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INTRODUCTION GENERALE
Le droit pénal général constitue avec le droit pénal spécial les deux, branches du
droit pénal.
Le droit pénal est la science sociale qui a pour objet l’étude des infractions et les
sanctions qui leur sont applicables.
Le droit pénal spécial est la branche du droit pénal qui traite les différents types
d’infractions et leurs sanctions spécifiques. Il étudie les éléments constitutifs de chaque
type d’infraction et la répression qui s’y attache.
Le droit pénal général quand à lui est la seconde branche du droit pénal qui étudie
les grandes catégories d’infractions et le régime de leurs sanctions.
Il étudie les grandes lignes des éléments constitutifs et les principes généraux du
droit pénal.
Ainsi le droit pénal traite indistinctement de toutes les infractions dans leurs
généralités, à travers leurs éléments constitutifs généraux qui sont communs à toutes
les infractions.
L’infraction est un fait antisocial prévu et puni par la loi et imputable à son auteur.
C’est en raison du trouble de l’ordre social que ce fait occasionne qu’il est sanctionné
dans la mesure où la société et la personne humaine qui la composent ainsi que leurs
biens sont protégés tant par les instruments nationaux et internationaux des droits de
l’homme.
Les mêmes dispositions sont prévues, dans le Pacte relatif aux Droits Civils et
Politiques de 1966 (art 9, 14 et 15) et dans la charte Africaine des Droits de l’Homme et
des Peuples de 1981 (art. 4 à 7).
Il est affirmé en son article 4 le principe de la légalité des délits et des peines et
celui de la non rétroactivité de la loi pénale, c'est-à-dire pas d’infraction, pas de peine
sans loi et cette dernière ne dispose que pour l’avenir elle n’a point d’effet rétroactif.
(Sauf exception prévue à l’article 16 de la constitution).
Le Code Pénal est divisé en trois livres avec des dispositions préliminaires
(articles 1 à 4). Le livre premier traite des principes généraux du droit pénal (5 à 61), le
livre deuxième traite des crimes, des délits et leur punition (art 62 à 399 bis) et le livre
troisième traite des peines en matière de simple police et de leurs effets (art 400 à 408).
Le Droit Pénal Général est l’une des branches du droit criminel ; l’autre branche est le
Droit Pénal Spécial. Le Droit Pénal Général pose les règles générales pour la
responsabilité de l’auteur d’une infraction ou pour la détermination de la peine encourue
par lui.
Le fondement de notre système répressif se trouve dans l’art 1 er C.P. qui classifie
les infractions en crimes, délits et contraventions. Il dispose que l’infraction que les lois
punissent de peine de simple police est une contravention, celle punie de peine
correctionnelle est un délit et celle punie de peine afflictive et infamante est un crime.
Intérêt de fond. Cette classification des infractions joue un rôle très important
quant au montant de la répression par le jeu des circonstances atténuantes et la
récidive, ou, aux conditions de la répression par le jeu de la tentative (qui est toujours
punissable en matière de crime alors qu’elle ne l’est en matière de délit correctionnel
que dans les cas prévus par la loi et alors que la tentative de contravention n’est jamais
punissable), de la complicité (punissable dans le domaine des crimes et délits, mais pas
dans celui des contravention sauf en cas de tapage nocturne) et de la prescription qui
fait obstacle soit à la poursuite de délinquant (prescription de l’action publique), soit à
l’exécution de la peine (prescription de la peine).
L’infraction pénale est un fait prévu et puni par la loi et pouvant être imputé à son
auteur. Car il y a des infractions qui ne peuvent pas être reprochées à leur auteur.
Mais l’infraction pénale n’est pas le seul fait antisocial auquel la loi a prévu une
sanction qui frappe son auteur. Il existe des délits civils et des délits disciplinaires. Ces
délits sont différents de l’infraction pénale par leur source, leur résultat et leurs actions.
Trois éléments doivent être obligatoirement réunis pour qu’il y ait infraction pénale.
1°) un élément légal : le fait antisocial doit être prévu et puni par la loi. L’infraction
consistera donc dans la violation de la loi pénale. Plusieurs textes internationaux et
nationaux prévoient l’existence préalable d’une loi pénale qui prévoit et sanctionne le
fait antisocial avant sa commission. Il s’agit de la Déclaration Universelle des Droits de
l’Homme de 1948 (art 11 al. 2) qui dispose : « Nul ne sera condamné pour des actions
ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte
délictueux d’après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune
peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l’acte délictueux a été
commis ».
Les mêmes dispositions sont contenues dans le Pacte relatif aux Droits civils et
Politiques de 1966 (art 15) ; la Charte Africaine du Droit de l’Homme et des Peuples (art
7 al. 2) ; la constitution (art. 17 al.2) et le code pénal (art 4).
