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DROIT PENAL GENERAL

INTRODUCTION GENERALE

Le droit pénal général constitue avec le droit pénal spécial les deux, branches du
droit pénal.

Le droit pénal est la science sociale qui a pour objet l’étude des infractions et les
sanctions qui leur sont applicables.

Le droit pénal spécial est la branche du droit pénal qui traite les différents types
d’infractions et leurs sanctions spécifiques. Il étudie les éléments constitutifs de chaque
type d’infraction et la répression qui s’y attache.

Le droit pénal général quand à lui est la seconde branche du droit pénal qui étudie
les grandes catégories d’infractions et le régime de leurs sanctions.

Il étudie les grandes lignes des éléments constitutifs et les principes généraux du
droit pénal.

Ainsi le droit pénal traite indistinctement de toutes les infractions dans leurs
généralités, à travers leurs éléments constitutifs généraux qui sont communs à toutes
les infractions.

L’infraction est un fait antisocial prévu et puni par la loi et imputable à son auteur.
C’est en raison du trouble de l’ordre social que ce fait occasionne qu’il est sanctionné
dans la mesure où la société et la personne humaine qui la composent ainsi que leurs
biens sont protégés tant par les instruments nationaux et internationaux des droits de
l’homme.

Dans le préambule de la déclaration Universelle des droits de l’homme de 1948, il


est proclamé la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la
famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables, cela constitue le fondement de
la liberté de la justice et de la paix dans le monde.

La méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduits à des actes


de barbaries qui révoltent la conscience de l’humanité. Il est donc essentiel que les
droits de l’homme soient protégés par un régime de droits pour que l’homme ne soit pas
contraint, au suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression.
Mais les instruments qui ont été adoptés, tout en protégeant la société contre les
actes antisociaux troublant son ordre social, protégent aussi les délinquants contre
d’éventuels abus de la société et des autorités ayant en charge la répression des
auteurs présumés de ces actes. C’est ainsi qu’un cadre juridique est prévu, que tous les
acteurs sont tenus de respecter.

En effet au niveau international, la Déclaration Universelle des Droits de l’homme


de 1948, tout en reconnaissant à tout individu, le droit à un recours effectif devant les
juridictions nationales contre les actes violents. Les droits fondamentaux qui leur sont
reconnus par la constitution ou par la loi (art8) ; reconnaît également que nul ne peut
être arbitrairement arrêté, détenu ni exilé (art9) ; le droit à la présomption d’innocence,
le droit à un procès équitable et juste et garantit le principe de la légalité des délits et
des peines et celui de la non rétroactivité de la loi (art 11).

Les mêmes dispositions sont prévues, dans le Pacte relatif aux Droits Civils et
Politiques de 1966 (art 9, 14 et 15) et dans la charte Africaine des Droits de l’Homme et
des Peuples de 1981 (art. 4 à 7).

Au niveau national, la constitution de 9 août 1999 comporte les mêmes


dispositions en ses articles 10, 11, 15, 16 et 17. Le législateur nigérien a traduit cette
volonté de protection de la société et des présumés auteurs des actes antisociaux à
travers la loi n° 2003-25 du 13 juin 2003 modifiant la loi 61-27 du 14 août 1961 portant
code pénal. Ce code pénal constitue au Niger la source principale de droit pénal.

Il est affirmé en son article 4 le principe de la légalité des délits et des peines et
celui de la non rétroactivité de la loi pénale, c'est-à-dire pas d’infraction, pas de peine
sans loi et cette dernière ne dispose que pour l’avenir elle n’a point d’effet rétroactif.
(Sauf exception prévue à l’article 16 de la constitution).

Le Code Pénal est divisé en trois livres avec des dispositions préliminaires
(articles 1 à 4). Le livre premier traite des principes généraux du droit pénal (5 à 61), le
livre deuxième traite des crimes, des délits et leur punition (art 62 à 399 bis) et le livre
troisième traite des peines en matière de simple police et de leurs effets (art 400 à 408).
Le Droit Pénal Général est l’une des branches du droit criminel ; l’autre branche est le
Droit Pénal Spécial. Le Droit Pénal Général pose les règles générales pour la
responsabilité de l’auteur d’une infraction ou pour la détermination de la peine encourue
par lui.

Le fondement de notre système répressif se trouve dans l’art 1 er C.P. qui classifie
les infractions en crimes, délits et contraventions. Il dispose que l’infraction que les lois
punissent de peine de simple police est une contravention, celle punie de peine
correctionnelle est un délit et celle punie de peine afflictive et infamante est un crime.

Les peines afflictives et infamantes sont : la peine de mort, l’emprisonnement à vie


ou l’emprisonnement de 10 à 30 ans.

Les peines correctionnelles sont : l’emprisonnement de plus de 30 jours à moins


de 10 ans (sauf exception de récidive ou dispositions expresses de la loi), l’amende ou
l’interdiction à temps de certains droits civiques, civils ou de famille (ce sont la non
inscription ou la radiation de la liste électorale, l’inéligibilité, l’interdiction de séjour).

Intérêt de fond. Cette classification des infractions joue un rôle très important
quant au montant de la répression par le jeu des circonstances atténuantes et la
récidive, ou, aux conditions de la répression par le jeu de la tentative (qui est toujours
punissable en matière de crime alors qu’elle ne l’est en matière de délit correctionnel
que dans les cas prévus par la loi et alors que la tentative de contravention n’est jamais
punissable), de la complicité (punissable dans le domaine des crimes et délits, mais pas
dans celui des contravention sauf en cas de tapage nocturne) et de la prescription qui
fait obstacle soit à la poursuite de délinquant (prescription de l’action publique), soit à
l’exécution de la peine (prescription de la peine).

Intérêts de forme : la classification des infractions joue également un rôle majeur


dans la compétence des juridictions répressives (les crimes sont jugés par la cour
d’assises, les délits par le tribunal correctionnel et les contraventions par le tribunal de
simple police) et dans la procédure à suivre pour obtenir la décision des juridictions. Les
crimes font l’objet d’une instruction préparatoire, devant le juge d’instruction, mais cette
instruction est facultative en matière de délit (sauf lorsque l’auteur présumé est un
mineur). Il n’y a pas d’instruction pour les contraventions.
PREMIERE PARTIE : L’INFRACTION PENALE

L’infraction pénale est un fait prévu et puni par la loi et pouvant être imputé à son
auteur. Car il y a des infractions qui ne peuvent pas être reprochées à leur auteur.

Mais l’infraction pénale n’est pas le seul fait antisocial auquel la loi a prévu une
sanction qui frappe son auteur. Il existe des délits civils et des délits disciplinaires. Ces
délits sont différents de l’infraction pénale par leur source, leur résultat et leurs actions.
Trois éléments doivent être obligatoirement réunis pour qu’il y ait infraction pénale.

1°) un élément légal : le fait antisocial doit être prévu et puni par la loi. L’infraction
consistera donc dans la violation de la loi pénale. Plusieurs textes internationaux et
nationaux prévoient l’existence préalable d’une loi pénale qui prévoit et sanctionne le
fait antisocial avant sa commission. Il s’agit de la Déclaration Universelle des Droits de
l’Homme de 1948 (art 11 al. 2)  qui dispose : « Nul ne sera condamné pour des actions
ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte
délictueux d’après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune
peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l’acte délictueux a été
commis ».

Les mêmes dispositions sont contenues dans le Pacte relatif aux Droits civils et
Politiques de 1966 (art 15) ; la Charte Africaine du Droit de l’Homme et des Peuples (art
7 al. 2) ; la constitution (art. 17 al.2) et le code pénal (art 4).

2°) un élément matériel : le fait antisocial a pour auteur la personne poursuivie.


Les instruments garantissent le droit à la présomption d’innocence qui sous tend
que la personne poursuivie est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été
établie après un jugement équitable et juste. Il s’agit de la Déclaration Universelle des
Droits de l’homme de 1948 en son article 11-1 qui dispose : «Toute personne accusée
d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été
légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa
défense lui auront été assurées».

Les mêmes dispositions sont reconnues dans le Pacte relatif aux Droits Civils et
Politiques en son article 14 al. 2 ; la Charte Africaine de Droit de l’Homme et des
Peuples en son article 7 al. 1-b ; la constitution en son article 17 al.1.

3°) un élément moral ou psychologique : il faut que dans l’accomplissement du


fait l’auteur ait agi avec discernement.

Mais les infractions sont plus gaves les unes que les autres et elles ne sont pas
exécutées selon le même mode. C’est pourquoi avant d’étudier les éléments constitutifs
de l’infraction pénale (chapitre2, 3 et 4), nous allons d’abords classifier les infractions
(chapitre 1er) selon leur nature (section 1) et selon leur mode d’exécution (section 2).
CHAPITRE 1er : CLASSIFICATION DES INFRACTIONS

Les infractions font l’objet de plusieurs classifications, mais celle qui domine le
système répressif, distingue les crimes, les délits et les contreventions. Cette
classification est d’une importance capitale parce qu’elle permet de déterminer non
seulement la gravité de l’infraction mais aussi la conduite des acteurs judiciaires.
Cette première a déjà été étudiée en détails en introduction. Les autres
classifications qui seront examinées dans ce chapitre sont celles fondées sur la nature
des infractions (Section 1ère) ou sur le mode d’exécution (section 2).

SECTION 1ER : SELON LA NATURE DE L’INFRACTION

Cette classification oppose d’une part les infractions de droit commun aux
infractions politiques et aux infractions militaires d’autre part.

§ 1. Infractions de droit commun et infraction politiques

Une infraction est dite politique lorsque son objet est politique.

Exemple : complot pour renverser un régime constitutionnel. Une infraction peut être
politique parce que le mobile l’est alors même que son objet est de droit commun.
Exemple : assassinat du chef de l’état. L’assassinat est objectivement une
infraction de droit commun, mais la qualité de la victime révèle le caractère politique du
mobile de l’auteur. Autre exemple : le vol d’armes dans une armurerie au cours d’une
insurrection.

