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Master droit des affaires

La sentence arbitrale et les voies de


recours

Réalisé par : SOUHAILA EL LAHLAH


CHAIMAE MKHANTAR
DOHA MARZOUGUI
AFAF EL KODMIRI
HOUDA ER RAFAS Encadré par : Pr MAZOUZ

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Année universitaire 2020/2021

Sommaire :

Introduction…………………………………………………….. 3
Chapitre I : régime juridique de la sentence arbitrale …….. 5
Section 1 : les conditions de validité de la sentence arbitrale …. 5
Section 2 : les effets de la sentence arbitrale ………………….. 8
Chapitre II : les voies de recours ……………………………. 10
Section 1 : les voies de recours ordinaires…………………….. 10
Section 2 : Les voies de recours extraordinaires ……………… 14
Bibliographie………………………………………………………… 16

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Introduction

Le développement du commerce international a mis fin aux barrières entre les


peuples, les marchés, les capitaux, les marchandises mais aussi les actes
juridictionnels. En effet, par le biais de la marchandise, de nombreux
contentieux économiques opposant des sociétés ou des individus d’horizon
différents et de culture juridique différente, ont vu le jour.
L’Etat, par le biais de l’institution judiciaire, devrait être le garant de la justice,
de l’équité et partant de la paix sociale. Mais les juridictions étatiques n’arrivent
plus à satisfaire les justiciables et ce à cause des procédures plus langue et des
conditions défavorisant la justice et le règlement étanche des litiges.
De ce fait, les parties au litige préfèrent de se recourir aux règlements des litiges
d’une manière pacifique qui est l’arbitrage, soit pour préserver leurs relations
commerciales et trancher leur différents dans un délai convenable.
La mission de l’arbitre s’achève donc par le prononcé de la sentence arbitrale
qui fixe les droits et les obligations de chacun. Cette sentence est la décision par
laquelle les arbitres, conformément aux pouvoirs que leur confère la convention
d’arbitrage, tranchent les questions litigieuses qui leur ont été soumises par les
parties. Elle est l’aboutissement de la procédure d’arbitrage.
Etant donné le caractère juridictionnel de l’arbitrage, beaucoup de sentences
arbitrales ont l’apparence d’un jugement ; mais, cette apparence est trompeuse,
car la sentence arbitrale est rendue des juges privés. La distinction est
essentielle ; elle intéresse la question de l’exécution forcée, dotée de la
juridiction par l’effet de la convention d’arbitrage, les arbitres peuvent dire le
droit entre les parties et leur décision aura de l’autorité de la chose jugée. Mais
les arbitres ne peuvent pas conférer à la sentence la qualité qui permettrait son
exécution forcée. Il faudra pour cela recourir à la justice étatique par le moyen
de la procédure ‘’d’exequatur ‘’
La sentence arbitrale est toujours susceptible de faire l’objet d’un système de
voies de recours fortement aménagé.
Comme les décisions judiciaires, les sentences arbitrales peuvent être de
plusieurs types. On distingue ainsi les sentences définitives des sentences avant-
dire-droit qui se subdivisent elles-mêmes en sentences préparatoires, destinées à

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ordonner une mesure d’instruction, et en sentences provisoires, par lesquelles


sont ordonnées des mesures qui tranchent un point préliminaire.
La sentence arbitrale est dominée par des formalités essentielles à respecter, il
est important de s’interroger sur ce que doit être sa forme et son contenu ; le fait
pour les arbitres de rendre la sentence, produit les mêmes effets qu’un jugement.
Pour devenir exécutoire, cette sentence doit être revêtue de l’exequatur accordé
par le président du tribunal de première instance dans le ressort duquel elle a été
prononcée.

Plan :
Chapitre I : régime juridique de la sentence arbitrale
Section 1 : les conditions de validité de la sentence arbitrale
Section 2 : les effets de la sentence arbitrale
Chapitre II : les voies de recours
Section 1 : les voies de recours ordinaires
Section 2 : Les voies de recours extraordinaires

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Chapitre I : régime juridique de la sentence arbitrale


