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[ 2006-

2007]

LES REGLES DE
BASE DU DROIT
CIVIL
Dossier préparé pour le master :
juriste d'affaire
[ Professeur encadrant : Mr. JOUIDI
Préparé par : A.BENBARAKA.]

Professeur encadrant : Mr. JOUIDI


Préparé par : A.BENBARAKA.

1
INTRODUCTION :

L'étude du droit civil a pour principal objet d'éclairer et d'approfondir les


origines et le développement de notre droit, dans le domaine des contrats et
celui de la responsabilité, qui dominent l'ensemble des rapports juridiques
entre les hommes.

A la base du droit civil Le droit des obligations ou théorie générale des


obligations qui est l'ensemble des règles qui régit les obligations: leur
naissance, leur régime, leur extinction apparaît une notion basique.

La notion d'obligation peut être définie, au sens juridique, comme un lien de


droit qui unit au moins deux personnes en vertu duquel l'une d'elles peut
exiger quelque chose de l'autre.

La théorie des obligations est à l'origine non seulement du droit civil, mais du
droit tout entier : le droit commercial, le droit administratif, le droit
international, privé ou public, sont à base de rapports obligatoires, et il n'est
nullement exagéré de dire que le concept « obligationnel » constitue l'armature
et le substratum du droit et même, d'une façon plus générale, de l'ensemble
des sciences sociales.

La pérennité de ce concept s'explique par cette circonstance que la matière


des obligations est une des plus abstraites, et partant des plus
interchangeables qui soient ; les mêmes règles peuvent convenir à des
sociétés qui ont, sur le droit des personnes, ou sur l'organisation de l'État, les
idées les plus variées. Cependant, il faut se garder de raisonner d'une manière
étroitement logique en détachant les règles du milieu social auquel elles
appartiennent. S'il est vrai que la technique juridique a conservé en cette
matière l'empreinte du droit romain, il ne faudrait pas croire que notre
conception de l'obligation soit en tous points semblable aux principes
romains. Ce qui reste vrai, c'est que certaines règles morales, certains besoins
économiques, existent partout et à toute époque.

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Le texte fondateur du droit civil marocain est le dahir formant code des
obligations et des contras, scellé à Marrakech le 12 août 1913, promulgué et
mis à exécution le 30 août 1913 et publié au bulletin officiel du royaume du
Maroc le 12 septembre 1913.

Ce texte a été peu modifié depuis le début du XIXe siècle, et reste, aujourd'hui
encore, le fondement du droit civil Marocain et plus largement de tout le droit
marocain. Son domaine est en effet extrêmement large : a l’exclusion du droit
des personnes (le nom, le statut de la personne humaine, la personnalité
juridique, les incapacités, c'est-à-dire les conditions permettant de passer des
actes, d'être propriétaire de biens, etc), le droit de la famille (filiation, mariage,
pacs, divorce), le droit patrimonial de la famille (régimes matrimoniaux,
libéralités, successions), le doc contient toutes les règles qui régissent le droit
des biens (quels types de biens, meubles ou immeubles, la propriété, la
possession), le droit des obligations et des contrats, et des techniques plus
techniques mais essentielles comme les techniques de prescriptions des
droits.

Antérieurement au DOC, la loi locale était basée sur le droit musulman déformé
et modifié par les usages locaux. Ce droit musulman n’était pas codifié et les
usages locaux étaient incertains, contradictoires et mal connu. Il convenait
donc, pour faire face à cet absence de règles due aussi bien à la pratique
casuistique musulmane qu’aux mauvais réflexes juridiques nés des usages en
vigueur dans les capitulations de légiférer en matière contractuelle, délictuelle
et quasi-délictuelle et d’une telle manière que cette loi puisse se fondre dans
un royaume du Maroc sous protectorat français sans léser, ni les intérêts
économiques des uns, ni les pratiques religieuses des autres basées sur la
sharia.

Le contexte dans lequel ont été forgé le DOC et par conséquent les règles de
base du droit civil marocain était caractérisé par une domination des idées
libérales et volontaristes, et cela se voit à traves les règles et les principes que
contint le DOC.

Toutefois et après presque un siècle de son existence, il semble légitime de se


demander sur l’utilité et l’efficacité d’un tel texte sachant que le contexte

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politico-économique n’est plus le même, ni même l’environnement social et
idéologique.

Répondre a une telle question passe par l’analyse des règles de base qui
constituent la charpente de notre droit mais aussi de leur carence et de leur
insuffisance et cela a travers deux points essentiels :

Premier partie : analyse de la théorie générale des obligations et de sa notion


fondamentale, en l’occurrence, la notion de l’obligation.

Deuxième partie : le sort de ces obligations

PREMIERE PARTIE : UNE THEORIE GENERALE » DES


OBLIGATIONS DANS LE DOC.

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Le législateur de la période du protectorat s’est inspiré du droit français pour
forger le DOC, qui actuellement la base du droit civil marocain, coupant ainsi
court avec le droit musulman qui est essentiellement casuistique et en le
remplaçant par un ensemble de règles qui forment un groupe structuré. Les
règles contenues dans le DOC relatives aux obligations se présentent, en effet
comme un ensemble assez bien structuré et coordonné.

Tournant autour de la notion de l’obligation (chapitre2) et ses sources


(chapitre3), le DOC qu’on croyait être immutable connu actuellement des
assauts diminuant sa crédibilité et son immortalité (chapitre1).

CHAPITRE PREMIER : LA THEORIE GENERALE


ENTRE EFFICACITE ET DESUETUDE

Le DOC est une œuvre datée du début du 20eme siècle qui


porte très fortement la marque du code civil français de 1804.
Les constructions du DOC et les théories qui les sous-tendent
sont donc pour l’essentiel celles du 18 et du début du 19éme
siècle Certains concepts sont certes fondamentaux, Mais le
temps ne s’est arrêté ni à la codification française ni à la
codification marocaine de sorte que le plus souvent en marge
des codes, le droit des obligations a continué à suivre
l’évolution des réalités et des mentalités.

SECTION PREMIERE : PERMANENCE DE LA THEORIE GENERALE DES


OBLIGATIONS

Les règles forgées par le DOC présentent une certaine permanence, c’est-
à-dire qu’elles n’ont guère changé depuis 1912. Certains textes ont certes été
modifiés (surtout la clause pénale, la prescription extinctive), mais dans
l’ensemble on assiste à une non évolution.