Sont au nombre des infractions politiques, soit par leur objet soit par leur mobile,
les crimes de trahison et d’espionnage (art 62 à 65 C.P.), toutes les atteintes à la
défense nationale (art 66 à 77 C.P.), les attentas, les complots et autres infractions
contre l’autorité de l’Etat et l’intégrité du territoire national (art 78 à 84 C.P.), les crimes
tendant à troubler l’Etat par le massacre ou la dévastation (art 85 à 88 C.P.), les crimes
commis par la participation à un mouvement insurrectionnel (art 89 à 91 C.P.) et la
complicité à toutes ces infractions (art 92 à 96 C.P.). Les infractions militaires sont,
depuis l’avènement de la loi n° 2003-010 du 11 mars 2003, portant code de justice
militaire, du ressort du tribunal militaire (voir articles 1, 5 et 32).

§ 2. Infractions de droit commun et infractions militaires

On appelle infractions militaires toutes celles qui sont proprement militaires, en ce


sens qu’elles sont inconcevables en dehors de la vie militaire (exemple : désertion,
insoumission) ou celles qui, mêmes commises en dehors de la vie militaire, y prennent
une gravité particulière à raison de la discipline militaire (exemple : outrages ou voies
de fait contre un supérieur). Les infractions militaires sont, depuis l’avènement de la loi
n°2003-010 du 11 mars 2003, portant code de justice militaire, du ressort du tribunal
militaire (voir art. 1, 5 et 32).

SECTION 2 : SELON LE MODE D’EXECUTION

Les infractions selon le mode d’exécution se distinguent quant à leur aspect


matériel et quant à leur aspect psychologique.

§ 1. Le mode matériel d’exécution


Il s’agit de classifier les infractions non pas en infractions d’action ou d’omission,
mais par rapport au temps matériel de leur commission. L’infraction d’action consiste en
la commission d’un fait positif (exemple : soustraction frauduleuse, meurtre, coups et
blessures). L’infraction d’omission est une abstention volontaire (exemple : ne pas
porter secours à une personne en danger péril).
A. Les infractions instantanées et infractions continues
L’infraction instantanée s’exécute en un instant. Cet instant peut être plus ou
moins long mais il n’a aucune incidence sur la réalisation juridique de l’infraction
(exemple : vol 306 C.P.).
L’infraction permanente qui elle, est proche de l’infraction instantanée, a des effets
qui s’étaient dans le temps sans qu’il y ait en réitération de la volonté comptable de
l’auteur (exemple : l’affichage prohibé, le mariage hors les cas prévus par la loi ou la
coutume).
L’infraction continue (ou successive) suppose quant à elle une continuité dans son
exécution et une réitération persistante de la volonté coupable (exemple : la
séquestration arbitraire).
Prescription. L’infraction instantanée (ou permanente) a un délai de prescription
qui court dès l’instant où le fait initial a été commis sans qu’on tienne compte du
prolongement des effets de l’infraction puisqu’ils ne s’accompagnent pas d’une
réitération persistance de la volonté coupable. L’affichage prohibé commence à se
prescrire à compter de la date de l’affichage.
Or l’infraction continue ne se prescrit qu’à compter de la date où la volonté
coupable réitérée a pris fin. Exemple : la séquestration arbitraire ne commence à se
prescrire qu’à compter de la date où le séquestré ait été remis en liberté.
Il est à noter que la loi pénale nouvelle plus sévère s’appliquera à l’infraction continue
(ou successive) dès lors que la volonté coupable réitérée a persisté au-delà de son
entrée en vigueur.

B. Infractions simples et infractions d’habitude.

L’infraction simple consiste en un fait matériel unique (exemple : vol, meurtre).


L’infraction d’habitude suppose plusieurs faits semblables qui, pris isolement, ne
seraient pas punissables : le délit de mendicité est constitué par la répétition, de même
que l’exercice illégal de la médecine. La jurisprudence généralement considère qu’il y a
habitude dès la commission du deuxième acte semblable.

L’infraction d’habitude se prescrit à compter de la date du deuxième acte qui


consacre l’habitude, donc l’infraction d’habitude est établie dès lors que le deuxième
acte a été commis après son entrée en vigueur.
C. Infractions simples et infractions complexes

Contrairement à l’infraction simple qui consiste en un fait matériel unique,


l’infraction complexe suppose des actes matériels différents. L’escroquerie est
consommée lorsqu’il y a eu des manœuvres frauduleuses de la part de l’escroc qui ont
abouti à une remise de fonds par la victime.
La prescription de l’infraction complexe ne court qu’à compter de la date où tous
les divers actes matériels ont été accomplis, qui parachèvent aussi l’infraction dans tous
ses éléments constitutifs. Chacun des tribunaux répressifs dans le ressort duquel un
des actes matériels a été accompli est compétent.

D. Infractions matérielles et infractions formelles

L’infraction matérielle est celle dans laquelle le résultat représente un élément


constitutif. Exemple : il y a meurtre lorsque la victime meurt. L’infraction formelle n’est
pas consommée par rapport au résultat de l’acte. Exemple : l’empoisonnement est
consommé dès lors qu’il y a eu administration de substances toxiques que la victime en
meurt ou non. Dans l’infraction matérielle, le désistement de l’auteur avant tout
commencement d’exécution rend la tentative non punissable. La tentative est par voie
de conséquence punissable dès qu’il y a commencement d’exécution. C’est pourquoi
dans l’empoisonnement par exemple, qui est une infraction formelle, dès lors qu’on a
fait ingérer à la victime des substances toxiques, on est allé au delà de la tentative
même si la victime n’en meurt pas. Si l’empoisonneur administre après un antidote à sa
victime, ce repentir actif ne peut éventuellement que lui faire bénéficier des
circonstances atténuantes. Il ne s’agira pas de désistement volontaire.

§ 2. Le mode psychologique d’exécution

Il s’agit de deux situations qui mettent en jeu l’intention ou la méprise de l’auteur.

A. Infraction intentionnelle

L’infraction intentionnelle est celle qui requiert chez l’auteur l’intention de violer la
loi. Il l’a fait exprès «il l’a voulu »

B. Infraction non intentionnelle

L’infraction non intentionnelle existe indépendamment de la volonté de l’auteur. «Il


n’a pas fait exprès ». Exemple : lorsque vous stationnez votre véhicule en un endroit
interdit, vous êtes en infraction même si c’est par mégarde que vous vous êtes garés.
C’est une contravention. Dans les infractions non intentionnelles la bonne foi est
indifférente.

On distingue les infractions intentionnelles de celles non intentionnelles en ce que


les crimes sont toujours intentionnels. Les contraventions sauf exception du texte
incriminateur sont non intentionnelles. Les délits sont intentionnels sauf lorsque de
façon expresse ou implicite le texte incriminateur déclare le délit constitué en dehors de
toute intention. C’est le cas des délits d’imprudence, des délits de chasse, de pêche, de
douane. 
CHAPITRE 2 : L’ELEMENT LEGAL DE L’INFRACTION

L’étude de l’élément légal suppose l’existence d’un texte de loi qui prévoit et qui
sanctionne le fait anti social.
Cela nous conduit à examiner successivement la nécessité de la loi pénale (sect.
1ère), l’application de la loi pénale dans le temps (section 2) et l’application de la loi
pénale par le juge (section 3).

SECTION 1ère : NECESSITE D’UNE LOI PENALE

§ 1. Le principe de la légalité.

Le principe de la légalité est affirmé dans la Déclaration Universelle des Droits de


l’Homme (art 11 al 2) qui dispose : « Nul ne sera condamné pour des actions ou
omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte
délictueux d’après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune
peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l’acte délictueux a été
commis». Il en est de même du Pacte relatif aux Droits civils et Politiques (art 15); de la
Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (article 7 al.2) et de la
constitution (article 17 al. 2).

Le principe de la légalité des délits et des peines est affirmé par l’art 4 C.P. qui
dispose que nulle contravention, nul délit, nul crime ne peuvent être punis de
peines qui n’étaient pas prononcées par la loi avant qu’ils fussent commis.

Ainsi, pour qu’il y ait infraction il faut d’abord un élément légal c’est-à-dire un texte
de loi qui en est le siège. C’est pourquoi un fait ne peut déterminer l’intervention des
autorités de poursuite s’il n’a été formellement prévu et puni par une loi promulguée
antérieurement. C’est pourquoi également aucune peine ne peut être infligée si elle
n’est déterminée quant à son régime et à sa durée, par une loi promulguée
antérieurement au délit qu’elle réprime.

§ 2. Notion de la légalité
Au sens large la loi désigne toute Règle de Droit édictée par l’autorité publique.
Sont considérés au sens de cette définition comme lois, la loi proprement dite (c’est à
dire la règle de droit votée par l’assemblée Nationale) et les règlements administratifs.

Les textes sont hiérarchisés comme suit : la constitution, les lois, les ordonnances,
les décrets.

La constitution est la loi fondamentale de l’Etat. Elle organise les pouvoirs publics.
La loi régule la vie sociale. Elle est votée par le parlement.

Les ordonnances sont prises par l’exécutif dans des domaines réservés à la loi
(donc au parlement). Les décrets sont pris par l’exécutif dans le domaine réglementaire.

SECTION 2 : APPLICABILITE DE LA LOI PENALE DANS LE TEMPS

Le principe de la non rétroactivité de la loi pénale est affirmé dans divers


instruments internationaux et nationaux. Il s’agit particulièrement de la Déclaration
Universelle des Droits de l’Homme (art 11 al 2) qui dispose : « Nul ne sera condamné
pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne
constituaient pas un acte délictueux d’après le droit national ou international. De même,
il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où
l’acte délictueux a été commis » ; du Pacte relatif aux Droits civils et Politiques (art 15
al.1); de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (article 7 al.2), de la
constitution en ses articles 15, 16 et 17 al.1 et du Code Pénal en son article 4.

§1. Application de la Loi Pénale de fond

La loi pénale de fond est celle qui affecte ou l’infraction ou la peine. Elle incrimine
un fait ou détermine la peine encourue par le coupable.
C’est en ce sens qu’elle peut être plus sévère ou plus douce par rapport à une loi déjà
existante qu’elle vient modifier ou abroger.

A- La non rétroactive des lois pénales de fond plus sévère.


