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COURS

DROIT DES SOCIÉTÉS

Par: Dr. Hanae BAKKALI

Docteur en droit privé de l’Université Abdelmalek Essaâdi.


Professeur à la faculté de droit de Tanger (Maroc).

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LICENCE FONDAMENTALE
DROIT EN LANGUE FRANÇAISE
Semestre : 4

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ANNEE UNIVERSITAIRE 2020-2021


Pour toute correspondance :
Mail : hanae_bak@yahoo.fr

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Le droit des sociétés est une branche du droit de l’entreprise qui régit
l’organisation des entreprises constituées sous forme de société. Dès lors que la
société est une entreprise, il convient d’étudier la notion d’entreprise avant
d’envisager comment les entreprises peuvent être organisées.

Le droit de l’entreprise vise à appréhender et à fédérer les aspects juridiques


de l’entreprise. Même s’il se focalise essentiellement sur le droit commercial et le
droit des sociétés, il concerne également le droit des contrats, le droit du travail, le
droit de la concurrence, le droit fiscal, le droit de la consommation et le droit
public pour les entreprises publiques.

Absence de définition juridique : L’entreprise n’est appréhendée par le


droit en général et par le droit de l’entreprise en particulier qu’à travers deux
concepts : le fond de commerce et la société.

L’entreprise n’est considérée en principe ni comme un objet de droit, ni


comme un sujet de droit. Elle ne peut être ni créancière ni débitrice ; elle n’a ni
actif ni passif, ni droits ni obligations et encore moins une personnalité juridique.

Pour avoir une personnalité juridique, l’entreprise doit revêtir une forme
juridique reconnue par la loi : soit une entreprise individuelle appartenant à une
personne physique (article 1241 du DOC), soit une entreprise sociétaire
appartenant à une personne morale : société, association, coopérative, mutuelle ou
groupement d’intérêt économique.

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En revanche, l’entreprise est une réalité économique et sociale que le droit
ne peut pas ignorer.

La société est une institution familière du commerce et de la plupart des


secteurs d’activité où l’homme est amené à entreprendre. Elle correspond à la
nécessité d’organiser le regroupement des moyens humains, intellectuels,
techniques et financiers indispensables à la réalisation et à la pérennité des
entreprises. La société s’analyse comme une technique d’organisation et une
structure juridique.

De cette réalité socio-économique, le droit à un aspect organisationnel


extrêmement important et la société donne au droit une dimension d’une science
d’organisation de l’entreprise.

En droit marocain, l’entreprise individuelle et la société sont les deux


modes possibles d’organisation de l’entreprise commerciale. Lorsque
l’entreprise est exploitée par une personne physique seule, on parle «
d’entreprise individuelle ». Lorsqu’elle est exploitée par un groupement de
personnes, qu’on appelle personne morale, dans ce cas on est en présence d’une
« société ».

Pourtant, la société doit être distinguée de l’entreprise, dont elle n’est que
l’une des formes juridiques possibles, et en particulier aujourd’hui de la société a
responsabilité limitée à associé unique, nouveau mode d’exploitation de
l’entreprise mais surtout d’organisation du patrimoine instituée par l’article 44
de la loi 5-96 permettant à un entrepreneur individuel d’affecter à son
activité professionnelle un patrimoine qu’il tient séparé de son patrimoine
personnel.

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Cependant, si les sociétés se sont développées à côté des personnes
physiques commerçantes c’est notamment du aux insuffisances de l’entreprise
individuelle tant au plan économique, social et que fiscal. Cependant,
l’entreprise individuelle et la société commerciale ont des caractéristiques
radicalement différentes.

L’entreprise individuelle est donc celle exploitée par un commerçant


personne physique seul, c'est-à-dire sans associé. On dit d’un tel commerçant
qu’il exerce le commerce en « son nom personnel » ou en « son nom propre
compte ». Il est important de comprendre qu’une telle entreprise individuelle n’a
pas de personnalité et de patrimoine distincts de ceux de la personne physique qui
l’exploite.

