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Introduction
Section 1 : l’identification du droit pénal des affaires
Il s’agit de situer le droit pénal des affaires dans la matière juridique, c’est la
place du droit pénal des affaires dans le droit criminel qui sera précisé. On ne
peut avoir une perception correcte de sa place si on ne sait pas exactement ce que
recouvre ce dernier.
I) Présentation du droit criminel.
Les composantes du droit criminel doivent êtres distinguées les unes des autres.
A) Les composantes du droit criminel
On désigne l’ensemble du droit pénal dont l’objet commun est la criminalité, on
entend droit criminel au sens large. Le phénomène criminel c’est le fait contraire
à l’ordre social qui est prévu et réprimé par la loi. Il y a trois principaux blocs
dans le droit criminel. Le droit pénal général, le droit pénal spécial et la
procédure pénale. Le droit pénal des affaires c’est du droit pénal spécial.
- le droit pénal général : il a pour objet de fixer les règles générales qui sont
relatives à l’infraction et notamment aux classifications des infractions, à leurs
éléments constitutifs. Le droit pénal général concerne également l’interprétation
et l’application de la loi pénale dans le temps, dans l’espace. Le droit pénal
général a trait aussi aux conditions de la responsabilité pénale et à la fixation
des peines. Le principe de la légalité qui est le principe fondateur du droit pénal
en ce sens qu’il fonde l’existence même du droit pénal, ce principe dont on va voir
quelles sont ses principales applications signifie qu’en droit pénal c’est la loi
qui est la source prédominante. Les règles du droit pénal général on les trouve
dans le Livre I du Code pénal. En particulier le droit pénal général c’est le droit
qui détermine la classification des infractions selon leurs gravités. Il y en a une
qu’il faut avoir à l’esprit, c’est la classification tripartite des infractions.
L’article L111-1 du Code pénal énonce que les infractions sont classées suivant
leurs gravités en crimes, délits, et contraventions. Le crime, ici, il faut
l’entendre au sens strict du terme. Cette distinction ne doit rien au code pénal
actuel, le code pénal ancien donnait aussi cette classification dans ce premier
article et c’est sur cette classification que repose la répression du droit pénal.
Elle est fondée sur la gravité des infractions donc sur la gravité de la peine. Il
faut donc se reporter à la peine prévue par le législateur et c’est cette peine qui
déterminera la nature de l’infraction. Dès lors les crimes se reconnaissent par les
peines suivantes : la réclusion criminelle ou la détention criminelle à perpétuité,
la réclusion criminelle ou la détention criminelle de 30 ans et plus, de 20 ans et
plus mais encore de 15 ans et plus. Ces peines criminelles sont édicté es à
l’article L131-1 du Code pénal. Les délits sont les infractions sanctionnées de
peines correctionnelles, les peines de référence en la matière ce sont
l’emprisonnement et l’amende, article L131-3 du Code pénal. En matière
correctionnelle l’amende est fixée par le législateur à partir de 3750€. Quant à
l’emprisonnement il est d’une durée maximale de 10 ans et les peines
d’emprisonnement reposent sur une échelle qui comporte 8 degrés allant de 10 ans à
2 mois et cette échelle est prévue par l’article L131-4 du Code pénal. Un délit
peut être assorti de peines d’autres nature, ex : TIG. Une même infraction peut
selon les circonstances être constitutive d’un crime ou d’un délit. Ex : le vol est
incriminé à l’article L311-1 du Code pénal, dans ce Livre III qui concerne les
infractions contre les biens c’est la première qu’envisage le législateur qui nous
en donne la définition, le vol est la soustraction frauduleuse de la chose
d’autrui. Ainsi définie le vol peut ensuite être d’une gravité extrêmement variable
selon les circonstances. Il faut aller voir le texte qui en prévoit la sanction,
cette sanction est très variable. En effet le vol simple (sans circonstances
aggravantes) est puni de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000€ d’amende, la peine
d’emprisonnement accompagnée d’une peine d’amende nous fait comprendre que c’est un
délit mais les articles L311-4 à L311-6 du Code pénal prévoient des causes
