ne peut ranger parmi les mandataires sociaux car la réalité des pouvoirs

20
appartient au conseil et non pas aux administrateurs individuellement14. Il
regrette que « les administrateurs doivent encore être considérés comme
dirigeants de droit pour l'application du droit des procédures collectives et pour
de nombreuses dispositions du droit pénal des sociétés » malgré la réforme
introduite par la loi Nouvelle Réglementation Economique et alors même que
« les idées de corporate governance conduisent à faire cohabiter au sein du
même organe des administrateurs « exécutifs » et des administrateurs
« indépendants » qui contrôlent les premiers.

Il apparaît donc, du moins en droit dans le cas marocain, que la responsabilité


pénale du dirigeant de droit de la société anonyme à conseil d'administration ne
concerne que les administrateurs dirigeants à l'exclusion des administrateurs non
dirigeants au sens de l'article 76 précité.

Quant au cas de la société anonyme à directoire et à conseil de surveillance, si


l'identification, en droit marocain des sociétés, du dirigeant de droit ne pose pas
de problèmes en ce qui concerne les membres du directoire, l'absence de
distinction expresse par ce droit, à l'instar de la SA, entre administrateur
dirigeant et administrateur non dirigeant autorise-t-elle les mêmes
interprétations ?

Avant de répondre à cette question, il convient d'abord d'identifier les dirigeants


de droit susceptibles d'engager leur responsabilité pénale dans une société
anonyme à directoire et à conseil de surveillance, et ce du point de vue des
fonctions et des pouvoirs de gestion et de direction qui s'y attachent de par la loi.

Ainsi, dans ce type de SA, sont incontestablement des dirigeants de droit au sens
de l'article 373 de la loi 17-95 et donc susceptibles d'engager leur responsabilité
pénale :

14
Paul Le Cannu, Droit des sociétés, Montchrestien, 2ème édition, 2003

21
- les membres du directoire, personnes physiques, actionnaires ou non, nommés
par le conseil de surveillance, et peuvent être salariés ou non salariés (article 78
et 79) ;

- le Président du directoire nommé également par le conseil de surveillance


parmi les membres du directoire ;

- le cas échéant, le directeur général unique lorsque une seule personne est
nommée pour exercer les fonctions du directoire.

Toutes ces personnes tiennent leurs pouvoirs de l'article 102 qui dispose que le
directoire est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute
circonstance au nom de la société. L'exercice de ces pouvoirs est et reste, de
droit, de nature collégiale, même s'ils répartissent entre eux les tâches de la
direction. Il en résulte que leur responsabilité pénale peut être engagée
collectivement.

S'agissant particulièrement du président du directoire ou, le cas échéant, du


directeur général unique, il représente la société dans ses rapports avec les tiers
sauf si les statuts habilitent le conseil de surveillance à attribuer le même
pouvoir de représentation à un ou plusieurs membres du directoire auquel cas ils
portent alors le titre de directeur général (article 103).

S'agissant des « membres du conseil de surveillance », au sens de l'article 373


susvisé « dont la mission est d'exercer « le contrôle permanent de la gestion de
la société par le directoire (article 104), ils sont nommés par les statuts, et au
cours de la vie sociale, par l'assemblée générale ordinaire. Ces membres doivent
ils être considérés comme des dirigeants de droit au sens de titulaires de
pouvoirs de direction et de gestion ?

Opérant une distinction entre la gestion et la direction de la Société Anonyme,


qui sont attribuées au directoire, et la surveillance de sa gestion attribuée au

22
conseil de surveillance, la doctrine française estime que « le conseil de
surveillance ne participe pas à la gestion et n'assume aucune fonction de
direction ; donc ses membres ne peuvent se voir appliquer une quelconque
responsabilité en vertu de la loi du 25 janvier 1985. La limite de cette «
« intouchabilité » des membres du conseil de surveillance est leur cantonnement
strict au rôle que leur a attribué la loi du 24 juillet 1966 » . Par exemple « les
membres du conseil de surveillance ne peuvent être condamnés en tant que
dirigeants de droit au comblement du passif et aux autres sanctions frappant ces
dirigeants dans le cadre des procédures collectives », sauf s'ils s'immiscent dans
la gestion, auquel cas ils peuvent être poursuivis et condamnés en tant que
dirigeants de fait15.

Bien que le problème soit posé de manière identique en droit marocain, il ne


semble pas que ces analyses soient, du point de vue d'une stricte interprétation
du droit pénal, admises dans le cas du conseil de surveillance de la SA
marocaine à directoire et conseil de surveillance. En effet, si dans le cas de la
SA à conseil d'administration, la loi marocaine 17-95, dans son article76, laisse
entendre qu'une distinction puisse être faite entre l'administrateur non dirigeant
et l'administrateur dirigeant (ce qui n'est pas le cas de la SA française), le silence
de cette loi sur cette distinction en ce qui concerne les membres du conseil de
surveillance ne semble pas permettre d'enlever à la totalité de ces membres la
qualité de dirigeants de droit sur la base du seul critère de la séparation entre les
fonctions et les pouvoirs de direction confiés au directoire et la fonction de
contrôle de la gestion de ce directoire confiées au conseil de surveillance. En
d'autres termes, le critère de la séparation des fonctions de direction et des
fonctions de contrôle est nécessaire mais il n'est pas suffisant. Il faut aussi que le
législateur en tire expressément les conséquences au plan de la qualité à attribuer
au membre du conseil de surveillance comme il l'a fait pour les membres du

15
Jen Paul Antona, Philippe Colin et François Lengarlt : la responsabilité pénale des cadres et des dirigeants
dans le monde des affaires, Dalloz-Delta, 1996

23
conseil d'administration. En l'absence d'une telle volonté de la part du
législateur, et en application du principe de stricte interprétation des dispositions
pénales, peuvent engager leur responsabilité pénale, en application du titre XIV
de la loi 17-95, tous les membres du conseil de surveillance même si leur
fonction est strictement limitée au contrôle de la gestion du directoire.