La sentence se définit comme la décision par laquelle les arbitres tranchent les
questions conflictuelles qui leur ont été soumises par les parties conformément
aux pouvoirs que leur confère la convention. Malgré son caractère juridictionnel,
la sentence conserve un caractère contractuel sous certains aspects car elle
procède d’un contrat entre ceux qui ont convenu de l’arbitrage. De ce fait,
l’instance arbitrale s’achève par la sentence, qui doit être rendue en respect des
dispositions juridiques.
Section 1 : les conditions de validité de la sentence arbitrale
Rédigée sous la forme d'un jugement, la sentence est soumise à des conditions
de validité sans lesquelles elle ne produit aucun effet
Conditions de fonds : La sentence arbitrale est rendue, après délibération du
tribunal arbitral, à la majorité des voix. Tous les arbitres doivent se prononcer en
faveur ou contre le projet de sentence 1. Une sentence arbitrale doit toujours être
rendue d’une façon impartiale, et la délibération est de ce point de vue un
processus essentiel afin d’arriver à une décision de fond, juste et mesurée. Cette
règle est d’ordre public car elle vise à protéger les droits des plaideurs. Les
arbitres sont donc astreints à une véritable obligation de résultat.
Selon la Cour d’appel de Paris, « une garantie morale ou psychologique que leur
point de vue sera entendu, même s’il n’est pas adopté… ; l’obligation d’instruire
et de juger ensemble est reconnue de manière unanime, la force du principe de
collégialité reposant à la fois sur la volonté des parties et sur la nécessité d’un
tribunal arbitral impartial et indépendant »2 . Le délibéré permet aux arbitres
d’échanger des idées, de faire connaissance mais aussi de détecter le défaut
d’impartialité s’il existe. Il s'agit d'une œuvre commune des arbitres à laquelle
tous doivent participer, sinon la majorité d'entre eux. Une fois que les arbitres
ont valablement délibéré et qu’ils sont d’accord sur la solution à apporter, ils
signent tous la sentence
Ainsi, les délibérations des arbitres sont secrètes.3 En principe, comme pour les
juges, les délibérations des arbitres sont secrètes et ont lieu à huis clos de sorte
qu'elles ne peuvent être dévoilées ni à des tiers ni aux parties à la connaissance
1
Article 327-22 de la loi 08-05.
2
https://www.lepetitjuriste.fr/le-delibere-arbitral/
3
Article 327-22 de la loi 08-05

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desquelles ne sera portée que la seule sentence arbitrale. Une atténuation au


secret du délibéré des arbitres consiste en ce que les arbitres de la minorité ont
droit d'exprimer et éventuellement de motiver leur opinion dissidente à
l'encontre de la décision arbitrale, la pratique des opinions dissidentes s'est
maintenue à l'époque contemporaine.
La pratique des opinions dissidentes s'est maintenue à l'époque contemporaine.
A ce sujet, un débat a été ouvert et certains auteurs ont soutenu que l'opinion
dissidente trahirait le secret du délibéré. Pour d'autres, l'expression de l'opinion
dissidente ne violerait point le secret du délibéré. Ils trouvent cet argument peu
probant dans la mesure où cette violation n'est pas cause d'annulation de la
sentence, ensuite parce qu'elle n'exprime qu'une opinion discordante sans révéler
celle des autres arbitres.

Il faut noter que le droit moderne de l'arbitrage ne tend pas à aborder


expressément la question. De nombreux pays, tels par exemple la France,
l'Allemagne et l'Autriche, considèrent que la nécessité de garder le secret sur les
délibérations des juges ou des arbitres est d'une importance fondamentale.

Mais il semble que dans ces mêmes pays, la violation de ce principe n'est pas
susceptible d'entrainer la violation de la sentence, ni exposer l'arbitre dissident à
des sanctions pénales ou à des poursuites civiles.4

Conditions de forme : La sentence, qui doit faire l’objet d’un écrit, est soumise
à des conditions précises prévues par les articles 327-23 à 327-25 du CPC, Elle
doit viser la convention d'arbitrage et contenir l'exposé succinct des faits, des
prétentions des parties et leurs moyens respectifs, les pièces, l'indication des
questions litigieuses résolues par la sentence ainsi qu'un dispositif statuant sur
ces questions.5

La sentence arbitrale doit être motivée, L’obligation de motivation des décisions


suppose, en principe, un exposé succinct des motifs. De même, ce sont les
moyens de fait et de droit sur lesquels se base une décision qui vont être
examinés en toute équité et justesse. Une bonne motivation est un gage de la
rationalité et de l’équité de la décision rendue6. La motivation permet aussi de
comprendre la décision objet du conflit et constitue une véritable piste pour les
parties qui leur facilite l’exercice d’un éventuel recours. Motiver, c’est éviter
l’arbitraire.