Certains textes sont inspirés du droit romain qui, à la fin de leur évolution,
était arrivé à une maturation juridique presque parfaite. Les rédacteurs du
DOC se sont inspirés de cette période où les concepts étaient juridiquement «
parfaits ».

Les techniques sont pour, la majorité, idéologiquement neutres ce qui les


aident à résister aux changements de mentalité.

Certains concepts sont vraiment fondamentaux (bon père de famille à la base


de la responsabilité) et tellement basiques que pour une évolution, il faudrait
une révolution.

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SECTION 2 : ILLUSION PARTIELLE DE LA PERMANENCE DE LA THEORIE
GENERALE DES OBLIGATIONS.

Cette permanence est en partie illusoire car ces règles en apparence


inchangées ont en réalité subi les assauts du temps : elles ont subi une
évolution voire une révolution qui procède de deux tendance :

Sous section 1 : attaques indirectes venant de l’extérieur.

En marge du DOC, et sans toucher à ses textes, le législateur a développé


progressivement une série de réglementation spéciale, qui réglemente des
pans entiers du droit des obligations.

Par exemple, le code du travail du 2002 qui entraîne la protection des


travailleurs sur la base de la théorie de la responsabilité sociale des
entreprises, ou les lois sur les sociétés…. Le champ d’application de
nouvelles lois issues de l’« utérus » du DOC est donc très large.

Les obligations du code civil ne disparaissent pas pour autant.

Car à chaque fois que les réglementations spéciales se trouvent lacunaire ou


ambiguë, on retombe dans le régime de la théorie générale des obligations du
droit Civil qui est le véritable fondement de tous les contrats.

En conclusion, il faut bien avoir à l’esprit que les lois « spéciales » ne règlent
que certains aspects et non tous.

Sous section 2 : attaques indirectes venant de l’intérieur

Les juges en interprétant et en appliquant les textes peuvent les faire évoluer
même si la formulation ne change pas.

Ex. art 230 et 231, le contrat est comme une loi pour les parties contractantes.
Les conventions doivent être exécutées de bonne foi (= principe
d’interprétation). Mais au fil du temps, cet article a pris de plus en plus
d’importance au point de fragiliser le concept fondamental. En 1912, le DOC
était basé sur la liberté, l’individualité et l’égalité. Au cours du siècle, c’est
l’idée de solidarité qui a émergé : les contrats doivent être exécutés de bonne
foi.
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SECTION 3 : IMPORTANCE DE LA THEORIE GENERALE DES
OBLIGATIONS.

La théorie générale des obligations est le fondement commun. Dès qu’il y a


lacune de la loi particulière, un retour au DOC est nécessaire. Une bonne
compréhension du droit commun des obligations permet de comprendre les
règles particulières car elles ont comme objectif de compléter ou de déroger
au droit commun. Il faut donc partir de l’origine qu’on a voulu modifier.

Le champ d’application de la théorie générale des obligations (TGO) est


extrêmement vaste.

L’obligation est à la base du droit civil mais aussi de la vie des affaires car il
régit les relations entre particuliers mais également les relations entre agents
économiques.

CHAPITRE 2 : LA NOTION D’OBLIGATION DANS


LE DOC
L’obligation peut être définie comme le lien de droit en vertu duquel une ou
différentes personnes peuvent contraindre une ou différentes autres personnes
à « donner », à faire ou à ne pas faire quelque chose.

SECTION PREMIERE : DEFINITION DES OBLIGATIONS : POLYSEMIE DES


TERMES.

C’est donc un lien de droit entre deux personnes au minimum. Différents


schémas sont possibles.

A A A

B B’ B’’ B

C’est un lien de droit c’est à dire qu’une personne est tenue à ses obligations
et le créancier peut l’y contraindre en ayant recours aux tribunaux. Est
associé au lien de droit, le pouvoir de contrainte.

En conclusion, nous pouvons dire que le terme « obligation » est polysémique


en ce qu’il désigne à la fois les liens du droit, le lien de droit entre deux
personnes, ou plus rarement, pour désigner le droit du créancier (c’est à dire
son droit d’exiger du débiteur l’exécution de son obligation) ou plus
fréquemment cela désigne la charge qui pèse sur le débiteur, cette dette étant

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un élément négatif de son patrimoine contrairement au créancier où cet
élément est positif vu qu’il ne grève pas son patrimoine.

SECTION 2 : LES OBLIGATIONS EN GENERAL.

Le nombre des obligations étant illimité, il est utile de procéder à une mise en
ordre qui passe nécessairement par des classifications. A cette fin, plusieurs
critères peuvent être retenus (nature, objet, intensité, source de l'obligation)
qui permettent autant de classifications différentes. Cette entreprise, outre
qu'elle donne une première idée de la grande diversité des obligations, permet
de réaliser des distinctions qui font apparaître des différences de nature et de
régime juridique.

Le DOC dans sa structure a opté pour une classification basée sur les sources
de l’obligation, chose qui nous poussera à analyser ces sources dans un
premier temps avant de voir brièvement les autres classifications.

Sous section première : Les sources des obligations

§1 : La classification légale
La source de l'obligation c'est le fait -immédiat- qui lui
donne naissance.

La classification des obligations selon leur source est la classification


adoptée par le D.O.C qui parle des « sources des obligations » et en donne
l’énumération à l’art premier.

Au terme dudit article du D.O.C .Les obligations dérivent des conventions et


autres déclarations de volonté des quasi-contrats, des délits et des quasi-
délits».

§2 : Appréciation de la classification légale


Outre l'ambiguïté et le vieillissement de la terminologie utilisée, la
classification adoptée par le code présente l'inconvénient de placer sur le
même plan des sources d'inégale importance. Ainsi, l'engagement unilatéral
de volonté n'occupe comparativement au contrat qu'une place marginale et on
peut en dire autant des quasi-contrats comparativement à la responsabilité
civile. C'est pourquoi la doctrine a songé à un réaménagement qui conduit à
une classification plus équilibré. On distingue alors les obligations qui
résultent de la volonté de celui qui s'oblige et qui ont pour source un acte
juridique (contrats et actes juridiques unilatéraux) dès-obligations qui

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naissent de la loi Indépendamment de la volonté du débiteur, et qui ont pour
source un fait juridique (responsabilité civile et quasi-contrats).