d’aggravation qui font augmenter la peine mais tout en laissant le vol dans la
catégorie des délits. Article 311-6 qui punit le vol de 10 ans d’emprisonnement et
de 150 000€ d’amende lorsqu’il est précédé ou suivi de violences sur autrui ayant
entrainé une ITT de plus de 8 jours. Le vol peut devenir un crime tel est le cas
lorsqu’il est accompagné de ce que prévoit les articles L311-7 à L311-10 du Code
pénal. L’article L311-10 du Code pénal permet de punir le vol de la réclusion
criminelle à perpétuité lorsqu’il a été précédé de violences qui ont entrainée la
mort ou bien de torture et d’actes de barbarie. Enfin les contraventions, elles
sont punies de peines de peines contraventionnelles. L’article L131-12 du Code
pénal prévoit que les peines contraventionnelles sont l’amende, qui n’excèdera pas
un certain montant prévu par l’article L131-13 du Code pénal. L’amende en matière
correctionnelle n’excède pas 3000€, au sein de la catégorie des contraventions le
législateur a instauré une gradation. Il y a 5 classes, 131-13 1ère classe 38€ au
plus ; 2ème 150€ ; 3ème 450€ ; 4ème 750€ ; 5ème classe de 1500€ au plus ce montant
peut être porté à 3000€ en cas de récidive lorsque le règlement le prévoit.
- la procédure pénale : a pour objet l’étude des règles qui ont trait au procès
pénal étant précisé qu’elle englobe mais dépasse le seul procès pénal. Elle
recouvre les règles relatives à la recherche des preuves des infractions, qui se
déroulent en amont d’un éventuel procès pénal de sorte qu’il y a la procédure
pénale alors qu’il n’y a pas encore procès pénal, peut déboucher sur des décisions
de classement sans suite, sur des non lieus, on est pourtant dans le cadre de la
procédure pénale. Les règles qui sont relatives à l’organisation et à la compétence
des juridictions répressives, les règles qui sont relatives à la recherche et à la
constatation des infractions ainsi qu’à la poursuite de leurs auteurs, ce qui
débouchera sur un jugement du délinquant. Enfin entre dans la procédure pénale si
un jugement pénal est rendu les règles relatives à l’autorité du jugement à ses
effets de même qu’elle contient les règles qui concernent les voies de recours
susceptibles d’êtres exercées.
- le droit pénal spécial : le droit pénal spécial, quel sens donner au terme
spécial ? Dans la langue juridique ce qui est spécial peut avoir plusieurs
acceptions. On parle parfois de telle ou telle branche du droit qui constitue un
droit spécial par rapport à un autre. Exemple droit de la conso avec le droit des
contrats. Une branche du droit est spéciale lorsqu’elle apparaît dérogatoire à un
certain nombre de règles, de principes qui font figure de droit commun. Il est
spécial parce qu’il déroge au droit des obligations, il vient infléchir les
principes du droit des obligations. Mais parfois des règles dites de droit spécial
sont qualifiées ainsi parce qu’elles viennent s’ajouter et se combiner dans un
domaine particulier à des règles générales avec lesquelles elles devront coexister
en les complétant, en les prolongeant. Ainsi on parle de droit général des
obligations auquel s’ajoutent les règles particulières propre à chaque contrat que
règlemente individuellement le Code civil. Il a pour objet les règles qui sont
propres à chaque infraction, il détermine les éléments constitutifs de chaque
infraction isolément. Le droit pénal a pour objet la généralité, le droit pénal
spécial met l’accent sur les spécificités de chaque infraction. Ainsi on sait que
le vol comme toute infraction a une structure composée d’un élément matériel et
moral, et le droit pénal spécial va préciser en quoi consiste l’élément matériel et
en quoi consiste l’élément moral. Ici ce n’est pas un droit commun et dérogatoire
mais un droit qui pose les principes et le droit pénal spécial applique pour chaque
infraction considérée. Le droit pénal spécial est une matière intéressante car elle
fait apparaître quel est le projet de la société quant aux valeurs qu’elle souhaite
protéger. C’est une matière vivante, car constamment soumise à deux tendances
contradictoires, une tendance à la pénalisation et une tendance à la
dépénalisation. Les valeurs que protège une société ne sont pas toujours les mêmes.