4
https://www.memoireonline.com/07/12/6022/m_Portee-d-une-sentence-arbitrale-en-Droit-international-
23.html#:~:text=R%C3%A9dig%C3%A9e%20sous%20la%20forme%20d,de%20fond%20et%20de%20forme.
5
Article 327-23 de la 08-05
6
6 Jawad AMAHMOU, Procédure civile, Imprimerie Sijelmassa, première édition, 2009, Meknès, p 30

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L’obligation de motivation est prescrite par la Constitution de 2011 dans son


article 125 qui dispose : « Tout jugement est motivé », puis confirmée par
l’article 50 du CPC marocain qui exige que les jugements doivent toujours être
motivés. La formule utilisée par les deux articles précités renvoi à un devoir à la
charge du juge.

Sans doute, la motivation des décisions est un élément indispensable du procès


équitable. Ce dernier a aussi une valeur constitutionnelle. L’article 120 de la
Constitution de 2011 dispose : « Toute personne à droit à un procès équitable ».
De même, l’article 10 de la déclaration universelle des droits de l’homme
édicte : « Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit
entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et
impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de
toute accusation en matière pénale dirigée contre elle »

La Cour de cassation dans un arrêt fondateur confirme l’importance de la


motivation : « Les jugements doivent être datés, doivent mentionner les noms
des juges, les conclusions des parties, le sommaire de leurs moyens et pièces
produites par elles. Ils doivent être suffisamment motivés et préciser s’ils ont été
rendus contradictoirement ou par défaut »7. Plus tard, la Cour de cassation n’a
pas hésité d’annuler un arrêt rendu par la Cour d’appel de Rabat pour défaut de
motifs8. Cette décision confirme la sensibilité du sujet.

La sentence arbitrale doit en plus comporter un certain nombre de mentions


obligatoires selon l’article 327-24 :
1 - du nom, nationalité, qualité et adresse des arbitres qui l'ont rendue ;
2 - de sa date ;
3 - du lieu où elle est rendue ;
4 - des noms, prénoms ou dénomination sociale des parties, ainsi que de leur
domicile ou siège social. Le cas échéant, du nom des avocats ou de toute
personne ayant représenté ou assisté les parties.
Ainsi, La sentence arbitrale doit fixer les honoraires des arbitres, les dépenses
d'arbitrage et les modalités de leur répartition entre les parties. Ou cas où, les
parties et les arbitres ne se mettent pas d'accord sur la fixation des honoraires des
arbitres, lesdits honoraires sont fixés par décision indépendante du tribunal
arbitral.

7
6 Chambre civile de Cour de cassation, 19/11/1958, n° de décision : 26, Gazette des Tribunaux du Maroc, n°1,
p 8. Cité dans (http://www.jurisprudence.ma/)
8
Chambre pénale Cour de cassation, 06/02/1990, n° de décision : 1092, Gazette des Tribunaux du Maroc, n°63,
p 97) : « Tout jugement ou arrêt rendus, doivent obligatoirement être motivés tant sur les faits qu’en droit, à
défaut la décision serait nulle. » Cité dans (http://www.jurisprudence.ma/)

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Par la suite, La sentence arbitrale est signée par chacun des arbitres. Et en cas de
pluralité d'arbitres, si la minorité refuse de signer, les autres arbitres en font
mention avec indication des motifs du refus de signature et la sentence a le
même effet que si elle avait été signée par chacun des arbitres.

Section2 : les effets de la sentence arbitrale


Etant un acte juridictionnel, la sentence arbitrale a les mêmes effets qu’une
décision judiciaire, sauf en ce qui concerne son exécution qui est soumise à des
règles particulières.
Dès son prononcée, cette sentence jouit de l’autorité de la chose jugée et la force
probante attachée aux actes authentiques ; le fait pour les arbitres de rendre la
sentence entraine leur dessaisissement.
 Force probante et autorité de chose jugée