Depuis la promulgation de la loi 17-95 du 30/8/1996, La société anonyme peut


être gérée de deux façons : Gestion classique avec Conseil d’administration et
nouvelle gestion avec Directoire et Conseil de surveillance. En, en cours de la
vie de la société classique à Conseil d’administration, la SA peut introduire cette
nouvelle forme de SA. Auquel cas, il faut que la dénomination sociale soit
précédée ou suivie des mots »société anonyme à directoire et à conseil de
surveillance ». 16

Gestion classique (SA à Conseil d’administration) :

• Désignation des organes de gestion


- l'Assemblée Générale des actionnaires (A.G) désigne les administrateurs trois
(3) au moins douze (12) au plus ou encore quinze (15) si la société est inscrite à
la Bourse Ils constituent le conseil d'administration qui élit son président, fixe
ses pouvoirs. Il peut le révoquer à tout moment. Les membres du conseil sont
révoqués par l'AG. Si le président du conseil d'administration cumule ces
fonctions et celles de directeur général, il est dit « Président Directeur Général »
(P.D.G).
Les administrateurs sont nommés pour 3ans dans les statuts et 6 ans au
maximum par l’assemblée générale. Ils sont rééligibles sauf clause contraire.
Un Salarié ne peut être nommé administrateur que s’il a un emploi effectif et

16
Philippe Merle, Droit commercial : sociétés commerciales ,2017,20e édition Dalloz

24
qu’il a le minimum d’actions fixé par les statuts. Mais le nombre des
administrateurs liés par contrat à la société ne peut dépasser le tiers (1/3) des
membres.

• Pouvoirs et responsabilité des organes exécutifs


- le conseil d'administration gère la société.
- Le PDG représente la société, et exerce la direction générale.
- Le conseil d'administration et le PDG engagent la société vis-à-vis des tiers par
leurs actes, même en dehors de l'objet social.
- Entre associes, les statuts peuvent limiter les pouvoirs des organes de gestion.
Les décisions interdites doivent être autorisées par l'AG. Les administrateurs et
le PDG sont responsables de leurs fautes de gestion, ainsi que des infractions à
la loi et aux statuts, vis-à-vis des actionnaires.
- Les conventions passées entre un dirigeant social et la société doivent être
autorisées par le conseil d'administration et cette autorisation doit être confirmée
par l'AG.

Gestion avec directoire et Conseil surveillance

• Désignation des organes de gestion:


- L’assemblée des actionnaires désigne le conseil de surveillance (3 à 12
membres et 15 si la société est cotée en bourse) pour 8 ans, et peut révoquer ses
membres.
- Le conseil de surveillance désigne les membres du directoire (5 membres au
plus et 7 si la société est cotée en bourse) pour 4 ans. Il peut designer des
personnes qui ne sont pas actionnaires. Il désigne aussi le président du
directoire. Les membres du directoires et le président sont révoqués par l’AG sur
proposition du conseil de surveillance, pour justes motifs.
Les membres doivent être des personnes physiques. Si le capital est inférieur à

25
1.500.000 DH, le directoire peut être exercée par une seule personne avec le titre
de directeur général unique

• Pouvoirs des organes de gestion:


Le directoire et son président ont les mêmes pouvoirs et responsabilités que le
conseil d’administration et son président.
Si le président du directoire représente la société dans ses rapports avec les tiers,
le conseil de surveillance exerce le contrôle permanent de la gestion.

Les assemblées générales d’actionnaires

On distingue les assemblées générales et les assemblées spéciales. Les


assemblées générales sont soit ordinaires (AGO) soit extraordinaires (AGE)

- L’AGE : réunion des actionnaires qui prend ses décisions a la majorité des
2/3.IL est seule habilitée à modifier les statuts.

- L’AGO : réunion des actionnaires qui prend ses décisions a la majorité simple
(50%+1). Il prend toutes les autres décisions (Approbation des comptes et
nomination des organes de gestion).

- L’AG spéciale : est compétente pour prendre toute décision concernant la


catégorie d’actions dont les membres sont titulaires dans les conditions prévues
par la loi. Elle délibère à la majorité simple des voix présentes ou représentées
(50%+1)

26
Chapitre 2 : Les limites des pouvoirs des dirigeants sociaux.

« Tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser jusqu’à ce qu’il trouve
des limites». Cette citation de Montesquieu (De l’esprit des lois, 1748) exprime
une des préoccupations que peuvent avoir les associés d’une société lorsqu’ils
nomment un dirigeant à la tête de celle-ci.

Et pour cause : les dirigeants qui ont la qualité de représentant légal ont le
pouvoir d’engager la société à l’égard des tiers. Par conséquent, en dehors du cas
particulier de l’associé unique, qui se trouve être par ailleurs seul dirigeant de sa
société, il est essentiel pour les associés de s’assurer que le(s) dirigeant(s) qu’ils
nomment géreront la société conformément aux objectifs qu’ils poursuivaient
lorsqu’ils ont pris la décision de la constituer ou d’investir dans celle-ci.

Dans ce contexte, il n’est pas rare de voir figurer dans les statuts ou dans
des pactes extra-statutaires les limitations de pouvoirs que les associés entendent
imposer aux dirigeants, en exigeant d’eux par exemple qu’ils soumettent les
décisions présentant un enjeu financier ou stratégique important à l’accord
préalable de la collectivité des associés.

Si dans l’ordre interne ces limitations de pouvoir sont de nature à permettre


aux associés d’engager la responsabilité voire de justifier la révocation du
dirigeant qui les outrepasserait, en revanche leur efficacité à l’égard des tiers
s’avère réduite. Il n’est pas inutile de faire un tour d’horizon des dispositions
légales et de l’état de la jurisprudence en la matière.17

17
MEDEF, « la délégation de pouvoirs », GPA « droit de l'entreprise », Décembre 2004

27
Section 1: Les limites légales.
Paragraphe 1er : L’objet social
A l’égard des tiers, les dirigeants ont en principe les pouvoirs les plus étendus
pour agir au nom de la société qu’ils représentent, dans la limite de l’objet social
et sous réserve des pouvoirs que la loi attribue expressément aux associés ou à un
autre organe social.

L’objet social étant la seule clause statutaire susceptible de constituer une


limitation des pouvoirs du dirigeant opposable aux tiers, il est essentiel d’apporter
un soin particulier à sa rédaction. Ainsi, la détermination de l’objet doit être
suffisamment explicite pour éviter que la société puisse être valablement engagée
par des actes sans rapport avec son activité, sans pour autant être trop rigide pour
ne pas scléroser celle-ci.