Selon une doctrine, la véritable source des obligations est la loi. Quand un
contrat fait naître une obligation, c’est uniquement parce que le législateur dit
qu’il y a obligation. Le fondement de ce principe, sont Les articles 230 ET
231 du DOC.

Article 230 DU DOC : Les conventions légalement formées tiennent lieu de


loi à ceux qui les ont faites. Elles ne peuvent être révoquées que de leur
consentement mutuel, ou pour les cas prévus par la loi.

Elles doivent être exécutées de bonne foi (art 231).

Cette nouvelle conception des sources des obligations est basée sur les faits
juridiques sensu lato.

Les faits juridiques sont tout fait quelconque auquel la loi reconnaît des effets
de droit, auxquels la loi attache des obligations.

Sous section 2 : les autres classifications des obligations

§1 : Classification des obligations selon leur


nature
Ce premier critère permet de distinguer l'obligation dite
civile, d'une obligation très particulière dite obligation naturelle.

L'obligation civile est celle qui désigne le lien de droit qui permet au
créancier d'exiger quelque chose de son débiteur. Par contre, dans l'obligation
naturelle le «créancier ne peut rien réclamer à son «débiteur». Néanmoins,
l'obligation naturelle n'en est pas moins une obligation juridique, en ce sens
qu'elle produit un effet de droit. Un effet restreint puisque le
créancier d’une obligation naturelle ne peut pas en exiger l’exécution, mais le
débiteur qui exécuté spontanément ne peut plus revenir sur cette exécution.

Le D.O.C. connaît, sans la nommer, l'obligation naturelle et les dispositions


de l'article 73 permettent d'en délimiter le champ d'application.

§2 : Classification des obligations selon leur


objet
L'objet de l'obligation, retenu ici comme critère de distinction, c'est ce à quoi
le débiteur est tenu envers le créancier.

Bien que le nombre des obligations soit illimité, leur objet se ramène toujours
soit à «donner», soit «à faire», soit «à ne pas faire».

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Le verbe donner est entendu ici dans un sens particulier beaucoup plus large
que son sens habituel. L'obligation de donner ou obligation de dare c'est
l'obligation de transférer la propriété. Le débiteur d'une obligation de donner
doit effectuer au profit du créancier une dation c'est-à-dire non pas une
donation mais un transfert de droit réel.

Il y a obligation de faire quand le débiteur est tenu d’accomplir un fait


positif, de déployer une activité de fournir une prestation. "

Il y a obligation de ne pas faire lorsque le débiteur est tenu de s'abstenir de


certains actes. Pour cette raison, on parle parfois d'obligations d'abstention ou
d'obligations négatives.

L’intérêt de la classification réside, Sur le plan de l'exécution de l'obligation


que cette distinction présente son principal intérêt. En effet, si l'obligation de
donner -dans la mesure où elle est perceptible-peut faire l'objet d'une
exécution forcée, on considère traditionnellement que ni l'obligation de faire
ni l'obligation de ne pas faire ne sont susceptibles d'exécution forcée. C'est
pourquoi, en cas d'inexécution, l'obligation de faire ou de ne pas faire «se
résous en dommages-intérêts» (articles 261 et 262 D.O.C.). Le débiteur
défaillant ne sera donc pas condamné à exécuter (exécution forcée) mais à
réparer le préjudice subi par le créancier du fait de l’inexécution du contrat.
Ce point sera vu malicieusement dans la 2eme partie consacrée au contrat.

§3 : Classification des obligations selon leur


intensité
Ce critère de l'intensité (ou encore de la teneur) de l'obligation permet de
distinguer les obligations de résultat (parfois appelées obligations
déterminées) des obligations de moyens (parfois appelées obligations
générales de prudence et de diligence). Cette classification d'origine doctri -
nale 2 0 est ignorée du D.O.C. mais parfaitement connue de la jurisprudence
marocaine.

Dans son principe, la distinction est simple. L’obligation de résultat est


strictement déterminée : le débiteur promet un résultat précis et il est tenu de
l'atteindre.

Simple dans son principe, la distinction des obligations de moyens et de


résultat n'est pas toujours facile à mettre en œuvre. Le critère le plus
pertinent est probablement celui de l'aléa quant au but poursuivi. Quand le but
poursuivi est hasardeux et aléatoire on en déduira que le débiteur n'a pu
contracter qu'une obligation de moyens.

Le tableau de la notion d’obligation qui est à la base du droit civil marocain


ainsi définie, il reste maintenant à étudier ses sources essentielles, en
l’occurrence, l’acte juridique et les faits juridiques. Ces derniers faisant

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l’objet d’un exposé a part on se limitera donc à étudier les actes juridiques,
leurs régimes et le sort qu’ils peuvent y avoir.

E SORT DES OBLIGATIONS ET DES CONTRATS DANS LE


DOC.

CHAPITRE PREMIER : L’EXECUTION DES


OBLIGATIONS
SECTION PREMIERE : PRINCIPE : L’ART(19)

L’obligation de dare ou de facer s’exécute des l’échange de


consentement.
Dans notre droit, c’est par l’échange des consentements :
l’article 19 s’applique.

Il y a des exceptions. Cela ne vaut que pour les droits réels qui
portent sur une chose existante et individualisée (identifiée) au
moment de la conclusion du contrat.
SECTION 2 : LES OBSTACLES AU PRINCIPE.

Sous section première : OBSTACLES MATERIELS AU PRINCIPE

Ces obstacles matériels tiennent au fait que le droit matériel porte


sur une chose et que cela ne peut se concevoir que sur une chose
existante et individualisée.

§1 : CHOSE FUTURE
La règle de l’article 19, ne s’applique pas lorsque la vente
porte sur une chose future : ex. le fermier vend la récolte de
l’année prochaine au prix du marché au moment où la vente se fera,
le vendeur est-il déjà lié ? La vente existe ; le vendeur ne pourrait
donc pas vendre sa récolte à quelqu’un d’autre. Mais le premier effet
du contrat de vente n’aura lieu que lorsque la chose existera. Mais il
se fera à ce moment là automatiquement (sauf volonté contraire des
parties).

