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Département : Droit Privé

Master : Juriste d’Affaires


Matière : Droit pénal des sociétés

Exposé sous le thème :

06/03/2018 LE DÉLIT
D’INITIÉ
Encadré par : Pr. ALAOUI Jaafar
Sommaire

INTRODUCTION………………………………………………………………………………2

Chapitre1 : La commission du délit d'initié………………………………………4

Section1 : Les conditions préalables à la commission du délit d’initié ……4

Sous-section 1 : l’information privilégiée………………………………………..4

Sous-section 2 : Les personnes visées……………………………………………..6

Section 2 : les éléments constitutifs du délit d’initié……….......………8


Sous-section 1 : L’élément matériel…………………………………….......……9
Sous-section 2 : L’élément moral…………………………………………………..11
Chapitre II : la répression du délit d’initié…………………………………….12
Section I : le régime répressif des infractions d’initié……………………12
Sous-section 1 : recherche et constatation de l’infraction………....…12
Sous-section 2 : Renforcement du rôle de l’AMMC……………………….15
Section 2 : Les sanctions relatives à l'AMMC…………………………..17
Sous-section 1 : Sanctions administratives……………………………………17
Sous-section 2 : Sanctions pénales………………………………………………..19
CONCLUSION..................................................................................21

BIBLIOGRAPHIE

1
INTRODUCTION  :
Le délit d’initié est l’achat ou la vente d’action sur base
d’informations privilégiées qui n’ont pas été rendues publiques
et que ses détenteurs utiliseront pour des transactions de
sociétés cotées en bourse.
Il est communément admis que le délit d'initié est une
infraction pénale fréquente dans le milieu boursier commise
par une personne dénommée " L’initié ". Celui-ci exécute des
transactions boursières sur la base d'informations dont ne
disposent pas les autres, c.à.d. qu'il a un avantage concurrentiel
sur les autres mais dont l'origine est illicite. En d'autres termes,
l’initié dispose dans l'exercice de sa profession ou de ses
fonctions, d'informations privilégiées utilisées pour réaliser ou
permettre sciemment de réaliser sur le marché soit
directement soit par personne interposée, une ou plusieurs
opérations avant que le public ait connaissance de ces
informations, ce qui engendre des gains illicites.
Dans un souci de prévention des opérations d’initiés, les
législations nationales et les autorités boursières des
principales places financières ont développé, notamment avec
l’entrée en vigueur de la directive Abus de marché, des corps
de règles relatifs au traitement des informations privilégiées et
aux interventions sur les marchés des détenteurs l’informations
privilégiées. Ces règles se fondent sur le principe de l’égalité
des investisseurs devant l’information, principe qui permet
d’assurer l’intégrité des marchés financiers et la confiance du
public
Lorsqu’une société est cotée sur plusieurs places, les
personnes en situation d’initiés peuvent être soumises à des
législations ou réglementations locales il en va de même
lorsque la société est simplement réputée faire appel public à

2
l’épargne sur d’autres places que celles de sa cotation, au cour
de ce rapport on illuminera les différents points constituants le
délit d’initié.
Donc Les questions qui se posent avec force sont celles de
savoir : quelles sont les conditions préalables à la réalisation
du délit d’initié ? Et en quoi consiste son régime répressif ?
Pour bien répondre à ces questions on va d’abord voir dans
un premier chapitre la commission du délit d'initié qui sera
divisé en deux sections, dans la première section on va voir les
conditions préalables à la commission du délit d’initié ainsi que
les éléments constitutifs du délit d’initié dans une deuxième
section , et pour le deuxième chapitre on va voir la répression
du délit d’initié qui sera aussi divisé en deux sections, pour la
première section on va voir le régime répressif des infractions
d’initié ainsi que les sanctions encourues par l'AMMC dans une
deuxième section .

3
Chapitre1 : La commission du délit d'initie

Section1 : Les conditions préalables à la commission du délit


d’initié

Sous-section 1  : l’information privilégiée

Selon l’article 25 alinéa 2 de la loi n°1-93-212, on entend par


information privilégiée, « toute information relative à la
marche technique, commerciale ou financière d’un émetteur
ou aux perspectives d’évolution d’une valeur mobilière, encore
inconnue du public et susceptible d’affecter la décision d’un
investisseur ». Ici, la loi met en cause, non seulement, les
informations relatives à des situations sociales nouvelles, mais
également à tout acte comportant une incidence sur la vie
boursière.

