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John Grisham a cité « La loi ne connaît pas de plus lourd fardeau que celui de protéger les

droits juridiques de ceux que la société a décidé d’exécuter »


La criminalité d’affaires s’entend à toutes les infractions qui violent les normes légales faites
par l’Etat pour réglementer la vie des affaires, nous visons ici le droit pénal des affaires.
C’est ainsi qu’on distingue deux types d’infractions :
1- les infractions qui ont un rapport nécessaire avec l’entreprise, il s’agit des infractions
relatives à la constitution, au fonctionnement et à la dissolution de la société, notamment celle
relatives à la SA
2- Les infractions qui n’ont qu’un rapport occasionnel avec l’entreprise. Ce sont les infractions
de droit commun qui ne relèvent pas du DPA et pouvant être accomplies par un professionnel
dans le cadre d’une entreprise.
Exemples : vol, escroquerie, abus de confiance, faux, et l’usage de faux.

En effet, depuis sa naissance, durant sa vie et même lors et après sa disparition, la société se
trouve imposée le respect de certains impératifs légaux. La rigidité de la réglementation
imposée aux sociétés veut que tout manquement à ladite réglementation constitue une
infraction, dont les conséquences seront supportées par les personnes habilitées à agir au nom
de l’entité. La sanction de ces défaillances peut aller de la nullité de l’acte de société, ou à l’une
des clauses des statuts, à la responsabilité pénale des dirigeants.
Ce dispositif répressif tend théoriquement à protéger les associés, et les tiers, en mettant à leur
disposition une information régulière, sincère et complète sur l’identité, la capacité, ainsi que
sur l’ensemble des activités et décisions de la société.
Cependant, quel est en pratique, l’impact de cette réglementation pénale sur la vie des affaires
? L’intervention du Droit Pénal dans la vie des sociétés, est-elle une mesure de sécurité et
d’assurance, ou plutôt une entrave à la souplesse et à la rapidité qui sont de l’essence même de
la vie des affaires ?
Pour tenter de débattre ces questions, nous allons voir dans la typologie des infractions en droit
de sociétés(I) avant de se pencher sur la question épineuse à savoir pénaliser/dépénaliser le droit
des sociétés(II).

I- LA TYPOLOGIE DES INFRACTIONS EN DROIT PENAL DES AFFAIRES

A ce stade on distingue entre deux catégories d’infractions, celle relatives au droit commun(A)
et autres qui ont un rapport nécessaire avec l’entreprise(B).

A- INFRACTIONS DU DROIT COMMUN RELATIVES AU MONDE DES AFFAIRES.

Parmi ces infractions dites classiques du droit pénal des affaires, on trouve celles commises
contre les biens ; Le caractère juridique de ces atteintes tient à ce que ces infractions portent
atteinte au droit de propriété.
Le droit pénal les regroupe plusieurs infractions on se contente de citer les plus rencontrées
dans le monde des affaires, l’abus de confiance, le vol, le faux et l’usage de faux
 Le vol
Quel soit en droit commun ou en droit des affaires le vol supporte la même définition prévue
dans le code pénale.
Selon l’article 505 Code Pénal Marocain le vol est la soustraction frauduleuse de la chose
d’autrui.
C’est ainsi que l’infraction se matérialise par la présence de 3 éléments la soustraction de la
chose susceptible d’être volée, et qui doit appartenir à autrui. Les articles 505 à 510 prévoient
les sanctions relatives à l’infraction du vol.
 L’abus de confiance
l’abus de confiance est le fait par toute personne de mauvaise foi, de détourner ou dissiper, au
préjudice des propriétaires, possesseurs ou détenteurs, soit des effets, des deniers ou
marchandises, soit des billets, quittances, écrits de toute nature contenant ou opérant obligations
ou décharges et qui lui avaient été remis à charge de restitution, de représentation ou d’un usage
déterminé. Pour que l’infraction se matérialise il faut la réunion des éléments suivant, La remise
préalable de la chose, et un détournement préjudiciable. Cette infraction est régie par les articles
547 à 554 du Code Pénal Marocain. L’abus de confiance est un délit intentionnel et l’existence
de l’élément moral doit être caractérisée. Le détournement implique l’idée de fraude.
 Le faux et l’usage de faux
Le faux
L'article 351 du code pénal le défini comme étant « Le faux en écritures est l'altération
frauduleuse de la vérité, de nature à causer un préjudice et accomplie dans un écrit par un des
moyens déterminés par la loi ».
L’infraction doit être matérialisée par un acte. Autrement une action ayant pour résultat de
rendre le document non conforme à la vérité.
Pour l’Elément moral, le faussaire doit agir sciemment (En connaissance de cause,
volontairement).
L’usage de faux
L’élément légal d’usage de faux est prévu par l’article 359 qui énonce que « …celui qui fait
usage de la pièce qui savait fausse est puni des peines réprimant le faux ….».
L’infraction se matérialise par les actes qui sont par l’article 352 du code pénal marocain.
L’élément moral suppose uniquement la connaissance de la fausseté de l’écrit.

