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Remerciement

Tous d’abord, nous souhaitons exprimer notre profonde gratitude à Monsieur


MAATOUK Salah-Eddine pour avoir dirigé ce travail.

Nous avons eu le plaisir de travailler sous votre direction. Nous vous


remercions pour votre gentillesse et spontanéité avec lesquelles vous avez dirigé
ce travail, ainsi que pour votre disponibilité et vos conseils que grâce à eux
nous avons pu améliorer notre projet.

1
Plan :

Introduction.

Chapitre I : La genèse de la légitime défense.

Section 1 : L’encrage historique de la légitime défense.


a) Le droit de la légitime défense dans la Charte des Nations Unies.
b) La légitime défense marocaine.

Section 2 : L’approche religieuse.


a) La légitime défense dans le Judaïsme.
b) La légitime défense dans le Christianisme.
c) La légitime défense dans l’Islam.

Chapitre II : Les conditions et les preuves de la légitime


défense.

Section 1 : Les conditions de l’admission de la légitime défense.


a) Notion et fondement.
b) La nécessité de l'agression.
c) La défense justificative.

Section 2 : Preuves et cas pratiques.


a) Les preuves.
b) Les cas particuliers.

Conclusion.

2
Introduction

« Le droit pénal est comme ces monuments célèbres que chacun croit connaître sans jamais avoir
visité ». Cette phrase montre la gravité de cette matière, tant au niveau juridique qu'au niveau social et
met l’accent sur la discipline sur son volet Populaire et ésotérique, caractérisé par le fait d'être technique
et inaccessible à la fois. Le droit pénal peut-être défini comme étant la branche du droit qui fixe les actes
susceptibles de perturber gravement l'ordre social et leurs sanctions et qui répond à toutes les questions
relatives à leur réalisation et à leur nature. C’est en d’autres termes l'ensemble des normes juridiques
qui constituent recours de l'État à la sanction pénale dans l’optique de définir les incriminations et les
sanctions qui leur correspondent. En effet, le droit pénal marocain moderne est passé par trois phases :
Tout d’abord avant le protectorat, celui-ci est basé sur les lois musulmanes des cinq protections dont les
valeurs fondamentales sont les suivantes : la religion, la vie, la propriété, la reproduction et la moralité.
Après vient la phase de protectorat où on a abouti à la période de la création Tribunaux français qui
appliquent le Code pénal français. Cette demande a été Dahir du 12 août 1913 en vigueur. Il en est de
même dans les régions du nord. Finalement après l'indépendance, où ce n'est que le 26 novembre 1962
que le code pénal au sens large a été promulgué. Il n'est apparu en force que le 17 juin 1963.le droit
pénal trouve ses sources supranationales dès la constitution ; cette dernière ne contient pratiquement
aucune norme traitant directement du droit pénal. Dans la constitution de 2011, hormis quelques articles
comme l'article 3, il y a peu d'articles relatifs au droit pénal, qui garantissent à tous de pratiquer librement
leur religion et sert de base au code pénal, qui punit précisément - Les infractions liées à pratiquant la
religion en vertu des articles 221-222-223. La loi représente également la source d'excellence, et a
longtemps été la seule source recevable. L'importance du droit en matière pénale s'explique d'abord par
l'histoire. C'est le problème de l'élimination de l'arbitraire judiciaire. Pour la Jurisprudence : On dit
toujours qu'en raison de la rigidité du principe de légalité, le juge pénal doit s'en tenir au texte applicable.
En effet, il ne fait aucun doute qu'elle est sujette à interprétation. Les textes peuvent être obscurs, de
nouvelles situations peuvent surgir. Cependant, le choix des méthodes d'interprétation acceptables est
restreint. Pour les Sources supranationales, Le Maroc a signé et ratifié des traités, ainsi qu'un grand
nombre de conventions bilatérales entre États, notamment sur des questions telles que l'extradition ou
le transfèrement international des personnes condamnées. Au-delà des éléments de composition
spécifiques à chaque infraction, variables selon la nature du meurtre, du vol, de l’escroquerie. Toutes
les infractions comportent des éléments de composition qui leur sont communs. La constitution d'une
infraction exige la réunion de trois éléments. L'élément juridique comprend l'existence d'un texte
d'incrimination. L'élément matériel consiste en l'acte perpétré par l'auteur. L'élément moral répond à la
volonté de tendre vers un résultat criminel. Pour l’élément juridique, La doctrine a permis l'émergence
de trois courants d'interprétation du droit pénal. Les partisans du premier accordent aux juges répressifs
un large de pouvoir en matière d'interprétation (interprétations libres). Ceux du second estiment que les

3
juges répressifs doivent la littérature de la loi pénale (interprétations littérales). Les partisans de la
troisième tendance se déclarent favorables à l'application d'une théorie hybride entre les deux tendances
précédentes. En raison de ce qui vient d'être dit, les règles défavorables au délinquant sont
d'interprétation stricte. Le juge ne peut étendre les infractions ou allonger la durée des peines. Il ne peut
pas procéder par analogie. En revanche, les règles favorables au délinquant, c'est-à-dire celles dont
l'extension ne menace pas sa liberté, peuvent être interprétées. Le juge peut alors raisonner par analogie
in favorem. L'interdiction de donner une interprétation des règles défavorables au contrevenant est une
obligation pour le juge alors que l'interprétation des règles favorables au condamné n'est qu'une faculté
pour le juge. Pour l'élément matériel, Pour qu'une poursuite soit envisageable, l'infraction doit être
révélée extérieurement par un fait matériel objectivement vérifiable. La simple pensée criminelle n'est
qu'un cas de conscience et ne devrait pas faire l'objet de poursuites judiciaires. C'est là une des
divergences entre le droit pénal et la morale et c'est une protection contre l'arbitraire de l'autorité
publique qui ne pourra pas rendre de tendance, d'opinion où Le point délicat dans l’élément matériel est
de savoir à partir de quel moment la volonté coupable d’un agent se sera manifestée de manière
suffisamment nette pour que les pouvoirs publics puissent mettre la répression en mouvement. C’est la
question de la tentative. En ce qui concerne L'élément moral, il peut se traduire par une fraude ou une
faute. Le dol est spécifique aux infractions intentionnelles. Elle consiste dans la volonté intentionnelle
de commettre une infraction. La faute désigne les actes d'imprudence ou de maladresse qui sont de nature
à bouleverser l'ordre social. A quel point peut-on admettre qu’il existe des circonstances dont lesquelles
la commission d’une infraction échappe à la poursuite pénale nommés les faits justificatifs (sont les
causes d’irresponsabilité pénale pour son auteur).