Selon cette même loi, est considérée comme information


privilégiée :

• Un projet de cession stratégique d’une partie de l’actif ;

• Une distribution d’un dividende exceptionnel ;

• Un projet de recomposition du capital ;

• Un projet d’offre publique sur le marché ;

• Des résultats exceptionnels, par rapport à l’historique ou


au consensus de place.

L’information privilégiée doit présenter certaines


caractéristiques, en effet selon l’article 25, elle doit être
précise, confidentielle et importante.

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Information précise

On peut aller au-delà, on disant qu’une information est


suffisamment précise, par la connaissance des pertes qui n’est
chiffré qu’à un minimum, mais vu leur importance et la
souveraineté de leur révélation constitue une information
privilégiée1.

Le caractère précis de l’information privilégié sera


confirmé lorsque le projet serait réalisable, pour les opérations
spontanées, alors que pour les opérations qui s’étalent sur une
longue durée, ce caractère de précision sera analysé en
fonction de l’absence quasi-totale du risque spéculatif.

Information confidentielle

L’information doit être confidentielle, en d'autres termes


secrète et non connue du public. Cette confidentialité de
l'information est justifiée par la théorie économique. Si certains
agents utilisent une information boursière inconnue du grand
public pour en tirer profit, alors d'autres opérateurs peuvent
perdre confiance dans le marché et diriger leur capacité de
financement vers d'autres placements. De plus, les organes de
direction et de surveillance d'une société étant nécessairement
collégiaux, la détention d'une information par plusieurs initiés
ne lui fait pas perdre son caractère confidentiel. Dans la mesure
où la diffusion d'une information est caractérisée par une
publication selon les modalités propres au droit d'information
des actionnaires, la jurisprudence l'entend de façon restrictive.
Ainsi, l'information ne perd son caractère confidentiel que
lorsqu'elle est communiquée par un canal officiel : un

1
Cour de Paris, 26 mai 1977; JCP G 1978, II, 18789, note A. Turc.

5
communiqué de presse, une publicité légale ou encore une
lettre aux associés.

Information importante

On peut définir l’information importante d’après l’article


18 de la loi N° 1-93-212, comme  « ….tout fait intervenant dans
l’organisation, la situation technique ou commerciale d’un
émetteur, et pouvant avoir l’influence significative sur les
cours en bourse de leurs titres ou une incidence sur le
patrimoine des porteurs des titres ».

L’influence significative peut être favorable ou


défavorable. Elle peut donc se traduire par un impact positif ou
négatif sur les cours en bourse ou sur le patrimoine des
détenteurs du titre.

Pour l’appréciation de ces informations, les émetteurs


sont soumis à un devoir général, de vigilance. En particuliers ils
sont tenus d’apprécier l’impact éventuel sur le cours en bourse
de leurs titres, ou sur le patrimoine des porteurs des titres, de
tout fait significatif, afin de déterminer l’information
importante, en cas de doute, les émetteurs sont invités à
consulté le CDVM.

Sous-section 2  : Les personnes visées 

Il faut distinguer les initiés qui détiennent une information


privilégiée de par leurs fonctions ou professions et les
bénéficiaires qui les reçoivent des premiers.

a- Les initiés du délit

Les initiés permanents

6
Selon la dite circulaire «  les personnes en position d’initié
permanant Se sont les personnes qui, de par leur position ou
leurs fonctions, ont accès de façon régulière à des informations
privilégiées.

Il s’agit notamment des dirigeants d’une société cotée ou


d’une de ses filiales ou d’une société de même groupe, ou de
toute société ayant des dirigeants et / ou actionnaires
communs avec une société cotée ».

Le même article ajoute que le personnel non dirigent de la


société émettrice ou de ses filiales est ce, quel que soit l’emploi
ou les fonctions qu’il occupe, pourvu qu’il ait pu prendre
connaissance d’une information privilégiée est considéré
comme initié.