§2 : CHOSE DE GENRE
La règle de l’article 19, Ne s’applique pas lorsque la vente
porte sur une chose de genre (« genus » ≠ « species ») : je
commande une voiture, je signe un bon de commande mais soit la

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voiture n’existe pas encore ou elle existe déjà mais est toujours chez
le fabricant. On n’en deviendra propriétaire qu’au moment où la
voiture sera individualisée, le transfert se faisant automatiquement
au moment de l’individualisation (sauf volonté contraire des parties),
parfois même à l’insu de l’acheteur. Il en supportera les risques.

Sous section 2 : OBSTACLES JURIDIQUES

§1 :L’ARTICLE : 120 DOC (condition


suspensive)
: « Lorsque l’obligation est subordonnée à une condition suspensive, et que la
chose qui fait la matière de l’obligation périt ou se détériore avant
l’accomplissement de la condition, on applique les règles suivantes :

Si la chose a péri entièrement sans le fait ou la faute du débiteur


l’accomplissement de la condition demeure sans objet, et l’obligation sera
considérée comme non avenue.

Si la chose s’est détériorée ou dépréciée sans la faute ou le fait du débiteur, le


créancier doit la recevoir en l’état où elle se trouve, sans diminution de prix.

Si la chose a péri entièrement par la faute ou par le fait du débiteur, le


créancier a le choix, ou de recevoir la chose en l’état où elle se trouve, ou de
résoudre le contrat, sauf son droit aux dommages-intérêts dans les deux cas.

Le tout sauf les stipulations des parties.

Ex. Vente d’un immeuble conclu sous condition suspensive de


l’octroi d’un prêt par une banque à l’acheteur dans les deux mois. A
la suite d’un séisme, la maison périt par cas fortuit. Le prêt est
octroyé le lendemain du sinistre. La condition s’est réalisée et de
manière rétroactive. L’acheteur est censé être devenu propriétaire
dès la conclusion du contrat, et devrait donc, in casu, supporter les
risques.
Si la chose a entièrement péri entre le moment de la
conclusion du contrat et le moment où la condition
suspensive est réalisée, le contrat est censé n’avoir jamais
existé L’article est donc une dérogation au principe de l’art 19 DOC.

§2 : LA CLAUSE DE RÉSERVE DE PROPRIÉTÉ


La règle de l’art 19 n’est pas d’ordre public. Les parties peuvent
donc par une clause retarder le transfert de propriété (librement en
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principe) même lorsque la vente porte sur une species. Ces clauses
sont valables entre parties.
Ex. la loi n° 44-00 relative à la vente d’immeuble en l’état
futur d’achèvement : Protège les particuliers qui font construire
leurs immeubles ou qui achètent sur plan. Cette loi déroge à la
théorie générale des obligations sur certains points : l’acheteur
devient propriétaire des constructions qui s’élèvent au fur et à
mesure de leur incorporation au sol : celui qui fait construire devient
propriétaire des constructions au fur et à mesure qu’elles s’élèvent.
C’est la règle de l’accession. Ce que la loi interdit est une clause
de réserve de propriété : le client devient propriétaire des
bâtiments au plus tôt.
Dans les ventes à tempéraments (vente à crédit, le prix étant payé
en plusieurs mensualités). Une clause de réserve de propriété est
souvent introduite : la propriété de la chose vendue ne sera
transférée à l’acheteur qu’au paiement de la dernière mensualité
(alors que la chose aura déjà été livrée). Le vendeur peut ainsi
reprendre le bien si le consommateur est insolvable, par exemple.
SECTION 3 : LE PRINCIPE DE L’ARTICLE 19 ET LA PROTECTION DES
TIERS

Sou section première : Le principe

Dès l’échange des consentements, le droit de propriété passe dans


le patrimoine de l’acheteur même si physiquement il est toujours
chez le vendeur. Le transfert immédiat de propriété s’impose au
tiers dès le moment où la chose a été individualisée. C’est
l’application du principe de l’opposabilité des conventions aux tiers.
Mais il y a des exceptions.
Sous section 2 : Exception

En matière de vente d’immeuble : n’est pas opposable aux tiers


de bonne foi tant que l’acte de vente n’a pas été transcrit sur le
registre foncier.

Cession de créance ; le créancier cède sa créance à C’ (contrat par


lequel quelqu’un, titulaire d’un droit, en transfère la titularité à une
autre personne). On applique donc également l’art. Aux yeux de
tous, la créance n’est plus dans le patrimoine du cédant mais dans
celui du cessionnaire. Vis-à-vis du débiteur (cédé), la cession ne lui
est opposable que lorsqu’elle a été notifiée, etc.

SECTION 4 : INTERET DE DETERMINER LE MOMENT DU TRANSFERT DE


PROPRIETE.

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Sous section première : Droit de suite et droit de préférence.

Sous section 2 : Le transfert des risques.

§1 : Le principe
Dans notre droit, on applique la règle « res perit domino » (la chose
périt pour son propriétaire). Quelle est l’hypothèse envisagée ? C’est
celle où l’objet de l’obligation de dare (chose vendue) est détruite
par un cas fortuit (ou cause étrangère libératoire, c'est-à-dire sans la
faute du vendeur) avant la délivrance de cette chose.
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§2 : LES RISQUES SONT LIES A LA PROPRIETE


La question que l’on se pose est de savoir qui supporte les risques
de cette perte par cas fortuit. Le vendeur est délivré de son
obligation de délivrance, et sans dommages et intérêts. Mais
l’acheteur doit-il quand même payer le prix convenu ? La réponse à
cette question est l’art 493. LA chose vendue et au risque de
l’acheteur même avant la délivrance.
Elle rend l’acheteur propriétaire et met la chose à ses risques dès le
consentement, encore que la tradition n'en ait point été faite, à
moins que le débiteur ne soit en demeure de la délivrer; auquel cas
la chose reste aux risques de ce dernier

La mise en demeure renverse la charge des risques : La mise


en demeure du vendeur renverse la charge des risques. Il est mis
exception à la règle « res perit domino » lorsque la chose a péri par
cas fortuit avant la délivrance mais après que le vendeur ait été mis
en demeure de livrer la chose.

CHAPITRE 2 :L’INEXECUTION DES OBLIGATIONS


L’inexécution peut être

- totale et définitive

- partielle (vente d’une voiture livrée mais les accessoires font défaut)

- tardive (retard dans l’exécution)

- défectueuse

- des combinaisons sont possibles

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Quelles sont les conditions qui doivent être réunies pour que le
créancier puisse obtenir une sanction ?