Le Code pénal marocaine dans ces articles 124 et 125 précise les faits justificatifs et se sont au nombre
de 4 :

L’ordre de la loi.

Le commandement de l’autorité légitime.

La légitime défense.

L’état de nécessité.

Dans ce cas, le thème légitime défense qui fera l’objet de notre analyse.

La légitime défense permet de se défendre, de protéger quelqu'un ou un bien, lors d'une attaque
immédiate par une personne. Les moyens utilisés lors de cette défense sont interdits dans une autre
situation. C'est la justice qui vérifie si la riposte, utilisée pour se défendre, est un cas de légitime défense.

La légitime défense puise ses fondements dans des considérations philosophiques avant d’être
juridiquement consacré. S’il existe un creuset des théories du droit de résistance, il est donc bien celui
des doctrines du droit naturel. Les philosophes du droit naturel admettent que la légitime défense est

4
l'un des droits naturels de l'homme. Ainsi Belime en affirmant le droit d'existence, c'est-à-dire à la vie,
dit que la légitime défense est un droit 'qui n'est qu'une conséquence du droit d'existence'. Ce droit est
appelé, dit-il, par les anciens jurisconsultes jus inculpatae tutelae1

La pensée stoïcienne est à l’origine de cette approche dont Cicéron est le premier théoricien,
l’empereur romain déduit que la légitime défense doit s’entendre comme « un devoir de l’homme
permettant d’assurer la défense des personnes, des biens et de l’honneur bafoué ». Cette idée forme la
base philosophique de la légitime défense.

Grotius et Pufendorf fondent également la légitime défense a un droit naturel en exerçant une
influence profonde sur les philosophes et les juristes du continent européen, selon Grotius « le droit de
se défendre vient directement et immédiatement du soin même de notre conservation, que la nature
recommande à chacun, et non pas de l’injustice et du crime de l’agresseur

John Locke considère ainsi qu’il est possible de tuer son agresseur car celui-ci, « usant d’une violence
qui menace ma vie, je ne puis avoir le temps d’appeler aux lois pour la mettre en sûreté ; et quand la
vie m’aurait été ôtée, il serait trop tard pour recourir aux lois, lesquelles ne sauraient me rendre ce que
j’aurais perdu, et ranimer mon cadavre »2

Le droit à la légitime défense est un droit naturel que tout être humain possède, la légitime défense ne
peut donc être considérer que comme une justification. Parallèlement à l’évolution de la pensée
philosophique, la légitime défense a peu à peu été consacrée juridiquement en même temps que les
différents ensembles normatifs se développaient.

Il n’en demeure plus loin d’aborder au premier lieu la métamorphose de la légitime défense à l’échelle
nationale et internationale dans l’histoire et en deuxième lieu de mettre l’accent sur les preuves et les
principes de la légitime défense.

Chapitre I : La genèse de la légitime défense.

Notre introduction porte sur le thème de la légitime défense en tant qu’acte par lequel on riposte à une
agression que l’agresseur voulait nous infliger. L’importance que requière cette thématique à nos yeux
consiste dans le fait que pour certains cet acte de légitime défense est répréhensible par la loi alors que
pour d’autres par la loi alors que pour d’autres c’est un acte permis dans la mesure où l’agressé se
retrouve dans un cas de force majeur et donc il n’a pas le choix que de se défendre. Dans notre
introduction, nous allons tenter d’apporter un éclairage pour désambiguïser sur le plan pénal le recours
à la légitime défense.

Ce faisant, nous allons traiter dans le premier lieu la genèse de la légitime défense et son ancrage
historique, passer ce cap, nous allons aborder le droit de la légitime défense dans la charte des nations
unies pour enchaîner avec la légitime défense marocaine avant de clore par l’approche religieuse.

1 François lareau, légitime défense et théorie, université d’Ottawa, canada, 1992


2 John Locke, Traité du gouvernement civil, Garnier-Flammarion, Paris, 1984, XVIII,

5
Section 1 : L’ancrage historique de la légitime défense :
La légitime défense est une institution pénale très ancienne. À l’origine, la légitime défense était réservée
à la protection de la vie et de l’intégrité corporelle de l’être humain. Il en va toujours ainsi aujourd’hui.
La légitime défense était définie dans le droit anglo-saxon par le terme homicide excusable. La personne
ayant été trouvé coupable d’un tel homicide peut demander un pardon royal. C’était le cas aussi en
France, jusqu’à la révolution de 1789, la personne ayant tué en légitime défense ne sera pas punie, mais
elle est coupable. Elle doit solliciter du roi des lettres de grâce ou de rémission3. Enfin On peut
considérer qu’elle est présente dans le Code pénal dès le code Napoléon. La loi du 17 février 1810
prévoyait, à l’article 328, un texte qui disait : "Il n’y a ni crime ni délit lorsque l’homicide, les blessures
et les coups étaient commandés par la nécessité actuelle de la légitime défense de soi-même ou d’autrui".

