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Séminaire de droit commercial la responsabilité des dirigeants de sociétés commerciales
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In M.Cozian – A.Viandier – Fl. Deboissy. Droit des sociétés, 13e et 15e ed, Litec, 2000.
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Ripert, id. n°607
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Article 4 AUSGIE
4
Article 6 AUSCGIE
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Séminaire de droit commercial la responsabilité des dirigeants de sociétés commerciales
3
Séminaire de droit commercial la responsabilité des dirigeants de sociétés commerciales
En effet, aujourd’hui, avec la crise économique qui secoue le monde des affaires,
beaucoup de sociétés sont en difficultés. Quelle est alors la part de responsabilité des
dirigeants sociaux dans cette situation ? Ce contexte de crise économique conjugué aux
différentes révélations sur les avantages des dirigeants de grandes sociétés a entrainé, en
France, un sentiment d’injustice ayant conduit à la séquestration de ceux-ci par leurs
employés. Face à cette situation le gouvernement a réagi en publiant un décret encadrant
les rémunérations des dirigeants de société et leurs avantages sociaux9.
La responsabilité des dirigeants de sociétés commerciales, en droit OHADA, est
régie par une combinaison de règles, les unes issues de l’AU, les autres de lois nationales
des Etats-parties. Elle varie suivant la situation de la société. Il est à remarquer aussi le
rôle déterminant joué par le juge en raison des pouvoirs larges dont il dispose.
Quel est alors le régime juridique de cette responsabilité ? Au cas où celle-ci est
engagée, les sanctions sont elles dissuasives ? Qu’en est-il même de l’application et du
régime des sanctions prévues ?
Ainsi, au cours de nos développements, sans toutefois faire état des règles spéciales qui
leur sont applicables compte tenu des différentes formes sociales prévues par l’AU, nous
allons essayer de démontrer que la responsabilité des dirigeants sociaux s’appréhende de
deux manières c’est à dire selon que la société est encore viable (I) ou lorsqu’une
procédure collective est ouverte à son encontre (II).
9
Notons que, malgré ce décret publié récemment par le gouvernement en France, les dirigeants continuent à l’heure actuelle de faire l’objet de
séquestration par les employés qui leur reproche une part de responsabilité dans les difficultés et la fermeture de leurs entreprises.
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Les dirigeants sociaux ont tous les pouvoirs pour diriger la société dans l’intérêt de
celle-ci. Il est ainsi incontestable que le législateur reconnaît aux dirigeants des pouvoirs
assez étendus en contrepartie desquels il met à leur charge une responsabilité susceptible
d’être engagée au plan civil.
La responsabilité civile des dirigeants est donc une réalité quotidienne, elle donne lieu à
une jurisprudence relativement fournie. Il convient dès lors de voir l’étendue de cette
responsabilité (1) avant d’envisager son régime (2).
10
Article 165 AUSCGIE.
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Cass. Com., 8 novembre 1960, J.C.P., 1961. 2. 12046, note J.R ; Cass. Com., 14 décembre 1960, R.D.C., 1961, 624, obs. RODIERE.
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Article 161 AUSGIE.
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. G.Ripert\ R.Roblot: Traité de Droit Commercial, Michel Germain et Louis Vogel. Tome 1, 17e ed. L.G.D.J.
14
. Cass 3e civ, 17 janv 1972, no 76-11854, Bull civ III, no 43, P 35.
15
. CA Versailles, 13e ch. 21 janv. 1993. Rev Soc 1993.P.884.
16
. Cass 1ere ch. 26 nov 1974, no 78-13.55. JCP 1975.P 17.
17
.Cass, com.27 fev 1996. No 94-11241. Bull civ IV, no 65. P 50.
18
Cass. Com., 28 novembre 1961, J.C.P., 1962.2.12504; Rouen, 20 octobre 1983, Journ. Agréés, 1985, 132, note F. CHERCHOULY-
SICARD
19
Cass. Civ., 10 mars 1976, J.C.P., 1977.2.18566, note CHARTIER.
20
. Cass.com 7 Oct 1997, no 18553 JCP, ed E 1997, I, no 710. p500.
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recouvré une créance sociale. Il peut s’agir aussi d’un silence longuement gardé par le
dirigeant sur les opérations hasardeuses et finalement très préjudiciables à la société, ou
d’un défaut de surveillance du personnel. A ce propos, une gérante d’une société
exploitant une maison de santé a été condamnée au paiement d’une partie du passif social
au titre de sa responsabilité civile. 21
Les dirigeants peuvent aussi engager leur responsabilité lors de la cessation des fonctions.
Il en est ainsi en raison de leur démission même lorsque celle-ci s’effectue sans juste
motif ou encore lorsqu’elle présente, à raison des circonstances qui l’entourent (publicité
intempestive, menaces envers la société, précipitation…) un caractère abusif.
En revanche, une fois qu’ils ont quitté leur fonction, les dirigeants ne sauraient être
poursuivis en responsabilité civile pour des faits de gestion postérieurs à leur départ 22. Peu
importe que la démission du dirigeant n’ait pas été inscrite au registre du commerce.23
Mais, bien évidement, dès lors, tout au moins, qu’il n’y a pas encore prescription, les
dirigeants retirés peuvent être poursuivis pour une faute antérieure à leur cessation de
fonction. C’est ce qui a été décidé dans un arrêt de la chambre commerciale qui a admis
que l’action en responsabilité puisse être poursuivie contre l’ancien dirigeant par le
nouveau agissant au nom de la société alors que tous les deux étaient cédant et
cessionnaire dans la cession de contrôle ayant porté sur la société . En d’autres termes,
cette responsabilité engagée après la cession peut indirectement et, en se plaçant dans une
perspective économique, diminuer le coût d’acquisition de la société.24
Enfin, le dirigeant retiré d’une société peut voir sa responsabilité engagée s’il
procède à la création d’une autre société concurrente de la première soit en
méconnaissance d’une obligation de non concurrence, soit lorsqu’elle s’effectue aux
moyens d’actes de concurrence déloyale25.
La faute du dirigeant n’entraine pas automatiquement sa responsabilité. Encore faut il
conformément au droit commun qu’elle soit source pour la société ou les associés d’un
dommage réparable ; d’où les habituelles exigences de la responsabilité civile à savoir un
dommage direct, certain et personnel ; dommage pouvant être matériel ou moral. Forte de
ces exigences, la jurisprudence a écarté la responsabilité du dirigeant en observant que la
21
. Cass.Com, 15 mai 1990. No 88- 18324.
22
Ce, même si leur retraite n’a pas été publiée, cass.com, 17 janvier 1989, Bull. Cass., 1989, 4, no 26.