Certaines infractions existent aujourd’hui qui n’existaient pas autrefois. Le droit
pénal spécial est un droit très vivant car au delà de l’énumération sur laquelle il
repose on va voir quel est le projet d’une société. Et on verra ainsi que
l’existence même du droit pénal des affaires est révélatrice d’une société qui en
étant libérale veut insuffler un moralisme dans les relations d’affaires. Le droit
pénal spécial en général est un droit qui ne cesse de croître. Le droit pénal
spécial est éclaté dans un nombre considérable de lois et de codes, on trouve dans
le code pénal une partie du code pénal. On les trouve dans le Livre II à V du Code
pénal qui comporte les infractions que le législateur a décrites avec les peines
qui s’y rapportent. Le livre II infractions relatives aux personnes, le Livre III
infractions relatives aux biens, le livre 4 infractions contre la nation et le
Livre V c’est une sorte de livre fourre tout dans lequel ont été inséré de
sanctions différentes les unes des autres. Le Livre III a évidemment des liens avec
le droit pénal des affaires. Mais le droit pénal spécial est bien au delà de ces
livres du Code pénal. Les infractions peuvent êtres prévues dans tous les codes
possibles et elles se multiplient ainsi hors du code pénal dans des textes nombreux
et divers. Ex : infractions en matière de presse, loi de 1981 avec la diffamation,
il y a aussi de très nombreuses infractions qui se trouvent dans des codes, le
délit d’abus de biens sociaux on le trouve dans le Code de commerce mais pas dans
le Code pénal. Le délit qui n’existe plus de publicité trompeuse remplacée par
pratique commerciale trompeuse, ce délit on le trouve dans le code de la
consommation. On peut prendre un autre exemple les infractions relatives aux
chèques et aux cartes de paiements elles se trouvent dans le code monétaire et
financier. Le droit pénal spécial se trouve éclaté bien au delà du code pénal. Et à
mesure que le droit pénal spécial s’étend on observe fatalement une tendance très
forte à une spécialisation du droit pénal spécial. Il y a de plus en plus
d’infractions spécialisées en ce sens qu’elles sont propres à certains secteurs. On
trouve ainsi par exemple de nombreuses infractions dans des domaines aussi variés
que le droit du travail, le droit de la santé, le droit de la bioéthique, le droit
de la consommation, le droit financier, le droit de la communication. C’est
l’inflation législative. Il y a une multiplication d’infractions et qui ne sont pas
toujours utiles mais ça rassure. Cet aspect quantitatif peut être considéré comme
ayant des effets pervers puisque à créer trop d’infractions le risque est de
banaliser la sanction pénale, en effet de façon idéale la sanction pénale doit être
dissuasive. Or la multiplication d’infractions très techniques a ses conséquences
perverses de dévaluer la sanction pénale en effet, dans la conscience des individus
si le droit pénal se multiplie d’une façon immodérée, si tout ou presque devient
une infraction pénale alors cela dévalorise l’intervention du droit pénal qui est
traditionnellement chargé d’assurer la protection des valeurs les plus importantes
dans une société. Or il y a beaucoup de textes qui sont assorti de sanctions
pénales, mais ce faisant le législateur brouille les repères puisqu’il ne s’agit
plus de protéger des valeurs essentielles mais d’ajouter la sanction pénale à des
sanctions civiles pour en renforcer l’efficacité. L’autre effet pervers est qu’à la
longue on ne les connaît plus. L’effet pervers c’est de mettre en échec la
présomption de connaissance de la loi, elle justifie normalement la condamnation de
l’auteur d’une infraction quand bien même celui ci n’aurait pas eu connaissance du
texte qu’il a violé. Il peut naitre alors un sentiment d’injustice.
