MOHAMED SAMI AGLI.

Président
du Forum des chefs d’entreprise (FCE)
«L’INFORMEL PEUT
REPRÉSENTER JUSQU’À
LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Lundi 9 mars 2020 80 MILLIARDS
N°8965 - Vingt-huitième année - Prix : Algérie : 30 DA. France : 1 €.
DE DOLLARS»
LIRE L’ENTRETIEN
USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com DE SAÏD RABIA EN PAGE 5

CORONAVIRUS
Les déplacements MANIFESTATIONS FÉMININES
dans les pays DANS PLUSIEURS VILLES DU PAYS
à risques
déconseillés
8 Mars des luttes
citoyennes…
■ Afin de réduire
le risque d’une
propagation
importante du
virus Covid-19,
le ministère
de la Santé, de la
Population
et de la Réforme
hospitalière appelle
les citoyens
algériens à différer
leurs voyages dans ■ LIRE
les pays où LES ARTICLES
l’épidémie est DE MUSTAPHA
actuellement très BENFODIL,
NAÏMA DJEKHAR,
active. K. MEDJDOUB ET

PHOTO : H. LYES
LIRE L’ARTICLE DE AKRAM EL KÉBIR
DJAMILA KOURTA EN PAGES 3 ET 4
EN PAGE 4

El Watan ILS SONT POURSUIVIS POUR ATTROUPEMENT ILLICITE

ÉCONOMIE
PROLONGEMENT
ALMARAI À LA RESCOUSSE
DE LA FILIÈRE LAIT EN ALGÉRIE DE LA GARDE
Choix politicien
ticiien À VUE DE
ple
ou simple MANIFESTANTS
er
pis-aller L e parquet du tribunal
de Sidi M’hamed
a décidé, hier, de
complément d’enquête.
Ils seront représentés
demain (aujourd’hui)
PÉTROLE prolonger la garde à vue devant le procureur
du journaliste Khaled du tribunal de Sidi
LES COURS Drareni et des militants
Samir Benlarbi, Hassaini
M’hamed», a précisé une
alerte du Comité national
PLONGENT Toufik et Hamitouche pour la libération des
PHOTO : H. LYES

Lyes. «Ils sont renvoyés détenus (CNLD).

au commissariat de Nadir Iddir
RETROUVEZ VOTRE SUPPLÉMENT
EN PAGES 11, 12, 13, 14, 15 ET 16 Cavaignac, où ils ont été (Suite page 2)
transférés la veille pour
PUBLICITÉ
 El Watan - Lundi 9 mars 2020 - 2

L’ACTUALITÉ
ILS SONT POURSUIVIS POUR ATTROUPEMENT ILLICITE
LE
Prolongement de la garde à CHAUDRON
vue de manifestants du hirak L
a cellule de communication de la DGSN
a réagi, samedi dans la soirée, à travers
un communiqué, à la vague de dénon-
ciations et aux vidéos de la manifestation
improvisée d’Alger de samedi, diffusées sur
les réseaux sociaux. Sortis pour le troisième
Suite de la page 1 a été remis en liberté en janvier des poursuites : attroupement l’ampleur», met en avant Tan-
samedi consécutif dans le prolongement des
dernier après près de quatre mois illicite. Les parents des mis en saout. Il est à préciser que durant
marches du mardi des étudiants et du vendredi,

A
rrêtés lors de la marche
de samedi dernier à Alger,
les manifestants sont pour-
suivis pour «attroupement non
armé», sur la base des articles 97,
98, 99 et 100 du code pénal, et en-
courent des peines allant de deux
mois à 5 ans de prison. Libéré le 4
février après plus de quatre mois
passés en détention provisoire à
la maison d’arrêt d’El Harrach,
le militant Samir Benlarbi a été
interpellé début février, avant
d’être relâché.
L’ancien policier Hassaïni Toufik,
qui a pris position en faveur du
mouvement populaire en dénon-
çant la répression de la 33e marche
des étudiants, en octobre dernier,
de détention à la prison d’El Har-
rach. Depuis, il a été présenté au
moins trois fois devant la justice à
Alger, Oran et Chlef.
Lors de la marche empêchée de
samedi, les policiers ont pro-
cédé à l’interpellation d’au moins
200 personnes, selon des sources
proches du Collectif de défense
des détenus. Si une partie a été li-
bérée le soir, une trentaine de ma-
nifestants ont été placés en garde à
vue pour être présentés devant le
parquet de Sidi M’hamed. Parmi
les manifestants arrêtés, 28 ont
été relâchés après citation directe
devant le juge d’instruction. Les
procès sont programmés pour le
14 et le 26 avril prochain. Objet
cause, les avocats et le CNLD dé-
noncent les arrestations violentes.
Le coordinateur du CNLD, Kaci
Tansaout, a estimé que «toutes les
personnes qui ont été agressées
verbalement ou physiquement,
surtout ces dernières semaines à
Alger, doivent déposer plainte».
«Nous devons tous nous consti-
tuer en collectif et mettre fin à
ces agissements d’une police qui
déshonore toute une République...
Certains ont déjà commencé à le
faire en contactant des avocats
sur Facebook. Il est du devoir
de tout un chacun de le faire et
de se manifester en rapportant
son témoignage et d’agir avant
que ces pratiques ne prennent de
la même journée d’hier, le juge
près le tribunal de Sidi M’hamed
a rendu des verdicts dans des
affaires liées au hirak. Ainsi la
hirakiste franco-algérienne Yas-
mine Si Hadj Mohand, poursuivie
pour «incitation à attroupement
non armé», a été libérée après un
sursis (2 mois).
Le procureur de la République
avait requis dimanche dernier
6 mois de prison ferme à son
encontre. Par ailleurs, le juge a
rendu son verdict dans l’affaire de
Saeddedine Youcef Islam et Zohir
Houari poursuivis dans l’affaire
du policier précipité du haut d’un
fourgon à la Grande-Poste d’Al-
ger : 4 ans de prison ferme. N. I.
les manifestants ont été accueillis par un dispo-
sitif de sécurité qui avait manifestement reçu
pour consigne d’empêcher, y compris par le
recours à la force et à la répression, l’organi-
sation de la marche. Les images des interpel-
lations musclées des activistes du hirak, dont
celle montrant au boulevard Victor Hugo une
des figures du mouvement, Samir Benlarbi,
exfiltré par une escouade de policiers pour
être embarqué sous les cris de protestation
des manifestants, dont beaucoup de femmes
qui tentaient vainement de s’y interposer, la
course-poursuite à coups de matraque contre
les manifestants pour les disperser n’est pas
tirée d’un film de fiction.
La DGSN a justifié l’intervention des forces de
sécurité par le fait que la manifestation n’était
pas autorisée et par le souci du rétablissement
de la circulation automobile perturbée par la
marche, tout en qualifiant de «manipulation
et de désinformation» les images diffusées sur

LE JOURNALISTE KHALED DRARENI DE la Toile. Un argument qui n’a pas convaincu

grand monde, sachant que les marches du mar-
di et du vendredi, bien que non autorisées éga-

NOUVEAU DEVANT LE TRIBUNAL AUJOURD’HUI
L e journaliste Khaled Drareni est maintenu en
garde à vue. Il a passé une nouvelle nuit dans
les locaux de la police en compagnie de l’acti-
viste Samir Benlarbi, de l’ex-policier Toufik
Hassani et du militant de SOS Disparus, Yacine
Hamitouche. Arrêtés samedi dernier à Alger-
centre lors de la marche violemment réprimée
par les forces de police, ils ont été présentés, en
fin de matinée d’hier, devant le procureur de la
République près le tribunal de Sidi M’hamed.
Ce dernier, à la surprise générale, a décidé de
proroger leur garde à vue. Il a ainsi renvoyé le
dossier du journaliste et des trois activistes au
commissariat de police «pour une sorte de com-
plément d’information», avant d’être présentés, à
nouveau aujourd’hui, devant le tribunal.
C’est ce qu’a expliqué l’avocate et députée du
RCD, Fetta Sadat, présente au tribunal durant
toute la journée d’hier. Selon elle, les quatre
personnes sont accusées d’«incitation à attroupe-
ment». Si sur le plan de la forme, «la procédure
LA DGSN DÉMENT LE RECOURS À LA «FORCE»
paraissait légale, puisque la durée de la garde à
vue est de 48 heures», dans le fond elle suppose
des interrogations. Que s’est-il passé ? La cou-
verture médiatique des marches est-elle un délit ?
En tout cas, le procureur de la République a mis
beaucoup de temps avant de prendre sa décision.
Ayant auditionné Khaled Drareni et les autres
personnes arrêtées vers 12h30, il n’a demandé
la prorogation de la garde à vue que vers 15h.
Pendant ce temps, la mère et le père de Khaled
Drareni ainsi que des dizaines de journalistes, de
militants et de citoyens de divers horizons atten-
daient à proximité du tribunal, où un rassemble-
ment a été organisé, dès le début de la matinée, en
soutien au confrère arrêté.
«LE JOURNALISME N’EST PAS UN CRIME»
Brandissant des pancartes sur lesquelles sont
transcrits des slogans appelant à la libération de
Khalid Drareni et au respect de la liberté de la
presse, les protestataires scandaient aussi des slo-
gans hostiles à la politique liberticide du pouvoir
en place, qui ne cesse de presser les médias et
les professionnels de la presse. «Libérez Khaled
Drareni !», «Presse libre et indépendante !» et
«La presse n’est pas un crime !» lancent-ils. Les
manifestants appellent aussi à «l’indépendance
de la justice et à la libération de la presse de toute
les contraintes qui empêchent les journalistes
d’exercer librement leur devoir d’informer». Ils
saluent aussi les avocats qui se sont mobilisés,
comme d’habitude, pour assister les personnes
arrêtées. «Bravo les avocats ! Vous êtes la fierté
de l’Algérie», entonnent les manifestants à
l’apparition, à la fenêtre du tribunal, de maître
Mustapha Bouchachi et ses collègues. Ces der-
niers réagissent par des signes de victoire. Pour
rappel, Khaled Drareni, journaliste depuis des
années, a été plusieurs fois arrêté par les services
de sécurité et interrogé sur ses couvertures du
mouvement populaire en cours depuis plus d’une
année. Madjid Makedhi
lement, sont tolérées et gérées par le pouvoir
selon une autre vision et stratégie, conceptua-
lisée prosaïquement par «la gestion démocra-
tique des foules», selon la formule de l’ancien
patron de la police. Le seuil de tolérance de la
contestation est négocié sur le terrain, en fonc-
tion du rapport de force de la mobilisation po-
pulaire et des développements enregistrés sur
la scène politique qui impactent, dans un sens
ou un autre, le tempo de la manifestation. Indé-
niablement, ce bonus de la marche du samedi,
qui vient en renforcement des rendez-vous du
mardi et du vendredi du hirak, ne semble pas
être béni par le pouvoir, qui voit dans ce temps
additionnel le signe annonciateur d’une esca-
lade de la contestation populaire. Le pouvoir
s’est pris à son propre piège dans sa gestion
politique du hirak. En donnant sa bénédic-
tion au mouvement populaire, il a reconnu la
légitimité de la Révolution du 22 février et des
revendications qu’elle porte. Un engagement
qu’il lui sera difficile d’enfreindre aujourd’hui
à la suite des succès enregistrés par le hirak au
plan de la mobilisation populaire, de son paci-
fisme, de sa longévité et sa détermination qui
ont séduit le monde entier. Cette posture lui a
enlevé tout prétexte et tentation d’en découdre
avec le mouvement. Le face-à-face entre les
manifestants et les forces antiémeute apparaît

Une répression largement dénoncée de plus en plus pesant au fil des semaines et
de l’enlisement de la crise. Entamées avec des
roses et des selfies de fraternisation, voire des
scènes émouvantes de policiers en larmes dans

L a manifestation qui a eu lieu

samedi dernier, à Alger, la troi-
sième du jour, a été réprimée
par les services de sécurité. Plu-
sieurs dizaines de manifestants ont
été interpellés et présentés, pour
bon nombre d’entre eux, devant le
procureur de la République hier,
alors que quelques-uns le seront
aujourd’hui. Un journaliste a même
fait partie du lot. Les photos et
vidéos de cette répression, dont
celles de marcheurs, de femmes,
blessés ou malmenés, ont fait le tour
de la Toile. La Direction générale
de la Sûreté nationale (DGSN) a
réagi, le même jour, en apportant un
démenti «formel» à tout ce qui a été
rapporté. «La DGSN dément for-
mellement les publications erronées
et trompeuses rapportées par les
sites d’information et les réseaux
sociaux, prétendant que la police a
usé de la force contre les manifes-
tants samedi 7 mars au centre de la
capitale», a déclaré la police dans
un communiqué, avant de préciser
qu’«après avoir pris connaissance
de l’organisation d’une marche non
autorisée sur l’une des artères de la
capitale ayant causé le blocage to-
tal de la circulation et la fermeture
de certains locaux commerciaux
du fait de l’occupation de la voie
publique par les manifestants, les
services de police sont intervenus
conformément à la loi et à la régle-
mentation en vigueur dans pareil
cas afin de préserver l’ordre public,
rétablir la circulation et rassurer
les citoyens». Dans le même ordre,
la DGSN a affirmé que «lors de
cette opération, il a été procédé à
l’arrestation d’un certain nombre
de participants à cette marche non
autorisée». «Après l’examen de
leur situation, la plupart ont été re-
lâchés, tandis que certains d’entre
eux seront présentés devant les au-
torités judiciaires», ajoute-t-on en-
core. En plus de son démenti relatif
à l’usage de la «force», lors de cette
manifestation, c’est le fait d’évo-
quer l’«illégalité» de la marche
(non autorisée, ndlr) qui a fait réagir
certaines personnalités politiques
et militants des droits de l’homme.
«Insidieusement, la police dément
le recours à la violence, et le justifie
par le fait que la marche d’hier
n’est pas autorisée», a déclaré, à cet
effet, le vice-président de la Ligue
algérienne de défense des droits de
l’homme, Saïd Salhi. «Une année
après la révolution pacifique du 22
Février, on évoque encore des auto-
risations, alors que le droit de ma-
nifestations pacifiques est acquis.
On évoque les autorisations comme
si les 55 marches de vendredi et
les 54 marches de mardi sont ou
ont été autorisées (109 marches au
minimum)», a-t-il encore ajouté. Le
président du Rassemblement pour
la culture et la démocratie (RCD),
Mohcine Belabbas, s’est attardé
sur la répression. «La répression
s’aggrave et prend aujourd’hui un
nouveau tournant à travers l’utili-
sation de la force contre des mani-
festants pacifiques et des arresta-
tions abusives qui ont touché même
le journaliste Khaled Drareni, qui
ne faisait qu’accomplir sa mission
avec honneur», a-t-il déclaré. Et
d’ajouter : «Un régime putschiste,
répressif et stupide qui ne sait pas
que l’ère de l’abrutissement et du
mépris du peuple est terminée.»
Pour sa part, le sociologue Nacer
Djabi a estimé que «l’implication
de l’institution sécuritaire dans la
confrontation avec les citoyens qui
revendiquent légitimement leurs
droits n’est pas la solution». Pour
lui, «la solution est d’écouter rapi-
dement ces doléances et leur accep-
tation par les décideurs avant qu’il
ne soit trop tard». En somme, la
répression de la manifestation de
samedi dernier a fait réagir beau-
coup de monde.
Abdelghani Aïchoun
des moments poignants de communion avec le
hirak, les manifestations sont de plus en plus
émaillées, après une année de forte mobilisa-
tion, de des bastonnades, un fort ressentiment
nourri de part et d’autre, par la répression d’un
côté, et par les slogans peu gratifiants dont les
policiers sont abreuvés lors des manifestations,
de l’autre côté. Ce n’est pas jouer au pro-
phète de malheurs que de relever l’ambiance
pesante, électrique qui règne dans les manifes-
tations du hirak ces dernières semaines.
Les interpellations se sont multipliées et les
violences policières font désormais partie
du décor du hirak Même le cri de guerre des
manifestants, le fameux «Silmiya» capable
de repousser et de neutraliser une charge des
forces antiémeute ne fait plus son effet. Tout
dans la gestion musclée des dernières marches
laisse penser que le scénario de la solution
judiciaire et policière est en passe de prendre
le pas sur l’option politique du règlement de la
crise. Il est difficile d’imaginer que Tebboune
soit atteint du syndrome de Stockholm pour
continuer à bénir un hirak qui réclame son
départ à chaque manifestation !
Omar Berbiche
 El Watan - Lundi 9 mars 2020 - 3

L’ACTUALITÉ
LA VOIX DES FEMMES RÉVOLTÉES ENFLAMME LA CAPITALE

«IL N’Y A PAS DE FESTIVITÉS, IL Y A DES MANIFS !» 

● Ce 8 mars 2020, deuxième de l’ère du hirak, avait des accents insurrectionnels et vient rappeler
que cette date symbolique, c’est avant tout un moment de lutte, une séquence
d’une longue marche de la dignité pour les droits des femmes.

N
’offrez pas de fleurs, le led Drareni.
08 Mars n’est pas la Saint-Va-
lentin» gronde une bannière «QUAND JE SORS, JE VEUX ÊTRE
brandie par une manifestante qui LIBRE, PAS COURAGEUSE»
paradait, hier, dans les rues d’Alger. 15h30. Nous rejoignons l’autre
Sur d’autres pancartes, on peut lire marche, celle qui s’est ébranlée à
ce même message : «On n’est pas ve- partir du carré féministe. Chemin
nues faire la fête, on est venues pour faisant, nous croisons une citoyenne
que vous partiez». Comme en écho à qui remontait la rue Didouche en sou-
ce slogan, la foule, composée essen- levant un grand panneau avec cette
tiellement de femmes, des femmes de inscription : «Hirak même combat,
tout âge et de toute condition, scan- égalité des droits». Sur l’autre face,
dait : «Ma djinache nahtaflou ya issa- elle a écrit : «Meilleurs vœux de
ba, djina bach tarahlou ya îssaba !» liberté». Nous retrouvons nos amies
(On n’est pas venus faire la fête, on féministes à l’intersection entre la
est venus pour vous obliger à partir). rue Didouche Mourad et le boulevard
On l’aura compris : ce 8 mars 2020 a Victor Hugo. La foule clame : «Oh
des accents insurrectionnels et vient ya Hassiba, ouledek marahoum’che
rappeler comme de juste que cette

PHOTO :H. LYÈS

date symbolique, c’est avant tout un
moment de lutte, une séquence d’une
longue marche de la dignité pour les
droits des femmes.
«LES ALGÉRIENNES PORTENT LE
HIRAK»
Une manif’ était annoncée pour 14h,
avec, comme point de départ, le carré
féministe qui prend habituellement
place près du portail latéral de la Fac
centrale, pas loin de la place Audin.
Vers 13h45, en nous approchant du
point de rendez-vous, on aperçoit
un cortège qui s’ébranle en direc-
tion de la Grande-Poste. Constitué
au début de quelques dizaines de
personnes, il va grossir au fil de la
manif’ jusqu’à atteindre plusieurs
centaines de manifestants. A hau-
teur de la Grande-Poste, le cortège
tourne vers Pasteur, puis emprunte la
rue Khemisti jusqu’au carrefour qui
donne sur le boulevard Amirouche.
La foule scande les slogans habituels
du hirak : «Dawla madania, machi
askaria !» (Etat civil pas militaire),
«Qolna el îssaba t’roh !» (On a dit
la bande doit partir), «Djazaïr horra
dimocratia !» (Algérie libre et démo-
cratique)… Sur les pancartes qui
défilent, on pouvait lire : «Il n’y a pas
de festivités, il y a des manifestations
!» «Vive la femme algérienne libre !»
«08 Mars, article 8», «Women are the
soul of the revolution» (les femmes
sont l’âme de la révolution), «La
Les femmes ont répondu présentes à la marche du 8 Mars, à Alger
voix de la femme est une révolu-
tion», «Révolte-toi, résiste, défie»,
«08 mars 2020 avec le hirak»…
Des bannières sont hissées avec ces
messages : «Nous sommes fortes,
nous sommes fières, nous sommes
les grandes gagnantes», «Les Algé-
riennes ont porté toutes les guerres,
tous les mouvements. Aujourd’hui,
elles portent le hirak». Une femme
manifeste avec son fils en arborant
cet écriteau : «Le peuple est roi, veut
un Etat de droit». Plusieurs mères
de disparus participent à la marche.
L’une d’elle écrit : «Nous sommes les
mères qui luttent depuis 25 ans pour
connaître la vérité sur le sort de nos
enfants disparus après leur arresta-
tion par les services de sécurité».
«TOUTES DANS LA RUE POUR LA
JUSTICE ET L’ÉGALITÉ !»
Melissa, diplômée de l’Ecole poly-
technique, s’est fendue pour sa part
de cette sentence cinglante : «La
femme qui a porté des bombes pen-
dant la Révolution n’accepte pas
l’humiliation». Daouïa, étudiante en
architecture à l’EPAU, défile avec
ce mot d’ordre : «Travailleuses, étu-
diantes, femmes au foyer, toutes dans
la rue pour la justice et l’égalité en
droits». Pour elle, dire que «ce n’est
pas le moment de parler des droits
des femmes», comme on a pu l’en-
tendre, n’a aucun sens. «Bien sûr que
c’est une question légitime que de
parler des droits des femmes ! Parce
qu’on ne peut pas parler de démocra-
tie s’il n’y a pas de liberté et de droits
pour les femmes. Cette question ne
peut pas être dissociée du combat
global que mène le peuple algérien.
On ne peut pas se battre pour une
Algérie démocratique, une Algérie
libre, si les femmes ne sont pas libé-
rées», tranche la jeune étudiante.
La procession poursuit sa progres-
sion, s’engouffre dans la rue Asse-
lah Hocine. Des youyous stridents
fusent, soutenus par un concert de
klaxons. Ambiance de feu sous le
regard des forces antiémeute qui se
gardent d’intervenir, contrairement
à samedi dernier où de terribles vio-
lences policières se sont abattues sur
les manifestants. Lorsque le cortège
arrive aux abords de la rue Abane
Ramdane, un cordon de sécurité tente
d’empêcher la foule d’avancer. La
crue humaine finit par déborder le
mur d’uniformes bleu marine. Et la
marée ardente de foncer en direction
du tribunal de Sidi M’hamed où com-
paraissaient plusieurs manifestants,
dont notre confrère Khaled Drareni,
arrêté la veille et placé en garde à vue
au commissariat de Cavaignac. La
foule martèle : «Ettalgou el massa-
djine, ma baouche el cocaine !» (Li-
bérez les détenus, ce ne sont pas des
vendeurs de cocaïne). A un moment,
on entend ce chant émouvant : «Ya
lehrayar bravo alikoum, wel djazzair
teftakhar bikoum !» (Bravo, femmes
libres, l’Algérie est fière de vous).
Le cortège tourne ensuite par la
rue Rachid Kssentini, qui longe le
Square Port-Saïd, et se déverse sur
le boulevard Zighout Youcef. Halte
fracassante devant le Conseil de la
nation aux cris de : «Klitou lebled
ya esserraquine !» (Vous avez pillé
le pays, voleurs). Un jeune lâche en
direction de son copain : «Wallah
nos femmes valent mieux que nos
hommes !» La police barre l’accès
vers l’APN. La procession est forcée
de revenir vers la rue Asselah Hocine.
Les manifestants s’arrêtent un long
moment à hauteur du commissariat
de Cavaignac, où plusieurs voix
scandent le nom du journaliste Kha-
habssine, oh ya Hassiba, âla el hou-
riya m’âwline !» (Hassiba Ben Boua-
li, tes enfants ne céderont pas, ils
arracheront la liberté). Un peu plus
bas, sur la rue Hassiba Ben Bouali
justement, les militantes féministes
chantent joyeusement, sur un air de
Bella Ciao : «Qanoune el oussra, el
onf wel hogra, yetnahwa ga3 !» (Le
code de la famille, la violence et la
hogra, qu’ils dégagent tous).
Une marée spectaculaire déferle sur
la rue Hassiba. Des voix s’écrient :
«Qanoun el oussra à la poubelle !»
(Code de la famille à la poubelle).
On pouvait entendre aussi : «Ho-
qouq nesswiya, dawla madania !»
(Droits des femmes, Etat civil). Une
banderole rouge est déployée avec
ces mots : «Tu n’acceptes pas la
hogra du système ? Alors n’accepte
pas la hogra contre les femmes».
D’autres banderoles disaient : «Les
femmes algériennes se sont soule-
vées pour l’égalité», «Pas d’Algé-
rie libre et démocratique sans les
droits des femmes». Sur plusieurs
feuilles de papier A4, ces revendi-
cations : «Justice sociale», «Ega-
lité des droits», «Liberté d’expres-
sion». Une pancarte proclame : «Les
femmes algériennes luttent depuis
1962 pour leurs droits de femmes et
de citoyennes». Retenons enfin cette
pépite : «Quand je sors, je veux être
libre, pas courageuse». Magistral !
Mustapha Benfodil

DANS UN MESSAGE À L’OCCASION DU 8 MARS

Le président Tebboune salue la contribution

de la femme au «hirak populaire béni»
L e président Abdelmadjid Tebboune parle à
nouveau du hirak populaire «béni». Inter-
venant à travers une allocution prononcée à
l’occasion de la Journée internationale des
droits de la femme et répercutée par l’APS, le
président Tebboune a «salué le riche capital et
les contributions précieuses de la femme algé-
rienne, tout au long des différentes étapes de
la résistance populaire durant le colonialisme
français abject jusqu’à la glorieuse Révolution
nationale, passant par les années de la tragé-
die nationale et le hirak populaire béni, tour-
nant décisif vers le changement démocratique
escompté».
Selon le chef de l’Etat, «la femme algérienne
franchit tous les obstacles pour contribuer à la
réalisation d’un véritable progrès scientifique
dans son pays, prouvant, ainsi, sa compétence
et sa réussite avec brio dans les domaines
scientifiques, des connaissances et des affaires
et briguant de hauts postes de responsabilité,
tout en continuant à être une mère, une épouse
et une femme au foyer et à s’acquitter de son
rôle historique sacré, celui de l’éducation des
générations et la participation à la construc-
tion de l’avenir de la nation avec un esprit
ouvert qui préserve l’authenticité de notre
peuple et son legs culturel, en étant au diapa-
son des exigences de cette époque». Le pré-
sident Tebboune exprime, par là même, «son
estime du haut niveau de conscience politique
et du courage de la femme algérienne» qui
s’est tenue «aux côtés de son frère l’homme
dans la défense du pays au sein du processus
de changement pacifique démocratique pour
l’édification de la nouvelle République, dont
nous nous attelons à établir les fondements,
à travers l’élaboration d’une Constitution
nationale consensuelle à même d’assurer une
rupture radicale avec les pratiques du passé et
d’accorder à chacun ses droits dans le cadre
d’un Etat fort, juste et démocratique».
M. Tebboune rappelle son engagement à
œuvrer «avec abnégation à la réalisation
des aspirations du hirak populaire et à aller
ensemble vers un changement démocratique
global pour l’édification d’une nouvelle Répu-
blique démocratique forte, juste et prospère
dans laquelle les citoyennes et les citoyens
occuperont la place qui leur sied, au sein de
la solidarité, de l’égalité des chances et de
la justice sociale, loin de toutes les pratiques
négatives ayant failli ébranler les fondements
de l’Etat, n’était la prise de conscience du
peuple et son adhésion autour de son armée
nationale, une adhésion reflétant l’une des
plus belles images de cohésion qui a subju-
gué le monde entier et nous a remplis tous
d’un fort sentiment de fierté». Le chef de
l’Etat estime que «la femme doit continuer
à assumer des postes de responsabilité au
sein des institutions de l’Etat et de l’admi-
nistration publique, tout en promouvant son
rôle sur la scène politique afin de concré-
tiser l’égalité et la parité homme-femme,
conformément aux constantes nationales et
aux valeurs et préceptes de notre religion».
R. N.
 El Watan - Lundi 9 mars 2020 - 4