La légitime défense est un concept souvent abordé en droit international aussi et sa reconnaissance
explicite dans l’article 51 de la Charte des Nations unies l’a rendue encore plus présente.

a) Le droit de la légitime défense dans la Charte des Nations Unies :

Montesquieu, considère que « la vie des Etats est comme celle des hommes. Ceux-ci ont le droit de tuer
dans le cas de la défense naturelle ; ceux-là ont le droit de faire la guerre pour leur propre conservation
»4

En effet, avant 1919 le droit international ne faisait aucune restriction à l’emploi de la force ou pour
mettre en œuvre le droit ou encore pour protéger des intérêts politiques, économiques ou militaires, il
n’y avait aucune raison pour qu’il existât une norme spécifique qui autorise la légitime défense. Ce n’est
que lors de la conférence de San Francisco en 1945 que le besoin se soit fait ressentir de consacrer
conventionnellement Le droit de légitime défense, ce n’est même qu’au dernier moment que les
représentants des Etats à San Francisco se sont intéressés à la question et ont reconnu, aux termes de
l’article 51 de la Charte des nations unies, un « droit naturel de légitime défense individuelle ou
collective ».

Aucune disposition de la présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense,
individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations Unies est l’objet d’une agression
armée, jusqu’à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la
sécurité internationales. Les mesures prises par des Membres dans l’exercice de ce droit de légitime
défense sont immédiatement portées à la connaissance du Conseil de sécurité et n’affectent en rien le

3 H. Donnedieu de Vabres, traité de droit criminel et de législation pénale comparée, 3eme


éd, paris, sirey,1947 p 227/228
4 Montesquieu, De l’esprit des lois, Livre X, Chapitre II

6
pouvoir et le devoir qu’a le Conseil, en vertu de la présente Charte, d’agir à tout moment de la manière
qu’il juge nécessaire pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales5

A la lecture de l’article 51, plusieurs interrogations s’imposent, plus spécialement quelle sont les
conditions de mise en œuvre du droit de légitime défense ? L’article 51 a été introduit dans la Charte de
l’ONU pour permettre à un Etat en péril de pallier une carence ou un blocage du Conseil de sécurité et
d’assurer sa survie. Il s’agit donc d’une mesure supplétive de sécurité reconnue à un Etat victime « d’une
agression armée » ou d’une « Armed Attack »6 cet article permet donc l’emploi du droit de la légitime
défense seulement en réaction à une agression armée, le conseil de sécurité, ayant la responsabilité du
maintien de paix, il est indispensable que celui-ci soit informé des mesures prises par un Etat en situation
de légitime défense. Cet exercice de force est soumis, selon la cour internationale de justice et en vertu
du droit international coutumier, aux doubles conditions de nécessité et de proportionnalité.

La Charte des Nations unies à encadrer assez strictement le droit de légitime défense qui a trop
souvent été détourné par les Etats pour justifier abusivement leurs comportements contraires à
l’interdiction générale de recours unilatéral à la menace ou à l’emploi de la force armée posée
à l’article 24. Après la seconde guerre mondiale, la légitime défense est devenue l’argument
principalement invoqué par l’ensemble des Etats pour justifier l’emploi de la force armée.
Beaucoup se prévalent en effet de l’article 51, mais peu en respectent ses dispositions et le Conseil de
sécurité n’a finalement que très peu été saisi de ces questions.

La consécration de la légitime défense collective permet donc à un ou plusieurs Etats membres de


l’ONU, selon l’article 51, de recourir à la force pour venir en aide à un Etat victime d’une agression
armée ayant une origine étatique. Le traité de l’OTAN renforce le concept de légitime défense collective,
mais il faut qu’il existe un lien précédent par exemple un traité entre les deux Etats qui agissent en
légitime défense ou, en l’absence de celui-ci, une requête explicite de la part de la victime de l’agression.

Le droit de légitime défense, malgré son intégration à l’ordre juridique international n’en est pour autant,
aujourd’hui, toujours pas totalement effectif. Il s’agit donc de savoir pourquoi les Etats ont entendu
reconnaître un droit qu’ils n’étaient pas en mesure de respecter.

b) La légitime défense marocaine :


La légitime défense dans le code pénal marocain : Aux termes de l’article 124 du code pénal
marocain : << Il n’y a ni crime, ni délit, ni contravention : Lorsque le fait ait été ordonné par la
loi et commandé par l’autorité légitime.
Lorsque l’auteur potentiellement victime est forcé d’accomplir son acte pour repousser ou
neutraliser ou anéantir une infraction venant d’un agresseur imminent et lorsque la victime

5 Article 51 de la charte des nations unies


6 Julien Détais. Les nations unies et le droit de légitime défense. Université d’Angers, 2007.

7
purgative se trouve dans un cas de force majeur et riposte proportionnellement à la gravité de
l’agression.
Donc aux yeux du code pénal marocain celui qui se défend dans telles situations gravissimes ne se doit
pas faire justice soi-même mais de se faire police soi-même. C’est-à-dire réagir pour dissuader
l’agresseur d’accomplir son acte. Dans ce cas-là la victime potentielle réagit par principe préventif et
dissuasif. Donc le code pénal marocain n’incrimine pas la personne qui agit en légitime défense pour
peu que l’acte soit réel et répond aux conditions qui le constituent.
À titre d’exemple on peut citer l’arrêt rendu par la chambre criminelle de la cour d’appel d’Agadir le
23-7-2002, sous le numéro 360 dossier criminel N 240 /2002, le condamnant à 20ans de réclusion pour
coups et blessures portés volontairement sans intention de donner la mort.