Pour apprécier les conséquences d’un éventuel dépassement de l’objet social, une
distinction s’impose entre les SARL et les sociétés par actions, d’une part, et les
sociétés de personnes, d’autre part. Pour les premières, le principe est que la
société est valablement engagée même par des actes ne relevant pas de l’objet
social, sauf si elle prouve que le tiers savait que l’acte dépassait cet objet ou qu’il
ne pouvait l’ignorer compte tenu des circonstances, étant précisé que la seule
publication des statuts ne suffit pas à constituer cette preuve. Pour pouvoir
remettre en cause un acte excédant son objet social, la SARL ou la société par
actions doit donc apporter la preuve de la mauvaise foi du tiers, en démontrant
que celui-ci connaissait l’objet social et qu’il était en mesure d’apprécier son
dépassement par l’acte du dirigeant. Dans les sociétés de personnes, en revanche,
le gérant ne peut engager la société que par des actes qui entrent dans l’objet
social. Dans ces sociétés, la connaissance par le tiers des contours de l’objet social
est indifférente ; la société est recevable à demander la nullité des actes n’entrant

28
pas dans son objet social, sans avoir à démontrer la mauvaise foi ou la négligence
du tiers contractant.

A l’examen de la jurisprudence, on constate que les juges interprètent


généralement l’objet social dans le sens le plus favorable aux tiers et donc à la
sécurité des contrats conclus avec une société. Cette approche est légitimée par
l’insertion fréquente dans les statuts de «clauses-balai» étendant l’objet social à
toute opération pouvant se rattacher directement ou indirectement à l’objet social
précité et à tous objets similaires ou connexes ou susceptibles d’en favoriser la
réalisation.

Paragraphe 2nd : L’interet social

Elle est la traduction de la conception de la société , l'intérêt social étant l'intérêt


de l'entreprise organisée comme personne morale avec une autonomie juridique
poursuivant ses fins propres, dans l'intérêt général commun des actionnaires, des
salariés, des créanciers et autres personnes intéressées pour en assurer la
prospérité et la continuité. 18On a pu ainsi qualifier l'intérêt social de « boussole
» des dirigeants, constituant "un impératif de conduite, une règle déontologique,
voire morale, qui impose de respecter un intérêt supérieur à son intérêt
personnel".19

L’attachement des dirigeants des grandes entreprises à la notion d’intérêt social,


parfois en opposition à la « shareholder value » correspond à la conception d’un
gouvernement d’entreprise qui traduit la publicisation des dirigeants des sociétés
qui a été conforté à l’occasion des privatisations. Cette notion s'oppose à celle
d' "intérêt personnel" et la Cour d'appel de Paris a réaffirmé que « les dirigeants

18
D. Schmidt, De l'intérêt social, JCP E 1995
19
Cozian, Viandier, Droit des Sociétés, 6ème édition

29
d’une société doivent en toutes circonstances s’abstenir d’exercer leurs
prérogatives à des fins personnelles ».20

La méconnaissance de l'intérêt social constitue une faute de gestion qui entraine


la responsabilité des dirigeants. 21 Par ailleurs, s’agissant d’un intérêt général,
l’intérêt social est sanctionné pénalement. La gestion qui n'est pas faite
exclusivement dans l'intérêt social est sanctionnée en tant qu'abus de biens
sociaux. Il est clair que nombre de dirigeants préfèrent risquer ces sanctions
plutôt qu’admettre un contrôle par le juge civil à l’initiative des actionnaires.

20
C.A. Paris, 14ème Chambre, Atticus /Groupe André, 15 mars 2.000
21
Cass.fr. com. 7 octobre 1997, Bull. Joly, Dec. 1997, p. 1074

30
Section 2 : Les limites statutaires.

Paragraphe 1er : Natures des limites statutaires.


Quelle que soit la forme sociale, la loi dispose que les clauses statutaires limitant
les pouvoirs du dirigeant sont inopposables aux tiers. Ce principe est appliqué
strictement par les juges, peu important que les tiers aient eu ou non connaissance
de la clause statutaire concernée. Ainsi, par exemple, une SARL n’a pas été
admise à demander que soit rendue opposable à sa banque la clause statutaire qui
imposait au gérant d’obtenir l’autorisation des associés avant de signer un acte de
prêt au nom de la société et, ce, quand bien même la banque avait eu
communication des statuts .

A l’inverse, il a été jugé que les tiers pouvaient invoquer une clause limitant les
pouvoirs du représentant légal d’une société anonyme pour justifier du défaut de
pouvoir de celui-ci d’exercer une action en justice au nom de la société .

De même, un salarié a été admis à se prévaloir d’une clause statutaire soumettant


les licenciements à l’autorisation des associés, pour faire juger que l’inobservation
de cette clause rendait son licenciement sans cause réelle et sérieuse .L’effet des
limitations de pouvoirs statutaires vis-à-vis des tiers jouerait donc uniquement
dans le sens le plus favorable à ces derniers puisqu’ils pourraient, s’ils y ont un
intérêt, se prévaloir de ces clauses alors même que la société ne pourrait pas les
leur opposer.

Les statuts peuvent cependant corriger cet écueil en interdisant expressément aux
tiers de se prévaloir des limitations de pouvoirs qu’ils prévoient. Les sociétés
auront donc tout intérêt à préciser dans leurs statuts que les limitations de pouvoirs
du dirigeant sont prévues seulement à titre de règlement intérieur et que, par
conséquent, elles ne peuvent être ni opposées aux tiers ni invoquées par eux.

31
Paragraphe 2nd : Les pactes extra statutaires

De la même manière que lorsqu’elles sont insérées dans les statuts, les limitations
de pouvoirs prévues dans un pacte extra-statutaire ne peuvent pas être opposées
aux tiers, en ce compris la société elle-même, si elle n’est pas partie au pacte. Ce
principe découle de l’effet relatif des contrats prévu dans le dahir des obligations
et des contrats.

Un associé signataire d’un pacte ne peut donc pas obtenir la remise en cause d’un
contrat conclu par la société en violation des limitations de pouvoirs que ce pacte
prévoit, ni même engager la responsabilité de la société si elle n’est pas partie au
pacte. 22

Se pose alors la question de savoir si un tiers ayant contracté avec la société, ou


encore la société elle même si elle n’est pas partie au pacte, pourrait se prévaloir
de celui-ci pour remettre en cause un acte conclu en violation des limitations de
pouvoirs qu’il prévoit. 23

Par un arrêt de principe de 2006, la Cour de cassation a admis qu’un tiers à un


contrat puisse invoquer, sur le fondement de la responsabilité délictuelle, un
manquement contractuel dès lors que ce manquement lui a causé un dommage.
Cette jurisprudence consacre une action de nature exclusivement indemnitaire et
ne devrait pas permettre à un tiers au contrat d’obtenir l’annulation d’un acte passé
en violation de celui-ci.