L’ACTUALITÉ
RASSEMBLEMENT DES FEMMES À CONSTANTINE LES FEMMES ONT
MARCHÉ À BÉJAÏA
Pour une égalité D
es femmes sont sorties hier dans la ville de Béjaïa
pour une journée de lutte, matérialisée par une

citoyenne
marche à prédominance féminine. Elles ont tenu
à célébrer la journée du 8 Mars dans la continuité du
mouvement populaire du 22 Février. Une fois n’est
pas coutume, les hommes ont été presque effacés de la
manifestation de rue par la forte présence de centaines de
● Hier, les femmes à Constantine ont démontré que le 8 Mars n’est pas une journée femmes. «Argaz tamettut anehyou tamurt !» (Hommes et
semblable aux autres ● Elles se sont émancipées de cette notion exclusivement festive femmes, nous libérerons le pays) ont scandé, en kabyle,
les manifestantes au cours de la marche où des hommes
et l’ont déclarée journée d’action. se sont, toutefois et surtout par un réflexe qui a la peau
dure, rendus visibles instinctivement, en se plaçant à la

D
es dizaines de femmes tête de la procession féminine.
se sont rassemblées, hier Rassemblées sur l’esplanade de la maison de la
après-midi, à Constantine, Culture, les centaines de manifestantes ont déployé des
pour la Journée internationale de banderoles et des pancartes qui renseignent sur une
lutte pour les droits des femmes. double orientation de la manif’ du jour. Le Collectif des
Grâce au mouvement popu- femmes, initiateur de l’appel à cette action, a soutenu
laire, étudiantes, universitaires les slogans et revendications foncièrement féministes,
et femmes au foyer ont réussi à à savoir : «L’égalité des droits entre les femmes et les
s’approprier l’espace public dont hommes», «Soutien et solidarité avec les luttes des
elles sont exclues depuis des femmes», «Abolition du code de la famille», «Contre
décennies. Certes, elles n’étaient toute forme de violences à l’encontre des femmes».
pas nombreuses devant le point «C’est de la liberté dont j’ai besoin, non d’une fleur !»
de ralliement des hirakistes, soit et «Solidarité avec les femmes du monde entier !» ont
le palais de la culture Al Khalifa, crié des femmes qui ont pris les devants de la procession
mais elles ont marqué cette jour- humaine. Plusieurs d’entre elles sont des militantes de
née par une action contestataire gauche, impliquées dans le mouvement associatif et dans
qui rompt avec le cachet festif de

PHOTO : EL WATAN
la lutte pour les droits des femmes.
la célébration. «Le 8 Mars n’est Pour dénoncer les violences faites aux femmes, une
pas une fête, c’est un jour de manifestante est sortie avec des traces de fausses
lutte pour les femmes !» ont-elles blessures maquillées sur son visage. Plusieurs citoyennes
scandé en leitmotiv. ont choisi de revendiquer leur identité en manifestant
«Comme chaque année, le 8 vêtues de la robe kabyle. Les manifestantes des derniers
mars marque la Journée inter- Hier, lors du rassemblement des femmes à Constantine
carrés de la marche se sont refusées de s’inscrire
nationale des droits des femmes, Dans ce combat pour l’égalité l’intérieur de l’infrastructure, se festive et l’ont déclarée journée dans le féminisme. «Nous luttons pour la chute de
souvent injustement abrégée en citoyenne, des hommes se sont tenait un concert de musique d’action. Le contexte s’y prête tout le système», a expliqué l’une d’elles, considérant
‘‘Journée de la femme’’, car non, joints à ce cette action. «Les pour la célébration de cette jour- énormément, ce qui a d’ailleurs inapproprié de revendiquer en ce moment leur
il ne s’agit pas d’une nouvelle femmes sont, au même titre que née. «C’est notre manière de était rappelé. Pour preuve, bon féminisme. Tous leurs slogans sont puisés de la littérature
fête consumériste qui célèbre la nous, dans cette dynamique pour nous distinguer des célébrations nombre de vidéos ont été diffu- des marches du vendredi : «Had l’hirak wadjeb watani,
gent féminine, mais bien d’un un changement radical. L’Algé- traditionnelles, le 8 Mars est sées sur le Net, où des femmes li yechtah khayen înani !» (Ce mouvement est un devoir
rappel de la lutte quotidienne rie que nous voulons construire désormais journée de lutte», dira hirakistes interviennent pour national, celui qui danse (en ce 8 mars) est un traître),
des femmes dans toute leur mul- doit être celle des droits pour une étudiante. vulgariser leur vision du rôle de «Allah Akbar Karim Tabbou !» Elles ont aussi repris les
tiplicité et leur pluralité face tous les citoyens, femmes et Hier, les femmes à Constantine la femme dans l’Etat de droit, revendications de la libération des détenus d’opinion,
aux multiples discriminations hommes, sans distinction», inter- ont démontré que le 8 Mars n’est dont l’édification est l’une des dont Brahim Laalami qui comparaîtra aujourd’hui au
qu’elles subissent encore partout vient un irréductible. pas une journée semblable aux revendications fondamentales du tribunal de Bordj Bou Arréridj. Des youyous ont fusé
dans le monde», analyse Mou- Le choix du lieu du rassem- autres. Elles se sont émancipées mouvement populaire. entre les slogans et au milieu de la foule dense. Des
nira Boulahrouf, universitaire. blement n’était pas fortuit. A de cette notion exclusivement Naïma Djekhar premiers carrés, où l’on a chanté des chansons kabyles
engagées, parviennent des mots d’ordre franchement
féministes : «Djazair houra démocratia, niswiya !»
Oran : «Nous ne sommes pas là pour faire la fête !» (Algérie libre, indépendante et féminine), «Darou
qanoun el ousra, hagro bih el mar’a !» (Ils ont fait un
code de la famille pour mépriser la femme).
Al’occasion de la Journée internationale une journée de lutte pour arracher nos rangs et bien plus nombreuses que les
de lutte pour les droits de la femme, des droits», «Je ne veux ni fleurs ni parfum, hommes, ont crié : «Ma jinech nahteflou, jina
centaines d’Oranaises ont battu le pavé hier, j’exige le respect», «Non aux violences faites bache terahlou !» (Nous ne sommes pas là
Bien qu’elles se soient accordées pour faire de ce 8 Mars
une journée de lutte, les manifestantes ont marqué leur
de la place du 1er Novembre jusqu’au siège aux femmes», «Il n’y a pas de révolution sans pour faire la fête, nous sommes là pour que divergence sur le contenu des slogans portés, mais aussi
de la wilaya. Si les slogans scandés tout le femmes». Un jeune étudiant portait quant à lui vous dégagiez). Un hommage a également sur le trajet de la manif’. Les féministes ont terminé leur
long de l’itinéraire étaient ceux du hirak, à un écriteau en anglais : «She’s someone, not été rendu aux manifestants d’Alger, action par un rassemblement sur la placette Saïd Mekbel,
la place 1er Novembre, nombreux étaient les sister, mother, daughter, wife». Une manière victimes, l’avant-veille, de répression les autres ont prolongé la marche jusqu’à la haute ville,
femmes et les hommes à avoir brandi des de dire qu’une femme est une femme, et policière : «Yal Assima bravo alikoum w continuant à exiger le départ de «la îssaba» (le clan au
pancartes féministes revendiquant purement que cesse cette pudibonderie imbécile des Djazaïr taftakher bikoum !» (Les Algérois pouvoir), estimant devoir mettre en veilleuse la question
et simplement l’égalité entre les deux sexes. conservateurs, qui la réduisent à chaque fois à bravo à vous et l’Algérie est fière de vous). des droits de la femme. «Les revendications des femmes,
En voici quelques exemples : «On demande la sœur, la mère, la fille ou l’épouse. Arrivés à la wilaya, les féministes, formant des travailleurs, des chômeurs, c’est le moment», a crié
des droits civiques et égalitaires entre les Quand la marche s’est ébranlée, c’était, par un carré de plus en plus important, se sont au microphone, sur le lieu du rassemblement, Wissem
femmes et les hommes», «Pas de démocratie contre, aux cris de «Dawla madania machi mises à crier : «Yaskout kanoun el osra, Zizi, militante féministe. «Nous demandons nos droits.
sans la totale égalité citoyenne de la femme», askaria !» (Pour un Etat civil et non militaire), yaskout kanoun el hogra !» (Que chute le On nous a bernés depuis 1962», ajoute une autre
«Non au code de l’infamie», «Djamila, un slogan, comme on l’aurait remarqué, code de la famille, que chute le code de militante, qui promet que le combat continuera pour
Hassiba, vos filles continuent le combat», proprement hirakiste. A la rue Larbi Ben l’infamie) sous les applaudissements et les sortir la femme du statut de mineure dans lequel on l’a
«le 8 Mars n’est pas un jour de fête, mais M’hidi, les femmes, qui étaient aux premiers youyous. Akram El Kébir confinée. K. Medjdoub

ÉPIDÉMIE DE CORONAVIRUS
Les déplacements dans les pays à risques déconseillés
● Le ministère de la Santé insiste sur le respect des mesures de prévention et signale que le cas avéré positif au Covid-19,
ayant pris la fuite dans la nuit de vendredi à samedi de l’hôpital de Boufarik, a été remis en observation.

A fin de réduire le risque d’une propagation

importante du virus Covid-19, le ministère
de la Santé, de la Population et de la Réforme
hospitalière appelle les citoyens algériens à diffé-
rer leurs voyages dans les pays où l’épidémie est
actuellement très active, notamment la France et
l’Italie, sauf en cas de nécessité absolue, et dans
ce cas, ils doivent prendre toutes les mesures pré-
ventives pour éviter toute contamination.
Une décision prise par le ministère de la Santé
dans le cadre du plan de riposte et de protection
ayant mené à élever au stade 2 le niveau d’alerte
de l’épidémie de coronavirus vu la multiplication
du nombre de cas, porté hier à 20 personnes
infectées.
Le nouveau cas testé positif est, selon le com-
muniqué du ministère de la Santé, «une ressor-
tissante algérienne ayant séjourné en Espagne».
Il s’agit d’une femme qui aurait été admise à
l’hôpital d’El Kettar, où elle a été prélevée et est
actuellement hospitalisée.
Le ministère de la Santé insiste sur le respect
des mesures de prévention et signale que le cas
avéré positif au Covid-19, ayant pris la fuite
dans la nuit de vendredi à samedi de l’hôpital
de Boufarik, a été remis en observation. Selon
des sources sûres, ce jeune homme originaire de
Blida, un proche de la famille contaminée par le
ressortissant algérien venu de France, est actuel-
lement hospitalisé dans un établissement de
santé publique à Mostaganem, où il a été retrouvé
«complètement désemparé», nous confie-t-on,
en précisant qu’«il souffrait de troubles psycholo-
giques bien avant sa contamination».
Dans le monde, il y a 107 021 cas d’infection
recensés dans 99 pays et territoires, ayant causé
la mort de 3648 personnes, selon un bilan établi
par l’AFP. Par ailleurs, de nombreuses régions
des différents pays frappés de plein fouet par le
coronavirus sont mises en quarantaine, à l’instar
de l’Italie qui confine 15 millions de personnes
au nord du pays, alors que la Chine dénombre
80 695 cas, dont 3097 décès.
Djamila Kourta

MOHAMED SAMI AGLI. Président du Forum des chefs d’entreprise (FCE)
«L’informel peut représenter
jusqu'à 80 milliards de dollars»
Entretien réalisé par
Saïd Rabia
Des entreprises ont quitté le FCE, des patrons
d’entreprise se retrouvent en prison, poursuivis
pour des faits de corruption... Quel est l’état de
votre organisation aujourd’hui ?
Déjà, on a commencé par changer de nom. Nous
ne sommes plus le FCE. Nous sommes le Forum.
Il est important de le souligner. On a lancé le
changement au sein du Forum. Il est aujourd’hui
présent, fort de ses membres. Pour rappel, on n’a
pas eu de démissions, mais quelques retraits. On
parle de 25 membres qui se sont retirés. Et parmi
eux, beaucoup sont revenus. Le Forum est présent
partout en Algérie, dans l’ensemble des wilayas.
Pour ceux qui sont concernés par des affaires de
justice, ils sont responsables de leurs actes dans
leurs entreprises non pas par rapport à leur action
au sein du Forum. Mais une page est tournée
depuis le mois de juin, depuis mon élection. On
défend la cause d’un Forum sain, d’un Forum
propre et surtout d’acteurs économiques sains.
Nous plaidons et nous n’arrêtons pas d’expliquer
qu’il faut faire la différence entre le bon grain
et le mauvais. Ceux qui sont impliqués doivent
payer et la justice doit sévir. Nous ne sommes
pas responsables du passé. Je suis responsable de
l’action du Forum depuis mon élection. C’est le
cas pour l’ensemble du conseil exécutif. Mais si
on accepte l’idée que quand quelqu'un a mal agi et
que c’est tout le monde qui doit payer à sa place,
on n’est pas sorti de l’auberge. On est dans un
pays qui est mal dirigé depuis 20 ans, est-ce que
pour autant tous les Algériens qui sont mauvais.
Du tout. Notre combat est double. Pour dire qu’il y
a des gens bons, il y a des gens sains, malgré tout
ce marasme, tout cet écosystème qui aujourd’hui
pèse, malgré tous ces procès d’intention, contre
l’acteur économique privé principalement.
Justement, est-il possible de faire le point sur
les difficultés que vit l’entreprise algérienne
dans ce contexte de crise ?
La crise économique est bien installée. Elle
est là et touche les entreprises qui dépendaient
principalement de la commande publique. Ces
entreprises sont malheureusement vulnérables.
Prenez le secteur du BTPH, ce sont des entreprises
très vulnérables. Celles des services, le sont aussi.
Les Petites et moyennes entreprises (PME) et les
TPE sont dans la même situation. Elles payent
lourdement les conséquences de la crise. Il y a
d’autres secteurs liés à la réglementation qui est en
cours de changement, ils sont en train de payer. Le
résultat : il y a des pertes d’emploi.
Peut-on le mesurer ?
Nous, on a parlé de 500 000 à 600 000, mais
je ne peux pas vous le dire. Ce sont des chiffres
qu’on a recoupés par rapport aux déclarations
faites par des organisations. Par métier, par filière
et par région. Cela a été annoncé même par des
établissements publics. Ce qui est certain, c'est
qu'il y a une perte d’emploi. Dans le BTPH, la
situation est encore plus grave.
Quelles sont les difficultés auxquelles elles
sont confrontées. C’est le problème récurrent du
financement et des banques qui se posent, et par
quoi doit-on commencer ?
C’est compliqué. Si on évoque les difficultés
liées aux banques, c’est un énorme chantier,
l’accès au marché est aussi un énorme problème.
On ne peut pas les classer par ordre d’importance.
En fait tout est prioritaire. A mon sens, il ne faut
pas aller dans le classement des priorités. Si
on commence à comparer les difficultés et les
misères que vivent les entreprises, on n’en finira
pas.
Les banques qui ne prêtent plus, cela n’est-il
pas un problème qu’il faut traiter en priorité ?
J’y arrive. L’accès au foncier est un gros
problème, le poids de la bureaucratie est un
gros problème. Les banques, c’est un énorme
problème. Que ce soit l’accès au financement ou
El Watan - Lundi 9 mars 2020 - 5
L'ACTUALITÉ
les différentes décisions prises par les banques.
Quand je parle de la réforme bancaire, je dis
toujours qu’elle est la mère des réformes. On a
beau faire toutes les réformes, si on ne commence
par la réforme bancaire, elles seront sans résultat.
Mais il n’y a pas que cela. L’accès au marché
est devenu impossible. Il y a beaucoup moins
de commandes publiques. Des entreprises en
dépendaient viscéralement. Il y en a qui faisaient
leur business depuis 20 ou 30 ans grâce aux
commandes publiques. Cela existe partout dans le
monde. Ce n’est pas un défaut, mais il y en a ceux
qui subissent cela. Les entreprises de services,
aujourd’hui, elles sont toutes en difficulté. On
a besoin des IDE, mais comment faire pour les
attirer ? On a besoin de cette réforme bancaire
qui doit changer. On a besoin de débureaucratiser
totalement l’acte d’investir. Aujourd’hui, on
a abrogé la règle 51/49, et c’est tant mieux.
Mais d’une manière globale, il faut vraiment
libéraliser l’acte de gestion. Il faut dire aussi que
les ennemis de l’économie sont l’informel et la
bureaucratie. Les combattre doit être la priorité
des responsables. On a fait des propositions
depuis le mois de novembre. On a fait des
propositions sur des mesures d’urgence, sur le
foncier industriel, le code de l’investissement, les
énergies renouvelables. On a préparé un dernier
document sur l’attractivité de l’Algérie. On
prépare le livre blanc du Forum qui va parler de
l’ensemble des secteurs. Il y a beaucoup d’experts
qui travaillent sur le sujet avec énormément
d’acteurs économiques. Nos propositions
viennent du terrain, du vécu des entreprises. Ce ne
sont pas des propositions théoriques.
Vous posez la problématique de l’informel
et de l’accès aux financements et au foncier...
Comment pensez-vous la résoudre ?
Nous devons mettre énormément de confiance
pour capter cet informel. On parle de 50% de
notre PIB. On a annoncé des chiffres, mais pour
nous, c’est beaucoup plus important. On parlait
de 30 à 50 milliards, mais je pense qu’on peut
arriver à 80 milliards de dollars. Tout est dans
l’informel. Notre vie au quotidien tourne autour
de l’informel. Mais pour mettre cet informel
dans le circuit formel, nous allons faire des
propositions concrètes. On a parlé de beaucoup de
confiance. Comment rendre bancable cette masse
monétaire qui est présente physiquement dans
notre marché ? Je pense qu’il ne faut pas se poser
de questions quand celle-ci ne vient pas d’activités
criminelles. Il faut que ces acteurs économiques,
qui mettent leur argent sous le matelas, puissent
le mettre dans des banques. Pour ce faire, il faut
s’inspirer des meilleurs benchmarks. Mais essayer
de taxer cet argent est une grosse erreur. Ce sont
des gens qui vivent dans l’informel, le but c’est de
les rendre formels. Pour leur donner la confiance.
Vous considérez que cela a été une erreur de
taxer l’argent de l’informel ?
Bien sûr que c’est une erreur. Le fait qu’il
renfloue les banques, c’est un avantage énorme.
Les banques auront plus de liquidités qui vont
permettre le financement de l’économie. Dans
les propositions qu’on va formuler dans le détail,
pour résoudre la problématique de l’informel,
on a inclus la finance islamique. C’est une
solution à l’informel. Il existe des gens qui ont
cette conviction de ne pas vouloir travailler avec
les banques ordinaires. Il faut respecter cela.
La banque islamique doit être présente partout
en Algérie. Elle représente peut-être une des
solutions à l’informel. Ceux qui ramènent leur
argent dans le circuit formel doivent avoir la
protection de l’Etat. La masse d’argent va être
utile à l’économie en cela qu’elle peut représenter
une solution à la crise.
La réforme bancaire n’est-elle pas aussi une
priorité ?
Il faut une réforme bancaire profonde.
Faudrait-il ouvrir le secteur financier au
privé ?
On est le seul pays au monde où il n’y a pas
de banques à capitaux privés nationaux. Ce
n’est pas parce qu’il y en a un qui a failli qu’il
faut condamner tout le monde. La loi doit être
appliquée avec rigueur. Ce n’est pas normal
aujourd’hui qu’on ait un système bancaire adossé
à des banques principalement publiques. Quand
je parle de réformes bancaires, c’est la première
réforme. On parle d’un pays qui se reconstruit,
on parle d’une nouvelle Algérie. On ne peut pas
construire une nouvelle Algérie avec les méthodes
d’avant. Les banques appliquent aujourd’hui les
taux les plus élevés sur la place mondiale. Pas loin
de chez nous, en Europe, on parle de taux négatifs.
Cela existe en Allemagne et dans d’autres pays.
On peut s’en inspirer. On ne cherche pas à avoir
des taux négatifs, mais dans des pays ayant des
économiques similaires, ils ont des taux d’intérêt
à 1%. Il n’est pas normal d’aller s’endetter à
6,7% jusqu’à 9 et 10% de taux d’intérêt. Il faut
réformer cela. Il y a également la question de la
convertibilité du dinar. On ne peut prétendre à une
relance économique si on n’a pas une monnaie
qui est convertible. La réforme bancaire est
transversale, elle concerne l’ensemble des acteurs
économiques. En parlant de start-up, si vous
voulez vendre une application, comment le faire
dans un système bancaire aussi compliqué ? C’est
cela qui doit être réformé. Il nous faut des banques
à l’international. Des banques en Afrique. Il
faut aller vite. Cela s’appelle le coût d’accès au
marché. Les Chinois, les Turcs et les Marocains
le font. On a 5 millions d’Algériens en France
et on n’a pas une seule agence bancaire. Ces 5
millions transmettent de l’argent à leur famille de
manière totalement informelle et on le sait tous.
Il faut créer tout de suite des solutions. L’Etat
doit racheter des banques. De petites banques
orientées vers un business donné.
Que pensez-vous de l’ensemble de l’action du
gouvernement depuis son installation ?
Nous avons analysé de manière profonde
et détaillée le programme du gouvernement,
bien entendu dans son volet économique. Il
est même trop bien. Le gros défi est comment
aller vers l’exécution de ce programme. Les
start-up, le digital et l’entrepreneuriat. Mais je
pense qu’il y a des messages importants, comme
acter l’abrogation de la règle 51/49 qui ne nous
a rien ramené. Les voisins ont profité de notre
fermeture pour être très attractifs et drainer un
maximum d’investissements. Ce sont des choses
qu’on est en train de voir chez eux. Alors que
nous, on s’est fermé avec un Conseil national de
l’investissement qui ne servait à rien du tout. Les
systèmes de fermeture, licence, autorisation et
agrément n’ont pas donné de résultat. Pour ce qui
est des secteurs stratégiques, ma vision et celle du
Forum est qu’il n’y a pas de secteur stratégique.
Tout peut être stratégique. Imaginez quelqu’un
qui veut venir investir un milliard de dollars
dans une filière, elle devient de fait stratégique.
On ne peut avoir aujourd’hui une économie qui
fonctionne de cette manière. Ce sont des modèles
encore une fois qui ont prouvé leur échec.
Puisque vous avez rencontré le Premier
ministre, Abdelaziz Djerad, est-ce que vous avez
le sentiment que la politique du gouvernement va
dans le sens des réformes que vous revendiquez ?
On est partenaire économique des pouvoirs
publics, on rencontre beaucoup d’acteurs
économiques, et selon les analyses qu’on a pu
faire, le gouvernement n’est là que depuis deux
mois seulement. Il faut lui donner le temps pour
ne pas faire les choses dans la précipitation. Il va
aller vers l'élaboration d’autres lois, comme la
loi de finances complémentaire, pour corriger ce
qui a été hérité de la loi élaborée par l’ancienne
gouvernance. Cela est indispensable aujourd’hui
pour fonctionner. C’est une action qui nous
arrange et nous l'appuyons.
Avez-vous ressenti une volonté d’associer les
acteurs économiques à toutes ces réformes et à
tous ces changements ?
Avant, les acteurs économiques découvraient
des lois qui les concernent directement dans
la presse. Aujourd’hui, je pense qu’il y a une
volonté du gouvernement de procéder autrement.
Après ma rencontre avec le Premier ministre, j’ai
retenu deux mots : confiance et concertation. Je
pense que c’est important. De manière générale,
on appuie totalement son action. On parle du
privé et de l’emploi. J’ai quelques chiffres qu’on
communiquera ensuite. Le privé emploie 80%.
La part du secteur privé dans la production
brute, y compris le pétrole, est de 63%. Si on
enlève le pétrole dans lequel il n'y a pas d’acteur
privé, on est à 81%. Aujourd’hui, les acteurs
économiques veulent prouver qu’il y a des gens
bons. Qu’il y a des entreprises famililales qui ont
créé de la richesse honnêtement. On a intérêt à
défendre l’acteur économique privé. Aujourd’hui,
il n’y a pas un pays au monde qui ait réussi sa
transformation économique sans un secteur privé
fort.
Vous plaidez pour un impôt unique.
Concernera-t-il toutes les entreprises ?
Non, encore une fois, c’est du cas par cas. Ceux
qui créent plus, il faut leur donner davantage. Ceux
qui vont investir dans des régions compliquées, il
faut les encourager. C’est une excellente chose
qu’on leur donne plusieurs années d’exonération.
Il faudrait l’élargir à ceux qui ne passent pas par
l’ANDI. Il n’y a pas que l’aspect fiscal, il y a aussi
l’aspect charges patronales. Quand l’économie
va mal, les entreprises doivent rester actives pour
préserver l'emploi.
Est-ce la proposition que vous avez faite au
gouvernement ?
L’une des grandes propositions, c’est le
moratoire, et on est content qu’il y ait des choses
qui ont avancé depuis.
C’est sur combien d’années ?
Il ne faut pas aller sur plusieurs années aussi.
Nous sommes acteurs économiques, nous devons
rester logiques. Si on n’est pas capable de se
relever en une année ou deux, ce n’est pas
normal. Il faut aussi arrêter les pénalités. Les
gens qui sont engagés avec des crédits bancaires
et qui n’arrivent pas à les rembourser suite à la
diminution de l’activité économique, il faut leur
trouver des solutions. Arrêter ce compteur-là qui
n’a pas de week-end, qu’on appelle intérêt.
Donc, parmi les réformes que vous demandez,
ce sont les réformes fiscales…
Oui, réformes fiscales, réformes de charges
sociales. Je parle des entreprises qui n’ont plus de
souffle et qu’on doit accompagner pour qu’elles
puissent se relancer. Vous imaginez les activités
qui baissent alors que les charges sont toujours
les mêmes. Il faut aller vers un rééchelonnement
de leurs dettes. Cela va alléger et donnera de la
confiance et de l’espoir aux gens qui sont en
graves difficultés. Nous n’avons pas les moyens
d’essuyer un autre échec.
S. R.
 El Watan - Lundi 9 mars 2020 - 6

L’ACTUALITÉ

IL Y A 60 ANS ÉTAIT ASSASSINÉ LE JEUNE ÉTUDIANT, RESPONSABLE DE L’UGEMA

EN BELGIQUE

Hommage solennel au chahid

Akli Aïssiou à Bruxelles
● Ce lundi 9 mars 2020, un hommage solennel sera rendu à ce héros discret ● Une
plaque commémorative, ornée du drapeau national, sera posée sur le lieu de son
assassinat par le recteur de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) et notre ambassadeur
en Belgique.