On peut dire que toute ces personnes, dès lors qu’il est
établi qu’elles ont agi directement ou par personne interposé
sur le marché boursier avant que le public ait eu connaissance
des informations, sont supposées avoir agi en initié.

Les initiés occasionnels 

Ce sont ceux qui bénéficient d’informations privilégiées à


l’occasion de l’exercice de leur profession ou leurs fonctions, en
permanence ou occasionnellement.

Ces personnes peuvent entretenir avec la société uniquement


des relations professionnelles, ou dans les opérations
financières en préparation.

Il peut en être ainsi des avocats, des experts comptables ou


bien des banquiers, des représentants des sociétés de bourse,
des auditeurs et de tout autre conseil, qui sont souvent
amenés, à partager le secret d’affaire de la société émettrice. Il

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peut également s’agir des personnes dont l’activité est
étrangère au fonctionnement de la société, qui à l’occasion de
leurs activités peuvent surprendre une information privilégiée.

b- Les bénéficiaires du délit

Qu’ils soient initiés permanents ou occasionnels, le


législateur a retenu deux catégories bien distinctes d’auteurs
du délit d’initié :

1- Ceux qui, détenant une information


privilégiées ont réalisées, directement ou
par personnes interposées, une opération
boursières frauduleuse.

2- Ceux qui sciemment, auront permis, à un


tiers, de réaliser une telle opération, sans
l’avoir eu même réalisé.

Cette deuxième catégorie se trouve ainsi élargie par la


volonté du législateur en sanctionnant l’initié bavard d’avoir
communiquer l’information privilégiée. Autrement dit, le délit
peut être commit même lorsqu’il ne profite pas financièrement
à son auteur. Ce sera le cas généralement du dirigeant faisant
une opération boursière frauduleuse pour le compte de la
société ou ceux qui conseille à une tierce personne une
opération boursière qui ne peuvent réaliser eux même.

Quant aux bénéficiaires du délit, ils ne peuvent être poursuivis


en tant qu’auteurs du délit d’initié, il ne faut pas les confondre
avec les initiés occasionnels.

Section 2 : les éléments constitutifs du délit d’initiéé

8
La qualification d’un fait comme étant un délit d’initié,
stipule la réunion de deux éléments : un élément d’ordre
matériel et un élément d’ordre moral.

Sous-section 1  : L’élément matériel

Deux points demeurent à la base de l’élément matériel : le


premier point
Concerne l’acte illicite prévu par la loi, alors que le deuxième
est relatif à l’antériorité de cet acte illicite par rapport à la
publicité de l’information.

L’acte illicite

Selon l’article 42 du Dahir n° 1-13-21 du 1er JOUMADA I


1434,
Portant promulgation de la loi n° 43-12 relative à l’Autorité
marocaine du marché des capitaux AMMC : « Toute personne
disposant, dans l’exercice de sa profession ou de ses fonctions,
d’informations privilégiées et qui les aura utilisées pour
réaliser ou permettre sciemment de réaliser sur le marché, soit
directement, soit par personne interposée,
Une ou plusieurs opérations, sera punie d’un emprisonnement
de trois mois à deux ans et d’une amende pouvant atteindre le
quintuple du profit éventuellement réalisé, sans qu’il puisse
être inférieur à deux cent mille (200.000) dirhams, ou de l’une
de ces deux peines seulement.
Est punie des mêmes peines que celles prévues à l’alinéa 1er du
présent article toute personne, autre que celle visée au même
alinéa , possédant en connaissance de cause des informations
privilégiées sur les perspectives ou la situation d’une société
dont les titres sont cotés à la Bourse des valeurs ou sur les
perspectives d’évolution d’un instrument financier, qui réalise

9
ou permet de réaliser, directement ou indirectement, une
opération ou communique à un tiers des informations avant
que le public ait connaissance de ces dernières»

Pourtant, L’article 43 de la même loi stipule que «La


communication par toute personne à un tiers en dehors du
cadre normal de sa profession ou de ses fonctions d’une
information privilégiée, telle que définie à l’alinéa 2 de l’article
42 ci-dessus, est punie de trois mois à un an d’emprisonnement
et d’une amende de vingt mille (20.000) à cent mille (100.000)
dirhams. ».
Le législateur sanctionne donc l’usage indu de l’information
privilégiée sur le marché boursier. Cependant, cet acte illicite
peut être sous deux formes, soit par la réalisation d’une
opération frauduleuse sur le marché, soit par la communication
de l’information privilégiée.