La sentence arbitrale a la force probante d’un acte authentique puisque les


énonciations qu’elle contient font preuve jusqu’à inscription de faux. Elle est en
cela assimilée à un jugement rendu par une juridiction d’Etat. Mais le caractère
authentique ne trouve sa source que dans la volonté des parties à la convention
d’arbitrage de sorte qu’il ne concerne qu’elles.
Quant à l’autorité de la sentence, le législateur a pris une position contraire à
celle de la juridiction qui considérait que la sentence arbitrale ne jouissait de
l’autorité de la chose jugée qu’après avoir été revêtue de l’exequatur par la
juridiction de l’Etat. La nouvelle loi dispose en effet que la sentence acquiert
l’autorité de la chose jugée dès qu’elle est rendue. Toutefois, les sentences
avant-dire-droit ou ordonnant une mesure provisoire n’ont pas l’autorité de la
chose jugée.
Les effets de cette autorité de chose jugée pour les sentences arbitrales sont
les mêmes que ceux qu’elle produit en droit commun. Ce qui a été jugé par les
arbitres, sous réserve du triple identité, ne peut plus être rejugé par d’autres
arbitres ou par une juridiction d’Etat. La décision n’a d’autorité qu’à l’endroit
des parties à l’instance arbitrale. De ce fait, la sentence n’est pas opposable aux
véritables tiers ni ayants cause dont le droit est né avant le prononcé de la
sentence.
L’autorité de la chose jugée est relative ; Elle ne s’applique que s’il y a
identité d’objet, de fondement juridique et de parties. De ce point de vue, la
sentence est assimilée à un jugement rendu par une juridiction d’Etat. Comme
lui, elle met fin au litige. Mais, à a différence de celui-ci, elle n’a pas la force
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exécutoire, c’est-à-dire, que si le perdant ne s’exécute pas spontanément, le


recours à la force publique, notamment pour opérer des saisies, ne sera possible
qu’après un exequatur ou une reconnaissance de la sentence.
 Dessaisissement des arbitres

L’article 327 du CPC, dispose que : « la sentence dessaisit le tribunal arbitral
de la contestation qu’elle tranche.

Après le prononcé de la sentence, si celle-ci présente un caractère définitif et


non seulement préparatoire, l’arbitre a complétement accompli sa mission. Il en
résulte qu’il perd les pouvoirs qui lui avaient été conférés dans ce but. Il est
dessaisit du litige, ce qui lui interdirait, même avec l’accord des parties, de
revenir sur sa décision pour le rectifier. Au contraire, les sentences et notamment
les ordonnances de la procédure ne produisent pas cet effet car elles préparent la
sentence définitive.
Toutefois, le principe du dessaisissement supporte 3 exceptions :
 Tout d’abord, les arbitres peuvent interpréter leur sentence, à la demande de
l’une des parties, autrement, d’expliciter un élément du dispositif qui manquerait
de clarté, ce qui peut se produire lorsque le style juridique n’est pas maitrisé.
 En second lieu, les arbitres ont la possibilité de rectifier les erreurs
matérielles qui ont pu se glisser dans la sentence, notamment les erreurs de
calcul. Mais ces rectifications ne doivent pas modifier le fond de la décision.
 Enfin, le tribunal arbitral peut combler une omission de statuer sur un chef de
demande. La requête à cette fin doit être notifiée à l’autre partie qui disposera
d’un délai de 15jours pour présenter, le cas échéant, ses conclusions. Pour autant
la réparation de l’omission doit respecter deux conditions : ne pas porter atteinte
à la chose jugée pour les autres parties de la sentence et intervenir dans délai
d’un an au plus tard après que la décision soit passée en force de chose jugée.

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Chapitre II : Les vois de recours


La question des voies de recours contre les sentences arbitrales était, avant la loi
n°08-05, l'une des plus touffues de la matière. La plus grande nouveauté du
nouveau texte sur l'arbitrage réside, selon plusieurs spécialistes, dans la force
exécutoire de la sentence arbitrale.  Toutefois, la décision de la justice privée
reste susceptible d'être attaquée à la fois par des voies de recours ordinaire, t des
voies de recours considérées comme extraordinaires.
Section1 : les voies de recours ordinaires :
Le Code de Procédure Civile organise également les voies de recours pour la
partie adverse. La sentence arbitrale n’est susceptible d’aucun recours, c’est-à-
dire que les Juges marocains ne peuvent pas en réviser le contenu, mais
l’ordonnance d’exequatur elle-même peut être attaquée par voie d’appel si la
demande est refusée et dans certains cas si celle-ci est accordée.
Par ailleurs et en parallèle ou de manière autonome, la sentence arbitrale
étrangère peut donner lieu à une action en annulation devant la Cour d’Appel
notamment au cas où « la reconnaissance ou l’exécution de la sentence sont
contraires à l’ordre public international ou national ».
En pratique, nous constatons que les parties au litige usent et abusent le plus
souvent de ces voies de recours afin de retarder le plus longtemps possible, voire
empêcher la mise en exécution des termes de la sentence et tenter, de faire
dévier le procès en leur faveur par l’annulation notamment de cette sentence.
D’autant plus que le recours en annulation permet au Juge marocain d’exercer
un contrôle judiciaire important et a permis jusqu’à une date récente aux
Tribunaux de parfois outrepasser leurs prérogatives en vérifiant notamment les
attendus et motivations de la sentence arbitrale internationale.
Un important Arrêt de la Cour de Cassation Marocaine datant de juin 2014,
rendu dans un cas d’exequatur d’un jugement étranger (mais qui aura un impact
sur les sentences arbitrales internationales par extension), est venu limiter de
manière claire et précise la compétence du Juge marocain afin de simplifier et
raccourcir cette procédure.