A
8h30 du matin, un colocataire
entend le bruit d’un corps qui
s’effondre dans l’escalier. Il se
précipite et trouve Akli Aïssiou presque
sans connaissance. Il lui porte secours
et donne l’alarme. Aïssiou mourra dans
l’ambulance», écrit Pierre Le Grève,
haute figure des réseaux de solidarité
belges avec la cause algérienne,
dans ses Mémoires : Souvenirs d’un
marxiste anti-stalinien. Cela se passa
il y a soixante ans, exactement le 9
mars 1960. Akli Aïssiou était alors en
Paul-Emmanuel Babin, spécialiste de
la «Guerre d’Algérie en Belgique» et
fin connaisseur du «Front du Nord»,
donnera une conférence sous le titre
«Les réseaux belges dans la guerre
d’Algérie (1954-1962) : mobilisation
de l’opinion et front judiciaire». Un
autre historien, Guy Pervillé, professeur
émérite à l’Université de Toulouse et
spécialiste de l’UGEMA, interviendra
avec une communication intitulée
«L’Union Générale des Etudiants
Musulmans Algériens (1955-1962) :
indique Paul-Emmanuel Babin. Akli
Aïssiou bénéficiait alors d’une bourse
de «5000 francs belges par mois»
versée par le FLN. «En Europe, les
étudiants sont financés par le FLN, afin
de préparer les cadres d’un futur Etat
indépendant», précise l’historien.
C’est à l’occasion d’une représentation
du Cadavre encerclé de Kateb Yacine
à Bruxelles qu’Aïssiou rencontre
l’avocat Serge Moureaux. «En 1958,
Kateb Yacine est venu présenter sa
pièce censurée, Le Cadavre encerclé,

7e année de médecine à l’Université
Libre de Bruxelles (ULB). Militant
nationaliste, il était le responsable de
l’UGEMA en Belgique. Ce jour-là,
il était assassiné devant chez lui, à
Ixelles, près de Bruxelles. Il avait 33
ans. Pour l’avocat Serge Moureaux,
chef de file du Collectif des avocats
belges du FLN, il ne fait aucun doute
que le jeune étudiant a été «tué par les
services spéciaux français sur ordre du
gouvernement du général de Gaulle».
Lors des funérailles du chahid Akli
Aïssiou qui eurent lieu le 14 mars
1960, le drapeau algérien recouvrait
ostensiblement son cercueil. C’est la
première fois dans toute l’Europe que
l’emblème de l’Algérie combattante
était déployé de cette manière.
Ce lundi 9 mars 2020, un hommage
solennel sera rendu à ce héros discret.
Une plaque commémorative, ornée du
drapeau national, sera posée sur le lieu
de son assassinat par le recteur de l’ULB
et notre ambassadeur en Belgique.
Outre ce geste mémoriel, «une
journée d’hommage à Akli Aïssiou»
sera organisée à l’Université Libre
de Bruxelles. Le programme de cette
journée prévoit des conférences, des
témoignages ainsi que des projections
de films documentaires. L’historien
nationalisation et internationalisation
du mouvement étudiant algérien».
Outre ces deux exposés, une table
ronde animée par M. Babin permettra
de croiser les témoignages de Me
Ali Haroun, Me Cécile Draps, figure
emblématique du Collectif des avocats
belges du FLN, Georges Dobbeleer,
ancien membre du Comité pour la Paix
en Algérie et Mateo Alaluf qui s’est
engagé très jeune dans les groupes de
soutien au peuple algérien.
Au menu de cette riche journée
commémorative également, des extraits
du film de Hugues Le Paige, Le Front
du Nord. Des Belges dans la Guerre
d’Algérie, ainsi que la projection de
documents inédits, dont un témoignage
filmé d’Adolfo Kaminsky, le célèbre
faussaire qui travaillait pour le FLN.
QUI EST AKLI AÏSSIOU ?
Avant de s’installer en Belgique, le
jeune Akli a vécu un temps en France.
Mais c’est en Algérie qu’il effectue
d’abord son cursus scolaire. «Ayant eu
son bac à Alger en 1951, il s’inscrit à
la prestigieuse université de médecine
de Montpellier, puis à celle de Grenoble
en 1952. Il arrive en Belgique le 27
décembre 1955, soit avant la grève des
étudiants algériens du 19 mai 1956»,
à Bruxelles. Aïssiou mobilise autour de
lui les étudiants algériens de l’ULB :
Bendaïkha, Benosman, Atmaoui et
Basta. Le but est de sensibiliser et de
recruter des soutiens belges. C’est à
cette conférence que l’avocat Serge
Moureaux rencontre Aïssiou. Il vient
de rejoindre son beau-frère Marc De
Kock dans la défense des syndicalistes
algériens. A travers son ami Aïssiou,
Serge Moureaux peut établir un contact
plus direct avec la Fédération de France
du FLN qui le sollicite pour défendre
les Algériens au tribunal militaire de
Lille», détaille Paul-Emmanuel Babin.
Le chercheur souligne que «l’activité
d’Aïssiou pour la Fédération de France
doit surtout être mise en lien avec un
document diplomatique français datant
de janvier 1959. Ce document est une
synthèse d’un échange d’informations
du 8 novembre 1958 qui dresse un
état-major fantaisiste du FLN mais
qui condamne Aïssiou. Le cousin
d’Aïssiou, Ali Basta, serait le chef
politique, son adjoint serait Liamine
Bendaïkha, et ils seraient assistés d’Akli
Aïssiou, responsable des filières vers
l’Allemagne et du passage des groupes
de choc. Son homologue à Liège serait
Rachid Krim (futur directeur de cabinet
du président Boudiaf). Il est intéressant
Le 14 mars 1960, funérailles d’Akli Aïssiou à Bruxelles
de relever le fait que Krim, étudiant
en chimie à Liège, était logé chez
le professeur Laperches (membre du
Comité pour la Paix en Algérie, ndlr).
Georges Laperches est assassiné par
un colis piégé ce même mois de mars
1960.»
«LE CORTÈGE FUNÈBRE
ÉTAIT SUIVI PAR 1500 À 2000
PERSONNES»
Analysant le contexte de l’époque
et l’évolution de l’opinion publique
belge, l’historien décrypte : «Pour
comprendre la portée du 9 mars
1960, il faut revenir au contexte de
la Belgique et de son opinion. Le
syndicaliste Jacques Yerna évoquait
une hostilité générale de l’opinion
francophone belge vis-à-vis du FLN.
Selon lui, cette opinion était traversée
par un clivage : ‘‘Congo-Algérie,
même combat’’. Schématiquement, la
perte de l’Algérie équivalait à celle
du Congo pour l’opinion. Il convient
donc de parler de l’impact de cet
assassinat en Belgique. Le cortège
funèbre (accompagnant le défunt Akli
PHOTO : DR
Aïssiou, ndlr) est suivi par 1500 à 2000
personnes dans le centre de Bruxelles. A
la fin du mois, 3000 personnes suivront
à Liège le cortège funèbre du professeur
Laperches.» Et de faire remarquer :
«Selon les personnes d’ores et déjà
engagées dans le soutien aux Algériens
comme le sont Pierre Le Grève et Serge
Moureaux, mars 1960, avec cette série
d’attentats, est le tournant de la Guerre
d’Algérie en Belgique. Non seulement
les convictions s’affirment, mais les
réseaux et le Collectif vont s’étoffer.
L’opinion belge rejette le terrorisme
français. Selon Serge Moureaux, ces
attentats sont des ‘‘actes de guerre’’
commis en Belgique». D’après un bilan
des assassinats exécutés par les services
français au cours de la seule année
1960 dressé par Constantin Melnik,
coordinateur des services secrets auprès
du Premier ministre français Michel
Debré de 1959 à 1962, il y a eu «135
morts pour cette seule année qui paraît
donc être la plus meurtrière pour le
FLN et ses alliés», rapporte Paul-
Emmanuel Babin.
Mustapha Benfodil

CONTRIBUTION

Lettre ouverte à Monsieur le ministre de la Communication

A/s de la suspension du quotidien Tighremt
Monsieur le ministre,
La question identitaire a longuement empoisonné
l’atmosphère politique et culturelle de la société algérienne
depuis la crise du PPA/MTLD en 1949 et a, à certains
moments de notre histoire récente, risqué de fragiliser
gravement la solidité des liens entre les différentes
régions et de leur loyauté à notre Etat. Ce n’est certes pas
à un intellectuel de votre trempe, doublé d’un spécialiste
reconnu en matière de communication, de l’amitié duquel
je m’enorgueillis, que j’expliquerai le danger d’un retour à
une case aujourd’hui dépassée par le mouvement populaire
en œuvre, quelles que soient, par ailleurs, nos attitudes
différenciées à son égard et à l’égard des voies et moyens de
sortir notre état de cette impasse dangereuse.
Des forces progressistes se sont formées, aspirent et
œuvrent à la mise en place d’un Etat national intégré, sous
des formes à trouver, démocratique et citoyen, prenant
en ligne de compte les spécificités régionales assumées
mais mises en synergie au profit d’une algérianité et d’une
citoyenneté unifiante. Les changements constitutionnels
en cours pourraient consacrer cette idée et aboutir à une
stabilisation de longue durée prémunissant notre peuple et
notre Etat des affres des «identités meurtrières».
Par Abderrezak Dourai
Professeur des sciences du langage
et de traductologie
Le quotidien Tighremt, qu’ont bâti des jeunes progressistes
militants, enseignants et chercheurs en tamazight, est
une chance supplémentaire donnée à cet idéal de stabilité
recherché qui ne manquera pas de profiter à tous. Sa ligne
éditoriale participe d’une perception moderne de la langue
et de l’identité amazighes et milite pour une citoyenneté
algérienne assumée. Il renforce donc la nouvelle tendance
observée dans le hirak actuel où une ouverture sans
précédent sur les langues en usage dans notre pays est
constatée : l’arabe scolaire, l’arabe algérien, les variétés
de tamazight ainsi que les langues étrangères, du français à
l’anglais et même parfois au chinois.
L’Algérie doit faire face à de grands défis économiques,
sociaux et culturels qu’elle doit remporter face aux autres
Etats. Il serait regrettable de retomber dans des querelles
insignifiantes relatives à la symbolique des graphies
quand l’enjeu véritable est de cette ampleur. Etant donné
la conjoncture de la société, et après que la polynomie
(plusieurs normes et variétés de la langue) de tamazight
ait été consacrée dans l’actuelle Constitution (de 2016), la
polygraphie (plusieurs graphies) devrait aussi l’être pour
donner du temps à la réflexion apaisée.
Plusieurs tentatives de rallumer les feux éteints de la
confusion identitariste et raviver des lignes de fractures
idéologiques ont été déjouées jusque-là par l’éveil des
manifestants et d’agents de l’Etat à tous les niveaux de
responsabilité.
J’espère que cette nouvelle tentative de créer une crise
autour de la suspension d’un quotidien écrit dans la variété
kabyle en caractères latins, habituels dans cette région,
suscitée par une frange idéologique rétrograde surfant sur
des nécessités conjoncturelles, ne prendra pas avec l’aide de
tous les progressistes soucieux de la stabilité identitaire et
culturelle de leur société et de leur Etat. Aider ce quotidien
à vivre, c’est aider une perception progressiste et citoyenne
de la question identitaire et politique dans notre société.
C’est susciter l’espoir dans une perception étatique à venir
meilleure et rapprocher les visions au profit d’une sortie de
crise heureuse et à l’avantage de tous.
Aussi, vous demanderais-je de bien vouloir avoir l’amabilité
de déployer les efforts nécessaires afin que ce quotidien soit
sauvé d’une mort précoce.
Veuillez agréer, Monsieur le ministre, l’expression de mes
salutations distinguées. A. D.
 El Watan - Lundi 9 mars 2020 - 7

ALGER INFO
AMÉNAGEMENT DE OUED EL HARRACH

Réception du projet
en décembre 2020
● Les berges qui s’étendent sur 18 km arborent un nouveau visage qui coupe littéralement avec l’image du passé.

L
a réception de la totalité du projet d’assai- rouba. Remarquablement agencé, le lieu est un
nissement et d’aménagement de oued El joyau écologique qui permet, grâce à ses pistes
Harrach interviendra fin 2020, a annoncé cyclables, des promenades en immersion totale
le directeur des ressources en eau de la wilaya dans un microcosme qui coupe avec la ville et
d’Alger, Kamel Boukercha. «Le taux d’avan- son vacarme. Les travaux ont permis la réali-
cement du projet d’assainissement et d’aména- sation de 6 terrains de football, 3 de handball,
gement de oued El Harrach, s’étendant sur une 3 de basket-ball ainsi que trois piscines au
longueur de 18,2 km dans la wilaya d’Alger, niveau de l’embouchure de l’oued. Outre ces
est actuellement de 85%, sachant que le projet équipements, 12 passerelles ont étés réalisées
sera totalement réceptionné fin 2020», a pré- afin d’établir la jonction entre les deux rives
cisé le responsable. La cadence des travaux au de l’oued. Un système de contrôle des eaux
niveau du centre-ville d’El Harrach a connu, et d’alerte pour les inondations a également
ces derniers temps, un ralentissement en rai- été réalisé. Un responsable de la direction de
son des pipelines de transport des dérivés du l’hydraulique a relevé par ailleurs que le souci
pétrole et du gaz (Naftal-Sonatrach) situés près majeur dans l’aménagement de cet oued était

du oued, a-t-il expliqué, ajoutant que par me-
sure de sécurité, «nous avons décidé de réduire
le volume des travaux» en vue d’éviter d’éven-
tuels accidents. Le même responsable a fait
savoir que ses services s’attelaient, en coordi-
nation avec la compagnie Sonatrach, à l’élabo-
ration d’une étude technique en vue de trouver
des solutions rapides au transfert des pipelines
situés au centre-ville d’El Harrach afin d’amé-
nager le cours de l’oued sur une distance de
1,5 km dans les délais impartis. Le responsable
a relevé notamment que le principal problème
qui se posait pour l’aménagement de cet oued
était la protection de la population des risques
d’inondations et la possibilité de réutiliser les
eaux, notamment pour l’irrigation des espaces
verts à Alger, a-t-il souligné, rappelant que
oued El Harrach s’étendait sur une longueur
totale de 67 km, dont 18,2 km à Alger.
UN PROJET ET DES INFRASTRUCTURES
Oued El Harrach était, dans un passé récent,
le symbole de la pollution dans sa version la
Les berges de oued El Harrach ne seront plus ce qu’elles étaient
plus insupportable. Grâce à de gigantesques
travaux d’aménagement, le cours d’eau est en
passe de devenir un haut lieu de détente et de
villégiature, qui plus est navigable sur une dis-
tance de 6 km. Les berges qui s’étendent sur
18 km arborent un nouveau visage qui coupe
littéralement avec l’image du passé, celle des
bidonvilles et de la pollution. Tous les grands
problèmes qui conféraient aux travaux un
caractère ardu et difficile tels que l’existence
de sites de bidonvilles ou encore ceux liés à
l’expropriation ont été aplanis. Les grandes
opérations d’assainissement, de curage et de
nettoiement de tous les déchets sont mainte-
nant dépassées. La mauvaise réputation de
oued El Harrach est en train de s’inverser, pour
laisser place à une tout autre appréciation, celle
PHOTOS : DR
d’un cours d’eau propre offrant des possibilités
pour promouvoir le tourisme de masse. Dans
le sillage de ces travaux d’assainissement et
d’aménagement, des espaces ont été dégagés
et aménagés de manière écologique, à l’image
des embouchures de Bentalha et de la Prise
d’eau (7 ha) afin de permettre à la population
d’avoir des espaces pour se promener et faire
du sport au milieu de la verdure. L’espace de
loisirs de Bentalha, s’étendant sur une lon-
gueur de 2 km, est maintenant ouvert au grand
public. C’est un endroit féerique, où la végéta-
tion soignée offre des possibilités de détente et
de promenade aux visiteurs, dont la majorité
sont des riverains. Outre l’aire de loisirs de
Bentalha, un autre espace similaire a été amé-
nagé à la Prise d’eau dans la commune de Bou-
de «prévenir les risques d’inondations et des
crues centenaires», expliquant que «les tra-
vaux ont permis d’élargir le lit de l’oued pour
faire passer 2500 m3 d’eau par seconde. Des
stations de pompage ont été également réali-
sées. Elles assurent un débit d’eau en amont de
l’oued de près de 90 000 m3 par jour». Grâce
aux travaux de recalibrage et de dragage, oued
El Harrach deviendra navigable pour les petites
embarcations sans moteur, et ce, sur une dis-
tance de 6 km. Les barques pourront effectuer
la traversée à partir de l’embouchure de l’oued
au niveau de la promenade des Sablettes pour
atteindre les berges de la Prise d’eau. Afin de
réaliser cette exploit, il faut en premier lieu
procéder à une vaste opération de dragage qui
va favoriser l’écoulement d’une eau de bonne
qualité et l’entrée de l’eau de mer sur le tron-
çon navigable, facilitant ainsi une circulation
normale de l’eau de mer avec l’eau de l’oued
et l’enlèvement de tous les sédiments.
K. Saci et AG

24 HEURES LUTTE CONTRE LA CRIMINALITÉ À BARAKI

DANGER ARRESTATION DE 16 INDIVIDUS ET SAISIE DE
PLUS DE 800 COMPRIMÉS PSYCHOTROPES
L es services de sûreté de la
wilaya d’Alger ont procédé
à l’arrestation de 16 individus
impliqués dans plusieurs affaires
liées à la possession et au trafic de
drogue et de stupéfiants et la saisie
de 800 comprimés psychotropes, a
indiqué jeudi un communiqué du
même organe sécuritaire. Selon la
même source, les services de sû-
reté relevant de la circonscription
administrative de Baraki ont traité
quatre affaires liées à la possession
et au trafic de drogue et de stupé-
fiants, ainsi qu’au port d’armes
blanches. Ces affaires ont permis
l’arrestation de 16 individus et la
saisie de 826 comprimés psycho-
tropes, 22 g de cannabis, 8 flacons
de liquide anesthésiant, 7 armes
blanches prohibées et 85 600 DA
d’argent liquide.
La première affaire concerne un
repris de justice arrêté suite à un
mandat de perquisition de son
domicile où la police a saisi 438
comprimés psychotropes et 3
armes blanches prohibées. Pour la
2e affaire, les mêmes services ont
interpellé 5 individus avec saisie
de 112 comprimés psychotropes,
8 flacons de liquide anesthésiant et
1100 dinars d’argent liquide. Par
ailleurs, les éléments de la police
ont procédé, dans le cadre de la
troisième affaire, à l’arrestation de
8 individus pour trafic de drogue
et de stupéfiants, et la saisie de
55 comprimés psychotropes, 2
armes blanches, 84 500 DA en
argent liquide et 22 g de drogue.
Pour la quatrième affaire, deux
personnes ont été arrêtées dont un
en possession de drogue. Suite à un
mandat de perquisition des domi-
ciles des mis en cause, 221 com-
primés psychotropes, 3 flacons
de liquide anesthésiant et 2 armes
blanches ont été saisis. Après fina-
lisation des procédures juridiques
en vigueur, les mis en cause ont été
déférés devant la juridiction com-
pétente, conclut le communiqué.

ALIMENTATION EN EAU POTABLE DURANT L’ÉTÉ

DES MESURES PRISES PAR LA DRE
E n vue d’améliorer l’Alimentation en eau potable en eau des habitants de Haouch Mihoub 1 et 2 et de
PHOTO : DR

Plusieurs automobilistes ont heurté cet obstacle qui se
trouve sur un axe routier névralgique à Kouba. Les
autorités locales doivent intervenir pour boucher le trou
et débarrasser le lieu de cet amas d’objets.
(AEP) durant l’été et le mois de Ramadhan, le
directeur de ressources en eau de la wilaya d’Alger,
M. Boukercha, a fait savoir que toutes les mesures
nécessaires avaient été prises, citant dans ce cadre les
projets en cours de réalisation par les services des res-
sources en eau d’Alger pour garantir une couverture en
AEP 24h/24. Dans ce cadre, il a rappelé l’achèvement,
récemment, des travaux de réhabilitation de la station
de pompage de Baraki pour répondre aux besoins
Bentalha. Concernant la station d’épuration des eaux
usées au niveau de Mahelma-Sud (la circonscription
administrative de Zéralda), dont les travaux ont débuté
depuis deux ans à Baraki, a dit qu’elle sera réception-
née et mise en service en juillet 2020. Ce projet revêt
une grande importance, car il permettra la réutilisation
des eaux usées traitées au profit de plus de 200 000
habitants des nouvelles cités de Sidi Abdellah, Rahma-
nia et Mahelma, a-t-il indiqué. K. S.
 El Watan - Lundi 9 mars 2020 - 8

KABYLIE INFO
CÉLÉBRATION DU 8 MARS À TIZI OUZOU UNIVERSITÉ MOULOUD
MAMMERI
Le rôle de la femme PROTESTATION
DEVANT LE RECTORAT
dans le hirak revisité U
n rassemblement a été observé, jeudi, devant
le siège du rectorat de l’université Mouloud
Mammeri de Tizi Ouzou, sis dans l’enceinte
● Des conférences et des expositions sur l’engagement de la femme dans le mouvement du campus de Hasnoua. Des dizaines de diplômés de
populaire figurent dans les programmes de la célébration du 8 mars. magister et de doctorat, exerçant comme enseignants
vacataires, ont protesté, encore une fois, pour se faire

L
a Journée mondiale de la femme est entendre. Ils ont assiégé l’accès principal du rectorat
célébrée avec faste dans la wilaya de afin de maintenir la pression sur les responsables
Tizi Ouzou, où le mouvement associatif concernés. Cette action est initiée par la Coordina-
est mobilisé justement pour marquer l’occa- tion nationale des titulaires des diplômes de doctorat
sion de manière grandiose, et ce, eu égard aux qui a appelé à des rassemblements dans toutes les
différentes festivités programmées dans les universités du pays. C’est ce qu’a, d’ailleurs, déclaré,
différentes communes de la wilaya. L’asso- Amar Hachemi, membre de cette structure, qui rap-
ciation culturelle Tighilt du village Lemsela, pelle, en outre, que le sit-in en question s’inscrit dans
dans la commune d’Illoula Oumalou, a tenu, le sillage d’un mouvement de protestation enclenché
pour sa part, à rendre hommage à la femme. depuis quelques semaines pour exiger la satisfac-
Les membres de cette structure ont ainsi mis tion des droits des protestataires. Ces derniers de-
sur pied un riche programme d’activités pour mandent, pour rappel, entre autres, leur recrutement
le vendredi dernier. Le menu de cette journée direct comme enseignants permanents à l’université.
s’est articulé particulièrement sur une expo- «Nous réclamons notre droit au recrutement direct
sition des produits du terroir, un spectacle comme enseignants. La loi reconnaît notre droit au
de danse et une conférence sur le code de la recrutement direct, notamment le décret exécutif 98-

famille et la place de la femme dans la société
animée par Me Yamina Alili, avocate des déte-
nus du hirak, qui a parlé de la femme entre la
loi et la société. Elle a également expliqué le
rôle de la gent féminine dans la Révolution
du sourire enclenchée, à l’échelle nationale,
depuis le 22 février 2019. La célébration s’est
déroulée dans une ambiance particulière tant
les festivités ont drainé un grand public qui
a eu droit aussi à des moments de joie et de
détente. Dans la région de Aïn El Hammam,
la direction de la jeunesse et des sports a orga-
nisé, vendredi, la 7e édition du semi-marathon
de Aïn El Hammam qui a regroupé des cen-
taines de participantes qui ont parcouru un iti-
néraire de 10 km, allant d’Iferhounene jusqu’à
la ville de l’ex-Michelet. L’Office des établis-
sements de jeunes de la wilaya (ODEJ) de Tizi
Ouzou célèbre la Journée internationale de la
femme en collaboration avec le mouvement
associatif. Les activités préparées par l’ODEJ
se sont déroulées à travers des établissements
de jeunes de différentes localités qui ont abrité
des expositions, des défilés de mode et des
Me Yamina Allili a animé une conférence au village Lemsela
galas artistiques, entre autres. De son côté,
la direction de la culture a concocté aussi un
programme de festivités qui s’étale sur une
semaine. Il s’agit, en outre, de l’hommage
rendu, hier, à la chanteuse Ldjida Tamechtuht
par des femmes qui ont ressuscité les fameux
chants populaires d’Urar N’Lkhalat lors d’un
spectacle qui a eu lieu à la grande salle de la
maison de la Culture Mouloud Mammeri.
Cela sans parler des expositions et des spec-
tacles organisés aussi bien au théâtre régional
Kateb Yacine qu’à la maison de la Culture
d’Azazga. Le centre de loisirs scientifiques
du chef-lieu de wilaya a connu aussi une
intense activité en l’honneur de la femme. Par
ailleurs, notons aussi qu’à la même occasion,
une conférence sur la situation politique en
Algérie et le rôle de la femme dans le mou-
PHOTO: EL WATAN
vement populaire a été animée vendredi au
siège de la section communale du RCD à Tizi
Ouzou, par Nora Ouali, député et secrétaire
nationale du parti, Hayet Mohandkaci, coor-
dinatrice nationale des femmes progressistes
et Sabrina Chitti, chargée à la condition fémi-
nine au bureau régional de la même formation
politique. Par ailleurs, Radio Tizi Ouzou à
concocté un programme riche à cette occasion
en collaboration avec le mouvement associa-
tif, les différentes directions de wilaya pour
marquer la journée mondiale de la femme.
Enfin, le 8 mars a été célébré dans les diffé-
rentes localités de la wilaya de Tizi Ouzou, à
l’image de Larbaâ Nath Irathen, Mekla, Beni
Bouala, Ouadhias, Draâ El Mizan, Makouda,
Tigzirt et Azeffoun.
Hafid Azzouzi
254 relatif à la formation doctorale et l’arrêté 191 du
16 juillet 2012 fixant la formation au troisième cycle.
Ces deux textes considèrent l’obtention du concours
national d’accès au magistère et au doctorat comme
étant l’obtention de postes destinés exclusivement à
l’enseignement», ajoute-t-il tout en précisant que le
manque d’encadrement pédagogique dans les uni-
versités exigent le recrutement comme enseignants
permanents les détenteurs des diplômes en question
qui, précise-t-il, continuent à être employés comme
vacataires avec une rémunération ne dépassant pas
15 000 DA par mois. Par ailleurs, rappelons que
le premier sit-in des diplômés de magistère et de
doctorat a été organisé le 20 février dernier. Une
délégation de dix membres représentant les diffé-
rentes facultés et spécialités a été reçue par le recteur
de l’UMMTO. Ce dernier a, selon les protestataires,
reconnu la légitimité des revendications tout en
précisant que la solution à cette situation ne dépend
pas de ses prérogatives étant donné, a-t-il expliqué
aux membres de la délégation, que ce problème est
d’ordre national. Toutefois, il a promis de trans-
mettre les revendications au ministère de tutelle.
H. Azzouzi

PUBLICATION
Premier roman en tamazight
de Lynda Hantour
Tizi Ouzou ayant pour titre Agerruj
2. En 2018, la jeune journaliste et
écrivaine originaire d’Ath Douala a
réalisé la pièce de théâtre Hymne à
l’identité, en hommage au chantre de
la cause amazighe, Matoub Lounès,
et à toutes les victimes du combat
identitaire en Algérie. Cette opérette,
d’une quarantaine de minutes, mise
en scène par Lyes Mokreb, a été pré-
PORTRAIT
BAHIDJA
Une voix, une confidente
H adi Darna», «Kaâdet Z’men»
et d’autres émissions radio-
phoniques ont marqué les audi-
teurs et auditrices de la wilaya de
Boumerdès grâce à la voix chaleu-
reuse d’une journaliste animatrice,
Bahidja. Au fil des émissions, les
liens se sont renforcés et Bahidja
s’est transformée par la force des
appels en une véritable confidente
pas seulement auprès des femmes
mais également des hommes. Cette
PHOTO: EL WATAN

sentée le 20 avril et le 23 juin 2018 réussite, Bahidja va la mettre à pro-

au théâtre régional Kateb Yacine et
le 27 avril au théâtre Abdelmalek
Bouguemouh de la ville de Béjaïa.
Lynda Hantour compte également à
son actif des textes inédits en langue
française, dont une histoire intitulée
Folie… gamie traitant de ce phéno-
mène de société (polygamie) dont de
nombreuses femmes sont victimes.
fit pour aborder des sujets jusque-là
tabous. La famille des auditeurs
et auditrices ouvraient son cœur à
celle qui a su les gagner. Pourtant,
rien ne présageait cette vocation d’une femme issue d’une région rurale, Ammal.
Après d’excellentes études, Bahidja entamera un cursus en médecine puis un
autre en sciences politiques et en communication. Son rêve d’enfance ne la
quittait plus. Elle tenait absolument à devenir journaliste. Elle en eut l’occasion
quand elle participa à la confection d’un site web «Mountada de la wilaya de