SECTION PREMIERE : MISE EN DEMEURE, PREALABLE A TOUTE


SANCTION

Sous section première : le principe

C’est un préalable à toute sanction. C’est le fait pour un créancier de


réclamer l’exécution du contrat au débiteur. Avant de mettre en
œuvre une sanction quelle qu’elle soit qui frappera le manquement
du débiteur, le créancier doit mettre celui-ci en demeure. Cette
règle résulte de l’art 255 du DOC.

Cette mise en demeure se présume quand l’obligation a une échéance. Dans


les autres cas le créancier doit interpeller formellement le débiteur Par
requête adressé au débiteur d’exécuter son obligation dans un délai
raisonnable. L’interpellation peut être par écrit, par téléphone ou même par
citation en justice même devant un juge incompétent.

Sous section 2 : EXCEPTION VOIRE RENVERSEMENT DU


PRINCIPE DE

La formalité de la mise en demeure ne constitue pas en droit marocain un


préalable dans tous les cas. Cela résulte des dispositions de l’article 256 du
DOC, dans trois situations.

§1 : LORSQUE L’EXÉCUTION EN NATURE DE


L’OBLIGATION EST MATÉRIELLEMENT OU
JURIDIQUEMENT IMPOSSIBLE À EXÉCUTER.

§2 : LA MISE EN DEMEURE N’EST PAS


NÉCESSAIRE QUAND LE DÉBITEUR A FAIT SAVOIR
AU CRÉANCIER QU’IL N’EXÉCUTERAIT PAS.

§3 :LORSQU’IL Y A UNE CLAUSE DE DISPENSE


DE MISE EN DEMEURE.

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Sous section 3 : EFFETS DE LA MISE EN DEMEURE

1 1) dès la mise en demeure, le débiteur est en retard


d’exécution
2 2) la mise en demeure a pour effet de renverser la charge des
risques dans la vente et dans les contrats qui portent sur une
obligation de dare .

SECTION 2 : IMPUTABILITE DE L’INEXECUTION :

Sous section première : Les règles de base.

§1 : Le principe

La règle est que l’inexécution doit être imputable au débiteur.

§2 : LES AMENAGEMENTS LEGAUX des règles


précitées.

Si le débiteur s’est engagé à une obligation de moyens,


donc à remplir ses obligations comme un bon père de
famille, c’est le créancier qui doit prouver que l’inexécution
est imputable au débiteur (c'est-à-dire il doit prouver que le
débiteur ne s’est pas conduit comme un bon père de famille, il doit
prouver la faute contractuelle du débiteur.)
Si le débiteur s’est engagé à une obligation de résultats, il
suffit au créancier d’établir (par toutes voies de droit) qu’il
n’a pas obtenu le résultat (ex. n’a pas obtenu la délivrance de
l’objet, etc.). Une fois que c’est établi, le débiteur est présumé
en faute et responsable, sauf s’il parvient à établir
l’existence d’une cause étrangère libératoire
1
Sous section 2 : LA RESPONSABILITÉ EST À LA BASE DE FAUTE

§1 : Les règles de base

La responsabilité contractuelle est à base de faute : grand principe


du droit des contrats.
En effet, si c’est une obligation de moyens, le débiteur n’est
condamné à une sanction que si le créancier prouve qu’il n’a pas
agit comme un bon père de famille.

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Dans une obligation de résultat, aussi, parce que le débiteur est
présumé en faute, mais peut prouver le contraire (cause étrangère
libératoire) et pour autant que le législateur n’en décide autrement.

§2 : LA CAUSE ÉTRANGÈRE LIBÉRATOIRE


A. CONDITIONS :
Il faut :

1) UN ÉVÉNEMENT

Attention : Aucun événement n’est en soi une cause étrangère


libératoire. Il faut donc prouver qu’on a rempli toutes ses obligations
(qu’on a agi comme un bon père de famille).

Cela déboucle de l’article 268 du DOC


1
2 un cas fortuit ou de force majeure (act of God : tempête,
vagues déferlantes, etc.)

1 le fait du prince : un acte de l’autorité publique


empêche l’exécution du contrat

1 le fait du créancier lui-même : par ex., le créancier qui


empêche l’entrepreneur d’accéder au chantier et de commencer le
travail. Si le créancier l’assigne pour retard, le débiteur pourra
invoquer cette cause étrangère libératoire.

1 Le fait d’un tiers : cela peut être une cause étrangère


libératoire à condition que ce soit un tiers dont le débiteur ne répond
pas. Ex. Une personne loue une résidence, lorsqu’il arrive, des
vandales ont détruit la maison. Le créancier devra supporter le
dommage.

2) L’ÉVÉNEMENT DOIT ÊTRE INDEMNE DE TOUTE


FAUTE DANS LE CHEF DU DÉBITEUR AVANT PENDANT ET
APRÈS LA SURVENANCE DE CET ÉVÉNEMENT.

Un incendie survient la nuit dans un garage où se trouve un véhicule


que le garagiste devait réparer. L’incendie est a priori un cas de
force majeure (vandales, court-circuit) mais in casu, il a été appelé
par ses voisins et n’a pas voulu se lever pour s’y rendre. Il sera donc
ici responsable de la destruction de la voiture.

3) L’ÉVÉNEMENT DOIT RENDRE L’EXÉCUTION DU


CONTRAT IMPOSSIBLE.

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4) THEORIE DE L’IMPREVISION

(Obligation rendue plus onéreuse) ≠ cause étrangère libératoire


(obligation rendue impossible). On en arrive à des conséquences
opposées pour le débiteur. Ce sont des appréciations de fait. La
doctrine plaide pour une impossibilité appréciée raisonnablement
pour que le débiteur soit libéré.

Selon une formule maintes fois répétée par la jurisprudence,

On dit parfois que l’événement doit être imprévisible,


inévitable et insurmontable.

C’est la deuxième condition mais libellée autrement. En effet, si


l’événement n’était pas imprévisible mais prévisible et que le
débiteur n’a rien fait pour s’assurer que l’exécution du contrat se
ferait, il serait responsable. « Inévitable » signifie qu’il faut que le
débiteur n’ait rien pu faire pour éviter l’événement « Insurmontable
» il faut que le débiteur n’ait commis aucune faute après
l’événement.

