Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Réalisé
par
:
Ayoub
BERDAI
Adam
BOUGRINE
Ainsi, l’étude de la criminalité sociétaire veut que l’on traite des infractions en matière
1
Mohamed
Jaouhar,
“Lecture
dans
le
droit
pénal
des
affaires:
Cas
du
droit
pénal
des
sociétés
anonymes”,
Colloque
sous
le
thème
“Dix
années
de
droit
des
entreprise
au
Maroc”,
IMADE
2007
2
Wilfrid
Jeandidier,
Droit
pénal
des
affaires,
6ème
édition,
Dalloz
de
non
respect
des
dispositions
de
l’article
330,
ou
autrement
dit
de
la
répartition
des
bénéfices
non
distribuables.
Cette
approche
est
tout
à
fait
cohérente
et
nous
renvoi
au
titre
relatif
à
la
responsabilité
pénale
et
ainsi
assimiler
une
telle
infraction
à
celle
de
la
distribution
de
dividendes
fictifs.
En
effet,
pour
diverses
raisons,
les
dirigeants,
parfois
même
appuyé
par
les
actionnaires,
seraient
tentés
de
distribuer
à
ces
derniers
des
dividendes
que
l’on
peut
qualifier
de
fictifs.
Nous
pouvons
à
ce
stade
ajouter
que
les
dividendes
en
question
existent
bel
et
bien.
Ce
qui
est
fictif
en
revanche,
ce
sont
les
bénéfices.
Autrement
dit,
en
distribuant
de
faux
bénéfices,
on
distribue
en
réalité
des
réserves,
voire,
ce
qui
est
encore
plus
grave,
le
capital
social.
Un
tel
acte
est
de
par
défaut
inscrit
au
registre
pénal
dans
la
mesure
où
la
distribution
de
dividendes
fictifs
évoque
à
la
fois
l’abus
de
confiance
et
l’escroquerie
:
abus
de
confiance
envers
les
actionnaires
et
la
société
-‐
dans
l’hypothèse
où
ils
ne
sont
pas
partie
prenante
à
l’acte
délictueux
-‐,
et
escroquerie
vis-‐à-‐vis
des
tiers.3
Par
ailleurs,
plusieurs
auteurs
s’accordent
pour
affirmer
que
le
délit
de
distribution
de
dividendes
fictifs,
doit
naturellement,
si
ce
n’est
obligatoirement,
être
précédé
d’une
autre
infraction,
à
savoir
la
présentation
de
comptes
inexacts.
Cet
état
d’esprit
trouve
racine
dans
l’idée
selon
laquelle
la
dissimulation
de
la
véritable
situation
de
la
société
n’est
jamais
en
elle
même
le
but
poursuivi.
Ce
n’est
qu’un
moyen
de
parvenir
ou
de
tenter
de
parvenir
à
un
certain
résultat
qui
sera
de
tromper
les
actionnaires
ou
les
tiers
dans
des
buts
bien
précis.
Nous
pouvons
même
aller
plus
loin,
et
concevoir
la
participation
du
commissaire
aux
comptes
à
la
réalisation
de
ces
infractions.
En
effet,
il
paraît
illogique,
voir
particulièrement
délicat
d’envisager
la
possibilité
de
frauder
les
comptes
sans
le
concours
direct
ou
indirect
de
l’organe
chargé
de
leur
contrôle.
A
ce
stade
de
la
réflexion,
nous
pouvons
nous
poser
les
questions
de
savoir
comment
se
réalise
le
délit
de
distribution
de
dividendes
fictifs
?
Comment
d’autres
infractions
pourraient
favoriser
sa
commission
?
3
Philippe
Conte
et
Jean
Larguier,
Droit
pénal
des
affaires,
Armand
Colin,
2004
I- L’incrimination de la distribution de
dividendes fictifs :
L‘étude
de
la
distribution
de
dividendes
fictifs
est
une
entreprise
aussi
bien
délicate
qu’ambitieuse.
Délicate
car
elle
impose
l’étude
de
ses
caractéristiques,
qui
heurtent
en
leur
conception
d’autres
infractions.
Ambitieuses
car
elle
nous
permet
de
rejoindre
la
conception
de
responsabilité
pénale
telle
qu’habituellement
étudiée
dans
toute
infraction
au
droit
des
sociétés.
Ainsi
notre
étude
consacrera
son
premier
axe
aux
caractéristiques
de
ladite
infraction
{
A
}
pour
pouvoir
dans
en
second,
traiter
de
l’imputation
et
de
sa
répression
{
B
}.
A- Caractéristiques de l’infraction
Le
délit
de
distribution
de
dividendes
fictifs
est
une
infraction
grave
du
droit
des
sociétés
dans
la
mesure
où
elle
affecte
le
capital,
gage
des
créanciers
sociaux,
la
pérennité
de
la
société
et
l’ordre
économique
en
général.