L a journaliste et écrivaine Lynda

Hantour, native de la wilaya de
Tizi Ouzou, publie à l’occasion du 8
Mars, sous le pseudonyme de Wenza
Dwala, un premier roman en langue
amazighe intitulé Isflan Ntudert (Les
sacrifices de la vie) aux éditions
Rouhnatcom. Selon l’auteure, cet
ouvrage, dont la sortie coïncidera
avec la Journée internationale de
la femme, traite de la «violence de
genre à l’égard des hommes, des
femmes et des enfants». Licenciée
en journalisme, spécialité presse
écrite, Lynda Hantour est présen-
tement éditrice et enseignante à
l’université de Tamda, département
sciences humaines et sociales, où
elle assure le module anthropologie
sociale et culturelle & Mass Média.
Elle a commencé dans l’écriture il
y a une vingtaine d’années avec la
publication, en 2011, du premier
guide touristique de la wilaya de
L’auteure a présenté son nouvel
ouvrage samedi à la bibliothèque
principale de lecture publique de Tizi
Ouzou, lors d’une conférence-débat
organisée à l’occasion de la Jour-
née mondiale de la femme. Lynda
Hantour, qui devait animer une
rencontre similaire au village Sahel
de Bouzeguène, dimanche dernier,
sera présente à Tirmitine le 14 mars,
où elle signera son nouveau livre qui
vient de paraître. A. T.
Boumerdès». Son recrutement à la radio de Boumerdès fut une suite naturelle.
«J’avais en tête une émission en direction des familles mais qui touche à tous les
aspects de leur vie. C’est comme ça que Hadi Darna est née. Cela m’a permis
de parler de tout. De la cuisine à la chambre. Les auditeurs et auditrices pre-
naient eux-mêmes l’initiative d’aborder les problèmes de couples», nous a-t-elle
confié. Par la suite, la question de la sauvegarde du patrimoine culturel s’imposa
à elle. Donner la parole aux femmes au foyer pour mettre en valeur leurs travaux,
leurs connaissances et leur savoir-faire. «Assurer la relève avant la disparition
de nos mères et grands-mères avec les trésors qu’elles possèdent», avertit Bahi-
dja. Son message en ce 8 mars dans un contexte aussi vital pour l’avenir du pays
s’apparente à son engagement : «C’est à la femme d’être le facteur du change-
ment positif auquel aspire toute la société.» Lakhdar Hachemane
 El Watan - Lundi 9 mars 2020 - 9

RÉGIONS

OUED EL ANEB (ANNABA) PORTRAIT

Le wali face
à la désolation
● Dans cette commune qui compte parmi les plus pauvres de la wilaya, des habitants
mènent une vie des plus dures, sans les moindres commodités.
«La wilaya va étudier les problèmes
de cette commune et essayer de
réaliser ce qu’est possible en
faisant appel au budget wilaya et
aux Programmes communaux de
développement (PCD)», a promis
Djamel Eddine Berimi au terme de
sa visite la semaine dernière à la
commune de Oued El Aneb, située à
30 km d’Annaba.
Son état, marqué par une dominante
désolation, en dit long sur la qualité
du quotidien auquel font face les
habitants de cette commune qui
compte parmi les plus démunies de
la wilaya. «Normalement, Oued El
Aneb devrait être bénéficiaire de
plus de projets de développement.
Ce qui n’a pas été le cas durant
ces dernières années», regrette
le wali, devant l’ensemble de son
exécutif, lors de l’inspection des
projets en cours de réalisation. Il en
Le lancement des chantiers était en
2011, soit neuf ans après. Occupés
depuis 9 mois, ces logements
étaient destinés aux propriétaires
des habitations précaires, de la
petite localité «El Bassen», dans la
commune d’Oued El Aneb. «Notre
quotidien est un calvaire continu.
Le raccordement à l’eau potable,
à l’électricité et au gaz n’a pas été
effectué jusqu’aujourd’hui. Même
les routes ne sont pas bitumées,
offrant aux habitants un cadre
de vie désolant, notamment en
période hivernale», s’est désolé un
habitant de cette cité devant le wali.
Interpellés par le chef de l’exécutif,
les responsables de l’ADE et de
Sonelgaz, n’ont pas pu justifier ce
manquement, préjudiciable à plus
d’un titre. «Je vous ordonne de leur
raccorder l’électricité, le gaz et l’eau
immédiatement. Je viendrais dans un
YAMINA BELLAMBRI.
Artiste-peintre à Skikda
L’art de redonner vie
aux feuilles mortes
de la commune d’Oued El Aneb.
Elle couvre toutes les spécialités en
consultations médicales. Elle dispose
aussi d’un laboratoire d’analyses,
d’une unité radiologique et d’une
maternité. Cinq lits dans le service
des urgences sont à la disposition des
malades. Cette structure médicale
couvrant les zones de Draa Erriche,
Kheraza, Sateha, Oued Zied et Laïb
Amar est opérationnelle depuis 2018.
Le coût de sa réalisation est estimé à
4,6 milliards de dinars. A quelques
pas, du siège de la mairie d’Oued El
Aneb se trouve une infrastructure
sportive clôturée et abandonné
depuis 1995. Cette dernière a été
transformée, par la force des choses
en un lieu de débauche et une
abri pour les chiens errants. «Sa
rénovation nécessite une importante
enveloppe financière. Actuellement
la situation financière précaire de

PHOTO : DR
est ainsi des deux projets des 20 et mois inspecter les travaux», a tonné, cette commune ne permet pas ce luxe.
30 logements sociaux dont le taux en colère, le wali. Ce qui n’est pas D’autres priorités s’imposent», a
d’achèvement des travaux est à 85%. le cas pour la nouvelle polyclinique tranché le wali. Leïla Azzouz

M
ère de deux jeunes hommes, Yamina Bardi, Mina pour les
intimes, a cette aisance intrinsèque de ne pas se prendre trop
au sérieux. Elle parle de ses œuvres artistiques comme s’il ne
ASSURANT LA LIAISON CONSTANTINE-SÉTIF s’agissait que de simples créations façonnées «juste pour le plaisir»,
comme elle aime tant à le répéter. Elle ne prendra conscience de son

Des propriétaires de bus don que lorsque des amies à elle étaient venues attirer son attention
sur la valeur de ces tableaux faits de feuilles séchées. Encouragée, elle
redouble alors d’efforts, aiguise son art, le diversifie et finit par étonner

au bout du rouleau
U ne quarantaine de propriétaires de bus assurant la ligne
Constantine-Sétif se sont rassemblés, hier matin, dans
l’ancienne gare routière Ouest à Boussouf, pour réclamer
l’intervention des autorités locales et surtout celle du
ministre des Transports. Selon leurs dires, ils font l’objet de
toutes formes d’injustice et «d’escroquerie réglementée»
causant leur faillite, depuis la fermeture de la gare routière
ouest en 2018 et leur transfert vers la zone industrielle
Palma. «Les autorités locales nous ont transférés vers un
espace ouvert et goudronné et non pas à une gare dotée
de toutes les commodités nécessaires», a lancé Azzedine
Mazmiz un des transporteurs. Et d’affirmer que l’insécurité
règne dans ces lieux, situés à quelques mètres des dépôts
des boissons alcoolisées. «Cet espace est dépourvu de
toilettes, de salle d’attente, d’une infrastructure fermée
où s’abritent les voyageurs en attendant le démarrage du
bus», a dénoncé notre interlocuteur. «Les chiens errants
sont partout. Comment protéger les citoyens, en particulier
les femmes et les enfants arrivés à 7h du matin, ou qui
veulent voyager la nuit ?» a-t-il martelé. Ce dernier ajoute
qu’en plus de ces conditions déplorables, la société de
gestion des gares routières d’Algérie (Sogral) leur impose
des frais à payer excessifs.
Les chauffeurs de bus rencontrés à la gare de Boussouf
affirment être soumis à débourser 5% de leur recettes
à la Sogral et 19% de TVA. «Pis encore, nous sommes
contraints à payer 11 000 DA par mois comme frais de
stationnement pour 7 minutes. Une durée insuffisante
pour un voyage inter-wilaya. Ces frais sont statiques et ne
varient pas selon le rendement de chaque transporteur»,
ont-ils expliqué. Les protestataires qui contestent les
décisions de Sogral sont interdits de stationner à l’intérieur
de la soi-disant gare. «Ceci, sans oublier les charges
d’entretien des bus», ont-ils ajouté. Tout en exprimant leur
colère, les propriétaires des bus sur la ligne Constantine-
Sétif ont menacé d’entamer un débrayage dans les
prochains jours, si les autorités locales ne prennent pas
leurs problèmes au sérieux. Yousra Salem
son entourage. La passion artistique, Mina, la fille des Bellambri, la
nourrissait dès son jeune âge. «J’ai toujours été attirée par le vétuste.
Au début je voulais poursuivre mes études en archéologie avant de finir
par épouser une carrière d’enseignante en électronique au Technicum de
Skikda», a-t-elle révélé. C’est d’ailleurs dans ce lycée technique qu’elle a
eu son électrochoc artistique. Elle raconte : «J’étais jeune et à mes débuts
d’enseignante. Un jour d’automne, je me suis amusée à ramasser les
feuilles des platanes qui jonchaient le sol humide de la cour pour les laver
et les mettre soigneusement dans une petite boite». Cette sensibilité envers
ces «feuilles mortes» allait plus-tard lui servir et faire éclore son talent.
Puis, un jour, elle ouvrit sa boite et redonne vie à ses feuilles séchées par le
temps. Elle les agence, les combine et en fit d’harmonieuses compositions.
Ne se contentant pas des restes de dame nature, Mina y rajoute d’autres
supports artistiques en y mêlant des bouts de tissus, des ficelles et d’autres
artifices. Ces rajouts ne dénaturent en rien la composition finale. Bien au
contraire, ils l’auréolent plutôt d’une agréable touche créatrice. Retraitée
et consciente certainement de ses dons, Mina s’amuse depuis à s’essayer
à d’autres supports en habillant les couffins d’osier, les bouteilles de jus,
les vases, les courges et s’adonne même à inventer un monde de poupées
avec la même passion et la même dextérité. Travaillant en solitaire, en
compagnie de Karim, son époux, artiste lui aussi, Mina a exposé pour la
première fois ses œuvres, suscitant engouement et reconnaissance.
Khider Ouhab

ANEM DE SOUK AHRAS

Prise en charge de 4410 dossiers d’intégration

L a régularisation des jeunes du pré-emploi à Souk Ahras
connaît une réelle intensification dans le traitement des
dossiers à l’ANEM qui gère les choses en étroite collaboration
avec les directions concernées et c’est apparemment l’une des
raisons qui viennent de remettre au point zéro les protestations.
Djamel Hezam, le directeur de wilaya de cette agence est persuadé
que toutes les situations seront traitées dans les meilleurs délais et
en toute transparence. «Nous avons 4410 dossiers en phase de
concrétisation et nous pouvons d’ores et déjà affirmer que les
postes permanents sont acquis au niveau des directions d’accueil
qui sont aussi mobilisées pour mener à terme cette opération.
Faudrait-il inviter les jeunes concernés à faire preuve de patience
face à quelques procédures d’usage que lesdites directions mènent
avec professionnalisme, dont nous citons à titre illustratif la
direction de la santé et de la population qui a réussi à intégrer en
un temps record ses 1605 employés avec seulement 216 dossiers
en cours de réalisation», a-t-il indiqué. Il a tenu à annoncer, par
cette même occasion, une bonne nouvelle aux autres jeunes dont
les noms n’ont pas été inclus dans cette première tranche. «Des
rumeurs colportées çà et là tentent vainement de discréditer le
programme afin d’occulter la réalité. Nous confortons nos dires
par les faits et les chiffres au lieu des préjugés. En plus de ces 4
410 dossiers, Souk Ahras compte déjà une deuxième tranche de
1572 autres postes destinés à cette même catégorie de candidats
à la confirmation. Mieux encore, nos prévisions sont déjà faites
pour les 1020 autres postes affectés comme troisième tranche.
Nous devons signaler dans ce contexte l’aide apportée par le wali
et la compréhension dont ont fait preuve nos collaborateurs parmi
les autres membres de l’exécutif», a-t-il rassuré. Concernant
la révision de la carte de répartition des effectifs à travers les
différentes directions notamment pour les secteurs qui comptent
un surplus, le même responsable dira qu’une commission
de wilaya composée de plusieurs représentants aura à traiter
ce chapitre en tenant compte du profil, des besoins desdites
directions et éventuellement du choix des candidats.
A. Djafri
 El Watan - Lundi 9 mars 2020 - 10

I N T E R N AT I O N A L E

ATTENTAT PERPÉTRÉ VENDREDI À TUNIS en bref

Les deux kamikazes appartenaient Arabie
Saoudite
à une cellule terroriste locale K Le roi Salmane d’Arabie
Saoudite est apparu dans les
médias d’Etat hier pour la première
● La police tunisienne a déjà réussi à arrêter, suite à des descentes opérées samedi au quartier dit Kram, fois depuis l’arrestation, il y a deux
dans la banlieue de Tunis, deux individus suspectés de complicité dans l’opération suicide. jours, de trois princes, dont son
Il s’agit d’un homme connu pour être en contact avec les kamikazes et de sa femme. frère et son neveu, accusés d’avoir
comploté pour renverser le puissant
prince héritier. La garde royale a

L
es deux kamikazes qui zone longuement survolée par
ont mené l’attentat un hélicoptère après l’attaque. arrêté, vendredi, le prince Ahmed
vendredi contre Dans un premier temps, un Ben Abdelaziz Al Saoud, frère du
l’ambassade des Etats-Unis policier disait qu’un deuxième roi, ainsi que le neveu du
à Tunis, ayant fait un mort et assaillant était recherché. monarque, le prince Mohammed
cinq blessés, étaient connus Le ministère de l’Intérieur a Ben Nayef, accusés d’avoir préparé
des services de la police annoncé finalement la mort un coup d’Etat pour évincer le
tunisienne. Ils répondraient de deux assaillants. L’on prince héritier Mohammed Ben
aux noms de Slim Zenidi et ignore cependant encore les Salmane. Le roi saoudien apparaît
Khoubeib Laaka. Des caméras circonstances de la mort du régulièrement dans des cérémonies
de surveillance d’entreprises second terroriste. officielles, mais cette nouvelle
privées situées aux abords de La Tunisie est, rappelle-t-on, vague de répression a suscité des
la représentation diplomatique toujours en état d’urgence. rumeurs autour de l’état de santé

PHOTO : DR
américaine, située dans le Le dernier attentat terroriste du monarque, âgé de 84 ans, et sur
quartier des Berges du Lac, ont en Tunisie remonte au mois la possibilité que le prince
filmé presque entièrement la de juillet 2019, lorsqu’un Mohammed lui succède très
scène de l’attaque. Originaires Les auteurs de l’attentat perpétré vendredi à Tunis avaient été condamnés et incarcérés pour terrorisme en 2014 individu s’est fait exploser prochainement.
de la banlieue de la capitale dans le centre de la capitale en
tunisienne, les deux assaillants
de nationalité tunisienne
composition des explosifs sur un rayon de 300 mètres. coups vendredi : frapper faisant un mort et huit blessés.
Après la chute de la
Soudan
avaient fait de la prison pour
terrorisme. En effet, ils avaient
utilisés dans l’attentat-suicide
n’a pas encore été déterminée,
a déclaré le porte-parole
Selon la presse tunisienne, la
bombe employée par les deux
kamikazes aurait contenu du
des policiers tunisiens et la
représentation diplomatique
américaine. Il semblerait que
dictature en 2011, la Tunisie
a été confrontée à un essor
K Elles avaient été à l’avant-
garde de la contestation du
régime de Omar El Béchir. Mais,
été condamnés et incarcérés du pôle judiciaire de lutte TNT, un puissant explosif qui d’abord un homme à moto de la mouvance terroriste, onze mois après sa chute, des
pour «terrorisme» en 2014 contre le terrorisme, Sofien rentre dans la composition ait tenté de forcer l’entrée responsable de la mort de militantes soudanaises se disent
et étaient interdits de sortie Sliti. Dans une déclaration à de la dynamite. Les mêmes au niveau d’un poste de dizaines de soldats et de déçues par le peu d’empressement
du territoire. A quel groupe l’Agence TAP, Sofien Sliti a sources indiquent que la sécurité devant l’ambassade policiers, mais aussi de des nouvelles autorités à améliorer
terroriste appartiennent-ils ? précisé que «l’analyse du lieu bombe contenait au moins des Etats-Unis, avant de se nombreux civils et de 59 leurs droits. Et c’est pour crier haut
Pour l’heure, il n’y a pas eu de de l’attaque a révélé que de 200 g de TNT, en plus d’autres faire exploser au contact touristes étrangers. La et fort leur frustration que des
revendication. En juin dernier, grandes quantités d’explosifs composants. d’un fourgon de police. Des situation sécuritaire s’est dizaines de ces militantes ont
l’organisation Etat islamique dangereux ont été utilisées». Selon toute vraisemblance, blindés, des hommes en arme, néanmoins nettement manifesté hier, à l’occasion de la
s’était toutefois attribuée la Les restes des corps des deux les terroristes voulaient des policiers scientifiques ont améliorée ces trois dernières Journée internationale des droits de
responsabilité des attentats- kamikazes ont été éparpillés faire d’une pierre deux très vite pris possession de la années. A. Z. la femme, devant le siège du
suicide ayant visé les forces de ministère de la Justice à Khartoum.
l’ordre dans la capitale. Elles ont remis, à un représentant
Quid de l’enquête ? La police du ministère, une lettre demandant
tunisienne a déjà réussi à L’ALGÉRIE EXPRIME SON ENTIÈRE SOLIDARITÉ AVEC LA TUNISIE l’abolition ou l’amendement de
arrêter, suite à des descentes plusieurs lois jugées
L’Algérie a condamné «avec force» le double attentat- que l’Algérie avait souffert des affres du terrorisme, le MAE
opérées samedi au Kram, suicide qui a frappé vendredi la capitale tunisienne, Tunis, a affirmé, dans son communiqué, que «l’Algérie assure la discriminatoires à l’égard des
dans la banlieue de Tunis, exprimant son entière solidarité avec ce pays frère, indique Tunisie, peuple et gouvernement, de son appui constant contre femmes.
deux individus suspectés de un communiqué du ministère des Affaires étrangères (MAE). le projet terroriste et ses pourvoyeurs qui ont voulu, par cet
complicité dans l’opération
suicide. Il s’agit d’un homme
«L’Algérie condamne avec force le double attentat terroriste
qui a visé vendredi une patrouille de sécurité dans la capitale
acte lâche, porter atteinte à la Tunisie et à ses fortes institutions
au lendemain d’une échéance politique et historique pour le
Italie
connu pour être en contact
avec les kamikazes et de
Tunis et exprime sa solidarité totale et inconditionnelle avec
la Tunisie, pays frère», lit-on dans le communiqué. Rappelant
peuple tunisien frère».
R.I.
K Un quart de la population
italienne (plus de 15 millions)
s’est réveillée hier en quarantaine,
sa femme. En revanche, la
une mesure sans précédent en
Europe, décidée par Rome pour
IMPORTATIONS ILLÉGALES DE PHOSPHATE SAHRAOUI endiguer l’épidémie liée au
nouveau coronavirus, qui a
Le Front Polisario traduit en justice le Fonds néo-zélandais contaminé plus de 100 000
personnes dans le monde entier. Le
● Au cours de la dernière décennie, un certain nombre d’entreprises dans le monde ont cessé d’importer du phosphate patron de l’OMS, Tedros Adhanom
Ghebreyesus, a salué ces mesures
sahraoui pour des raisons éthiques, et des pays comme l’Australie, le Canada et les Etats-Unis n’importent plus de phosphate «courageuses» et les «véritables
du territoire occupé. sacrifices» consentis en Italie. Ces
mesures exceptionnelles de
L a représentation du Front Polisario en
Australie et en Nouvelle-Zélande a
déclaré, jeudi, que le Front avait engagé
moyens disponibles. Cette action en
justice est un message à tous ceux
qui sont impliqués dans l’exploitation
a rappelé le Front Polisario dans son
communiqué. «Le Front Polisario a
été reconnu par les Nations unies
du Sahara occidental et à diriger une
économie en extension de son annexion
du territoire. «Cela encourage le Maroc
confinement, valables jusqu’au 3
avril, couvrent une vaste zone dans
une action en justice devant la Haute illégales des ressources naturelles comme le représentant légitime du à continuer de retarder un référendum le nord du pays, allant de Milan, la
Cour de Nouvelle-Zélande contre le sahraouies». Cette demande fait suite peuple sahraoui du Sahara occidental. sous les auspices des Nations capitale économique, à Venise, haut
Fonds de pension de retraite néo- à une action en justice couronnée En 1976, le Polisario a proclamé unies qui permettrait au Sahara lieu du tourisme mondial.
zélandais, pour son investissement dans de succès par le Front Polisario à la République arabe sahraouie occidental d’affirmer sa souveraineté
les importations de phosphates extraits
et importés illégalement des territoires
l’étranger, y compris la saisie et la
vente d’une cargaison de phosphate
démocratique (RASD) comme
gouvernement légitime représentant
indépendante», a souligné le Front
Polisario.
Sahel
occupés du Sahara occidental. Le Front
Polisario a «entamé une action en
du Sahara occidental en 2017, qui
transitait par l’Afrique du Sud, en route
le peuple sahraoui. En 1982, la RASD
est devenue membre de l’Organisation
Au cours de la dernière décennie,
un certain nombre d’entreprises
K La situation sécuritaire au
Sahel est très mauvaise, a
affirmé le président mauritanien,
justice dans le cadre de ses efforts vers la Nouvelle-Zélande. Dans cette de l’unité africaine, pour devenir en dans le monde ont cessé d’importer président en exercice du G5 Sahel,
pour arrêter les importations illégales affaire, la Haute Cour d’Afrique du Sud 2001 membre fondateur de l’Union du phosphate sahraoui pour des Mohamed Ould Ghazouani,
de phosphate naturel du Sahara a conclu que le gouvernement sahraoui africaine», a-t-on encore soutenu. raisons éthiques, et des pays comme soulignant qu’elle est aggravée par
occidental occupé vers la Nouvelle- était propriétaire de la cargaison et a Dans la zone du Sahara occidental l’Australie, le Canada et les Etats-Unis la présence de menaces au centre
Zélande», a rapporté l’Agence SPS, observé que le Sahara occidental était occupée par le Maroc, se trouve une n’importent plus de phosphate du de la région. «Cette situation
soulignant que «certaines décisions illégalement occupé par le Maroc par le mine de phosphate à Bou Craa. Tout territoire occupé. Cependant, souligne sécuritaire suscite les inquiétudes
d’investissement néo-zélandaises recours à la force armée. au long de l’occupation marocaine, le Front Polisario, les sociétés néo- des Etats de la région et épuise les
soutiennent l’occupation illégale L’Organisation des Nations unies ne le phosphate a été extrait à Bou Craa zélandaises «Ballance Agri-Nutrients partenaires du Sahel (...) La
continue du Maroc du Sahara reconnaît pas le Maroc en tant que et exporté via le port d’El Ayoune Limited (Ballance) et Ravensdown situation générale au Sahel n’est
occidental, ainsi que l’extraction et puissance souveraine ou administrante (également dans le territoire occupé) Limited (Ravensdown)» continuent pas bonne», a-t-il déclaré, vendredi,
l’exportation illégales de phosphate du Sahara occidental et, en 1975, par Phosphates de Boucraa, qui d’acheter et d’importer illégalement lors d’une conférence de presse au
sahraoui». Le représentant sahraoui la Cour internationale de justice appartient à la famille royale marocaine du phosphate sahraoui et, par leur palais présidentiel à Nouakchott.
en Australie et en Nouvelle-Zélande, a conclu que le Maroc n’avait pas Le Front Polisario a expliqué que intermédiaire, la Nouvelle-Zélande est «Cela ne signifie pas que le travail
Kamal Fadel, a déclaré que «le peuple de liens historiques avec le Sahara l’extraction et l’exportation annuelles le seul importateur restant de phosphate n’est pas possible ou qu’on ne peut
sahraoui est déterminé à protéger occidental susceptibles de soutenir de phosphate incitent le Maroc à sahraoui dans le monde occidental. rien apporter», a-t-il ajouté.
ses ressources naturelles par tous les une revendication de souveraineté, poursuivre son occupation illégale APS
El Watan ÉCONOMIE
Lundi 9 mars 2020 Supplément hebdomadaire n°729 - GRATUIT - Email : suppeco@elwatan.com/Tél. - Fax : 021 65 58 66

ALMARAI À LA RESCOUSSE DE LA FILIÈRE LAIT EN ALGÉRIE

CHOIX POLITICIEN
OU SIMPLE PIS-ALLER

PHOTO : DR

Alors que les expériences des mégaprojets dans la filière lait (production
et transformation) ont montré leurs limites avant même de démarrer pour
certaines, voilà que le ministère du Commerce lance une invitation au groupe
saoudien Almarai pour venir s’installer en Algérie. Une invitation qui intervient onze
ans après l’avortement de la première tentative d’implantation en 2009 (après des
négociations entamées en 2008). L’objectif assigné à cette démarche selon le ministre
du Commerce, Kamel Rezig, c’est de développer la filière et réduire les importations
de poudre de lait estimées actuellement à 1,2 milliard de dollars. Mais, les acteurs de la
filière et les spécialistes ont des avis divergents concernant ce dossier. Ils s’interrogent
sur les dessous de cette affaire et l’exclusion du ministère de l’Agriculture et du
Développement rural. De même qu’ils mettent en garde contre les conséquences sur
les éleveurs algériens. Le fait aussi que cette annonce est suivie par l’affaire Danone
Djurdjura Algérie accusée d’utiliser des matières premières périmées suscite des
interrogations. Des zones d’ombre sont à éclairer. Lire le dossier en pages II, III, IV et V