23
. Cass. Com, 23 mars 1982. No 80- 16361, Bull civ IV no 116, P 103.
24
. Cass.Com, 11 Oct 1988. No 87- 10529, Bull joly 1988, P 925.
25
Rev. Lamy sociétés commerciales, ed. Lamy SA, 187/189, 1998.
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social est responsable individuellement envers les tiers des fautes qu’il commet dans
l’exercice de ses fonctions. Cette responsabilité est solidaire si plusieurs dirigeants ont
participé aux mêmes faits ».31
On conçoit dès lors que les actions en responsabilité civile soient monnaie courante. Les
plus prudents ne manquent d’ailleurs pas de souscrire à une assurance responsabilité
civile dont les primes sont prises en charge par la société. En effet, comme l’a justement
observé Y. GUYON : « il est assez rare qu’un dirigeant de société engage sa
responsabilité personnelle à l’égard des tiers. En effet, dans les circonstances normales le
dirigeant agi au nom et pour le compte de la personne morale. Par conséquent, par
application de la théorie générale de la représentation, les tiers sont liés à la société, qui
est seule engagée dans les liens de droit. C’est donc à la société, et normalement à elle
seule, qu’ils pourront demander des dommages et intérêts si l’acte ainsi accompli se
révèle générateur de responsabilité civile. »32. Cette responsabilité des dirigeants vis-à-vis
des tiers est essentiellement de nature délictuelle. Toutefois, en dehors de l’hypothèse du
cautionnement où le dirigeant social s’oblige spontanément, il existe des cas où le
dirigeant peut voir sa responsabilité civile engagée à l’égard des tiers. Il en est ainsi :
1er cas : lorsque le dirigeant a commis une faute de gestion ayant entrainé la cessation des
paiements de la société (voir 2e partie) ;
2e cas : lorsque le dirigeant n’a pas agi en qualité d’organe social. Cette situation se
rencontre d’abord lorsque le dirigeant n’a pas fait état de sa qualité ou encore a laissé
planer un doute sur cette dernière, en particulier par ce qu’il exerce à titre personnel une
activité identique à celle de la société et que les circonstances de fait n’ont pas permis aux
tiers de savoir s’il avait aussi agi en son nom personnel ou en celui de la société . C’est
ainsi que la jurisprudence a condamné le président-directeur général ( P-DG) d’une
société exploitant une carrière in solidum avec elle à réparer le dommage causé aux
propriétaires voisins par les agissements de la société dès lors que le P-DG s’est présenté
expressément et s’est comporté comme l’exploitant notamment, en participant à
l’expertise sans faire allusion à la société dont il n’a relevé l’existence que
postérieurement.33
La jurisprudence a également condamné le gérant d’une SARL par ce qu’il avait signé de
son propre nom les contrats conclus avec le maitre d’ouvrage sans mentionner, dans
31
Article 161 AUSCGIE. Voir aussi, Cass. Com., 6 mars et 18 juin 1973, Rev. Soc 1974, 300.
32
Y. GUYON, Rev sociétés, 1983, P 975.
33
Cass. 3e civ. 3 mai 1977, no 76- 10. 223. Bull civ III, no 194 .P.149.
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aucun document, qu’il agissait en tant que gérant d’une SARL et avait créé une apparence
qui ne permettait pas de connaître la personne du véritable contractant.34
Cette hypothèse pourrait également se produire lorsque le dirigeant a outrepassé ses
pouvoirs sans pour autant que la société soit engagée envers les tiers. Mais ce cas reste
assez rare car le plus souvent, faute de l’opposabilité aux tiers des clauses statutaires
limitatives des pouvoirs des dirigeants ou d’un dépassement de l’objet35, la société, sans
s’engager envers les tiers et l’éventuelle responsabilité du dirigeant fautif ne se concevra
alors que dans les rapports intérieurs de la société. Toutefois, on peut concevoir que le
dirigeant promette à un tiers d’obtenir à son profit la décision d’un organe social
normalement compétent. S’il ne l’obtient pas, il peut se trouver obligé personnellement
porte-fort. Ainsi, la jurisprudence a considéré que la promesse de reclassement dans une
des sociétés du groupe fait à un dirigeant pour le cas de révocation ou de démission
constitue une promesse de porte-fort qui engage le promettant en cas d’inexécution de la
promesse à indemniser le dirigeant révoqué du préjudice subi.
3e cas : lorsque le dirigeant a commis une faute personnelle 36. Cette troisième et dernière
hypothèse de responsabilité civile du dirigeant social à l’égard des tiers est concevable
lorsque le dirigeant a commis une faute génératrice pour ces derniers d’un préjudice. Les
difficultés jurisprudentielles se cristallisent ici autour de la notion de faute susceptible
d’engager la responsabilité personnelle du dirigeant et donc de le priver de l’écran de la
personne morale sociétaire. A cet égard, les juges de la cour de cassation s’inspirant de la
jurisprudence administrative distinguant entre faute de service et faute personnelle
détachable, ont décidé de subordonner la responsabilité du dirigeant à la preuve d’une
faute personnelle extérieure à l’activité de représentation.37
Dans cette espèce, à la suite de l’exécution défectueuse d’un marché de travaux par une
société, le contractant avait invoqué la responsabilité personnelle du gérant que les juges
du fond avaient effectivement retenue. La cour de cassation décide, au motif qu’ « en
retenant cette responsabilité …., sans lever aucune circonstance d’où il résulterait qu’il ait
commis une faute extérieure à la conclusion ou à l’exécution du contrat conclu entre M
et la société, la cour d’appel n’a pas donné de base légale à sa décision ». Cette formule
se retrouve dans de nombreux arrêts postérieurs. Que faut-il alors entendre par faute
détachable ou séparable des fonctions ?
34
Cass.Com 28 juin 1988. No 87-12. 082. Bull joly 1988. P671.
35
Cass.Com, 14 octobre, 1991:Rev, Soc 1992, p.782, B.BOULOC.
36
Cass. Com., 4 mai 1999 : Bull. Joly 1999, p. 1222, note L.GODON.
37
Cass. Com. 8 mars 1982. No 79- 10412. Rev soc 1983. P 573. Note GUYON.
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Séminaire de droit commercial la responsabilité des dirigeants de sociétés commerciales
La cour de cassation considérait auparavant que le fait que le dirigeant ait agi dans
l’exercice de ses fonctions ne saurait le soustraire de la responsabilité personnelle
encourue conformément aux règles de droit commun. En 1978, la chambre commerciale
de la cour de cassation jugeait encore que la faute commise à l’ occasion de la gestion par
le dirigeant et qui était en relation avec le dommage subi par le tiers engage sa
responsabilité personnelle.