L’initié peut réaliser l’opération frauduleuse pour son compte,


comme il peut permettre à un tiers de la réaliser.

Dans tous les cas c’est l’acte illicite qui consiste soit à opérer
frauduleusement sur le marché soit à communiquer ce qui est
réserver qui constitue l’élément matériel du délit d’initié qui est
à incriminer.

b- L’antériorité de l’opération par rapport à la publicité de


l’information

Pour que l’acte soit qualifié d’illicite, il faut qu’il soit


commis dans un laps du temps bien déterminé.
Le délit est commit lorsque l’opération ou la communication
se situe entre le moment de la détention de l’information
privilégiée et sa diffusion au public.

10
Le délit d’initié se trouve ainsi caractérisé par le simple
rapprochement chronologique entre la détention de
l’information privilégiée et son utilisation sur le marché avant
que celle-ci soit connue du public.

A ce niveau, on peut dire que ce sont les initiés qui doivent


s’assurer eux même que les informations dont ils disposent ont
perdu leur caractère confidentiel par l’expression du texte « 
avant que le public ait connaissance ».

Cependant si le législateur a exigé le rapprochement


chronologique entre la détention de l’information privilégiée et
la réalisation d’un acte illicite précité pour qu’il soit incriminé, il
n’est cependant pas nécessaire d’établir le lien de causalité
entre ces deux circonstance, pour que l’infraction soit
commise, il suffit que l’initié ne respectent pas son obligation
d’abstention et de discrétion, on peut dire que le délit d’initié
est un délit quasi objectif.

Sous-section 2  : L’élément moral 

En général, une fois les éléments matériels d’un délit ne sont


plus contestables, le prévenu plaide, sa bonne fois. Or en droit
des affaires, La loi, à propos d’une opération frauduleuse
effectuée directement ou par personne interposée d’un initié,
n’utilise ni les termes de mauvaise foi, ni celui de sciemment.
Ce n’est que dans le cas d’un initié permettant à un tiers
bénéficiaire de réaliser une opération anticipée que la loi use
du terme sciemment. Il est dès lors possible de soutenir que ce
n’est que dans ce dernier cas de figure et lui seul, que
l’intention délictueuse constitue un élément de l’infraction qui
doit être établit.

11
Lorsque le délit d’initié consiste à la communication illicite
de l’information, ici, pour être punissable, l’initié doit
seulement savoir et vérifier que l’information qu’il détient par
privilège n’est pas publique et que dès lors il est tenu à une
obligation de réserve. Dans ce cas, l’élément intentionnel n’est
pas un élément constitutif de l’infraction.

Chapitre II : la répression du délit d’initié :

La commission du délit d’initié, donne lieu automatiquement


au déclenchement des poursuites, pour déterminer le bien
fondé, et par conséquent soumettre l’auteur l’infraction
consommée aux sanctions qui lui sont applicables, prévues par
la loi n° n°43-12 du 13 mars 2013. Le déclenchement des
poursuites judiciaires ne peut se faire que sur plainte de
L’AMMC qui habilité a mené une enquête, pour la recherche et
constatation du délit d’initié et même habilité à prononcer des
sanctions à l’égard des personnes soumis à son contrôle.

Nous essayerons dans un premier, le régime répressif des


infractions d’initié (section I), tel qu’il est réglementé par la loi.
Ensuite, les sanctions applicables (section II) à l’encontre de
l’auteur de l’infraction, lorsque le bien-fondé est déterminé à
travers les poursuites engagées.

Section I : le régime répressif des infractions d’initié :

Au Maroc, comme dans plusieurs pays étrangers, les


pouvoirs publics ont confié la régulation du marché financier à
divers établissements que l’on dénomme traditionnellement «
autorité de marché » .ce marché réglementé qui est concerné
et perturbé par une opération d’initié.