Toutefois, dans un arrêt de 2009 la chambre sociale de la Cour de cassation est


allée plus loin en jugeant que le non-respect d’un pacte d’actionnaires prévoyant

-23 Pouvoi s des di igea ts : l’effet des statuts et des pactes extra-statutaires vis-à-vis des tiers – Article paru
22

dans le magazine Option Droit & Affaires le 8 juin 2016

32
que le licenciement de certains salariés doit être autorisé par le conseil de
surveillance rend le licenciement desdits salariés sans cause réelle et sérieuse.

33
Partie 2 : L’infraction sociétale

Le droit pénal des affaires est l'ensemble des infractions qui peuvent se
commettre dans la vie des affaires. Le droit pénal des affaires est la branche du
droit pénal qui sanctionne les atteintes à l’ordre financier, économique et social et
à la qualité de la vie, mais aussi les atteintes à la propriété, la foi publique,
l’intégrité physique lorsque l’auteur a agi dans le cadre de l’entreprise ou pour le
compte de celle-ci. 24 Le droit pénal des affaires est, donc, du droit pénal,
s’appliquant au monde des affaires. Il emprunte ainsi aux grandes branches du
droit pénal.

En droit pénal marocain des affaires, « La criminalité d’affaires s’entend de


toutes les infractions qui violent les normes légales faites par l’Etat pour
réglementer la vie des affaires ». Actuellement cette matière est désignée plus par
« criminalité d’affaires » que de « droit pénal des affaires ». Dans la littérature
criminologique, la criminalité d’affaires est apparue sous l’expression «
criminalité en col blanc »25. Cette conception se développe autour de trois thèmes:
le crime, l’auteur et la société.

24
Corinne Mascala,, « la recherche de l'efficacité du droit pénal des affaires », collection colloques et débats,
LITEC.
25
M. COZIAN, A. VIANDIER, F. DEBOISSY, Droit des sociétés, 17é édition, 2004

34
Chapitre 1 : Droit pénal spécifique au Droit des sociétés.

Le titre XIV de la loi 17-95 (art 373-424) intitulé « dispositions pénales » a été
largement modifié complété par la loi 20-05 qui a supprimé certaines dispositions
et expressions, et allégé certaines sanctions, notamment substitution de peines
privatives de libertés par des peines pécuniaires (amendes).

Ce titre constitue un véritable code pénal des sociétés. Le nombre d’infractions


susceptibles d’être commises à l’occasion de la constitution, du fonctionnement
et de la dissolution et liquidation des sociétés

Il faut souligner que ce droit pénal ne touche pas tous les types de sociétés, y
compris les sociétés en nom collectif ou les sociétés en commandite simple. C’est
surtout, aux sociétés par actions et la SARL que le législateur a consacré
l’essentiel de son arsenal répressif avec des exigences spéciales si les sociétés font
publiquement appel à l’épargne ou si leurs titres sont inscrits à la cote des bourses
de valeurs. 26

Les infractions relatives aux sociétés commerciales peuvent être commises tout
au long des différentes étapes de la vie sociale.

26
-Jean-François Goffin, Bruno Colmant, Grégory de Sauvage, Responsabilités des dirigeants de
sociétés,Éditions Larcier, 3e édition 2012.

35
Section 1 – Les infractions liées à la constitution des
sociétés.

En droit pénal marocain des affaires, au niveau de la constitution de la société, le


législateur marocain a mis en place un ensemble de formalités devant aboutir à
l’acquisition par la société de la personnalité morale, après son immatriculation
au RC.

Ces formalités bien qu’ayant un caractère formel, le chef d’entreprise doit leur
prêter attention, car toute négligence peut constituer une infraction passible d’une
sanction.27

27
-Paul Decroux , les sociétés en droit marocain, éditions La Porte, 1985

36
Paragraphe 1er : Refus de dépôt des pièces ou d’actes au registre de commerce
ou défaut de publicité prévue par la Loi.

C’est le chapitre IX de la loi 17-95 tel que modifié et complété 20-05 (articles
419-420) qui réglemente ce type d’infractions.

En droit pénal marocain des affaires, aux termes de l’article 420 de la loi 17-95,
sans préjudice de l'application de législations particulières notamment celle
relative aux informations exigées des personnes morales faisant appel public à
l'épargne28, sera puni d’une amende de 10.000 à 50.000 dirhams (au lieu d’un
emprisonnement de un à trois mois et d'une amende de 8.000 à 40.000 ou de l’une
de ces deux peines seulement), tout fondateur, administrateur, directeur général,
directeur général délégué ou membre du directoire qui ne procède pas dans les
délais légaux :

- soit à un ou plusieurs dépôts de pièces ou d’actes au greffe du tribunal,

- soit à une ou plusieurs mesures de publicité prévues par la loi relatives aux SA.

Ainsi, l’article 420 établit deux infractions :

- Les infractions relatives aux formalités de dépôt : celle ou l’auteur de


l’infraction ne procède pas au dépôt des pièces ou d’actes au greffe du
tribunal.Il s’agit, au moment de la constitution de la société, de la
déclaration de souscription et de versement à laquelle sont annexés la liste

28
-Rachid Lazrak, Le nouveau droit pénal des sociétés au Maroc, editions La Porte, 1997

37
des souscripteurs, l’état des versements effectués par chacun d’eux et un
exemplaire ou une expédition des statuts.

- Infractions relatives aux formalités de publicité :

Il s’agit là de la deuxième infraction qui consiste à ne pas procéder dans les délais
légaux, aux formalités de publicités prévues par la loi et particulièrement par
l’Article 33 de la loi 17-95 abrogé et remplacé par l’article 2 de la loi 20-05 qui a
supprimé la double publicité notamment celle précédant l’immatriculation.
Signalons enfin que l’article 108 de la loi 5-96 relative aux autres sociétés
commerciales établit les mêmes délits pour les mêmes infractions.

Paragraphe 2nd : Le défaut d’indication de certaines mentions sur les


documents de la société.