« Nulum crimen nula poena sine lege », pas d’infractions pas de peines dans lois.
Cela peut donner l’impression que ce principe est cantonné au droit pénal général
et spécial, le droit pénal de fond. Et on pourrait croire qu’il ne concerne pas la
procédure pénale qu’on appelle le droit pénal de forme. Mais il s’applique à tous
les domaines du droit criminel et il va donc produire ses effets. Le principe de la
légalité doit être respecté par le législateur mais aussi par le juge.
a) Le principe et le législateur.
Il y a deux propositions :
Le droit pénal des affaires est essentiellement un droit spécial. Les infractions
en droit des sociétés, en matières financières ou boursières, bancaires, en droit
de la consommation, de la concurrence. Importance de ces règles est devenue telle
qu’il est apparu nécessaire de les rassembler dans une matière qui est enseigné à
coté du droit pénal spécial.
L’émergence du droit pénal des affaires comme une matière qui s’enseigne de façon
autonome est révélatrice de deux phénomènes abordés hier, ici parfaitement
illustrés :
- Extension du champ pénal avec la pénalisation de la société. De plus en plus
d’infractions dans le domaine des affaires.
- Spécialisation du droit pénal spécial qui devient de plus en plus spécialisée.
Ces infractions présentent la particularité de ne pouvoir être commises que par
certaines (catégories de) personnes. Exemple : abus de biens sociaux que par les
dirigeants. En tant que droit spécial, le droit pénal des affaires est étudié par
le biais d’un certain nombre d’infractions qui le constituent et les sanctions qui
lui sont applicables.
Qu’est-ce que recouvre ce terme d’« affaires ». Il est loin d’être clair, déterminé
une fois pour toutes. C’est un terme dont a l’impression qu’il est limité d’une
sorte de flou dont il semble difficile de l’extraire. Pour bien cerner cette
notion, il faut procéder par étapes.
- les infractions de droit commun : celles que prévoit le Code pénal et qui peuvent
s’appliquer à la vie des affaires sans pour autant être prévues à des fins
exclusives de règlementation de la vie des affaires. Ces infractions qui ont une
vocation générale sont assez nombreuses.
- infractions qui n’ont pas trait au droit des affaires : infractions du Livre II
du Code pénal. Ces infractions sont celles contre la personne. Les infractions
d’atteinte à la vie, de violence, d’imprudence (homicide par imprudence par
exemple), sexuelles, et d’autres relatives à la protection des mineurs, …
- les infractions prévues par les articles L226-16 et suivants du Code pénal en
matière de traitement de données et de fichiers informatiques : infractions contre
les personnes qui consistent à mettre en mémoire des informations sur celles-ci
sans respecter la loi. Ces infractions sont souvent commises dans les entreprises,
de sorte qu’il y a un lien avec le droit pénal des affaires.
- Le Livre III du Code pénal présente des liens plus étroits avec le droit pénal
des affaires puisque concerne les crimes et délits contre les biens. En effet, de
nombreuses infractions contre les biens peuvent être commises dans la vie des
affaires. Principalement le vol, l’extorsion, le chantage, l’escroquerie, l’abus de
confiance, le recel, ou bien encore le blanchiment, ou les infractions de fraude
informatique. Sociologiquement il est exact de considérer que ces infractions
trouvent un terrain privilégié de commission dans le domaine des affaires.