12
Sous-section 1 : recherche et constatation de l’infraction

Au terme de l’article 34 du dahir portant loi n°1- 13-21 du 13


mars 2013 relative à l’AMMC, cette dernière est habilitée à
procéder à des enquêtés dans le cadre de la recherche et de la
constatation des infractions d’initié, auprès des organismes et
personnes soumis à son contrôle.

La constatation de ces infractions est faite sur la base des


enquêtes réalisées par l’AMMC à travers ses agents
spécialement commissionnés à cet effet ou encore par les
officiers de police judiciaire. Les agents doivent être surmenés
et porteur d’une carte professionnelle délivrée par l’AMMC .de
plus ces agents sont astreints au secret professionnel sous
peine des sanctions prévues à l’article 446 du code pénal.

Dans le cadre de cette sous-section, nous allons voir dans un


premier paragraphe la procédure d’enquête de L’AMMC et
dans un deuxième paragraphe l’accent sera mis
essentiellement sur la coopération avec les autorités
judiciaires.

Paragraphe 1  : la procédure d’enquête de L’AMMC  :

Deux types d’enquêtes, que l’on pourrait qualifier de


simplifiées et de coercitives. S’agissant des enquêtes
simplifiées, les enquêteurs peuvent se faire communiquer :

« Tous pièces et documents, quels qu’en soit le support, et en


obtenir copie ».

Ils peuvent également convoquer et entendre toute personne


susceptible de leur fournir des informations en rapport avec
leur mission, les personnes convoquées pouvant se faire
assister d’un conseil de son choix (article 34 de la loi n°43-12 du

13
13 mars 2013 relative à l’AMMC) Ils peuvent aussi accéder aux
locaux à usage professionnel.

Cependant, les prérogatives des enquêteurs sont plus


importantes dans le cadre des enquêtes coercitives mais, en
contrepartie, leur sphère compétence Est plus restreinte et une
autorisation judiciaire est nécessaire. À cet effet, l’article 37 de
la même loi dispose que : « le procureur du roi dans le ressort
duquel sont situés les locaux à visiter peut, sur demande
motivée du président de l’AMMC, autoriser par décision
motivée, les agents précités à effectuer des visites
domiciliataires, des perquisitions, des saisies et la mise sous
scellé ».

la suite de l’article 37 développe les modalités de ces


enquêtes coercitives : vérification du bien-fondé de la demande
d’autorisation par le procureur du Roi dans le ressort duquel
sont situés les locaux ,désignations d’un ou plusieurs officiers
de police judiciaires chargés d’assister aux opérations
,contrôles judiciaire de la visite ,déplacement sur les lieux
,horaire de visite ,respect des droits de la défense et du secret
professionnel ,établissement du procès –verbal du
déroulement de l’opération ,inventaire ,restitution.

Paragraphe 2  : la coopération avec les autorités judiciaires  :

Le déclenchement de la répression pénale est largement


tributaire de l’action de l’autorité régulatrice .elle constitue
l’organe principal de détection des infractions boursières .cette
situation résulte de la technicité des infractions Boursière et de
la spécialisation de l’autorité dans la surveillance des marchés
boursiers et des émetteurs. À cet égard, la loi n°43-12 relative à
l’AMMC a renforcé les coopérations entre l’AMMC et les

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autorités judiciaires, qui possèdent une compétence exclusive
dans le domaine boursier.