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Le Juge marocain est désormais limité selon cet Arrêt dans ses prérogatives et
ne doit prendre en considération que les trois conditions cumulatives évoquées
par le Code de Procédure Civile :
● Que le Juge étranger soit compétent (on peut étendre à l’arbitre)

● Que la loi appliquée au litige soit la loi adéquate

● Que cette loi ne porte pas atteinte à l’ordre public

S’agissant de sentences arbitrales, on peut considérer que cette limitation sera


également de mise et que le Juge de l’exequatur devra se contenter de vérifier
que la sentence n’est pas entachée d’un vice trop grave, en vérifiera la régularité
formelle, la validité de la convention d’arbitrage et la conformité de la sentence
à l’ordre public.
La procédure du recours :
Le régime procédural du recours en annulation est considéré un élément
essentiel pour demander l’annulation d’une sentence arbitrale, car la sentence
arbitrale exige un respect rigoureux de la procédure pour qu’elle soit annulée. La
poursuite de cette procédure exige également un délai légal et devant une
juridiction compétente en matière de l’annulation.
La compétence d’exercer le recours :
La compétence avec ses différents types se considère comme une question
juridique complexe, elle pose plusieurs problèmes en matière de procédure
devant les juridictions.
En effet, La compétence de statuer sur le recours en annulation de la sentence
arbitrale connait deux aspects, l’un qui est lui spécifique et l’autre général dans
lequel le recours aux règles générales de la compétence sera exigé.
 La compétence territoriale
Concernant la compétence territoriale, l’analyse de l’esprit de la loi devrait
conduire à l’attribuer à la cour d’appel dans le ressort de laquelle se situe la
juridiction du premier degré qui aurait connu de l’affaire s’il n’y avait pas eu de
convention d’arbitrage.
Il conviendrait par conséquent de lui appliquer, en matière de compétence
rationne loi, la solution prescrite par le législateur concernant les deux autres
voies de recours pouvant être exercées à l’encontre de la sentence arbitrale, à
savoir la rétractation et la tierce opposition.

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Toutefois, le législateur n’a pas jugé opportun de suivre le raisonnement précité,


et a préféré conférer la compétence territoriale, de manière expresse, à la cour
d’appel dans le ressort de laquelle la sentence arbitrale a été rendue.
Précisons par ailleurs que la même règle a été retenue en matière d’arbitrage
international, un auteur en a déduit, à bon droit, que « le législateur marocain n’a
permis d’exercer le recours en annulation qu’à l’encontre des sentences
arbitrales internationales rendues au Maroc. Si elles ont été rendues à l’étranger,
elles ne sont donc pas susceptibles de recours en annulation au Maroc ».
A la vérité, la loi 08-05, qui a inséré cet article au sein du CPC, s’est contenté de
formaliser la construction jurisprudentielle antérieure à son adoption. La revue
des décisions qui s’étaient prononcées à ce sujet sous l’empire de l’ancienne
réglementation relative à l’arbitrage révèle en effet que la jurisprudence
marocaine était orientée en ce sens, même si elle se fondait sur une assise
textuelle différente, en l’occurrence la convention de New York. L’on peut ainsi
lire sous la plume des magistrats de la cour d’appel de commerce de
Casablanca : « la compétence pour connaitre de la demande d’annulation d’une
sentence arbitrale internationale appartient à l’Etat dans le ressort duquel ladite
sentence a été rendue, et ceci conformément à la convention de New Yourk qui
prévaut sur la législation nationale, ce qui rend inapplicables les dispositions des
articles 306 et suivant du CPC ».
A cet égard, la cour de cassation Marocaine a précisé que les règles de la
compétence territoriale sont soumises à la volonté des parties. Autrement dit :
les parties ont le droit de se mettre d’accord sur le lieu où la sentence sera
rendue. Mais il se peut qu’une sentence arbitrale s’observe par l’inexistence de
cette condition ni aucune mention prouvant le lieu où elle a été rendue, dans un
tel cas une autre jurisprudence affirme que le lieu est celui où l’ordonnance de
l’exéquatur a été rendu.
La Compétence d’attribution
A s’en tenir à la lettre des articles précités, le recours en annulation exercé
contre la sentence arbitrale interne devrait être porté devant la première
juridiction. D’aucuns pourraient en revanche soutenir qu’il convient d’attribuer
compétence aux cours d’appel de commerce, en prenant notamment appui sur
l’article 312 qui prescrit qu’il faut entendre par « le président de la juridiction »,
le président du tribunal de commerce.
Nous sommes d’avis qu’il faudrait plutôt privilégier la position médiane, en
ayant égard à la nature du différend tranché par le tribunal arbitral, et identifier