C’est une infraction qui concerne toutes les sociétés commerciales. Pour
les sociétés anonymes, c’est l’article 419 de la loi 17-95 qui punit d'une amende
de 1.000 à 5.000 dirhams, les membres des organes d'administration, de direction
ou de gestion d'une société anonyme qui auront omis d'indiquer sur les actes ou
documents émanant de la société et destinés aux tiers la dénomination sociale,
précédée ou suivie immédiatement de la mention « société anonyme » ou des
initiales « SA » ou de la mention prévue à l'article 77 (3e alinéa), ainsi que
l'énonciation du montant du capital social et du siège social. 29

29
-Rachid Lazrak, Le nouveau droit pénal des sociétés au Maroc, editions La Porte, 1997

38
En fait, l’article 419 renvoie à l’article 77 de la même loi qui prévoit la
constitution, au choix, de société anonyme à directoire et à conseil de surveillance.

Le même délit est prévu pour la société anonyme simplifiée (art 438) qui dispose
: « Sera puni d'une amende de 2.000 à 10.000 dirhams, le président d'une société
anonyme simplifiée qui aura omis d'indiquer sur les actes et documents émanant
de la société et destinés aux tiers la dénomination sociale, précédée ou suivie
immédiatement de la mention “ société anonyme simplifiée ” ou des initiales “
SAS ”, ainsi que l'énonciation du montant du capital social et du siège social ».

L’article 112 de la loi 5-96 relative aux autres sociétés commerciales prévoit le
même délit et la même sanction.Remarquons que dans tous les cas, l’élément
intentionnel est absent, il s’agit d’un délit d’omission ce qui explique que la
sanction est purement pécuniaire.

39
Section 2 : Les infractions liées aux comptes sociaux et au capital
social .

Ce sont les infractions qui peuvent être commises à l’occasion de la


recherche du capital ou qui sont liées à sa structure.

Paragraphe 1er :Infractions liées à la souscription et au versement du capital.

L’article 379 de la loi 17-95 punit d'un emprisonnement de un à six mois et d'une
amende de8 000 à 40000 dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement :

1) ceux qui, sciemment, pour l'établissement du certificat du dépositaire


constatant les souscriptions et les versements auront affirmé sincères et véritables
des souscriptions qu'ils savaient fictives ou auront déclaré que les fonds qui n'ont
pas été mis définitivement à la disposition de la société ont été effectivement
versés, ou auront remis au dépositaire une liste des actionnaires mentionnant des
souscriptions fictives ou le versement de fonds qui n'ont pas été mis
définitivement à la disposition de la société ;

2) ceux qui, sciemment, par simulation de souscriptions ou de versements, ou par


publication de souscriptions ou de versements qui n'existent pas ou de tous autres
faits faux, auront obtenu ou tenté d'obtenir des souscriptions ou des versements ;

3) ceux qui, sciemment, pour provoquer des souscriptions ou des versements,


auront publié les noms de personnes, désignées contrairement à la vérité comme
étant ou devant être attachées à la société à un titre quelconque .
40
Paragraphe 2nd : Les infractions liées à la surévaluartion des apports en
nature .

En droit pénal marocain des affaires, L’article 379 de la loi 17-95 dans son dernier
alinéa, punit d’un à six mois et/ou une amende de 8000 à 40000 dhs « ceux qui,
frauduleusement, auront fait attribuer à un apport en nature une évaluation
supérieure à sa valeur réelle »

Il s’agit là d’une infraction qui peut survenir, soit à la création de la société, soit
au cours de son fonctionnement, notamment à l’occasion de l’augmentation de
son capital.

L’élément matériel du délit consiste à attribuer à un apport en nature, une


évaluation supérieure à sa valeur réelle . Le délit est établi à partir du moment où
la valeur surévaluée de l’apport en nature a été adoptée par les actionnaires sur la
base de faux documents ou d’expertise inexacte.

Il convient de rappeler ici la procédure exigée par la loi lorsqu’il y’a un apport en
nature que ce soit lors de la création ou l’augmentation du capital social .

41
Section 3 : Infractions liées au fonctionnement des sociétés .

Paragraphe 1er : infractions liées à l’exercice des fonctions d’administration et


de direction de la société .

I- L’ABUS DE BIENS SOCIAUX :

En droit pénal marocain des affaires, L’abus de biens sociaux constitue


l’infraction la plus courante du droit pénal des sociétés.30 C’est l’article 384 de
la loi 17-95 et article 107 de la loi 5-96 qui répriment ce délit. L’article précité
dispose: Seront punis d'un emprisonnement de un à six mois et d'une amende de
100 000 à 1 000 000 de dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement les
membres des organes d'administration, de direction ou de gestion d'une société
anonyme :

Il ressort de cs textes que le délit suppose la réunion de quatre éléments :

1) un acte d’usage de biens, du crédit ou des pouvoirs ;

La notion d’usage vise à sanctionner les actes qui consistent à s’approprier


directement des biens appartenant à la société ou à faire payer par celle-ci des
dépenses à caractère strictement personnel. L’article 384 distingue trois sortes
de notions :

- Usage de biens : Exemple : utilisation du matériel de la société pour des


constructions ou des réparations dans des maisons personnelles
- Usage de crédit : Le crédit d’une société, c’est sa surface financière, sa
capacité à emprunter, à garantir, à cautionner. C’est aussi, sa réputation, la
confiance qu’elle inspire.
- L’usage de pouvoirs :Exemple : donner des ordres à des salariés de la
société pour l’accomplissement de travaux dans son intérêt
personnel,salariés qui sont subordonnées et doivent obéissance aux
dirigeants sociaux.

30
H.CHARKAOUI, Société anonyme, 1er édition 1997

42
2) un acte contraire à l’intérêt de la société

l’usage de biens ou du crédit de la société ou l’usage des pouvoirs possédés par


les dirigeants sociaux n’est punissable que s’il est contraire aux intérêts de la
société.

3) un acte accompli dans un intérêt personnel

Le délit ne suppose pas seulement que l’acte incriminé soit contraire à l’intérêt
social. Les textes exigent, en outre, que les coupables aient fait usage des biens
ou du crédit de la société ou des pouvoirs qu’ils détiennent « à des fins
personnels ou pour favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle ils
étaient intéressés directement ou indirectement ».