Le recours à la notion de faute détachable s’est fait progressivement sous l’inspiration de
la notion appliquée en droit administratif entre la faute de service et la faute détachable de
service.38
C’est en premier lieu par un arrêt du 09 avril 1975, que la chambre sociale de la cour de
cassation a véritablement retenu la faute du président d’un syndicat qui a commis une
faute détachable de ses fonctions en licenciant un salarié dans le seul but de lui nuire car
ayant un sentiment d’austérité.39
Il a fallu attendre le 08 mars 1982 pour que la chambre commerciale de la cour de
cassation fasse application de la distinction en reprenant textuellement la solution donnée
par la chambre civile en 197840. La solution est reprise et précisée le 04 octobre 1988 par
la chambre commerciale cassant pour défaut de base légale l’arrêt de la cour d’appel qui a
retenu la responsabilité personnelle à l’ égard d’un tiers du dirigeant social sans établir
que celui-ci ait commis une faute extérieure à la conclusion et à l’exécution du contrat
générateur du dommage.41
C’est en 1991 que la chambre a formulé pour la première fois de façon claire la
distinction entre la faute séparable et celle qui ne l’est pas. Elle casse en effet, l’arrêt
d’une cour d’appel qui n’avait pas relevé « une faute qui soit séparable des ses fonctions
de dirigeant qui lui soit imputable personnellement ». Cette formule est reprise dans
presque tous les arrêts ultérieurs.
L’arrêt du 20 mars 2003 a été le premier à donner une définition de la faute séparable en
décidant qu’ « il ya faute séparable lorsque le dirigeant commet intentionnellement une
faute d’une particulière gravité incompatible avec l’exercice normale des fonctions
sociales.42 Ainsi, il a été qualifié de faute séparable, la faute commise par la gérante d’une
SARL qui a cédé deux fois la même créance que la société détenait sur un tiers. A
contrario, la faute commise par un dirigeant qui a recommandé à ses actionnaires une
38
T.C, arrêt Pelletier, 30 juillet 1873. GAJA.
39
Cass sociale, 9 avril 1975. Bull civ no 4. 1974
40
Cass com. 08 mars 1982. Rev soc 1983. P 153. Note Y.GUYON.
41
Cass.com. 4 Oct 1988. Rev soc 1989. P 86 obs JOURDAIN.
42
Cass. 20 mars 2003. Bull joly 2003. P 786. Note H. LEBASQUE.
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offre d’achat à un prix insuffisant a été jugée non séparable. La cour ayant estimé que
cette offre relevait d’une négligence non intentionnelle du dirigeant.
La notion de faute séparable est donc aujourd’hui bien assise. En constatant une telle
faute et en la définissant, la cour de cassation a peut être donné au juge le moyen de
relever plus fréquemment une faute séparable du dirigeant. Cependant, les commentateurs
de l’arrêt de 2003, notamment LEBASQUE, s’accordent sur le fait qu’il s’agit que d’une
évolution et non d’une révolution. La cour de cassation reprend en effet la formule
classique mais y ajoute une définition.
L’enjeu relatif à la qualification de la faute est important : en cas de faute non
séparable le dirigeant n’est pas personnellement responsable. C’est la société qui endosse
la responsabilité et doit indemniser les tiers lésés.
Il faut enfin noter une évolution de la jurisprudence de la cour de cassation en
matière de responsabilité des dirigeants qui permet la mise en œuvre, conjointe et
systématique, de l’action en responsabilité des dirigeants avec la société. En effet, en
pratique et jusqu'à récemment, les tiers, qui s’estimaient léser par un acte de gestion d’un
dirigeant, portaient leur action directement contre ce dernier. Ils devraient alors établir
que la faute alléguée était séparable des ses fonctions. Si à l’issue de la procédure le juge
décidait que la faute commise était en fait non séparable des fonctions du dirigeant, ce
dernier n’était pas tenu responsable.
Il fallait alors que le plaignant mène une nouvelle action dirigée, cette fois-ci, contre la
société laquelle était alors seule condamnée à réparer le préjudice causé par le dirigeant.
Ainsi, l’action du plaignant s’avérait peu efficace, plus longue et plus couteuse.
Face à cette difficulté pratique, les plaignants sont désormais poussés à poursuivre
conjointement et au sein d’une même procédure le dirigeant et la société. Ainsi, si le juge
qualifie la faute de séparable, le dirigeant sera condamné. Si, au contraire, la faute est
qualifiée de non séparable c’est la société qui paiera sans que le plaignant n’ait à
introduire contre elle une action nouvelle et séparable. En pratique ces actions conjointes
sont donc plus efficaces et désormais plus nombreuses.
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a) Exercice de l’action.
L’exercice de l’action en responsabilité soulève les questions de savoir qui peut
prendre l’initiative de l’action (demandeur), contre qui elle peut être dirigée (défendeur),
quelle est la juridiction compétente, quels sont les délais de prescription ?
Le demandeur à l’action en responsabilité peut être selon les cas, la société elle-même, les
associés ou les tiers.
La société a qualité à agir lorsqu’elle a subi personnellement un préjudice dû à la
faute du dirigeant43. Dans ce cas on parle d’action sociale. L’AU la définit comme
l’action en réparation du dommage subi par la société du fait de la faute commise par le
ou les dirigeants sociaux dans l’exercice de leur fonction. Mais dans la mesure où cette
action de la personne morale doit normalement être exercée par ceux qui la représentent,
c'est-à-dire ses dirigeants, on parle d’action « ut universi ». Or, les intéressés sont
rarement enclins à « tresser la corde qui servira à les pendre ; le débat de conscience s’il
existe sera facilement tranché en cas de relève des dirigeants sociaux, le successeur
n’ayant aucune raison d’épargner son prédécesseur »44. Restent des hypothèses fréquentes
où les dirigeants sont demeurés en place malgré le préjudice causé à la société. Comment
assurer alors la défense du patrimoine sociale ? La réponse est fournie par l’action « ut
singuli » c'est-à-dire l’action sociale intentée par les associés ou les actionnaires au nom
de la société45 après une mise en demeure des organes compétents non suivie d’effet dans
le délai de trente jours46. Pour rendre effective cette action, l’AU dispose que toute clause
des statuts subordonnant l’exercice de celle-ci à l’avis préalable ou à l’autorisation de
l’assemblée, d’un organe de gestion, de direction ou d’administration, ou qui
comporterait par avance renonciation de l’exercice de cette action est réputée non écrite.47
Cette action, précise t-il, est intentée par celui qui subit le dommage. Son exercice ne
s’oppose pas à ce que l’associé ou plusieurs d’entre eux exercent l’action sociale en
réparation du préjudice subi par la société48. Ainsi, tout associé a qualité pour agir en
justice toutes les fois que cela se situe dans l’intérêt légitime de la société.49
L’associé est lui-même personnellement demandeur. Il dispose dans ce cas de
l’action individuelle, c'est-à-dire l’action en réparation du dommage distinct de celui que
43
Article 165 AUPC.