Les mêmes dispositions sont reconnues dans le Pacte relatif aux Droits Civils et
Politiques en son article 14 al. 2 ; la Charte Africaine de Droit de l’Homme et des
Peuples en son article 7 al. 1-b ; la constitution en son article 17 al.1.
Mais les infractions sont plus gaves les unes que les autres et elles ne sont pas
exécutées selon le même mode. C’est pourquoi avant d’étudier les éléments constitutifs
de l’infraction pénale (chapitre2, 3 et 4), nous allons d’abords classifier les infractions
(chapitre 1er) selon leur nature (section 1) et selon leur mode d’exécution (section 2).
CHAPITRE 1er : CLASSIFICATION DES INFRACTIONS
Les infractions font l’objet de plusieurs classifications, mais celle qui domine le
système répressif, distingue les crimes, les délits et les contreventions. Cette
classification est d’une importance capitale parce qu’elle permet de déterminer non
seulement la gravité de l’infraction mais aussi la conduite des acteurs judiciaires.
Cette première a déjà été étudiée en détails en introduction. Les autres
classifications qui seront examinées dans ce chapitre sont celles fondées sur la nature
des infractions (Section 1ère) ou sur le mode d’exécution (section 2).
Cette classification oppose d’une part les infractions de droit commun aux
infractions politiques et aux infractions militaires d’autre part.
Une infraction est dite politique lorsque son objet est politique.
Exemple : complot pour renverser un régime constitutionnel. Une infraction peut être
politique parce que le mobile l’est alors même que son objet est de droit commun.
Exemple : assassinat du chef de l’état. L’assassinat est objectivement une
infraction de droit commun, mais la qualité de la victime révèle le caractère politique du
mobile de l’auteur. Autre exemple : le vol d’armes dans une armurerie au cours d’une
insurrection.
Sont au nombre des infractions politiques, soit par leur objet soit par leur mobile,
les crimes de trahison et d’espionnage (art 62 à 65 C.P.), toutes les atteintes à la
défense nationale (art 66 à 77 C.P.), les attentas, les complots et autres infractions
contre l’autorité de l’Etat et l’intégrité du territoire national (art 78 à 84 C.P.), les crimes
tendant à troubler l’Etat par le massacre ou la dévastation (art 85 à 88 C.P.), les crimes
commis par la participation à un mouvement insurrectionnel (art 89 à 91 C.P.) et la
complicité à toutes ces infractions (art 92 à 96 C.P.). Les infractions militaires sont,
depuis l’avènement de la loi n° 2003-010 du 11 mars 2003, portant code de justice
militaire, du ressort du tribunal militaire (voir articles 1, 5 et 32).
A. Infraction intentionnelle
L’infraction intentionnelle est celle qui requiert chez l’auteur l’intention de violer la
loi. Il l’a fait exprès «il l’a voulu »
L’étude de l’élément légal suppose l’existence d’un texte de loi qui prévoit et qui
sanctionne le fait anti social.
Cela nous conduit à examiner successivement la nécessité de la loi pénale (sect.
1ère), l’application de la loi pénale dans le temps (section 2) et l’application de la loi
pénale par le juge (section 3).
§ 1. Le principe de la légalité.
Le principe de la légalité des délits et des peines est affirmé par l’art 4 C.P. qui
dispose que nulle contravention, nul délit, nul crime ne peuvent être punis de
peines qui n’étaient pas prononcées par la loi avant qu’ils fussent commis.
Ainsi, pour qu’il y ait infraction il faut d’abord un élément légal c’est-à-dire un texte
de loi qui en est le siège. C’est pourquoi un fait ne peut déterminer l’intervention des
autorités de poursuite s’il n’a été formellement prévu et puni par une loi promulguée
antérieurement. C’est pourquoi également aucune peine ne peut être infligée si elle
n’est déterminée quant à son régime et à sa durée, par une loi promulguée
antérieurement au délit qu’elle réprime.
§ 2. Notion de la légalité
Au sens large la loi désigne toute Règle de Droit édictée par l’autorité publique.
Sont considérés au sens de cette définition comme lois, la loi proprement dite (c’est à
dire la règle de droit votée par l’assemblée Nationale) et les règlements administratifs.
Les textes sont hiérarchisés comme suit : la constitution, les lois, les ordonnances,
les décrets.
La constitution est la loi fondamentale de l’Etat. Elle organise les pouvoirs publics.
La loi régule la vie sociale. Elle est votée par le parlement.
Les ordonnances sont prises par l’exécutif dans des domaines réservés à la loi
(donc au parlement). Les décrets sont pris par l’exécutif dans le domaine réglementaire.