L’interprétation de l’article 51 ne correspond plus malheureusement à l’esprit de la Charte telle qu’elle


a été rédigée. La pratique du droit de légitime défense, qu’elle soit le fait des Etats ou des Nations unies
témoigne d’une défaillance du système de sécurité collective et d’une application détournée de l’article
51. La Charte avait pour but d’éviter les guerres et, de cet objectif, devait découler la paix. Mais, « la
paix n’est pas l’absence de guerre, c’est une vertu, un état d’esprit, une volonté de bienveillance, de
confiance, de justice »7

Section 2 : L’approche religieuse :


La légitime défense est formellement consacrée par toutes les législations modernes, elle l’a
d’ailleurs été à toutes les époques. Ce n’est que ce fondement qui a varié au cours de l’histoire.

a) La légitime défense dans le Judaïsme :

En judaïsme et plus précisément dans la Torah qui est le cœur et la source écrite la plus sacré du
judaïsme on trouve les dix commandements de Moïse le Prophète des fils d’Israël et du juifs en général,
le sixième commandement c’est le suivant : « Lo Tirtsa’h », qui signifie "Tu ne tueras pas", Dieu dit à
Israël : "mon peuple, ne soyez pas des assassins, ne vous associez pas avec des assassins, pour que vos
enfants n'apprennent pas leur manière d'agir. Car, c'est le meurtre qui a amené sur terre les armes,
provoqué les guerres et les conflits" 8.

« Si un voleur est pris sur le fait d'effraction, si on le frappe et qu'il meure, son sang ne sera pas vengé
» (Ex. 22 :2). Pourquoi, la Thora permet-elle de tuer le voleur, qui ne cherche qu'à prendre de l'argent ?
C'est que nous partons de la présomption que le voleur est prêt à tuer celui qui voudrait l'empêcher de
commettre son vol. Celui qui pénètre ainsi dans la maison de son prochain, pour voler, est considéré

7 Baruch Spinoza, Traité de l’autorité politique, Gallimard, Collection Folio, Paris, 1994,
chapitre V
.
8 (Ménam Lo'ez sur Ex. 20 :3).

8
comme Rodef, menaçant la vie de son prochain. Il peut donc être tué quel que soit son âge ou son
sexe.9est

Or, Rava enseigne : pourquoi cette loi de "Ma'htéreth - le vol par effraction" ? Il y a forte présomption
que personne ne reste les bras croisés lorsque ses biens sont en danger. Le voleur se dira : le propriétaire
s'opposera moi et ne me laissera pas faire. S'il se dresse contre moi, je le tuerai. Or, la Torah dit "S'il
vient pour te tuer, prend les devants pour le tuer". Ce principe de "Haba léhorguékha…" est appelé loi
du Rodef, le poursuivant, littéralement celui qui court après un autre (pour le tuer). C'est la loi de la
légitime défense.

Le Talmud dans son midrash va beaucoup plus loin. Il transforme cet énoncé négatif en énoncé positif
par un raisonnement fondé sur une suite d'éventualités emboîtées. Le voleur sait que si le propriétaire
est là, il risque de s'opposer à lui pour l'empêcher de s'emparer d'un objet. Mais il est possible que dans
ce cas le voleur soit prêt à tuer. Le propriétaire peut donc craindre pour sa vie et par conséquent, il a le
droit de tuer le voleur. Dans un autre passage, le Talmud énonce également : celui qui vient te tuer,
devance-le et tue-le.

Le texte précédant stipule que la simple suspicion que le voleur est prêt à tuer suffit à autoriser de le
devancer. La Torah ne s'oppose pas à la légitime défense même si elle conduit à accomplir un acte
d'extrême gravité, un acte qui en d'autres circonstances serait particulièrement condamnable. Protéger
sa vie est légitime et même conseillé.

b) La légitime défense dans le Christianisme :

Le Nouveau Testament exclut radicalement la légitime défense violente et invite à une résistance non-
violente active face à l’agression. « Inscrite au cœur de l’Évangile, elle est la norme pour tous ». 10«
Vous avez appris qu’il a été dit : œil pour œil et dent pour dent. Et moi je vous dis de ne pas résister au
méchant. Au contraire, si on te frappe sur la joue droite, tends aussi l’autre joue » (Matthieu 5, 38-39).
« Ne rends pas le mal pour le mal. » (1P 3, 9 ; cfr Rom 12, 17 et 21 ; 1 Th 5, 15

Or, Jésus dit : « Remets ton épée à sa place, car tous ceux qui prennent l'épée périront par l'épée » (Mt
26, 52). Jésus refuse absolument de prendre la vie d'autrui, même s'il doit y laisser la sienne. Il demande
aux hommes, et d'abord à ses disciples, de faire de même pour ne pas contribuer, pour leur part, à la
spirale destructrice de la violence. Il les invite donc très clairement à une nouvelle attitude face à
l'ennemi, par ses paroles : « Aimez vos ennemis ! » (Mt 5, 44), par sa vie et sa Passion.

9 (Rambam, Guenéva 9 :7-9).