CHRONIQUE
PÉTROLE :
les cours plongent P VI
Peut-on réduire substantiellement
le chômage ? P VI
II Dossier
ALMARAI, UNE NOUVELLE TENTATION,
> Dossier réalisé par
L
a relance de projet inter-
Samira Imadalou vient plus de dix ans après
avoir clos ce dossier pour
des raisons encore incon-
nues et après l’échec des
différentes expériences de réalisation
de mégaprojets industriels dans cette
filière. C’est le cas, à titre de rappel,
du projet des Américains à El Bayadh,
dans la localité de Berezina, avec
Depuis son installation un opérateur privé lancé en 2016 et
à la tête du ministère du qui n’a rien donné par la suite. Voilà
Commerce, Kamel Rezig qu’aujourd’hui, au lendemain de la
enchaîne les annonces visite du chef de l’Etat Abdelmadjid
portant sur la filière lait. Tebboune en Arabie Saoudite (26,
Il a fait de ce dossier 27 et 28 février derniers), le ministre
son cheval de bataille. du Commerce annonce avoir deman-
A chaque semaine son dé officiellement à l’ambassadeur
lot de déclarations et du royaume d’Arabie Saoudite de
relancer le projet Almarai dont des
tout ce qui s’ensuit représentants seront prochainement
comme polémiques à Alger pour discuter de ce dossier.
autour de cette filière. Si Une demande qui intervient dans
durant le premier mois une conjoncture un peu particulière
de l’année en cours, le pour ce groupe et dont le ministère de
ministre s’est attaqué l’Agriculture ne semble pas avoir été
aux distributeurs associé.
du lait pasteurisé en Ce qui a suscité des interrogations au
sachet en promettant sein des opérateurs du secteur. «C’est
de régler le problème un projet à vocation agricole avant
tout et il touchera directement les éle-
dans l’immédiat, mais veurs, pourquoi le ministère de l’Agri-
aussi en s’engageant à culture n’en parle pas ?» Auparavant,
réduire les importations le 21 janvier, Kamel Rezig avait déjà
de poudre de lait, voilà eu une entrevue avec l’ambassadeur
que le département du saoudien. Lors des discussions, il avait
Commerce ouvre le bal appelé les opérateurs économiques
avec l’installation du de ce pays à tirer profit du climat des
groupe laitier Almarai affaires, des avantages préférentiels
en Algérie. accordés par l’Algérie aux partenaires.
Il a également plaidé pour l’approfon-
dissement des relations économiques
entre les deux pays. Et pour com-
mencer cette nouvelle ère, le choix a
été porté sur l’installation d’Almarai
en Algérie, sans même associer le
ministère de l’Agriculture à cet effet
ni les opérateurs du secteur. Ce que
regrette un acteur de la filière lait pour
qui ce «projet est purement commer-
cial». «Le ministre de l’Agriculture
n’a encore rien dit à ce sujet pour
l’heure», nous dira notre interlocu-
teur avant de poursuivre : «Beaucoup
d’opérateurs algériens ont essayé de
développer la filière, mais ont fait face
à des blocages alors que pour Almarai,
l’on déroule le tapis rouge et on fait
valoir les avantages que présente le
climat des affaires en Algérie alors que
nous, nous regardons et restons spec-
tateurs de ce qui se prépare. Ce n’est
pas tant Almarai qui pose problème
mais la manière dont a été ouvert le
dossier sans aucune étude.»
MENACES SUR LES ÉLEVEURS
«A-t-on pensé aux petits éleveurs ?»
s’interroge encore notre interlocuteur.
Une question de grande importance
pour la filière sachant qu’actuellement
les industriels travaillent avec les éle-
veurs et l’éventuelle arrivée d’Alma-
rai qui mise dans sa stratégie sur les
grandes fermes risque de mettre en pé-
ril cette catégorie d’éleveurs. «L’Etat
a fortement investi pour les soutenir
(ndlr : les petits éleveurs). Avec ce
projet annoncé, cela va se compliquer.
C’est tout le secteur qui se retrou-
vera perdant», prévient encore notre
source. «Les grandes fermes d’élevage
bovin de production laitière (tuent
le petit fermage traditionnel, lui qui
est pourtant le mieux adapté à notre
milieu rural et notamment en régions
montagnardes», nous explique pour
sa part Slemnia Bendaoud, agriculteur
et auteur de plusieurs ouvrages sur
le secteur. Interrogé sur l’impact de
APRÈS LES RATAGES DES PROJETS
l’arrivée de ce grand complexe laitier
en Algérie, il nous dira : «Dans cer-
taines régions du sud du pays à très
fort potentiel hydrique, pareil projet
est tout de même réalisable. Ce qui a
certainement dû motiver le saoudien
Almarai, intervenant assez rodé dans
le métier pour avoir déjà évolué dans
des conditions plutôt bien semblables
aux nôtres.»
DES ZONES D’OMBRE
«Toute la question à élucider réside
dans le coût de revient et le prix public
du litre de lait». Déjà que les prix sont
jugés pour le lait UHT (ultra haute
température) produit en Algérie sont
jugés élevés et que ceux d’Almarai
sont également en hausse ailleurs. Ce
sont autant d’éléments qui restent à
éclaircir pour un projet annoncé dans
un contexte particulier, que ce soit en
Algérie ou pour ce groupe qui serait
en difficultés financières (d’où la révi-
sion à la hausse de ses prix en Arabie
Saoudite). Les chiffres rendus publics
à cet effet le montrent clairement : les
bénéfices de ce groupe agroalimen-
taire ont diminué à environ 1,8 milliard
de riyals (483,1 millions de dollars)
en 2019, soit près de 10% par rapport
en 2018.
Fondée en 1977 et basée à Riyad,
cette ferme laitière considérée comme
la plus grande au monde et perçue
comme «la marque la plus positi-
vement perçue», selon une étude du
marché réalisée en janvier 2018 par
la société internationale YouGov qui
semble vouloir étaler sa présence en
Afrique du Nord, après avoir conquis
le Moyen-Orient. Paradoxalement,
c’est une fois affaibli que le groupe est
annoncé en Algérie où les décideurs lui
offrent cette possibilité de se relancer.
El Watan ÉCONOMIE - 9 mars 2020
Initialement, la société Almarai avec
plus de 94 000 bovins, pour une pro-
duction de plus de 1,2 milliard de litres
de lait par an (https://fr.wikipedia.org/
wiki/Almarai - cite_note-2) devait
ouvrir une usine au Maroc.
Les informations rapportées par diffé-
rents médias en 2018 affirmaient que
le projet intervenait suite aux déboires
traversés par la société Centrale Da-
none dans ce pays. Almarai devait s’y
installer au plus tard début 2019. Mais,
ce n’est pas encore le cas. Si, au Ma-
roc, Almarai avait été annoncé après
les difficultés de Centrale Danone,
en Algérie, c’est l’inverse qui s’est
produit. En effet, moins d’une semaine
après la sortie de ministre du Com-
merce, Danone Djurdjura se retrouve
au centre d’une affaire d’utilisation
de matières premières «périmées».
«Deux grandes laiteries, une à Blida
et une autre à Béjaia, ont été prises en
flagrant délit d’utilisation de matières
premières périmées», a annoncé Ka-
mel Rezig, ministre du Commerce, sur
sa page Facebook, précisant que des
plaintes ont été déposées contre ces
laiteries.
DANONE DJURDJURA
DANS LE COLLIMATEUR
Danone Djurdjura Algérie n’a pas
tardé à réagir aux accusations du mi-
nistère du Commerce dans un commu-
niqué rendu public le 5 mars dernier
sur sa page Facebook.
L’entreprise assure par ailleurs, en ré-
ponse aux images de lignes de produc-
tion désaffectées circulant sur les ré-
seaux sociaux, qu’elle respecte toutes
les conditions légales exigées par la loi
algérienne en matière d’hygiène.
●●●
 El Watan ÉCONOMIE - 9 mars 2020
DE GRANDES FERMES D’ÉLEVAGE
DES CALCULS ET DES RISQUES
●●●
«Nous sommes soumis à des exigences
internationales de qualité que nous res-
pectons strictement, et nous confirmons
que toute notre matière première ainsi que
tous nos produits finis sont conformes à
la réglementation», indique le commu-
niqué à ce sujet dans lequel l’entreprise
rappelle également : «Djurdjura Algérie
a un agrément sanitaire valide et délivré
par les autorités compétentes locales pour
l’ensemble de ses sites de production.»
«Nous déclarons qu’après nos premières
vérifications, suite aux allégations postées
aujourd’hui sur les réseaux sociaux, notre
processus de production est tout à fait
conforme à nos procédures internes et à
la réglementation algérienne», affirme-t-
elle dans le communiqué du 5 mars. Dans
un précédent document rendu public le 3
mars, le jour de l’annonce de la décision
de fermer l’unité de Blida, Danone Djur-
djura Algérie considère : «Les récentes
allégations de la direction du commerce
de Blida comme erronées et les sanctions
envisagées complètement disproportion-
nées. L’entreprise s’étonne de l’absence
de procédure écrite (aucun rapport reçu
à cette heure) et contradictoire surtout
lorsque ladite procédure mène à une déci-
sion aussi lourde que la mise sous scellés
de notre usine de Blida.»
A titre indicatif, Danone Djurdjura Algé-
rie, présente depuis 20 ans en Algérie et
pionnière dans la collecte de lait depuis
2006, travaille avec 900 éleveurs et col-
lecte 48 millions de litres de lait annuel-
lement. L’entreprise a investi plus de 100
millions d’euros pour moderniser ses
outils de production, selon des déclara-
tions de son DG François Lacombe. Au-
jourd’hui, après ces accusations, l’impact
dr
Dossier III
pourrait se faire ressentir. Pour beaucoup,
ces attaques sont «calculées» et sont direc-
tement «en lien» avec le projet d’Almarai.
Des appels à boycotter les produits laitiers
importés du Moyen-Orient circulent d’ail-
leurs sur les réseaux sociaux en réponse
à la décision du ministère du Commerce.
Les acteurs de la filière ne manquent pas
également de s’interroger sur les dessous
d’une telle affaire.
«ATTAQUER À DÉFAUT DE RÉGULER»
Pour les spécialistes du secteur, «on ne
peut absolument pas s’attaquer à ce qui
existe en aval sans avoir à conforter au
préalable ce qui doit nécessairement inter-
venir en amont. Agir dans la précipitation,
sous l’injonction ou la contrainte de la
pénurie qui s’installe dans la durée, dans
le feu d’une action déjà enclenchée consti-
tue ces «opérations-pompiers» qui ont
toujours caractérisé nos administrations
face à de sérieux problèmes de régulation
du marché des produits de base de notre
alimentation quotidienne. L’échec cuisant
dans de telles tentatives a toujours été pré-
sent», constate Slimane Bendaoud pour
qui «l’Algérie a tout le temps été dépen-
dante de la poudre de lait à régénérer
produite à l’étranger et dont le soutien de
ses prix à la production et à la consomma-
tion a constitué une économie informelle,
grosse génératrice d’une corruption mul-
tiforme qui a saigné le Trésor public pour
finalement ne profiter qu’à une poignée
de laiteries privées vivant au crochet d’un
Etat peu regardant sur la forme et dispen-
dieux». «Fermer des usines auxquelles on
a longtemps graissé la patte n’est pas la
solution», soutiendra notre interlocuteur.
S. I.
Indices
◗ Pour produire 1 litre de lait, une vache
doit consommer directement ou
indirectement 4 litres d’eau, soit environ
5 millions de m3 par an sans l’irrigation
des fourrages.
◗ En Algérie, 80% de la production
laitière est le fait de petits éleveurs qui
ont entre cinq et dix vaches. De même
que 70% des agriculteurs gèrent des
fermes de moins de 10 hectares.
◗ En milieu désertique, la production
d’un litre de lait a besoin de 350 litres
d’eau.
◗ La facture d’importation a atteint 1,2
milliard de dollars.
◗ La consommation moyenne nationale a
été évaluée ces dernières années à 3,7
milliards de litres/an, dont 2 milliards
de litres de lait cru, 500 millions de litres
de lait en poudre et 1,2 milliard de litres
de lait en sachet.
◗ La consommation de lait qui était de
34 litres par an et par personne en 1967-
68 d’après l’Organisation des Nations
unies pour l’agriculture et l’alimentation
(FAO est passée à 61 litres en 1979-80,
selon l’Office national des statistiques
(ONS). Elle aurait plus que doublé en
2015 avec une consommation moyenne
par habitant de 134 litres en équivalent
lait.
◗ Le réseau national d’entreprises de
transformation est constitué de 107
usines, dont 16 unités relevant du
Groupe public Giplait qui détient 40 %
de parts de marché, les 60 % restants
appartenant aux 91 laiteries privées.
◗ En 2016, la production laitière totale
(toutes espèces confondues) est évaluée
à 3,6 milliards de litres, la production
brute de lait de vache représente 2,7
milliards de litres/an et la production
destinée à la consommation humaine

2,2 milliards de litres/an (60 % de la

consommation). De 2005 à 2018, la
production laitière serait ainsi passée
FACE À LA SÉCHERESSE ENDÉMIQUE de 1 milliard de litres à plus de 4
milliards de litres.

Encourager la production Rappels

de lait de chèvre ◗ En 2010, les laiteries qui ne
travaillaient qu’avec du lait cru ont vu la
prime d’intégration augmenter de 4

L a sécheresse endé-
mique qui caractérise
le climat semi-aride de
l’Algérie devrait pousser,
selon les experts, l’Al-
gérie à aborder le volet
économique de son auto-
nomie en lait et produits
laitiers de manière à ne
pas toucher les traditions
du monde rural. «Au pays
de la chèvre, nul besoin
de chercher à courir le
risque de trop miser sur
la vache», estime à ce
sujet Slemnia Bendaoud,
agriculteur. «L’intéresse-
ment multiforme du monde
paysan à revenir de sitôt à
l’élevage traditionnel du
cheptel caprin doit être
mené simultanément avec
le grand fermage bovin
moderne. Il s’agit de sau-
ver les traditions tout en
se projetant du mieux que
dr
nous le pouvons dans la
modernité», résume notre
spécialiste. Pour ce dernier,
le petit éleveur demeure un
acteur incontournable dans
la recherche d’une solution
durable de la filière lait.
D’où la nécessité de lui
accorder la place qu’il faut.
«Démolir ce qui existe
déjà, grâce à l’apport de
nos traditions héritées
depuis des siècles, dans
la recherche d’une solu-
tion adaptée à un problème
aussi sensible, n’est pas
un gage sérieux de réus-
site dans cette perspective
d’aller vers le grand fer-
mage moderne», analyse
Slemnia Bendaoud.
En somme, la solution
réside dans une savante
combinaison des deux élé-
ments. Autrement dit, faire
participer les ménages du
monde rural à l’amélio-
ration de la production
nationale du lait. «Le pe-
tit paysan ne peut pas se
payer une vache, tenant
compte de son prix exor-
bitant et des conditions
liées au foncier agricole et
aux ressources en eau. Il
se contentera de sa petite
vache qu’est la chèvre,
pas chère et peu difficile à
élever au plan des moyens
à y mettre. L’apport du
grand fermage doit s’ins-
crire dans la complémen-
tarité de cette stratégie de
réflexion», conclut notre
agriculteur. L’option d’in-
tégrer le lait de chèvre et
de chamelle dans la pro-
duction nationale a, faut-il
le noter, été déjà soulevée
par le ministre de l’Agri-
culture et du Développe-
ment rural, Chérif Omari,
avec comme argument
l’importance nutritionnelle
et économique, notamment
dans les régions du Sud et
montagneuses. Le ministre
a également évoqué récem-
ment le développement des
techniques de séchage de
lait pour une valorisation
optimale de ce produit,
soulignant l’adaptation
des fermes d’élevage de
vaches laitières à l’envi-
ronnement naturel. Mais,
avec quels moyens ? S. I.
dinars à 7,50 DA. En août 2015, ces
primes ont été relevées. Le relèvement
du prix de référence du litre de lait cru
de vache a été fixé à 50 dinars, à savoir
36 dinars le prix de cession du lait cru
aux laiteries et 14 dinars de subvention
de l’Etat, contre respectivement 34 DA et
12 DA auparavant.
◗ Le marché algérien des produits
laitiers s’est accru de 20% en moyenne
ces dernières années. Chaque année
l’Algérie importe 40% de sa
consommation de lait essentiellement
sous forme de poudre de lait entier dont
il est le second importateur mondial
derrière la Chine. En 2017, l’Algérie a
importé 465 000 tonnes de produits
laitiers pour une valeur de 1,41 milliard
de dollars. En volumes, les importations
algériennes dans la filière augmentent
régulièrement depuis 2001 et ont repris
en valeur après deux années marquées
par une baisse des cours sur le marché
international en 2015-2016.
◗ En 2017, en volume, les importations
algériennes de produits laitiers sont
constituées à plus de 90% de la poudre
de lait destinée à être transformée
localement.
◗ Les poudres de lait sont taxées à 5%
tandis que les autres produits laitiers, à
l’exception des laits infantiles sont
taxés à 30%.
IV Dossier
MOHAMED AMOKRANE NOUA // EXPERT-CONSULTANT AGRICOLE
«Les expériences des mégaprojets
dans la filière ont toutes échoué»
dr
La filière lait ne cesse de faire
parler d’elle ces dernières semaines,
pourquoi tant de bruit à votre avis ?
La polémique autour de la filière
lait et le bras de fer entre le ministère
du Commerce et les acteurs de deux
segments de la filière (distributeurs et
transformateurs) a suscité beaucoup
d’avis, où certains estiment que la
priorité devrait être donnée aux pro-
ducteurs locaux, alors que d’autres
affirment que le projet a pour fina-
lité de sauver le groupe saoudien qui
serait confronté à des difficultés.
Beaucoup de coïncidences en-
tourent cette filière lait : au lendemain
du retour du président de la Répu-
blique d’Arabie Saoudite, le ministre
du Commerce annonce que le géant
saoudien Almarai veut s’installer en
Algérie. Sur sa page Facebook, Rezig
Kamel, ministre du Commerce, a
annoncé : «Lors de ma rencontre avec
l’ambassadeur saoudien, je lui ai
demandé officiellement de repenser
au projet d’investissement de l’entre-
prise Almarai mis au placard depuis
2009.» Un journal marocain notait
que la même polémique a eu lieu au
Maroc : «On dit que le malheur des
uns fait le bonheur des autres. Au
moment où Centrale Danone voit ses
pertes s’amplifier sous l’effet du mou-
vement de boycott visant sa marque
de lait, le groupe saoudien Almarai
s’apprête à investir dans la filière
lait.» Et ce n’est pas le même scéna-
rio qui se répète chez nous ? Pour le
ministre du Commerce, la relance de
la filière lait passera par l’encourage-
ment de l’investissement local, mais
aussi étranger. Il a annoncé la couleur
avant la relance de ce projet. «Le rôle
du ministère dans la filière lait c’est
d’encourager la production nationale
et d’assurer la sécurité alimentaire, et
ce, en collaboration avec le ministère
de l’Agriculture.» Il y a un chevau-
chement dans les prérogatives, on se
demande qui est le ministre de l’Agri-
culture ?
Pour régler la pénurie du lait en
sachet qui persiste toujours, et au lieu
d’encourager et de mettre l’accent sur
le développement de la production
locale, en encourageant l’élevage et
en augmentant les surfaces agricoles
destinées pour le fourrage, on s’est
focalisé à chercher l’aiguille dans la
botte de foin en recourant à la fin à
une solution de facilité pour l’impor-
tation de la poudre de lait. Tant qu’on
ne règle pas le problème à la racine, le
cycle continuera et la crise de pénurie
réapparaîtra.
Le développement de la filière
lait est d’abord interne avant de cher-
cher les solutions externes. Nous dis-
posons d’un potentiel lait très diversi-
fié et très peu valorisé, des parcours
et pacages tant telliens, steppiques et
sylvopastoraux à réhabiliter et pro-
mouvoir disposant d’un réservoir en
unités fourragères inestimables.
Quel serait l’apport de l’arrivée
d’Almarai en Algérie dans cette
conjoncture, sachant alors que ce
groupe est donné comme étant en
difficulté ?
Les expériences des mégaprojets
dans le domaine du lait en Algérie ont
tous connu des échecs. Le premier en
date avec les Américains au niveau de
la wilaya d’El Tarf qui n’a pas atteint
les objectifs assignés, le second avec
ce groupe Almarai qui a bénéficié
d’une ferme pilote de 10 000 ha où il
a introduit quelques équipements et
avait un groupe d’experts en Algérie.
Le troisième, c’est un partenariat
algéro-américain pour l’implantation
d’un projet de 250 000 vaches lai-
tières à Brezina, dans la wilaya d’El
Bayadh.
Pourquoi tous ces échecs et no-
tamment pour Almarai ? Quels sont
les éléments qui ont changé ou plutôt
quels types de garanties ou arran-
gements ont été donnés pour que ce
groupe Almarai relance ce projet chez
nous ? Autant de questionnements
qu’il y a lieu d’élucider. L’autre point
est que cette relance n’est pas dans
le même sens des SKD et CKD, ou
encore une autre forme d’importation
déguisée...
Le ministre a appelé les opé-
rateurs économiques saoudiens à
tirer profit du climat des affaires, des
avantages préférentiels accordés par
l’Algérie aux partenaires, notamment
les pays frères et des facilitations
contenues dans la loi de finances
2020, outres les grands réseaux de
distribution. En plus de ceci, d’autres
avantages seront accordés : foncier
gratuit, eau gratuite, l’électricité à
moindre coût, plus un soutien de 50%
et une main-d’œuvre à faible coût,
plus un transfert d’argent en devises.
L’Algérie est considérée comme une
vache à lait, tout n’est que bénéfice.
Tous ces avantages contribueront
à résoudre les problèmes rencontrés
dernièrement par ce groupe et le boy-
cott de ses produits qui sont dus, selon
la direction d’Almarai, à la hausse
des prix de vente de ces produits par
l’augmentation «du coût de produc-
tion lié à l’énergie, au transport,
à l’importation du fourrage et à la
main-d’œuvre». Sa délocalisation en
Algérie réduira considérablement ses
coûts de production. L’autre explica-
tion la plus probable est que l’inten-
sification agricole dans le désert de
l’Arabie Saoudite depuis les années
1980 arrive à sa fin, elle a épuisé ses
nappes aquifères. Ces dernières an-
nées, les dirigeants saoudiens ont réa-
lisé leur erreur et décidé de rectifier
le tir en supprimant progressivement
les subventions accordées aux pro-
ducteurs de blé et d’autres cultures.
A la fin de l’année 2015, en plus du
blé, ils étalèrent la suppression aux
subventions sur la luzerne (une com-
posante essentielle de l’alimentation
du bétail en Arabie Saoudite). Toutes
ces suppressions ont engendré une
hausse sur les intrants, notamment
l’alimentation animale, qui se sont
répercutés sur les coûts de production.
Pour atténuer cette situation, la seule
issue est d’aller à la recherche de
terres à l’étranger pour leur sécurité
alimentaire. C’est d’ailleurs ce qui a
poussé l’Arabie Saoudite à acheter
des terres dans d’autres pays pour
y produire des produits agricoles à
moindre coût, et l’Algérie est une des-
tination privilégiée.
Est-ce une manière de repro-
duire ce modèle en Algérie ?
Ainsi, le groupe veut calquer ce
modèle en Algérie avec une ferme
laitière de 20 000 vaches et un com-
plexe industriel des plus modernes.
Cette ferme d’élevage devait s’étaler
sur 3000 hectares. A raison de 10 000
litres par vache et par an (trop opti-
miste sachant que la moyenne actuelle
El Watan ÉCONOMIE - 9 mars 2020
chez nous avoisine 3500 litres), la
production atteindra 200 millions de
litres, soit 5,7% de la production na-
tionale et de 2,8% des besoins natio-
naux. Cet apport pourrait-il influen-
cer ou avoir un impact sur la filière ou
sa régulation ? Je ne le pense pas.
Autre question qui risque de
se poser : la production laitière du
groupe Almarai sera-t-elle pour la
consommation locale, ou est-ce pour
satisfaire les besoins en lait de l’Ara-
bie Saoudite ? Si je comprends bien,
l’Arabie Saoudite se délocalise en
Algérie pour satisfaire sa propre
consommation interne…
Est-ce qu’on a épuisé toutes nos
réserves locales pour produire du lait
et aller rechercher de nouveaux inves-
tisseurs pour anéantir nos potentiels
de production ? Non, notre stratégie
de développement n’a pas touché
réellement la vraie problématique de
cette filière qui est : est-ce que nous
avons développé les exploitations
d’élevage hors fermes pilotes mori-
bondes ? Non, on peut les compter sur
les des doigts d’une seule main.
Est-ce qu’on a épuisé toutes nos
réserves biologiques ? Non, en dehors
des vaches dites modernes au nombre
de 300 000 vaches laitières produc-
trices du lait usinable destiné aux
unités de transformation, nos vaches
locales (900 000 VL), nos chèvres
(300 000), nos chamelles (200 000
têtes) et sans inclure nos brebis qui
avoisinent les 20 millions, toutes ces
espèces ne participent pas ou très peu
à la satisfaction des besoins de nos
populations et de surcroît à la sécurité
alimentaire du pays.
Le secteur laitier est ainsi carac-
térisé par la coexistence de deux fi-
lières : une filière locale et une filière
d’importation. Et de là la nécessité
de définir des politiques laitières qui
prennent davantage en compte le
développement des filières locales.
Les conditions climatiques, le relief et
la végétation de notre pays sont beau-
coup plus favorables à l’élevage des
petits ruminants qu’aux bovins ; dans
les systèmes agro-pastoraux anciens,
les fournisseurs de lait ont toujours
été les brebis et les chèvres, les vaches
locales et les chamelles.
Le niveau de production actuel
des races importées est facilement
égalable par l’amélioration génétique
des races locales. Cette amélioration
concernera dans une hypothèse réa-
liste un quart des vaches locales, 5%
●●●
publicité
El Watan ÉCONOMIE - 9 mars 2020
●●●
des brebis, 20% des chèvres
et un tiers de chamelles.
Cette diversification des
systèmes de production agri-
cole vers l’activité laitière
permettra à court ou moyen
terme de réduire considéra-
blement le niveau de nos im-
portations qui passera de 50 à
20% et augmentera le niveau
d’intégration de la produc-
tion nationale d’une façon
significative. Cet impact in-
terne est meilleur que celui
attendu par cette relance et
encore moins coûteux.
Certaines laiteries pri-
vées font face à des pres-
sions ; qu’en pensez-vous
et que cache à votre avis la
décision de fermer l’unité
de Danone à Blida notam-
ment ?
Après le bras de fer avec
les acteurs de la filière lait,
le ministre du Commerce
nous sort un autre feuilleton
intitulé la relance d’Alma-
rai en Algérie. Cette relance
coïncide bizarrement avec
la fermeture des unités de
transformation du lait dispo-
sant d’un potentiel concur-
rentiel pour cette relance.
Pour régler le problème de
la filière lait, il faudra s’atta-
quer à la racine du mal qui
est sans conteste le volet de
production et non aux seg-
ments de transformation et de
distribution. Pour le premier
segment, notre pays dispose
d’une surcapacité (2,5 fois
les capacités) obligeant ces
unités de transformation à ne
travailler qu’à raison de 50%
de leurs capacités, et là est
la vraie problématique de ce
segment. Avec la signature
des accords avec le continent
africain, on pourra utiliser les
capacités de transformation
dormantes en tant que pres-
tataires de services ou carré-
ment importer de la poudre
sous douane et exporter le lait
et dérivés tout en dégageant
une plus-value en devises
qui est un objectif recherché
par le gouvernement. Pour ce
qui est du segment collecte
et distribution, les moyens
existent et il y a lieu de les
moraliser.
En conclusion, com-
ment en finir avec la désor-
ganisation de la filière ?
Si on fait une rétrospec-
tive de la situation actuelle,
on va s’apercevoir que le pro-
blème est interne. Est-ce que
c’est un honneur pour nous
d’avoir un record mondial de
consommation mondiale de
lait liquide (140 litres) alors
que la norme recommandée
par l’OMS est de 90 litres et
que l’on produit à peine la
moitié. Si j’ai besoin de 90
litres de lait, pourquoi est-ce
que je vais en consommer
140 litres ? Si on n’arrête pas
de subventionner les produits
de première nécessité, il y
aura toujours du gaspillage.
Il faut trouver une solution
intermédiaire pour éviter que
les plus riches payent le lait
au même prix que les couches
les plus défavorisées. Sup-
primons les subventions et
augmentons le salaire ou al-
louons une allocation à ceux
qui ont des revenus très bas,
tout va rentrer dans l’ordre :
on consommera comme nos
voisins : la Tunisie avec 85
litres/habitant/an et le Maroc
avec 65 litres. Le retour à la
normale va nous permettre de
nous réconcilier avec nous-
mêmes, notamment dans les
zones rurales où la chèvre re-
trouvera sa place, la chamelle
sa production de lait, sans
oublier la brebis. Imaginons
un instant que cette popula-
tion rurale arrête sa ponction
sur le marché du lait : on
pourra faire gagner un tiers
en tonnage. Avec la vérité
des prix sans subvention, les
citadins pourront réduire leur
consommation au moins de
20%, ce qui nous ramènera
au total de 50%, qui est le
déficit actuel de la filière
lait. La problématique nutri-
tionnelle en protéines sera
réglée par d’autres ressources
alternatives produites locale-
ment et à moindre coût, telle
la pomme de terre. Sur les
4,5 milliards de litres de
lait dont a besoin le mar-
ché algérien, la production
nationale de ce produit était
de 3,52 milliards de litres en
2017, engendrant un déficit
de près de 1 milliard de litres.
Paradoxalement, nos impor-
tations sont de 35 000 tonnes
de poudre, soit en équivalent
lait 3,5 milliards de litres
correspondant à un total de
7 milliards de litres de lait
disponibles sur le marché
national. Donc, nos impor-
tations couvrent le déficit
de la production nationale et
dégagent un excédent de 2,5
milliards de litres correspon-
dant à 55% de nos besoins.
Une question s’impose : où
est passé cet excédent an-
nuel ? Cette question mérite
d’être approfondie, car c’est
une clé de sortie de la crise
et de poser les vrais jalons
pour une stratégie de déve-
loppement de la filière lait
axée sur des bases réelles
et objectives. La croissance
à deux chiffres affichés de
la filière lait ne se reflète ni
dans la stabilisation des prix
ni dans la diminution des
importations de la poudre de
lait. Les forts niveaux de sub-
vention de la poudre de lait
importée et paradoxalement
de fortes subventions de la
production locale n’ont pas
atteint les résultats escomptés
ni sur la réduction de la crise
sur le lait ni pour un dévelop-
pement durable de la filière
lait. Pour en finir avec cette
désorganisation de la filière
lait, trois axes principaux
doivent être mis en place :
diversification des systèmes
de production orientés vers
la production laitière ; diver-
sification des systèmes de
production orientés vers la
production fourragère avec
densification, intensification
et amélioration génétique
des races locales avec option
d’absorption d’une partie.
S. I.
AKLI MOUSSOUNI // INGÉNIEUR AGRONOME
«L’appel à Almarai semble
être plutôt une démarche
politicienne»
dr
Quelle lecture faites-vous de l’ap-
pel lancé à Almarai pour s’installer
en Algérie après l’échec d’une pre-
mière tentative en 2009 ?
L’invitation officielle adressée au
groupe saoudien Almarai d’inves-
tir en Algérie fait partie de toutes
celles qu’on avait engagées en grande
pompe et qui se sont évaporées ins-
tantanément pour avoir été engagées à
travers un marché de dupes.
Comme pour les autres anima-
teurs de ces «partenariats» spontanés,
apparemment le ministre du Com-
merce ignore royalement les enjeux
par rapport à ce produit stratégique en
allant vite en besogne pour proposer
aux Saoudiens de relancer ledit projet
qui a été abandonné en 2009, sans
se demander pourquoi des projets
d’investissement nationaux beaucoup
plus intéressants n’ont pas été auto-
risés, ni pourquoi les groupes indus-
triels qui produisent actuellement du
lait UHT (similaire à celui d’Almarai)
n’arrivent pas à évoluer, pourtant
assignés par contrat pour introduire
50% du lait frais dans le processus au
bout de 10 ans d’activité ! Cet appel
à un groupe industriel étranger ayant
acquis ses machines et conduit son
cheptel avec une technologie achetée
clé en main, dont la gestion est assu-
rée par des étrangers, laisse planer
un doute par rapport à une démarche
plutôt politicienne.
Que cache ce projet à votre avis ?
Sachant que les complexes laitiers
saoudiens ont été érigés pour assurer
la sécurité alimentaire de ce pays sont
devenus au bout de quinze ans d’acti-
vité une problématique insurmontable
à cette sécurité alimentaire pour avoir
consommé une bonne partie des ré-
serves d’eau douce non renouvelables
de ce pays pour avoir tenté de pro-
duire l’alimentation in situ. Sécurité
alimentaire oblige, l’Arabie Saoudite
s’est lancée en conséquence dans
une tentative de s’acheter des terres
à l’étranger, notamment en Afrique
sur les bords du Nil et en Indonésie
où on a failli créer des guerres civiles
pour avoir dilapidé les ressources des
populations rurales de ces pays. Ces
soulèvements réprimés par la force
ont fini par donner des résultats.
L’Arabie Saoudite s’est retrouvée à
rechercher toutes les solutions pos-
sibles, jusqu’à imaginer un projet
saugrenu de détacher et ramener un
Dossier V
iceberg à partir de l’Antarctique pour
réalimenter ses nappes.
Un projet bien entendu qui ne
verra jamais le jour ni technique ni
juridiquement par rapport à la légis-
lation internationale. Cette aubaine
délirante n’a pas eu lieu, ils se sont
donc rabattus sur l’importation de
l’alimentation du cheptel depuis le
continent américain pour produire
du lait, qui coûte l’équivalent de 150
à 180 DA le litre, soit 3 à 4 fois plus
cher que le lait européen. A noter que
le gaspillage de l’eau dans ce pays est
sans commune mesure, sachant que
la consommation annuelle d’eau d’un
citoyen saoudien est de 900 m3, soit, 7
fois la consommation moyenne d’un
Européen.
C’est donc à défaut d’une solution
idoine pour sauver l’agro-industrie de
l’Arabie Saoudite que notre ministre
du Commerce vient offrir une issue
de secours miraculeuse pour le pays
«frère», dans l’ignorance totale de
tous les dangers d’une telle aventure
qui consiste à remettre sur un plateau
d’argent la plus grande réserve d’eau
douce du monde, en l’occurrence
l’Albien que l’Algérie n’arrive pas à
exploiter en l’absence totale de poli-
tique de l’eau et d’un secteur agricole
performant.
Plus que cela, ce contrat de «par-
tenariat» sera entériné dans le cadre
de la «Grande zone arabe de libre
échange» (GZALE), dont l’Algérie
n’a tiré aucun profit du point de vue
fiscalité et opportunités d’affaires.
Comment expliquer que les
groupes industriels algériens du lait
n’ont pas su créer une industrie de la
taille d’Almarai ?
A l’issue du premier projet indus-
triel saoudien, en l’occurrence Al
Safi de 32 000 vaches réalisé par la
multinationale suédoise Delval, il y
eu le projet de Cevital portant sur trois
complexes laitiers de 30 000 vaches
chacun projeté le long de la bande sud
de la steppe qui n’avait pas vu le jour
pour avoir été sabordé à l’époque par
le ministère de l’Agriculture en lui
refusant l’acquisition des terres.
Plus récemment encore, le groupe
Ramy a tenté de réaliser un complexe
laitier dans la région d’El Menia
(Ghardaïa), mais pour lequel on a re-
fusé d’attribuer l’exonération fiscale
sous prétexte que l’industrie du lait
est saturée, bien qu’il dispose sur site
d’un premier lot de vaches laitières
pour lequel il a engagé les premières
cultures fourragères.
Par rapport aux groupes indus-
triels qui activent déjà, ils ne peuvent
évoluer pour avoir été embarqués par
le ministère de l’Agriculture dans
le dispositif de soutien aux petits
éleveurs pour leur faire jouer le rôle
populiste de l’Etat en leur imposant
l’introduction à 50% dans leurs pro-
cessus du lait frais qui doit provenir
avant 10 ans d’exercice de la collecte
du lait des petits éleveurs, puisqu’on
ne leur a pas attribué la terre pour
élever leurs propres cheptels. Ces
dispositifs réglementaires toujours
en vigueur ont mis à sac cette filière
pour avoir favorisé l’importation de
la poudre de lait pour les complexes
industriels qui peuvent même acti-
ver au nom de marques étrangères
comme fausse certification. Ce qui a
d’ailleurs relevé le prix du lait UHT
à environ deux fois son prix. Toute-
fois, les groupes Soummam, Danone,
Hodna et Ifki ont fait un effort impor-
tant par rapport aux directives du
ministère de l’Agriculture pour avoir
introduit du lait frais de la collecte
entre 15 et 40% de leur produc-
tion, mais l’ensemble de ces groupes
couvrent à peine 25% des besoins du
marché national en lait UHT. Ce qui
reste insignifiant par rapport à une
problématique profonde.
Quelle démarche adopter alors
face à cette problématique ?
La solution durable à toute l’agri-
culture algérienne dont la filière lait
existe bel et bien pour l’instant dans
les limites des potentialités à mettre
en œuvre, dont une bonne partie, il
faut le reconnaître, a été dilapidée, en
l’occurrence l’eau, le sol et le pouvoir
de l’investissement privé ou étatique,
largement malmené en l’absence de
politique agricole économique. Cette
solution ne peut être que globale
pour tout le secteur agricole. Elle
consiste dans une première étape en
un changement radical de tous les
mécanismes et dispositifs qui servent
à gérer ce secteur, à commencer par la
construction des filières sur la base de
chaînes de valeur qui puissent valo-
riser à leur tour le produit national.
Dans le cas de la filière lait, tenant
compte du caractère semi-aride de
notre contexte climatique, l’exploita-
tion d’un cheptel bovin laitier ne peut
être que modulaire, dont la taille ne
doit être ni trop petite ni trop grande,
soit entre 100 à 1000 vaches laitières.
C’est le niveau de disponibilité du sol
et de l’eau qui en détermine la taille
de l’investissement. Pour produire
compétitif, il y a lieu de recycler in
situ les résidus, tandis que le veau doit
être transféré en petits lots à l’acti-
vité de l’engraissement au profit des
petits éleveurs. Il faudra se rendre à
l’évidence qu’on ne peut faire évoluer
une situation lorsqu’on ne veut pas
admettre officiellement qu’elle pose
problème ni vouloir reconnaître les
causes, en maintenant en vigueur les
politiques à l’origine de cette problé-
matique, et en même temps, on fait
appel à des investissements étrangers
en guise de solution ! Nous sommes
donc, dans ces conditions, devant une
situation inédite, dont la véritable
solution relève du miracle. S. I.
ERRATUM
Dans le supplément économique du
2 mars, une malencontreuse erreur
s’est glissée dans la légende de la
carte des «Communes selon
l’indicateur de richesse». Il fallait
lire en rouge : les 5% de communes
les plus défavorisées, et en vert : les
5% de communes les mieux
classées. Toutes nos excuses à nos
lecteurs.
VI Tableau De Bord El Watan ÉCONOMIE - 9 mars 2020