B. EFFETS
Une fois que le débiteur a pu faire la preuve de la cause étrangère
libératoire, il est libéré et sans devoir des dommages et intérêts ni
encourir aucune sanction.
A la suite de la cause étrangère libératoire,
1 • Soit l’inexécution est devenue totalement impossible et
définitivement impossible : le débiteur est libéré définitivement et
totalement
2 • Soit l’inexécution est partielle : le débiteur est libéré
partiellement et doit donc exécuter le reste du contrat mais il y a
une série de cas où l’inexécution partielle sera assimilée à une
inexécution totale (parce que l’inexécution partielle n’aurait plus de
sens pour le créancier ; cela n’a pas de sens dans l’économie du
contrat).

Des cas de force majeure peuvent rendre l’inexécution temporaire :


L’exécution de l’obligation est alors suspendue sans qu’il doive de
dommages et intérêts mais quand le cas de force majeure aura
cessé ses effets, le débiteur devra reprendre l’exécution sans être
responsable du retard qui va probablement s’en suivre.

18
Des cas de force majeure peuvent rendre l’inexécution définitive
quand le délai est essentiel : ex. des muguets du premier mai. Un
retard dans l’exécution équivaut à une inexécution définitive.

SECTION 3: SANCTIONS

Exécution en nature >< exécution par équivalent quand l’exécution


en nature n’est pas possible.

L’exécution peut être volontaire en nature (hypothèse normale)

Le débiteur exécute volontairement ses


obligations telles que promises.

Par équivalent (nouvel accord entre les


parties)
Il y a une transaction pour payer des
dommages et intérêts (rare)
>< Exécution forcée en nature
Le créancier assigne son débiteur et
demande au juge que ce dernier exécute
le contrat comme promis.

Par équivalent

Il doit y avoir assignation pour obtenir des


dommages et intérêts.
Sous section1 : PRINCIPE : DROIT A L’EXÉCUTION EN NATURE

Le créancier peut recourir à l’exécution en nature. La base est l’art


259 du DOC. En cas d’inexécution imputable au débiteur, le
créancier a toujours le droit de demander au juge que le débiteur
soit condamné à exécuter son obligation en nature (exécution
forcée).
Mais dans certains cas, le créancier n’obtiendra pas la condamnation
du débiteur à l’exécution en nature.
a. quand l’exécution est devenue matériellement ou
juridiquement impossible (par la faute du débiteur) � le
créancier devra se contenter de demander l’exécution par
équivalent.
19
b. quand l’exécution en nature est toujours possible mais
qu’elle ne présente plus d’intérêt pour le créancier parce que
le délai convenu était essentiel et qu’il est passé.
c. Lorsque réclamer l’exécution en nature, dans les
circonstances de l’espèce (abus de droit joue in concreto),
serait constitutif d’un abus de droit dans le chef du
créancier.

Toutefois Toute obligation de faire ou de ne pas faire se résout


en dommages et intérêts, en cas d'inexécution de la part du
débiteur.

Toutefois il dispose de certains moyens pour le contraindre a le faire.


Il s’agit essentiellement de :

§1 : L’ASTREINTE

Nous allons envisager l’astreinte dans le domaine des obligations


contractuelles mais elle a en réalité un champ d’application
beaucoup plus large. Elle peut être demandée à l’égard des
personnes privées et des personnes de droit public.
C’est une condamnation accessoire à une injonction du juge qui
porte sur une condamnation principale.
Le but est de favoriser le respect des décisions judiciaires et en
même temps cela favorise l’exécution en nature des obligations
parce que bien entendu, lorsque le débiteur est condamné à une
astreinte, où à une somme spécifique à chaque fois qu’il y a violation
d’une obligation, il est quasi certain qu’on respectera l’ordre du juge.
C’est un palliatif extrêmement efficace.

§2 : La contrainte corporelle.

Il s’agit d’un autre procédé qui tend à assurer l’exécution d’une


obligation judiciairement constatée au moyen de l’incarcération du
débiteur récalcitrant. On espère ainsi que le pour éviter la prison
pour dette, le débiteur saura mobiliser les moyens nécessaires pour
s’acquitter de son dû. Ce procédé peut être efficace mais il est
certainement brutal et attentatoire au respect dû à la personne
humaine. C’est d’ailleurs en raison de son anachronisme que la
prison pour dettes civiles a été depuis longtemps abolie dans
plusieurs pays.
Le Maroc le maintien encore et le considère parmi les règles de base
de son droit civil.

20
Sous section 2 : PALLIATIFS AU PRINCIPE

Toute obligation de faire ou de ne pas faire se résout en dommages


et intérêts, en cas d'inexécution de la part du débiteur.
Néanmoins le créancier a le droit de demander que ce qui aurait été
fait par contravention à l'engagement, soit détruit; et il peut se faire
autoriser à le détruire aux dépens du débiteur, sans préjudice des
dommages et intérêts, s'il y a lieu.
0

§1 : INCONVÉNIENTS DU REMPLACEMENT
JUDICIAIRE
2 • 1° Le remplacement judiciaire suppose une procédure en
justice coûteuse et lente.
3 • 2° Lorsque le remplacement est demandé au juge, celui-ci
est-il obligé de l’accorder si les conditions sont remplies ou a-t-il
encore un pouvoir d’apprécier l’opportunité de cette mesure ? Si l’on
adopte cette thèse, le créancier va en justice, aux frais à sa charge
et n’est pas sûr d’obtenir le remplacement judiciaire.
L’usage selon lequel dans les ventes commerciales, l’acheteur a
le droit de se remplacer unilatéralement, sans devoir passer en
justice préalablement.
Ex. Un acheteur est face à un vendeur qui doit lui livrer le bien
acheté. Le vendeur ne s’exécute pas. L’acheteur a le droit, d’après la
jurisprudence, de se remplacer unilatéralement et donc d’acheter le
même bien et dont les frais seront à charge du premier vendeur.
Des conditions sont requises
1 • urgence
2 • mise en demeure du vendeur même si clause de dispense
3 • l’acheteur doit laisser un certain temps. Par définition, il y
a urgence, donc le délai peut être très bref (même quelques heures)
4 • l’acheteur doit se remplacer au meilleur prix (il doit agir
raisonnablement).