- Le Livre IV du Code pénal présente des liens avec le droit pénal des affaires. Il
concerne les crimes commis contre la nation. Certains de ces crimes peuvent être
commis dans la vie des affaires. Infraction de faux et d’usage de faux, la
corruption, le trafic d’influence, la prise illégale d’intérêts.
- infractions pénales propres à la vie des affaires : on les trouve dans des codes
ou lois non codifié es. Un certain nombre se trouve dans le Code de commerce comme
l’abus de biens sociaux, les infractions relatives aux comptes sociaux, le délit de
banqueroute. D’autres infractions relatives à la vie des affaires se trouvent dans
le Code de la consommation, par exemple les délits de fraude (tromperie et
falsification), le délit de pratiques commerciales trompeuses (appelé es auparavant
le délit de publicités trompeuse), délit de publicité comparatives illicites, le
délit de faiblesse ou d’ignorance, les infractions relatives au crédit à la
consommation ou au crédit immobilier, ou bien encore le délit de démarchage. Le
Code monétaire et financier fait aussi état d’infractions relatives à la vie des
affaires comme les délits boursiers, le délit d’exercice illégal de la profession
de banquier, les infractions relatives au chèque et à la carte bancaire. D’autres
codes encore apportent des infractions comme le Code général des impôts pour les
délits en matière de fraude fiscale, ou encore le Code du travail qui contient les
infractions à la législation du travail comme le non-respect des règles d’hygiène
ou de sécurité. Il peut aussi y avoir une loi non codifiée comme la loi du 21 mai
1936 qui contient l’incrimination de loterie prohibée.
Ces infractions relatives à la vie des affaires sont très nombreuses, si on devait
toutes les passer en revue dans un cours ce serait impossible, il faut donc
abandonner cette technique. Il faut faire une s élection. Traditionnellement
l’enseignement du droit pénal spécial a pour objet essentiellement les infractions
contenues dans le Code pénal. Le vol, l’escroquerie, l’abus de confiance, le recel
sont des infractions qui sont du ressort du cours de droit pénal spécial, et ne
seront donc pas étudié es dans ce cours, sauf quelques précisions sur l’abus de
confiance. Ce cours de droit pénal des affaires sera consacré aux infractions
relatives à la vie des affaires et aux infractions non étudiées en droit pénal
spécial.
B) Les liens du droit pénal des affaires avec le droit pénal général et la
procédure pénale.
Le droit pénal des affaires suppose qu’on connaisse bien la structure des
infractions, et bien maîtriser les classifications des infractions, en particulier
celles qui reposent sur l’élément matériel des infractions. Ainsi, la question du
point de départ de la prescription de l’action publique pour une action donnée fait
parfois naître certaines difficultés. Quel est le point de la prescription de
l’action publique pour l’abus de biens sociaux ? Concernant certaines infractions
propres à la vie des affaires, il apparaît que des règles particulières leur sont
applicables, et sont prévues par le législateur après le texte d’incrimination.
Le droit pénal des affaires est un élément du droit criminel, une partie du droit
pénal spécial, et spécial parce qu’applicable à la vie des affaires. Le droit pénal
des affaires entretient des liens étroits avec le droit pénal spécial, et
s’envisage en relation avec le droit des affaires.
On exclut ici les infractions de droit commun applicable à la vie des affaires.
Le droit pénal des affaires est influencé par son objet. Il présente par rapport
aux autres domaines du droit pénal spécial des particularités qui semble inspiré
par des caractéristiques de la vie des affaires. Cependant, tous les traits du
droit pénal des affaires aujourd’hui n’est pas influencé par la seule vie des
affaires. Parce qu’il est une partie intégrante du droit criminel, il va également
être influencé par les grandes évolutions du droit pénal dans son ensemble. D’où
deux séries de caractéristiques qui révèlent ces influences : il est le reflet de
la caractéristique de la vie des affaires, et le reflet des tendances
contemporaines du droit pénal.