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ainsi la juridiction qui aurait été compétente, s’il n’y avait pas eu de convention
d’arbitrage.
La nature du litige commandera, dès lors, en ce qui a trait au recours en
annulation, de saisir la cour d’appel – prise dans son acception générale, à savoir
la juridiction du second degré compétente pour statuer sur les appels formés à
l’encontre des jugements des tribunaux civils ou sociaux – ou la cour d’appel de
commerce, voire la cour d’appel administrative, au regard des dispositions
légales régissant la compétence en raison de la matière et des applications
jurisprudentielles y relatives.
A ce niveau la jurisprudence précise également que selon la nature de l’affaire,
cela veut dire que la cour d’appel de commerce est compétente si la nature de
l’affaire est commerciale, de même que la cour d’appel administrative si la
nature du litige est administrative [. Il faut préciser par ailleurs que cette
compétence est d’ordre public, la juridiction soulève sa violation d’office surtout
en matière administrative.
La situation est différente en matière d’arbitrage international. La combinaison
des articles 327-46, 327-49, 273-50, 327-51, 327-52] de la loi 08-05 commande
d’attribuer compétence à la cour d’appel de commerce, et ceci en adoptant un
raisonnement par analogie.
Observons tout d’abord que l’article 327-46 accorde au président de la
juridiction commerciale compétente le pouvoir de revêtir la sentence arbitrale
internationale de l’exequatur. L’appel de cette ordonnance ne saurait de ce fait
être soumis qu’à la cour d’appel de commerce, quand bien même l’article 327-
50 ne fait état que de la cour d’appel de manière générale.
Force est de connaitre qu’en l’absence d’une disposition expresse conférant  la
compétence – pour connaitre des recours en annulation exercés à l’encontre des
sentences arbitrales internationales – aux cours d’appel de commerce, il n’est
guère exclu que les juridictions marocaines s’en tiennent à la lettre de l’article
327-52 de la loi 08-05, ou qu’elles se réfèrent à la nature du litige pour
déterminer la juridiction d’appel compétente pour statuer sur le recours précité.
Soulignons enfin que dans un souci de célérité, l’article 327-36 de la loi 08-
05dispose : « la cour d’appel statue selon la procédure d’urgence ».
Contrairement à l’impression qui se dégage de cet article, lequel édicte de
manière péremptoire un devoir mis à la charge des conseillers de la cour
d’appel, l’aspect contraignant de cette règle n’est en vérité qu’un leurre.
La pratique judiciaire démontre en effet que des « obligations »similaires,
imposées aux magistrats dans d’autres contextes, ne sont que rarement
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respectées lorsque nulle sanction n’y est attachée. L’encombrement des