En
effet,
la
distribution
de
dividendes
fictifs
opère
comme
un
mirage,
donnant
une
impression
générale
de
fallacieuse
prospérité
qui
risque
d’être
fatale
à
la
société
et
à
tous
ceux
qui
auront
été
amenés
à
s’engager
avec
elle
4.
C’est
à
cet
égard
que
la
législation
marocaine
a
prévu
au
niveau
de
la
loi
17-‐95
une
disposition
pénale
qui
incrimine
cette
infraction
qualifiée
par
certains
de
véritable
gangstérisme
sociétaire.
De
la
lecture
de
l’article
384
de
la
loi
17-‐95
il
ressort
que
ce
délit
comporte
un
élément
matériel
et
un
autre
moral.
L’élément
matériel
se
décompose
en
deux.
Nous
retrouvons
d’une
part
:
Ø Le
défaut
d’inventaire
:
L’inventaire
se
définit
comme
un
relevé
de
tous
les
éléments
d’actif
et
de
passif
au
regard
desquels
sont
mentionnées
la
quantité
et
la
valeur
de
chacun
d’eux
à
la
date
du
document5.
Le
livre
d’inventaire
doit
contenir
le
bilan
et
le
compte
de
produits
et
charge
de
chaque
exercice6.
Parmi
les
fraudes
pouvant
affecter
l’inventaire
le
législateur
en
distingue
deux.
4
J.Larguier et P.Conte, Droit pénal des affaires : Armand Colin, 11e édition , 2004, n°400
5
Article 6, Décret n°83-1020 du 29 novembre 1983 pris en application de la loi n° 83-353 du 30 avril
1983 et relatif aux obligations comptables des commerçants en France.
6
Loi n ° 9-88 relative aux obligations comptables des commerçants
L’absence
d’inventaire.
Cette
première
situation
est
rare
d’autant
plus
que
la
jurisprudence
française
assimile
à
un
inventaire
tout
état
suffisamment
complet
et
détaillé
pour
permettre
aux
actionnaires
d’apprécier
la
consistance
de
l’actif
et
du
passif
social,
si
il
n’y‘a
pas
d’inventaire
au
sens
stricte
peuvent
y
suppléer
par
exemple
des
balances
semestrielles
et
complètes.
Quand
à
l’inventaire
frauduleux
second
défaut
d’inventaire
visé
par
la
loi,
il
s’agit
ici
de
l’inexactitude
de
l’inventaire.
Une
telle
situation
sera
envisagée
dans
les
développements
qui
suivent
eu
égard
au
fait
qu’elle
constitue
une
infraction
autonome.
D’autre
part,
l'absence
d'inventaire
ou
l'inventaire
frauduleux
ne
pouvant
pas
à
eux
seuls
constituer
la
distribution
des
dividendes
fictifs.
Il
faut
qu'il
y’ait
eu
effectivement
une
répartition
des
dividendes
fictifs
à
la
suite
d'une
décision
de
distribution,
ce
qui
nous
amène
à
la
seconde
condition
préalable
qui
est
:
Ø La
fictivité
du
dividende
ou
plus
exactement
l’existence
de
faux
bénéfices.
Le
bénéfice
distribuable
est
constitué
par
le
bénéfice
de
l’exercice
diminué
des
pertes
antérieur
ainsi
que
des
sommes
à
porter
en
réserve
en
application
de
la
loi
ou
des
statut,
et
augmenté
du
report
bénéficiaire.
Apres
approbation
des
comptes
annuels
et
constatation
de
l’existence
de
sommes
distribuables
l’assemblée
générale
détermine
la
part
attribuée
aux
associés
sous
forme
de
dividendes.
Ainsi
tout
dividende
prélevé
sur
des
sommes
non
distribuables
est
fictif.
Tel
est
le
cas
du
dividende
prélevé
sur
le
capital
social
qualifié
de
gravissime,
ou
sur
la
réserve
légal
assimilé
au
capital.
Mais
cette
prohibition
ne
s’arrête
pas
là.
Les
réserves
facultatives
au
même
titre
que
le
capital
et
la
réserve
légale
bénéficient
aussi
de
cette
intangibilité,
en
effet
la
protection
de
cette
incrimination
s’entend
aux
réserves
statutaires
si
celles
si
sont
prévu,
ainsi
que
les
réserves
de
réévaluation,
et
les
réserves
occultes.
Les
réserves
libre
compte
à
elles
posent
problème,
ces
réserves
proviennent
de
bénéfices
réalisés
lors
d’un
exercice
précèdent
que
l’assemble
n
a
pas
voulu
distribuer.
Il
est
donc
tout
naturel
de
se
poser
l’interrogation
suivante
;
la
distribution
de
dividende
issu
de
ses
réserves
constitue-‐t-‐elle
un
délit
?