44
M.COZIAN, A.VIANDIER, F.DEBOISSY ; Droit des Sociétés, 15e ed, Litec.
45
Cette action permet de poursuivre la réparation du préjudice global subi par la société, pour le compte de celle-ci : cass. Com., 7 décembre
1982, Rev. Soc .1984, 54, note RANDOUX.
46
Article 167 AUPC.
47
Cotonou, no 256| 2000, 17 aout 2000, affaire Société Continentale des pétroles et d’investissements.
48
Article 163 AUSCGIE.
49
Cotonou, no 65| 99, 29 avril 1999, Affaire M. Guy BARBARA c\ Société SIVAPT.
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50
CA Paris, 1ere ch A. 14 fevrier 1989, Bull joly 1989, P 446.
51
Cass. Civ 26 novembre 1912, DP 1913, I, P.377.
52
CA Lyon, 16 septembre 1960. Gaz Pal 1961, I, P 164.
53
CA Montpellier, 31 mars 1966, Gaz Pal 1966, I, P 421.
54
CA Aix, 15 févr. 1977. D. 1979, IR. P 106. Obs. BOUSQUET.
55
Article 170 AUSCGIE. Voir aussi, Cass. Com., 31 janvier 1989. B.R.D.A., 1989. 4. P.19.
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b) Résultats de l’action.
Responsable pour faute, le dirigeant doit réparer l’entier dommage qui en est résulté
pour les associés ou la société. Cette responsabilité prendra très généralement la forme de
dommages - intérêts déterminés selon les règles du droit commun de la responsabilité
civile. La condamnation sera donc exécutée sur le patrimoine personnel des dirigeants.
La jurisprudence parait défavorable au jeu de la compensation invoquée par le dirigeant
lorsqu’il s’estime lui-même créancier de la société, par exemple pour des rémunérations
non encore versées. Ainsi, la cour de cassation a relevé que le fait que la somme sus
indiquée a été prise sans droit par les administrateurs dans la caisse de la société et n’a
pas été employée dans l’intérêt de celle-ci suffit à justifier la décision des juges du fond
qui avaient écarté la compensation sans chercher si la prétendue créance des
administrateurs n’était pas liquide et exigible et en se contentant d’invoquer une
infraction au règlement.56
Il faut aussi signaler que le principe selon lequel chacun des dirigeants n’est responsable
que de ses fautes et n’a donc pas à répondre des fautes des autres, ne fait pas obstacle à
l’admission de la responsabilité solidaire des dirigeants 57. Dans ce cas la victime a le droit
de réclamer son entière indemnisation à chacun des responsables. Entre ces derniers le
tribunal chargé des affaires commerciales détermine la part contributive de chacun dans
la réparation du dommage. Des recours subrogatoires après paiement permettent ainsi
d’établir une contribution définitive à la dette en fonction de la faute de chacun. Notons
également que les dirigeants peuvent être déclarés solidairement responsables du
paiement des impositions et pénalités dues par la personne morale, lorsque le
recouvrement en a été rendu impossible par les manœuvres frauduleuses ou
l’inobservation répétée des obligations fiscales, et que ces faits leurs sont imputables.58
Outre la responsabilité civile, les dirigeants engagent aussi leur responsabilité pénale dans
l’exercice de leur fonction.
Dans l’exercice de la mission qui leur est confiée, les dirigeants sociaux peuvent
commettre des faits constitutifs d’infractions pénales (1). Ils engagent de ce fait leur
responsabilité pénale et se voient appliquer des sanctions (2).
56
Rev. Lamy sociétés commerciales, ed. Lamy SA, 187/189, 1998.
57
Article 161 AU.
58
Cass.Com, 7 fevrier 1989, Defrénois, 1989, 1276, 2e esp., note HONORAT.
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Séminaire de droit commercial la responsabilité des dirigeants de sociétés commerciales
1°) L’escroquerie.
Comme pour toute infraction pénale, l’existence de l’escroquerie imputable aux
dirigeants sociaux obéit à un certain nombre d’éléments constitutifs cumulatifs, et la
chambre criminelle de la Cour de cassation française veille au strict respect par les juges
du fond des exigences que la loi pose quant aux éléments constitutifs matériels et
intentionnels de cette infraction59 mais également des autres.
Ce délit est prévu par l’ancien Code pénal français en son article 405 et actuellement par
l’article 313-1 du nouveau code. Au Sénégal, c’est l’article 379 du Code pénal qui le
consacre. Ces textes exigent pour la constitution du délit l’emploi de moyens frauduleux
en vue de se faire remettre une chose appartenant à autrui. L’existence de manœuvres
frauduleuses suppose qu’un fait actif soit accompli ; l’escroquerie est un délit d’action et
non d’omission.
59
Cass.crim., 25 mai 1987, n°86-93.571 ; Cass.crim. 22 oct. 1990, Rev. Sociétés 1991, p.125, note Bouloc, Dr. Sociétés 1991, n°87.
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En outre, ces manœuvres doivent avoir été déterminantes de la remise des fonds ou des
valeurs. Ainsi, la présentation d’un faux bilan ne suffit pas à caractériser l’escroquerie si
elle n’a pas été déterminante de la remise. 60 De même le Gérant d’une société absorbée
n’a pas commis d’escroquerie lorsque la valeur d’un fonds de commerce qu’il avait
faussement englobée dans l’activité actuelle de cette société n’était que marginale et
n’avait entraîné aucune répercussion sur les résultats de la société.61
Concernant l’existence des manœuvres frauduleuses, les allégations mensongères du
dirigeant social ne suffisent pas. Elles doivent nécessairement être accompagnées
d’éléments extérieurs ayant pour but de leur donner force et crédit.62
Le droit des sociétés est fréquemment utilisé pour réaliser des escroqueries. En raison de
leurs fonctions, les dirigeants sociaux disposent d’instruments qui leur permettent d’user
de moyens frauduleux. Le recours à la société fictive est un exemple type de la « fausse
entreprise » prévue par l’article 405 de l’ancien code pénal français. Dans la plupart des
cas, les escroqueries commises par les dirigeants sociaux ont pour but de procurer des
fonds à leur société. Dans cette hypothèse les moyens frauduleux utilisés sont les
suivants : présentation de bilan falsifié pour obtenir d’une banque des avances ou des
prêts63, la rédaction d’une publicité mensongère lors de l’émission de valeurs mobilières.