Elle signifie que la loi pénale nouvelle, si elle est plus sévère que la loi ancienne
ne s’applique pas aux infractions avant son entrée en vigueur. Comme en dispose
l’article 16 de la constitution : «Les lois et règlements n’ont d’effet rétroactif qu’en
ce qui concerne les droits et avantages qu’ils peuvent conférer au citoyen ». Il
faudrait alors qu’il s’agisse d’une infraction instantanée ou permanente. Car dans ces
infractions, il n’a pas de réitération de la volonté coupable (exemple : vol, affichage
prohibé).

Pour les infractions continues ou successives (exemple ; port illégal de décoration,


séquestration arbitraire), qui supposent une réitération de la volonté coupable, si le fait
a commencé avant l’entrée en vigueur de la loi nouvelle et qu’il s’est poursuivi après,
c’est cette loi pénale nouvelle qui y sera appliquée. C’est le même cas pour les
infractions d’habitudes (exemple : mendicité, exercice illégal de la médecine).

B- Rétroactivité de la Loi Pénale de fond plus douce

Les lois pénales de fond plus douces sont favorables à la personne poursuivie.
Comme en dispose l’article 16 de la constitution : «Les lois et règlements n’ont d’effet
rétroactif qu’en ce qui concerne les droits et avantages qu’ils peuvent conférer au
citoyen ». C’est pourquoi elles rétroagissent. L’exemple frappant est l’amnistie qui vient
effacer une infraction consommée. Si elle ne rétroagit pas elle ne pourra jamais être
appliquée.

Si une loi pénale de fond contient des dispositions plus sévères les unes que les
autres, mais qu’elles soient divisibles, on les traitera distributivement. Les dispositions
plus douces que celles de la loi ancienne seront rétroactives et les plus sévères ne le
seront pas.

Mais si les dispositions plus sévères et plus douces forment un tout indivisible, on
qualifie la loi dans son ensemble. C’est un travail qui revient à la jurisprudence qui
décidera si cette nouvelle loi de fond sera qualifiée de plus douce ou de plus sévère.

§ 2. Application des lois Pénales de formes

La loi Pénale de forme fixe soit la prescription de l’action publique, soit la


procédure à suivre pour juger les auteurs d’une infraction, soit la compétence des
autorités de poursuite. Le principe veut que la loi nouvelle intervenue dans ces
matières, s’applique immédiatement car elle ne touche pas la qualification pénale de
l’infraction, ces éléments constitutifs ou la peine encourue. Mais ce principe souffre
d’une exception.

1. Le principe de l’application immédiate de la loi Pénale de forme.

La loi pénale de forme s’applique immédiatement lorsqu’elle vise la prescription de


l’action publique. Cette prescription se fixe avant le jugement. Elle concerne les
conditions de l’exercice des poursuites. Elle ne modifie pas le texte qui définit l’infraction
ou qui prévoit la peine. Une loi touchant la prescription de la peine est une loi de fond si
elle est plus douce elle rétroagit.

La loi pénale nouvelle de compétence qui aggrave la pénalité (exemple : un délit


est transformé en crime par une loi nouvelle) est comme une loi nouvelle de fond plus
sévère qui ne rétroagit pas. Et s’il est déjà intervenu un jugement sur le fond la
juridiction d’appel prévue par l’ancienne reste compétente. C’est un cas de survie de
l’ancienne loi de forme.

La loi nouvelle de procédure est d’application immédiatement à tous les éléments


de la procédure pénale : les délais, les formalités, les modes de preuves, les voies de
recours sauf lorsqu’il y a eu jugement sur le fond.

B. Exceptions au principe de l’application immédiate

Elles jouent dans le cas où un jugement sur le fond est déjà rendu. C’est à dire
que l’existence de l’infraction et la culpabilité de l’auteur ont été déclarées. On ne peut
plus modifier les règles du jeu. La loi ancienne survit et continuera à régir le procès, soit
pour la détermination de la juridiction d’appel, soit pour l’exercice des voies de recours.

SECTION 3 : APPLICATION PAR LE JUGE DE LA LOI PENALE


Le principe de la légalité pose au juge pénal trois problèmes. En premier lieu, le
juge doit rechercher le texte qui s’applique aux faits. Il les qualifie car il n’y a pas
d’infraction s’il n’a pas de texte. En deuxième lieu, le juge pénal doit vérifier si ce texte
est applicable. Est-il ou non incontestable, critiquable ; il contrôle la légalité (exemple :
la présomption de culpabilité de l’art 326 C.P. en matière de vol de bétail au regard de
la constitution). En troisième lieu, en présence d’un texte dont la force juridique n’est
pas en cause, le juge doit néanmoins vérifier s’il couvre exactement les faits de
l’espèce. Au besoin peut-il l’étirer pour l’étendre aux faits de l’espèce ? Peut-il
l’interpréter ?

§ 1. La qualification

En droit pénal puisqu’il n’y a pas d’infraction et de peine sans texte, il est une
obligation de designer, le texte en cause, l’incrimination applicable. Il faut indiquer très
précisément les références du texte concerné (exemple : il y a vol simple et il y a vol
qualifié). En fonction des circonstances qui entourent le fait ou de l’objet soustrait, les
peines sont différentes. Le vol qualifié n’est pas puni des mêmes peines que le simple
de vol de bétail n’est puni de la peine s’agissant de menu bétail ou de gros bétail (mais
la réforme intervenue au code pénal suivant la loi n° 2003-025 du 13 juin 2003 a abrogé
les dispositions de l’ancienne loi 61-27 du 14 Août 1961 relatives au vol de bétail).

La qualification s’opère au plus tard au moment de la mise en mouvement de


l’action publique. La qualification est cependant provisoire. Pour diverses raisons elle
peut être modifiée par le juge d’instruction ou par la juridiction de jugement (Tribunal de
Simple Police, Tribunal correctionnel, Cour d’Assises). Un seul fait peut ouvrir sur
plusieurs qualifications, mais une seule sera retenue.

§ 2. Le contrôle de la légalité

Le contrôle de la légalité se fait soit par la voie du recours pour excès de pouvoir
au niveau de la cour Suprême, soit par la voie de l’exception d’illégalité (ou l’irrégularité)
devant la juridiction de renvoi. Exemple : un prévenu invoque l’irrégularité du texte sur
la base duquel la poursuite a été engagée. Il affirme que le texte est non conforme aux
normes juridiques qui lui sont supérieures telles que la constitution par exemple l’art
326 C.P (abrogé par la réforme), par rapport à l’art 18 de la constitution. Si le juge
estime l’exception fondée il renverra le prévenu des fins de la poursuite. Mais il ne faut
faire retirer le texte irrégulier. C’est le recours pour excès de pouvoir qui peut conduire à
l’annulation du texte à l’égard de tous.

§ 3. L’interprétation restrictive de la loi pénale

A. Le principe
Nous avons vu que l’interprétation et la non rétroactivité de la loi pénale sont les
deux corollaires du principe de la légalité des délits et des peines.

L’objectif visé par le principe de l’interprétation restrictive de la loi pénale est


d’éviter que le texte ne soit « étiré » au-delà de ses bornes normales pour aboutir à des
condamnations sans texte. C’est-à-dire à une violation du principe de légalité.

L’interprétation restrictive signifie deux choses. La première lorsque la loi pénale


est obscure au point que les juges n’arrivent pas à saisir la pensée du législateur, ils
doivent dans le doute relaxer plutôt que condamner.

La deuxième le raisonnement par analogie est interdit en matière pénale.


Raisonner par analogie c’est étendre l’application de la loi, des cas qu’elle a prévus
expressément, à d’autres cas qu’elle n’a pas prévus mais qui représentent une
ressemblance avec les cas prévus.

B. Les limites au principe

Les limites sont apportées par la jurisprudence pour corriger la rigueur de


l’interprétation restrictive.

1°) La jurisprudence admet qu’il faut aller au-delà de la lettre pour scruter la
pensée de législateur et dans certains cas faire prévaloir l’esprit sur la lettre. C’est ainsi
qu’elle a condamné un voyageur qui a sauté d’un train en violation d’un règlement de
police dont la lettre interdisait pourtant de descendre d’un train complètement arrêté.

2°) La jurisprudence a étendu l’application de la loi pénale à des cas que le


législateur au moment où la loi entrait en vigueur ne pouvait pas être pressentie. C’est
ainsi que les peines du vol sont appliquées à la soustraction d’énergie électrique, alors
que l’électricité n’est pas un objet matériel. Mais elle était inconnue en 1810, date de
rédaction du code pénal (français). C’est ainsi que la notion de soustraction frauduleuse
constitutive du vol a été étendue au cas où l’agent s’est approprié un objet dont il avait
la garde.
CHAPITRE 3 : L’ELEMENT MATERIEL DE L’INFRACTION

L’élément matériel se traduit de l’incrimination c’est-à-dire du texte. L’élément


matériel consiste en un fait positif ou négatif, instantané ou prolongé, occasionnel ou
d’habitude, simple ou complexe. Mais il arrive que ce fait ne soit pas totalement
accompli. L’infraction peut-elle alors être considérée comme consommée ? Comment
détermine t-on le minimum de criminalité au-delà duquel la répression peut et doit
intervenir ?

SECTION 1ère : LE FAIT PUNISSABLE (théorie de l’infraction inachevée)

Le chemin du crime peut comporter plusieurs étapes qui s’échelonnent depuis la


simple pensée criminelle jusqu’à la consommation complète du méfait. A partir de quelle
étape le droit pénal peut-il frapper dans le cas où le délinquant n’a pas été jusqu’au
bout de son entreprise ? C’est la théorie de la tentative punissable. Et lorsqu’on a été
jusqu’au bout du chemin du crime sans avoir pu obtenir le résultat recherché parce qu’il
est impossible à atteindre (le meurtrier tire sur une personne déjà morte), le droit pénal
punira-t-il ? C’est la théorie de l’infraction impossible.

§ 1. La tentative punissable
2.
3. A. Définition

La tentative punissable a été définie par l’art 2 al 1 C.P. qui dispose en effet :
« toute tentative de crime qui aura été manifestée par un commencement d’exécution,
si elle n’a été suspendue ou si elle n’a manqué son effet que par suite de circonstances
indépendantes de la volonté de son auteur, est considérée comme le crime même ».
Ainsi pour qu’il y ait tentative punissable il faut la réunion de trois éléments.