La
réponse
de
la
jurisprudence
française
est
nuancée 7 .
Il
en
ressort
que
la
distribution
des
réserves
libres
n’est
licite
que,
si
l’opération
est
clairement
présentée,
autrement
dit
si
l’assemblée
générale
décide
la
mise
en
distribution
de
sommes
prélevé
sur
les
réserves,
la
décision
doit
dans
ce
cas
expressément
indiquer
les
postes
de
réserves
sur
lesquels
les
prélèvements
sont
effectués.
Il
n’y
a
pas
que
les
réserves
qui
puissent
alimenter
les
dividendes
fictifs,
il
peut
en
effet
être
tentant
de
songer
à
distribuer
des
bénéfices
futurs,
non
encore
réalisés,
ou
encore
de
distribuer
un
intérêt
fixe
ou
intercalaire
par
la
stipulation
d’une
clause
d’intérêt
fixe
ayant
pour
but
de
permettre
à
la
société
de
verser
un
intérêt
aux
actionnaire
même
en
absence
de
bénéfices
et
de
réserves
libres.
7
Affaire
Léonard,
Cass.
Crim,
22
Janvier1937
:
Bull.
crim.
N°7.
La
distribution
des
dividendes
fictifs
est
une
infraction
intentionnelle.
À
côté
des
éléments
susmentionnés,
les
auteurs
doivent
avoir
agi
sciemment.
Dans
ce
cas
l’élément
morale
exigé
par
la
loi
est
un
dol
général
classique
qui
ici
est
la
connaissance
de
l’inexactitude
du
bilan
et
la
fictive
des
dividendes
distribués.
B- Imputation et répression de l’infraction
Dans
la
suite
logique
des
choses
et
après
avoir
ressorti
les
caractéristique
du
délit,
c’est
à
présent
à
sa
répression
que
nous
nous
intéresserons,
de
ce
fait
et
dans
un
soucis
pratique
nous
nous
soumettrons
à
la
division
classique,
à
savoir,
exposer
d’une
part
les
règles
de
fond
autrement
dit,
les
auteurs
de
l’infractions
et
ses
sanctions,
et
d’autre
part
les
règles
de
forme,
qui
sont
la
prescription
et
l’action
civil.
Si
l’on
revient
au
texte
incriminateur,
il
en
ressort
que
les
auteurs
principaux
de
la
distributions
de
dividendes
fictifs
sont
d’abord
et
avant
tout,
les
dirigeants
de
droit
qui
sont,
dans
les
sociétés
anonymes
à
conseil
d'administration,
les
membres
du
conseil
d'administration,
le
président
et
les
directeurs
généraux
extérieurs
au
conseil;
Et
dans
les
sociétés
anonymes
à
directoire
et
à
conseil
de
surveillance,
les
membres
de
ces
organes8.
Les
gérants
et
administrateurs
responsables
sont
ceux
qui
sont
en
fonction
au
jour
de
la
décision
du
conseil
créant
un
droit
privatif
au
profit
des
actionnaires,
et
non
pas
au
jour
de
la
confection
du
bilan
ou
de
son
approbation,
même
s’ils
n’ont
pas
assisté
à
la
délibération
qui
a
décidé
de
rendre
public
l’annonce
de
la
distribution,
du
moment
qu’ils
étaient
au
courant
des
affaires
de
la
société
et
n’en
avaient
pas
moins
laissé
décider,
commencer
et
continuer
la
distribution
de
dividendes9.
En
revanche,
ne
peuvent
être
retenu
comme
auteurs
principaux,
les
administrateurs
ayant
participé
à
la
confection
de
l’inventaire
frauduleux,
mais
ayant
cessé
leurs
fonctions
antérieurement
à
la
décision
de
mise
en
distribution
effective
des
dividendes,
ainsi
que
l’administrateur
nommé
postérieurement
à
la
décision
du
conseil
de
mettre
en
distribution
le
dividende
fictif.
Dans
cette
même
logique
les
personnes
morales
ne
peuvent
en
aucun
cas
être
responsables
pénalement,
l’on
conclu
donc
que
lorsqu’une
société
est
administrateur
d’une
autre
le
préjudice
dans
ce
cas
est
attribué
à
son
représentant
permanant.10
Les
dirigeants
de
fait
quand
à
eux
sont
au
même
titre
que
les
dirigent
de
droit
exposés
à
la
responsabilité
pénal,
et
ceci
en
vertu
de
l’article
374
de
la
loi
17-‐95,
qui
dispose
que
les
dispositions
visant
les
membres
des
organes
d'
administration,
de
direction
ou
de
gestion
seront
applicables
à
toute
personne
qui,
directement
ou
par
personne
interposée,
aura,
en
fait,
exercé
la
direction,
l'administration
ou
la
gestion
de
sociétés
anonymes
sous
le
couvert
ou
aux
lieu
et
place
de
leurs
représentants
légaux.