S’agissant de l’élément moral de l’infraction, il reste nécessaire à caractériser : il
ressort qu’il n’y a pas d’infraction lorsque des personnes ont participé à une augmentation
de capital en sachant que les documents provisoires (inexacts) établis par l’expert
comptable n’était pas un véritable bilan, et que surtout le dirigeant poursuivi n’a donné
aucune directive pour leur établissement et a, tout au contraire, avoué l’existence d’un
problème de trésorerie « de plus en plus délicat ».64
Dans la nouvelle rédaction de l’article 313-1 ne figure plus expressément la référence
antérieure à la notion de « fausse entreprise ». Mais la jurisprudence intervenue en la
matière demeure toutefois valable, elle se situe dans le cadre de l’« emploi de manœuvres
frauduleuses ».
Toujours, concernant les sociétés fictives et les « fausses entreprises », se rend coupable
du délit d’escroquerie : l’animateur de fait d’un groupe de quatre sociétés fictives comme
n’ayant eu aucune activité réelle ou sérieuse ou du fait qu’elles se trouvaient dès leur
60
Cass.Crim., 24 mars 1969, JCP éd. G 1969, IV, p.125.
61
Cass.Crim., 8 janvier. 1990, n°88-18.675.
62
Cass.Crim., 8 novembre. 1951, JCP éd. G 1952, IV, p.1.
63
Cass.Crim., 7 avril. 1987, Bull. Joly 1987, p.489.
64
Cass.Crim., 27 février. 1989, n°88-81.058.
17
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fondation en état de cessation des paiements, qui a, de concert avec le dirigeant légal de
trois de ces sociétés, employé des manœuvres telles que, circuits de traites de
complaisance et de chèques sans provision ou falsifiés, pour obtenir la remise de sommes
importantes par des banques.65
Commet également le délit d’escroquerie, une personne qui, grâce à une fausse entreprise
de gestion de dettes, avait obtenu le versement de sommes d’argent représentatives de
frais et honoraires par des clients attirés par une publicité mensongère leur permettant le
règlement intégral de leurs créances avec remboursement des fonds avancés.66
Les dirigeants sociaux peuvent aussi, dans l’exercice de leur fonction, commettre
l’infraction d’abus de confiance.
65
Cass. Crim. 12 fév. 1979, n°78-91.383
66
Cass. Crim. 14 avril 1986, Gaz. Pal. 1986, II, Som. P.341
18
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67
Cf. L. n°66-537 ? 24 juil. 1966, art. 77 et 191
68
Cass. Crim. 6 mai 1969, JCP éd. CI 1969, n°86633
69
Au Sénégal c’est la loi n°98-22 du 26 mars 1998 portant sanctions pénales.
70
Article 891 AUSCGIE
19
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20
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74
Crim. 8 Déc. 1971, Bull. Crim. 1971, n°346
75
Crim. 27 mai 1992, RJDA 1992, n°1026, Bull. Joly 1992.121
76
Cass. Crim. 4 fév. 1985
21
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condition, formulée dans des décisions plus anciennes, repose sur l’existence d’un groupe
véritable ; c’est-à-dire une unité économique et financière fortement structurée.
Ensuite, il ne doit pas être sans contrepartie ou rompre l’équilibre entre les engagements
respectifs des diverses sociétés du groupe.
Enfin, il ne doit excéder les possibilités financières de la société qui en supporte la
charge.
Une autre infraction imputable aux dirigeants demeure la présentation ou la publication
de comptes annuels ne donnant pas une image fidèle.
77
Article 111 AU portant Organisation et Harmonisation des Comptabilités des Entreprises.
22
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23
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24
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80
Article 183 AU/PC-OHADA
81
Article 189 AU/PC-OHADA
25
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82
Traité de Droit commercial, L.G.D.J, Tome 2, 15 éd. 1996, p.1300
83
Droit des entreprises en difficultés, éd. Montchrestien 1996, p.644
84
Cass. Com. 23 juin 1998, RTD Com 1999, p.983, Obs. C. Mascala
85
Cass.com, 15 mai 1990, n°88-324
86
C.A Paris, 3è ch. Bull 24, 89 BRDA ? 1990 n°8, p.21
26
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87
Paris 18 juin 1991, JCPE, 1, 81, n°4, Obs. A. Viandier et J.J Caussain
88
T.com.Paris, 23 nov. 1992, Bull. Joly 1993, p.255 note M.J.Campana
89
Cass. Com. 6 juin 1993, RJDA 1993 n°844
27
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- Seules les dettes nées antérieurement à l’ouverture de la procédure collective doivent être
prises en compte90. Ainsi, les frais de justice entrainés par l’ouverture de la procédure ne
sont pas concernés.91
- L’insuffisance d’actif n’a pas besoin d’être déterminée très précisément ; il suffit que son
montant global soit déterminé ou déterminable.
De ce point de vue, a contribué à une insuffisance d’actif, selon la Cour d’appel, le fait
pour un P-DG d’avoir exposé des frais généraux trop élevés, exercé une activité
commerciale hors de rapport avec le capital propre, manifesté une incompétence d’où
résulte une perte égale à la moitié du chiffre d’affaires, tenu une comptabilité défectueuse
ne permettant pas de connaître les résultats mensuels, même grossiers et abusé des biens
sociaux.92
L’existence d’un dommage est indispensable mais faudrait-il qu’il soit la résultante
d’une faute prouvée. D’où la nécessité de démontrer le rapport de causalité.
La responsabilité des dirigeants de sociétés commerciales en redressement judiciaire
ou en liquidation des biens est enfin subordonnée à la constatation par les juges que le
préjudice subi par la société trouve bien son origine dans la faute du dirigeant poursuivi.
En effet, l’article 183 de l’AUPC ou la loi, en France, du 15 janvier 1985, dispose que la
faute doit avoir « contribué à cette insuffisance d’actif ». Ce qui correspond à la
« conception de lien de causalité » 93. Cela veut dire que s’il est prouvé que la faute de
gestion a été à l’origine de l’insuffisance d’actif, le lien de causalité est alors établi. Ce
qui signifie également que la présomption de causalité entre le dommage subi par la
société n’est pas admise. Sur ce point, il faut reconnaître qu’il est parfois impossible
d’établir le rapport direct qui a pu exister entre tel acte et telle conséquence. Ainsi, il est
difficile de prouver que la convocation tardive d’une assemblée a contribué à
l’insuffisance d’actif. C’est ce qui pourrait expliquer le fait que la jurisprudence puisse
admettre facilement le lien de causalité dès que coexistent une faute de gestion et une
insuffisance d’actif surtout que les termes « ayant contribué » signifient que d’autres
éléments peuvent avoir intervenu dans la création du passif.