La loi pénale de fond est celle qui affecte ou l’infraction ou la peine. Elle incrimine
un fait ou détermine la peine encourue par le coupable.
C’est en ce sens qu’elle peut être plus sévère ou plus douce par rapport à une loi déjà
existante qu’elle vient modifier ou abroger.
Les lois pénales de fond plus douces sont favorables à la personne poursuivie.
Comme en dispose l’article 16 de la constitution : «Les lois et règlements n’ont d’effet
rétroactif qu’en ce qui concerne les droits et avantages qu’ils peuvent conférer au
citoyen ». C’est pourquoi elles rétroagissent. L’exemple frappant est l’amnistie qui vient
effacer une infraction consommée. Si elle ne rétroagit pas elle ne pourra jamais être
appliquée.
Si une loi pénale de fond contient des dispositions plus sévères les unes que les
autres, mais qu’elles soient divisibles, on les traitera distributivement. Les dispositions
plus douces que celles de la loi ancienne seront rétroactives et les plus sévères ne le
seront pas.
Mais si les dispositions plus sévères et plus douces forment un tout indivisible, on
qualifie la loi dans son ensemble. C’est un travail qui revient à la jurisprudence qui
décidera si cette nouvelle loi de fond sera qualifiée de plus douce ou de plus sévère.
Elles jouent dans le cas où un jugement sur le fond est déjà rendu. C’est à dire
que l’existence de l’infraction et la culpabilité de l’auteur ont été déclarées. On ne peut
plus modifier les règles du jeu. La loi ancienne survit et continuera à régir le procès, soit
pour la détermination de la juridiction d’appel, soit pour l’exercice des voies de recours.
§ 1. La qualification
En droit pénal puisqu’il n’y a pas d’infraction et de peine sans texte, il est une
obligation de designer, le texte en cause, l’incrimination applicable. Il faut indiquer très
précisément les références du texte concerné (exemple : il y a vol simple et il y a vol
qualifié). En fonction des circonstances qui entourent le fait ou de l’objet soustrait, les
peines sont différentes. Le vol qualifié n’est pas puni des mêmes peines que le simple
de vol de bétail n’est puni de la peine s’agissant de menu bétail ou de gros bétail (mais
la réforme intervenue au code pénal suivant la loi n° 2003-025 du 13 juin 2003 a abrogé
les dispositions de l’ancienne loi 61-27 du 14 Août 1961 relatives au vol de bétail).
§ 2. Le contrôle de la légalité
Le contrôle de la légalité se fait soit par la voie du recours pour excès de pouvoir
au niveau de la cour Suprême, soit par la voie de l’exception d’illégalité (ou l’irrégularité)
devant la juridiction de renvoi. Exemple : un prévenu invoque l’irrégularité du texte sur
la base duquel la poursuite a été engagée. Il affirme que le texte est non conforme aux
normes juridiques qui lui sont supérieures telles que la constitution par exemple l’art
326 C.P (abrogé par la réforme), par rapport à l’art 18 de la constitution. Si le juge
estime l’exception fondée il renverra le prévenu des fins de la poursuite. Mais il ne faut
faire retirer le texte irrégulier. C’est le recours pour excès de pouvoir qui peut conduire à
l’annulation du texte à l’égard de tous.
A. Le principe
Nous avons vu que l’interprétation et la non rétroactivité de la loi pénale sont les
deux corollaires du principe de la légalité des délits et des peines.
1°) La jurisprudence admet qu’il faut aller au-delà de la lettre pour scruter la
pensée de législateur et dans certains cas faire prévaloir l’esprit sur la lettre. C’est ainsi
qu’elle a condamné un voyageur qui a sauté d’un train en violation d’un règlement de
police dont la lettre interdisait pourtant de descendre d’un train complètement arrêté.
§ 1. La tentative punissable
2.
3. A. Définition
La tentative punissable a été définie par l’art 2 al 1 C.P. qui dispose en effet :
« toute tentative de crime qui aura été manifestée par un commencement d’exécution,
si elle n’a été suspendue ou si elle n’a manqué son effet que par suite de circonstances
indépendantes de la volonté de son auteur, est considérée comme le crime même ».
Ainsi pour qu’il y ait tentative punissable il faut la réunion de trois éléments.
Exemple 2 : acheter des substances toxiques n’est pas un commencement d’exécution.
Mais si les substances toxiques sont versées dans les aliments de la victime, il y a
commencement d’exécution, donc tentative punissable même lorsqu’elles n’ont pas été
absorbées.