tribunaux prend alors le pas, et l’instance qui devait se dérouler avec célérité
dégénère en une procédure ordinaire, et devient aussi fastidieuse que cette
dernière.
A ce niveau la cour d’appel de commerce de Marrakech dans un arrêt rendu le
5/2/2015 affirme que la cour d’appel qui reste uniquement l’organe compétent
pour trancher la question de l’annulation de la sentence arbitrale et même elle
peut déterminer la loi applicable au litige.
 Le délai du recours en annulation :
L’article 327-36 de la loi 08-05 prévoit dans son paragraphe 2 que « le recours
en annulation est recevable dès le prononcé de la sentence ; il cesse de l’être s’il
n’a  pas  été  exercé  dans  les  quinze  jours  de  la  notification  de  la  sentence
revêtue de l’exequatur ». Et les mêmes dispositions prévues par l’article 327-52
concernant la sentence arbitrale internationale. D’après ces deux textes, le délai
du recours en annulation d’une sentence arbitrale nationale ou internationale est
unique. Mais pour mettre en exergue ce délai, il convient d’étudier la date à
laquelle il commence à courir et sa nature juridique.
Les effets du recours en annulation de la sentence arbitrale
 Il est incontestable que les sentences arbitrales acquièrent la force de la chose
jugée dès qu’elles soient prononcées, sauf dans le cas d’une sentence arbitrale
dont l’une de ses parties est une personne de droit public qui doit être revêtue de
l’exequatur pour acquérir cette force.
Mais dès que le recours en annulation est exercé, l’exécution de la sentence sera
suspendue. Cette suspension peut être se fait soit de plein droit, comme elle peut
être également avoir lieu sur la demande de la partie qui en a l’intérêt.
Section 2 : les voies de recours extraordinaires
Ces voies de recours, qui sont au nombre de trois, ont des caractéristiques
communes. Elles ne sont ouvertes que dans les cas prévus par la loi, elles n’ont
pas d’effet suspensif et constituent des garanties particulières, tant pour les
parties que pour les tiers. Nous examinerons successivement le recours en
révision (A), la tierce opposition (B) et le recours en cassation.
A. Le recours en révision
Il est envisagé par l’art. 1491 qui en prévoient l’ouverture dans les mêmes cas et
les mêmes conditions que pour un jugement. Connaît de ce recours la cour

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d’appel qui aurait été compétente pour connaître des autres recours contre la
sentence.
B. La tierce opposition
Cette voie de recours ne peut être exercée que par une personne qui éprouve un
préjudice ou la menace d’un préjudice et qui n’a été ni partie, ni représentée à
l’arbitrage. Le recours en tierce opposition est porté devant la juridiction qui
aurait été compétente si les parties n’avaient pas eu recours à l’arbitrage.
C. Le pourvoi en cassation
L’art. 1481 al. 1 N.C.P.C. prévoit que le pourvoi en cassation, de même
d’ailleurs que L’opposition, ne peut pas être exercée contre une sentence
arbitrale. Toutefois, il est possible de se pourvoir en cassation contre les arrêts
rendus par la cour d’appel suite aux recours en appel ou en nullité.
Il existe deux voies de recours contre les sentences arbitrales.
-La première est le recours en révision devant la Cour d’appel. Dans ce cas-là, la
sentence sera considérée comme un jugement prononcé par un tribunal.
-La seconde est la tierce opposition, plus rare et qui ne peut être exercée que par
une personne qui éprouve un préjudice ou la menace d’un préjudice, mais qui
n’a été ni partie, ni représentée à l’arbitrage. Les praticiens, en ce qui concerne
la possibilité donnée aux parties à l’arbitrage d’exercer des recours contre la
décision ordonnant l’exequatur, critiquent cette possibilité qui va à l’encontre de
la finalité de l’arbitrage, et proposent de supprimer tout recours contre
l’ordonnance d’exequatur comme l’a d’ailleurs fait le législateur français»,
indique le Centre marocain d’arbitrage.

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Bibliographie :

 Dahir n° 1-07-169 du 19 kaada 1428 (30 novembre 2007) portant


promulgation de la loi n° 08-05 abrogeant et remplaçant le chapitre VIII
du titre V du code de procédure civile
 Dahir n° 1-11-91 du 27 chaabane 1432 (29 juillet 2011) portant
promulgation du texte de la constitution
 La déclaration universelle des droits de l’homme
 Jawad AMAHMOU, Procédure civile, Imprimerie Sijelmassa, première
édition, 2009, Meknès
 https://fdv-srv.univ-
lyon3.fr/moodle/file.php/1/FPV2/Droit_des_affaires/kr_arbitrage_sentenc
e_arbitrale.pdf
 https://www.memoireonline.com/11/17/10190/m_L-arbitrage-
en-droit-marocain-et-ses-evolutions40.html
 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02547079/document
 https://www.lepetitjuriste.fr/le-delibere-arbitral/
 http://www.jurisprudence.ma/

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