1°) Il faut un commencement d’exécution. Le commencement d’exécution est


différent de l’acte préparatoire c’est à dire celui dont on ne sait s’il est vraiment une
étape vers la réalisation de l’infraction.
Exemple 1 : le fait d’acheter un couteau est un acte équivoque. Le couteau peut servir à
couper la viande, le pain ou le gombo. L’achat du couteau n’est pas un commencement
d’exécution. Mais si l’on se poste sur le chemin que parcourt un transporteur de fonds
avec le couteau et un complice pour faire le guet, il y a commencement d’exécution,
donc tentative punissable.

Exemple 2 : acheter des substances toxiques n’est pas un commencement d’exécution.
Mais si les substances toxiques sont versées dans les aliments de la victime, il y a
commencement d’exécution, donc tentative punissable même lorsqu’elles n’ont pas été
absorbées.

Le commencement d’exécution résulte de l’acte lui-même et de l’intention de


l’agent au moment où il accomplit cet acte. Le commencement d’exécution est
caractérisé par des actes qui tendent directement vers la commission de l’acte avec
l’intention de le commettre.

2°) Il faut une absence de désistement volontaire qui exonère l’agent. Le


désistement n’est exonératoire que s’il est volontaire et que s’il est intervenu avant
l’achèvement de l’infraction. L’auteur qui renonce à son entreprise criminelle après un
commencement d’exécution n’est pas punissable quelle que soit la raison de cet
abandon volontaire (un repentir véritable ; la crainte d’être surpris…etc.), car il y a
irresponsabilité pénale.

Mais il faut que le désistement intervienne avant que l’infraction ne soit


consommée. Le repentir tardif n’est pas exonératoire. C’est le cas de celui qui
administre un antidote à sa victime après lui avoir fait absorber des substances
toxiques. L’infraction demeure un crime et elle ne sera effacée par ce repentir. Il peut
cependant bénéficier de circonstances atténuantes.

3°) Il faut que la tentative soit punissable. En effet si la tentative d’un crime est
toujours punissable, la tentative de délit n’est considérée comme délit, donc punissable
que dans des cas déterminés par une disposition expresse de la loi. Exemple : la
tentative de vol est prévue et punie par l’art 313 C.P. et celle de l’escroquerie par l’art
333 C.P. Il n’y a pas de tentative d’abus de confiance, d’abus de blanc seing, d’abus
des besoins d’un mineur ou en matière de contravention. Dans les cas où la tentative
est punissable, la peine qui lui sera applicable sera la même que pour l’infraction
consommée.
§ 2. La théorie de l’infraction impossible

Ici l’agent est allé au-delà de la tentative. L’infraction est consommée mais l’agent
n’a pas atteint le but recherché parce qu’il l’a manqué ou parce que c’était impossible.
L’infraction manquée s’apprécie comme la tentative.

Exemple 1 : l’agent tire mais il n’a pas atteint la victime parce que, au regard de la loi de
la balistique, il ne pouvait pas faire mouche de l’endroit d’où il visait.

Exemple 2 : L’agent a tiré et atteint la victime. Dans ce cas l’infraction est consommée
alors même que le but recherché ne peut pas être atteint puisque l’agent a tiré sur un
cadavre. Généralement la jurisprudence réprime l’infraction impossible et l’infraction
manquée au titre de la tentative. En effet, l’art 2 al 2 C.P. dispose que la tentative est
punissable alors même que le but recherché ne pouvait être atteint en raison d’une
circonstance de fait ignorée de l’auteur. Si la tentative de l’infraction n’est pas
punissable, l’infraction impossible ne le sera pas.

SECTION 2 : L’INFRACTION COMMISE A PLUSIEURS

Il est fréquent que plusieurs personnes concourent à des degrés divers à la


réalisation d’une infraction. Il s’agit ici d’étudier quand et comment la répression peut
frapper les inspirateurs, les exécutants ou les simples profiteurs d’une infraction pénale.
Quel est en d’autres termes le minimum de criminalité punissable pour chacun d’eux.

§ 1. La coaction

Le coauteur d’une infraction est celui qui en est auteur avec d’autres personnes. Il
en a commis à lui seul et autant que les autres les actes matériels constitutifs de
l’infraction. Le coauteur est un agent à part entière, un acteur de premier plan dans la
réalisation de l’infraction commise à plusieurs.

§ 2. La complicité

La complicité est prévue et punie par les articles 48 et 49 C.P. Pour qu’il y ait
complicité il faut la réunion de trois éléments suivants :
1°) Il faut un fait principal punissable. C’est un élément préalable. Le fait principal
peut être un crime ou un délit. Il n’y a pas de complicité pour les délits de contravention
sauf dispositions expresses du texte incriminateur.

La complicité suppose en principe un fait principal punissable commis par un tiers.


On dit que la complicité est accessoire. La criminalité de complicité est une criminalité
d’emprunt. C’est à dire si le fait principal n’est pas une infraction pénale, le complice
n’est pas punissable : on exprime cela par l’expression : « la tentative de complicité
n’est pas punissable ».

Il y a complicité même lorsque le fait principal est une infraction inachevée


(tentative) car l’infraction simplement tentée est punissable. On exprime cela par
l’expression « la complicité de tentative est punissable ».

2°) Il faut un acte matériel de complicité. C’est l’élément matériel. En effet l’art
49 C.P. donne une liste limitative des cas de complicité :

a- La complicité par instigation. L’agent pousse un autre à commettre une


infraction soit par la provocation (dons, promesses, menaces, abus d’autorité ou de
pouvoirs, machination ou artifices coupables), soit par des instructions données à
l’auteur principal. Il est exigé cependant pour qu’il y ait complicité, il faut que les
instructions aient été assez précises pour guider l’auteur principal dans la commission
de l’infraction.

b- La complicité par aide ou assistance. Sont considérés comme complices,


ceux qui auront avec connaissance aidé ou assisté l’auteur ou les auteurs de l’infraction
dans les faits qui l’auront préparée ou facilitée, ou dans ceux qui l’auront consommée
(exemple : jouer de la musique pour couvrir les cris d’une femme qui subit un viol).

c- La complicité par fourniture de moyens. C’est le cas typique de celui qui


prête son véhicule ou celui qui prête son arme en vue de commettre une infraction. La
loi dispose que sont complices ceux qui auront procuré des armes, instruments ou tout
autre moyen qui aura servi à l’action sachant qu’ils devaient y servir.

3°) Il faut l’intention de complicité : c’est élément moral. L’intention de


complicité est toujours nécessaire. L’intention c’est la volonté d’agir à dessein. Elle est
évidente dans le cas de complicité par instigation. Mais elle est à rechercher dans le
cas de fourniture de moyens et d’aide ou d’assistance. On peut prêter un véhicule sans
savoir a priori qu’il servirait à commettre un hold-up. On peut transporter une valise
sans savoir qu’elle contient des produits prohibés. Sans la connaissance il n’y a pas de
complicité (art 49 al 3 C.P.).

C’est pourquoi lorsqu’une arme est prêtée pour racketter M.X, et que l’arme a
plutôt été utilisée pour tuer M.Y, le prêteur de l’arme n’est pas complice de meurtre. Car
le meurtre est totalement étranger au plan primitif. Mais lorsque des instructions sont
données pour étrangler M.Z au bar, et qu’il a été exécuté à son domicile par
électrocution, il y a complicité par instigation de cette électrocution qui a la même
finalité que la strangulation : tuer M.Z.

D- La répression

Le complice d’un crime ou d’un délit est puni de la même peine que l’auteur
principal. C’est parce que le complice emprunte la criminalité de l’auteur principal. Cela
ne signifie pas que le complice et l’auteur principal prennent à tous les coups la même
peine. L’art 48 C.P. pose un principe qui signifie que légalement la peine prévue pour le
fait principal punissable est la même que celle prévue pour le fait de complicité.

L’auteur principal peut être condamné au maximum de la peine alors que le


complice a bénéficié des circonstances atténuantes ou le contraire ; l’auteur peut même
ne pas être poursuivi (soit il est introuvable, soit il est pénalement irresponsable :
mineur, malade mental qui agissent sur instigation d’un complice majeur ou saint
d’esprit). Les circonstances aggravantes réelles se communiquent entre l’auteur et le
complice.

§ 3. La responsabilité pénale du fait d’autrui

Le responsable est tenu de l’infraction matériellement commise par autrui, sans


que contrairement au complice, la preuve de son instigation ait été rapportée. C’est le
cas du propriétaire de débit de boisson qui pénalement responsable de la contravention
commise par son serveur qui, sert de l’alcool à une personne manifestement ivre,
même s’il n’a pas été dit que le patron ait donné au serveur l’ordre de servir (art 302
C.P.).

En règle générale, chaque fois qu’il y a responsabilité pénale du fait d’autrui, le


responsable a profité d’une faute lucrative soit par encaissement (le débitant encaisse
le prix de l’alcool servi à la personne ivre), soit par dépense évitée (celui qui donne à
son préposé un véhicule dont les freins sont défectueux). C’est le fondement de la
responsabilité pénale du fait d’autrui.
CHAPITRE 4 : L’ELEMENT MORAL DE L’INFRACTION

L’infraction suppose à sa base une faute qui doit avoir son origine dans un état
d’esprit, socialement et même moralement répréhensible. Seuls les faits
contraventionnels sont punis malgré la bonne foi de leurs auteurs, sauf cas de force
majeure.

SECTION 1ère : DEFINITION DE L’ELEMENT MORAL

§ 1. Dans les infractions intentionnelles

L’élément moral est ici l’intention délictueuse appelée aussi, dol criminel.

1°) L’intention délictueuse se définit comme la volonté tendue vers la réalisation de


l’infraction. C’est le fait d’être conscient et libre, de n’être ni dément ni contraint.
Librement et consciemment, l’agent a recherché le résultat que prohibe la loi pénale.

2°) L’intention délictueuse est différente des mobiles de l’infraction. L’intention est
abstraite et elle est toujours la même pour une incrimination donnée, alors que les
mobiles sont concrets et variables. Exemple : tous les meurtriers ont par définition
entendu tuer autrui. Ils ont eu une intention : donner la mort. Mais chacun a ses mobiles
(raisons) : vengeance, pitié, haine, amour, cupidité etc. Mais généralement c’est sur les
mobiles du délinquant que les juges du fond se basent pour accorder des circonstances
atténuantes lorsque la loi les y autorise.