10Étienne Chome, Tends l'autre joue. Ne rends pas coup pour coup. Mt 5, 38-42 : Non-
violence active et Tradition, Coll. « Sortir de la Violence et Communications », éd. Lumen
Vitae, 2008

9
Augustin d'Hippone le philosophe et théologien chrétien romain sera le premier à justifier le recours
à la violence, dans le cadre d'une légitime défense collective, et de façon relativement mesurée, au Ve
siècle11

« La conception romaine de légitime défense se modifia, sous l'influence de la tradition chrétienne


d'après laquelle celui qui commet un acte délictueux en état de légitime défense, a manqué au devoir de
charité chrétienne. Aussi se trouve-t-il dans l'obligation de solliciter du roi des Lettres de grâce et de
rémission. C'est sous la Révolution qu'on revient à la conception romaine rompant avec la tradition
chrétienne. »12

De nos jours, le Magistère de l'Église catholique, se référant non à l’Évangile mais au droit naturel,
justifie et encadre la légitime défense violente. Selon le Catéchisme de l’Église Catholique, en plus d'un
droit, la légitime défense est un devoir grave pour qui est responsable de la vie d'autrui ou du bien
commun. L'interdit Du meurtre n'abroge pas le droit de mettre hors d'état de nuire un injuste agresseur.13

Le débat est ouvert dans le christianisme. Pour Michel Callewaert on ne peut déclarer légitime la
défense violente dans la mesure où Jésus propose aux hommes une tout autre manière de faire, de se
défendre, respectant la vie et la dignité des agresseurs. Dans le même sens, il existe des méthodes de
défense non-violentes qui ont fait leurs preuves dans de nombreux et graves conflits, notamment lors de
dictatures.14

c) La légitime défense dans l’Islam :

En principe, la paix est la règle en Islam.

A cet effet, « quiconque tue une personne injustement, c’est comme s’il avait tué toute l’humanité
َ ‫ض فَ َكأ َ َّن َما قَتَ َل ال َّن‬
« ‫اس َجمِ يعًا‬ َ َ‫سا ِبغَي ِْر َن ْفس أ َ ْو ف‬
ِ ‫ساد فِي ْاْل َ ْر‬ ً ‫» َمن قَتَ َل َن ْف‬.

La légitime défense s’applique en Islam lorsqu’une personne défend sa vie ; sa famille ; sa religion et
son honneur.

La source des dispositions relatives à la légitime défense en Islam est le Coran et la Sunna. Sur ce
point, le Coran s’exprime ainsi : « Donc quiconque transgresse contre vous, transgressez contre lui à
transgression égale

« َ‫ٱّلل َم َع ْٱل ُمتَّقِين‬


َ َّ ‫ٱّلل َوٱ ْعلَ ُم ٓوا أ َ َّن‬ َ ‫علَ ْي ِه ِبمِ ْث ِل َما ٱ ْعتَدَى‬
َ َّ ‫علَ ْي ُك ْم ۚ َوٱتَّقُوا‬ َ ‫علَ ْي ُك ْم فَٱ ْعتَدُوا‬
َ ‫» فَ َم ِن ٱ ْعتَدَى‬15

11 Michel calleweart, un amour abusif, l’Eglise de la légitime défense 2011


12 Salih akdemir, la légitime défense en droit pénal musulman et droit pénal romain
13 Catéchisme du Vatican [archive], cinquième commandement : En bref
14 Revue Alternatives non-violentes, Affiche "100 dates de la non-violence au XXe siècle", 2001

et François Jourdan, Cahiers de la Réconciliation no 1, 1979.


15 Surat Al-baquara ; al’aaya 194

10
En ce qui concerne la Sunna, nous allons parmi de nombreux hadiths concernant la légitime défense,
nous contentons de citer les deux suivants : Hadith rapporté par Saïd ibn Ziad d’après lequel le prophète
a dit « Quiconque lutte pour défendre sa vie, sa famille ou son bien et meurt est un martyr »

« ٌ‫ومن قُتِل دُونَ أ ْه ِل ِه « ف ُهو شهيد‬


ْ ،ٌ‫ َو َم ْن قُتِل دُونَ دِي ِن ِه فَهو شهيد‬،ٌ‫ومن قُت َل دُونَ دمِ ِه ف ُهو شهيد‬
ْ ،ٌ‫من قُتِل دُونَ ما ِل ِه ف ُهو شَهيد‬
ْ 16

D’après un autre hadith « َ‫أخذ‬ ْ َ‫أرأَيْت‬


ْ ُ‫إن جا َء َر ُج ٌل ي ُِريد‬ َ ،ِ‫يا َرسو َل للا‬: ‫ فقا َل‬،‫ّللاُ عليه وسلَّ َم‬ َّ ‫صلَّى‬
َ ِ‫جا َء َر ُج ٌل إلى َرسو ِل للا‬
‫هو‬: ‫إن قَت َْلتُهُ؟ قا َل‬
ْ َ‫أرأَيْت‬ َ َ‫فأ ْنت‬: ‫إن قَتَلَنِي؟ قا َل‬
َ : ‫ قا َل‬،ٌ‫ش ِهيد‬ َ : ‫قات ِْلهُ قا َل‬: ‫إن قاتَلَنِي؟ قا َل‬
ْ َ‫أرأَيْت‬ ْ َ‫أرأَيْت‬
َ : ‫فال تُعْطِ ِه مالَكَ قا َل‬: ‫مالِي؟ قا َل‬
ِ ‫في ال َّن‬
». 17‫ار‬

Or, La légitime défense dans le droit musulman, a pour fondement, l’utilité sociale. D’après l’école
hanafite, ainsi que d’après l’opinion dominante dans l’école Safiite et Malikite, elle constitue
l’accomplissement d’un devoir, lorsqu’il s’agit de protéger la vie, car l’agresseur qui cherche à attenter
injustement à la vie d’autrui, cesse par son acte de jouir de son droit à l’inviolabilité de la vie. Par
conséquent, la personne attaquée qui le tue ne fait qu’accomplir un devoir qui s’impose à elle. Il importe
toutefois de préciser que ce n’est point dans le fait de donner la mort à l’agresseur que réside le devoir
mais dans celui de supprimer le mal en vue de protéger la société.