3°) Il faut que la tentative soit punissable. En effet si la tentative d’un crime est
toujours punissable, la tentative de délit n’est considérée comme délit, donc punissable
que dans des cas déterminés par une disposition expresse de la loi. Exemple : la
tentative de vol est prévue et punie par l’art 313 C.P. et celle de l’escroquerie par l’art
333 C.P. Il n’y a pas de tentative d’abus de confiance, d’abus de blanc seing, d’abus
des besoins d’un mineur ou en matière de contravention. Dans les cas où la tentative
est punissable, la peine qui lui sera applicable sera la même que pour l’infraction
consommée.
§ 2. La théorie de l’infraction impossible
Ici l’agent est allé au-delà de la tentative. L’infraction est consommée mais l’agent
n’a pas atteint le but recherché parce qu’il l’a manqué ou parce que c’était impossible.
L’infraction manquée s’apprécie comme la tentative.
Exemple 1 : l’agent tire mais il n’a pas atteint la victime parce que, au regard de la loi de
la balistique, il ne pouvait pas faire mouche de l’endroit d’où il visait.
Exemple 2 : L’agent a tiré et atteint la victime. Dans ce cas l’infraction est consommée
alors même que le but recherché ne peut pas être atteint puisque l’agent a tiré sur un
cadavre. Généralement la jurisprudence réprime l’infraction impossible et l’infraction
manquée au titre de la tentative. En effet, l’art 2 al 2 C.P. dispose que la tentative est
punissable alors même que le but recherché ne pouvait être atteint en raison d’une
circonstance de fait ignorée de l’auteur. Si la tentative de l’infraction n’est pas
punissable, l’infraction impossible ne le sera pas.
§ 1. La coaction
Le coauteur d’une infraction est celui qui en est auteur avec d’autres personnes. Il
en a commis à lui seul et autant que les autres les actes matériels constitutifs de
l’infraction. Le coauteur est un agent à part entière, un acteur de premier plan dans la
réalisation de l’infraction commise à plusieurs.
§ 2. La complicité
La complicité est prévue et punie par les articles 48 et 49 C.P. Pour qu’il y ait
complicité il faut la réunion de trois éléments suivants :
1°) Il faut un fait principal punissable. C’est un élément préalable. Le fait principal
peut être un crime ou un délit. Il n’y a pas de complicité pour les délits de contravention
sauf dispositions expresses du texte incriminateur.
2°) Il faut un acte matériel de complicité. C’est l’élément matériel. En effet l’art
49 C.P. donne une liste limitative des cas de complicité :
C’est pourquoi lorsqu’une arme est prêtée pour racketter M.X, et que l’arme a
plutôt été utilisée pour tuer M.Y, le prêteur de l’arme n’est pas complice de meurtre. Car
le meurtre est totalement étranger au plan primitif. Mais lorsque des instructions sont
données pour étrangler M.Z au bar, et qu’il a été exécuté à son domicile par
électrocution, il y a complicité par instigation de cette électrocution qui a la même
finalité que la strangulation : tuer M.Z.
D- La répression
Le complice d’un crime ou d’un délit est puni de la même peine que l’auteur
principal. C’est parce que le complice emprunte la criminalité de l’auteur principal. Cela
ne signifie pas que le complice et l’auteur principal prennent à tous les coups la même
peine. L’art 48 C.P. pose un principe qui signifie que légalement la peine prévue pour le
fait principal punissable est la même que celle prévue pour le fait de complicité.
L’infraction suppose à sa base une faute qui doit avoir son origine dans un état
d’esprit, socialement et même moralement répréhensible. Seuls les faits
contraventionnels sont punis malgré la bonne foi de leurs auteurs, sauf cas de force
majeure.
L’élément moral est ici l’intention délictueuse appelée aussi, dol criminel.
2°) L’intention délictueuse est différente des mobiles de l’infraction. L’intention est
abstraite et elle est toujours la même pour une incrimination donnée, alors que les
mobiles sont concrets et variables. Exemple : tous les meurtriers ont par définition
entendu tuer autrui. Ils ont eu une intention : donner la mort. Mais chacun a ses mobiles
(raisons) : vengeance, pitié, haine, amour, cupidité etc. Mais généralement c’est sur les
mobiles du délinquant que les juges du fond se basent pour accorder des circonstances
atténuantes lorsque la loi les y autorise.
Il est des cas où l’élément matériel de l’infraction a été commis, mais l’auteur ne
tombe pas sous le coup de la loi répressive parce qu’il manque l’élément moral. Cela
arrive dans deux hypothèses : les causes de non imputabilité et les faits justificatifs
A. La démence.
Selon l’article 41 C.P., il n’y a ni crime ni délit lorsque le prévenu était en état de
démence au temps de l’action. Ainsi, faudrait-il la réunion de deux conditions pour qu’il
y ait non imputabilité :
Mais celui qui boit sciemment de l’alcool pour commettre ensuite une infraction ne
se verra pas appliquer les dispositions de l’article 41C.P., surtout lorsqu’il a bu pour se
donner du courage. Dans certains cas la commission d’une infraction commise sous
l’emprise de l’alcool est constitutive de circonstances aggravantes.