8
Article
373,
loi
17-‐95
9
T.corr.
Seine,
4
juin
1923
:
Journ.
Societes
1923,
P
509
10
Enfin,
concernant
la
complicité,
c’est
en
vertu
de
l’article
129
du
code
pénal
,que
peuvent
être
dans
ce
cas
poursuivi
a
titre
de
complicité
tous
ceux,
étrangers
ou
non
à
la
société,
qui,
en
connaissance
de
cause,
ont
concouru
à
préparer,
facilité
ou
perpétré
le
délit11,
la
jurisprudence
française
cite
ainsi
en
particulier,
les
directeurs
;
les
membres
du
conseil
de
surveillance
des
sociétés
anonymes
à
directoire,
qui
présentent
leurs
observations
à
l’assemblée
générale
sur
les
comptes
de
l’exercice
;
les
commissaires
aux
comptes
;
les
chefs
comptables
;
ainsi
que
les
tiers
étrangers
à
l’administration
de
la
société.
Pour
retenir
une
complicité
punissable,
il
suffit
que
l’acte
de
complicité
s’applique
soit
à
la
confection
de
l’inventaire
ou
du
bilan,
soit
à
la
mise
en
distribution
du
dividende.
Concernant
la
sanction
cette
fois,
l’article
384
de
la
loi
17-‐95,
prévoit
une
peine
d’emprisonnement
de
un
à
six
mois
et
une
amende
de
100.000
à
1.000.000
de
dirhams
ou
de
l'une
de
ces
deux
peines
seulement
les
membres
des
organes
d'administration,
de
direction
ou
de
gestion
d'une
société
anonyme.
Ceci
dit,
le
délit
de
distribution
de
dividendes
fictif
est
une
infraction
instantanée,
même
si
ses
effets
se
prolongent
dans
le
temps.
Aussi
ce
délit
est
prescrit
par
cinq
années
grégoriennes
révolues
à
compter
du
jour
où
le
délit
été
commis12;
à
cet
effet
et
d’après
la
jurisprudence
française,
la
prescription
court
à
compter
du
jour
de
la
mise
a
disposition
du
dividende
aux
actionnaires
et
le
leur
confère
un
droit
privatif,
et
non
du
jour
de
la
décision
de
l’assemblée
générale
ou
du
jour
de
la
perception
matériel
du
dividende
par
les
actionnaires.
Par
ailleurs
à
coté
de
la
responsabilité
pénale
que
nous
venons
d’étudier
coexiste
une
action
civile.
En
effet,
la
distribution
d’un
dividende
fictif
porte
avant
tout
préjudice
à
la
société
et
ses
créanciers
dont
la
situation
peut
être
alors
gravement
obérée.
Cette
dite
action
civil
s’est
vu
de
ce
fait
consacré
par
la
jurisprudence
française
en
une
obligation
faite
aux
actionnaires
de
répéter
à
la
société
le
dividende
irrégulièrement
obtenu.
La
même
jurisprudence
affirme
que
cette
action
n’est
possible
que
si
deux
conditions
sont
réunies
;
la
première
est
celle
selon
laquelle
la
distribution
doit
avoir
été
faite
en
violation
des
articles
relatifs
au
bénéfice
distribuable.
La
deuxième,
et
que
la
société
ou
ses
créanciers
doivent
avoir
établit
que
les
bénéficiaires
avaient
connaissance
du
caractère
irrégulier
de
cette
distribution
au
moment
de
celle
ci,
ou
ne
pouvaient
l’ignorer
compte
tenu
des
circonstances.
Cette
action
en
répétition
est
de
la
compétence
de
la
juridiction
commerciale.
Si
la
restitution
des
dividendes
est
décidée,
les
actionnaires
sont
tenus
de
payer
immédiatement,
non
seulement
les
sommes
qu’ils
ont
touchés
mais
encore
l’intérêt
de
ces
sommes13
intérêt
calculés
au
taux
légal.
Comme
précité
la
distribution
de
dividendes
fictifs
entraine
généralement
un
préjudice
pour
la
société,
les
associés
ou
les
créanciers,
et
dans
ce
cas
elle
donne
naissance
a
une
11
Cass.
Crim,
23
Juin
1883
12
Article
4,
Dahir
n°
1-‐58-‐261
du
1er
chaabane
1378
(10
février
1959)
formant
code
de
procédure
pénale
13
cass.
Req,
7
nov.1899
:
DP
1900,
1,
p.369
action
en
responsabilité
civil
contre
les
auteurs
du
dommage,
soit
les
dirigeants
concernés.
Cette
action
peut
être
exercée
contre
les
administrateurs
ou
gérants
alors
même
qu’ils
ont
bénéficié
d’un
acquittement
devant
la
juridiction
pénale
du
fait
de
la
distribution
des
dividendes
fictifs.