Il est à noter que l’article 384 de la loi 17-95 et l’article 107 de la loi 5-95
sanctionnent des délits intentionnels ,ils exigent à la fois que le coupable ait agi
de « mauvaise foi » et à la fois qu’il « savait » que l’usage des biens, du crédit
ou des pouvoirs était contraire à l’intérêt de la société

II-LA REPARTITION DE DIVIDENDES FICTIFS :

Dans la SA L’Article 384 de la loi 17-95 dispose : « Seront punis d'un


emprisonnement de un à six mois et d'une amende de 100 000 à 1 000 000 de
dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement les membres des organes
d'administration, de direction ou de gestion d'une société anonyme qui, en
l'absence d'inventaire ou au moyen d'inventaires frauduleux, auront, sciemment,
opéré entre les actionnaires la répartition de dividendes fictifs.

Ainsi selon l’article 384 al 1 de la loi 17-95, le délit de répartition de dividendes


suppose :

1- l’absence d’inventaire

43
2- inventaire frauduleux

3- la fictivité du dividende

4- le paiement du dividende fictif

III-LA PUBLICATION ET PRESENTATION DE COMPTES ANNUELS NE


DONNANT PAS UNE IMAGE FIDELE

Dans la SA L’Article 384 de la loi 17-95 dispose : « Seront punis d'un


emprisonnement de un à six mois et d'une amende de 100 000 à 1 000 000 de
dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement les membres des organes
d'administration, de direction ou de gestion d'une société anonyme qui, même
en l'absence de toute distribution de dividendes, auront sciemment publié ou
présenté aux actionnaires, en vue de dissimuler la véritable situation de la
société, des états de synthèse annuels ne donnant pas, pour chaque exercice, une
image fidèle du résultat des opérations de l'exercice, de la situation financière et
du patrimoine, à l'expiration de cette période .

La présentation de comptes annuels infidèles est une infraction constituée


d’abord, par la présentation de ces comptes annuels; ensuite, par le fait que ces
comptes ne présentent pas la réalité de l’économie de l’entreprise lors de
l’assemblée générale des associés; ou lors de la mise à disposition au siège
social des comptes

En cas de condamnation est punie de la même peine et concerne tous les


individus, souvent extérieurs à la société en question, qui aident d’une manière
active ou passive l’auteur principal à commettre l’infraction, Ex: commissaire
aux comptes qui donne des conseils à un dirigeant en vue de présenter ce bilan
comportant de graves inexactitudes.

44
Paragraphe 2nd : infractions d’affaires .

I- La banqueroute

Les dirigeants peuvent faire l'objet d'une sanction pénale de banqueroute.


L'infraction de banqueroute31 ne peut être relevée par le tribunal correctionnel que
lorsque le tribunal de commerce a préalablement ouvert une procédure de
redressement judiciaire en constatant la réunion des conditions de fond prescrites
par la loi : la qualité du débiteur, l'état de cessation des payements.

L'indépendance de l'action publique et de l'action civile ne se conçoit pas dans ce


cas. C'est bien ce qui résulte de l'article 721 du code commerce marocain.La
banqueroute est punie d'un an à cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de
10000 à 100000 dhs ou l'une de ces deux peines seulement.

La peine est aggravée et portée au double lorsque le banqueroutier est dirigeant,


de droit ou de fait, d'une société dont les actions sont cotées en bourse.

L'action publique est déclenchée par le ministère ou sur constitution de partie


civile, par les mandataires de justice intervenant dans la procédure. Un créancier
ne peut se constituer partie civile que s'il justifie d'un préjudice individuel. Le juge
répressif peut aussi en complément prononcer la faillite personnelle ou
l'interdiction de diriger. Les personnes morales faisant l'objet de sanctions
spécifiques.32

Il est à noter qu'au sens de l'article 722, alinéa 2 de la loi 15-95, les complices de
banqueroute encourent les peines de banqueroute même s'ils n'ont pas la qualité
de dirigeant d'entreprise.

31
Dahir n° 1-59-415 du 28 joumada II 1382 (26 novembre 1962) portant approbation du texte du code pénal
marocain, dans son article 556
32
Droit pénal des affaires:Réflexions sur la banqueroute par détournement ou dissimulation d'actifs / Abdelaziz
EL IDRISSI ,Revue marocaine de droit des affaires et des entreprises (remadae), 16 (05/2009)

45
II-Délit d’initié

Le délit d'initié est une infraction pénale fréquente dans le milieu boursier
commise par une personne nommée " l'initié ". Celui-ci exécute des transactions
boursières sur la base d'informations dont ne disposent pas les autres, c.à.d. qu'il
a un avantage concurrentiel sur les autres mais dont l'origine est illicite. En
d'autres termes, le spéculateur est sûr de gagner.

Au Maroc, le délit d'initié est régi par le Dahir portant loi n° 1-93-212 relatif au
Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM) et aux informations
exigées des personnes morales faisant appel public à l'épargne.

Aux termes de l'article 25 de ce même Dahir, le délit d'initié est le fait pour une "
personne disposant dans l'exercice de sa profession ou de ses fonctions,
d'informations privilégiées et qui les aura utilisées pour réaliser ou permettre
sciemment de réaliser sur le marché soit directement soit par personne interposée,
une ou plusieurs opération ".

Est considérée comme " information privilégiée " selon le même article " toute
information relative à la marche technique, commerciale ou financière d'un
émetteur ou aux perspectives d'évolution d'une valeur mobilière, encore inconnue
du public et susceptible d'affecter la décision d'un investisseur ".

Les personnes susceptibles d'être en situation d'initié sont nombreuses. On peut


toutefois distinguer entre les " initiés permanents " et les " initiés occasionnels ".

46
Les personnes en position " d'initiés permanents " sont des personnes qui, de par
leur position ou leur fonction, ont accès de façon régulière à des informations
privilégiées. Il peut s'agir des dirigeants d'une société cotée ou d'une de ses filiales,
ainsi que de toutes personnes participant habituellement au processus
d'établissement des comptes de la société cotée.

Les personnes en position " d'initiés occasionnels " sont celles qui bénéficient
d'informations privilégiées à l'occasion de l'exercice de leur profession ou de leur
fonction. Ces personnes peuvent appartenir à la société cotée ou entretenir avec
elle uniquement des relations professionnelles. Il peut s'agir en particulier, des
partenaires contractuels, des avocats ou conseillers intervenant dans une
négociation ou une décision importante sur la situation de la société cotée, ou dans
des opérations financières en préparation.