1°) La contrainte doit avoir été irrésistible c’est à dire avoir détruit entièrement
chez l’agent, la liberté de décision sans laquelle il ne peut y avoir de volonté coupable.
2°) La contrainte ne doit pas avoir été la conséquence d’une faute antérieure
de l’agent. C’est le cas par exemple du soldat qui ne rentre pas en fin de permission
parce qu’il a été arrêté par la gendarmerie à la suite d’une ivresse publique et
manifeste. Il sera condamné comme déserteur.
Les circonstances sont limitativement énoncées par le code pénal en ses articles 42,
43, et 44 relatifs à l’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime et à la
légitime défense.
Dans ces cas l’auteur n’a aucune volonté de commettre l’infraction. L’article 42 fait
cas de l’ordre de la loi et du commandement de l’autorité. Le code pénal ainsi que
d’autres textes complémentaires ont défini les conditions dans lesquelles la loi impose
une obligation d’agir ou ne pas agir. Pour ce qui est du commandement de l’autorité
légitime, l’article 42 al. 2 précise qu’il ne faut pas que l’ordre soit manifestement illégal.
Cela constitue une véritable garantie pour les droits de l’homme parce que la loi de
manière limitative a déterminée quand est-ce qu’elle ordonne d’agir et elle permet aussi
de ne pas exécuter les ordres liberticides contraires aux lois et règlements.
En réalité tous ces faits justificatifs ont été prévus pour assurer une meilleure
protection de la personne humaine contre les comportements d’autres délinquants.
Dans la réalité, c’est la première condition seule qui est exigée. La loi donne un
ordre direct ou une prescription sans passer par l’intermédiaire d’un supérieur
hiérarchique. C’est ainsi que le Code de Procédure Pénale en cas de flagrant délit
autorise toute personne à en appréhender l’auteur sans qu’elle puisse se trouver en
infraction d’arrestation illégale ( art.265 du Code Pénal).
Mais lorsque l’ordre de loi ne peut être exécuté que par l’intermédiaire d’un
commandement donné par un supérieur hiérarchique, on distingue le caractère
manifeste ou non l’illégalité du << commandement>> de l’ordre. A cet égard, l’article
108 du Code Pénal est très explicite. En effet, selon ce texte, l’Agent ou le
Fonctionnaire qui exécute un ordre ou fait exécuter cet ordre attentatoire, à la liberté
individuelle ou aux droits civiques des gens ou la constitution est exempté de la peine
s’il justifie avoir agit sur ordre de ses supérieurs pour des objets du ressorts de ceux- ci
sur lesquels il leur était dû obéissance hiérarchique.
Exemple : la C.R.S. qui en cas d’émeute reçoit de son chef l’ordre de tirer sur les
insurgés n’est pas responsable des morts ou des blessures qu’il causerait.
Par contre, l’agent qui sur ordre du commissaire déshabille une collègue en guise
de punition, commet un attenta à la pudeur. L’ordre du commissaire est manifestement
illégal, donc il ne doit pas être exécuté. La loi n° 2002-05 du 08 février 2002 déterminant
l’ordre manifestement illégal. Cette loi définit l’ordre manifestement illégal comme tout
ordre qui est contraire à la loi. Ainsi tout agent qui exécute un ordre manifestement
illégal sera sanctionné au même titre que celui qui a donné l’ordre. Ces mêmes
dispositions ont été introduites dans le code pénal suite à la réforme de la législation
pénale. La loi 2003-025 du 13 juin 2003 modifiant la loi n° 61-27 du 14 Août 1961
portant code pénal dispose en son article 42 : « N’est pas pénalement responsable, la
personne qui accomplit un acte prescrit ou autorisé par des dispositions législatives ou
réglementaires. N’est pas également pénalement responsable la personne qui
accomplit un acte commandé par l’autorité légitime, sauf si cet acte est manifestement
illégal».
Au niveau de l’article 108 du code pénal, il est admis que l’agent justifiant avoir agi
sur ordre de sa hiérarchie, est pénalement irresponsable. Dans la loi n° 2003-25, il a été
ajouté un troisième aliéna à l’article 108 où il est dit qu’il faut que l’ordre qui a été
exécuté par l’agent ne soit pas manifestement illégal.
B. La légitime défense
Même si la loi pose des conditions dans lesquelles cette défense doit se faire, cela
constitue tout de même une garantie pour la personne humaine.