Dans la théorie traditionnelle, le patrimoine d’une personne physique est lié


à sa personnalité, ce qui l’empêche d’avoir plusieurs patrimoines, notamment des
patrimoines dits « d’affectation », par exemple un patrimoine « d’affectation
commerciale » qui serait distinct de son patrimoine « civil » et séparé de ce
dernier. Ici on comprend tout l’intérêt que pourrait avoir, pour un commerçant
individuel, le patrimoine « d’affectation commerciale ».

En effet, si l’entreprise individuelle avait des difficultés, les créanciers de


cette entreprise ne pourraient poursuivre que le patrimoine « d’affectation
commerciale » de ce commerçant, à l’exclusion de son patrimoine personnel qui
serait ainsi juridiquement autonome et surtout protégé.

Cette théorie du patrimoine d’affectation n’a jamais été introduite dans le


système juridique marocain. C’est la raison pour laquelle, l’unité qui existe entre
patrimoine du commerçant exerçant le commerce « en son nom personnel » et

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le patrimoine de son entreprise individuelle fait de cette dernière un mode
d’organisation de l’entreprise pouvant se révéler dangereux notamment sur le
plan patrimonial.

De plus, si l’entreprise individuelle, qui représente le plus grand nombre


d’entreprises au Maroc, est par hypothèse limitée tant par les compétences
techniques que par les possibilités financières de la personne morale. Ici, l’aléa
majeur de l’entreprise individuelle était essentiellement lié à la vie même de
l’entrepreneur.

A cet égard, l’entreprise individuelle se caractérise par la localisation de


l’entreprise directement dans le patrimoine du chef d’entreprise. Si cette
organisation patrimoniale a le mérite de la simplicité et si elle permet à
l’entrepreneur d’appréhender sans autres formalités ni frottement fiscal
l’ensemble des bénéfices dégagés par l’entreprise, elle fait aussi encourir un
risque important en cas de déconfiture puisque c’est l’ensemble des biens
composant le patrimoine qui devra répondre des dettes d’exploitation.

En revanche, la société commerciale, mode d’organisation de l’entreprise,


se distingue de l’entreprise individuelle essentiellement par deux caractéristiques.
D’une part, l’entrepreneur n’exerce plus le commerce seul, mais avec des
associés, et depuis la loi 5-96 relative à la SARL du 13 février 1997, il est
possible de créer une S.A.R.L. à associé unique, qui est une société avec un seul
associé.

D’autre part, la société est un contrat qui obéit à des règles complexes avec
création d’une personne morale nouvelle dont le support juridique est la
personnalité morale. Dans le droit positif marocain, la société est un contrat par

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son origine et une institution par son développement.

A ce sujet, trois textes juridiques en témoignent :

1. La loi 5-96

2.La loi 17-95


3. L’article 982 du Dahir des Obligations et Contrats qui précise que «
la société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes
mettent en commun leurs biens ou leur travail ou tous les deux à la
fois, en vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter ».

Ces lois ont adapté le droit marocain aux besoins de notre époque
notamment grâce à l’existence de personnalités juridiques distinctes et donc de
patrimoines distincts, nous savons clairement à qui appartient tel ou tel élément
du patrimoine. Ces lois ont de ce fait facilité la création d’entreprises au Maroc.

Face aux réalités juridiques de la vie des affaires, la bonne gestion de la


société passe désormais par une bonne maîtrise du droit des sociétés.

Ce droit est un ensemble de règles applicables aux sociétés définies par


les articles 982 à 1063 du Dahir des Obligations et Contrats. Parmi les
sociétés il y a lieu de distinguer les sociétés civiles et les sociétés
commerciales.