Ceci étant, une faute peut entrainer la responsabilité de son auteur si elle figure parmi
les causes qui ont conduit à l’insuffisance d’actif, même si elle n’en est pas la cause
90
Cass.com 28 fév. 1995, RJDA 1995 ? n°651
91
C.A. Paris, 19 mars 1991, Gaz. Pal. 1992, p.273
92
C.A Reims 10 mai 1976, D. 1977, I.R, p.199
93
Cass.com. 30 nov. 1993, Rev. Proc. Coll. 1996, p.401, Obs. Martin Serf
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unique voire la cause principale ou même si elle n’est à l’origine que d’une partie de
l’insuffisance d’actif94. A ce propos, pour la Cour de cassation un dirigeant doit être
condamné à combler le passif lorsqu’il apparaît que celui-ci a dirigé la société sans
prudence ni réalisme et avec un total mépris des « règles les plus élémentaires de probité
commerciale multiplié des projets chimériques » interdisant de penser qu’il ait pu agir de
bonne foi, et qu’enfin il s’est opposé au dépôt de bilan proposé par les administrateurs 95.
Le dirigeant pourra, comme en droit commun, pour s’exonérer invoquer la force majeure
à l’image d’un administrateur victime de fraudes dont il était dans l’impossibilité de
déjouer.
Mais ce rapprochement qui existe à priori entre les règles applicables au cas d’espèce et le
droit commun, comporte des limites dans la mesure où non seulement, le juge dispose ici
de larges pouvoirs d’appréciation mais aussi, ces éléments constitutifs de la responsabilité
ne sont envisageables que lorsqu’il est question de procédures collectives de
redressement judiciaire ou de liquidation des biens.
Lorsque ces éléments sont réunis et que la responsabilité du dirigeant est établie, celui-ci
peut se voir infliger des sanctions.
29
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97
Com 9 Nov .1993, J.C.P. ed. E. 1994, II, 612, G. Paris 19 sept. 1995, R.J.D.A, 1995, p.1051, no 1368.
98
Cass. Com., 23 juin 1998, A.P.C 1998-9 n°124
99
Cass. Com., 27 avril 1993, Rev. Soc. 1993, p 871, note Le Nabasque
100
Com. 7 juillet 1992, Bull Joly 1992, p.1192, no 387, M.J.Campana
101
Com.30 nov 1993, R.J.D.A. 1994, p.317, no 406
30
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102
Cass.com, 7 juillet 1987, Jung c/ Levet
103
CA, Grenoble, ch.com, 7 janvier 1999, JCP E 1999 p 745.
104
CA. Aix en Provence, 26 mai 1981, D. 1983, IR, 60.
105
CA Paris, 13 décembre 1983, D, 1985, IR, 227.
106
Cass.com, 1er fevrier 1984, JCP G 1984, IV, 113.
31
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32
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107
?
Cass Com 28 févr. 1995 Quot juridique 21 mars 1995. P7 ; LPA 28 juin 1995 P24 et ; d 1995 P 390. note DERRIDA ; JCP 1995. IV 1063.
P131.
108
Cass Com. 11 avril 1995, arrêt n° 808 Daff Eriau et fils : Girard Blanc ; Bull Joly 1995. P684. note DAIGRE.
109
Cass Com. 20 juin 1995; Bull Civ IV n°186, D1995. P 448 ; Bull. joly 1995. P 988. note SAINTOURENS.
33
Séminaire de droit commercial la responsabilité des dirigeants de sociétés commerciales
Le professeur Daigre se félicite de cette jurisprudence 110 et voit dans celle-ci la
consécration jurisprudentielle de sa conception doctrinale 111 de l’action en comblement du
passif.
Par contre M. Soinne112 se trouve préoccuper par elle. Selon lui, l’action en comblement
du passif est une application particulière de l’article 1382 du Code Civil français, (118 du
COCC sénégalais) ; et il voit dans cette jurisprudence l’application de la règle selon
laquelle « le général s’efface devant le particulier ». Pour cet auteur cette position est
d’une « double absurdité ».
En effet, ce principe réserve un meilleur sort aux dirigeants des sociétés en redressement
judiciaire qu’à ceux qui maintiennent leur société in bonis qui peuvent se voir exposer à
n’importe quel moment à la sanction de droit commun.
Ce à quoi le Professeur Daigre répond que « si le législateur a retenu un tel dispositif,
limitatif et modérateur, c’est que la responsabilité des dirigeants en cas de redressement
judiciaire fait naître plus qu’ailleurs un risque d’arbitraire et peut conduire à des
condamnations hors de toute proportion avec les capacités contributives des
intéressés ».113
Quelle que soit la valeur des arguments pour contester la solution retenue par la cour
de cassation, permettre le cumul reviendrait à priver l’action en comblement du passif de
toute effectivité. Si l’application de cette dernière est un principe exclusif, il n’en
demeure pas moins que l’action de droit commun trouvera parfois matière à s’appliquer et
ce, en particulier, lorsque le tiers est un créancier de la société. Ainsi, ce n’est pas parce
que la société fait l’objet d’une procédure collective que l’action de droit commun ne
pourra jamais être exercée. Cette dernière trouvera à s’appliquer notamment lorsque le
créancier a subi un préjudice personnel et distinct, c'est-à-dire une faute du dirigeant qui
soit séparable de ses fonctions et qui lui soit imputable personnellement 114. Il en est aussi
en cas de faute commise après l’ouverture de la procédure collective et lors de la
fermeture de la procédure, lorsque la nature du préjudice le justifie. Le créancier peut
également agir dans l’hypothèse où la faute a été commise antérieurement à la procédure
110
Daigre “ Une évolution jurisprudentielle bienvenue : le non cumul de l’action en comblement du passif et des actions en responsabilité du
droit commun ” Bull Joly 1995. P953.
111
Daigre “ De l’inapplicabilité de la responsabilité civile de droit commun aux dirigeants d’une société en redressement ou en liquidation
judiciaire ” Rev des Sociétés 1988. P199.
112
Soinne “ La responsabilité des dirigeants d’une personne morale en cas de redressement ou de liquidation judiciaire : une évolution
jurisprudentielle préoccupante ” Rev des proc coll. 1995. P249.
113
JCP E 2000. P 780.
114
Cass.Com, 22 janvier 1991,RJDA 1992 n°152 ; CA. Dijon. 23 sept 1997, Jd n°045987, réf. Indirecte. Rev proc coll., mars 1999. P 46.n°10.
34
Séminaire de droit commercial la responsabilité des dirigeants de sociétés commerciales
collective et que le tiers n’a pas vu son préjudice réparé soit parce que les organes de la
procédure n’ont pas agi, soit parce que cela n’a pas permis de le désintéresser totalement.