A) Le droit pénal des affaires, reflet des caractéristiques de la vie des affaires.
Certains auteurs de droit commercial ont considéré qu’en parlant de droit des
affaires, l’expression permettait d’inclure non seulement le droit des affaires, le
droit social ou le droit fiscal, mais aussi le droit pénal. C’est une conception un
peu conquérante des commercialistes qui procède ainsi à une intégration du droit
pénal dans leur domaine. Le droit pénal des affaires ne peut être réduit à une
partie du droit des affaires parce que ce serait nié la logique propre qui est la
sienne. Donc le droit pénal des affaires est avant tout un droit pénal, mais
influencé par la vie des affaires parce qu’il a des racines doubles : le droit
pénal et le droit des affaires. Et donc ce double rattachement va lui donner des
particularités qu’on ne retrouve pas dans d’autres branches du droit pénal spécial.
C’est une délinquance sans violence, et positivement c’est une délinquance
astucieuse, une délinquance « en col blanc ». Certains délits financiers supposent
de la part des policiers et des juges une expertise financière très élevée.
o Non formalisme d’un contrat de consommation est une infraction aux articles
L311-34 et L311-35 (crédit à la consommation) ainsi qu’aux articles L312-32 du Code
de la consommation.
Droit pénal des affaires hétérogène car domaines de couverture variés. Droit pénal
des affaires = droit pénal de la bourse + droit pénal de la consommation + droit
pénal des sociétés.
Plusieurs façons de concevoir le rôle du droit pénal dans une société, dans un
ordre juridique donné. On peut voir en droit pénal un droit qui fait preuve
d’autonomie. Il édicte ses propres normes. Exemple de l’obligation de porter
secours a autrui. En droit pénal des affaires on constate un bon nombre
d’infractions qui viennent poser un certain nombre de règles qui sont autonome :
les règles sur la tromperie pour protéger le consentement. Règles posées par le
droit pénal de façon autonome du droit civil et son vice du consentement. Abus de
faiblesses, ignorances aussi.
Autre rôle du droit pénal aussi : droit pénal cantonné à une fonction de droit
purement « sanctionnateur ». En l’occurrence, le droit pénal des affaires vient
sanctionner des normes qui ont été posé es par d’autres branches du droit. Permet
d’assurer le respect de la règle. D’où le doublage de sanctions civiles par des
sanctions pénales. Rang secondaire du DP(A). Fonction d’auxiliaire des autres
branches du droit. Prêt de main fort quoi.
Dévalorisation du droit pénal réduit a un rang secondaire. En outre, cette façon de
considérer le droit pénal facilite le recours à la sanction pénale. On ne protège
plus forcement des valeurs essentielles. On ne sanctionne plus des comportements
graves. Cela se traduit par une inapplication.
- Tromperie
- Falsification
Bref rappel de l’historique de cette matière. Quel est son passé ? Quel est son
présent ? C’est un passé qui continue à se manifester à l’heure actuelle. Le passé
est marqué par une extension ou expansion continue du droit des affaires. L’époque
contemporaine pourrait privilégier une certaine dépénalisation du droit pénal des
affaires.