Par ailleurs, si à l’issue de sa procédure d’enquête ou de


contrôle ,l’AMMC constate l’existence de faits susceptibles de
constituer les délits visés par les articles 42,43 et 44 de la loi
n°43-12 relative à l’AMMC ,elle transmet immédiatement au
procureur du Roi une demande d’autorisation qui doit
comporter tous les éléments d’information en possession de
celle-ci de nature à justifier les agents de l’AMMC à effectuer
des visites domiciliataires, des perquisitions ,des saisies et la
mise sou scellé.au cours de la procédure ,les originaux du
procès-verbal et de l’inventaire sont transmis, dès qu’ils sont
établis ,au procureur du Roi qui a autorisé la visite
domiciliataire (article 37 alinéa 14 de la loi n°43-12 du 13 mars
2013). Aux termes de l’article 38 de la même loi prévoie : « les
autorités judiciaires compétentes, saisies de poursuites relative
à des informations mettant en cause des personnes ou
organisme que l’AMMC est habilité à contrôler peuvent, à
toute étape de la procédure, demander l’avis de celle-ci ».
lorsque les poursuites sont engagés cet avis est
obligatoirement demandé en cas de délit d’initié ,de
communication d’une information privilégiée et la publication
des informations fausses ou trompeuses.de son côté, le
président du tribunal compétent peut, sur demande motivée
de l’AMMC ,prononcer en sa qualité de juge des référés ,une
ordonnance de mise sous séquestre en quelque main qu’ils se
trouvent des fonds ,valeurs ,titres, droits ou tout autre
document ou élément matériel appartenant aux personnes
contrôlés par l’AMMC et mises en causes ou encore qu’ ils
soient astreintes à consigner une somme d’argent dont il fixe le

15
montant et le délai de consignation(article 39 de la loi n° 43-12
relative à l’AMMC.

Sous-section 2 : Renforcement du rôle de l’AMMC 

Le champ de contrôle de l’autorité ne se limitera plus aux


valeurs mobilières .il sera désormais étendu à l’ensemble du
marché des capitaux.la mission de protection de l’épargne
investie sur le marché a été également déclinée en actions
.entre autres, l’autorité de régulation sera chargée de
contribuer à l’éducation financière des épargnants et d’habiliter
des personnes physiques à exercer certaines fonctions. Ainsi,
l’indépendance signifie la capacité de l’autorité de régulation à
prendre des mesures de régulations et à appliquer des
décisions sans influence extérieur qu’elle soit politique ou
commerciale, et la responsabilité signifie que, dans l’utilisation
qu’elle fait de ses pouvoirs et de ses ressources, l’autorité des
régulations doit être soumise à une surveillance et un examen
convenable.

Dans ces trois principales dispositions ont été soulignées par le


dahir n°1- 13-21 du 13 mars 2013 relative à l’AMMC :

 la première disposition stipule le renforcement de


l’indépendance de l’AMMC ,à travers le transfert de
la présidence du conseil d’administration de cette
autorité au président de l’AMMC au lieu qu’elle soit
assuré par le premier ministre ou le ministre
délégué à cet effet .mais également l’institution d’un
mandat pour le président de l’AMMC pour l’exercice
de ses fonctions ,ce mandat est fixé pour quatre
années ,renouvelable une seule fois et le
renforcement de la composition collégiale du conseil

16
d’administration ,l’institution d’un collège des
sanctions structure indépendante au sein de
l’autorité marocaine du marché des capitaux
chargée d’instruire tous les dossiers pouvant faire
l’objet d’une sanction .aussi la loi veut que le collège
des sanctions .il est composé de trois membres
permanents ,dont un magistrat désigné par le
ministre de la justice et deux personnes nommés
par le conseil d’administration de l’AMMC.

 La deuxième disposition concerne l’élargissement de


la mission de l’AMMC, à la supervision de
l’ensemble des marchés des capitaux .il prévoit,
dans ce sens, que l’AMMC soit chargée de la
supervision du marché des capitaux. Ce changement
se justifie par le fait que le dahir portant loi n° 1-93-
212 relative au CDVM restreint le champ du contrôle
de cette dernière aux « valeurs mobilières »alors
qu’en pratique ,le champ de contrôle de cette
autorité s’étend à l’ensemble du marché des
capitaux.

 la dernière disposition a pour objet la


responsabilisation de l’AMMC en instituant les
mécanismes de contrôle ,par l’Etat ,de cette autorité
à travers l’institution du contrôle de cette autorité
par un commissaire du gouvernement nommé par le
ministre chargé des finances.

Section 2 : Les sanctions relatives à l'AMMC :

Dans cette section, nous allons mettre l’accent sur les


sanctions encourues par l AMMC la première sous-section

17
traite les sanctions administratives, la deuxième sous-section
est relative aux sanctions pénales.