Cette question non tranchée par la jurisprudence a laissé le champ à diverses
appréciations doctrinales. Ainsi, Y.GUYON propose une solution plus logique et plus
équitable : « si les organes de la procédure ont agi à l’encontre des dirigeants sociaux sur
le fondement de l’action en comblement du passif, les créanciers ne devraient plus
pouvoir agir. En revanche une action de droit commun semble pouvoir être admise tant
que la prescription n’est pas éteinte »115. Le créancier pourrait alors engager une action sur
le fondement de l’article 1382 du code civil (118 COCC) contre le dirigeant d’autant plus
que cette action lui est favorable : prescription de droit commun116 , réparation intégrale,
recevabilité plus étendue.
Le tribunal peut statuer même lorsque le montant du passif n’est pas entièrement
chiffré. Il suffit que l’insuffisance d’actif soit certaine 117. Cependant, le dirigeant ne peut
se voir infliger une réparation supérieure à l’insuffisance d’actif. 118 Dès lors que les
conditions de l’action en comblement de passif sont réunies, cette action apparaît alors
comme une simple réparation pécuniaire des dommages causés à l’entreprise.
L’action en comblement du passif se prescrit par trois ans à compter de l’arrêté
définitif de l’état des créances. Le tribunal compétent pour engager la procédure et
prononcer la sanction est celui qui a prononcé le redressement judiciaire et la liquidation
des biens de la personne morale 119. De ce fait le dirigeant ne peut être condamné que dans
ces deux hypothèses, bien que la jurisprudence ait admis récemment que cette sanction
pouvait intervenir lors d’un règlement amiable.120
La publication de la sanction est faite sous le numéro d’immatriculation de la
personne morale au registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM). Si le dirigeant
est lui-même commerçant, elle est faite au journal officiel, en outre, sous le numéro
personnel des dirigeants.121
Le non paiement du montant de la condamnation découlant de l’exercice de l’action
en comblement du passif est susceptible de sanctions plus graves comme l’extension de la
procédure collective ouverte contre la personne morale aux dirigeants.
115
Y.GUYON, Droit des affaires, Tome 2.
116
Prescription de trois ans (3) dans le cadre de l’action en comblement du passif.
117
Com, 17 juillet 1956, RTCom, 1956, p.693.
118
Com.21 janvier 2003, ACP, 2003, no 77.
119
Article 186 et 184 AUPC.
120
Cass.com 8 juillet 2003, JCP G 2003, IV, 2629.
121
Article 188 AUPC.
35
Séminaire de droit commercial la responsabilité des dirigeants de sociétés commerciales
b) L’extension de la procédure collective et les limitations aux droits d’associés des
dirigeants sociaux.
Le juge peut ouvrir une procédure à l’égard de tout dirigeant, bien qu’il n’ait pas la
qualité de commerçant, et sans être personnellement en état de cessation des paiements
lorsqu’il a :
Disposé du crédit ou des biens de la personne morale comme des siens propres ;
Poursuivit abusivement dans son intérêt personnel, une exploitation déficitaire qui ne
pouvait conduire qu’à la cessation des paiements de la personne morale ;
Exercé une activité commerciale personnelle, soit par personne interposée, soit sous
le couvert de la personne morale masquant ses agissements.
La juridiction compétente peut également prononcer le redressement judiciaire ou la
liquidation des biens des dirigeants à la charge desquels a été mis tout ou partie du passif
d’une personne morale et qui n’acquittent pas cette dette122.
Cette sanction apparaît comme « d’un degré plus élevé ». Elle s’applique aux mêmes
dirigeants, en cas de redressement judiciaire ou de liquidation des biens d’une personne
morale, qui ont commis une faute grave. Dans ce cas, le passif comprend outre celui de la
personne morale, celui personnel du dirigeant.
L’extension de la procédure collective repose sur la nécessité de faire supporter aux
dirigeants la réparation du préjudice qu’ils ont fait subir aux créanciers du fait de leur
comportement fautif.
Certains auteurs123 pensent que l’expression « extension de la procédure » utilisée par
le législateur OHADA pour designer le dispositif répressif de l’article 189 AUPC ne
correspond pas tout à fait à la réalité. Il y a une mauvaise qualification puisque la
procédure ouverte à l’encontre du dirigeant fautif est une procédure distincte de celle dont
fait l’objet la société. D’ailleurs, l’action en comblement du passif et l’action en
extension de procédure ont des effets concurrents sur le patrimoine du dirigeant. L’action
en comblement du passif, telle que définie par l’article 183 AUPC, est une application de
l’action en responsabilité dans le cadre des procédures collectives. A ce niveau, le juge
dispose d’une simple option de prononcer la condamnation du dirigeant en cause sans en
être tenu de le faire124. L’action en extension de procédure ressort quant à elle de l’alinéa
premier de l’article 189 de l’AUPC. Contrairement à la précédente, l’action en extension
122
Article 189 AUPC.
123
Notamment le Pr SAWADOGO, in droit des entreprises en difficulté.
124
Cass.com, 7 juillet 1987, Jung c/ Levet.
36
Séminaire de droit commercial la responsabilité des dirigeants de sociétés commerciales
de procédure n’a pas pour objectif la réparation d’un préjudice. Elle vise à réprimer un
comportement répréhensible. C’est surtout une action que le tribunal peut prononcer à
l’encontre du dirigeant contre lequel peut être relevé l’un des faits visés à l’article 189
AUPC. Et le juge dispose également d’une option pour prononcer la condamnation du
dirigeant en infraction. Les créanciers admis dans la procédure collective ouverte contre
la personne morale sont admis, de plein droit, dans le redressement judiciaire ou la
liquidation des biens du dirigeant. Les sanctions sont publiées dans les mêmes conditions
que celles de l’action en comblement du passif.
Outre les sanctions patrimoniales, les dirigeants sociaux subissent des restrictions
relativement à leurs titres sociaux. Le juge peut prononcer contre eux l’interdiction de
céder leurs droits sociaux, d’exercer leur droit de vote en cas de faillite personnelle dans
les assemblées et éventuellement, l’obligation de céder ces droits par le soin d’un
syndic125. Le produit de la vente est affecté au paiement de la part des dettes de la
personne morale mise à la charge des dirigeants. Cela permettra à la fois d’éliminer pour
l’avenir l’influence néfaste des dirigeants fautifs et de contribuer au comblement du
passif, et de ce fait, au paiement des créances.