Elle
est
en
effet
ouverte
en
raison
de
toute
faute
commise
dans
la
gestion,
même
de
celles
ne
tombant
pas
sous
le
coup
de
la
loi
pénale.14
Cela
dit
cette
action
peut
être
intentée
de
diverses
façons,
d’abords
sous
forme
d’action
sociale,
exercée
soit
pat
la
société
représentée
par
ses
dirigeants
ou
son
liquidateur
(action
ut
universi),
soit
par
un
ou
plusieurs
associés
(action
ut
singuli).
Et
enfin,
il
y
a
l’action
en
responsabilité
intentée
par
les
tiers
contre
les
gérants
ou
administrateurs.
14
cass.
Req
;
26
juin
1892
II- L’incrimination des infractions
facilitant la fictivité du dividende
Embrasser
la
notion
de
distribution
de
dividendes
fictifs
ne
peut
être
complète
qu’avec
l’étude
d’une
autre
infraction,
qui
elle,
facilite
ou
représente
le
moyen
afin
de
tromper
les
actionnaires
et
de
leur
distribuer
des
dividendes
au
détriment
de
la
pérennité
de
la
société
{
A
}.
Aussi,
de
part
sa
fonction
de
contrôle
permanent
de
la
société,
il
paraît
délicat
d’imaginer
que
les
dirigeant
fraudeurs
parviennent
à
leurs
fins
sans
le
concours
du
commissaire
aux
comptes
{
B
}.
A- Le délit de publication de comptes inexacts
Comme
nous
l’avons
cité
plus
haut,
la
distribution
de
dividendes
fictifs
est
la
suite
logique
du
délit
de
publication
de
comptes
inexacts15,
d’où
l’importance
de
le
traiter.
En
effet,
la
loi
9-‐88
relative
aux
obligations
comptables
des
commerçants
impose
au
conseil
d’administration
ou
au
directoire
de
dresser
ses
états
de
synthèse,
et
ce
n’est
qu’en
fraudant
ces
documents
que
les
dirigeants
ayant
perspective
de
commettre
un
délit
de
distribution
de
dividendes
fictifs
pourront
y
parvenir.
Nous
pouvons
donc
dores
et
déjà
affirmer
que
le
délit
de
publication
ou
de
présentation
d’un
bilan
inexact
n’est
autre
que
le
début
d’exécution
du
délit
de
distribution
de
dividendes
fictifs.
Nos
propos
sont
corroborés
par
la
logique
du
législateur
qui
incrimine
la
commission
de
ce
délit
dans
le
même
article,
et
avec
la
même
peine
que
celui
relatif
à
la
distribution
de
dividendes
fictifs,
à
savoir
l’article
384
de
la
loi
17-‐95
ainsi
libellé
«
[…]qui,
même
en
l'absence
de
toute
distribution
de
dividendes,
auront
sciemment
publié
ou
présenté
aux
actionnaires,
en
vue
de
dissimuler
la
véritable
situation
de
la
société,
des
états
de
synthèse
annuels
ne
donnant
pas,
pour
chaque
exercice,
une
image
fidèle
du
résultat
des
opérations
de
l'exercice,
de
la
situation
financière
et
du
patrimoine,
à
l'expiration
de
cette
période
».
Ce
délit
est
constitué
par
la
réunion
de
deux
éléments,
matériel
et
moral.
L’élément
matériel
nécessite
tout
d’abord
l’inexactitude
des
états
de
synthèses.
Ainsi,
la
doctrine
en
la
matière
classe
cette
inexactitude
en
trois
catégories
:
La
première
étant
15
Wilfrid
Jeandidier,
Droit
pénal
des
affaires,
6ème
édition,
Dalloz
l’inexactitude
dite
matérielle,
telle
la
dissimulation
de
dettes16.
La
seconde
est
celle
des
inexactitudes
dans
la
répartition
des
valeurs
dans
les
postes,
telle
que
l’annulation
par
compensation
d’un
poste
du
passif
et
de
son
équivalent
à
l’actif.
La
troisième
catégorie,
qui
a
la
grande
faveur
des
fraudeurs
car
ces
fraudes
sont
les
plus
faciles
à
commettre
et
les
moins
aisées
à
déceler,
est
celle
des
inexactitudes
dans
les
évaluations
:
majoration
des
éléments
d’actif
et
minoration
des
éléments
du
passif.
En
des
termes
plus
simples,
les
inexactitudes
du
bilan
consistent,
nécessairement,
dans
la
majoration
des
postes
de
l’actif
ou
la
minoration
des
postes
de
passif,
de
façon
à
faire
apparaître
un
bénéfice
fictif.17
La
notion
d’inexactitude
s’entend
donc
de
toute
fraude
ayant
pour
objectif
de
faire
apparaître
une
situation
différente
de
la
réalité.