Mais selon l’opinion dominante au sein de l’école Hanbalite, la légitime défense ne constitue pas un
devoir, mais plutôt un droit on peut user à son gré, même s’il s’agit d’attaque dirigée contre la vie. Les
partisans de cette opinion s’appuient, pour la corroborer sur une un Hadith d’après lequel le prophète
aurait dit : « reste dans ta maison et si tu crains que l’éclat de l’épée ne t’éblouisse, couvre ton visage ou
suivant une autre version de le Hadith tu peux te laisser tuer, mais tu ne devras, en aucun cas, tuer ».

La défense est légitime aussi bien contre une agression dirigée directement contre la vie que contre
toute menace portant atteinte à l’intégrité corporelle conformément au ’hadith du prophète : « une
personne a été mordue sans raison par une autre ; elle arracha des dents de cette dernière en retirant
brusquement son bras sous la coupe de la douleur »

Ainsi, les juristes musulmans admettent unanimement que la légitime défense existe aussi en cas
d’agression contre la pudeur ou contre l’honneur. Ibn Taymiya, s’exprime ainsi sur ce point : « lorsque
s’agit d’une attaque à l’honneur, il est obligatoire de se défendre par n’importe quel moyen, fut ce tuant
l’agresseur.

En général, et d’après ce qui précède on peut dire que les trois religions partagent les mêmes opinions
sur la légitime défense, car elles ont le permis dans les cas où il y a une menace pour la vie humaine.

16 ‫ و الترمدي‬،‫رواه ابو داود‬


17 ‫ صحيح مسلم‬: ‫ مسلم |المصدر‬: ‫ أبو هريرة |المحدث‬: ‫الراوي‬

11
Chapitre2 : Les conditions et preuves de la légitime
défense :
Il existe des circonstances dans lesquelles la commission d'une infraction ne donne pas lieu à des
poursuite pénales causes d'irresponsabilité pénale pour son auteur, c'est le cas des faits justificatifs qui
supprime l'infraction et parmi ces faits justificatifs ; on distingue la légitime défense.

Section1 : Les conditions de l’admission de la légitime défense :


La légitime défense est assimilée à l'idée << de pouvoir se faire justice soi-même >>. En réalité,
une personne peut être autorisée à se défendre face à une agression sous certaines conditions.

a) Notion et fondement

Notion :

L'article 124-3 énonce la justification juridique et l’autorité du droit à la légitime défense dans des termes
précises et compréhensibles : Le 3eme alinéa de l’art 124 dispose : « Lorsque l'infraction était
commandée par la nécessité actuelle de la légitime défense de soi-même ou d'autrui ou d'un bien
appartenant à soi-même ou à autrui, pourvu que la défense soit proportionnée à la gravité de l'agression.
»1 Ainsi la loi permet à la victime de riposter, même par la violence, il s’agit d’un droit à se défendre
en cas d’agression injuste. L’infraction disparait et la responsabilité civile même est exclue.

Fondement :

Il parait manifeste que « la nécessité actuelle de la légitime défense », principale application de l’état
de nécessité, ouvre l’exercice d’un droit fondé sur un choix : se laisser agresser ou se défendre. La
défense individuelle normalement prohibé devient légitime en cas d’urgence, lorsque l’intervention
sociale est défaillante. Dans le conflit agresseur défenseur, tel qu’il est visé par l’art 124_3 et 125 du
code pénal marocain, la vie et l’intégrité corporelle de l’agresseur sont apparemment moins respectables
que les biens matériels de l’agresser. Comment justifier l’application de l’art 124-3 du code pénal
marocain à la défense d’autrui ? L’agent défenseur d’autrui verra son acte justifié parce qu’il accompli
un devoir de justice également fondé sur un choix : tolérer l’injustice, en l’espèce l’attaque injustifié, ou
contribuer, en ripostant, au rétablissement du droit.

b) La nécessité de l'agression.

S'il n'y a pas d'acte d'attaque, l'acte de défense perd toute justification. Le type d'agressivité et les
spécificités de sa manifestation détermineront si la riposte est légale ou criminelle.

En conséquence, à propos de l'agression quant à son économie, trois points seront ici développés :

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❖ L'actualité de l'agression.
❖ L'objet de l'agression.
❖ Le caractère illicite de l'agression.

L'agression doit être actuelle ou imminente

Selon l'article 124 3 du code pénal il n'y pas d'infraction << lorsque l'infraction était commandée par la
nécessité actuelle de la légitime Défense>>. De la lecture de l'article 124 du code pénal, il ressort que la
menace du danger doit être actuel et imminente et qu’elle ne peut être encartée que par la commission
de l'infraction. Si le danger est passé ou le mal accompli la Défense pour l'éviter est inutile il s'agit alors
non plus d'un acte de Défense mais d'une vengeance prive, ce qui est exclu de la loi.

Pour parler de la légitime défense il faut nécessairement que la commission de l'infraction soit une
véritable nécessité et non une simple opportunité elle doit être le seul moyen pour éviter le danger.

Ex : Quelqu'un frappe une personne dans la rue, des passants maitrisent l'agresseur et la victime de
l'agresseur et la victime de l'agression profitant de l'immobilisation de son agresseur lui assène des
coups. Dans cet exemple nous ne sommes pas face à une riposte commandée.18

Ex : A l'opposé, nous serions en présence d'une agression actuelle si l'agresseur avoue qu’il était sur le
point de porter son agression et que des spectateurs témoignent qu'il n'y avait aucun doute à ce sujet :
l'auteur de la riposte serait légitimé 19.

De plus on a ce qu'on appelle la légitime défense vraisemblable lorsque toute autre personne, placée
dans les mêmes circonstances, se serait également crue agressée.

L'agression doit être injuste et la riposte doit être accomplie « dans le même temps » que l'agression.

Ce caractère temporel est essentiel pour établir la légitime défense.