Les agissements de ces initiés sont réprimés sur le plan pénal par
l'emprisonnement de trois mois à deux ans et d'une amende pouvant atteindre le
quintuple du profit éventuellement réalisé, sans qu'elle puisse être inférieure à 200
000 dirhams, ou de l'une de ces peines seulement.

Cette sanction est également valable pour toute personne possédant " en
connaissance de cause des informations privilégiées sur les perspectives ou la
situation d'une société dont les titres sont cotés à la Bourse des valeurs ou sur les
perspectives d'évolution d'une valeur mobilière, qui réalise ou permet de réaliser,
directement ou indirectement, une opération ou communique à un tiers des
informations, avant que le public ait connaissance de ces dernières ".

47
Les membres du conseil d'administration du CDVM ainsi que son personnel
engagent également leur responsabilité s'ils réalisent - directement ou par
personne interposée - des opérations sur les titres d'une personne morale ayant
présenté un document d'information au visa du CDVM.

Ainsi, encourent-ils la révocation lorsque les transactions auraient été réalisées


avant que le contenu du document d'information n'ait été rendu public (art 30 du
Dahir portant loi n° 1-93-212).

Ce délit permet aux initiateurs de réaliser un profit qui s'entend selon l'article 25
comme étant la différence entre le prix auquel l'opération initiale a été faite et le
cours moyen du titre constaté pendant les 15 jours de bourse suivant soit la
diffusion de l'information privilégiée soit la rectification des informations fausses
ou trompeuses.

La constatation de ces infractions est faite sur la base des enquêtes réalisées par
le CDVM à travers ses agents spécialisés ou encore par les agents de police
judiciaire. Ceux-ci sont autorisés à convoquer et entendre toute personne
susceptible de leur fournir des informations en rapport avec leur mission.

En effet, le CDVM est habilité à réaliser des enquêtes auprès des sociétés de
bourse, des OPCVM, des fonds de placements collectifs en titrisation, du
dépositaire central (MAROCLEAR) ainsi que des organismes de placement en
capital risque (art 24 du Dahir portant loi n° 1-93-212).

48
Partie 3 : Illustration jurisprudentielle

La suivante illustration concerne l’arrêt n°897 de la chambre criminelle près de la


cour de cassation datant du 20 Mai 2015 dans le cadre du dossier n°3500-
3501/6/7/2015. (Annexe 1)

49
Chapitre 1 : Présentation de l’arrêt.

La suivante illustration concerne l’arrêt n°897 de la chambre criminelle


près de la cour de cassation datant du 20 Mai 2015 dans le cadre du dossier
n°3500-3501/6/7/2015. (Annexe 1).

50
Section 1 : Les Faits.

Attendu le pourvoi en cassation datant du 01/12/2014 à l’encontre de l’arret de la


cour d’appel de marrakech datant du 24/11/2014 dans le dossier n°
1458/2602/2013 infirmant le jugement de première instance ayant innocenté
l’inculpé du délit de disposition de mauvaise foi de biens communs et de fonds
sociaux ; et statuant à nouveau en déclarant l’inculpé coupable fixant sa peine à
deux mois d’emprisonnement avec surcis et une amende de 1000 dirhams et à des
indemnités civile de 100000 dirhams.

51
Section 2 : Les moyens de pourvoi.

Paragraphe 1er : La violations des dispositions de l’article 365 du code de


procédure pénale.

Le demandeur au pourvoi reproche à l’arret pourvu en cassation la non-


désignation du nom du greffier ce qui demeure inadéquat vis-à-vis des
dispositions de l’article 12 du code de procédure pénale.

Paragraphe 2 : L’application viciée des dispositions de l’article 523 (alinéa 2)


du code pénal.

Le demandeur au pourvoi considère que la cour a maladroitement motivé sa


décision en considérant que le transfert par dirigeant-associé des fonds de la
société à son compte propre auprès d’un établissement bancaire français sans
l’autorisation de son associé ni la tenue d’une assemblée générale est une
disposition de malintentionnée de fonds sociaux.

Or le demandeur au pourvoi a bien précisé lors de son audition préléminaire que


la raison du transfert de ces fonds à son compte propre en France n’est autre
qu’une compagne publicitaire à l’étrangers sans aucune intention de s’accaparer
de ces fonds. Il précise que cette décision a bien été prise entre associés sans que
cela n’ait eu besoin de tenir une assemblée générale d’autant plus qu’il est
dirigeant social.

Il ajoute aussi que selon la motivation de la cour reste incomplète du fait qu’elle
n’a pas mis en exergue l’élément matériel et l’intention criminelle pour dire si oui
ou non le demandeur au pourvoi a bien disposé mal intentionnellement de fonds
sociaux.

52
Chapitre 2 : Discussion de la motivation de la cour.

Section 1 : Motivation de la cour

Concernant le premier moyen de cassation, la cour considère que la non-


désignation du nom complet du greffier n’est pas un moyen de cassation valide
du moment que le procès verbal de l’audience mentionne bien le nom du greffier
y siégeant.

Concernant le second moyens , étant donné que le demandeur au pourvoi a


déclaré lors de son audition préliminaire qu’il a effectivement procédé au
transfert de fonds de l’hôtel AZZAHIA qu’il dirige, appartenant à la société
AVAITPOREURO, à son compte personnel en France en surplus d’autres
sommes qu’il garde prétendant qu’il attend l’établissement d’une comptabilité
avec la société, la cour a correctement appliqué les dispositions de l’article 523
du code pénal en considérant ces déclarations comme étant des aveux claires de
la part du demandeur au pourvoi .

Dans ce sens la cour s’est suffit de ces déclarations en les retenant comme
moyens de preuve à charge du demandeur au pourvoi, infirmant ainsi le
jugement de première instance et en le condamnant pour les faits reprochés.

La cour de cassation à son tour a considéré que la cour d’appel a utilisé


corrrectement son pouvoir d’appréciation des moyens de preuve qui lui sont
soumis et qu’elle a bien établi les élément matériel et intentionnel de l’article de
poursuite, ce pourquoi son arrêt reste motivé suffisamment rejetant les moyens
de cassation .

53
Section 2 : Vers une dépénalisation de la vie pénale.

La dépénalisation du droit de la vie des affaires est une attente forte des acteurs
économiques. Le caractère déstabilisant pour l’entreprise et ses dirigeants de la
procédure pénale, son impact médiatique à la fois trop fort lors de la mise en
examen et trop faible lors des ordonnances de non-lieu, et ses conséquences
économiques voire boursières ont ainsi été stigmatisés.