Ensuite,
l’élément
matériel
est
constitué
par
la
présentation
ou
la
publication
de
ces
états
de
synthèse.
Ainsi,
par
le
terme
présentation
il
faut
entendre
l’acte
de
soumission
de
ces
états
à
l’assemblée
des
actionnaire,
abstraction
faite
de
leur
décision.18
Et
il
y
a
également
présentation
dans
la
simple
mise
à
disposition
des
actionnaires
dans
les
quinze
jours
précédant
l’assemblée
générale
annuelle
ou
dans
l’envoi
des
documents
aux
actionnaires
qui
en
auront
fait
la
demande
ou
dans
toute
communication
aux
actionnaires
en
dehors
de
l’assemblée
générale.19
Autrement
dit,
il
y
a
présentation
dès
lors
que
les
dirigeants
sociaux
se
dessaisissent
des
états
de
synthèses
au
profit
des
actionnaires,
de
quelque
manière
que
ce
soit,
sans
que
cela
exige,
pour
la
commission
du
délit,
une
participation
quelconque
des
actionnaires.
Par
le
terme
publication,
le
législateur
vise
le
fait
de
porter
à
la
connaissance
du
public
les
comptes
par
tout
procédé
collectif
:
insertion
au
Bulletin
Officiel,
dans
les
journaux,
prospectus,
ou
déclarations
publiques.
Il
s’ensuit
que
le
délit
est
consommé
dès
que
le
bilan
est
mis
à
la
disposition
des
actionnaires,
quel
que
soit
le
mode
de
communication.
L’élément
moral
de
ce
délit
est
double.
Un
dol
général
qui
est
la
connaissance
de
l’inexactitude
des
comptes
annuels,
élément
qui
ressort
du
terme
«
sciemment
»
utilisé
par
l’article
384
de
la
loi
précitée.
Cette
connaissance
est
facile
à
établir,
résultant
par
exemple
de
la
gravité
des
inexactitudes,
de
l’existence
de
plusieurs
jeux
de
bilans
destinés
à
différents
partenaires
tels
actionnaires,
banques,
fisc,
etc.
Aussi
et
conformément
à
une
démarche
classique
en
droit
pénal
des
affaires,
la
seule
qualité
de
16
Crim.
26
juin
1978,
Bull.
no212
17
Léon
Constantin,
Droit
pénal
des
sociétés
par
actions,
PUF,
1968
18
Crim.
29
nov.
2000,
Bull.
no359
19
Wilfrid
Jeandidier,
Op.
Cit
dirigeant
social
pèsera
lourd
et
anéantira
tout
système
de
défense
axé
sur
l’imprudence
ou
la
négligence20.
À
lui
seul
le
dol
général
ne
suffit
pas
car
il
doit
être
complété
par
un
dol
spécial
qui
consiste
en
la
volonté
de
dissimuler
la
véritable
situation
de
la
société;
ce
qui
est
par
exemple
le
cas
lorsque
le
dirigeant
a
agi
pour
éviter
la
révélation
publique
d’une
situation
financière
obérée
puis
compromise
en
dépit
d’une
apparente
prospérité21.
Enfin,
la
répression
du
délit
de
publication
de
comptes
inexactes
est
la
même
que
celle
prévue
pour
le
délit
de
distribution
de
dividendes
fictifs,
à
savoir
l’emprisonnement
de
un
à
six
mois
et
d'une
amende
de
100
000
à
1
000
000
de
dirhams
ou
de
l'une
de
ces
deux
peines
seulement.
B- La possible implication du commissaire aux comptes
Le
rôle
du
commissaire
aux
comptes
est
des
plus
ambigu
:
organe
de
la
société
et
assurer
en
parallèle
une
certaine
indépendance
notamment
quant
à
ses
rapports
avec
ses
dirigeants.
Ainsi,
sa
situation
lui
confère
une
position
originale
:
il
ne
défend
pas
des
intérêts
partisans
ou
particuliers
mais
exerce
un
contrôle
permanent
qui,
en
définitive,
profite
à
tous,
de
manière
impartiale
en
agissant
comme
un
expert
neutre
chargé
de
mettre
ses
compétences
techniques
au
service
de
la
seule
personne
morale.22
Ainsi,
le
commissaire
aux
comptes
qui
se
voit
interdit
de
s’immiscer
dans
la
gestion,
joue
un
rôle
préventif
et
informatif
eu
égard
aux
différentes
composantes
de
la
société
d’une
part,
et
des
tiers
d’autres
part,
le
plaçant
ainsi
dans
une
position
non
des
plus
confortable
dans
la
mesure
où
il
sera
perçu
par
les
dirigeants
malhonnêtes
comme
le
loup
dans
la
bergerie.