§ 2. Dans les infractions non intentionnelles

Les infractions non intentionnelles sont les contraventions et les délits


d’imprudence. Dans ces infractions la volonté est le fait d’être conscient et libre, donc
n’être ni dément, ni contraint. Car toute infraction même non intentionnelle suppose que
son auteur ait agi avec volonté. L’article 272 C.P. parle d’homicide et coups et blessures
involontaires. Le mot « involontaire » signifie tout simplement qu’il n’y a pas eu de
volonté tendue vers l’homicide, les coups ou les blessures. Si l’infraction d’imprudence
est commise par un être sans volonté (dément ou contraint), il y a disparition de
l’élément moral, donc pas d’infraction imputable à l’auteur.

SECTION 2e : ABSENCE D’ELEMENT MORAL

Il est des cas où l’élément matériel de l’infraction a été commis, mais l’auteur ne
tombe pas sous le coup de la loi répressive parce qu’il manque l’élément moral. Cela
arrive dans deux hypothèses : les causes de non imputabilité et les faits justificatifs

§ 1. Les causes de non imputabilité

A. La démence.

Selon l’article 41 C.P., il n’y a ni crime ni délit lorsque le prévenu était en état de
démence au temps de l’action. Ainsi, faudrait-il la réunion de deux conditions pour qu’il
y ait non imputabilité :

1°) Il faut un état de démence. La démence est l’altération de l’intelligence tel


que le dément n’a plus conscience de ses actes. La démence est différente de l’ivresse.
Les tribunaux condamnent ceux qui sous l’emprise de l’alcool commettent des
infractions, exception faite de ceux qui ont bu accidentellement, c’est à dire qu’ils ont
absorbé une boisson dont ils ignoraient la nature.

Mais celui qui boit sciemment de l’alcool pour commettre ensuite une infraction ne
se verra pas appliquer les dispositions de l’article 41C.P., surtout lorsqu’il a bu pour se
donner du courage. Dans certains cas la commission d’une infraction commise sous
l’emprise de l’alcool est constitutive de circonstances aggravantes.

2°) La démence doit exister dans le temps de l’action. c’est en effet à ce


moment que doit être appréciée la responsabilité pénale de l’agent. Si la démence est
contemporaine de l’action elle entraîne l’irresponsabilité complète. Lorsque la démence
se déclare après l’infraction, elle n’efface pas la responsabilité pénale encourue. Mais
elle provoquera des mesures curatives pour l’agent.
B. La contrainte
L’article 41 du code pénal stipule qu’il n’y a ni crime ni délit lorsque le prévenu a
été contraint par une force à laquelle il n’a pu résister. En effet, la contrainte supprime la
volonté et par conséquent la possibilité d’une faute pénale. La contrainte peut être
physique ou morale. Dans les deux cas, elle n’est de nature à faire disparaître la
responsabilité pénale que dans deux (2) conditions :

1°) La contrainte doit avoir été irrésistible c’est à dire avoir détruit entièrement
chez l’agent, la liberté de décision sans laquelle il ne peut y avoir de volonté coupable.

2°) La contrainte ne doit pas avoir été la conséquence d’une faute antérieure
de l’agent. C’est le cas par exemple du soldat qui ne rentre pas en fin de permission
parce qu’il a été arrêté par la gendarmerie à la suite d’une ivresse publique et
manifeste. Il sera condamné comme déserteur.

§ 2. Les Faits Justificatifs

Le législateur pénal nigérien fait disparaître la responsabilité pénale du délinquant,


lorsqu’il existe un fait justificatif. Cette disparition de la responsabilité pénale ne signifie
pas que les faits commis ne constituent pas une infraction mais elle résulte du fait que
la loi a prévu des circonstances particulières qui ont obligé l’auteur à agir donc à
commettre le fait répréhensible.

Les circonstances sont limitativement énoncées par le code pénal en ses articles 42,
43, et 44 relatifs à l’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime et à la
légitime défense.

Dans ces cas l’auteur n’a aucune volonté de commettre l’infraction. L’article 42 fait
cas de l’ordre de la loi et du commandement de l’autorité. Le code pénal ainsi que
d’autres textes complémentaires ont défini les conditions dans lesquelles la loi impose
une obligation d’agir ou ne pas agir. Pour ce qui est du commandement de l’autorité
légitime, l’article 42 al. 2 précise qu’il ne faut pas que l’ordre soit manifestement illégal.
Cela constitue une véritable garantie pour les droits de l’homme parce que la loi de
manière limitative a déterminée quand est-ce qu’elle ordonne d’agir et elle permet aussi
de ne pas exécuter les ordres liberticides contraires aux lois et règlements.

Quant à la légitime défense, la loi entend protéger la personne humaine contre


certains actes injustifiés et contraires à la loi.

En réalité tous ces faits justificatifs ont été prévus pour assurer une meilleure
protection de la personne humaine contre les comportements d’autres délinquants.

A. L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime


Il n’y a pas d’infraction lorsque le fait a été ordonné par la loi et commandé par
l’autorité légitime dit l’article 42 du code pénal. Il faut donc un ordre de la loi et le
commandement de l’autorité légitime.

Dans la réalité, c’est la première condition seule qui est exigée. La loi donne un
ordre direct ou une prescription sans passer par l’intermédiaire d’un supérieur
hiérarchique. C’est ainsi que le Code de Procédure Pénale en cas de flagrant délit
autorise toute personne à en appréhender l’auteur sans qu’elle puisse se trouver en
infraction d’arrestation illégale ( art.265 du Code Pénal).

Mais lorsque l’ordre de loi ne peut être exécuté que par l’intermédiaire d’un
commandement donné par un supérieur hiérarchique, on distingue le caractère
manifeste ou non l’illégalité du << commandement>> de l’ordre. A cet égard, l’article
108 du Code Pénal est très explicite. En effet, selon ce texte, l’Agent ou le
Fonctionnaire qui exécute un ordre ou fait exécuter cet ordre attentatoire, à la liberté
individuelle ou aux droits civiques des gens ou la constitution est exempté de la peine
s’il justifie avoir agit sur ordre de ses supérieurs pour des objets du ressorts de ceux- ci
sur lesquels il leur était dû obéissance hiérarchique.

Exemple : la C.R.S. qui en cas d’émeute reçoit de son chef l’ordre de tirer sur les
insurgés n’est pas responsable des morts ou des blessures qu’il causerait.

Par contre, l’agent qui sur ordre du commissaire déshabille une collègue en guise
de punition, commet un attenta à la pudeur. L’ordre du commissaire est manifestement
illégal, donc il ne doit pas être exécuté. La loi n° 2002-05 du 08 février 2002 déterminant
l’ordre manifestement illégal. Cette loi définit l’ordre manifestement illégal comme tout
ordre qui est contraire à la loi. Ainsi tout agent qui exécute un ordre manifestement
illégal sera sanctionné au même titre que celui qui a donné l’ordre. Ces mêmes
dispositions ont été introduites dans le code pénal suite à la réforme de la législation
pénale. La loi 2003-025 du 13 juin 2003 modifiant la loi n° 61-27 du 14 Août 1961
portant code pénal dispose en son article 42 : « N’est pas pénalement responsable, la
personne qui accomplit un acte prescrit ou autorisé par des dispositions législatives ou
réglementaires. N’est pas également pénalement responsable la personne qui
accomplit un acte commandé par l’autorité légitime, sauf si cet acte est manifestement
illégal».

Au niveau de l’article 108 du code pénal, il est admis que l’agent justifiant avoir agi
sur ordre de sa hiérarchie, est pénalement irresponsable. Dans la loi n° 2003-25, il a été
ajouté un troisième aliéna à l’article 108 où il est dit qu’il faut que l’ordre qui a été
exécuté par l’agent ne soit pas manifestement illégal.

B. La légitime défense

Dans le souci de mieux protéger la personne humaine le législateur pénal nigérien


a, dans le code pénal aux articles 43 et 44, prévu la légitime défense. La loi autorise
toute personne à se défendre si elle fait l’objet d’une agression contraire à la loi.

Cette possibilité de défense s’adresse aussi à tout individu lorsqu’une personne


autre fait l’objet d’une agression contraire à la loi.

Même si la loi pose des conditions dans lesquelles cette défense doit se faire, cela
constitue tout de même une garantie pour la personne humaine.

Il n’y a pas d’infraction lorsque le fait était commandé par la nécessité actuelle de
la légitime défense de soi même ou d’autrui ( Art.43 du Code Pénal). Celui qui commet
un délit pour se protéger contre une agression injuste n’est pas responsable. Mais il faut
qu les conditions suivantes soient réunies :

1°) Que la défense soit légitime. C’est à dire qu’il ait été victime d’une agression
injuste. Celui qui blesse un agent qui procède régulièrement à son arrestation ne peut
invoquer une défense légitime. Mais par contre celui qui se défend contre un agent qui
exerce à son encontre une action manifestement entachée d’illégalité peut invoquer une
défense légitime ;

2°) Qu’il soit devant une nécessité actuelle, c’est à dire que l’auteur du délit ait
été menacé d’un danger imminent contre lequel il n’a pu réagir qu’en commettant un
délit. Réagir contre un mal passé c’est se venger. Et quand le mal est futur ou éventuel,
il doit s’adresser à la justice pour le réprimer. L’état de nécessité c’est l’état de l’individu
qui, pour éviter un péril imminent le concernant ou concernant autrui, est obligé de
commettre une infraction.

Exemple : la femme qui vole pour nourrir son enfant mourant de faim ; le médecin
qui tue l’enfant pour sauver la mère en couches ; le pompier qui saccage un jardin pour
protéger une habitation voisine.

L’état de nécessité ne fait disparaître la responsabilité pénale que dans trois


conditions :

· Qu’il ait aucun autre moyen d’éviter le dommage menaçant que de commettre
une infraction ;

· Que l’intérêt à sauver soit supérieur à celui qui est sacrifié ;

· Que la situation d’où découle l’état de nécessité ne soit pas due à une faute de
l’agent.

3°) La défense doit être proportionnée à l’attaque. La défense ne peut être


légitime que dans la seule mesure de la nécessité. C’est pourquoi celui qui souffleté,
tuerait l’auteur de la gifle, ne serait pas justifié.