PÉTROLE LE CHIFFRE DE LA SEMAINE PRODUITS DE BASE

2,5
Les cours plongent ALIMENTAIRES 2013. Au Vietnam, les Le boisseau de
CAFÉ prix du Viet 5% maïs pour livraison
progressent aussi à en mai, le plus
La livre d’Arabica a 390-400 dollars la échangé, a terminé à
terminé la semaine là tonne, atteignant un 3,8175 dollars.
où elle est partie plus haut depuis
vendredi soir, à 1,1135 décembre 2018. SOJA
milliards de dollars dollars. Quant au En Inde, en revanche, Le boisseau de
C’est le montant de l’investissement annuel supplémentaire Robusta à Londres, il les prix du riz étuvé soja pour livraison
nécessaire d’ici 2030 pour atteindre quelques objectifs de a glissé pour clôturer 5% ont prolongé les
développement durable seulement, selon le représentant en mai, le plus
hier soir à 1 274 pertes en raison de la
Le cours du pétrole coté à New York s’est effondré lundi, permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, l’ambassadeur échangé, a terminé à
après le refus de la Russie d’accentuer les coupes de la Sofiane Mimouni. dollars faiblesse de la 8,9700 dollars.
production d’or noir proposées par l’OPEP afin d’endiguer la CACAO demande et de la
chute des prix, plombés par le coronavirus. Le WTI, baril de COTATIONS dépréciation de la MÉTAUX PRÉCIEUX
référence aux Etats-Unis, pour livraison en avril, a plongé de La tonne de cacao a
10,1%, à 41,28 dollars, un niveau plus vu depuis avril 2016. Le
* NB : - Le tableau reprend les cours commerciaux
terminé la semaine à roupie, qui est Les métaux précieux
BANQUE D’ALGÉRIE (monnaies en compte).
Ces cours ne s’appliquent pas au change manuel
tombée à un plus bas
baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a lui Valeur du 3 mars 2020 (billets de banque et chèques de voyage.
1 955 livres sterling la ont le vent en
dégringolé de 9,4% à 45,27 dollars à Londres, soit son prix de tonne à Londres. de 16 mois. Ils se sont poupe. Aversion au
clôture le plus bas depuis près de quatre ans. établis à 367-371
Quant à New York, risque oblige, les
elle a encore dollars la tonne. cours de l’or se sont
DEVISES dégringolé cette
semaine clôturant à 2
CÉRÉALES
Les prix du soja coté
nettement
appréciés.
L’euro reprend face au dollar 597 la tonne. à Chicago ont reculé OR
SUCRE jeudi après la
L’once d’or a clôturé
Le sucre roux a glissé publication de
chiffres sur les ventes à 1664 dollars la
durant la période tonne
sous revue, à l’étranger inférieurs
terminant sur le aux attentes du ARGENT
marché de New York marché. Le maïs a L’argent retrouve
à 13,42 cents la livre. aussi baissé, tandis
BOURSE D’ALGER aussi des couleurs à
Le sucre blanc, pour que le blé
Valeur du 5 mars 2020
a légèrement 17,37 dollars l’once.
L’euro a temporairement pris plus de 1% vendredi face à un Titre de capital Cotations sa part, a clôturé à
dollar affaibli par les perspectives de nouvelles baisses des Londres à 383,50 progressé. CUIVRE
EGH El Aurassi (AUR) 550,00
taux d’intérêt aux Etats-Unis, à mesure que le coronavirus se dollars la tonne. BLÉ Le cours du cuivre a
Saidal (SAI) 530,00
propage et plombe l’économie mondiale. Vers 20h GMT,
l’euro prenait 0,72% face au billet vert, à 1,1318 dollar, Alliance Assurance (ALL) 422,00 RIZ Le boisseau de fait preuve d’une
quelques minutes après avoir grimpé jusqu’à 1,1355 dollar, un NCA Rouiba (ROUI) 200,00 blé pour livraison en étonnante résilience
niveau plus vu depuis début juillet. L’euro a profité En Thaïlande, les prix
Biopharm (BIO) 1211,00 mai, le plus actif, a et se stabilise à
pleinement de cet accès de faiblesse de la devise américaine du Thaï 5% ont
alors que le yen (+0,95% face au dollar et +0,21% face à AOM Invest SPA (AOM) 490,00 fini la semaine à 5660 dollars la
grimpé à 460-467
l’euro) et le franc suisse (+0,95% face au dollar et +0,23 face - Capitalisation boursière : 44 222 941 267,00 DA dollars la tonne, un 5,1875 dollars. tonne.
à l’euro) ont bénéficié de leur statut de valeur refuge en - DZAIRINDEX : 1525,89 DA
période de turbulences sur les marchés financiers. plus haut depuis août MAÏS

Repères Peut-on réduire substantiellement le chômage ?

ÉCONOMIQUES
nomiques sont beaucoup plus faciles à atteindre
que la réduction drastique du chômage. Les
Banques centrales dans le monde ciblent des taux
d’inflation à atteindre et manipulent les instru-
ments monétaires pour les égaler. Généralement,
elles parviennent à réaliser leurs objectifs ou du
moins les écarts avec les buts fixés sont très tolé-
rables. La plupart des Banques centrales estiment
que des taux d’inflation de 2% ou moins sont
tolérables et elles travaillent à ne pas dépasser
cette limite. Les résultats sont dans l’ensemble
Par Abdelhak Lamiri
très acceptables. Mais pas pour le chômage !
Ce dernier demeure le mal le plus important que
la science économique n’a pas pu éradiquer.
dire que le meilleur remède au chômage est une
économie productive, diversifiée et compétitive
qui crée de la richesse et de l’emploi pour tous
ses citoyens. Les emplois bureaucratiques ou
assistés sont dangereux pour la culture écono-
mique et la dynamique de développement. Un
emploi bureaucratique assisté est parasite. Il se
nourrit d’un salaire sans contrepartie produc-
tive. C’est une aumône déguisée. On a habitué
une grande partie de notre jeunesse à se nourrir
d’une aumône qui crée l’illusion de travail. Un
emploi économique permet de produire des biens
et des services commercialisés qui améliorent
les profits des entreprises. Le réinvestissement
un médecin connaît plus. Il sait que parfois il
calme les douleurs d’une méningite mortelle qui
peut tuer le malade plus tard. En économie, on
sait qu’un emploi assisté permet à une personne
d’être présente à un lieu de travail, de percevoir
un salaire et d’attendre jusqu’à ce qu’un emploi
permanent se libère. Mais notre administratif ne
sait pas qu’avec ces ressources, on aurait pu créer
une microentreprise qui aurait pu créer quatre ou
cinq emplois permanents créateurs eux aussi de
richesses.
Il y a beaucoup de conditions pour que l’injection
de ressources dans l’économie productive induise
des emplois et de la création de richesse en adéqua-

L
e chômage demeure la variable
macroéconomique la moins maî-
trisée dans les pays développés et
surtout sous-développés. C’est un
phénomène de grande ampleur dans
les pays qui n’ont pas su maîtriser leur dyna-
mique de développement économique et surtout
ceux qui sont perturbés par les chaos politiques
de leurs pays, à l’instar de la Syrie où le taux
dépasse les 50% dans les zones sous contrôle de
l’Etat. Même les grandes puissances mondiales
ont du mal à réduire l’impact de ce phénomène,
même si la reprise timide après la crise des sub-
primes avait permis une nette amélioration dans
le traitement du problème. Comme la France qui
a beaucoup de difficultés à descendre sous la
barre des 8%, alors que ses partenaires jouissent
d’un taux deux fois moindre. Avec ses 8,5%, le
pays est loin de réaliser un taux désiré de 4 à 5%.
Il y a beaucoup de phénomènes cachés sous
les simples statistiques fournies par les insti-
tutions spécialisées. Les différences de taux
intercommunautés, tranches d’âges, types de
qualifications, pressions démographiques, taux
d’emplois, etc., éclairent davantage sur les carac-
téristiques profondes du problème. Il faut cepen-
dant noter que beaucoup d’autres variables éco-
DIFFICULTÉS DE LA MAÎTRISE
Lorsqu’on évoque le taux de chômage moyen
dans le monde, on croirait que le problème
est maîtrisé. Il se situerait autour de 5%. Cette
moyenne cache mal la variabilité qui existerait
entre nations. La Chine avec 3,6% et une popu-
lation de plus 1,35 milliard d’habitants explique
en grande partie une moyenne mondiale qui
semble acceptable. Les USA arrivent presque
au même résultat avec 3,8%. Ce qui donnerait à
Trump une forte probabilité de réélection mal-
gré ses déboires politiques. Mais ce taux cache
mal les difficultés de nombreux pays, surtout
en Afrique. Le Mali avec 30% et le Nigeria avec
23% montrent l’étendue des problèmes dans des
pays où le phénomène est loin d’être maîtrisé.
En Algérie, le taux de 11,7 est loin d’être accep-
table, surtout que le chômage des jeunes dépasse
allègrement les 23% et donc nous avons une
jeunesse qui désespère de plus en plus de trouver
un emploi et amplifie le phénomène de l’émigra-
tion clandestine. Malgré les énormes ressources
injectées pour juguler le problème, il demeure
la première préoccupation du pays, avant toute
autre considération.
Economistes et non économistes sont unanimes à
direct ou indirect de ces profits permet de créer
d’autres emplois. La grande différence est là.
Un emploi économique produit de la richesse et
crée d’autres emplois, un emploi assisté réduit
l’investissement productif et détruit des emplois.
Pour un emploi assisté que l’on finance, on
détruit deux à trois autres emplois qui auraient pu
être induits par la création d’un véritable emploi
productif.
LE TEMPORAIRE QUI DURE
Nos administratifs pensent que ces emplois
assistés sont provisoires et donneront lieu bien
plus tard à des embauches pour des emplois à
durée indéterminée. Ceci serait le cas pour une
minorité de personnes. Et de surcroît, pourquoi
immobiliser des ressources financières dans des
emplois improductifs de nombreuses années,
alors qu’elles auraient pu permettre la création
et le développement d’entreprises productives
qui auraient réduit les importations et préservé
les réserves. Le problème des non-économistes
est qu’ils voient ce qui est et non ce qui aurait pu
être. Pour cela, on a un célèbre adage en écono-
mie qui stipule que «peu de connaissances sont
de dangereuses connaissances». Nous savons
tous que le Paracétamol calme la douleur. Mais
tion avec le volume des moyens mobilisés. Pour le
moment, dans notre contexte, la vaste majorité de
ces conditions n’est pas réunie. Nous avons seule-
ment le marché qui est disponible si on maîtrisait
les importations. Mais il nous manque un mana-
gement de qualité pour rendre nos administrations
et nos entreprises efficaces, compétitives et expor-
tatrices. C’est un problème qui n’est pas simple
à régler. Les gouvernements qui se sont succédé
depuis l’indépendance ont tous échoué à ériger un
management efficace qui rendrait notre appareil
économique un instrument de création de richesse
et de développement économique. L’Etat peut aussi
créer des entreprises publiques mais productives
qui emploieraient toute personne disponible pour
créer les emplois et la richesse (lait, blé, habita-
tions bas de gamme, etc.). Mais le gros des emplois
devrait provenir du secteur privé. Il nous manque
beaucoup de choses pour venir à bout du chômage,
car l’essentiel n’y est pas encore : l’organisation de
l’Etat et un management de classe mondiale dans
nos administrations et nos entreprises. On sera
donc condamnés à subir des taux de chômage plus
élevés que nécessaire. A. L.
PH. D. en sciences de gestion
 El Watan - Lundi 9 mars 2020 - 17

C U LT U R E

ENTRETIEN AVEC AMEL ZEN

«Entre ma patrie et ma carrière,

la question ne devrait pas se poser»
Sur scène elle est feu et eau, tantôt tempétueuse, tantôt gracieuse, battre pour leur dignité et liberté n’acceptent pas
de courber l’échine, n’acceptent pas de se vendre
charismatique en tout cas, nourrissant son public nombreux par des et de trahir.
flots de sentiments sincères, des mots sans démagogie et sa Rock- Qui est Djamila, qui fait le titre d’une de tes
attitude. Amel Zen, la diva de Cherchell, a fait du chemin depuis ses chansons ? Que représente-t-elle ?
Djamila, c’est l’Algérie belle qu’on a amochée
premiers pas dans l’association El Kaïssaria de musique andalouse, avant depuis la confiscation de l’indépendance passant
de devenir une icône pour la jeunesse algérienne, une voix cristalline par les années du terrorisme puis les 20 ans de Bou-
reconnue aussi pour ses engagements dans les causes sociales. Et depuis teflika et du système toujours en place. Djamila,
c’est aussi le nom de l’iconique Djamila Bouhired,
le début du mouvement révolutionnaire du 22 février, elle est aux symbole de la Révolution nationale, un rappel
premières lignes des artistes ayant rejoint la cause du peuple. Une naturel.
poignée, hélas, considérant l’armée «d’artistes» qui se nourrissent de la Nous célébrons la Journée internationale
de lutte pour les droits de la femme dans un
mamelle de la rente sous contrôle du ministère de la Culture et ses

organismes sous-traitants, moyennant silence ou, à l’occasion, des
soutiens lâches aux mandats de la honte du président déchu et autres
servitudes. Dans cet entretien accordé à El Watan, Amel Zen se confie sur
ses choix et révèle une intransigeance admirable quant à ses principes.
Propos recceuillis Par aux côtés du peuple... Vous n’avez pas peur de
Nouri Nesrouche représailles qui peuvent affecter votre carrière
en Algérie ?
Vous avez choisi de marquer l’anniversaire On ne négocie pas l’Algérie. Entre ma patrie
du hirak par la reprise du titre Libérez l’Algérie, et ma carrière il n’y a même pas à dire, ni même
ce qui marque aussi une année de votre engage- à comparer, la question ne devrait pas se poser d’ail-
ment dans le mouvement. En tant qu’artiste, que leurs, ce serait grave de les mettre sur un piédestal.
représente pour vous le fait de s’impliquer dans Nous sommes à l’heure de l’intérêt national et non
le mouvement populaire ? personnel, nous vivons un moment historique et de-
S’impliquer dans cette révolution populaire est vons prendre nos responsabilités, les chouhada sont
avant tout un devoir national, citoyen et généra- morts pour ce pays, ils ont donné leur vie, parler de
tionnel, c’est la continuité du combat mené par nos sacrifice de carrière serait indécent à côté.
valeureux martyrs morts pour que nous puissions Ce fut une année chargée pour vous avec plu-
vivre indépendants, libres et dignes dans une Algé- sieurs apparitions et des chansons nouvelles qui
rie Etat des droits et des libertés. ont toutes un lien avec l’actualité politique. Jous-
S’impliquer, c’est vivre, exister, participer à sour, votre dernier album, reprend les thèmes de
l’édifice et poser sa pierre. En tant qu’artiste, je ne la liberté, la démocratie et l’identité, et vous vous
fais que témoigner de mon temps, de la volonté de attaquez surtout à des tabous…
mon peuple, je lie ma voix à celles de mes compa- Effectivement, cette année du hirak a été très
triotes, je l’élève.... ma voix mon seul outil de résis- inspirante, il y a eu ma participation dans Libé-
tance. Je ne suis qu’une note de musique dans toute rez l’Algérie en tant que co-auteur et interprète,
la partition de l’œuvre «la voix du peuple qui veut sa puis Horra le 8 mars 2019, Fajr el Houria à la
liberté et sa dignité». fermeture des accès à la capitale et la montée de
Mais rares sont les artistes qui ont été coura- la répression, Amahvus n’thelleli en solidarité
geux pour afficher clairement leur implication avec les détenus politiques et d’opinion et ceux de
PHOTOS : D. R.
l’emblème amazigh.
Djamila, que j’ai écrite avant le 22 févier et
qui figure sur l’album Joussour, un album réa-
lisé lors de ces cinq dernières années et sorti cette
année 2020. Dans cet album, je me suis attaquée à
certains sujets jugés un peu tabous que je qualifi-
rais d’urgents, d’importants et de nécessaires pour
avancer, dont le sujet sur le danger de l’extrémisme
et l’intégrisme religieux et l’idéologie unique, la
condition de la femme dans la société conservatrice,
le patriarcat, le rapport au corps de la femme, le
danger des codes sociaux figés, le manque de tolé-
rance à la différence, la drague du Saroukh, dont le
titre Daaou.
Dans Détenu de la liberté, que vous chantez
en tamazight, vous exprimez votre solidarité
avec les porteurs de drapeau amazigh, les déte-
nus d’opinion et les militants du mouvement
en général, que vous qualifiez d’«incassables,
inflexibles et incorruptibles»…
En effet. Amahvus ñ telleliou (Le détenu de
la liberté) est un hommage aux détenus pour leur
courage et résistance. Je voulais crier fort le choix
de la liberté au détriment de sa propre liberté
par ce titre, dont le texte est écrit par Abdellah
Bendaoud. Amehvus ñ telleli raconte l’histoire des
hommes et femmes libres, qui ont choisi de com-
contexte de révolution populaire ; avez-vous un
message à cette occasion ?
Je veux dire pour ce 8 mars et pour tous les jours
qu’il ne peut y avoir un Etat de droit, qu’il ne peut
y avoir de liberté et de démocratie, qu’il ne peut y
avoir de justice, qu’il ne peut y avoir de citoyen-
neté sans égalité des droits hommes-femmes,
l’égalité des droits entre citoyens, une Algérie qui
ne fait pas de discrimination entre ses enfants.
A bas le patriarcat et la violence. A bas les codes
sociaux injustes. Nous sommes des citoyennes
à part entière, des individus complets avec un
cerveau entier et non pas à moitié, pour ceux qui
considèrent la femme incapable de raisonner et
de prendre des décisions seules ; nous ne pouvons
plus accepter le statut de mineure à vie et pleine
d’autres injustices consacrées par le code de la
famille. Je dis stop à ce code qui doit être abrogé
dans notre nouvelle Algérie pour laquelle nous
combattons et avons combattu ensemble femmes
et hommes. Et pour finir, je rejoins la campagne
«#Le8MarsNestPasUneFete»,lancée par un groupe
de femmes sur Facebook que je félicite d’ailleurs
et soutiens. Oui, le 8 mars n’est pas une fête mes-
dames et messieurs ; pas de fleurs s’il vous plaît, ni
de parfum ! Rejoignez-nous pour militer tous les
jours pour une réelle justice et égalité et spéciale-
ment ce 8 mars qui est une journée internationale de
lutte pour les droits de la femme. A cette occasion,
je leur dédie une de mes chansons Chkoun enta du
deuxième album Joussour et Heqentarin .
N. N.

RECUEIL DE NOUVELLES TIMEGIWT DE RABHA AÏSSOU

Une nouvelle voix dans la littérature kabyle écrite
● Loin de moi l’idée de rendre jaloux les hommes, j’ai toujours pensé que la belle langue était du côté des femmes ● Elles en sont les dépositaires,
les transmetteuses ● Il semble que la belle littérature est de leur côté aussi ● Rabha Aïssou vient d’en donner la preuve à travers son recueil de
nouvelles Timeriwt (L’attente) publié aux éditions Achab.