Mais
cette
position,
bien
que
des
plus
fréquente,
se
dissipe
dans
l’hypothèse
où
cet
organe
de
contrôle
participe
directement
ou
indirectement
aux
actions
frauduleuses
des
dirigeants.
Dans
cette
optique,
la
loi
aurait
pu
se
contenter
de
punir
le
commissaire
aux
comptes
fraudeur
comme
simple
complice
des
administrateurs
coupables
de
publication
ou
de
présentation
de
comptes
infidèles.
Elle
a
cependant
voulu
le
traiter
différemment
et
plus
sévèrement
en
créant
à
son
encontre
une
incrimination
spéciale
dans
l’article
405
de
la
loi
17-‐95.
20
Wilfrid
Jeandidier,
Op.
Cit
21
Crim.
12
janv.
1981,
D.
1981,
348,
note
Cosson
;
22
Philippe
Conte
et
Wilfrid
Jeandidier,
Op.
Cit
La
lecture
de
cet
article
nous
interpelle
quant
à
deux
délits
:
Celui
de
la
profération
d’informations
mensongères
et
celui
de
la
violation
de
l’obligation
légale
de
révélation.
℘ Pour
la
première
infraction
:
L’article
405
de
la
loi
17-‐95
ainsi
libellé
:
«
[…]
tout
commissaire
aux
comptes
qui,
soit
en
son
nom
personnel,
soit
au
titre
d'associé
dans
une
société
de
commissaires
aux
comptes,
aura,
sciemment
donné
ou
confirmé
des
informations
mensongères
sur
la
situation
de
la
société
[…]
»,
incrimine
de
façon
générale,
tout
manquement
du
commissaire
aux
comptes
à
son
obligation
de
certifier
que
les
comptes
annuels
sont
réguliers
et
sincères
et
donnent
une
image
fidèle
du
résultat
des
opérations
de
l’exercice
écoulé
ainsi
que
la
situation
financière
et
du
patrimoine
de
l’entreprise
à
la
fin
de
cet
exercice.
Ce
délit,
comme
toute
infraction,
est
constitué
par
la
réunion
d’un
élément
matériel
et
d’un
autre
moral.
L’élément
matériel
ce
conçoit
tout
d’abord
par
l’acte
de
mensonges.
Cet
acte
comporte
deux
variantes
:
donner
une
information
mensongère
ou
la
confirmer.
Il
est
donc
imputable
au
commissaire
aux
comptes
qui
ment
comme
à
celui
qui
apporte
son
appui
au
mensonge
d’un
dirigeant
de
la
société,
ce
qui
revient
à
incriminer
à
titre
d’infraction
autonome
un
acte
qui
constitue
au
sens
de
l’article
129
du
code
pénal,
une
hypothèse
de
complicité.
Dans
la
même
optique,
il
importe
peu
que
le
mensonge
soit
écrit
ou
verbal,
il
pourrait
même
se
manifester
dans
un
signe,
tel
qu’un
geste
d’approbation
à
l’énoncé
d’une
information
inexacte
donnée
à
des
associés
ou
des
actionnaires.
Peu
importe
également
le
lieu
où
il
est
professé
:
devant
un
assemblée
générale
ou
n’importe
où
ailleurs.
Peu
importe
encore
les
suites
du
mensonge
et
que
des
informations
inexactes,
il
ait
été
fait
ou
non
un
usage
particulier23.
Peu
importe
enfin
à
qui
est
adressé
le
mensonge,
du
moins
à
la
lecture
de
l’article
405
de
la
loi
17-‐95
qui
ne
contient
aucune
limitation
quant
à
ses
destinataires.
Ensuite,
le
deuxième
volet
de
l’élément
matériel
représente
à
la
fois
une
condition
de
constatation
de
l’infraction
et
une
limitation
au
premier
élément
qui
est
l’acte
de
mensonge.
Ce
volet
est
donc
celui
de
l’objet
du
mensonge
qui
doit
nécessairement
porter
sur
«
la
situation
de
la
société
».
Ainsi,
dans
le
contexte
de
l’article
405,
nous
pouvons
déduire
que
le
mensonge
devra
avoir
trait
à
la
situation
financière
de
la
société,
ou
en
d’autres
termes,
à
des
faits
qui
peuvent
avoir
une
influence
sur
l’interprétation
du
bilan
ou
qui
se
reflètent
dans
les
comptes.
L’élément
moral
quant
à
lui
est
constaté
par
la
volonté
frauduleuse
de
l’auteur.
La
mauvaise
foi
du
commissaire
aux
comptes
représente
donc
une
condition
sine
qua
non
à
23
P.
Conte
et
W.
Jeandidier,
Op.
Cit.
la
réalisation
de
l’infraction.
Ainsi,
l’erreur
de
ce
dernier
peut
représenter
un
fait
justificatif
faisant
obstacle
à
la
répression.