Ces trois conditions sont inspirées du principe de l’exécution de


bonne foi.
1

§2 : L’EXECUTION PAR EQUIVALENT OU LES


REGLES DE LA RESPONSABILITE CONTRACTUELLE
L’intervention judiciaire

L’exécution par équivalent est accordée au créancier la réparation


du dommage qui résulte de l’inexécution (souvent des dommages et
intérêts).

21
Pour mettre en cause la responsabilité contractuelle, il faut 3
conditions
1 - une mise en demeure
2 - l’inexécution doit être imputable au débiteur (comp.
obligations de résultats et de moyens,
1 - un dommage : Il faut un lien causal entre l’inexécution
et le dommage

3
4 Les dommages et intérêts dus au créancier sont, en général, de
la perte qu'il a faite et du gain dont il a été privé, sauf les exceptions
et modifications ci-après.

Le créancier à droit à la réparation de son dommage


Il a droit au damnum emergens perte subie effectivement.
Et au bénéfice manqué : au lucrum cessans
Il a droit à la réparation de son dommage moral, à la réparation de
son dommage futur, à condition qu’il puisse l’évaluer et que ce
dommage futur soit certain ou suffisamment certain : on ne répare
pas un dommage hypothétique, mais l’on répare la perte d’une
chance.

L’exécution par équivalent est à 95 % des dommages intérêts.


1 - Ceux-ci sont moratoires s’il s’agit de dommages et intérêts
dus à cause d’un retard dans l’exécution.
2 - Dans tous les autres cas, ce sont des dommages et intérêts
compensatoires.

§3 : LES CLAUSES RELATIVES AU DOMMAGE :


LES CLAUSES PENALES

Les parties peuvent par la clause pénale prévoir à l’avance dans le


contrat le montant des dommages et intérêts dus en cas
d’inexécution éventuelle du débiteur à l’avenir.
Ces clauses sont intéressantes pour le créancier. Dès qu’il y a
inexécution, il n’est plus obligé de prouver le dommage et de
déterminer son montant.
Les clauses pénales sont fréquentes dans les contrats.
La loi affirme dans la définition de la clause pénale son impact
uniquement indemnitaire. Elle ne peut servir à une peine privée. La
fonction coercitive que la clause pénale pouvait revêtir est
désormais article 264 du DOC.
22
La réduction peut se faire d’office. Il y a souvent défaut du débiteur
en justice. C’est pourquoi le juge, même lorsque le débiteur n’est
pas là, la réduire d’office si nécessaire ART 264.
La clause doit être manifestement excessive pour être réduite. C’est
l’idée de l’application marginale du juge qui s’applique (doctrine
néerlandaise). Manifestement excessif par rapport à quoi ? Ce n’est
pas par rapport au dommage effectivement subi par le créancier
quand l’inexécution est bien là, que l’on va comparer le montant de
la clause pénale : on va comparer par rapport au dommage
normalement prévisible au moment de la conclusion du contrat.
Le texte est impératif. Ce texte protège le débiteur. Le débiteur
pourrait y renoncer à condition que la renonciation intervienne à un
moment où il peut le faire. Certains auteurs pensent que c’est un
texte d’ordre public (parce que le juge peut d’office soulever la
clause pénale excessive).

CHAPITRE 3 : LES EFFETS DU CONTRAT : LES


PRINCIPES DE BASE
SECTION PREMIERE : LE PRINCIPE DE LA CONVENTION- LOI (OU FORCE
DU CONTRAT).

Sous section première : le principe

L’article 230 du DOC dispose que Les conventions légalement formées


tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites. Elles ne peuvent être
révoquées que de leur consentement mutuel, ou pour les causes que
la loi autorise.

Les fondements du principe sont :

1 � repose sur l’autonomie des volontés.


2 �repose sur l’exigence du respect de la parole donnée (dans
l’ordre moral).
3 �repose sur la prise en compte de la confiance légitime du
cocontractant et d’autrui (dans l’ordre social).

sous section2 : IMPLICATIONS DU PRINCIPE DE LA


CONVENTION-LOI

§1 : ENONCÉ DES IMPLICATIONS

23
0
Les parties doivent respecter et exécuter les conventions conclues,
avec comme corollaire que
1.- l’une des parties ne peut revenir unilatéralement sur le
contrat
2.- l’une des parties ne peut mettre fin unilatéralement au
contrat
3.- l’une des parties ne peut modifier unilatéralement le contrat.

§2 : EXCEPTIONS DANS DES CAS PARTICULIERS


1
Il existe une exception générale à la deuxième implication :
Dans un contrat à durée indéterminée, chacune des parties a le droit
de mettre fin unilatéralement au contrat à condition toutefois de
respecter le principe de l’exécution de bonne foi (ce qui impose des
délais de préavis raisonnables). Cette exception est basée sur
l’interprétation des contrats perpétuels.

2
Il y a d’autres cas spéciaux, on se limera à deux exemples car il y a
bien d’autres.

1 baux : la loi permet à chacune des parties de mettre fin au bail


en cours dans certains cas et avec des délais de préavis prévus par
la loi

1 le mandat (les deux parties peuvent y mettre fin à tout


moment).

Le droit de résiliation doit être prévu dans la loi. Il faut chaque fois se
poser la question de savoir s’il est donné à titre impératif (les parties
ne peuvent y déroger) ou supplétif (un écart ou des modalités
différentes sont possibles).

Pourquoi ce principe ?
Pour respecter la liberté contractuelle. Tout citoyen est libre de
contracter mais s’il s’engage pour un temps indéfini sans pouvoir de
se dégager, il ne pourra plus s’engager à nouveau et perd donc sa
liberté contractuelle. C’est pourquoi, mettre fin à ce contrat est
possible unilatéralement et sans motifs moyennant préavis. Ainsi :

Chacune de partie Limites

24
A tout moment Exécution de bonne foi (délai
raisonnable)
Sans motifs Abus de droit.
Sans indemnités

SECTION 2 : LE PRINCIPE DE L’EXECUTION DE BONNE FOI

Sous section première : FONCTION COMPLETIVE DU PRINCIPE


DE L’EXECUTION DE BONNE FOI

Pendant très longtemps, le principe n’avait qu’une fonction


interprétative, c'est-à-dire le texte visait surtout à éviter les contrats
de droit strict du droit romain.