Ces restrictions ne se retrouvent évidemment que dans les sociétés. Dès le prononcé de la
sanction, le tribunal pourra fixer les conditions dans lesquelles seront cédés les droits
sociaux des dirigeants qu’ils soient de fait ou de droit, rémunérés ou non. La règle est
sanctionnée par la nullité des cessions qui ne respecteraient pas ces restrictions, lesquelles
seront au moins inscrites dans les registres de la société. Le sens de cette disposition est
d’éviter que les dirigeants ne mettent en place une sorte de « solution parallèle » en
cédant leurs droits sociaux à qui ils veulent , de garantir le remboursement des dettes
auxquelles ils pourraient être tenus à la suite de la procédure. C’est une mesure
conservatoire, mais qui n’interdit pas les cessions, celles-ci étant possibles mais dans les
conditions fixées par le tribunal et aux soins du syndic.
Le prononcé de cette sanction demeure une faculté laissée à la libre appréciation du juge,
elle ne sera prononcée que si la survie de la société le requiert. En réalité, cela permet de
mettre en place un plan de continuation avec d’autres dirigeants que ceux en place. Cette
incessibilité peut être accompagnée d’un transfert des droits de vote à un mandataire ad
hoc, qui peut être l’administrateur judiciaire. Ainsi, le dirigeant ne pourra pas s’opposer à
une augmentation de capital par un tiers.
125
Articles 57 et 185 AUPC.
37
Séminaire de droit commercial la responsabilité des dirigeants de sociétés commerciales
Les sanctions civiles et commerciales n’ont pas toutes un caractère patrimonial, il en est
ainsi de la faillite personnelle qui a un caractère extrapatrimonial mais aussi les sanctions
pénales.
38
Séminaire de droit commercial la responsabilité des dirigeants de sociétés commerciales
ou contrôler une entreprise commerciale ou toute personne morale ayant une activité
économique126; l’interdiction d’exercer le droit de vote dans les assemblées de la personne
morale contre laquelle a été ouverte une procédure collective; l’interdiction d’exercer une
fonction administrative, judiciaire ou de représentation professionnelle. Le représentant
du ministère public surveille l’application de cette sanction et en poursuit l’exécution. La
gravité des sanctions de faillite personnelle et leurs finalités les rapprochent des sanctions
pénales.
Contrairement à la loi française de 1967, l’AUPC n’a pas retenu le démembrement de la
faillite personnelle sous la forme d’une interdiction professionnelle ponctuelle.
La durée de la faillite personnelle, qui doit être fixée par la décision, est au minimum de
trois (3) ans et au maximum de dix (10) ans. Les déchéances, incapacités et interdictions
résultant de la faillite personnelle prennent fin au terme fixé. Elles peuvent aussi prendre
fin en cas de clôture pour extinction du passif. La fixation de la durée comprise entre 3 et
10 ans est une « innovation »127 qui apporte une protection aux faillis. Antérieurement, la
faillite personnelle était perpétuelle, sauf réhabilitation.
Les décisions prononçant les sanctions de faillite personnelle contre les dirigeants
sont mentionnées au registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM) ainsi qu’en
marge de l’inscription relatant le redressement judiciaire ou la liquidation des biens. Elles
sont en plus publiées par extrait au journal officiel et dans un journal habilité à recevoir
les annonces légales dans le ressort de la juridiction ayant statué.
Pour les fautes les plus graves et même pour des fautes de même gravité, le dirigeant peut
être frappé de sanctions pénales.
39
Séminaire de droit commercial la responsabilité des dirigeants de sociétés commerciales
128
Filiga Michel SAWADOGO, in OHADA, Traité et actes uniformes commentés et annotés, 2 e ed juriscope 2002.
129
Filiga M. SAWADOGO, op.cit.
40
Séminaire de droit commercial la responsabilité des dirigeants de sociétés commerciales
l’article 376 dudit code dispose que : « ceux qui seront déclarés coupables de banqueroute
seront punis :
Les banqueroutiers simples d’un emprisonnement d’un (1) mois à deux (2) ans ;
les banqueroutiers frauduleux, d’un emprisonnement de cinq (5) à dix (10) ans ».
On constate ainsi, à travers les peines, que les faits constitutifs de banqueroute simple
sont moins graves que ceux qui peuvent entraîner la banqueroute frauduleuse.
La législation sénégalaise punit aussi ceux qui sont reconnus complices du délit de
banqueroute qu’elle soit simple ou frauduleuse. Ils encourent les mêmes peines même
s’ils ne sont pas commerçants.130
Au vu de toutes ces sanctions, on peut dire que les dirigeants des sociétés
commerciales sont dans une position à risque dans laquelle ils peuvent se voir priver de
leur liberté. Toutefois, il existe un facteur d’atténuation de la responsabilité pénale des
dirigeants entraînant par là même une exonération des sanctions pénales. Ces dernières
sont en effet écartées en cas de délégation de pouvoirs. Celle-ci, apparue dans un arrêt de
principe du 28 juin 1902 en droit de travail notamment sur la sécurité et l’hygiène des
salariés, s’est par la suite étendue à toutes les branches du droit. La cour de cassation
française, par un arrêt du 19 mars 1993, indique clairement que la délégation de pouvoir
est en principe possible sauf si la loi en dispose autrement. Toute fois, il faut veiller à ce
que les statuts de la société ne l’excluent pas expressément.
En cas de délégation de pouvoirs ce sont les cadres supérieurs, voire moyens, qui risquent
d’être poursuivis pénalement, encore faut-il que le dirigeant rapporte la preuve de la
réalité de la délégation de pouvoirs invoquée. Ainsi, un P-DG poursuivi pour fraude
fiscale ne peut se prévaloir d’une délégation de pouvoirs au profit d’un directeur
financier, dans la mesure où il a gardé le contrôle effectif du respect des obligations
fiscales par la société131.
130
Article 377 CP sénégalais.
131
Cass. Crim., 19 aout 1997: Bull.Joly 1997.p, 36, note C. MASCALA.
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Bibliographie
Ouvrages généraux :
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Séminaire de droit commercial la responsabilité des dirigeants de sociétés commerciales
Ouvrages spéciaux :
P-G Pougoue – F. Anoukaha – J.N.Toukam. Programme de formation en ligne avec le
soutien du fonds francophones des inforoutes : Sociétés commerciales et GIE.
Filiga Michel Sawadogo, Droit des entreprises en difficulté (prévention, procédures
collectives, sanctions).
Revue :
Rev. Lamy sociétés commerciales, ed. Lamy SA, 187/189, 1998.
Textes :
OHADA, Traité des actes uniformes commentés et annotés, juriscope 2002.
Code Pénal du Sénégal
Code Pénal du Mali
Code Pénal du Niger
Code des Obligations Civiles et Commerciales (COCC)
Code civil français
Web graphie :
http://www.ohada.com/
www.wikipedia.org
www.lexinter.org
www.unidroit.org
43