Il n’y a pas d’infraction lorsque le fait était commandé par la nécessité actuelle de
la légitime défense de soi même ou d’autrui ( Art.43 du Code Pénal). Celui qui commet
un délit pour se protéger contre une agression injuste n’est pas responsable. Mais il faut
qu les conditions suivantes soient réunies :
1°) Que la défense soit légitime. C’est à dire qu’il ait été victime d’une agression
injuste. Celui qui blesse un agent qui procède régulièrement à son arrestation ne peut
invoquer une défense légitime. Mais par contre celui qui se défend contre un agent qui
exerce à son encontre une action manifestement entachée d’illégalité peut invoquer une
défense légitime ;
2°) Qu’il soit devant une nécessité actuelle, c’est à dire que l’auteur du délit ait
été menacé d’un danger imminent contre lequel il n’a pu réagir qu’en commettant un
délit. Réagir contre un mal passé c’est se venger. Et quand le mal est futur ou éventuel,
il doit s’adresser à la justice pour le réprimer. L’état de nécessité c’est l’état de l’individu
qui, pour éviter un péril imminent le concernant ou concernant autrui, est obligé de
commettre une infraction.
Exemple : la femme qui vole pour nourrir son enfant mourant de faim ; le médecin
qui tue l’enfant pour sauver la mère en couches ; le pompier qui saccage un jardin pour
protéger une habitation voisine.
· Qu’il ait aucun autre moyen d’éviter le dommage menaçant que de commettre
une infraction ;
· Que la situation d’où découle l’état de nécessité ne soit pas due à une faute de
l’agent.
C. Le consentement de la victime
En principe, le consentement de la victime ne justifie pas l’auteur de l’infraction. il
existe cependant des hypothèses exceptionnelles où les atteintes à l’intégrité physique
d’une personne avec son consentement ne sont pas punissables. C’est l’existence
d’une permission implicite de la loi qui fait disparaître le caractère délictueux :
· Le chirurgien qui inflige des blessures au patient ou qui ne réussit pas une
opération et tue son patient, est justifié à condition qu’il ait agi dans les normes de
la médecine.
· Dans les sports violents qui sont implicitement autorisés par la loi avec l’existence
de fédérations (judo, Boxe, Catch , Rugby), le joueur qui tuerait un autre tout en
restant dans les normes de la réglementation officielle serait justifié.
DEUXIEME PARTIE : LA SANCTION PENALE
La peine est une punition infligée par la société, selon la loi, à l’auteur responsable
d’une infraction. Elle est à distinguer de la réparation civile et de la sanction
disciplinaire. La constitution nigérienne du 9 Août 1999 en son article 17 al. 2 dispose
qu’il ne peut être infligé de peines plus fortes que celles qui étaient applicables au
moment où l’infraction a été commise. Cette disposition est également affirmée dans la
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (art 11 al 2) ; dans le Pacte relatif aux
Droits civils et Politiques (art 15); dans la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des
Peuples de 1981 en son article 7 al.2.
§ 1. Notion de la peine
2°) La peine a une fonction d’intimidation. Cette intimidation peut être spéciale
lorsqu’elle concerne l’individu que la crainte de la peine arrête sur le chemin de
l’infraction. Elle peut être générale en ce sens que l’exemple du malfaiteur puni, fait
réfléchir les autres personnes candidates éventuelles à la délinquance.
Le Pacte international relatif aux Droits Civils et Politiques de 1966, en son article
10 al. 3 dispose que le régime pénitentiaire comporte un traitement des condamnés
dont le but essentiel est leur amendement et leur reclassement social.
1°) Caractère légal de la peine. Toutes les peines sont prévues par la loi. Mais de
façon rigide car la loi laisse au juge (par l’application des circonstances atténuantes) et
à l’administration pénitentiaire (recours de peines) une grande latitude.
Le code pénal détermine les peines applicables ou ses articles 5, 6 et 400. Mais la
véritable garantie pour les délinquants est toujours contenue dans le code pénal à
travers les peines spécifiques applicables à chaque type d’infractions, par exemple
lorsque un individu commet un fait antisocial qualifié d’escroquerie, il encourt une peine
d’emprisonnement de 1 à 5 ans (art 333 du code pénal). Le juge est obligé de
prononcer la peine en fonction de cette fourchette sauf en cas de circonstances
aggravantes prévues par le code pénal.
2°) Caractère égalitaire de la peine. Les peines ne doivent pas tenir compte de
la condition sociale des délinquants. C’est une égalité juridique qui est différente d’une
égalité de fait car la peine d’amende n’est pas ressentie de la même façon par le riche
et le pauvre. De même que l’emprisonnement n’affecte pas de la même manière le
clochard et le dandy. De nos jours, la peine est souvent claquée sur le degré de
culpabilité du délinquant et son aptitude à la réinsertion qui sont des facteurs
éminemment individuels.