B- LES INFRACTION QUI ONT UN RAPPORT NECESSAIRE AVEC LA SOCIETE


(SA)
La loi n° 20-05 relative aux sociétés anonymes regroupe l’essentiel des infractions pénales et
leurs sanctions en ce qui concerne la constitution, la direction et l’administration de la société
anonyme, et à la dissolution.
 Les infractions relatives à la constitution
Les règles relatives à la constitution et à la publicité des sociétés sont essentielles, car elles ont
pour but la protection des intérêts en présence. Le législateur a entendu protéger :
• Non seulement, les parties au contrat de société. Les règles de constitution strictes permettent
de s'assurer que les parties ont une volonté réelle et libre de s'associer et qu'elles connaissent
l'étendue de leurs engagements ;
•Mais encore, les tiers et principalement les créanciers. Les règles de publicité informent le
public de la naissance, de la vie et de la mort de toute société.
En droit pénal marocain des affaires, au niveau de la constitution de la société, le législateur
marocain a mis en place un ensemble de formalités devant aboutir à l’acquisition par la société
de la personnalité morale, après son immatriculation au RC.
Ces formalités bien qu’ayant un caractère formel, le chef d’entreprise doit leur prêter attention,
car toute négligence peut constituer une infraction passible d’une sanction
Il s’agit essentiellement des infractions suivantes :
 infractions relatives aux formalités de publicité, ces infractions englobent :
le refus de dépôt des pièces ou d’actes au RC ou défaut de publicité prévue par la loi.
Régie par L’article 420 de la loi 17/95
le défaut d’indication de certaines mentions sur les documents de la société. Régie par
l’article 419 de la loi 17/95
 les infractions liées aux comptes sociaux et au capital social, ces infractions englobent :
infractions liées à la souscription et au versement du capital. Cette infraction est prévue
par l’article 379 de la loi 17/95
les infractions liées à la surévaluation des apports en nature. Cette infraction est
sanctionnée aussi par l’article 379 la loi 17-95. Elle établit un délit qui peut être commis
soit à la création de société, soit à l’augmentation de capital social Ainsi les auteurs de
ce délit sont :
-les personnes ayant fait l’apport en nature
-Les fondateurs
-Les commissaires aux apports choisis parmi les commissaires aux comptes (art 25 loi 17-95).
 Les infractions relatives au fonctionnement de la SA.
La société en tant que partie prenante essentielle dans le processus de production, de circulation
et de consommation des richesses. Le droit, dans le but d’assainir la vie des affaires, impose à
la société le respect d’un certain nombre d’obligations, dont le non-respect expose l’entreprise
à des sanctions civiles mais aussi de plus en plus pénales.
A ce niveau on peut distinguer 4 infractions :

 la distribution de dividende fictif


 L’abus des pouvoirs et des biens sociaux
 Les infractions liées aux assemblées générales d’actionnaires
 les infractions liées aux modifications du capital social