Sous-section 1  : Sanctions administratives 

Dans le cadre de sa mission de contrôle l’AMMC, lorsque elle


constate des faits de nature à:

 fausser le fonctionnement du marché ou;

 procurer un avantage qui n’aurait pas pu être obtenu


dans le cadre du fonctionnement normal du marché ou de
l’exercice normal de l’activité ou;

 porter atteinte au principe de l’égalité d’information ou


de traitement des épargnants ou des clients ou à leurs
intérêts ou;

 faire bénéficier quiconque d’agissements contraires à des


obligations professionnelles.

Le président de l’AMMC prononce, en fonction de la gravité des


faits et selon l’avis conforme du collège deux types de sanctions
:

 soit une sanction disciplinaire :à savoir la


suspension, pour un délai déterminé d’un ou de
plusieurs membres des organes d’administration, de
direction et de gestion, la suspension pour un délai
déterminé ou le retrait de l’habilitation, la
proposition d’interdiction ou de restriction de
l’exercice d’une activité ou de retrait d’agrément au
ministre chargé des finances.

 Soit une sanction pécuniaire : dont le montant est


en fonction de la gravité des manquements commis

18
et en relation avec les avantages ou les profits tirés
de ces manquements, ne pouvant excéder deux cent
mille (200.000) dirhams. Lorsque des profits ont été
réalisés, cette sanction peut atteindre le quintuple
du montant desdits profits.

A noter que Le président de l’AMMC ne peut prononcer la


dite sanction qu’après avoir entendu ou convoqué la personne
concerné au moins auparavant par lettre recommander avec
accusé de réception. Ladite personne peut assister d’un conseil
de son choix.

Sous-section 2  : Sanctions pénales

Toute personne disposant, d’une information privilégié dans


le cadre l’exercice de sa profession ou de ses fonctions, et qui
les aura utilisées pour réaliser ou permettre sciemment de
réaliser sur le marché, soit directement, soit par personne
interposée, une ou plusieurs opérations, sera punie d’un
emprisonnement de trois mois à deux ans et d’une amende
pouvant atteindre le quintuple du profit éventuellement réalisé
,(la différence entre le prix auquel l’opération initiale a été faite
et le cours moyen du titre constaté pendant les quinze jours de
bourse suivant soit, la diffusion de l’information privilégiée)
sans qu’elle puisse être inférieure à deux cent mille (200.000)
dirhams, ou de l’une de ces deux peines seulement (art 42de la
loi 43-12).

Ladite information peut être relative, directement ou


indirectement, à un ou plusieurs émetteurs d’instruments
financiers ou à un ou plusieurs instruments financiers et qui est
susceptible une fois connue du public, d’affecter le cours des
instruments financiers concernés ou y afférents. Peut

19
également être relative à la marche technique, commerciale ou
financière d'un émetteur ou aux perspectives d’évolution d’un
instrument financier, encore inconnue du public et susceptible
d’affecter la décision d’un investisseur.

Est puni des mêmes peines toute personne, autre que celle
sus visée, possédant en connaissance de cause des
informations privilégiées sur les perspectives ou la situation
d’une société dont les titres sont cotés à la Bourse des valeurs
ou sur les perspectives d’évolution d’un instrument financier,
qui réalise ou permet de réaliser, directement ou
indirectement, une opération ou communique à un tiers des
informations, avant que le public ait connaissance de ces
dernières. La communication par toute personne à un tiers en
dehors du cadre normal de sa profession ou de ses fonctions
d’une information privilégiée, est punie de trois mois à un an
d’emprisonnement et d’une amende de vingt mille (20.000) à
cent mille (100.000) dirhams art (43 de la Lloi43-12).

20
CONCLUSION  :

Les économistes se sont souvent divisés sur le rôle des


autorités dans le domaine de la régulation financière. Certains
pensent que la concurrence et la discipline de marché
permettent d’organiser à elles seules le marché de l’autre
certains pensent que les pouvoirs publics devraient plus
intervenir afin d’éviter des comportements néfastes et
opportunistes des agents les mieux informés.

Cependant les cas récemment médiatisées montrent qu’en


termes d’asymétrie d’information, d’aléa moral ou encore
d’économie financière, une intervention afin d’imposer des
règles aux différents agents est nécessaire. La question
aujourd’hui n’est pas encore tranchée et deux modèles
s’opposent. Ceux du côté de l’efficience des marchés et qui
préconisent une intervention minimale des autorités publiques
pour une meilleure transparence de l’information. De l’autre,
on retrouve les économistes keynésiens qui considèrent que les
marchés financiers sont fondamentalement instables et que
l’intervention de l’Etat est nécessaire pour une meilleure
prévention et gestion des crises.