Le caractère personnel de la peine est affirmé dans la Charte Africaine des Droits
de l’homme et des Peuples de 1981 en son article 7 al. 2 qui dispose que la peine est
personnelle et ne peut frapper que le délinquant. Il en est de même du Pacte
International des Droits Civils et Politiques en son article 15 al. 2.
La peine accessoire est celle qui s’ajoute à la peine principale. Elle en est la
conséquence forcée et elle a pour but d’en assurer l’efficacité. le juge n’a pas besoin de
la prononcer. Il ne peut pas l’écarter.
Exemple :…………
La peine afflictive fait subir au condamné une souffrance, alors que la peine
infamante lui fait subir la déconsidération dans la société (ce qui en réalité une autre
forme de souffrance qui peut atteindre le condamné).
La classification appropriée des peines est celle qui est fondée sur les effets de la
peine par rapport à la personne du condamné.
1°) Les peines privatives de liberté. Il s’agit de la réclusion criminelle qui est une
peine de droit commun afflictive et infamante, de la détention criminelle qui sanctionne
les délits politiques et ceux de droit commun et de l’emprisonnement de police qui est
une peine privative de liberté en matière correctionnelle.
3°) Les peines pécuniaires. Elles frappent le condamné dans son patrimoine soit en
lui imposant le paiement d’une somme d’argent (c’est l’amende), soit en lui enlevant
tout ou partie de son patrimoine (c’est le cas de la confiscation), soit en mettant fin à
une activité rémunératrice (c’est le cas de la fermeture d’établissement).
§ 1. Notion
Alors que la durée de la peine est fixée par une décision judiciaire définitive, la
mesure de la sûreté doit être révisable, justifiée par l’état dangereux de l’individu et
fondé sur la protection de la société. C’est donc la défense sociale et l’état dangereux
de l’individu qui déterminent la durée de la mesure de sûreté.
Dans tous les cas, la prise de ces mesures de sûreté suppose l’existence d’un
texte préalablement adopté et déterminant les conditions dans lesquelles elles doivent
s’exécuter. En effet en dehors des droits faisant l’objet de limitations ou de restrictions
par les textes, les personnes en cause doivent jouir des autres droits reconnus par les
textes nationaux et internationaux des droits de l’homme.
Selon la constitution du 9 Août 1999 qui dispose en son article 15 al. 1 :« Nul peut
être arrêté ou inculpé qu’en vertu d’une loi entrée en vigueur antérieurement aux faits
qui lui sont reprochés».
Dans le cas où des mesures de sûreté sont prises à l’encontre d’une personne,
elle doit être, traitée avec humanité et avec le respect de la dignité inhérente à la
personne humaine tel que définis par le Pacte Relatif aux Droits Civils et Politiques art.
10.
Mais cette liberté de choisir la peine reconnue au juge, n’est pas absolue. Il est
tenu de respecter la fourchette établie par le Code Pénal. Le sursis, les circonstances
aggravantes sont rigoureusement encadrés par la loi pénale. Par contre en ce qui
concerne les circonstances atténuantes, le législateur par moment interdit leur bénéfice.
On laisse la latitude au juge de les prononcer en fonction de la personnalité du
délinquant ou de son environnement social.
1°) L’excuse de minorité. L’article 45 C.P. dispose que «le mineur de moins de 13
ans est pénalement irresponsable». Mais il peut faire l’objet de mesures éducatives.
Lorsqu’il aura de 13 à moins de 18 ans, il peut faire l’objet d’une peine ou d’une mesure
éducative. C’est le juge qui décide d’après les circonstances et la responsabilité du
mineur. Lorsqu’il choisit d’appliquer une peine au mineur, cette peine est dans sa nature
identique à celle applicable à un majeur. Son montant est cependant différent de celui
de la peine encourue par le majeur, il est atténué par les dispositions de l’article 47
C.P. :
Mais le mineur âgé de plus de 13 ans qui n’aura pas atteint 18 ans est acquitté s’il
a agit sans discernement. Il peut cependant faire l’objet de mesure de sûreté :
protection, assistance ou rééducation.
La provocation doit être injuste. Celui qui porte des coups ou des faits de
blessures sur la personne d’un agent de la force publique qui est venu l’appréhender,
ou même sur la personne de tout autre citoyen qui intervient pour faire cesser un crime
ou un délit flagrant, n’est pas excusable.
Le délit excusable doit avoir été immédiatement commis après la provocation ; car
une vengeance réfléchie est préméditée ne s’excuse pas.