Et cette dernière est différente par rapport à la légitime Défense putative qu'il s'agit de la défense face à
une attaque imaginaire il existe que dans l'esprit de la personne

L'objet de l'agression

La précision de l'article 124-3 ne fait aucun doute. Le champ de la légitime défense est vaste puisqu'il
englobe non seulement la défense de soi ou d'autrui mais aussi la défense d'un bien qui appartient à soi
ou à autrui.

La défense de soi-même cible toutes les attaques ou menace qui cause un danger physique :

❖ Atteinte à l'intégrité physique.

18 Cours pénale générale S2, Mr Salah Eddine Maatouk


19
Cours droit pénale générale, MR Maatouk Salaheddine

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❖ Violence sexuelle.
❖ Mise en danger de la vie.

Concernant La légitime défense contre les biens le législateur marocain a opté dès le début pour la
défense des biens contre une agression mais ce dernier a posé des limites égales, dont la première est
l'esprit général qui guide la légitime défense. Dans ce domaine, la riposte non doit pas seulement être
mesurer, mais il faut qu'elle respecte la vie de la personne. L'agression ne doit pas seulement présenter
un caractère réel où imminent, il faut encore pour légitimer l'acte de riposte que cette agression soit
injuste.

Le caractère injuste de l'agression

Lorsque l'infraction est commise sous l'ordre de la loi la riposte est illégale.

Ex : si un policier vient arrêter un individu en vertu d'un mandat du juge d'instruction on ne pourra pas
le poursuivre pour arrestation illégale.

A contrario si par exemple le mari surprend sa femme en flagrant délit d’adultère et commettrait un
homicide. Dans ce cas on ne parle pas de la légitime Défense mais on est devant un effet atténué qui
diminue la sanction.

L'adultère ne supprime pas l’infraction mais l’agent de l’infraction bénéficie d’une excuse atténuante.

c) La défense justificative

Nécessite et proportionnalité conditionnement l’économie de régime juridique de la défense pour cette


dernière soit justificative.

i. Nécessite de la défense

L’article 124-3 du Code pénal marocain « Lorsque l'infraction était commandée par la nécessité actuelle
de la légitime défense de soi-même ou d'autrui ou d'un bien appartenant à soi-même ou à autrui, pourvu
que la défense soit proportionnée à la gravité de l'agression ».

-Elle doit être actuelle :

La nécessite actuelle dit le texte, consiste dans la menace d’un mal imminent qui ne peut être écarte
qu’en commettant l’infraction c’est-à-dire en opérant un choix.

La légitime défense apparait ainsi comme la principale illustration de l’état de nécessité. Cette actualité
laissée à l’appréciation du juge cesse dans manifestement deux cas.

-En cas de riposte contre une attaque déjà passé, il n’y a pas légitime défense. Mais vengeance privée.

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-En cas de défense contre un mal future, un mal éventuel. Il n’y a plus urgence, la défense sociale peut
jouer et peut notamment être mise en œuvre sur la base des articles 425 à 429 du Code pénal marocain
relatifs à la répression des menaces contre les personnes ou les biens.

- Elle doit être injuste :

Injuste, c’est-à-dire anti juridique : l’agression ne doit pas être légale. Une saisie mobilière exécutée
conformément aux articles 460 du Code de la procédure civile, ne saurait évidemment justifier une
obstruction violente d débiteur dont la défense n’est certes pas légale.

Quid si l'agression est injuste mais perpétrée par une autorité légitime ? Exemple : Arrestation sans
mandat d'arrêt. Il ne paraît pas douteux qu'en droit marocain, le refus d'obtempérer à un tel ordre, au
moyen de violences correspondant à une défense légitime, ne soit justifié, puisque seul le délit de
rébellion est prévu par le Code et qu'il n'est pas permis d'ajouter ou de retrancher à la loi.

Quid si l'agression est perpétrée par un irresponsable majeur ou mineur ? Cette agression ne pouvant
être anti juridique puisque située hors du champ infractionnel, la défense ne saurait être légitime. L'état
de nécessité, en revanche, en tant que principe général, nous paraît susceptible de justifier la réaction de
l'agressé.

Quid enfin si l'agression est perpétrée par un agent excusable, par exemple, aux termes de l'article 418
du Code pénal marocain par un mari trompé, blessant son épouse et l'a l'amant riposté, sont-ils en état
de légitime défense ? Une réponse affirmative s'impose, car si l'excuse de provocation a pour
conséquence d'atténuer la peine de l'agent, elle ne fait pas disparaitre l'infraction la défense de l'amant
ou de l'épouse est partant légitime et donc justifient de cette dernière « à l'instant où il les surprend en
flagrant délit d'adultère », si l'épouse et l'amant ripostent, sont-ils en état de légitime défense ? Une
réponse affirmative s'impose, car si l'excuse de provocation a pour conséquence d'atténuer la peine de
l'agent, elle ne fait pas disparaitre l'infraction la défense de l'amant ou de l'épouse est partant légitime et
donc justifiée.

ii. La proportionnalité de la défense

La proportionnalité c’est-à-dire proportionnée à la gravite de l’agression pour envisagé par l’article 124-
3 ne doit pas être comprise comme une proportionnalité religieuse, renvoyant à la fameuse loi d talion.

L’appréciation de la proportion est une question de fait qu’il appartient au juge sel de trancher, en
considération du péril qui pouvait être redouté, fonction notamment de l’âge, du sexe, voir même du
contexte socioculturel de l’agent agressé. Le terme proportion nous parait en fait inadapté à l’institution
car il semble introduire l’idée de réciprocité : défense mesurée ne saurait en effet signifier talion. Le mal
casé par l’agressé pet être supérieur au mal reçu : un homicide peut ainsi être jugé nécessaire pour se

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prémunir d’un vol ou de blessures graves, ou inferieur : la défense légitime d’n bien peut difficilement
justifier la perte d’une vie humaine.