D e formation littéraire et férue des belles

lettres, cette auteure a su en tirer profit
pour bâtir ses textes dans une langue si bien
ciselée que le lecteur ne risque pas de s’en
lasser.
Composé de neuf nouvelles, le recueil met
en scène des personnages féminins dans
l’attente : dans l’attente d’un fils disparu,
d’un amant imaginaire, d’une vie meilleure...
Qui mieux qu’une femme pour décrire sa
propre condition ?
L’auteure fait une description poignante de
ses personnages féminins et met le doigt là
où ça fait mal : les femmes portent le poids
d’un ordre familial et social qui les écrase,
les réduit au silence. Ecrire sur leur condition
apparaît ainsi comme une manière de leur
donner voix. N’est-ce pas l’une des fonctions
de la littérature que de donner la parole à
celles et ceux qui en sont privés ?
Sans verser dans le féminisme, ni dans le
pathos, sans se donner le rôle de porte-pa-
role de la femme kabyle, l’auteure scrute
sa condition et donne à voir de l’intérieur
les multiples souffrances qui l’empêchent
d’être, les subtilités qui échappent très sou-
vent au regard de l’homme, ce qui engendre
des malentendus aux retombées parfois
tragiques.
Les nouvelles donnent à vivre, le temps de la
lecture, le quotidien de femmes prisonnières
de traditions anciennes, un quotidien fait
d’humiliations, de violences physiques et
psychologiques tacitement admises par la
société comme dans Tamwarebt (La répu-
diée) où dans Tiziri où la femme répudiée
se voit impuissamment arracher ses enfants.
Lemri (Le miroir) et Tamera (Les noces) dé-
peignent les vaines aspirations de la femme à
la modernité, des aspirations qui se heurtent
au mur de la réalité d’une société clivée par-
fois jusqu’à la schizophrénie.
Le choix du genre de la nouvelle n’est pas
anodin, il permet à l’auteure de dépeindre ses
personnages en suggérant, plus qu’elle ne le
dit explicitement, les déboires qu’ils vivent,
des déboires si pesants au point de tomber
dans l’errance, à l’image de Ferruatamsat
(Ferroudja l’errante), ou de sombrer dans
la folie à l’instar d’une mère dans Ttxil-k a
mmi... (Je t’en supplie, mon fils).
Outre la maîtrise de sa narration, la richesse
de la langue est sans nul doute un trait sty-
listique chez Rabha Aïssou. Les phrases,
même lorsqu’elles sont courtes, sont d’une
densité sémantique intense, d’une richesse
qu’alimente une connaissance très fine
d’expressions idiomatiques. Sous la plume
de Rabha Aïssou ressortent bon nombre de
trésors lexicaux et stylistiques que recèle la
langue kabyle.
Au delà de l’expérience esthétique que le re-
cueil fait vivre au lecteur, les textes donnent
à réfléchir sur les rouages sociaux dont on
peut être inconsciemment prisonniers. La lit-
térature kabyle, à l’image des textes qui com-
posent Timeriwt, contribue à nous en libérer.
Même si elle n’en est qu’à son premier re-
cueil de nouvelles, Rabha Aïssou s’annonce
comme une valeur sûre de la littérature
kabyle écrite.
Amar Améziane

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 El Watan - Lundi 9 mars 2020 - 19

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tous ceux qui ont partagé sa douleur Décès Pensée
participé et partagé et son chagrin La famille Cela fait déjà un an,
sa peine après le suite au décès de Semida a le 9 mars 2019, que
décès de sa chère et son cher et regretté tu nous as quittés
regrettée mère l’immense à jamais laissant
Taous Menzou
Lazar Farid douleur de faire
survenu le 28 février 2020 à derrière toi un
Vos marques de sympathie et vos
Paris. Puisse Dieu le Tout-
part du décès immense vide que
témoignage dans la dure épreuve
que nous avons traversée ainsi que Puissant et Miséricordieux du moudjahid personne ne pourra
votre présence à nos côtés en ces accueillir le défunt en Son Vaste Semida Salah combler. Toi qui as été notre pilier,
pénibles et douloureux moments à l’âge de 87 ans survenu le notre repère dans la vie. Comment
Paradis.
nous a profondément touchée. On t’oublier cher époux, père et grand-
n’oubliera jamais votre réconfort
«A Dieu nous appartenons et à 7 mars 2020. L’enterrement a père
dans cette dure épreuve.
Lui nous retournons.» eu lieu le jour-même à Souk Iamarene Mohamed
Ahras. Que Dieu l’accueille Sa famille demande à tous ceux
Condoléances Condoléances en Son Vaste Paradis.
«A Dieu nous appartenons et
qui l’ont connu et aimé d’avoir une
pieuse pensée pour lui.
Ordre des avocats. Ordre des avocats. Repose en paix.
Barreau de Blida Barreau de Blida à Lui nous retournons.»
Le bâtonnier, les membres du Le bâtonnier, les membres du Conseil
conseil de l’Ordre et l’ensemble des de l’Ordre et l’ensemble des avocats
avocats du barreau de Blida, très du barreau de Blida, très attristés par
attristés par le décès de la mère de le décès du frère de
Maître Hamidi Abdelkader Maître Hannane Mohammed
avocat à Boufarik, lui présentent avocat à Boufarik
ainsi qu’à sa famille leurs sincères lui présentent ainsi qu’à sa famille
condoléances et les assurent en leurs sincères condoléances et les
cette pénible circonstance de leur assurent en cette pénible circonstance
profonde sympathie. de leur profonde sympathie.
«A Dieu nous appartenons et à Lui «A Dieu nous appartenons et à Lui
nous retournons.» nous retournons.»
Le bâtonnier Le bâtonnier
Me Medjdouba Abdelaziz Me Medjdouba Abdelaziz

Condoléances
Ordre des avocats
barreau de Blida
Le bâtonnier, les membres du
Conseil de l’Ordre et l’ensemble
des avocats du barreau de Blida,
très attristés par le décès du père de
Maître Sahraoui Tahar Kaddour
avocat à Cherchell, lui présentent
ainsi qu’à sa famille leurs sincères
condoléances et les assurent en
cette pénible circonstance de leur
profonde sympathie.
«A Dieu nous appartenons et à Lui
nous retournons.»
Le bâtonnier
Me Medjdouba Abdelaziz
 El Watan - Lundi 9 mars 2020 - 20

JEUX - DÉTENTE
HORIZONTALEMENT : 1.Avec entrain 2.Grande fatigue. Quinze sur 15 N°6071 Mots Croisés N°6071
Intercalerai 3.Fin de verbe. Anciens impôts. Salle de spec- Par M. IRATNI
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
tacles 4.Etourdir. Drains de plaie 5.Embrasser. Actinium. Ici 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
6.Délivrance. Que dalle ! 7.Général sudiste. Coins de chemi- 1
I
née. Axe sur carte 8.Changement de timbre. Pièce de la char- 2 II
rue. Attentions 9.Ainsi que. Il soutient les artistes. Gendarme
3 III
du monde 10.Relatives à la neige. Petite patronne 11.Ville
d'Algérie. Courant. Renforce une affirmation 12.Question de 4 IV
test. Pronom vague. Célébration d'un culte 13.Prise d’intérêts 5 V
illicite. Rivière d'Asie. Il dépendait d’un seigneur 14.Qui a vu VI
6
le jour. Impression 15.Langage gaélique. Démonstratif. VII
Entourent. 7
VIII
8 IX
VERTICALEMENT : 1.De façon stable. Tête de canard
9 X
2.Ville engloutie. Capucin. Tirer profit de 3.Qui fait du tort.
10 HORIZONTALEMENT
Habillées 4.Mouillée. Sécher 5.Réfléchi. Génitrices. Outils
I- Qui manque de douceur. II- Echanger des propos
tranchants 6.Pèlerinage à la Mecque. Diffuse. Décharné 7. 11 galants et raffinés. III- Arbuste - Il roule au hasard -
Coefficient de carafe. Frappes. Issu 8.Lierait. Mariés 9.Orient. Outil de dessin. IV- Un des Rocheuses - Evoque un joli
12 cœur - Symbole chimique. V- De façon avide. VI- Les
Sous-vêtements. Etendue d'eau 10.Cercle pour gradés. Gaz de quatre saisons - Sodium - Cependant. VII- Réunions
pub. Copie 11.Fin de verbe. Article de Cordoue. Petit somme 13 d'éléments disparates. VIII- Prénom étranger - Ins-
tinct. IX- Ecarteurs au bloc - Facilite des tracés. X-
à piquer. Iridium 12.Breuvage divin. Débris de verre 13. 14 Poinçons de cordonniers.
Groupe modeste. Sortie. Cassier d'Afrique 14.Périodes.
15 VERTICALEMENT
Ultime au jeu levée 15.Dulcinées. Etat américain. Tonneau.
1- Inacceptables. 2- Conducteur de navires. 3- Produire un
SOL. QUINZE SUR 15 PRÉCÉDENT : HORIZONTALEMENT : VERTICALEMENT : 1.PROPHETIQUE. LAI 2.OISEUX. SURSAUTS 3. effet désagréable à l’œil - Bénéfice. 4- Fleur - Ouvrage de
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HORIZONTALEMENT
Sudoku N°6071
8 6 7
5 7 6 3 4 2 5 9 1 I- RONFLEMENT. II- ABORIGENE. III- CLE -
TERNES. IV- RIME - USE. V- ATELE - SI. VI- PE-
3 1 4 5 8 9 6 2 7 SANTE - GE. VII- OR - NEUTRE. VIII- TERCET -
RÈGLE DU JEU 9 5 2 1 7 6 3 8 4 INO. IX- ERIE - URNES. X- FEE - AGEE.
6 4 5 1 Solution
4 6 9 8 2 1 7 5 3 VERTICALEMENT
Une grille est composée Sudoku
de plusieurs
5 précédent
5 3 1 6 9 7 8 4 2 1- RACRAPOTER. 2- OBLITERER. 3- NOE-
2 8 7 4 3 5 9 1 6 MES - RIF. 4- FR- ELANCEE. 5- LIT - ENEE. 6-
carrés. Chaque carré EGEE - TUTU. 7- MER - SET - RA. 8- ENNUI -
contient tous les chiffres
7 5 2 7 9 5 2 6 4 1 3 8 RING. 9- NEES - GENEE. 10- SEME - OSE.
1 4 8 7 5 3 2 6 9
de 1 à 9. Chaque ligne 3 9 2 4 6 2 3 9 1 8 4 7 5 Fléchés Express N°6071
comme chaque colonne
contient aussi tous les 7 3 4 action de petit écimez portion
chiffres de 1 à 9. déposséder bouclier bateau
Certains chiffres vous 4 action
d’accomplir
action de
dresser
ville
d’Italie
infante
d’Espagne
à voiles
sont donnés, à vous de
trouver les autres. Pour 2 4 3 8
cela, procédez par
déduction et élimination. 6 9 3
circonspecte

En vous aidant de la définition du mot encadré, com- carré de

Tout Codé N°6071
plétez la grille, puis reportez les lettres correspondant terrain
Définition aux bons numéros dans les cases ci-dessous et vous fin faux-
du mot encadré découvrirez le nom d’un personnage célèbre. d’office semblant
Tige de rotang qu’on emploie pour faire des cannes.
langue lac
1 2 3 4 5 1 6 7 5 8 9 9 d’Ecosse Chicano.
faisiez aux USA
10 11 12 6 1 13 1 9 12 10 11 6 votre choix atomes
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12 7 16 6 7 8 1 16 9 12 9 cours essence
espagnol démonstra-
9 1 3 9 12 16 9 16 16 1 9 4 princes de tif gogo
la jungle biblique
16 16 9 5 11 12 2 9 6 16

16 11 12 11 6 1 2 3 9 2
poignées
1 2 17 9 2 6 9 9 16 16 14 7 mesure de
V agent de mandarin
11 16 9 7 1 2 11 5 1 17 liaison

2 12 9 6 16 7 2 11 2 2 9 gardienne de couleur
de la paix brun-roux
16 4 16 9 9 6 1 11 2 16 6
belle puis cela vaut
celé
bête bien mieux
15 7 12 8 11 16 récit ouvre une
réfléchi
imaginaire épitaphe
16 7 2 6 7 2 7
le dernier
reste le
SOL. TOUT CODÉ PRÉCÉDENT : LUCIDE - ENRIQUE IGLESIAS plus prisé

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 El Watan - Lundi 9 mars 2020 - 21

L’ÉPOQUE

ON VOUS LE DIT GRAND PORT COMMERCIAL CENTRE D’EL HAMDANIA (CHERCHELL) KHENCHELA
DES RESPONSABLES
Secousse tellurique de magnitude
3,6 à Biskra Les initiateurs du DE LA DRE SOUS
CONTRÔLE
Une secousse tellurique de magnitude 3,6 degrés sur l’échelle
ouverte de Richter a été enregistrée hier à 8h03 à Djemourah, dans la
wilaya de Biskra, indique un communiqué du Centre de recherche en
mégaprojet sont en prison JUDICIAIRE
Onze personnes, entre
astronomie, astrophysique et géophysique (Craag). L’épicentre de la entrepreneurs et
secousse a été localisé à 11 km à l’est de Djemourah, précise le Craag. responsables de la
Direction des ressources
en eau (DRE) de Khenchela
13 blessés dans un accident ont été placés, en fin de
de la circulation à Skikda semaine écoulée, sous
contrôle judiciaire par le
Treize personnes ont été blessées dans le dérapage, puis le juge d’instruction près le
renversement d’un bus transport de voyageurs survenu, samedi tribunal de Khenchela pour
après-midi, au carrefour de la commune de Sidi Mezghiche, a-t-on divers griefs, en attendant
appris auprès de la Protection civile. Agées entre 5 et 66 ans, les de comparaître devant la
victimes, neuf ayant été évacuées par des citoyens à la polyclinique justice, a-t-on appris
de la commune de Sidi Mezghiche et les autres par les éléments de la auprès d’une source fiable.
Protection civile à l’hôpital d’El Harrouch, souffrent de blessures de Il s’agit de l’ex-directeur
différents degrés de gravité, a précisé la même source. Ce bus de de cette structure, ainsi
transport de voyageurs assure la ligne Skikda-Oum El Toub, a fait que des membres de la

L
savoir la source, notant que l’opération de secours menée par la a «création» du grand port
Protection civile a nécessité l’intervention de 18 éléments de commercial centre d’El
différents grades des unités de Tamalous et d’El Harrouch, trois Hamdania (Cherchell)
ambulances, un camion citerne incendie (CCI) et un camion remorque. avait fait couler beaucoup
De leur côté, les services de sûreté territorialement compétents ont d’encre. Plus grave, la décision
ouvert une enquête pour déterminer les circonstances exactes de politique avait été prise le 30
l’accident. décembre 2015 sans qu’aucune
étude ne soit réalisée. Les
ex-autorités du pays avaient
Des produits alimentaires chargé le bureau d’études
variés saisis à El Tarf sud-coréen Yuill engineering
Co Ltd d’entamer l’étude
Pas moins de 12 400 boîtes de produits alimentaires variés, 5712 avant d’être «expulsé» des
morceaux de fromage, 72 paquets de pâtes et 39 bouteilles de
lieux. L’ex-Premier ministre
shampooing d’origine inconnue et destinés à la contrebande ont été avait instruit le paiement des
saisis dans la wilaya d’El Tarf, a-t-on appris samedi du chargé de la
Sud-Coréens en dizaines
communication de la sûreté de wilaya le commissaire principal de millions de dollars. Les
Mohamed-Karim Labidi. Agissant sur information faisant état d’une
Chinois avaient fait signer le
tentative d’introduction de ces produits en empruntant des routes contrat le 17 janvier 2016, soit
secondaires pour échapper aux services de sécurité, les services de la
17 jours après la décision du
Brigade de recherche et d’investigation (BRI), relevant de la Police dernier Conseil des ministres.
judiciaire, sont parvenus, lors de points de contrôle inopiné, à mettre
Plus étonnant encore, quand
fin aux agissements de six contrebandiers, âgés entre 30 et 50 ans et le ministère en charge du
à saisir trois véhicules touristiques, a ajouté le commissaire principal
mégaprojet saisit les directions
Labidi. de la wilaya de Tipasa en date
du 16 février 2016, c’est-à-
Saisie de 6,5 quintaux de foie dire bien après la décision
politique pour recueillir les
congelé impropre à la informations inhérentes
à l’impact de ce mégaprojet
consommation à Souk Ahras sur l’environnement naturel
Les services de sécurité ont récemment arrêté deux individus (mer, forêt, littoral, faune,
impliqués dans la contrebande de produits consommables en flore), l’agriculture, la forêt,
provenance de la frontière, a-t-on appris auprès de la cellule les centaines d’habitations
de communication de la sûreté de wilaya. Les mis en cause des citoyens érigées à
tentaient d’introduire depuis le territoire tunisien 6,5 quintaux l’intérieur du périmètre,
le tourisme, les monuments
de foie congelé dans des conditions non conformes aux
culturels et historiques. Les
mesures d’hygiène. La viande importée illégalement devait Chinois décident d’installer
être stockée au niveau d’un entrepôt pour être ensuite
proposée à la vente dans d’autres wilayas en utilisant un
moyen de locomotion. Les deux inculpés ont été présentés
AADL : 120 000 SOUSCRIPTEURS AU NIVEAU NATIONAL SONT CONCERNÉS
devant le parquet pour contrebande, création d’une
association de malfaiteurs, atteinte à la santé publique. Ouverture du site web pour la
leurs compatriotes du bureau
d’étude CHEC (China Harbour
Engeneering Company)
pour entamer à nouveau
l’étude en remplacement
de leurs homologues sud-
coréens. Optimiser l’étude du
mégaprojet, tel est le prétexte
trouvé par l’ex-Premier
ministre, une sournoise
manœuvre pour introduire un
autre bureau d’études européen
(Angleterre, France, Belgique),
dénommé Ramboll-Anplea.
L’entrée du bureau d’études
européen a été facilitée grâce
à l’intervention du fils d’un
ex-Premier ministre. Les
initiateurs du mégaprojet
avaient incrusté leurs acolytes,
Kouninef et l’ETRHB Haddad,
dans ce gigantesque chantier.
Selon les documents signés
entre l’Algérie et la Chine,
le délai initial de réalisation
était fixé à 7 années. Les
Chinois devaient exploiter
le port commercial d’El
Hamdania avec ses ports
secs durant 35 années, après
sa mise en service (voir El
Watan du 25 décembre 2017).
A titre d’exemple, deux ZET
et 142 000 m2 de plage vont
disparaître si le mégaprojet voit
le jour. Le site naturel féerique
situé à l’est de la localité
côtière de Cherchell, le long
de la corniche du Chenoua,
imposé par les ex-décideurs commission d’ouverture et
du pays, n’est pas indiqué d’évaluation des
pour abriter une infrastructure soumissions, et des
portuaire d’une dimension entrepreneurs qui sont
continentale. Le dossier a accusés d’entorse à la
été ficelé et l’argent coulait réglementation des
à flots. Le diktat du «gang». marchés publics et d’abus
L’ère de la corruption et la d’autorité, a-t-on précisé.
dilapidation des deniers publics
battait son plein. Ces mêmes
Dans ce sillage, des
entrepreneurs ont déposé,
hautes autorités du pays et leurs
acolytes oligarques qui avaient
l’année dernière, des
plaintes devant le
imposé ce mégaprojet sont
procureur de la République
emprisonnés à présent, depuis pour dénoncer «la
l’avènement de la révolte
dilapidation de deniers
populaire. Durant son bref publics, la violation des
passage à la tête du Premier
procédures de passation
ministère, Abdelmadjid des marchés publics,
Tebboune n’a rien fait pour
mauvaises gestions et
arrêter le massacre. Lors de abus de pouvoir par les
sa dernière rencontre avec
responsables de la DRE», a
les représentants locaux de ajouté la même source.
la presse, Hadj Moussa, le
L’affaire concerne la
wali de Tipasa, fraîchement passation de marchés en
installé répond : «Il n’y a violation de la législation
toujours rien pour ce port.» au profit de «proches
Quant aux responsables chinois
de CSCEC, ils observent le
entrepreneurs», qui ont
silence, dans l’espoir de voir
contracté des marchés
avec des milliards de
les décideurs actuels du pays
se prononcer sur le destin de
centimes.
En mars 2019, une
ce mégaprojet, initié sur des entreprise privée de
mensonges. Leurs anciens travaux publics et
interlocuteurs sont dans hydrauliques avait
leurs cellules, à El Harrach participé à un appel
et à Koléa, à cause de leurs d’offres national pour
implications dans d’autres l’exécution d’un projet
graves scandales. concernant la protection
M’hamed H.
de la ville de Khenchela
contre les inondations
(avec une enveloppe de 40
milliards de dinars). Cette
dernière avait déposé une
plainte auprès du pouvoir

Les voleurs de batteries de remise des décisions d’affectation judiciaire, par laquelle elle
se plaignait d’être exclue
camions arrêtés à Tizi Ouzou L ’Agence nationale de l’amélioration et
du développement du logement (AADL),
a annoncé, samedi dans un communiqué,
en les téléchargeant directement du site web,
«sans se déplacer aux services de l’AADL».
Cette opération concerne 36 wilayas, à savoir
de l’obtention du marché,
malgré le fait qu’elle ait
satisfait tous les critères et
Deux présumés voleurs de batteries de camions ont été interpellés à
Tizi Ouzou, la semaine dernière, par la Gendarmerie nationale suite à l’ouverture de son site électronique pour Oran, Tiaret, Tlemcen, Mascara, Chlef, Sidi présenté l’offre la moins-
une plainte déposée par cinq citoyens de la commune de Frikat la remise des décisions d’affectation des Bel Abbès, Mostaganem, Tissemsilt, Saïda, disant, avec une différence
auprès de la brigade de ce corps d’arme de cette localité suite au vol logements location-vente au profit de 120 000 El Bayadh, Constantine, Sétif, Batna, Jijel, de deux milliards de
des batteries de leurs camions en stationnement devant chez eux, souscripteurs au niveau national. L’AADL a M’sila, Oum El Bouaghi, Mila, Tipasa, Alger, centimes et où les
a-t-on indiqué jeudi à la cellule de communication du groupement indiqué que le site web de l’Agence (www. Annaba, Skikda, El Tarf, Guelma, Souk Ahras, responsables de la DRE
territorial de la wilaya. Agissant sur renseignements, les éléments de aadl.com.dz) est ouvert à partir du 7 mars Tébessa, Aïn Defla, Blida, Médéa, Béjaïa, sont soupçonnés d’avoir
cette même brigade ont ouvert une enquête à l’issue de laquelle ils 2020 pour le retrait des décisions d’affectation Bouira, Djelfa, Boumerdès, Ouargla, El Oued, «favorisé» une entreprise
ont appris l’existence d’un garage de vente de batteries de camions par les souscripteurs, précisant que le délai Ghardaïa et Laghouat. Selon la même source, aux dépens d’autres.
usagées, sis à Lakhdaria dans la wilaya de Bouira. La perquisition du de cette opération qui concernera 120 000 cette opération sera suivie par la remise des L’enquête des services de
garage, en présence des victimes, a permis de découvrir les batteries souscripteurs au niveau national «ne prendra ordres de versement de la troisième tranche sécurité a également
volées en sectionnant les câbles sans les dévisser, et qui ont été fin qu’après la remise totale de toutes les du prix du logement, soulignant que les permis de mettre en
reconnues par les propriétaires des camions. Présentés devant le décisions». L’opération de remise des décisions wilayas concernées par cette opération seront lumière un certain nombre
parquet de Draâ El Mizan territorialement compétent, les présumés d’affectation «se fera de façon progressive», a dévoilées graduellement via le site web suivant d’anomalies dans cette
auteurs des vols ont été placés en détention préventive, a-t-on ajouté fait savoir la même source, ajoutant que les le calendrier fixé. affaire.
de même source. souscripteurs peuvent retirer leurs décisions, APS Mohamed Taïbi

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 El Watan - Lundi 9 mars 2020 - 22

DOPAGE
(ATHLÉTISME)
Encore un cas non
révélé
T outes les Fédérations sportives du
monde sont tenues de signaler les
cas de dopage de leurs sportifs. Ce qui
n’est pas le cas en Algérie, puisque
encore une fois, la Fédération algé-
rienne d’athlétisme (FAA) et la Com-
mission nationale antidopage (CNAD)
maintiennent le black-out total sur les
scandales de dopage qui touchent les
athlètes. La preuve : un athlète algérien
inconnu, à savoir Hicham Amiche (29
ans), a été contrôlé positif en 2018 et a
écopé d’une sanction de deux années,
qui expirera le 13 novembre prochain.
C’est un énième cas de dopage non
rendu publique par les deux instances.
Autant dire que les séries de dopage se
poursuivent dans l’athlétisme algérien,
au su et vu de tout le monde. Sous
d’autres cieux, les ministères des Sports
réagissent immédiatement dans les cas
SPORTS
ÉLIMINATOIRES CAN-2021 (4e JOURNÉE) FOOTBALL
FÉMININ
Zimbabwe - Algérie Les équipes
nationales
se jouera à Soweto en stage
L
a rencontre Zimba- Les sélections nationales
bwe - Algérie, pro- féminines de football (seniors
grammée le 29 mars et U20) poursuivent leur
en cours pour le compte préparation en prévision des
de la 4e journée du groupe prochaines échéances. Le stage
H des éliminatoires de la de l’équipe senior qui prépare
CAN-2021 Cameroun, les éliminatoires de la CAN-
aura bel et bien lieu en 2020 contre le Burkina Faso,
Afrique du Sud, plus pré- prévu au mois d’avril, a pris
cisément dans le stade de fin hier, après quelques jours
Dobsonville de Soweto, d’un intense travail, marqué
situé à 15 km au sud-ouest par du biquotidien chaque jour.
de la capitale Johannes- Vingt-deux joueuses ont pris
burg. L’information a été part à ce stage, dont 7 évoluant
confirmée par la presse lo- en France et 5 nouvelles
cale parue hier, indiquant sélectionnées. Le stage s’est
que c’est la Fédération terminé par une collation à
zimbabwéenne de foot- l’occasion de la célébration
ball (ZIFA) qui a décidé

de dopage qui touchent leurs athlètes.
Pour rappel, c’est grâce aux réseaux
sociaux qu’une affaire de dopage a été
révélée au grand jour après que des
substances dopantes aient été trouvées
dans la chambre d’une athlète, lors d’un
stage au Centre olympique de Sétif.
L’athlète soupçonnée va comparaître
devant la commission de discipline, tout
comme un autre athlète, qui serait impli-
qué dans une autre affaire de dopage.
Chafik. B.
AGO DE LA FA
DE VOLLEY-BALL
Bilans adoptés à
la grande majorité
d’opter pour le stade de
Dobsonville de Soweto.
Toujours selon la presse
zimbabwéenne, la ZIFA
avait opté dans un pre-
mier temps pour le stade
d’Orlando de Johannes-
burg, avant de changer
d’avis, préférant l’enceinte
de Soweto d’une capacité
de 24 000 places. «Lorsque
la CAF a interdit les stades
du Zimbabwe, la ZIFA a
sollicité son homologue
sud-africaine (SAFA). Le
choix initial était de jouer
à Orlando Stadium, mais
la décision finale s’est por-
tée sur Dobsonville. Des
travailleurs ont été aper-
Bennacer et les Verts fixés sur la domiciliation de leur match face aux Warriors
responsables de la ZIFA.
La SAFA a déjà sécurisé
le stade pour accueillir
cette rencontre», précise
le quotidien local Sunday
Mail. Une domiciliation à
Soweto, en Afrique du Sud,
qui met fin à la polémique
concernant cette histoire
de domiciliation du match
Zimbabwe - Algérie, qui
a fait couler beaucoup
d’encre depuis la décision
de la CAF, prise il y a un
peu plus de deux semaines,
du Zimbabwe en raison
de leur non-conformité
et l’état délabré de leurs
pelouses. Les autorités du
Zimbabwe ont même tenté
d’annuler la décision de
la CAF, en entamant une
course contre la montre
pour la réhabilitation du
Barbourfields Stadium de
Bulawayo, à 370 km au
sud-ouest de la capitale
Harare, pour qu’il puisse
accueillir le match face
aux champions d’Afrique,
PHOTOS : DR
tance qui dirige le football
africain a tout rejeté en
bloc, rappelant à la ZIFA
le maintien de l’interdic-
tion, tout en insistant sur
l’obligation de désigner
un stade dans un autre
pays pour abriter le match,
sous peine d’une sanction
financière pour tout retard
dans le choix d’un terrain
pour accueillir la rencontre
Zimbabwe - Algérie. Un
rappel qui a vite fait raviser
la ZIFA, qui a donc décidé,
de la Journée mondiale de la
femme. La sélection des U20 a,
en revanche, entamé un stage
de quelques jours, hier au CTN
de Sidi Moussa, pour préparer
son match contre la sélection
marocaine, prévu le 20 mars
à Rabat, dans le cadre des
éliminatoires du Mondial 2020
de la catégorie. Le match retour
est prévu une semaine après
à Alger. Le staff technique a
convoqué 20 joueuses issues du
championnat national, en plus
de Lamia Saâdaoui qui évolue
en France. D’autres joueuses
évoluant en France rejoindront
la sélection lors du prochain
stage prévu pour la mi-mars.
A. B.