Ce droit pénal s’est forgé par des conquêtes successives. Le XIXe siècle était un
siècle très attaché au principe d’égalité, ce qui n’était pas favorable à l’essor
d’un droit pénal des affaires, parce que s’attachait une prévention, il concernait
certaines personnes, et l’idée d’un droit pénal des affaires semblait contredire
l’idéal de l’égalité devant la loi, puisque nous serions dans une spécialisation du
droit pénal. Le droit pénal des affaires pourrait engendrer des inégalités dans un
domaine répressif !! Pourtant, l’idéal de l’égalité devant la loi a du céder devant
des préoccupations concrètes. Dès le XIXe siècle, a commencé à s’imposer l’idée de
protéger les personnes qui contractaient avec les professionnels. Le droit pénal
des affaires a trouvé ses premiers fondements dans les dispositions du Code de
commerce relatives à la faillite et à la banqueroute. Par ailleurs, une loi du 27
mars 1851 est venue préciser et aggraver la répression contre les auteurs de
falsification d’aliments et de boissons. L’enjeu était suffisamment important pour
une intervention du droit pénal. Au XIXe siècle développement de la législation
industrielle destinée à protéger les ouvriers. Ici encore, il s’agissait de les
protéger dans leur intégrité physique, assurer leur sécurité, le droit pénal a été
évidemment sollicité. Le droit pénal des affaires a continué à se développer dans
d’autres directions. Loi du 1er août 1905 considéré comme première loi d’importance
en droit de la consommation, elle va incriminer la tromperie qui aujourd’hui est
une des infractions principales du droit pénal de la consommation. Il faudra
attendre la période de l’entre deux guerre pour voir arriver le droit pénal des
sociétés commerciales, et on peut citer les décrets-lois des 8 août et 3 octobre
1935 Après la Seconde Guerre mondiale on voit se développer un dirigisme
économique, et dans ce contexte les pouvoirs publics ont jugé utile d’intervenir
pour encadrer la concurrence et les relations entre les professionnels et les
consommateurs. Certaines infractions créées n’existent plus aujourd’hui comme par
exemple la dépénalisation du droit de la concurrence, ou le refus de vente entre
professionnels seulement le refus de vente d’un professionnel à un consommateur. A
partir des années 1960 on a assisté à l’apparition soutenue de lois dans le domaine
de affaires : loi du 24 juillet 1966 sur les sociétés, loi du 23 décembre 1970 sur
les délits boursiers, ou encore la loi du 25 janvier 1985 qui vont contenir plus ou
moins un certain nombre d’incriminations. Enfin, à partir des années 1970, en
raison de la crise économique de cette époque, se développe le droit de la
consommation, droit qui se s épare du droit civil, qui gonfle de plus en plus, deux
grandes lois relatives à la règlementation des contrats de consommation loi du 10
janvier 1978 et loi du 13 juillet 1979, et ces lois ont également apporté des
sanctions typiques. De nouvelles infractions continuent à voir le jour. Loi du 3
janvier 2008 qui a créé une nouvelle infraction en droit pénal de la consommation
qui est l’infraction de la pratique commerciale agressive et par ailleurs c’est
cette loi qui a substitué à la qualification de publicité trompeuse celle de
pratique commerciale trompeuse. Il faut tenir compte depuis quelques années d’une
certaine dépénalisation.
L’année dernière une commission avait été chargée par la Garde de Sceaux de
réfléchir à une dépénalisation du droit des affaires et les réflexions de ce groupe
de travail ont donné lieu à un rapport intitulé « rapport de la dépénalisation du
droit des affaires » qui a été remis à la Garde des Sceaux le 28 février 2008. Pour
se fixer sur certains domaines du droit pénal des affaires, ce groupe de travail a
écarté le droit pénal du travail et le droit pénal de l’environnement. Il s’est
concentré sur le droit pénal des sociétés s. Les principales propositions sont les
suivantes :
Le droit pénal des affaires est essentiellement un droit pénal spécial. Mais faire
du droit pénal des affaires ce n’est en aucune façon se couper de la procédure
pénale. Certaines infractions de droit pénal des affaires sont soumises à des
dispositions qui leur sont propres. Ces règles ont les soulignera. Le droit pénal
des affaires se nourrit aussi du droit pénal général. Les enseignements du droit
privé général sont indispensables à connaître. L’étude des règles du droit pénal
général font partie intégrante de l’étude des règles du droit privé pénal des
affaires. On procèdera à une étude classique du droit pénal des affaires en suivant
deux pistes : observer quelques infractions du droit commun, et quelques
infractions du droit pénal des affaires, puis l’étude d’un certain nombre
d’infractions propres au droit pénal.