C. Le consentement de la victime
En principe, le consentement de la victime ne justifie pas l’auteur de l’infraction. il
existe cependant des hypothèses exceptionnelles où les atteintes à l’intégrité physique
d’une personne avec son consentement ne sont pas punissables. C’est l’existence
d’une permission implicite de la loi qui fait disparaître le caractère délictueux :
· Le chirurgien qui inflige des blessures au patient ou qui ne réussit pas une
opération et tue son patient, est justifié à condition qu’il ait agi dans les normes de
la médecine.
· Dans les sports violents qui sont implicitement autorisés par la loi avec l’existence
de fédérations (judo, Boxe, Catch , Rugby), le joueur qui tuerait un autre tout en
restant dans les normes de la réglementation officielle serait justifié.
DEUXIEME PARTIE : LA SANCTION PENALE

CHAPITRE 1er : LES DIFFERENTES SANCTIONS PENALES

La peine est une punition infligée par la société, selon la loi, à l’auteur responsable
d’une infraction. Elle est à distinguer de la réparation civile et de la sanction
disciplinaire. La constitution nigérienne du 9 Août 1999 en son article 17 al. 2 dispose
qu’il ne peut être infligé de peines plus fortes que celles qui étaient applicables au
moment où l’infraction a été commise. Cette disposition est également affirmée dans la
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (art 11 al 2) ; dans le Pacte relatif aux
Droits civils et Politiques (art 15); dans la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des
Peuples de 1981 en son article 7 al.2.

§ 1. Notion de la peine

La peine au-delà du châtiment du coupable a certaines fonctions qui visent


l’amendement du délinquant et le retour de la tranquillité sociale. Les peines présentent
aussi des caractères :

A. Les fonctions de la peine

1°) La peine a une fonction d’expiation. Le ressentiment de la victime et


l’opinion publique sont calmés par l’idée de justice que donnent le mal, le mal dosé, sur
sa culpabilité et sur le dommage subi par la société, infligé au délinquant.

2°) La peine a une fonction d’intimidation. Cette intimidation peut être spéciale
lorsqu’elle concerne l’individu que la crainte de la peine arrête sur le chemin de
l’infraction. Elle peut être générale en ce sens que l’exemple du malfaiteur puni, fait
réfléchir les autres personnes candidates éventuelles à la délinquance.

3°) La peine a une fonction d’élimination ou de neutralisation. Elle peut


favoriser l’amendement du condamné et préparer son reclassement social. C’est
pourquoi il est utile d’apprendre un métier aux condamnés pendant qu’ils subissent la
peine.

Le Pacte international relatif aux Droits Civils et Politiques de 1966, en son article
10 al. 3 dispose que le régime pénitentiaire comporte un traitement des condamnés
dont le but essentiel est leur amendement et leur reclassement social.

B. Les caractères de la peine.

1°) Caractère légal de la peine. Toutes les peines sont prévues par la loi. Mais de
façon rigide car la loi laisse au juge (par l’application des circonstances atténuantes) et
à l’administration pénitentiaire (recours de peines) une grande latitude.

Le code pénal détermine les peines applicables ou ses articles 5, 6 et 400. Mais la
véritable garantie pour les délinquants est toujours contenue dans le code pénal à
travers les peines spécifiques applicables à chaque type d’infractions, par exemple
lorsque un individu commet un fait antisocial qualifié d’escroquerie, il encourt une peine
d’emprisonnement de 1 à 5 ans (art 333 du code pénal). Le juge est obligé de
prononcer la peine en fonction de cette fourchette sauf en cas de circonstances
aggravantes prévues par le code pénal.

2°) Caractère égalitaire de la peine. Les peines ne doivent pas tenir compte de
la condition sociale des délinquants. C’est une égalité juridique qui est différente d’une
égalité de fait car la peine d’amende n’est pas ressentie de la même façon par le riche
et le pauvre. De même que l’emprisonnement n’affecte pas de la même manière le
clochard et le dandy. De nos jours, la peine est souvent claquée sur le degré de
culpabilité du délinquant et son aptitude à la réinsertion qui sont des facteurs
éminemment individuels.

Les principes d’égalité et de la non discrimination sont affirmés dans la constitution


nigérienne du 9 Août 1989 en son article 8 al 2 qui dispose que tous les citoyens sont
égaux devant la loi sans distinction de sexe, d’origine sociale, raciale, ethnique ou
religieuse. Ces principes d’égalité et de non discrimination sont garantis par la
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme en son article 7 ; par le Pacte relatif aux
Droits Civils et Politiques en ses articles 2 et 14 et par la Charte Africaine des Droits de
l’Homme et des Peuples de 1981 en ses article 2 et 3.
3°) Caractère personnel de la peine. La peine doit frapper le délinquant seul.
Mais la famille du délinquant subit également l’effet moral de la peine : la honte et l’effet
pécuniaire (l’emprisonnement du délinquant la prive de son salaire par exemple).

Le caractère personnel de la peine est affirmé dans la Charte Africaine des Droits
de l’homme et des Peuples de 1981 en son article 7 al. 2 qui dispose que la peine est
personnelle et ne peut frapper que le délinquant. Il en est de même du Pacte
International des Droits Civils et Politiques en son article 15 al. 2.

4°) Caractère sanctionnateur de la peine. La peine doit être pénible au


condamné pour lui infliger une souffrance. Elle lui inflige aussi un blâme sous forme de
moqueries de la part de l’opinion publique.

§ 2. La nomenclature (hiérarchie) des peines

On peut classer les peines en peines principales et peines accessoires, en peines


criminelles, correctionnelles de police en peines politiques et de droit commun, en
peines afflictives et infamantes, en peines simplement infamantes ou en peines
perpétuelles et temporaires.

La peine principale s’applique directement au délit. Elle peut être prononcée


seule et elle doit l’être par une disposition de la condamnation. Exemple : «le tribunal
déclare un tel coupable de CBV et le condamne à 3 mois d’emprisonnement ferme ».

La peine accessoire est celle qui s’ajoute à la peine principale. Elle en est la
conséquence forcée et elle a pour but d’en assurer l’efficacité. le juge n’a pas besoin de
la prononcer. Il ne peut pas l’écarter.

Exemple :…………

La peine complémentaire elle aussi s’ajoute à la peine principale mais pas


de plein droit. Il faut que le juge la prononcer expressément. Elle est dite
complémentaire obligatoire, si le juge est obligé de la prononcer. Exemple : Art.170 C.P,
l’outrage commis à l’audience d’une Cour ou le Tribunal est puni d’une peine
d’emprisonnement et d’une amende. Elle est dite complémentaire facultative si le juge
est libre de la prononcer ou pas. Exemple : Art 206 C.P, le juge peut prononcer une
peine d’emprisonnement sans amende contre le receleur d’une personne recherchée
par la justice.

La peine afflictive fait subir au condamné une souffrance, alors que la peine
infamante lui fait subir la déconsidération dans la société (ce qui en réalité une autre
forme de souffrance qui peut atteindre le condamné).

La classification appropriée des peines est celle qui est fondée sur les effets de la
peine par rapport à la personne du condamné.

A. Les peines atteignant l’individu dans sa personne physique

Il s’agit de la peine de mort et des peines privatives ou restrictives de liberté.


C’est l’arme efficace contre la criminalité car la liberté est une chose assez précieuse sa
privation a une valeur certaine d’expiation et l’intimidation du coupable. Mais les peines
privatives de liberté, lorsqu’elles sont de longues durées, favorisent la <<contamination
>> des délinquants primaires par les détenus endurcis. En dehors des libertés et droits
dont la jouissance est restreinte ou privée par les textes nationaux et internationaux,
tous les autres droits reconnus et garantis par les mêmes textes subsistent et doivent
être respectés par les responsables de l’application des lois.

1°) Les peines privatives de liberté. Il s’agit de la réclusion criminelle qui est une
peine de droit commun afflictive et infamante, de la détention criminelle qui sanctionne
les délits politiques et ceux de droit commun et de l’emprisonnement de police qui est
une peine privative de liberté en matière correctionnelle.

2°) Les peines restrictives de liberté. Il s’agit de peines qui à la différence de


celles qui précédent, n’entraînent pas de privation complète de liberté pour le
condamné. Il n’est pas incarcéré mais il lui est seulement interdit de paraître soit sur le
territoire nigérien (bannissement). Les lieux interdits sont fixés pour chaque condamné
par un arrêté individuel pris par le Ministre de l’Intérieur (Art.26 et suivant CP).
L’interdiction de paraître sur toute l’étendue du territoire national ne peut être prononcée
à l’encontre d’un citoyen nigérien car plusieurs instruments interdisent le fait de
contraindre un individu à l’exil.

La constitution nigérien en son article 15 al. 2 dispose qu’aucun citoyen ne peut


être contraint à l’exil ou faire l’objet et de déportation. L’aliéna 3 du même article précise
que la contrainte à l’exil ou la déportation de citoyen est considérée comme un crime
contre la Nation et puni conformément à la loi. La contrainte à l’exil et proscrite par la
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme en son article 9 ; par le Pacte relatif aux
Droits civils et Politiques en article 12 al 4 ; par la Charte Africaine des Droits de
l’Homme et des Peuples en article 12.

B. Les peines atteignant l’individu dans sa personne juridique


1°) Les peines morales. Elles atteignent le condamné dans son honneur ou sa
considération. C’est la publicité du jugement de condamnation soit dans le Journal
Officiel, soit dans la grande presse.

2°) Les peines privatives de droits. Ce sont la dégradation civique, l’interdiction de


certains droits civils, civiques et de famille (Art.21 et suivant C.P) et l’interdiction légale (
Art.19 et 20 C.P).

3°) Les peines pécuniaires. Elles frappent le condamné dans son patrimoine soit en
lui imposant le paiement d’une somme d’argent (c’est l’amende), soit en lui enlevant
tout ou partie de son patrimoine (c’est le cas de la confiscation), soit en mettant fin à
une activité rémunératrice (c’est le cas de la fermeture d’établissement).