L ’Assemblée générale ordinaire
(AGO) de la Fédération algérienne
de volley-ball, qui s’est tenue ce week-
end à la salle de conférences du siège
du Comité national olympique algérien
(COA) de Ben Aknoun (Alger), était
supervisée par le représentant du MJS
et en présence du doyen du volley-ball
algérien, Lassouani Hachim. Après un
débat très fructueux, qui a tourné autour
de la composante humaine relative
au travail des différentes (10) com-
missions, les 39 membres votants ont
approuvé le bilan moral (34 oui, 4 non
et 1 nul). Ensuite, il y a eu la présen-
tation et la désignation du nouveau
commissaire en la peronne de Mme Ali
Kahina, en remplacement de Mouhoub
Berkani, pour un mandat de trois ans.
Celle-ci a fait la lecture en compagnie
du trésorier de la Fédération du bilan
financier de l’exercice 2019, adopté à
la majorité (37 oui ; 1 non et 1 nul). Au
cours de ce conclave, il y a eu l’adop-
tion à la très grande majorité du PV de
l’AG du 13 mars 2019, le plan d’action
et le projet du budget 2020, et enfin
l’adhésion et l’exclusion des membres
affiliés. Un hommage a été également
rendu au défunt président de l’équipe
du Rija (université d’Alger), Rachid
Sakhraoui (décédé le 28 février 2020).
Puis l’assemblée générale de la FAVB
a approuvé à l’unanimité le projet de la
création d’un championnat national vé-
téran sous forme d’un tournoi tournant
afin de rassembler la famille sportive
et bannir la culture de l’oubli. Dans ce
contexte, une commission, composée
de MM. Hamadi (Sétif), Bouabdellah
(Tlemcen), Mustapha (Alger) et Kaci
(Béjaïa), est chargée de suivre cette
catégorie des anciens volleyeurs afin
d’établir la formule des tournois. A la
fin, la fédération a décidé la levée de
la suspension des joueurs, entraîneurs,
dirigeants, arbitres… N. M.
çus dans cette enceinte d’interdire le déroulement
pour préparer le match, ils
ont été en contact avec les
des compétitions interna-
tionales dans les stades
Forte participation chez
les plus jeunes à Guelma
C ’est sous un climat relativement
froid et humide qu’une course
nationale de vélos route et VTT s’est
déroulée (samedi) à Guelma, à l’initia-
tive de l’association Cyclo-VTT Cala-
ma de la wilaya de Guelma, affiliée à la
Fédération nationale de cyclisme. Une
course, qui a vu la participation d’ath-
lètes dans toutes les catégories d’âge,
issus de plusieurs clubs nationaux,
dont les plus jeunes ont brillé de par
leur présence. «Nous avons enregistré
la participation, dans la discipline
du vélo de route, 33 jeunes issus des
écoles. 57 benjamins, 60 minimes 50
cadets, et ce, sur une distance de 3,5
km. Quant au VTT, 45 participants,
dont des athlètes de haut niveau, ont
pris part à une course sur 40 km»,
ont déclaré, à El Watan, les organisa-
teurs de cette manifestation sportive,
la 2e du genre à Guelma en l’espace
d’une année. En effet, c’est sur un
tronçon routier de la RN20, route de
Constantine, que les pelotons ont pris
le départ, chacun dans sa catégorie et
sa discipline. Malgré l’engouement
et la forte présence des participants,
ici à Guelma, il s’agit d’un sport, qui
n’est finalement pas à la portée de
toute les bourses. «Oui, finalement
c’est un sport de riche pratiqué par des
pauvres», affirme, à El Watan, Abde-
alors que la ZIFA avait
introduit un recours auprès
de la CAF, mais l’ins-
CYCLISME
laziz Laoumari, commissaire interna-
tional en cyclisme, présent à Guelma.
Et de préciser : «Ce que je peux vous
dire que c’est un sport qui est en recul
par rapport aux autres disciplines.
C’est un sport en régression, car cette
discipline est très difficile très dur,e
qui demande beaucoup de moyens. Le
matériel coûte très cher, les clubs n’ont
pas les subventions pour faire face aux
dépenses. Quant aux courses, il y en
a chaque semaine ici et là en Algérie,
mais il faudrait rentrer dans le profes-
sionnalisme. Cependant on ne pas être
un grand coureur tout en évoluant dans
un milieu d’amateurs.» Et de conclure
: «La pâte existe, mais on revient tou-
hier, d’opter pour le stade
de Soweto en Afrique du
Sud. T. A. S.
jours aux moyens. Preuve en est, trois
coureurs nationaux vont courir aux
Jeux olympiques de Tokyo cette année.
Voyez par vous-mêmes, ici à Guelma,
il y a beaucoup de jeunes. Mais arri-
vés aux catégories junior et seniors,
faute de moyens, ils vont certainement
quitter ce sport.» Bien évidemment, le
nerf de la guerre est revenu comme un
leitmotiv dans les propos des athlètes
qu’El Watan a approchés. C’est dire
qu’il y a des parents qui font des sacri-
fices pour doter leur enfant d’un vélo à
120 000 DA et certain n’hésitent pas à
y mettre le double pour du matériel de
compétition.
Karim Dadci
USMBA
L’ex-entraîneur
Oundadji n’est
plus
La nouvelle du décès du
chevronné entraîneur de
football Kaddour Oundadji
est tombée, hier matin, tel
un couperet à Sidi Bel Abbès,
sa ville natale, où il était très
connu et apprécié. Malade et
hospitalisé au CHU Abdelkader
Hassani, le défunt coach qui
a drivé de nombreux clubs de
plusieurs régions du pays fut
un brillant footballeur au sein
du NADIT de Sidi Bel Abbès,
où il était un ailier de poche,
déroutant sur le flanc gauche.
Depuis, cet ex-conseiller des
sports embrassa une longue
carrière d’entraîneur (plus
d’une trentaine d’années). A
commencer par les clubs locaux
de la wilaya de Sidi Bel Abbès,
en passant par le club phare
de l’USMBA dans les années
1990 à d’autres formations de
l’Ouest, telles que Mohamadia,
Maghnia et l’est du pays, où il a
laissé de belles empreintes et
surtout du respect et de l’estime
de tous, eu égard à sa cordialité
et sa sagesse. Les observateurs
sportifs des plus connus diront
de lui : «Il fut des plus dévoués
à sa fonction et la mission qu’il
avait honorées». La rédaction
sportive d’El Watan se joint à
toute la famille et prie Dieu Le
Tout-Puissant de l’accueillir en
Son Vaste Paradis. S. Y.
 El Watan - Lundi 9 mars 2020 - 23

MO BÉJAÏA
Les Crabes droit
vers le DNA
R ien ne va plus pour la formation du
MO Béjaïa avec l’hémorragie qui
se poursuit à domicile depuis mainte-
nant quelques semaines. Ainsi donc, les
poulains du coach Hadjar n’arrivent plus
à gagner, dans la mesure où ils viennent
de concéder un autre faux pas devant un
concurrent direct au maintien, à savoir
l’OM Arzew, en se contentant d’un
match nul sur le score de 1-1, lors de la
rencontre qui a eu lieu avant-hier, same-
di, au stade de l’UMA, en l’absence du
public. En dépit du but libérateur inscrit
à la 10’, les camarades de Rabti ont
laissé filer une opportunité d’améliorer
leur classement et de conserver leurs
chances intactes au maintien en n’arra-
chant qu’un seul point.
Le coach Hadjar a reconnu que ce
faux pas n’arrange pas son équipe, en
déclarant : «C’est un faux pas amer
pour nous, car il n’est pas venu pour
arranger nos affaires d’autant plus que
nous avons misé sur un bon résultat afin
d’améliorer notre classement, dommage
que cela n’ait pas été le cas. Et pourtant,
SPORTS
USM ALGER NA HUSSEIN DEY
Azzi permet au
Le signe indien poursuit Nasria d’y croire
L e NA Hussein Dey a mis fin à
les Rouge et Noir la série de contre-performances
en battant difficilement, samedi, la
coriace équipe du CSC, qui visait sa
quatrième victoire d’affilée à l’exté-
rieur. Les Sang et Or, sans leur pu-
blic, se sont imposés sur le score de 1
à 0 grâce à un but de Azzi de la tête,
sur un centre de Yaya, dans le temps
additionnel de la première période.
Une petite, mais importante victoire
qui dénote, on ne peut mieux, la
détermination des joueurs à lutter
jusqu’au bout pour le maintien,
surtout après avoir perçu deux mois
de salaire. Les visiteurs sont revenus
en seconde période avec la ferme
intention de niveler la marque. Ils
ont eu plusieurs occasions de scorer,
mais c’était compté sans la vigilance
du portier Mokrani, qui a retrouvé
sa place de titulaire. Mokrani a privé
l’équipe adverse à plusieurs reprises
de l’égalisation. L’entraîneur Ben-
seghir, le coach husseindéen, s’est

nous avons inscrit un but au meilleur
moment et il y avait de la place pour
tuer le match, dommage que le manque
d’efficacité nous a fait défaut. Désor-
mais, nous sommes dans une situation
PHOTO : DR
montré très satisfait de la prestation
de ses poulains qui enregistrent leur
première victoire depuis le début de
La joie des Usmistes n’a été que de courte durée avant que le PAC n’égalise dans le temps additionnel la phase retour. «C’est une victoire
salutaire qui nous permet de croire

A
lors que la formation de JSK (1-0) avec leur nouveau coach avait perdu deux points et qu’elle
difficile qui nous impose de bien réagir davantage au maintien, d’autant
l’USM Alger croyait tenir Mounir Zeghdoud. C’est peut-être méritait de remporter la victoire.
pour éviter de se compliquer la tâche.» enfin sa victoire, samedi, au vrai sur le plan du jeu : c’est l’US- Avec cette nouvelle contre-perfor- plus que nos concurrents directs ont
De son côté, le président du CSA/MOB, stade du 5 Juillet, lors du derby algé- MA qui semblait la plus proche du mance, la formation de l’USM Alger perdu. Nous allons préparer serei-
à savoir Arab Bennai, a accusé des an- rois face au Paradou AC, puisque succès en se créant les meilleures aligne son dixième matche sans suc- nement la prochaine rencontre face
ciens dirigeants de sabotage, qui n’a pas l’équipe menait sur le score d’un occasions de la partie et en acculant cès, dont sept en championnat. à l’ASAM dans l’espoir d’amélio-
permis au club de réaliser les résultats but à zéro, Bozok est venu ruiner les son adversaire dans sa zone. Le but C’est l’une des pires séries pour rer davantage notre classement», a
escomptés. L. Hama espoirs des Usmistes dans le temps inscrit, à quelques minutes de la fin un club de Ligue 1 cette saison. Il déclaré en substance Benseghir.
additionnel, en égalisant sur un coup de la partie, a peut-être donné trop faudra dès à présent songer à rebon- Lors de la prochaine journée,
franc direct (1-1). Il a ainsi répondu d’assurance aux joueurs au point de dir très vite. Le prochain match l’équipe sera plus complète avec le
RÉSULTATS à l’autre coup franc de Zouari, qui baisser leur garde et encaisser le but de l’équipe l’opposera le 14 mars retour du latéral gauche Cheraïtia,
ET CLASSEMENTS
TS avait réussi à tromper le gardien égalisateur. Les gars de Soustara ont prochain, au stade Omar Hamadi sachant que Yaya et Boutmene, qui
Moussaoui (82’). fait l’amère expérience qu’un match de Bologhine, au MC Oran. Ce der- revenaient de blessures, ont eu leur
■ LIGUE 1 – 21e JOURNEE Les Rouge et Noir étaient très n’est jamais terminé jusqu’au coup nier, rappelons-le, avait remporté la temps de jeu dans ce match en atten-
NAHD - CSC 1-0 motivés à l’idée d’aller chercher le de sifflet final de l’arbitre. Mounir manche aller sur le score de 4 buts à dant qu’ils reviennent à leur meilleur
NCM - ASAM 0-1 succès qui les fuit depuis le 16 jan- Zeghdoud semblait très frustré par le 0, au stade Ahmed Zabana d’Oran. niveau. S. M.
MCO - JSS 1-1
PAC - USMA 1-1
vier dernier et la victoire devant la résultat, en estimant que son équipe F. B.
ASO - CRB
USB - ESS
2-2
0-2
MC ORAN
CABBA - MCA
JSK - USMBA
3-0
2-0
ASO CHLEF Coup de sirocco
pour El Hamri
Classement
1- CR Belouizdad
2- ES Sétif
Pts
40
36
J
21
21 Les joueurs soutiennent Zaoui
3- JS Kabylie
4- MC Alger
5- CS Constantine
35
34
31
21
20
21 J uste après le nul concédé devant
le CRB (2-2), samedi au stade
supporters pour assurer son main-
tien en Ligue 1. «C’est un objectif
de l’équipe sur le plan technique.
Pour l’entraîneur des Lions du
L e MCO a, encore une fois, raté le
coche dans son antre de Zabana
en se faisant accrocher par une JSS
6- MC Oran 30 21 Mohamed Boumezrag, les joueurs réalisable pour autant que les Cheliff, l’ASO aurait pu s’imposer qui pouvait facilement prendre le bo-
-- JS Saoura 30 21 de l’ASO se sont empressés de conditions soient favorables autour devant le leader belouizdadi si elle
8- AS Aïn M'lila 29 21 nus du match sans que personne ne
manifester leur soutien au coach de la formation, surtout dans cette n’avait pas enregistré la sortie pré- crie au scandale. Le MCO démarra
9- Paradou AC 26 20
-- USM Bel Abbès 26 21 Samir Zaoui, vivement critiqué dernière phase cruciale du cham- maturée (22’) de l’axial Dembélé le match en tambour battant par le
-- USM Alger 26 21 ces derniers temps par une frange pionnat», ont-ils affirmé dans les pour cause de blessures, ainsi que biais d’incursions permanentes qui,
12- CABB Arréridj 25 21 des supporters locaux après les vestiaires à la fin de la partie. d’autres impondérables pour les en fin de compte, furent vendangées
-- ASO Chlef 25 21 échecs essuyés à domicile. Pour Selon nos informations, le coach mêmes motifs.
14- US Biskra 21 21 soit par manque de précipitation ou
les cadres de l’équipe, il n’est pas Samir Zaoui bénéficie également A signaler qu’après ce nul, l’Olym- par l’hardiesse du dernier rempart
15- NC Magra 19 21
-- NA Hussein Dey 19 21 question que le club se sépare de du soutien de la direction du club pique occupe la 12e place avec des visiteurs. La JSS profita du
son entraîneur principal en ces pour les mêmes motifs. Une réu- 25 points, une position qu’il par- laxisme d’une défense aux abois,
■ LIGUE 2 – 22e JOURNEE moments difficiles, estimant que ce nion devait d’ailleurs se tenir, hier, tage avec le CABBA, juste devant suite à un raid de Messaoudi qui a
USMAn - JSMB 3-1 dernier a plutôt besoin de sérénité, entre le staff technique et les diri- les trois derniers qui ferment le mis sur orbite Saâd pour battre impa-
MOB - OMA 1-1 de stabilité et du soutien de tous ses geants pour examiner la situation tableau. Ahmed Yechkour
ASK - MCEE 1-0 rablement Litim (45’ +1). Les locaux
DRBT- RCR 4-0 ont tenté de revendiquer un penalty,
OM - RCA
JSMS - ASMO
1-0
1-0 CR BELOUIZDAD suite à une main d’un défenseur en
pleine surface, et ce, après à un coup
MCS - WAT 2-1 franc de Benhamou (48’), a contra-
USMH - ABS
Classement Pts
2-1
J
Le Chabab laisse filer deux points rio, C’est le JSS qui a failli corser la
note par le remuant Farhi, qui trouva
1- O Médéa
2- JSM Skikda
3- WA Tlemcen
42
39
36
22
22
22
L e CR Belouizdad n’a pas su pro-
fiter du huis clos imposé à son
hôte, l’ASO Chlef, pour revenir avec
a remis les compteurs à zéro (71’).
Ce nul au goût de défaite n’a aucune
incidence sur le classement géné-
Le Chabab, qui vise le 7e titre de
champion d’Algérie cette saison, doit
impérativement faire le plein avant
devant lui un Litim en verve (60’).
Le MCO a éprouvé beaucoup de
difficultés devant une équipe qui a
4- RC Arbaâ 35 22
5- RC Relizane 33 22 un point seulement après le nul qui a ral puisque le Chabab est toujours le déplacement à Sétif lors de la 24e su tempérer les ardeurs d’un onze
-- MC El Eulma 33 22 sanctionné le match (2-2) au terme leader, mais avec seulement quatre journée pour sans doute le match de pas du tout rassurant malgré les
7- ASM Oran 32 22 d’une rencontre à rebondissements. points d’avance sur le désormais l’année. Mais avant cette rencontre, moult raids. C’est grâce à Mansouri,
-- AS Khroub 32 22 Les Belouizdadis, qui étaient menés nouveau dauphin, l’ES Sétif. Les le CRB aura dix jours pour bien encore lui, qui d’un éloquent coup
9- USM Annaba 29 22 au score en première période, ont pu capés de Franck Dumas, qui ont mal préparer le PAC, capable du meilleur
10- MC Saïda 28 22 franc, tiré des 20 mètres, a réussi à
niveler la marque à l’heure de jeu par négocié les deux derniers matchs comme du pire, surtout que le match remettre les pendules à l’heure (78’).
11- DRB Tadjenanet 27 22
12- A Bou Saâda 26 22 Sayoud, avant de prendre l’avantage à l’extérieur, possèdent toutefois se jouera à huis clos. Le match a été Il faut tout de même reconnaître que
-- OM Arzew 26 22 quatre minutes plus tard grâce à un l’occasion de maintenir cet écart ou décalé de 48 heures (lundi 16 mars) la formation locale n’a pas du tout
14- JSM Béjaïa 24 22 but de leur capitaine Nessakh. La le creuser à l’occasion des deux pro- en raison de l’engagement du PAC rassuré ses fans, après avoir réussi
15- USM El Harrach 22 22 joie a été de courte durée puisque chaines journées à domicile, contre en coupe d’Algérie contre l’ASMO, à accrocher le MCA au stade du 5
-- MO Béjaïa 22 22 quelques minutes après, Benhamla respectivement le PAC et l’USMBA. mercredi prochain. S. M.
Juillet (1-1). B. H.
 LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Lundi 9 mars 2020

COMMENTAIRE

La bérézina
Par Ali Bahmane

C
’est parce qu'elle se trouve dans un endroit
sensible d’Alger, entre la place du 1er Mai et
le quartier Belouizdad, que la maison de la
presse Tahar Djaout est devenue le réceptacle
des crises politiques et sociales qui secouent la
capitale. Les anciens de ce lieu emblématique se
souviennent du carnage provoqué, en 1993, par la
bombe du GIA, mais aussi, une année auparavant, de
l’assaut contre les journaux par des militants du FIS
chauffés à blanc, scandant : «Sahafa yahoudia !» Le
drame fut évité in extremis, mais, dès l’année
suivante, l’assassinat de Tahar Djaout ouvrit la
longue liste macabre des exécutions de journalistes
et professionnels des médias. Aussi s’interroge-t-on
sur la signification de cette tentative d’avant-hier
d’un important groupe de personnes de s’infiltrer
dans ce lieu, scandant : «Sahafa chiyata !» Certes, le
contexte actuel est bien différent de celui de la
décennie 1990, ces manifestants peuvent être des
citoyens qui jugent que la presse est en deçà des
ENSEIGNANTS DU PRIMAIRE attentes populaires, qu’elle défend le pouvoir en
place ou ne joue pas un rôle positif. C’est leur droit
Une marche nationale le plus légitime et c’est cela l’esprit du hirak. Mais en
même temps, comment ne pas faire un lien avec les

aujourd’hui à Tizi Ouzou événements de 1991, lorsque l'on sait que,

dernièrement, des personnalités de la mouvance
intégriste ont, sur les réseaux sociaux, ciblé la presse

R
éprimés deux fois à Alger, les ensei- enseignants du primaire (syndicat non déclarations de M. Maariche, le taux de et les journalistes, certains appelant même à des
gnants du primaire marcheront agréé). Dans un communiqué rendu public grève n’y aurait jamais baissé et les mani- actions contre eux. Il n’échappe à personne que
aujourd’hui à Tizi Ouzou. Le départ hier, la coordination appelle à maintenir le festations et sit-in hebdomadaires ont tous l’islamisme politique est en train de se revigorer,
de cette 3e marche nationale est prévu à débrayage national du lundi et à participer été une réussite. mettant à profit le pourrissement de la crise politique
10h depuis l’université Mouloud massivement à cette marche. «Nous avons Pour rappel, les enseignants ont été vic- et les erreurs aussi bien stratégiques que tactiques du
Mammeri. été violentés lors de notre dernière marche. times de violence lundi dernier et empê- pouvoir en place. Et quand l’intégrisme a le vent en
En effet, après avoir été empêchés deux Il est impossible pour nous de réorganiser chés de marcher dans la capitale. Plusieurs
fois de marcher dans la capitale, les ensei- une nouvelle action dans de pareilles d’entre eux, des centaines, ont été audi- poupe, ce sont les démocrates qui payent le prix le
gnants du primaire, en grève depuis le 6 conditions, notamment parce que nous tionnés pendant des heures puis relâchés plus lourd, parmi eux les journalistes : ils nous
octobre dernier, se sont entendu pour mar- avons parmi nous des enseignantes. Nous en fin d’après-midi. Ceci, contrairement à combattent par leurs plumes, il faut leur opposer nos
cher dans la wilaya où le mouvement de ne pouvons pas prendre un pareil risque», la marche du 17 février, où ces enseignants sabres, disait un de leurs chefs charismatiques, remis
grève n’a pas perdu en force depuis son explique Abdelbaqi Maariche, coordina- ont pu atteindre le palais du gouvernement. il y a quelque temps en vedette malheureusement
lancement en octobre. «S’il faut que nous teur de la région Alger-Est. Pour lui ainsi Leurs revendications restent les mêmes. Il – ou curieusement – par un groupe de personnalités
marchions dans les 48 wilayas du pays que tous ses collègues membres de la s’agit essentiellement de la révision et de du hirak. La vigilance est plus que jamais de mise, en
pour obtenir nos droits, nous le ferons. coordination nationale, le choix de Tizi l'allègement des programmes, l’applica- premier dans le milieu de la presse elle-même, où
Notre mouvement est pacifique et n’a Ouzou n’est pas fortuit. Pour eux, la liberté tion du décret présidentiel 266/14 portant souvent les journalistes et animateurs surfent avec
aucune orientation politique. Il restera d’expression et de manifester est bien plus régime indemnitaire, avec effet rétroactif irresponsabilité sur la fibre religieuse et conservatrice
ainsi jusqu’à ce que nos revendications concrétisée dans cette wilaya demandée et le recrutement de superviseurs pour que de la société algérienne. Ils participent à faire le lit de
soient satisfaites», déclare Ilyes Cherrad, plusieurs fois par la base et les différents l’enseignant assure ses tâches pédago- l’intégrisme, la palme revenant aux télés privées
membre de la Coordination nationale des coordinateurs de wilaya. De plus, selon les giques. Asma Bersali engagées dans une quête effrénée de l’audience.
Vigilance ensuite dans la sphère politique dirigeante.
APRÈS L’ÉCHEC DU SOMMET OPEP+ Mais c’est là où le bât blesse. Quelles que soient les
époques, jamais les journalistes n’ont eu à leurs côtés
RIYAD AUGMENTERA SA PRODUCTION les gens du pouvoir, dont la seule motivation est de
AU-DESSUS DE 10 MILLIONS B/J EN AVRIL se doter d’outils de propagande. La construction
d’un contre-pouvoir démocratique n’a jamais été le
■ L'Arabie Saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, probablement plus près de 11 millions de b/j.
prévoit d'augmenter sa production de pétrole brut au-dessus de L'Arabie Saoudite a pompé 9,7 millions de b/j au cours des deux souci des dirigeants, c’est même devenu leur hantise.
10 millions de barils par jour (b/j) en avril, après l'expiration de derniers mois. Aramco devrait maximiser sa production et vendre Aussi, depuis des décennies, délibérément ils ont
l'accord actuel de réduction de l'OPEP et ses alliés fin mars, plus de brut pour protéger sa part de marché, ont indiqué les miné et piégé le secteur, l’ont maintenu à un stade
selon l’APS qui a repris les agences de presse étrangères. Le mêmes sources. L'Arabie Saoudite a une capacité de production archaïque. La dynamique du hirak a quelque fouetté
géant pétrolier d'Etat Aramco augmentera sa production de de pétrole de 12 millions de b/j, ce qui lui permet d'augmenter ce dernier et fait apparaître diverses prises de
pétrole brut après l'expiration de l'accord actuel de réduction de rapidement sa production. Vendredi, un pacte de trois ans entre conscience, y compris dans le secteur public, mais
l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés l'OPEP et la Russie s'est terminé par une acrimonie après que jusque-là, au niveau officiel, rien n'a changé
(OPEP+), ont indiqué des sources à l'agence britannique Reuters. Moscou ait refusé de soutenir des coupes pétrolières plus
fondamentalement, juste quelques bonnes
Les mêmes sources ont précisé que la production d'avril serait profondes pour faire face à l'épidémie de coronavirus.
nettement supérieure à 10 millions de barils par jour, R. E. déclarations d’intention et de vagues promesses. Sur
le terrain, quelques rares combats courageux et dans
tout le reste, c’est la bérézina : bricolage, censures,
POINT ZÉRO manipulations, répression éditoriale avec en prime
des embastillements de journalistes. Et à l’horizon,
Un corona en fuite Par Chawki Amari
un spectre qui pointe, l’intégrisme meurtrier.

A
voir les cellules d’isolement des personnes atteintes par Personne ne le sait, et aux dernières informations, à confirmer
le virus diffusées sur les réseaux sociaux, on peut
comprendre la fuite du patient de Boufarik qui a décidé
encore, il serait au centre Antar aux mains d’une brigade du
DRS qui tenterait, selon des méthodes désapprouvées par météo
de retourner dans la nature. Même si le geste est lourd de l’OMS, de lui faire avouer son emploi du temps. Ce qui pose
Aujourd’hui Demain
conséquences, la prise en charge dégradante des atteints du plusieurs problèmes, ceux qui ont contracté le virus n’étant
Covid-19 a de quoi effrayer chacun. Et une personne atteinte pas forcément des opposants, activistes ou manifestants, 9° ALGER
pourrait refuser de s’y rendre, alors qu’il n’y a pas beaucoup pourquoi les mettre dans ce type de cellule ? Un porteur de
7°
18° 16°
de cas de virus, des chambres confortables pourraient être virus commet-il un délit s’il ne le déclare pas ? Ce qui est sûr,
ainsi aménagées. Mais bref, la police algérienne étant l’une c'est que pour avoir fui et mis la population en danger,
des plus efficaces au monde, aux dernières informations, à l’échappé du corona pourra être poursuivi en justice, pour
8° ORAN 6°
23° 21°
confirmer encore, l’homme âgé de 41 ans aurait été retrouvé mise en danger d’autrui, peut-être atteinte à l’intégrité de la
aux premières lueurs de l’aube à Mostaganem, soit à 300 nation, au moral de l’armée ou à celui de la médecine, ou
kilomètres de Boufarik, soit 24 heures après. Qu’a-t-il fait encore pour attroupement non armé, n’étant plus seul depuis
6° CONSTANTINE 6°
18° 12°
pendant cette journée de cavale ? Est-il allé manger dans un qu’il se déplace avec un virus qui a proliféré dans son corps.
restaurant, passer la nuit dans un cabaret ? Est-il allé nager au Dans ce cas, il pourrait tomber sur un juge sournois qui le
Club des Pins ? S’est-il introduit dans un Conseil des ministres condamnera à la prison et le placera dans une salle commune 11° OUARGLA 7°
ou est-il allé se fondre dans une quelconque manifestation ? de détenus d’opinion.
24° 22°