Ainsi le délit d’initié reste l’une des infractions les plus


emblématiques de la délinquance en col blanc. L’objet de cet

21
exposé fut donc d’expliciter cette infraction dont il est parfois
difficile de cerner le contour bien que la presse en fasse
régulièrement état. En effet certains trouve cette pratique
inadmissible car lèse des actionnaires minoritaires. Pour
d’autres son fondement même est contestable, celle-ci étant la
résultante du marché financier. En effet il parait inconcevable
que tous les agents obtiennent la même information au même
moment. Et auquel cas ceux-ci l’obtiennent une inégalité dans
la façon de percevoir l’information existera toujours. Une
personne à la tête de son entreprise utilisera des informations
qui lui seront transmises (de manière publique), et a contrario
un profane dans le domaine boursier n’en serait pas capable de
manière rationnelle. C’est pourquoi dépénaliser sur quelques
points le monde des affaires permettra aux investisseurs de ne
pas se soucier des conséquences de leurs investissements ceux-
ci étant la résultante de leurs connaissances dans le marché
financier et de la perception des informations reçues. En outre
il ne faut pas négliger l’existence de ce délit qui permet à
certaines personnes de faires d’énormes plus-value au
détriment d’agents qui eux perdent beaucoup.

Par conséquent, il reste utile de préciser que selon certains


économistes le délit d’initié ne correspond pas à une
défaillance du système ou bien même du marché mais plutôt
de la défaillance par rapport à l’exigence que certains portent
sur ce marché. Et c’est donc la notion même de défaillance du
marché qui est soumise à discussion.

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BIBLIOGRAPHIE
Ouvrage :
 D. VIDAL, Grands arrêts du droit des afaires, SIREY, 1992.
 DUCOULUX FAVARD/ RONTCHEVSKY, Infractions boursières, JOLY,
1997.
 Viandier, « Observations sur le délit d’utilisation d’une information
privilégiée », Bull. Joly 1992.  F. LENGLART/ J-P. ANTONA/ P. COLIM, La
responsabilité pénale des dirigeants dans le monde des affaires, DELTA-
DALLOZ, 1996.
 Pr. H.CHERKAOUI, « la bourse et les initiés » in l’économiste, date de
14/03/2002. P : 36
 Pr. H.CHERKAOUI. La société anonyme, 1997.  W. JEANDIDIER, Droit
pénal des affaires, PrécisDALLOZ, 1996.
Texte de loi :
 La Circulaire du CDVM n °01/05 relative aux règles déontologiques
devant encadrer l’information au sein des sociétés cotées.
 La circulaire du CDVM n °05/05 relative à la publication d’informations
importantes par les personnes morales faisant Appel public à l’épargne.
 Dahir portant loi n° 1-93-212 du 21 septembre 1993.
 Loi n° 23-01 modifiant et complétant le Dahir portant loi relatif au
Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières et aux informations
exigées des personnes morales faisant appel public à l’épargne.

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Webographie :

http://www.legadroit.com/delit-initie.html
Rapport sur la gouvernance d’entreprise au Maroc par la CGEM
http://Ladocumentationfrançaise.fr/rapports-publics.
http://www.dictionnaire-juridique.com/définition.php.
http://maliactu.net/point-de-droit-quest-ce-que-le-delit-dinitie/
http://jurismaroc.vraiforum.com/t615-Le-Delit-d-initie.htm
http://www.andlil.com/definition-du-delit-dinitie-130169.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9lit_d%27initi%C3%A9#Histoire
http://www.boursier.com/actions/actualites/news/enron-delit-d-initie-
5900.html
http://www.leconomiste.com/article/bug-ou-fraude-la-boursebraomar-
yder-boursomaroc-est-seul-en-cause
http://france3-regions.francetvinfo.fr/midi-pyrenees/2014/10/01/l-
affaire-des-delits-d-inities-d-eads-en-proces-vendredi-paris-562106.html

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