En matière correctionnelle, l’amende est soit peine principale, soit


complémentaire. Son maximum et son minimum sont fixés pour chaque incrimination.
Mais le juge prend en compte les ressources des prévenus, ses charges et les
circonstances de l’infraction pour prononcer la peine d’amende.

La confiscation peut être générale ou spéciale. Lorsqu’elle est générale, il s’agira


d’une peine facultative complémentaire qui s’attache aux condamnations pour crimes
contre la sûreté de l’Etat. Elle consiste dans la mainmise de l’Etat sur tous les biens du
condamné. Lorsqu’elle est spéciale, elle portera sur un objet particulier qui a un certain
rapport avec le délit :  soit le corps du délit (l’arme prohibée mais portée par le
délinquant), soit le produit du délit (l’argent touché par le faux témoin), soit le moyen du
délit (l’objet ayant servi à commettre le délit).

La fermeture d’établissement répond à un double but. D’une part frapper le


délinquant dans son patrimoine en le privant d’une source de revenus et d’autre part,
empêcher le renouvellement d’infractions dont l’établissement a été l’occasion. C’est
une peine complémentaire obligatoire ou facultative. La fermeture d’établissement peut
être ordonnée par l’autorité administrative en dehors de toute condamnation pénale (Cf.
législation sur les débits de boissons).

SECTION 2 : LES MESURES DE SURETE

§ 1. Notion

Contrairement à la peine, la mesure de sûreté ne suppose pas nécessairement


une infraction, une faute pénale commise par un auteur responsable. La mesure de
sûreté est déclenchée par l’état spécialement dangereux d’un individu même
irresponsable (malade mental, mineur) même non délinquant. La mesure de sûreté a
pour but la protection de la société en ne considérant que l’avenir. elle ne vise donc
pas, contrairement à la peine, à infliger une souffrance, un blâme.

Alors que la durée de la peine est fixée par une décision judiciaire définitive, la
mesure de la sûreté doit être révisable, justifiée par l’état dangereux de l’individu et
fondé sur la protection de la société. C’est donc la défense sociale et l’état dangereux
de l’individu qui déterminent la durée de la mesure de sûreté.

Mais la peine qui tend principalement de nos jours à assurer l’amendement du


condamné, à organiser sa réadaptation sociale, s’est largement assouplie sous l’effet
de l’individualisation accrue (légale, judiciaire, administrative cf. supra) au point de se
confondre à la mesure de la sûreté. C’est pourquoi la sanction pénale selon les cas
d’espèces est regardée soit comme peine ou mesure de sûreté.

Dans tous les cas, la prise de ces mesures de sûreté suppose l’existence d’un
texte préalablement adopté et déterminant les conditions dans lesquelles elles doivent
s’exécuter. En effet en dehors des droits faisant l’objet de limitations ou de restrictions
par les textes, les personnes en cause doivent jouir des autres droits reconnus par les
textes nationaux et internationaux des droits de l’homme.

Selon la constitution du 9 Août 1999 qui dispose en son article 15 al. 1 :« Nul peut
être arrêté ou inculpé qu’en vertu d’une loi entrée en vigueur antérieurement aux faits
qui lui sont reprochés».

Cette disposition est reconnue par la Déclaration Universelle des Droits de


l’Homme de 1948 qui dispose en son article 9 : « Nul ne peut être arbitrairement arrêté,
détenu ni exilé ». Cette disposition est également reconnue par le Pacte Relatif aux
Droits Civils et Politiques de 1966 en son article 9 al. 1 et la Charte Africaine des Droits
de l’Homme et des Peuples de 1981 en son article 6.

Dans le cas où des mesures de sûreté sont prises à l’encontre d’une personne,
elle doit être, traitée avec humanité et avec le respect de la dignité inhérente à la
personne humaine tel que définis par le Pacte Relatif aux Droits Civils et Politiques art.
10.

§ 2. Nomenclature (hiérarchie ) des mesures de sûreté

A. Les mesures de sûreté administratives

Ce sont la fermeture d’établissement, la suspension ou de retrait définitif du


permis de conduire, l’expulsion d’étranger, l’assignation d’étranger à résidence qui sont
ordonné suivant les cas et selon des procédures diverses soit par le Préfet, soit par le
Ministre de l’Intérieur, soit par les fonctionnaires de police au niveau des frontières. Les
mesures de sûreté administratives relèvent du droit administratif, mais plusieurs d’entre
elles peuvent avoir résulté d’une décision judiciaire.

4. Les mesures de sûreté judiciaire


Il y a des mesures de sûreté en tant que telles et appliquées comme telles. En ce
qui concerne les alcooliques dangereux, les toxicomanes et les mesures de rééducation
prise à l’égard des mineurs délinquants. Il y a des mesures de sûreté qui sont d’après
la loi des peines complémentaires à une peine principale : fermeture d’établissement,
incapacité, déchéances professionnelles, confiscation, interdiction de séjour.
CHAPITRE 2 : LA DETERMINATION DE LA SANCTION PENALE

La loi fixe en général pour la peine afférente à une infraction, un maximum et un


minimum à l’intérieur desquels le juge choisit librement la peine. De plus, l’application
des circonstances atténuantes permet au juge de descendre même en dessous du
minimum. Il peut prévenir que la peine d’emprisonnement sera assortie de sursis. Pour
que le juge connaisse la personnalité du délinquant afin de choisir si la peine à laquelle
il sera condamné doit être rigoureux ou non. IL est parfois constitué de ce qu’on appelle
le dossier personnel (Cf. cours de procédure pénale) qui comporte des expertises sur le
délinquant et des renseignements sur la famille de son milieu de vie. C ‘est ce qu’on
appelle l’individualisation de la peine.

Mais cette liberté de choisir la peine reconnue au juge, n’est pas absolue. Il est
tenu de respecter la fourchette établie par le Code Pénal. Le sursis, les circonstances
aggravantes sont rigoureusement encadrés par la loi pénale. Par contre en ce qui
concerne les circonstances atténuantes, le législateur par moment interdit leur bénéfice.
On laisse la latitude au juge de les prononcer en fonction de la personnalité du
délinquant ou de son environnement social.

SECTION 1re EN CAS D’UNITE D’INFRACTION

Lorsque le minimum légal est abaissé, on dit qu’il y a atténuation de la peine.


Lorsque le maximum légal est augmenté, il y aggravation de la peine.

§ 1. Les causes d’atténuation de la peine


Il y a des cas où la responsabilité pénale existe, mais elle se trouve atténuée par
l’effet de causes qui diminuent la gravité de la faute reprochable à l’auteur. Ces causes
sont les excuses atténuantes et les circonstances atténuantes.

A- Les excuses d’atténuantes

A la différence des circonstances atténuantes, les excuses atténuantes découlent


de la loi (art. 50 et 51 C.P.) ; elles sont un moyen d’individualisation légal alors que les
circonstances atténuantes sont un moyen d’individualisation judiciaire de la peine. Mais
toutes les deux entraînent une atténuation de la peine.

Il y a deux catégories d’excuses : celles dites absolutoires et les excuses


atténuantes proprement dites.

Les excuses absolutoires

Les excuses absolutoires entraînent la suppression complète de la peine alors que le


délinquant est bel et bien responsable pénalement. Cette absolution est motivée par
des raisons de politique criminelle (art. 93 C.P.). L’impunité est soit le salaire de la
délation, soit la prime à une prompte soumission, soit la récompense de la discipline
observée. Le délinquant n’est absout que pour des raisons supérieures et extérieures
au délit.
Les excuses atténuantes proprement dites.

1°) L’excuse de minorité. L’article 45 C.P. dispose que «le mineur de moins de 13
ans est pénalement irresponsable». Mais il peut faire l’objet de mesures éducatives.
Lorsqu’il aura de 13 à moins de 18 ans, il peut faire l’objet d’une peine ou d’une mesure
éducative. C’est le juge qui décide d’après les circonstances et la responsabilité du
mineur. Lorsqu’il choisit d’appliquer une peine au mineur, cette peine est dans sa nature
identique à celle applicable à un majeur. Son montant est cependant différent de celui
de la peine encourue par le majeur, il est atténué par les dispositions de l’article 47
C.P. :

· la peine de mort ou la peine d’emprisonnement criminelle à la vie deviennent


une peine de 10 à 30 ans ;

· la peine criminelle d’emprisonnement 10 à 30 ans, devient une peine


d’emprisonnement de 2 à moins 10 ans ;

· il est condamné à la moitié de la peine encourue par un majeur de 18 ans, s’il


s’agit de peine correctionnelle ou de simple police.

Mais le mineur âgé de plus de 13 ans qui n’aura pas atteint 18 ans est acquitté s’il
a agit sans discernement. Il peut cependant faire l’objet de mesure de sûreté :
protection, assistance ou rééducation.

2°) Les excuses de provocation. Il s’agit :


- de l’outrage violent à la pudeur, qui excuse le crime de castration (art. 247 C.P.),
- des coups et blessures graves envers les personnes, qui excusent le meurtre ou
les C.B.B (art. 245 al. 1 C.P.),
- de l’escalade ou l’effraction pendant le jour de clôtures ou dépendances d’une
maison habitée, qui excusent le meurtre ou les C.B.V. (art. 245 al. 2 C.P.),
- du flagrant délit d’adultère dans la maison conjugale, qui excuse le meurtre de
l’époux ou du complice par l’autre époux (art. 246 C.P.).

L’excuse de provocation qui ne s’applique qu’à certains délits de sang, consiste


dans ces faits cités limitativement prévus par la loi.

La provocation doit être injuste. Celui qui porte des coups ou des faits de
blessures sur la personne d’un agent de la force publique qui est venu l’appréhender,
ou même sur la personne de tout autre citoyen qui intervient pour faire cesser un crime
ou un délit flagrant, n’est pas excusable.

Le délit excusable doit avoir été immédiatement commis après la provocation ; car
une vengeance réfléchie est préméditée ne s’excuse pas.