La légitime défense cessera de justifier l’infraction si elle est démesurée, cette absence de justification
ne signifiant d’ailleurs pas que l’agent sera condamné à la peine par le Code.

Selon la nature de l’agression, l’agent pourra soit bénéficier d’une des excuses atténuantes de
provocation prévue par les articles 416 à 421 du Code pénal marocain, soit se voir accorder
conformément à l’article 146 du Code pénal marocain le bénéficier des circonstances atténuantes.

Section 2 : Preuves et cas pratiques :

a) Les preuves

C'est à celui qui invoque la légitime défense de prouver qu'il remplit toutes les conditions
exigées (agression réelle, actuelle et injuste + défense nécessaire et mesurée). Autrement dit,
c'est celui qui est poursuivi pour avoir commis une infraction pénale qui doit prouver qu'il était
en état de légitime défense. L’estimation de l’existence de la légitime défense revient au juge
de fond, et c’est avec une justification de leurs décisions qu’ils permettent à la cour de cassation
d’exercer son contrôle sur la question. En ce qui concerne le code pénal français selon l’article
122-6 : ‘’ Est présumé avoir agi en état de légitime défense celui qui accomplit l'acte : 1° Pour
repousser, de nuit, l'entrée par effraction, violence ou ruse dans un lieu habité ». On présume
que la personne qui habite ce lieu peut raisonnablement estimer être en état de légitime défense.
2° Pour se défendre contre les auteurs de vols ou de pillages exécutés avec violence ». Même
de jour, une personne qui commet une infraction contre l'agresseur entré par effraction, violence
ou ruse dans son habitation est présumé en cas de légitime défense. ‘’

• Exemples de situations jugées par les tribunaux :

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Cas de figure Légitime défense ?

Un gendarme utilise son arme pour assurer la protection de son collègue en Oui
danger de mort

Une personne donne des coups de couteau après avoir été insultée et sans Non
avoir été victime de violence physique

Une personne donne des coups de poing à un policier lors de son arrestation Non

b) Les cas particuliers.

Pour alléger le fardeau de la preuve, il existe des cas particuliers prévus à l'article 125 du code pénal : ‘’
Sont présumés accomplis dans un cas de nécessité actuelle de légitime défense :

1. L'homicide commis, les blessures faites ou les coups portés, en repoussant, pendant la nuit,
l'escalade ou l'effraction des clôtures, murs ou entrée d'une maison ou d'un appartement habité
ou de leurs dépendances ;
2. L'infraction commise en défendant soi-même ou autrui contre l'auteur de vols ou de pillages
exécutés avec violence. ‘’

De la lecture de cet article, il ressort que le législateur prend en considération la gravité de l’agression
pour dispenser l’auteur de la légitime de défense du fardeau de prouver les conditions de la légitime
défense. En effet, il s’agit, d’une part, de l’intrusion nocturne dans un lieu habité, et d’autre part, des
vols exécutés avec violences. Notons que pour ces hypothèses, il s’agit de présomptions réfragables qui
peuvent être combattues par des preuves contraires.

➢ La légitime défense écarte la responsabilité pénale de l'agent mais également sa responsabilité


civile, excluant donc toute condamnation à des dommages-intérêts pour
Réparer le dommage causé.

17
Conclusion

Compte tenu de l’ensemble des développements présentés, la légitime


défense est considérée comme étant une des causes d’irresponsabilité,
permettant ainsi à un accusé, de tenter de nier sa responsabilité pénale
en soulevant un moyen de défense tel que la contrainte ou l’état de
nécessité.

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Bibliographie

Les ouvrages :

o Baruch Spinoza, Traité de l’autorité politique, Gallimard, Collection Folio, Paris, 1994,
chapitre V
o Montesquieu, De l’esprit des lois, Livre X, Chapitre II
o H. Donnedieu de Vabres, traité de droit criminel et de législation pénale comparée, 3eme
Ed, paris, sirey,1947 p 227/228

o Salih Akdemir, La légitime défense, la légitime défense en droit pénal musulman et


droit pénal romain

Les revues :
o Jean-Pierre COT et Alain PELLET, la charte des nations unies Commentaire article
par article, 3e édition, 49, rue Héricart, 75015 Paris
o Revue théologique de Louvain, Étienne Chome, Tends l'autre joue. Ne rends pas coup
pour coup. Mt 5, 38-42 : Non-violence active et Tradition, Coll. « Sortir de la Violence
et Communications », éd. Lumen Vitae, 2008
o Revue Alternatives non-violentes, Affiche "100 dates de la non-violence au XXe
siècle", 2001 et François Jourdan, Cahiers de la Réconciliation no 1, 1979.
o Revue d'histoire et de philosophie religieuses, Michel Callewaert, un amour abusif,
l’Eglise de la légitime défense 2011
o John Locke, Traité du gouvernement civil, Garnier-Flammarion, Paris, 1984, XVIII
Les thèses :
o Julien Détais. Les nations unies et le droit de légitime défense. Université d’Angers,
2007.
o François lareau, légitime défense et théorie, université d’Ottawa, canada, 1992

Textes législatifs :
o Article 51 de la charte des nations unies

Webographie :
o http://www.amiform.com/web/documents-self-defense/la-legitime-defense
o https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1766
o https://justice.ooreka.fr/astuce/voir/431377/legitime-defense Support de cours de
professeure Azddou Nadia

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Cours :
o Cour magistrale du droit pénal général (S2) Pr : MAATOUK Salah-Eddine
o Cour magistrale du droit pénal général (S2) Pr : SLIMANI Chahid

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