 les infractions en matière de dissolution de la société


Cette opération dite de « dissolution » a pour conséquences :
- la « liquidation » de la société, c'est à dire sa disparition, d'où le retour à l'état d'indépendance
des associés et des éléments autrefois groupés ;
- le « partage » des biens sociaux entre les associés.
La dissolution, la liquidation et le partage sont régis en droit marocain par les articles 1051 et
suivants du Dahir des Obligations et Contrats (D.O.C.) ainsi que par certaines règles
spécifiquement applicables aux sociétés de capitaux, en l’occurrence :
Le nouveau droit des sociétés n’a pas manqué d’introduire des innovations touchant les règles
et les modalités de la dissolution, de la liquidation et du partage. C’est ainsi que :
la loi n° 17-95 du 30 août 1996 relative aux sociétés anonymes a prévu respectivement dans
ses titres XII (articles 356 à 360) et XIII (articles 361 à 372) des règles spécifiques à la dissolution
et la liquidation ; les articles 421 à 424 de la même loi prévoient des mesures répressives en
cas d’infractions ;
II- LA DEPENALISATION EN DROIT DES AFFAIRES
La dépénalisation est un concept sur lequel la doctrine a abondamment réfléchi, d'où la
pluralité d'approches qui en résulte ainsi que les avantages(A), le Maroc ne fait pas exception
est se dote d’un courant doctrinale propre à lui(B).
A- APPROCHE DOCTRINALE ET AVANTAGE DE LA DEPENALISATION
1- APPROCHES DOCTRINALES

 l’école du recul du droit pénal


Pour ce courant doctrinal, la dépénalisation désigne «toutes les formes de désescalade à
l'intérieur du système pénal», cela vise les processus de correctionnalisation et de
contraventionnalisation. D'autres ont entendu la dépénalisation dans le même sens, mais de
façon moins restrictive.
 l'école du retrait du droit pénal
LE système pénal au profit d'une autre variante, civile, administrative ou de médiation ».
L'école du retrait du droit pénal inclut donc quant à elle la décriminalisation dans le concept
de dépénalisation et envisage également ce phénomène comme un processus qui n'est pas
exclusivement interne au droit pénal, mais comme une dynamique qui va affecter d'autres
branches du droit à l'issue du dessaisissement du droit pénal. En revanche, ce courant n'inclut
pas la désescalade susceptible d'affecter une incrimination dans sa conception de la
dépénalisation.
2- les avantages de La politique de dépénalisation
Une politique rationnelle de dépénalisation peut couvrir et assurer que le droit pénal des
affaires ne finit pas par être détourné de son but initial qui était la moralisation des rapports
économiques. Et évite que ce dernier devienne une arme aux mains des concurrents, des
organismes sociaux, de l’administration fiscale, en vue de faire pression sur une entreprise ou
sur un adversaire. Dès lors, le système n’est pas seulement inefficace, il devient pervers.
B- Le courant doctrinal marocain de la dépénalisation
le droit marocain a emprunté depuis longtemps la voie de l’assouplissement des peines, mais
avec certaines nuances.
Face à une conjoncture économique en expansion et un marché international concurrentiel et
instable, le législateur doit mettre en œuvre une stratégie de dépénalisation du monde des
affaires adéquate et en faveur des intérêts économiques du pays. Ainsi que de concilier la
dépénalisation par le maintien d’atmosphère appropriée afin d’attirer et encourager les
investissements étrangers. Ainsi selon plusieurs intervenants, il faut s’inscrire dans une
démarche conforme à l’intérêt général, et respectant un ordre public de protection qui est triple :
 il impose une protection du faible contre le fort
 Il impose une protection à la sécurité, et au patrimoine des citoyens.
 Il impose une confiance légitime dans le marché,

En fin cette dépénalisations doit être mise en œuvre cela à travers :


- La désincrimination constitue la forme la plus visible de dépénalisation. Elle peut être
mise en place par deux opérations juridiques distinctes :
 Une suppression de la qualification pénale : le texte incriminateur est supprimé et
l’infraction disparait
 Une réduction du périmètre de la qualification pénale : l’infraction ne disparaît pas, mais
le champ de la pénalisation est réduit

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