Effets de l’excuse de provocation. En cas d’excuse de provocation la peine est


abaissée de la façon indiquée par l’article 51 C.P. En matière criminelle, l’excuse de
provocation entraîne la substitution d’une peine d ‘emprisonnement de 2 à moins de 10
ans à la peine de mort ou d’emprisonnement à la vie. Les excuses peuvent se cumuler
avec les circonstances atténuantes auquel cas, la peine peut encore être plus réduite.
Si c’est une peine autre que celle-là qui est encourue, l’excuse la réduit à un
emprisonnement de 6 mois à 2 ans. En matière correctionnelle, l’excuse de provocation
réduit la peine à un emprisonnement de 6 jours à 6 mois. Des circonstances
atténuantes peuvent également être accordées. En matière contraventionnelle, l’excuse
de provocation absout l’auteur de l’infraction.
B. Les circonstances atténuantes

Ce sont des faits qui déterminent un abaissement de la pénalité dans les limites
fixées par la loi (art. 676 C.P.P). Il peut s’agir des antécédents de l’inculpé, de la
mauvaise éducation qu’il a reçue, de l’insignifiante du préjudice causé à la victime, du
repentir manifesté par l’inculpé, de ses efforts pour réparer le dommage. Le juge
apprécie librement ces faits. Il n’a pas à motiver les raisons pour lesquelles il accorde
les circonstances atténuantes.

Les circonstances atténuantes permettent l’adaptation de la peine à la culpabilité


de l’agent en tenant compte de tous les éléments de fait qui accompagnent l’infraction.

1°) Champ d’application des circonstances atténuantes. Selon l’article 53 C.P.,


les circonstances atténuantes sont applicables à tous les crimes. Elles sont accordées
en matière criminelle par la Cour d’Assises.

En matière correctionnelle (art. 54 C.P.), les circonstances atténuantes sont


directement prononcées par le Tribunal. Elles s’appliquent à tous les délits sauf
dispositions contraires expresses de la loi.

2°) Effet des circonstances atténuantes. En matière criminelle (art. 53.C.P.), la


peine peut être abaissée jusqu’à 10 ans d’emprisonnement si la peine encourue est la
mort et jusqu’à 5 ans si la peine encourue est l’emprisonnement à la vie dans tous les
autres cas jusqu’à 2 ans.

En matière correctionnelle, la peine peut être abaissée jusqu’à 30 jours


d’emprisonnement.

§ 2. L’aggravation de la sanction pénale.

Il y a des cas où la responsabilité du délinquant est accrue par l’effet de causes


qui augmentent la gravité la faute commise et relativement la peine applicable. Ces
causes d’aggravation sont toujours légales. Les juges n’en tiennent compte que dans
les seules hypothèses prévues par la loi, contrairement aux circonstances atténuantes
dont l’octroi est laissé à la discrétion des juges.
Les causes ou circonstances aggravantes ont des origines très diverses. Elles
découlent parfois des circonstances mêmes de l’infraction. Exemple : l’escalade,
l’effraction, la nuit, la réunion, le port d’arme sont des circonstances aggravantes du vol
prévues par l’article 309 C.P. L’article 238 C.P. dispose que le guet-apens et la
préméditation sont des causes qui aggravent le meurtre.

Elles peuvent tenir également à la personnalité de l’agent. Exemple : sa qualité


descendant par rapport à la victime (art.285 C.P.). Elles tiennent parfois à la pluralité
d’infractions. Exemple : la récidive (cf. infra).

SECTION 2 : EN CAS DE PLURALITE D’INFRACTIONS

§ 1. La récidive

La récidive est une cause d’aggravation de la peine (art. 56 à 59 C.P.)

A. les éléments généraux à la récidive

Pour qu’il ait récidive il faut la réunion de deux éléments qu’on appelle termes de la
récidive.

1°) Le premier terme. C’est une condamnation car il n’y a pas récidive si la
condamnation a été amnistiée ou réhabilitée ou non avenue à la suite d’un sursis non
révoqué. Il faut que cette condamnation présente les caractères suivants :

· Elle doit être pénale. Il n’y a pas récidive lorsque le mineur faisant l’objet de
mesure d’éducation, commet par la suite une infraction.

· Elle doit être définitive, c’est à dire non susceptible de voie de recours. Il n’y a
pas de récidive lorsque l’individu condamné en première instance, commet une
autre infraction avant l’expiration du délai d’appel.

· Elle doit avoir été prononcée par un tribunal nigérien.

Lorsque tous ces caractères sont réunis, il importe peu que la peine prononcée ait
été exécutée car l’individu qui s’est soustrait à l’exécution de la peine et, qui commet un
nouveau délit, est récidiviste.

2°) Le deuxième terme. C’est une nouvelle infraction. Elle doit être distincte et
indépendante de la première. Si elle n’en est qu’une Conséquence, il n’y a pas récidive.

Exemple : le condamné à l’emprisonnement à vie qui s’évade, n’est pas considéré


comme récidiviste du seul fait de l’évasion.

Elle doit être un délit du même genre est déterminée par l’art.60 C.P. Exemple : le
vol, l’abus de confiance, l’escroquerie etc., sont considérés comme des délits de même
genre ( art. 60 al.4 C.P)

B – Les diverses formes de la récidive et leurs effets

Le Code Pénal en ses articles 58 et 59 et 406, distingue la récidive en matière


criminelle de la récidive en matière correctionnelle ou conventionnellement. Il ne leur
attache pas par voie de conséquence les mêmes effets.

1°) La récidive en matière criminelle (art. 56 à 58 C.P) La récidive en matière


criminelle est générale en ce que toute condamnation pour crime (quelque soit la nature
du crime) est constitutive de récidive dès lors que le deuxième terme est un crime. C’est
ainsi, par exemple, qu’il peut exister une récidive criminelle entre les infractions
suivantes : le meurtre (242 C.P), l’assassinat (art 243 C.P), le vol commis avec trois
circonstances aggravantes ( art 311 C.P) , le vol commis avec une circonstance
aggravante suivie de violences (art 310 C.P), la destruction ou le renversement de
monuments ou édifices publics ayant entraîné amputation mutilation… ou toutes autres
infirmités permanentes (art 389 al2 C.P).

Conditions : pour qu’il y ait récidive criminelle, l’article 56 C.P exige que le
premier terme soit une condamnation à une peine afflictive et infamante et le deuxième
terme un crime puni d’une peine d’emprisonnement de 10 à 30 ans ou d’une peine
d’emprisonnement à vie.
Lorsque le premier terme est une condamnation pour crime par un tribunal
militaire, elle n’emporte récidive que si d’après les lois pénales ordinaires ce premier
terme est un crime ou un délit. Il n’y a pas de récidive criminelle d’une peine
correctionnelle à une peine criminelle.

Effets : la récidive élève la peine d’emprisonnement de 10 à 30 ans à la peine de


l’emprisonnement à vie. Si c’est la peine de l’emprisonnement à vie qui est
normalement encourue, la récidive l’élève à la peine de mort.

2°) La récidive en matière correctionnelle (art 57, 58,59 C.P) : la récidive


correctionnelle est celle qui a pour premier terme une condamnation à une peine
criminelle ou correctionnelle et pour deuxième terme une infraction punie de peines
correctionnelles. Mais trois conditions sont exigées :

· D’abord la seconde infraction doit entraîner une peine d’emprisonnement et


non pas seulement une peine pécuniaire.

· Ensuite la deuxième infraction doit avoir été commise dans un délai de 5 ans à
compter du jour où le condamné a été mis en liberté (car aux termes de l’article
59 al.2 C.P, la durée de toute peine subie n’est pas comprise dans le délai de 5
ans). On dit que la récidive correctionnelle est temporaire.

· Enfin la deuxième infraction doit être un délit du genre que la première. C’est
l’article 60 C.P qui détermine les délits de même genre. On dit que la récidive
correctionnelle est spéciale. Mais cette spécialité est relative car les délits
qualifiés du même genre par la loi sont en fait des infractions voisines.
Exemple : vol, escroquerie, abus de confiance, corruption et trafic d’influence,
extorsion de fonds, filouterie, recel, émission de chèque sans provision sont
considérer comme des infractions du même genre.

Effets : aux termes des articles 57 et 58 C.P, le récidiviste sera condamné au


maximum de la peine prévue par la loi pour la deuxième infraction ou même au double
de la peine.

Exemples : si la peine normalement encourue est celle du vol qualifié, 2 à 7 ans (art.
309 C.P), la peine applicable deviendra de 7 à 14 ans. Si la peine encourue était plutôt
celle de l’article 311 C.P, 10 à 20 ans de la peine applicable sera de 20 à 40 ans.

Aux termes de l’article 59 C.P, le récidiviste devra être condamné à une peine qui
sera au minimum le double de l’ancienne condamnation sans qu’elle puisse être
inférieure au minimum ni supérieure au double du maximum de la peine encourue du
fait de la deuxième infraction. Exemple : l’escroquerie est punie de 1 à 5 ans (art.333
C.P). un escroc condamné à 4 ans récidive en commettant un abus de confiance (puni
de 2 mois à 2 ans art.338 al1 C.P), le double de l’ancienne condamnation est 8 ans. Le
double du maximum de la peine encourue est 4 ans. Ce récidiviste ne pourra être
condamné qu’à 4 ans d’emprisonnement.

3°) La récidive en matière de simple police. L’article 406 C.P fixe les conditions
dans lesquelles la récidive en matière de contravention de simple police peut être
retenue contre un délinquant.

Il faut que le premier terme soit une condamnation pour contravention. Une
première condamnation pour crime ou délit ne peut pas servir de premier terme, même
si c’est par le jeu des circonstances atténuantes que cette première condamnation a été
une peine de simple police.

Il faut que la deuxième contravention se soit produite dans les douze mois qui ont
suivi la première condamnation. On dit que cette récidive est temporaire.

Il faut que la deuxième contravention se soit produite dans le ressort du tribunal


qui a prononcé la première condamnation pour contravention en matière de simple
police. On dit que cette récidive est locale. Cependant, (art.406 C.P) en ce qui concerne
les contraventions passibles d’un emprisonnement supérieur à 10 jours ou d’une
amande supérieure à 50 000 F, le lieu de la première contravention est indifférent (c’est
le cas des contraventions de 3ème classe).

Il n’est pas exigé que la deuxième contravention soit identique à la première.

Les effets de la récidive en matière contraventionnelle sont prévus par l’article 6


du décret n° 63-049 MJ du 16 Mars 1963, portant détermination des contraventions et
des peines de simple police qui leur sont applicables. En cas de conviction de récidive
les peines normalement applicables sont portées au double.

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