Cette distinction repose d’abord sur le genre d’activité qu’exerce la


société. Sont ainsi commerciales, les sociétés ayant pour objet l’exercice
d’actes de commerce. Sont civiles ensuite, les sociétés qui, par opposition, n’ont

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ni une forme réputée commerciale, ni un objet ayant un rapport avec le
commerce.

Au Maroc, les intérêts de constituer une société sont nombreux et variés.


Permettre d’abord à plusieurs personnes d’agréger leurs forces pour développer
ensemble un projet commun qu’elles n’auraient pu seules réaliser, faciliter la
séparation des patrimoines professionnels et privés et ainsi limiter l’exposition
au risque de pertes en cantonnant les effets des sûretés au seul patrimoine
professionnel.

Permettre également de mieux organiser la transmission des patrimoines


professionnels que ce soit au profit de descendants ou de tiers en logeant dans le
patrimoine de l’entrepreneur des actifs, soit des actions ou des parts sociales,
dont la répartition entre plusieurs personnes est plus aisée.

Permettre ensuite d’accéder à de nombreux avantages fiscaux lorsque la


société est soumise à l’impôt sur les sociétés notamment en ne taxant les
associés que sur les sommes effectivement prélevées sur le bénéfice favorisant
ainsi la constitution de réserves au niveau de la société et alléger le coût de
transmission de l’entreprise.

Enfin, de permettre le recours à la personnalité morale conférée aux


sociétés ce qui permet d’autonomiser et de pérenniser l’entreprise sociétaire au-
delà de la vie de ses fondateurs.

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On traitera dans ce cours de droit des sociétés deux parties à savoir :
Partie I : Théorie générale des sociétés :
Chapitre I : Le contrat de société
Chapitre II : La personnalité morale
Chapitre III : Les règles communes de fonctionnement et dissolution des
sociétés commerciales

Partie II : Les règles particulières aux différents types de sociétés commerciales :


Chapitre I : Classification des sociétés commerciales en droit marocain
Chapitre II : Les règles relatives à la gestion
Chapitre III : La société à responsabilité limitée

Afin d’aider votre compréhension du droit des sociétés, il est important


d’avoir prés de vous quatre documents indispensables pour le juriste d’affaires
à savoir, le Dahir des Obligations et Contrats, le code de commerce, la loi 5-
96 relative à la SARL, la 17-95 relative aux sociétés anonymes et la loi 20-05.

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BIBLIOGRAPHIE

1- DROIT MAROCAIN

Manuels et traités

-Decroux Paul, Les sociétés en droit marocain, 5ème édition La Porte 1988
-A. Benserti, Les sociétés en droit marocain(en arabe), 2014
-M. El Mernissi, Traité marocain de droit des sociétés, LexisNexis, 2019
-Azougar, Les sociétés à responsabilité limitée à la lumière de la jurisprudence (en arabe),
2018
-Rhalib My Med Lahbib et A. Chair, Tout savoir sur la société à responsabilité limitée en
droit marocain avec jurisprudence intégrée, collection Grosso Modo 2009
-M. Bahnini, La société anonyme en droit marocain, Headline 1998
-H. Cherkaoui, La société anonyme, 2011

Revues
-Droit et stratégie des affaires au Maroc (LexisNexis)
-Gazette des tribunaux du Maroc- GTM ( en arabe depuis 1965)

Sites Internet
-Artémis
-Juridika
-Bassamat & Laraqui (cabinet Bassamat)
-Portail Lexis Maroc

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2- DROIT FRANÇAIS

Manuels et traités
-Y.Guyon, Droit des Affaires, Tome 1 : Droit commercial général et Sociétés, Economica
2008
-G.Rippert et R.Roblot, Traité de Droit Commercial, Tome 1- Volume 2 : Les sociétés
commerciales, L.G.D.J 2002
-D. Gibrila, Droit des sociétés, Ellipses 2010

Revues
-Droit des sociétés
-Revue des sociétés
-Revue trimestrielle de droit commercial et de droit économique
-Bulletin Joly Sociétés

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