Si le besoin de règles pour l’entreprise a été reconnu comme essentiel, nombre


d’intervenants ont insisté sur la nécessité de normes claires, stables et cohérentes,
dans un souci de lisibilité, ce qui n’est, selon eux, pas le cas aujourd’hui : inflation
législative et multiplication des incriminations en concours, incertitudes
jurisprudentielles sur la prescription, et instrumentalisation de la justice pénale
ont ainsi été présentées comme constituant un risque pénal anormal pour
l’entreprise. C’est le principe de légalité qu’il faut pour cela réaffirmer.

Certains sont allés plus loin, sans que cela ne soit apparu au demeurant
entièrement justifié à l’ensemble des membres du groupe de travail, en estimant
que ce risque pénal était une des causes de la réticence des entreprises étrangères
à s’implanter au MAROC. C’est l’attractivité du MAROC pour les investisseurs
qui serait ainsi aussi un des enjeux de la dépénalisation.

Toutefois, la dépénalisation a également été présentée par plusieurs intervenants


comme devant s’inscrire dans une démarche conforme à l’intérêt général,
respectant un ordre public de protection, qui est triple :
– il impose une protection du faible contre le fort, et donc l’existence d’outils
juridiques, pénaux ou non pénaux, accessibles à tous. C’est une condition
essentielle au principe d’égalité devant la loi, garant de la défense de ceux qui sont

54
dans une position d’infériorité économique, au besoin en rééquilibrant les
situations d’inégalité du monde réel ;
– il impose une protection de la sécurité, de la santé, et du patrimoine des citoyens,
au besoin en nécessitant la mise en place de contreparties aux infractions pénales;
– il impose une confiance légitime dans le marché, et donc dans l’ensemble du
système économique.

En outre, le noyau dur du droit pénal des affaires, celui qui sanctionne la fraude,
doit être affirmé, voire renforcé, comme le montrent les exemples étrangers. On
assiste en effet à travers le monde, en particulier dans un contexte de
mondialisation, à un besoin de sanction des comportements frauduleux pour
protéger les investissements, donc la croissance et l’emploi. Le droit
communautaire et certaines conventions internationales s’inscrivent ainsi dans ce
mouvement favorable à la sanction pénale.

Combiner le besoin légitime de confiance des entreprises dans la norme et les


acteurs de la norme en respectant l’intérêt général, la protection des
investissements et l’égalité devant la loi constitue sans doute ainsi l’enjeu
fondamental de la dépénalisation du droit de la vie des affaires.

55
Conclusion :

En définitive on peut dire que le législateur marocain à l’image de ses


collègues étrangers ne manque pas de mettre en œuvre des
dispositions pénale accompagnant chaque nouveau texte, cela dans un
souci de protection de l’ordre publique économique national et de
préserver la confiance des acteurs économiques entre eux.
Cependant il paraît que l’application qui est faite par les différentes
juridictions du royaume laisse à désirer puisque les ministères
publiques ont plus tendance à qualifier les faits reprochés au dirigeants
sociaux selon les dispositions générales du code pénal mettant à
l’écart ainsi les dispositions pénales contenus dans les textes
spécifiques .
D’autant plus que la tendance actuelle est à la dépénalisation du
monde des affaires puisque les victimes préfèrent se tourner vers la
personne morale qu’est l’entreprise la considérant plus liquide .

56
Bibliographie :

I- Bibliographie générale :

- Code du commerce marocain, publication de la revue Marocaine de Droit


des affaires et des Entreprises 2ème éditions.

- Mohammed Drissi Alami Machichi ,Droit commercial fondamental au


Maroc, imprimerie de FEDALA ,2006
- Paul Decroux , les sociétés en droit marocain, éditions La Porte, 1985
- Rachid Lazrak, Le nouveau droit pénal des sociétés au Maroc, editions La
Porte, 1997
- H. cherkaoui, Droit commercial, 2ème éditions, 2003
- Philippe Merle, Droit commercial : sociétés commerciales ,2017,20e
édition Dalloz
- Paul Le Cannu, Droit des sociétés, Montchrestien, 2ème édition, 2003
- M. COZIAN, A. VIANDIER, F. DEBOISSY, Droit des sociétés, 17é
édition, 2004

II- Bibliographie spécifique :

- Rodin David, « Éthique des affaires : théories et réalité », Revue


internationale des sciences sociales, 3/2005 (n° 185).
- Ivan TCHOTOURIAN : La morale en droit des affaires : La pratique et la
technique doivent plier plutôt que sacrifier l'éthique, Université Nancy 2,
Faculté de droit, sciences économiques et gestion

57
- Repenser la formation des managers, rapport de l’Institut de l’entreprise, le
Cercle de l’Entreprise et du Management et la FNEGE , Juin 2010.
- TALFI I. Bachir, L’ACCES AUX FONCTIONS DE DIRIGEANT
SOCIAL EN DROIT COMMUNAUTAIRE AFRICAIN DES AFFAIRES,
Revue d’étude et de recherche sur le droit et l’administration dans les pays
d’Afrique, novembre 2015.
- Jen Paul Antona, Philippe Colin et François Lengarlt : la responsabilité
pénale des cadres et des dirigeants dans le monde des affaires, Dalloz-Delta,
1996
- MEDEF, « la délégation de pouvoirs », GPA « droit de l'entreprise »,
Décembre 2004
- Pouvoirs des dirigeants : l’effet des statuts et des pactes extra-statutaires
vis-à-vis des tiers – Article paru dans le magazine Option Droit & Affaires
le 8 juin 2016
- Corinne Mascala,, « la recherche de l'efficacité du droit pénal des affaires»,
collection colloques et débats, LITEC.
- Dominique Vidal, Droit des sociétés, LGDJ, 2006
- M.-H. Monsèrié-Bon et L. Grosclaude, Droit des sociétés et des
groupements, Montchrestien, 2009.
- Jean-François Goffin, Bruno Colmant, Grégory de Sauvage,
Responsabilités des dirigeants de sociétés,Éditions Larcier, 3e édition 2012.
- Droit pénal des affaires:Réflexions sur la banqueroute par détournement ou
dissimulation d'actifs / Abdelaziz EL IDRISSI ,Revue marocaine de droit
des affaires et des entreprises (remadae), 16 (05/2009).

58
ANNEXE 1 :

59

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