En
est-‐il
par
exemple
du
cas
où
le
commissaire
aux
comptes
a
été
abusé
par
des
faux
qui
lui
ont
été
présentés
et
sur
lesquels
son
rapport
s’est
basé.24
L’étude
de
l’élément
intentionnel
nous
laisse
cependant
perplexe
quant
à
la
qualification
du
délit
d’infraction
de
commission
ou
d’omission.
Ainsi,
la
jurisprudence
française,
ainsi
que
la
doctrine25
affirment
que
ce
délit
est
aussi
bien
une
infraction
de
commission
que
d’omission.
En
effet,
mentir
qui
est
l’acte
fondamental
constituant
ce
délit
peut
aussi
bien
se
concrétiser
par
le
fait
de
dire
le
faux
(action),
que
taire
la
vérité
(omission).
Et
s’agissant
d’une
comptabilité,
elle
est
mensongère
aussi
bien
quand
elle
contient
une
écriture
inexacte
que
quand
elle
ait
été
passée
ou
qu’elle
ait
été
omise.26
Ainsi,
la
jurisprudence
française27
affirme
que
le
délit
est
constitué
dès
lors
que
le
commissaire
aux
compte
ne
démenti
pas
une
affirmation
fausse
donnée
par
un
conseil
d’administration.
La
jurisprudence
va
plus
loin
en
retenant
le
délit
à
l’encontre
du
commissaire
aux
comptes
qui
certifie
l’exactitude
et
la
sincérité
des
comptes
alors
qu’il
ne
les
a
pas
sérieusement
contrôlés. 28 On
assimile
donc
en
la
matière
la
négligence
délibérée
à
l’intention
requise
pour
constater
l’infraction.
Enfin,
l’article
405
de
la
loi
17-‐95
réprime
le
délit
de
profération
d’informations
mensongères
d’une
peine
d’emprisonnement
de
six
mois
à
deux
ans
et
d'une
amende
de
10
000
à
100
000
dirhams
ou
de
l'une
de
ces
deux
peines
seulement.
℘ Pour
la
seconde
infraction
:
La
seconde
infraction
qui
est
celle
de
la
révélation
de
faits
délicieux
ressort
de
l’article
405
lorsqu’il
dispose
:
«
[...]
n'aura
pas
révélé
aux
organes
d'administration,
de
direction
ou
de
gestion
les
faits
lui
apparaissant
délictueux
dont
il
aura
eu
connaissance
à
l'occasion
de
l'exercice
de
ses
fonctions
»
Ainsi
apparaît
l’inutilité
de
traiter
de
cette
infraction
dans
la
mesure
où
ce
sont
les
organes
qui
doivent
-‐
selon
l’article
-‐
être
alertés
de
tout
fait
délicieux
qui
en
seront
les
auteurs
en
matière
de
distribution
de
dividende
fictif.
Il
est
dans
ce
cas
regrettable
que
le
législateur
ait,
dans
son
article
180
de
la
loi
17-‐95
limité
à
la
responsabilité
civile,
la
répression
du
commissaire
aux
comptes
qui
n’a
pas
24
Cour
d’Appel
de
Caen,
14
Avril
2000
25
P.
Conte
et
W.
Jeandidier,
Op.
Cit.
26
Jacques-‐Henri
Robert
et
Haritini
Matsopoulou,
Traité
de
droit
pénal
des
affaires,
P.U.F,
2004
27
Crim.
18
juin
1990
28
CA
poitiers,
7
Janvier
1999
révélé
les
infractions
commises
par
les
administrateurs
ou
les
membres
du
directoire
ou
du
conseil
de
surveillance
dans
son
rapport
destiné
à
l’assemblée
générale.
Il
est
encore
plus
regrettable
que
le
législateur
marocain,
contrairement
à
son
homologue
français29,
n’ait
pas
prévu
une
disposition
imposant
au
commissaire
aux
comptes
d’informer
le
Procureur
du
Roi
des
faits
délicieux
qu’il
aurait
constaté
lors
de
l’exercice
de
ses
fonctions.
29
Article L820-7 :
«
Est puni d'un emprisonnement de cinq ans et d'une amende de 75 000 euros le fait, pour
toute personne exerçant les fonctions de commissaire aux comptes, de donner ou confirmer des informations
mensongères sur la situation de la personne morale ou de ne pas révéler au procureur de la République les faits
délictueux dont elle a eu connaissance »
Bibliographie :
Ø Mohamed Jaouhar, “Lecture dans le droit pénal des affaires: Cas du droit pénal des
sociétés anonymes”, Colloque sous le thème “Dix années de droit des entreprise au
Maroc”, IMADE 2007
Ø Philippe Conte et Jean Larguier, Droit pénal des affaires, Armand Colin, 2004
Ø Léon Constantin, Droit pénal des sociétés par actions, PUF, 1968