Sous section 2 : FONCTION MODERATRICE DE LA BONNE FOI :


LA THEORIE DE L’ABUS DE DROIT.

La fonction complétive qui trouve une assise légale est : les


conventions obligent non seulement à ce qui y est exprimé, mais
encore à toutes les suites que l'équité, l'usage ou la loi donnent à
l'obligation d'après sa nature. Les parties sont sensées se référer
aux lois supplétives pour les matières non traitées, à l’usage, etc. :
rien de révolutionnaire, c’est la recherche de la volonté. Cependant,
pour développer la fonction complétive, les juges se sont surtout
servis du terme « équité ». Les juges vont, même sans chercher
la volonté des parties, imposer à celles-ci des obligations
additionnelles (nouvelles mais justifiées par l’équité).
Les parties ont un devoir réciproque de loyauté et de solidarité et de
coopération l’une vis-à-vis de l’autre : c’est une sorte de moralisation
du contrat par le juge.
1
2 OBLIGATION D’INFORMATION.

1 OBLIGATION DE SÉCURITÉ ENVERS LE COCONTRACTANT


DANS UNE SÉRIE DE CONTRATS.

1 OBLIGATION DE NON-CONCURRENCE

1 OBLIGATION DE NE PAS ALOURDIR LES OBLIGATIONS DU


COCONTRACTANT ET MÊME DE COOPÉRER À L’EXÉCUTION DU
CONTRAT

25
1 OBLIGATION POUR LE CRÉANCIER EN CAS
D’INEXÉCUTION DU DÉBITEUR DE PRENDRE DES MESURES
RAISONNABLES POUR DIMINUER LE DOMMAGE DONT CELUI-
CI LUI DEVRA RÉPARATION.

Sous section 3 : FONCTION MODIFICATRICE DU PRINCIPE


D’EXECUTION DE BONNE FOI : REJET

On va développer l’idée que dans l’exercice des droits contractuels,


la bonne foi impose aux parties un devoir de modération. Une partie
a un droit qu’elle tire du contrat et peut donc l’exercer mais sans en
abuser !
Le juge peut, dans certaines circonstances, d’empêcher une
partie de faire pleinement valoir ses droits contractuels
lorsque l’exercice que veut en faire la partie ne correspond
pas à un exercice normal et équitable en raison des
circonstances de fait dans lesquelles on se trouve, En matière
contractuelle, les juges n’ont admis que lentement la théorie de
l’abus de droit (celle qui empêche le créancier d’exercer pleinement
ses droits) alors qu’elle était déjà admise ailleurs et notamment en
matière du droit de propriété.
1

§1 : CRITÈRES DE L’ABUS DE DROIT

« L’abus de droit peut résulter de l’exercice d’un droit qui


dépasse (manifestement les limites de) l’exercice normal de
ce droit par une personne diligente et prudente. »
Il y aura abus de droit (évolution)
1 �Lorsque l’une des parties exerce son droit dans le but de
nuire à son cocontractant.
2 �Lorsque l’on exerce son droit sans intérêt ou motif légitime
pour soi-même alors que cela cause un dommage à son
cocontractant
3 �Lorsque entre deux voies possibles d’exercer son droit et qui
offrent le même intérêt pour le titulaire, celui-ci choisit la plus
dommageable pour autrui.
4 �Lorsque une personne exerce son droit en causant un
dommage à autrui qui est sans proportion avec l’intérêt que l’on
retire soi-même de l’exercice de son droit. (critère de
proportionnalité).

26
5 �Lorsqu’il s’agit d’un droit-fonction, il y a abus de droit
lorsque l’on exerce le droit en le détournant de sa finalité.

§2 : SANCTIONS DE L’ABUS DE DROIT EN


MATIÈRE CONTRACTUELLE

« La sanction de l’abus de droit n’est pas la déchéance de ce


droit mais seulement la réduction de celui-ci à son usage
normal, ou la réparation du dommage que l’abus a causé ».

Conclusion

27
L’avènement du dahir formant code des obligations et des contrats en droit
marocain est la résultante de plusieurs facteurs. En premier lieu il est issu
d’un contexte historique et d’une volonté politique liée à la nécessité d’une
réorganisation judicaire du Maroc.

Le but pratique était, non point de résoudre toutes les questions concrètes
pouvant surgir dans le pratique, mais de prescrire des règles d’une portée
suffisamment générale et ordonnées en système. Donc des règles aisées à
découvrir et à connaître de telle sorte que s’y référant, juges et citoyens
puissent déduire facilement de quelle manière telle ou telle difficulté concrète
doit être résolue.

On peut affirmer en conclusion que les buts et les objectifs assignés au DOC
ont été atteints permettant ainsi une bonne application du droit dans le
protectorat ainsi que nous l’avons vu à travers la notion d’obligation et du
contrat.

L’originalité du DOC qui est à la base du droit civil marocain tient


incontestablement au fait qu’il constitue une tentative de conciliation entre
droits civils de pays européens et droit civil musulman.

Toutefois, il faut reconnaître que l’excellence de ce monument de base du


droit civil marocain n’est pas sans a mettre en doute et ses théories de base et
ses règles fondamentales qui deviennent de plus en plus désuètes parfois
même incompatible avec ce que l’évolution exige.

La reforme du DOC et avec lui l’ensemble des règles de bases que contient
n’est plus une hypothèse d’école, car plutôt une exigence qui devient de plus
en plus pressante.

L’angle de vue de cette reforme prendre en considération d’autres facteurs et


d’autres conceptions nouvelles, qui ne sont pas nécessairement en phase avec
la théorie de la volonté et les corollaires qui en découle. Et qui sont le
résultat de la mondialisation, de la concurrence et des nouvelles technologies.

Bibliographie

28
 O.Azimane

« Le contrat », le fennec, volume1, 1995.

 . Bénabent,

« Les obligations », 6ème éd., Montchrestien, 1997.

 J. Carbonnier,

« Droit civil », t. 4, Les obligations, 21ème éd., PUF,


1998.

 M.Musons,

« la responsabilité délictuelle et quasi-délictuelle


dans le droit marocain du protectorat(1913-
1956),1ere édition, manuels et travaux
universitaires,2006.

 « La Semaine Juridique JCP », éditions Générales, 1995 - 2004.

 Revue Trimestrielle De Droit Civil, Dalloz, 1990 - 2003.

Table des matières

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