Ce sont des faits qui déterminent un abaissement de la pénalité dans les limites
fixées par la loi (art. 676 C.P.P). Il peut s’agir des antécédents de l’inculpé, de la
mauvaise éducation qu’il a reçue, de l’insignifiante du préjudice causé à la victime, du
repentir manifesté par l’inculpé, de ses efforts pour réparer le dommage. Le juge
apprécie librement ces faits. Il n’a pas à motiver les raisons pour lesquelles il accorde
les circonstances atténuantes.
§ 1. La récidive
Pour qu’il ait récidive il faut la réunion de deux éléments qu’on appelle termes de la
récidive.
1°) Le premier terme. C’est une condamnation car il n’y a pas récidive si la
condamnation a été amnistiée ou réhabilitée ou non avenue à la suite d’un sursis non
révoqué. Il faut que cette condamnation présente les caractères suivants :
· Elle doit être pénale. Il n’y a pas récidive lorsque le mineur faisant l’objet de
mesure d’éducation, commet par la suite une infraction.
· Elle doit être définitive, c’est à dire non susceptible de voie de recours. Il n’y a
pas de récidive lorsque l’individu condamné en première instance, commet une
autre infraction avant l’expiration du délai d’appel.
Lorsque tous ces caractères sont réunis, il importe peu que la peine prononcée ait
été exécutée car l’individu qui s’est soustrait à l’exécution de la peine et, qui commet un
nouveau délit, est récidiviste.
2°) Le deuxième terme. C’est une nouvelle infraction. Elle doit être distincte et
indépendante de la première. Si elle n’en est qu’une Conséquence, il n’y a pas récidive.
Elle doit être un délit du même genre est déterminée par l’art.60 C.P. Exemple : le
vol, l’abus de confiance, l’escroquerie etc., sont considérés comme des délits de même
genre ( art. 60 al.4 C.P)
Conditions : pour qu’il y ait récidive criminelle, l’article 56 C.P exige que le
premier terme soit une condamnation à une peine afflictive et infamante et le deuxième
terme un crime puni d’une peine d’emprisonnement de 10 à 30 ans ou d’une peine
d’emprisonnement à vie.
Lorsque le premier terme est une condamnation pour crime par un tribunal
militaire, elle n’emporte récidive que si d’après les lois pénales ordinaires ce premier
terme est un crime ou un délit. Il n’y a pas de récidive criminelle d’une peine
correctionnelle à une peine criminelle.
· Ensuite la deuxième infraction doit avoir été commise dans un délai de 5 ans à
compter du jour où le condamné a été mis en liberté (car aux termes de l’article
59 al.2 C.P, la durée de toute peine subie n’est pas comprise dans le délai de 5
ans). On dit que la récidive correctionnelle est temporaire.
· Enfin la deuxième infraction doit être un délit du genre que la première. C’est
l’article 60 C.P qui détermine les délits de même genre. On dit que la récidive
correctionnelle est spéciale. Mais cette spécialité est relative car les délits
qualifiés du même genre par la loi sont en fait des infractions voisines.
Exemple : vol, escroquerie, abus de confiance, corruption et trafic d’influence,
extorsion de fonds, filouterie, recel, émission de chèque sans provision sont
considérer comme des infractions du même genre.
Exemples : si la peine normalement encourue est celle du vol qualifié, 2 à 7 ans (art.
309 C.P), la peine applicable deviendra de 7 à 14 ans. Si la peine encourue était plutôt
celle de l’article 311 C.P, 10 à 20 ans de la peine applicable sera de 20 à 40 ans.
Aux termes de l’article 59 C.P, le récidiviste devra être condamné à une peine qui
sera au minimum le double de l’ancienne condamnation sans qu’elle puisse être
inférieure au minimum ni supérieure au double du maximum de la peine encourue du
fait de la deuxième infraction. Exemple : l’escroquerie est punie de 1 à 5 ans (art.333
C.P). un escroc condamné à 4 ans récidive en commettant un abus de confiance (puni
de 2 mois à 2 ans art.338 al1 C.P), le double de l’ancienne condamnation est 8 ans. Le
double du maximum de la peine encourue est 4 ans. Ce récidiviste ne pourra être
condamné qu’à 4 ans d’emprisonnement.
3°) La récidive en matière de simple police. L’article 406 C.P fixe les conditions
dans lesquelles la récidive en matière de contravention de simple police peut être
retenue contre un délinquant.
Il faut que le premier terme soit une condamnation pour contravention. Une
première condamnation pour crime ou délit ne peut pas servir de premier terme, même
si c’est par le jeu des circonstances atténuantes que cette première condamnation a été
une peine de simple police.
Il faut que la deuxième contravention se soit produite dans les douze mois qui ont
suivi la première condamnation. On dit que cette récidive est temporaire.